½ Prince Tome 7 : La vie qui s’écoule
Roman d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)
Chapter 3: Gui’s Kindness – traduit du chinois vers l’anglais par Nausicaä [PR!]
Chapitre 3 : La gentillesse de Gui – traduit de l’anglais au français par Nocta
+ travail de vérification par AkaiiRia
J’ignorais combien de temps j’étais resté agenouillé au même endroit, mon cœur dépourvu de toute émotion hormis cette impression d’un vide absolu. J’aurais dû le savoir. Une technique permettant à Wicked d’affronter seul Inferno, l’un des Quatre Rois Célestes, qu’est-ce que ça aurait-pu être d’autre ? Il fallait bien qu’il y ait une contrepartie à une telle technique !
Lorsque je m’en était rendu compte, il était tout simplement trop tard. Wicked avait déjà disparu de Second Life, tout comme Inferno. La seule chose que je pouvais faire à présent était de le venger en tuant le vrai responsable : The Dictator of Life !
Je séchai mes larmes et me levai. Ce qu’il fallait que je fasse à présent, c’était me rendre au Mont HuaLian et rejoindre les autres. Mais… Je regardai à droite et à gauche, puis derrière moi. Pourquoi est-ce que cette forêt se ressemble autant à mes yeux ? Dans quelle direction suis-je censé aller ? Plus encore que l’autodestruction de Wicked, ce problème me faisait perdre toute force, me laissant avec des jambes tremblotantes… J’espère vraiment pouvoir atteindre le Mont HuaLian par moi-même !
Je n’avais pas d’autres choix que de demander l’aide de Lolidragon. J’ouvris le canal de communication et demandai : « Lolidragon ? »
« Qu’est-ce qu’il y a cette fois ? C’est quoi le problème ? Ne me dîtes pas que vous avez déjà atteint la Cité Fleurie, c’est impossible pour vous d’y être déjà », répondit-elle avec doutes.
Je m’apprêtais à lui expliquer ma situation actuelle, quand une pensée me traversa soudain l’esprit. À part Lolidragon, il n’y a virtuellement personne d’autre qui aurait pu fomenter ce coup avec Wicked et le programme d’autodestruction DPNJ. Dans ce cas, est-ce que ça veut dire que tout le monde a le DPNJ installé sur soi ?
La raison pour laquelle ils ont fait ça, c’est pour m’aider à éliminer les ennemis qui bloquent notre chemin jusqu’The Dictator of Life ! Qui plus est, ils ne m’ont rien dit parce qu’ils savaient que je m’y opposerais.
Si nous atteignons The Dictator of Life ensemble, je risque de me retrouver à les regarder avec impuissance se sacrifier pour détruire nos ennemis, n’est-ce pas ? Durant le laps de temps qu’il m’avait fallu pour réaliser ces faits, mon visage avait pâli drastiquement. Je ne veux plus jamais voir quelqu’un d’autre se transformer en flocons de cendre.
« Prince ? Est-ce qu’il s’est passé quelque chose ? » Lolidragon continua de m’appeler, comme si elle s’était enfin rendue compte que quelque chose clochait.
Cependant, je ne répondis pas et fermai simplement le canal de MP sans un mot. Je contemplai la forêt autour de moi et murmurai : « Si je grimpe à un arbre, je devrais pouvoir apercevoir où se trouve la Cité Fleurie, je crois ? »
Comme je l’avais prédit, une fois que j’eus grimpé jusqu’à la cime d’un arbre tel un singe agile, j’aperçus une très grande ville dotée d’une flèche en son centre, au sommet de laquelle se trouvait la sculpture d’une très grande rose… Effectivement, c’était bien la Cité Fleurie !
Après m’être assuré que j’irais bien dans la bonne direction, je redescendis au sol en me laissant glisser le long du tronc et me mis en route, un pas à la fois. Même si voyager seul est un peu triste, c’est toujours mieux que de regarder les autres se faire exploser.
« N’as-tu pas oublié quelque chose de très important ? » ne put s’empêcher de me rappeler une certaine voix.
« Quelle chose importante ? » Il y a vraiment quelque chose comme ça ? Je penchai la tête et réfléchis intensément.
