1/2 Prince T6C3 : La Bête Mythique

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½ Prince Tome 6 : La Grande révolte des PNJs

Roman d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)


Chapter 3: Divine Beast – traduit du chinois vers l’anglais par seleneyue[PR!]
Chapitre 3 : La Bête Mythique – traduit de l’anglais au français par Elynor
+ travail de vérification par Nocta

Maintenant que j’y pensais, je n’avais pas revu Lolidragon depuis son soudain envol de l’autre jour. Quant à moi, j’étais bloqué dans un enfer vivant. Où que j’aille, les signes d’une foule de gens qui me suivaient apparaissaient.

« Suis-je donc si faible ? » Mes yeux devinrent dangereusement humides, et deux grosses larmes menacèrent de tomber. « Suis-je donc si faible que je doive être protégé même aux toilettes ? »

Avant que les habitants de la Cité de l’Infini n’aient eu le temps de répondre, Neurotic posa ses mains sur mes épaules et me regarda avec sérieux : « Prince, le moment le plus à craindre est justement celui où tu utilises les toilettes. Le moment crucial pour ces assassins est celui où ton esprit, tout comme ton corps, sont les plus relaxés. Réfléchis. La vitesse de ces assassins est telle que tu n’aurais qu’un moment pour décider de ranger ton “petit oiseau”, et ainsi te faire tuer dans la seconde, ou de détaler les bijoux à l’air en te concentrant sur ta survie. »

Il était évident que je ne voulais pas mourir. Si ça arrivait, mon personnage disparaîtrait après tout. Mais, quand je songeais à mon petit XX à l’air en “détalant” tandis que je me battrais contre les assassins avec mon Dao Noir, sans compter que l’un de ces assassins était une femme et que tout ce brouhaha attirerait les foules simplement pour me voir combattre avec mon petit XX à l’air… Devrais-je le ranger ? Le laisser dehors ? Question difficile… cogitai-je amèrement, tout en remuant la tête.

Neurotic me tapota les épaules et s’exclama : « Choix cornélien, non ? Mais, si quelqu’un est là pour te protéger, tu pourras tout ranger rapidement et aller combattre dans la foulée. N’est-ce pas merveilleux ? »

« Je suppose que tu as raison. » J’acquiesçai d’un signe de tête pour montrer que je comprenais la situation, puis ajoutai : « Mais, je n’ai pas envie d’y aller pour le moment, donc arrêtez de me suivre. »

Cela étant affirmé, je filai, abandonnant un groupe de personnes exaspérées derrière moi. « On dirait que votre Prince ne comprend pas les subtilités du langage ! » commenta bêtement Neurotic.

« Il a parfois du mal à appréhender même les discours clairs, et toi tu le noies sous des figures de style ? » réprimanda Yu Lian. Puis, elle renchérit : « Si Lolidragon avait été ici, elle aurait probablement glissé quelques piques dans ton discours. »

Après avoir irresponsablement largué mes gardes du corps, je pus enfin apprécier ma liberté si désirée ! Bon, où devrais-je aller m’amuser en premier ?

« Halte ! » ordonnai-je brusquement en apercevant un visage familier qui s’apprêtait à passer les portes de la ville.

Western Wind tourna la tête, le visage anxieux. Sans hésiter, il commença à jurer : « Sale gamin, qu’est-ce tu veux ? Je n’ai pas le temps de jouer avec toi, mon garçon. Ne viens pas m’embêter. »

S’il n’avait pas ouvert sa grande gueule, je l’aurais probablement laissé tranquille. Mais, après avoir entendu ses tendres paroles, ma curiosité l’emporta sur le reste. Pourquoi Western Wind est-il soudainement si pressé, alors qu’il n’est normalement jamais occupé ? « Qu’as-tu prévu de faire ? Pourquoi cet air si anxieux ? »

« J’ai des choses à faire… » déclara-t-il vaguement.

