La Légende du Chevalier du Soleil T2C8 : Construis de Bonnes Relations Avec Tes Voisins

La Légende du Chevalier du Soleil

Roman originel en Chinois par : 御 我 (Yu Wo)


Chapter 9: Build Good Relationships With Neighbors – traduit du chinois vers l’anglais par ErihppasPR!]
Chapitre 8 : Construits de Bonnes Relations avec Tes Voisins – traduit de l’anglais vers le français par Nocta

+ Travail de vérification par Yukomin

J’attendis que la nuit soit tombée, puis j’allai frapper à la porte de chacun des douze chevaliers. La première phrase que je leur adressai à tous fut : « Rends-moi un service. »

Je frappai à toutes les portes jusqu’à la chambre du Chevalier du Jugement, et je lui dis la même chose après qu’il eut ouvert sa porte.  « Rends-moi un service. »

« Quel genre de service ? » s’enquit le Chevalier du Jugement en feignant l’ignorance. « Aller acheter une tarte aux myrtilles ? Demander à Ice de te faire de la glace pilée à la fraise ?  »

Je formulai ma requête de façon simple et directe : « Prête-moi dix membres de la Section du Chevalier du Jugement. »

Jugement soupira. « Pour une mission ou pour une revanche ? »

« Pour une mission… » Voyant l’expression de doutes sur le visage de Judgment, j’avouai rapidement : « Mais, j’admets qu’il y a tout petit, minuscule soupçon de revanche personnelle dans mes motivations. »

Judgment fut stupéfait et me demanda : « Est-ce que cela va suffire à te satisfaire ? ».

J’haussai les épaules. « Bien sûr. Je souhaite seulement rassembler davantage de croyants, pas lancer une guerre contre le Monastère du Dieu de la Guerre. »

Bien que j’eus dit cela, Judgment prit tout de même un peu de temps pour réfléchir avant de répondre à contrecœur : « Je peux seulement t’en prêter cinq, au cas où ton mauvais caractère te fasse faire des sottises. Tu t’es toujours montré indulgent envers ta Section du Chevalier du Soleil. Puisqu’ils se sont fait salement tabasser et humilier en public, j’ai vraiment du mal à croire que tu te retiendras de punir les guerriers du Monastère du Dieu de la Guerre. »

« D’accord, va pour cinq », acceptai-je sans hésiter.

En voyant comment j’avais accepté si facilement, Judgment fronça de nouveau les sourcils. Afin d’éviter de lui donner une chance de le regretter, je changeai rapidement de sujet. « Comment se passe l’entraînement d’Elijah ? »

« Très bien, il apprend vite. Cloud a modifié ses Pas du Nuage pour améliorer son esquive. Il devrait être en mesure d’apprendre la capacité Gagner du Temps d’ici deux semaines. »

J’hochai la tête. « Il ne devrait pas y avoir de problèmes dans ce cas. »

« Pourrais-tu me dire quels sont tes plans pour augmenter le nombre de croyants ? »

« Non ! » Si Judgment prenait connaissance de mon plan dans son ensemble, il n’y avait aucune garantie qu’il ne me couperait pas immédiatement en deux avec son épée afin de me punir pour avoir blessé des personnes dans le passé, de m’empêcher de risquer une guerre avec le Monastère du Dieu de la Guerre dans le présent, et d’éviter que je ne mette des gens en danger dans l’avenir.

« Tu as vraiment prévu de causer des problèmes… Tss ! Alors il vaudrait mieux ne rien me dire. »

Judgment secoua la tête et abandonna l’idée de connaître mes projets, s’épargnant ainsi le dilemme d’avoir à décider s’il devrait ou non me couper en deux. Il ferma lentement sa porte en marmonnant : « Je ferais mieux d’aller me coucher de bonne heure ce soir, afin que je ne ressente aucun remords pour t’avoir prêté cinq membres de mon peloton tout en ayant conscience de ce qu’ils seront forcés de faire. En parlant de cela, chaque fois que j’accepte de te rendre un service, je finis toujours par le regretter tôt ou tard ! » Il soupira lourdement.