« Si The Dictator of Life se trouve vraiment au Mont HuaLian et non pas à la Cité Fleurie, dans ce cas tes compagnons ne sont-ils pas en train de se diriger vers une mort certaine ? »
« Oh ouai ! » J’avais presque failli oublier que Poseidon avait dit que Dictator se trouvait au Mont HuaLian… Attendez une seconde, qui est en train de me parler ?
Je tournai la tête… et derrière moi se tenait Western Wind, faisant même un signe de victoire avec ses deux mains !
« Je n’y crois pas ; la mort de Wicked doit vraiment m’avoir trop affecté, c’est un choc si grand que j’hallucine Western Wind. » Stupéfait, je secouai la tête et regardai de nouveau. Pourtant, le Western Wind faisant ses signes de victoire était toujours là.
« Quoi ? Wicked est déjà rentré au Continent Central ? » s’écria Western Wind avec une jubilation malveillante. « J’avais raison. Sans moi, gamin, tu vas t’faire complètement laminer. »
Je pointai un doigt tremblant sur lui. « C-comment ça se fait que tu sois là ? »
« Qu’est-ce que tu sous-entends ? Moi aussi j’veux tuer The Dictator of Life. » Western Wind se plaignit avec ressentiment : « Qui aurait pensé que vous seriez tous si rapides ? Lorsque je m’suis empressé de rentrer à la Cité de l’Infini, il ne restait plus personne. »
Il s’est empressé de rentrer à la Cité de l’Infini ? Non, ce n’est pas possible, ne me dîtes pas que, après s’être fait éjecter vers l’infini et au-delà par AnRui, il a passé tout son temps à rentrer à la Cité de l’Infini ? Non, sérieusement ? songeai-je avec incrédulité. Mais, jusqu’où il s’est fait envoyer au juste ?
« Par chance, juste quand je bondissais d’rage face à la mer, cette maudite palourde est revenue », dit Western Wind avec un sourire suffisant. « Bien sûr, je lui ai ordonné de m’amener jusqu’au Continent du Nord. Tu t’mettais le doigt dans l’œil si tu croyais que j’vous laisserais accomplir quelque chose d’aussi formidable que d’tuer le boss final et d’vous accaparer toute la gloire, gamin ! »
« … » J’en restai sans voix.
« Mais, je n’avais même pas encore atteint la rive quand j’ai vu une horde d’monstres, c’qui m’a forcé à me faufiler par la forêt. » Western Wind poussa un profond soupir tout en secouant la tête. « Je m’suis retrouvé complètement paumé sans la moindre idée d’où j’étais. Si je n’avais pas entendu tout le raffut qu’le gang faisait dans le canal de communication, j’aurais pensé qu’vous étiez tous morts d’puis longtemps, gamin ! »
J’avais cessé de prêter attention à toutes ces paroles pleines de nonsense que Western Wind déblatterait, et j’étais en train de réfléchir à ma prochaine destination. Devrais-je aller à la Cité Fleurie ? Ou au Mont HuaLian ?
J’ignorais si Western Wind avait détecté ma mauvaise humeur, mais il se tut et arrêta enfin avec ses gamins par-ci, ces gamins par-là. Malheureusement, ça ne dura pas longtemps. « Gamin, on dirait que le gang prévoit de v’nir t’chercher ! »
« Me chercher ? » l’interrogeai-je, grandement surpris.
« Ouais. T’as fermé le canal, donc ils sont morts de trouille et sont en train d’dire qu’ils vont venir te récupérer », expliqua Western Wind, ayant l’air d’écouter quelque chose avec attention.
J’ouvris immédiatement le canal du groupe pour découvrir ce qu’il s’y tramait.
« Quelque chose a dû arriver à Wicked. Autrement, Prince n’aurait pas arrêté de nous répondre », devina Lolidragon avec inquiétude.
« Ne t’inquiète pas, Ming Huang s’est déjà déconnecté pour aller lui demander », répondit grand frère Wolf calmement.