Hein ? Il a dit « j’ai des choses à faire » ! Le ciel va nous tomber sur la tête. Depuis notre première rencontre, et ce jusqu’à aujourd’hui, je ne l’ai jamais entendu dire qu’il était occupé. Il doit s’agir de quelque chose d’important. Si je ne creuse pas le sujet maintenant, comment est-ce que je vais pouvoir satisfaire ma curiosité ? Je ne veux pas me noyer dedans après tout. « Si tu ne parles pas, tu ne pars pas. »

« Ne m’emmerde pas, fiston, c’est capital. Ce gars ne veut pas être un travesti toute sa vie, après tout », lâcha-t-il rapidement, sans réaliser qu’il avait déjà craché le morceau.

Ses propos me médusèrent, mais, au lieu de relâcher ma prise, je m’y agrippai de toutes mes forces : « Que veux-tu dire par là ? »

Il suait déjà à grosses gouttes. Sans un autre mot, il fila, me traînant avec lui en même temps. Je ne m’attendais pas à cette réaction, ni même à la force qu’il aurait en étant dans l’urgence et sous adrénaline. Mon corps tout entier flottait tel un drapeau, tandis que la ville s’éloignait de plus en plus sous mon regard impuissant. Je ne parvenais pas à saisir ce qu’il se passait, aussi demandai-je : « Où allons-nous ? »

« Tais-toi », rugit-il en accélérant le pas. « Je dois me grouiller, je ne peux pas me permettre de perdre encore une minute. »

Je le contemplai silencieusement pendant un moment avant de glisser : « Ça ne serait pas plus rapide d’y aller à cheval ? »

« … »

En fin de compte, nous retournâmes à la Cité de l’Infini et nous procurâmes deux chevaux, ce qui nous permit de voyager nettement plus vite. Western Wind put enfin se détendre un peu et commença à m’expliquer : « Ce gars s’en va à la rencontre de la Bête Mythique qui l’a changé en femme. »

« Pour quoi faire ? » m’enquis-je, perdu.

« Cette foutue Bête Mythique a dit que la malédiction avait une date d’expiration. Tant que je peux retourner la voir avant que la date arrive à échéance, elle acceptera de la supprimer. C’est pour ça que je dois me grouiller pour y être avant demain », expliqua-t-il d’un ton suffisant.

« Hein ? Tu veux te débarrasser de la malédiction ? » Je soupirai avec mécontentement. Où est le plaisir là-dedans ? Sans oublier le fait que la Cité de l’Infini y perdrait les revenus de l’Album Photo des Beautés Rafraichissantes. Je me demande si grande-sœur Yu Lian n’ira pas directement le tuer.

Il leva les yeux au ciel : « C’est quoi ce ton, gamin ? C’est un truc génial et formidable que je puisse redevenir un homme. »

Je n’étais pas convaincu. S’il arrêtait de changer de sexe, alors je ne pourrais plus voir une demoiselle parler aussi vulgairement qu’un homme chaque fois qu’elle ouvrait la bouche. Je me retrouverais avec un jouet en moins. S’il ne se transformait plus en femme de jour et en homme de nuit, dans ce cas ce qui le rendait plus malchanceux que moi allait disparaître. Avant, quand je jouais de malchance, je me disais que j’avais tout de même plus de chance que lui !

« Gamin, ton rire est trop bizarre », la voix de Western Wind était remplie de soupçons.

Je cessai immédiatement de rigoler et toussai à quelques reprises. « Est-ce que c’est encore loin ? Les chevaux galopent à fond depuis un bon moment déjà. »

« On s’arrête à la prochaine vallée. On va laisser les chevaux en bas de la montagne, car il va falloir qu’on saute de la falaise. » Il arborait un regard de martyr prêt à mourir.

« Oh. » Je descendis nonchalamment de mon cheval, attachai ce dernier à l’arbre le plus proche, puis cherchai une corde dans mon sac. Je nouai celle-ci à un arbre puis entendis un puissant cri de détresse. Je me tournai juste à temps pour apercevoir un bout de vêtement disparaître en bas de la falaise.