Je le mis en garde : « Soupirer va réduire ta durée de vie de trois secondes. »

De derrière la porte, une voix faible répondit : « Accepter une de tes requêtes va réduire ma durée de vie de trois années… »

Je rétorquai : « Si cela réduisait réellement ton espérance de vie de trois années, dans ce cas tu serais mort à peine un mois après m’avoir rencontré. »

« …Oh, tu t’en es rendu compte alors ? »

 

 

Après avoir rendu visite à Judgment, j’observai la position de la lune par la fenêtre. Il était environ dix heures, presque l’heure. Je me dirigeai rapidement vers la cuisine du Temple Sacré. À cette heure, il n’y avait pas âme qui vive là-bas, sauf quelques paniers de pain et de lait qui avaient déjà été placés sur la table.

Je pris ces paniers et m’approchai rapidement de l’extérieur de la chambre de détention où la Section du Chevalier du Soleil était enfermée. Je ne me rendis pas à l’unique porte de la chambre de détention mais, au lieu de cela, je m’approchai d’un mur.

Je m’accroupis contre le mur et, juste au moment où j’étais sur le point d’ouvrir une porte secrète, j’entendis des bruits qui provenaient de l’intérieur.

« Le Capitaine y est allé vraiment fort cette fois ! Pour nous interdire de nous soigner ; plusieurs d’entre nous sont grièvement blessés ! »

« Nous n’avons non plus pas reçu de nourriture… Est-ce que le Capitaine nous a vraiment abandonné ? »

Un grognement plein d’émotion interrompit les plaintes de tout le monde. « En tant que membres de la Section du Chevalier du Soleil, comment, pareil à tous ces étrangers, pouvez-vous penser que le Capitaine nous abandonnerait ? Si c’était le cas, qui pensez-vous nous envoie de la nourriture chaque fois que nous sommes en détention ? Qui nous aurait envoyé ces couvertures chaudes ? Pour finir, qui aurait ouvert la porte secrète de la chambre de détention ? »

Cette voix appartenait à Adair, comme on pouvait s’y attendre du vice-capitaine qui me comprenait le mieux !

Une voix expliqua rapidement : « Adair, ne t’énerve pas autant ! Évidement que je comprends que notre Capitaine ne nous abandonnerait pas. C’est juste que le Capitaine nous demande tout le temps d’accomplir des missions qui relèvent presque de l’impossible… »

On dirait que cette voix appartient à Ed. Tss ! Et dire que j’avais pensé que je pourrais lui confier quelques tâches, mais il semblerait que cela ne fera pas l’affaire si ce n’est pas Adair !

« Mais, le Capitaine nous a toujours envoyé de l’aide ! » Adair affermit son attitude.

« Oui, mais parfois le Capitaine peut-être un peu… un peu… disjoncté. La dernière fois, il voulait que nous dissimulions notre identité pour tabasser le Capitaine-Chevalier de la Terre. Cependant, il nous a seulement donné vingt-cinq tenues d’assassin, et il a oublié de nous fournir les armes, nous laissant nous faire massacrer par le Capitaine-Chevalier de la Terre à la place… »

De l’autre côté du mur, la voix d’Adair ne retentit pas plus longtemps ; il semblerait qu’il ne puisse pas réfuter ces faits.

Ce n’est qu’un ramassis de conneries ! Comment aurais-je pu oublier la tentative de punir Earth ? C’est juste qu’après que j’eusse acheté ces vêtements de nuit avec les fonds publics, je m’étais fait prendre par le Pape. En conséquence, il avait récupéré le reste de l’argent. Il n’y avait donc plus de fonds pour acheter des armes, mais il y avait vingt personnes pour en tabasser une seule, alors j’avais cru qu’ils pourraient au moins placer un coup de poing ou deux…

Je n’aurais jamais imaginé que, non seulement ils ne parviendraient pas à franchir le bouclier protecteur d’Earth, mais qu’en plus ils reviendraient tous avec des blessures que j’avais dû soigner. J’étais tellement en colère !

J’ouvris la porte secrète avec fureur et balançai les paniers à travers l’ouverture avec tant de force que je pus les entendre cogner contre le mur opposé.