Après un long moment, la voix de Ming Huang retentit. Il avait l’air désespéré et, tout en réprimant ses émotions avec grandes difficultés, il dit : « Le personnage de mon frère a disparu. Il a utilisé le programme d’autodestruction DPNJ contre Inferno des Quatre Rois Célestes et les a tous les deux réduits en cendres. »
Le silence tomba sur tout le groupe. Finalement, Lolidragon prit la parole : « Puisque Wicked a disparu, Prince n’a plus personne pour s’occuper de lui ! Et maintenant qu’il refuse absolument de répondre, qui sait ce qu’il derrière la tête ? On ferait mieux d’aller le chercher tout de suite ! »
En entendant ça, je fermai de nouveau le canal. Puisque, à présent, tout le monde allait me chercher à la Cité Fleurie, je n’avais plus besoin de m’inquiéter qu’ils rencontrent The Dictator of Life au Mont HuaLian. Très bien, dans ce cas, je vais immédiatement partir à la recherche de The Dictator of Life, et avec un peu de chances, je serai capable de lui régler son compte avant que qui que ce soit atteigne la Cité Fleurie.
« Très bien ! Vers la Cité Fleurie ! » décidai-je.
« Ok, je vais venir avec toi pour tuer le boss final ! » s’exclama Western Wind avec excitation, une lueur d’anticipation brillant dans ses yeux.
J’étais un peu réticent. « Tu… n’as pas fait installer le programme d’autodestruction DPNJ sur toi, j’espère ? »
« Hein ? Le prog d’auto quoi d’Épenji ? » répéta Western Wind avec une expression de stupéfaction. « Qu’est-ce que c’est ? Comment ça se fait que je n’en aie jamais entendu parler ? »
« … Fais comme si je n’avais rien dit. » Trois lignes noires descendirent sur mon visage. J’aurais dû me douter que Western Wind n’avait pas encore compris toute l’ampleur de la situation.
« Allons-y. » Je me mis immédiatement à marcher en direction de la Cité Fleurie.
« Prin- Gamin ! Tu vas dans la mauvaise direction », s’empressa de crier Western Wind.
Hein ? Ah bon ? Je me grattai le visage tandis que Western Wind me traînait dans la bonne direction. C’est bizarre, pourquoi est-ce qu’aujourd’hui on dirait qu’il se comporte avec plus d’insistance que d’habitude ?
« Western Wind, quand AnRui t’a amené ici, est-ce qu’il est reparti ? » m’enquis-je distraitement. Maudite palourde… est-ce que ça l’aurait tué de rester et de nous aider ?
« Euh, ouais, ouais. »
« Puisqu’AnRui déteste s’impliquer autant, je m’demande qui a été capable de lui faire accepter d’nous transporter. » Peu importe sous quel angle je considérais la question, je n’arrivais pas à deviner qui diable avait pu forcer cette palourde faignante à sortir de sa cave.
« C’est peut-être The Dictator of Life lui-même », proposa Western Wind solennellement. « Même si j’en connais pas la raison, il est clair que The Dictator of Life nous aide à atteindre le Continent du Nord. Pourtant, d’un autre côté, il essaie aussi d’nous empêcher d’avancer. Je n’comprends vraiment pas quelles sont ses vraies intentions. »
« Tu crois vraiment que The Dictator of Life lui en a donné l’ordre ? » Je n’arrivais vraiment pas à cerner la mentalité d’un boss final. Il veut que nous venions, mais en même temps il essaie désespérément de nous arrêter. À quoi joue-t-il ?
« Je pense que ça doit être lui », répondit Western Wind, les sourcils froncés tandis qu’il réfléchissait.
J’eus soudainement une étrange impression, comme si quelque chose n’allait pas…. Mais, de quoi s’agit-il au juste ? Je contemplai les sourcils froncés de Western Wind, sentant que quelque chose clochait… Oh oui ! Je m’exclamai, surpris : « Western Wind, tu… »
Le corps de Western Wind se tendit soudainement. « Quoi ? Qu’est-ce qui n’va pas avec moi ? »
Je lui assenai mes accusations sans aucune pitié. « Toi non plus tu n’as pas du tout le sens de l’orientation ! Tu viens d’agir comme si tu savais où tu allais… Si tu es vraiment capable de m’amener à la Cité Fleurie, moi je parie que je peux rentrer à la nage au Contient Central. »
« Ce-c’est… » bafouilla Western Wind avec les yeux écarquillés, comme s’il avait perdu tous ses mots.
« Heureusement, j’arriverai à trouver le chemin en grimpant aux arbres. » Immédiatement, je montai agilement jusqu’au sommet d’un arbre. Western Wind, cet imbécile, avait bel et bien un sens de l’orientation encore plus pourri que le mien ! Nous étions partis précisément dans la direction contraire à la Cité Fleurie !