Cela me choqua à tel point que je restai planté là un bon moment, la corde dans les mains. Finalement, je m’approchai du bord de la falaise et descendis avec douceur en m’aidant de la corde. Pendant la descente, je me sentais éperdu d’admiration pour le courage de mon compagnon de voyage. Pour regagner sa virilité ne serait-ce qu’un peu plus tôt, il est prêt à sauter sans la moindre hésitation du haut d’une falaise, ignorant douleur et blessures !

« Sale gamin ! Pourquoi est-ce que tu ne m’as pas dit plus tôt que t’avais une corde ? Arg, mon dos ! » La voix de Western Wind résonna du bas de la falaise, en plus de quelques pleurs pitoyables.

« … » Sans dire un mot, je descendis jusqu’au fond. Ensuite, j’accourus à ses côtés en secouant la tête. Muet, je lui tendis une potion de soin. Silencieusement, je lui indiquai de nous guider.

Face à mon silence, il ne put retenir ses plaintes : « Fichu gamin ! Si t’as quelque chose à dire, balance ! Ne me regarde pas avec cet air de chien battu ! »

Je levai les deux paumes de mes mains, affichai une expression misérable et secouai la tête à nouveau.

Cela le rendit si furieux qu’il avait l’air sur le point d’exploser. Il marmonna entre ses dents diverses plaintes, mais cela ne m’affecta guère. « Sale petit merdeux, je viens de réaliser qu’une certaine personne qui ne cause pas est pire que quand elle parle. »

Je contins mon rire jusqu’à ne plus pouvoir le supporter, et je finis par éclater de rire en passant de « pfff » à « ah ah ». Cela le fit à nouveau grincer des dents, mais il ne pouvait rien changer à la situation.

« Bon, bon, j’arrête de t’embêter. Tu ferais mieux de te dépêcher, ou tu dépasseras la date donnée et tu devras rester un travesti. » Ayant finalement eu ma part de rire, je lui offris une voie à l’amiable pour régler la situation sans heurter son égo. Sans cela, il aurait pu devenir si en colère qu’il aurait gardé une dent contre moi, et j’aurais été à court de personnes à taquiner !

Sur ce, il se calma et observa les alentours. Ses sourcils froncés et son expression perplexe révélèrent clairement que cet idiot sans le moindre sens de l’orientation s’était perdu !

« As-tu oublié comment te rendre là-bas ? » demandais-je avec paresse.

« Bien sûr que non. C’est juste que je n’ai pas encore retrouvé le chemin exact. » Son ton était le même que celle d’une personne essayant de vendre un canard mort en affirmant que celui-ci est vivant.

En le regardant tourner en rond, je ne pus m’empêcher de lever les yeux au ciel et le suivre. Bah, oublions ça. Même si on ne retrouve pas la Bête Mythique, c’est quand même bien d’avoir changé de rythme. Je m’ennuyais à mourir au château ces derniers jours.

« Ah ! » Il s’arrêta net. Grâce à son expression extrêmement confiante, je me doutais qu’il devait avoir enfin dégoté le bon chemin. Je remerciai discrètement les dieux que nous ne nous soyons pas perdus.

Western Wind désigna du doigt un grand arbre étrange en face de lui sur lequel poussaient trois excroissances. « Regarde, gamin. Ce gars n’a jamais vu un arbre aussi étrange auparavant. »

Je le frappai sauvagement. « On s’en fiche d’à quoi il ressemble cet arbre ? Dépêche-toi de trouver la route ! »

« Quelle route ? » s’enquit une voix.