Il y eut un silence de l’autre côté du mur, jusqu’à ce qu’Adair explique : « Capitaine, tout le monde ne faisait que se plaindre, ils ne le pensaient pas vraiment. »

Je fis rouler à l’intérieur une douzaine de bille en forme de roses, ignorant les explications d’Adair, et je leur ordonnai avec rancœur : « Ceux avec des blessures sévères ne peuvent en utiliser qu’une seule et ne doivent pas se guérir complètement. Chacun d’entre vous doit avoir une blessure quelle qu’elle soit. C’est un ordre ! »    

Ed semblait être sur le point de pleurer : « Capitaine… les membres du Monastère du Dieu de la Guerre sont allés trop loin, et nous étions juste trop énervés contre eux, c’est pourquoi nous racontions n’importe quoi. Je vous en prie, ne soyez pas en colère ! »

« Capitaine ! »

« Nous sommes désolés, Capitaine ! »

« Nous avions tort, Capitaine ! »

Mon cœur s’adoucit à l’appel de tous ces « capitaine ». Ces idiots devaient avoir connaissance de ma faiblesse. Chaque fois qu’ils commettaient une erreur, ils geignaient désespérément en pleurant « capitaine, capitaine ».

Je grognai : « Ça suffit ! Contentez-vous de la fermer. Ceux qui ont des blessures graves, dépêchez-vous de vous soigner. Ceux avec des blessures plus légères, dépêchez-vous de manger. Il y a du travail à faire par la suite. » Les cris de « capitaine » derrière le mur cessèrent immédiatement, et j’appelai : « Adair. »

« Oui, monsieur. »

« Rassemble tout le monde à l’endroit habituel. Je vais envoyer des personnes pour vous assister. Tu auras également besoin d’outils. »

« Oui. »

« Capitaine, est-ce que vous nous accompagnerez ? » demanda soudainement Ed.

« Moi, Sun, ne serai pas à vos côtés. »

« Compris… »

 

 

À environ minuit, Adair conduisit tous les membres dehors par la porte secrète. Je me cachai derrière un arbre et les observai silencieusement tandis qu’ils sortaient, puis je les suivis furtivement en restant caché. Bien qu’Adair soit très compétent, je n’étais pas certain qu’il eût vraiment compris mon plan.

Il valait mieux les suivre juste pour être sûr.

« Adair, se pourrait-il que cette ombre voletante derrière nous soit le Capitaine ? » Ed regardait constamment en arrière.

« Non, le Capitaine a dit qu’il ne nous suivrait pas », répliqua Adair sans même jeter un regard.

Après avoir entendu cette réponse, Ed déclara alors : « Pas étonnant que tu sois le préféré du Capitaine, Adair. »

Soudainement, Adair s’immobilisa. Ed ne put réagir assez rapidement, et son nez rencontra brutalement l’arrière du crâne d’Adair.

Ed tint son nez avec une expression de douleur, lançant rapidement un sort de Soin Mineur sur lui-même, avant de se plaindre bruyamment : « Adair, pourquoi est-ce que tu t’es soudainement arrêté ? »

Adair, l’air ahuri, fit un geste pour désigner quelque chose devant lui, et tous les membres de la Section du Chevalier du Soleil fixèrent à l’unisson la chose dans cette direction… un membre vêtu de noir de la Section du Chevalier du Jugement qui vint vers eux et qui se présenta à Adair :

« Dix membres de la Section du Chevalier de la Tempête, dix membres de la Section du Chevalier de Flamme, dix membres de la Section du Chevalier de la Nature, dix membres de la Section du Chevalier de la Terre, dix membres de la Section du Chevalier de Glace, dix membres de la Section du Chevalier de la Lune, dix membres de la Section du Chevalier du Nuage, cinq membres de la Section du Chevalier du Jugement ; tous les membres sont présents et prêts à répondre aux ordres. D’après le commandement du Capitaine-Chevalier du Soleil, nous obéirons aux ordres du vice-capitaine de la Section du Chevalier du Soleil, Adair. »

Ed tira silencieusement un bout de la chemise d’Adair et murmura : « Adair… Crois-tu que le Capitaine veuille que nous allions tabasser ces gens du Monastère du Dieu de la Guerre, ou que nous les anéantissions ? »

« Hum… je n’en suis pas vraiment sûr », répondit Adair, légèrement perplexe. À ce moment-là, il repéra deux caisses qui étaient placées au milieu du point de regroupement. Il marmonna d’une voix forte : « Ce doit être les outils dont parlait le Capitaine. »

J’hochai la tête dans les ténèbres même si je savais qu’Adair ne pouvait pas me voir.

Il s’approcha, ouvrit les deux caisses et fronça les sourcils, plongé en pleine réflexion.