Une fois de plus, je descendis en glissant le long du tronc et indiquai à Western Wind : « C’est par-là. »
Western Wind resta pétrifié, me dévisageant avec d’un air stupide.
Le voyant dans cet état, je souris avec irritation : « Quoi ? Tu ne veux pas venir avec moi ? Alors, pars de ton côté et va rejoindre les autres ! »
« J’irai avec toi, peu importe l’endroit où tu voudras aller », répondit Western Wind avec un sourire avant de me suivre.
Quelque chose ne va pas. Western Wind ne se comporte-t-il pas… assez différemment de d’habitude ? Je réfléchis profondément. En quoi est-il différent d’avant ? Il semble être… plus gentil ? Je secouai la tête violement. Il est inconcevable que le mot « gentil » puisse être associé avec Western Wind. Je dois être en train d’imaginer des choses !
Quand les murs de la Cité Fleurie furent en vue, je me retrouvai dans une situation délicate. Comment faire pour infiltrer la Cité Fleurie ? Si on considère le fait qu’il y avait probablement plusieurs centaines de milliers de PNJs à l’intérieur, alors je ne pensais vraiment pas que, avec seulement l’aide de Western Wind, je pourrais ignorer cette foule d’ennemis et me frayer un chemin jusqu’à The Dictator of Life.
« Si The Dictator of Life est vraiment ici, alors il se trouvera sûrement dans la Tour Centrale », analysa Western Wind avec perspicacité. « C’est là-bas que la défense sera la plus forte. »
« La Tour Centrale ! » Intérieurement, j’analysai notre situation actuelle. Comment je vais faire pour atteindre la Tour Centrale ? À moins d’être un PNJ, tout joueur qui mettra le pied dans la ville se fera massacrer… Mais, c’est ça ! Un PNJ ! Je m’empressai de demander : « Y a-t-il une façon pour nous de nous déguiser en PNJs ? »
« Hum, généralement parlant, ce n’est pas possible », répondit Western Wind avec une certaine hésitation.
« Tu veux dire que, autrement parlant, il y a un moyen ? » Vue la tournure de phrase qu’il avait utilisée, on aurait dit que Western Wind avait une idée derrière la tête.
D’une voix assez abattue, Western Wind expliqua : « Oui, y’a peu d’temps, il s’trouve que Lolidragon a développé un objet qui permet d’changer l’apparence de quelqu’un. »
« Mais, alors, qu’est-ce que t’attends ? Vite, sorts-le », lui ordonnai-je, me sentant plutôt mécontent. Si Western Wind avait utilisé cet objet plus tôt, nous n’aurions pas eu à rester plantés ici à nous creuser la tête pour trouver un moyen d’infiltrer la Cité Fleurie.
Western Wind sortit de son sac … de la pellicule étirable !
La pellicule étirable, comme son nom l’indique, est une pellicule en plastique transparente utilisée pour préserver des choses. Quand on l’achète, elle se présente souvent sous la forme d’un cylindre et, lorsqu’on l’ouvre, on peut dérouler une longue feuille de plastique transparente qui peut alors être utilisée pour envelopper de la nourriture, celle-ci pouvant par la suite être placée dans un réfrigérateur en restant préservée. Et, ainsi, on empêche les mauvaises odeurs de se répandre. De plus, on peut l’utiliser pour faire cuire à la vapeur de beaux œufs délicieux. En d’autres termes, pour une femme au foyer et ses besoins culinaires, c’est un trésor indispensable… Mais, il me semble me rappeler que je voulais un outil pour me déguiser. Pourquoi diable Western Wind me donne-t-il cette pellicule étirable ?!
Avec des flammes de colère jaillissant presque de la bouche, je tendis les mains et les resserrai toutes les deux autour de la gorge de Western Wind. Nous faisions face à une situation très sérieuse, mais ce type avait encore assez de culot pour me faire tourner en bourrique !
« Entoure ça autour de ton corps, puis prononce le nom de la personne dont tu veux prendre l’apparence ! » m’indiqua désespérément Western Wind, puisqu’il n’y avait rien d’autre qu’il pouvait faire face à ma rage.
« Oh. » Je retirai immédiatement mes mains de son cou, pris la pellicule étirable, et m’empressai de « m’emballer »… J’avais l’impression d’être une momie en train de se faire enveloppée de bandages transparents.