Ed s’approcha et ramassa avec curiosité un des objets de la boîte. Il y avait des douzaines de vêtements du même style. Il s’exclama avec surprise : « Est-ce que ce ne serait pas des uniformes des chevaliers royaux ? Il y aussi les armes qui leurs sont assignées… Et là, ce ne serait pas des uniformes des guerriers du Monastère du Dieu de la Guerre ? À quoi est-ce qu’ils vont servir ? »

Par habitude, tous les membres de la Section du Chevalier du Soleil se tournèrent vers Adair, qui venait juste d’arriver au bout de sa réflexion. Il marmonna à haute voix : « Oh ! On dirait que nous devons nous diviser en deux groupes pour la mission… Pas étonnant que nous ayons besoin d’autant de personnes. »

Écoutant l’annonce d’Adair, j’hochai la tête avec satisfaction. Il semblerait qu’il sache quoi faire, et je devrais le répéter une nouvelle fois, comme on devrait s’y attendre de la part du vice capitaine que j’avais choisi ! J’ai vraiment un excellent flair quand il s’agit de choisir !

 

 

Le Chevalier du Jugement était occupé à entraîner Elijah, et Elijah était occupé à se faire entraîner par le Chevalier du Jugement.

Pendant la nuit, Adair et la Section du Chevalier du Soleil étaient occupés avec la tâche que je leur avais assignée. Quand le jour se levait, ils avaient déjà regagné la chambre de détention et restaient allongés, empilés les uns sur les autres, dormant comme une masse de cadavres dans une tombe. Ils ressemblaient tellement à des cadavres que même si quelqu’un venait à marcher sur l’un d’eux, pas un cri de douleur ne pourrait être entendu : uniquement le son de ronflements répétés.

Même Rose et Roland étaient occupés à préparer ce que je leur avais demandé. Le procédé pour requérir les faveurs de Rose se déroula sans accroc. Ses yeux se mirent immédiatement à briller lorsque je lui expliquai ma requête, et elle ne mentionna pas vouloir un paiement, alors évidement je ne me suis pas non plus renseigné sur une rémunération.

À l’inverse, Roland fut si choqué que son visage devint blanc… Mais son visage avait toujours été d’un blanc-gris, il n’y avait donc pas vraiment une si grande différence.

Je bâillai bruyamment, saisis un des biscuits à la myrtille qui reposaient dans mon assiette et l’enfournai dans ma bouche, puis je continuai à feuilleter le livre que Cloud m’avait prêté : Comment Choisir le Bon Accessoire Porte Bonheur pour un Duel.

Je me rassis et me délectai de ce sentiment d’avoir tout le monde d’occupé sauf moi. C’était un sentiment incroyablement bon.

Il y eut un bruit de grattement, puis la porte s’ouvrit. La lumière du soleil provenant de l’extérieur se répandit, remplissant de lumière l’espace où je me trouvais, mais je n’en fus pas perturbé. J’avais allumé une petite sphère de lumière sacrée pour pouvoir lire.

« Si Cloud ne me l’avait pas dit, je n’aurais vraiment pas osé croire que tu te cachais ici…  N’est-ce pas l’habitude de Cloud de se cacher dans un des placards à livres ? Et est-ce que tu as vraiment l’intention de te servir de ce livre pour la bataille à venir ? »

Je redressai la tête et regardai pendant que le Chevalier du Jugement passait sa tête à l’intérieur du placard à livres, jetant un regard au livre dans mes mains avec l’ombre d’un de ses sourires affiché sur le visage. Mes sourcils se redressèrent, et je m’exclamai : « Ne sous-estime pas ce livre, il est vraiment utile ! En plus, j’ai enfin compris pourquoi Cloud adore se cacher dans les bibliothèques ; c’est un parfait petit havre de paix une fois qu’on l’a illuminé avec une sphère de lumière sacrée ».

C’était également un petit havre de paix où personne ne viendrait me déranger et m’empêcher de paresser. Dans le passé, même si je me trouvais dans la chambre de prière, il y avait toujours quelqu’un qui venait solliciter le Chevalier du Soleil, mais personne ne penserait à chercher le Chevalier du Soleil dans un placard à livres !

Judgment dit avec nonchalance : « Si tu en as terminé avec ta lecture et que tu t’es lassé de ce placard, va donc jeter un coup d’œil au Capitaine-Chevalier des Enfers. »

« Que lui arrive-t-il ? Se pourrait-il qu’il éprouve des difficultés à apprendre la capacité modifiée des Pas du Nuage de Cloud ? » Je fronçai les sourcils ; ce serait problématique si c’était le cas, car, d’après mon plan, Elijah aurait besoin de tenir au moins dix minutes lors de son combat contre le Fils du Dieu de la Guerre.