Je compris finalement quelle impression ressentait un poisson lorsqu’il se faisait envelopper dans du pellicule plastique. Tout mon corps, incluant mes yeux, était entouré de plastique. À part me tenir debout, il n’y avait absolument rien d’autre que je pouvais faire… même si je pouvais probablement encore sauter de haut en bas.
« Prince, prononce juste le nom de la personne dont tu veux prendre l’apparence », me rappela Western Wind.
« … Inferno. » dis-je après un instant de réflexion. Si je veux m’approcher de The Dictator of Life, il vaut sûrement mieux que je me transforme en l’un des Quatre Rois Célestes. Qui plus est, Inferno a déjà disparu tout comme Wicked, donc je n’ai pas à craindre de tomber sur lui.
Son nom avait à peine quitté ma bouche que la pellicule de plastique sur mon corps se resserra soudainement… Très bien, j’admets qu’Inferno était beaucoup plus mince que moi, mais il n’y avait vraiment pas besoin que ce soit aussi serré. De plus, j’avais si chaud, c’était comme si on était en train de me faire rôtir au-dessus d’un feu. Je ne pus m’empêcher de gémir de douleur. Mon dieu, non seulement je suis emballé étroitement dans de la pellicule plastique, mais en plus j’ai maintenant l’impression d’être coincé dans un micro-ondes.
Se pourrait-il que ce Western Wind soit un PNJ déguisé, et qu’il ait prévu de me dévorer après m’avoir fait cuire au micro-ondes ? De folles pensées traversèrent mon esprit de façon incontrôlable juste avant que je m’évanouisse à cause de la chaleur.
Aïe ! Où suis-je ? Je ne peux pas être à l’intérieur de l’estomac du faux Western Wind, non ? Je secouai ma tête vigoureusement, essayant de me débarrasser de ces étourdissements.
« Désolé, j’ai oublié de te dire que le processus de transformation n’est pas très plaisant », me dit Western Wind… Non, ce n’était pas sa voix. Je levai aussitôt la tête, uniquement pour constater que je voyais là quelqu’un qui n’aurait pas dû se trouver ici.
Celestial !
Je le fixai, le regard vide. Le Peloton d’exécution ne peut pas m’avoir retrouvé aussi rapidement… n’est-ce pas ?
Celestial sourit. « Je ne suis pas vraiment Celestial. Tu t’es transformé en Inferno, donc, bien sûr, j’avais aussi besoin de me transformer en un autre PNJ. On pourra juste dire qu’Inferno a attrapé le traître, Celestial, et qu’il le ramène pour faire son rapport à The Dictator of Life. »
« C’est une bonne idée. » Je me levai et découvris que mes mains étaient devenues des sortes d’entités étrangères rouges et semi-transparentes. J’observai le reste de mon corps qui était à demi transparent. J’avais l’impression d’être… un fantôme.
« Allons-y ! » Je rassemblai mon courage et traînai « le traître » Celestial qui avait été capturé par « Inferno ». Je me dirigeai vers les portes principales de la Cité Fleurie.
J’entrai directement dans la ville. Comme attendu, les PNJs à l’intérieur étaient aussi innombrables que les joueurs présents dans la Cité de l’Infini. De plus, ils grouillaient de partout. Si j’avais effrontément foncé de plein front, j’aurais probablement dû me résigner à rentrer au Continent Central après avoir à peine parcouru un petit mètre depuis les portes.
Mais, pour le moment, j’étais Inferno…. héhé, comme prévu, pas un seul PNJ ne me bloqua le chemin. Traînant « Celestial » derrière moi, je m’approchai d’un pas assuré de la Tour Centrale, me rapprochant toujours un peu plus de ma cible : The Dictator of Life.
« Arrêtez-vous là ! » Une voix glaciale retentit tout à coup. Plus effrayant encore, c’était le fait qu’elle m’était familière.
Prenant une profonde respiration, je me retournai pour faire face à ce nouveau venu, qui se trouvait être nul autre que Zephyr. Je demandai froidement : « Qu’est-ce que tu veux ? » Dans tous les cas, pour le moment, j’étais, comme Zephyr, l’un des Quatre Rois Célestes, donc il n’y avait besoin d’être poli avec lui. D’autre part, si je me fiais sur le peu de temps où j’avais côtoyé Inferno, j’avais l’impression qu’il n’était absolument pas une personne dotée d’un bon tempérament.