Judgment secoua la tête et annonça : « Il apprend vite, mais il semble être déprimé. Après une petite inquisition, il semblerait que la pression de la part de ses camarades, le fait d’entretenir une relation avec la princesse, et le fait d’avoir interrompu les projets du roi aient poussé les autres chevaliers royaux à le dédaigner. »

J’acquiesçai de la tête et répondit avec emphase : « Oh, c’est donc cela ! Ne t’inquiète pas, tout devrait se régler d’ici quelques jours. »

Judgment réfléchit pendant un instant, mais il secoua quand même la tête et affirma : « Je t’ai déjà informé de l’état du Capitaine-Chevalier des Enfers, mais si tu crois que ce n’est pas un problème, alors je ne m’en inquiéterai pas davantage. »

Cela piqua ma curiosité. D’habitude, Judgment aurait facilement pu déduire que la situation difficile de Hell serait résolue en quelques jours, alors pourquoi m’avait-il intentionnellement approché pour m’informer du triste état de Hell ?

Se pourrait-il que… Je bougeai soudainement, laissant échapper : « Se pourrait-il que les cinq membres de la Section du Chevalier du Jugement ne t’aient pas dit ce que je leur ai demandé de faire ? »

« Je leur ai demandé de ne pas me faire de rapport. » Jugement ferma le placard, et un murmure passa à travers la porte. « Je ne veux rien savoir de tout cela. »

Judgment semblait savoir que mes « sottises » ne seraient pas sans répercussions cette fois, et il avait ainsi pris la décision de ne rien connaître de toute cette situation. C’était mieux ainsi toutefois ; sinon, je risquais réellement de me faire trancher en deux par lui un de ces jours. Je ne pourrais pas l’en blâmer… et il se pourrait même que j’aie à m’excuser pour être une telle nuisance.

Je fixai le livre dans mes mains, me demandant si je devrais ou non aller jeter un coup d’œil à l’état d’Elijah. Je pris le dernier biscuit à la myrtille sur l’assiette et le mit dans ma bouche, tournant une page du livre de façon apathique.

« Placez le mouchoir de votre bien-aimée dans la poche du côté gauche de votre veste et votre amour protégera votre cœur de toute blessure. »

Hum ! Cela me serait complètement inutile, mais Elijah pourrait s’en servir. Je ferais mieux de lui dire de songer à demander à la princesse de lui donner son mouchoir pour le placer dans sa poche gauche !

Je finis rapidement le biscuit à la myrtille.

Je m’essuyai la bouche, replaçai mes vêtements, et sortis du placard à livres.

« Salutations, Capitaine-Chevalier du Nua… Ca-Capitaine-Chevalier du Soleil !? »

Je me retournai pour regarder, et je vis des chevaliers sacrés qui affichaient tous une expression stupéfaite semblable à celle de quelqu’un dont la tête viendrait tout juste de se faire frapper par quelque chose de lourd. Après m’avoir vu me retourner pour les regarder, certains furent tellement choqués qu’ils se transformèrent en des statues immuables une fois qu’ils eurent confirmés que j’étais bel et bien le Chevalier du Soleil.

« La radiance de Sa Sainteté illumine la terre, emplie de compassion. Même les livres de cette bibliothèque sont emplis d’une telle plaisante atmosphère que Sun n’a pu s’empêcher d’y entrer pour communier avec la compassion du Dieu de la Lumière… »

Après avoir déversé mon explication sans queue ni tête, je m’enfuis rapidement. Il semblerait que je ne fusse pas fait pour me cacher dans les placards à livres. Si je me cachais ici une ou deux fois de plus, le nombre de statues dans les couloirs augmenterait au point d’obstruer les déplacements.

Afin d’éviter tout problème, je revêtis une cape, abaissai la capuche, puis quittai le Temple Sacré pour aller retrouver Elijah.

En me disant qu’Elijah, ayant tout juste terminé l’entraînement strict de Judgment, devrait être fatigué au point d’être à demi-mort, je devinai que son chemin serait probablement une ligne droite du Temple Sacré jusqu’au château. Hum… Ou peut-être qu’il s’est arrêté en chemin pour prendre un repas. J’imagine que, d’après sa relation avec Judgment, ce dernier ne lui aurait probablement pas préparé de biscuits à la myrtille pour qu’il puisse se rassasier.

Je le trouvai rapidement dans un restaurant entre le Temple Sacré et le château. Il avait l’air épuisé et semblait assez déprimé. Il paraissait complètement différent de ce chevalier du roi macho que j’avais vu quelques jours plus tôt ; tout son être était semblable à une personne âgée, et ce beau visage à multi usages avait perdu de ses couleurs. Même la serveuse lui lança sa nourriture sans même lui adresser de regard séducteur.

Pauvre lui… Pas étonnant que Judgment m’ait demandé d’aller le voir.

Je marchai jusqu’à la chaise libre à côté de lui et m’assis, m’emparant du morceau de bœuf qu’il venait de choisir et qu’il s’apprêtait à enfourner dans sa bouche.

Il fixa ses baguettes vides pendant un moment avant de lentement tourner la tête vers moi et de me demander avec incertitude : « Puis-je savoir qui vous êtes ? »

Je redressai légèrement ma capuche et lui adressai un grand sourire.

« Ah ! Cheva… c’est vous ! » s’exclama-t-il avant de se taire. Il semblerait que quelque chose le trouble profondément, car il tenait ses ustensiles en restant immobile. Ce ne fut pas avant que j’eus mangé la moitié du bœuf sur son assiette qu’il ouvrit la bouche pour me demander avec désespoir : « Devrais-je ne pas m’impliquer dans ce duel ? »

Oh oh ! Il pense à se retirer du duel ! J’avalai rapidement le morceau de bœuf et l’amadouai : « Pourquoi dis-tu une telle chose ? Se pourrait-il que tu n’aimes pas Son Altesse ? »

« Ce n’est pas ça ! » Elijah bondit avec indignation. « Il me serait impossible de ne pas l’aimer, c’est définitivement impossible ! »

J’hochai la tête : « Si c’est le cas, alors pourquoi ne veux-tu pas participer au duel ? Souhaites-tu vraiment céder la main de la princesse au Fils du Dieu de la Guerre ? »

Elijah se rassit et dit d’une voix basse et maussade: « Je – je ne veux pas… Mais nos positions sociales sont infiniment différentes. »

« Est-ce là ce que tes camarades t’ont dit ? »

D’une façon grave et en quelque sorte plaintive, il dévoila : « Sa Majesté et mon maître me l’ont aussi dit. Ils sont extrêmement furieux. »

Je pris un morceau de bœuf dans son assiette, le mâchai et l’avalai lentement avant d’articuler tranquillement : « Que penses-tu de cela ? Pourquoi ne pas continuer à recevoir l’entraînement de Judgment et y repenser pendant les deux prochains jours ? Il ne sera pas trop tard pour toi d’abandonner à ce moment-là, si telle est toujours ton intention. »

Elijah hocha rapidement la tête cette fois et répondit joyeusement : « Je ne suis pas contre l’idée de recevoir davantage de leçons de la part du Capitaine-Chevalier du Jugement. Ses compétences à l’épée sont vraiment excellentes ! Je n’ai reçu qu’une semaine d’entraînement, et je peux déjà ressentir que je me suis grandement amélioré. C’est incroyable ! »

« Mais, c’est évident, Judgment était déjà invincible à l’âge de treize ans. Je pense qu’à part Roland, personne ne peut l’égaler dans l’art du maniement de l’épée… »

« Quel genre de chevalier sacré est ce Roland ? » Les yeux d’Elijah brillèrent, et il n’hésita même pas à m’interrompre.

« Euh… Ce n’est pas chevalier sacré », révélai-je avec hésitation.

« Oh, alors c’est un chevalier ordinaire, ou un chevalier du roi ? » questionna Elijah sans relâche. Il était évident qu’il voulait rencontrer ce Roland, dont la force pouvait égaler celle du Chevalier du Jugement.

En retour, ma curiosité s’éveilla. Elijah n’avait-il pas connu Roland alors même qu’ils étaient tous les deux des chevaliers royaux ?

« C’était un chevalier du roi, mais il est mort. Tu n’as jamais entendu parler de Roland auparavant ? »

« Ah… Vous voulez dire le Capitaine Roland ? » Elijah semblait étonné. « Je l’ai vu quelques fois, mais nous n’avons fait que nous croiser et nous ne nous sommes jamais vraiment bien connus. Il n’était pas vraiment une personne sociable ; il était en quelque sorte renfermé et s’entraînait rarement avec les autres. Même si je savais qu’il n’était pas faible, j’ignorais qu’il était aussi fort ! » Avec une pointe de contrariété et de regrets, il ajouta : « Si seulement je m’étais lié d’amitié avec lui ! Alors peut-être que j’aurais pu le persuader de ne pas défier le roi directement, et ainsi il n’aurait peut-être pas été tué. »

« Tu es au courant du fait que Roland a été tué par le roi ? » demandai-je, surpris. L’incident n’avait-il pas été complètement dissimulé par le prince héritier ?