« Tu as attrapé Celestial ? » le questionna Zephyr avec une expression surprise.
« Ouais, et j’allais justement l’amener voir Dictator », répondis-je.
« Pourquoi est-ce que tu ne voles pas ? À quoi bon utiliser tes jambes ? » demanda encore Zephyr avec suspicion.
Grrr, même si cette technique de déguisement me permet de me transformer en quelqu’un d’autre, elle ne me donne pas ses capacités… mais, je ne pouvais certainement pas lui répondre ça. Je réfléchis à une réponse plausible, et trouvai une excuse un peu forcée. « Bah, je voulais prendre mon temps pour tabasser cet enfoiré de traître. Si je vole directement jusqu’à Dictator, où est le plaisir dans tout ça ? »
Zephyr s’esclaffa bruyamment. « Mais, oui, bien sûr, laisse-moi aussi lui donner une bonne leçon. » Sur ce, il frappa Western Wind, le projetant à terre.
Voyant qu’il avait l’intention de lui porter encore plusieurs coups, je m’empressai de le bloquer. « Ok, ça suffit. On ferait mieux de ne pas laisser Dictator découvrir ça. »
« Très bien. » En entendant le nom de Dictator, Zephyr n’eut d’autres choix que de s’arrêter, bien qu’il le fît avec une grande reluctance.
Je me dépêchai d’aider Western Wind à se relever et lui jetai un regard inquiet, qu’il me retourna avec un sourire rassurant.
« Zephyr, quelque chose de terrible s’est produit ! » s’écria soudainement une voix d’enfant. « Inferno est mort, et The Dictator of Life est entré dans une colère noire. »
« Quoi ? Inferno est mort ? » Une étrange expression apparut sur le visage de Zephyr. Il dévisagea Clay, puis me regarda.
Je suis tellement mort. Je m’apprêtais à courir pour m’enfuir, quand tout le ciel au-dessus de nous trembla et une voix remplie de rage et de chagrin hurla plaintivement : « Pourquoi l’ont-t-ils tué ? Inferno n’avait rien fait de mal ! Sales humains, soyez maudits jusqu’aux derniers ! »
« The Dictator of Life ! » Je regardai en direction de la Tour Centrale. The Dictator of Life se trouvait bien à la Cité Fleurie en fin de compte – Poseidon nous avait communiqué de fausses informations.
« Vite, cours jusqu’à la Tour Centrale », me rappela Western Wind.
Il avait raison. Présentement, nous étions confrontés à deux Rois Célestes. Si ce n’était pas le moment de fuir, alors je ne sais pas quand ce serait. Je me mis immédiatement à courir à pleine vitesse, mais je n’oubliai pas de lui ordonner : « Ne me suis pas, Western Wind ! Cours vers les portes de la ville, je vais les attirer à la Tour Centrale… Western Wind ? »
Sous le choc, je regardai tandis que Western Wind levait les bras pour bloquer le chemin de Zephyr et Clay. Il énonça doucement les mots que j’avais souhaité ne plus jamais, jamais avoir à entendre de nouveau : « Programme d’autodestru- »
Ne lui laissant pas le temps de finir, je le frappai avec mon pied, le plaquant à terre de telle sorte qu’il ne pourrait pas se relever. Je rugis vicieusement : « Tu me prends pour un idiot ? »
Je le piétinai, le tapai avec mes pieds et mes poings. « Tu croyais que je n’aurais pas remarqué que tu étais différent de l’habituel Western Wind ? Comment Western Wind aurait-il pu être aussi intelligent, aussi gentil et être un idiot aussi stupide que toi, qui ne penses toujours qu’à te sacrifier pour moi ? »
Je continuai de le frapper, mais ne pus retenir mes larmes alors que je hurlais : « Stupide Gui ! »
Western Wind…. Non, Gui se raidit, puis leva la tête et m’adressa un sourire en coin. « Tu m’as percé à jour ? »
« Je n’étais pas sûr au début, mais quand tu as crié pour activer le programme d’autodestruction… Comment aurais-je pu ne pas deviner ? » Je m’exclamai : « Tu m’as intentionnellement entraîné dans la direction opposée à la Cité Fleurie pour me ramener auprès des autres, n’est-ce pas ? J’ai refusé de te suivre, et pourtant tu as dit que tu étais décidé à rester avec moi. Qui d’autre à part toi aurait fait ça, Gui ? »
« Je suis désolé, Prince. Je n’avais pas l’intention de te mentir, c’est juste que, quand j’ai vu Wicked se faire exploser, j’ai su que tu ne voudrais jamais que je vienne avec toi, alors… » Gui se leva lentement et me serra gentiment dans ses bras.
Alors, tu as prétendu être Western Wind et, même alors que tu t’apprêtais à te faire exploser en milles morceaux, tu as continué de refuser de me dire que tu étais Gui… Je l’enlaçai également étroitement en retour et pleurai avec amertume : « Wicked… Wicked nous a déjà quitté ! Ne me quitte pas toi aussi, d’accord ? »
« S’il te plaît, ne pleure pas, Prince. Si tu pleures, Wicked et moi nous sentirons tous les deux très tristes », me réconforta-t-il gentiment.
« Dans ce cas, tu dois me promettre que tu n’utiliseras jamais le programme d’autodestruction DPNJ », exigeai-je en le regardant droit dans les yeux, ne voulant pas lui laisser la moindre chance d’éviter ma question.
Gui sourit, mais ne dit pas un mot.
« Gui ? » le pressai-je, un peu effrayé. Le sourire de Gui était si gentil… si gentil qu’il me faisait peur.
« Chaînes d’Amour », récita Gui d’une voix douce.
Mon cœur rata un battement et, en baissant les yeux, je vis que des chaînes à demi transparentes s’enroulaient autour de mon corps… Gui allait se faire sauter ! Paniquant, je rugis : « Gui, je t’interdis de disparaître ! Si tu disparais, je ne viendrai jamais, jamais te trouver ! »
Le dos de Gui se raidit, mais il fit calmement face à Zephyr et Clay, puis leur demanda : « Est-ce que vous pouvez nous laisser partir ? »
« Est-ce qu’Inferno est vraiment mort ? » le questionna Zephyr, retenant son mauvais caractère avec une difficulté phénoménale, tandis que l’air tout autour de lui se mettait à tournoyer avec des rafales de vent turbulentes. N’importe qui pouvait voir que Zephyr risquait de se mettre dans une rage folle au moindre signe d’acquiescement de la part de Gui.
« Oui », répondit ce dernier sereinement.
« Vous l’avez tué ! » Clay jeta un regard furieux à Gui, les yeux cernés de rouge, tandis que Zephyr me fixait d’un regard haineux.
Gui se tourna vers moi avec un sourire amer. « On dirait bien qu’il n’y aura pas de dénouement heureux, Prince. Toi et Wicked n’étiez pas suffisants pour tuer Inferno… En étant tous les deux seuls contre Zephyr et Clay, avons-nous d’autres choix ? »
« On peut s’enfuir », répondis-je en tremblant comme je me débattais. Pourquoi est-ce que ces maudits liens sont si serrés ?
« Ne lutte plus, Prince. Ces chaînes sont comme mon amour pour toi… elles ne te laisseront jamais, jamais partir. Alors que le sourire de Gui s’attendrissait encore plus, un élan de douleur traversa mon cœur.
« Non ! » Je ne pus m’empêcher de crier : « Gui ! »
« Activation du programme d’autodestruction DPNJ », s’exclama doucement Gui.
Un flash de lumière blanche aveuglante jailli et, d’une voix qui faisait penser qu’il était au bord des larmes, Gui me dit : « J’espère encore te rencontrer, Prince. »
Bang ! Le bruit assourdissant d’une violente explosion transperça l’air, suivi une fois encore de ces flocons de neige blanche d’une extrême beauté. Était-ce là le sang de Gui, sa chaire, ou son cœur ? Je ne pus retenir les larmes qui remplissaient mes yeux. Dans mon cœur, tout ce qui restait était l’image d’un démon aux cheveux noirs et aux yeux couleur améthyste, l’image d’un homme qui souriait toujours pour moi, mais gardait ses larmes pour lui.
« Gui… pourquoi t’es-tu sacrifié ? » hurlai-je. « Je suis venu seul à la Cité Fleurie, parce que je ne voulais voir aucun de vous mourir pour moi ! Mais, tu as quand même sacrifié ta vie. Pourquoi ? »
« Gui, espèce d’idiot ! Stupide Gui ! » sanglotai-je d’une voix rauque.