Elijah hocha la tête et dit à voix basse : « La plupart des chevaliers royaux sont au courant, mais à cause du prince héritier ils n’ont rien dit. »

Ah, c’est donc ce qu’il s’est passé ?

J’acquiesçai. Quand Roland avait essayé de se venger du roi, il y avait eu près de cinquante chevaliers royaux présents. Étouffer l’affaire complètement n’aurait pas été chose aisée. Qui plus est, le prince héritier n’a probablement pas dépensé beaucoup d’efforts pour tout dissimuler ; la réputation de son père était si horrible qu’y ajouter la rumeur d’avoir tué un chevalier du roi n’y changerait rien.

Voyant l’expression déçue sur le visage d’Elijah, j’étais sur le point de lui dire que je connaissais une « personne » forte à l’épée et de lui demander s’il était ou non intéressé, mais je vis qu’un groupe de personnes arrivait derrière lui. Je m’emparai vivement du morceau de bœuf et me déplaçai à la table suivante, prétendant ne pas connaître Elijah.

Elijah était perplexe : « Capitaine-Chevalier du Soleil, vous… »

« Tu étais donc là, Elijah ! »

Elijah sursauta, tourna sa tête et aperçut un groupe de chevaliers royaux charger vers lui comme une horde de taureaux. Son visage pâlit aussitôt et il murmura « Ils ne sont pas venus pour me passer à tabac quand même ? » tout en me jetant un coup d’œil avec un regard bouleversé.

Le premier chevalier du roi qui l’atteignit lui donna une tape sur les épaules en grondant d’une voix basse : « Elijah, tu dois gagner ! »

« Ouais ! Épouse la princesse ! »

« Tu ne dois pas perdre face à ce Fils du Dieu de la Guerre ! »

Les chevaliers royaux se coupaient tous la parole, mais en gros ils parlaient tous des nombreux torts du Monastère du Dieu de la Guerre, et aussi de quelque chose à propos d’Elijah gagnant le combat et de la justice qui serait rétablie. Elijah encaissa toutes leurs phrases et sa tête commença à tourner. Il redressa les yeux et vit le chevalier âgé, qu’il avait toujours considéré à moitié comme son maître, s’approcher de lui, et il l’interpella pour lui demander son aide : « Maître… que se passe-t-il ? »

Le chevalier plus âgé accourut comme un adolescent colérique, saisit le col d’Elijah et grogna : « Mon garçon ! Si tu n’épouses pas la princesse, ne te présente plus jamais devant moi ! »

« Maître ? » Elijah fixa le chevalier, médusé. Il balbutia : « Q-Qu’est-ce qu’il se passe ? »

Les chevaliers royaux à ses côtés répondirent avec indignation : « Ces maudits guerriers du Monastère du Dieu de la Guerre nous ont tendu une embuscade en pleine nuit ! »

« Ils criaient même que, quand il s’agissait de combattre, nous ne faisions que nous liguer contre une seule personne et que chevaucher des chevaux n’était pas équitable. Ils n’ont eu de cesse de nous forcer à mettre pied à terre pour les affronter dans un combat à un contre un ! »

Les voix de tous les chevaliers royaux s’élevaient avec colère : « Nous sommes des chevaliers, des chevaliers ! Nous nous spécialisons dans les batailles à cheval et les combats de groupes ! Qui voudrait faire ne serait-ce qu’un seul combat contre eux qui sont spécialisés dans les duels ? Nous ne sommes pas fous ! »

« Ce n’est pas bon. »

Le demi-maître d’Elijah fronça les sourcils tout en parlant ouvertement : « Tes compétences sont encore insuffisantes ; il t’est impossible de battre le Fils du Dieu de la Guerre. C’est encore plus impossible pour ce Chevalier du Soleil qui ne sait même pas comment manier une épée… Allez, allez, allez ! Je vais te donner un entraînement spécial ! »

Hum ! Vous pouvez sermonner votre élève, mais pourquoi m’impliquer dans l’histoire ? Je lui lançai un regard noir.

« Attendez, je viens juste… »

Elijah voulait probablement dire qu’il venait juste de rentrer d’une session d’entraînement avec Judgment, mais il réalisa qu’il ne pouvait pas révéler cette information, aussi il ne put que se taire.

Sans aucune raison pour protester, Elijah, impuissant, fut traîné dehors. Il ne put que m’envoyer regard après regard remplis de confusion du coin de ses yeux.

« Ce sont les guerriers du Monastère du Dieu de la Guerre ! » gronda soudainement avec fureur un des chevaliers royaux.

Le Fils du Dieu de la Guerre remontait la rue à la tête d’un groupe de guerriers enragés. Ses yeux étaient non seulement fixés sur le visage d’Elijah, mais également sur tous les chevaliers royaux. C’était évident qu’il se dirigeait vers eux.

Le Fils du Dieu de la Guerre vint se placer devant les chevaliers royaux et se mit aussitôt à les réprimander : « Quelle est la signification de ce défi à un combat de groupe à cheval que vous, les chevaliers royaux, nous avez adressés ? Nous sommes des guerriers ! Qui voudrait vous affronter à cheval ? Nous ne sommes pas fous ! »

Entendant cela, les chevaliers royaux mécontents se mirent à vociférer. « Vos combats singuliers sont déraisonnables, nous sommes des chevaliers ! Qui voudrait vous défier dans un combat à un contre un ? »

Obtenant cette réponse, la colère du Fils du Dieu de la Guerre se mua en rire. « Bien, bien, bien ! Je vais donc tous vous défier en combat singulier. Vous pourrez choisir de combattre à dos de cheval ou d’âne, ou si plusieurs d’entre vous veulent attaquer ensemble. Ça n’a pas d’importance si vous venez tous en même temps ! »

Les chevaliers royaux étaient furieux, mais cette fois le chevalier âgé les retint. S’avançant en première ligne et venant se tenir devant le Fils du Dieu de la Guerre, il déclara froidement : « Intéressant ! Peut-être que vous voudrez rivaliser avec moi. Je serai à cheval, mais j’attaquerai seul. »

Le Fils du Dieu de la Guerre remarqua enfin le chevalier plus âgé. Reconnaissant son adversaire, il se mit à froncer les sourcils.

Je murmurai pour moi-même : « C’est l’un des chevaliers préférés du roi ; même toi tu ne devrais pas vouloir l’énerver en ce moment. Après tout, Sa Majesté n’a que deux chevaliers préférés, et il est aussi le plus âgé. Il est plus que probable que le roi écoute ses conseils. »

Le Fils du Dieu de la Guerre semblait être sur le point d’exploser soit de rage, soit de suffocation, mais il ne voulait pas irriter la personne en face de lui. Finalement, il gronda : « Partons. »

Le chevalier confident le plus âgé du roi ne semblait pas non plus vouloir confronter le Fils du Dieu de la Guerre. Il tourna seulement sa tête d’un air maussade et cogna l’épaule d’Elijah en l’avertissant : « Mon garçon, bats-toi bien. Perds, et tu auras de gros problèmes ! »

« Ouais ! Perds, et tu auras de gros problèmes ! » brailla le reste des chevaliers royaux.

En un clin d’œil, le visage d’Elijah devint encore plus pâle que celui de Roland, et il se mit frénétiquement à me jeter des regards qui étaient un appel à l’aide du coin des yeux.

J’avais sincèrement pitié pour lui. En gros, ses chances de vaincre le Fils du Dieu de la Guerre était semblables à mes chances de vaincre le Chevalier du Jugement. Toutefois, même si j’avais pitié pour lui, je baissai la tête et je prétendis que je n’avais rien vu. J’avalai nonchalamment le dernier morceau de bœuf et sortis un mouchoir pour m’essuyer la bouche.

Le Monastère du Dieu de la Guerre et les chevaliers royaux ont commencé à se quereller, et Elijah ne pourra plus se retirer de ce combat même s’il le voulait… Hum, on dirait que je vais pouvoir dire à Adair d’arrêter ses missions de minuit.

Le cœur léger, je me levai et décidai de rentrer au Temple Sacré. J’avais l’intention de mettre la main sur une autre assiette de biscuits aux myrtilles préparés par Ice, et peut-être de demander à Cloud de me trouver un placard à livres près duquel personne ne passerait, puis de me prêter un livre à feuilleter avant de me coucher…

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