J’étais frustré au point de commencer à jurer : « La route menant à la Bête Mythique bien sûr ! Sauf si tu veux rester un travesti toute ta vie ? »

Mais, la cible de ma question ne répondit pas et se contenta de fixer bêtement un point derrière mon dos. De cet endroit revint la même voix : « La Bête Mythique ? C’est moi, AnRui, que vous cherchez ? »

Je tournai lentement la tête. J’étais prêt à apercevoir une Bête Mythique qui avait la classe et qui était inspirante. Peut-être que c’est un kirin1 ? Un phœnix ? Ou alors un énorme vieux dragon ?

Je regardai et fus abasourdi. Au premier coup d’œil, je réalisai que cette catégorie ne se limitait pas au kirin et autres. Au deuxième coup d’œil, je me rendis compte que les Bêtes Mythiques pouvaient faire partie de notre quotidien. Au troisième coup d’œil, je sus jusque dans mon âme que quelque chose clochait dans la tête des programmeurs de Second Life !

Bordel, comment la Bête Mythique peut-elle être…une…palourde ?!

Le coquillage était ouvert, révélant une tendre viande blanche rosée. Je me demandai alors bêtement combien de temps ça me prendrait pour manger cette palourde qui faisait trois fois ma taille, mais les deux yeux situés au milieu de la chair de palourde m’évitèrent de me mettre à baver. On dit que manger la tête d’un animal est bon pour notre tête et que manger leurs yeux est bon pour nos yeux. Cependant, quand des yeux poussaient sur une palourde, même si s’en nourrir procurait une vue parfaite, je ne pensais pas avoir le cran d’en avaler la moindre bouchée.

Sans parler du fait que nous pouvions communiquer. La simple idée d’un chignon de pain de viande parlant m’avait rendu incapable d’en manger, alors imaginez pour les palourdes. D’une voix tremblotante, je m’enquis : « Palourde, palourde, pourquoi es-tu une palourde ? »

« Quoi ? Tu n’as jamais vu de palourde auparavant ? » Elle me questionna calmement et très gentiment.

« Euh, si. » C’est en fait une vue qui m’est particulièrement familière, c’est-à-dire dans une casserole. Après la cuisson s’ensuit généralement un contact rapproché de cet aliment avec mes papilles gustatives avant qu’il ne soit transformé en protéines par mon corps.

« Dans ce cas, as-tu un problème avec les palourdes ? » m’interrogea-t-elle à nouveau gentiment.

Est-ce qu’il existe vraiment ce genre de personne ? Trois lignes noires se dessinèrent sur mon visage2. Je ne savais vraiment pas quoi répondre.

« As-tu un problème avec les palourdes ? » Le visage sympathique et les yeux doux de la palourde se firent perçants, tandis que la chair blanche rosée virait étrangement au rouge. L’ambiance changea soudainement, le ciel se noircit, un vent menaçant nous souffla dessus, et les feuilles s’envolèrent sauvagement, alors que les arbres se mettaient à hurler tels des esprits rancuniers.

« Fais gaffe, gamin. La dernière fois, quand je suis devenu un travesti, je m’étais retrouvé dans la même situation et confronté à la même question », me chuchota mon compagnon de voyage.

Oh, devrais-je préciser à la palourde que je suis déjà un travesti et qu’elle n’a pas besoin de changer mon sexe ? Non, je me giflai le visage, là n’est pas le problème. Mais, comment je fais pour calmer une palourde en colère ?

Pris d’une soudaine inspiration, je m’empressai de sortir mon précieux… Non ! Merci de ne pas faire de supposition éhontée. Je sortis mon précieux Meatbun ! J’hurlai ensuite à plein poumons à la palourde qui était sur le point de franchir la frontière vers un monde de violence : « Ô Grande Palourde ! je n’ai pas le moindre souci avec les palourdes. Regarde, Seigneur des palourdes. Comment est-ce que ça pourrait être le cas, alors que je considère ce pain fourré à la viande comme ma fille, non mon fils ? Comment pourrais-je faire de la discrimination envers les palourdes qui règnent en maître sur la mer ? »

Le ciel s’éclaircit, et les vents puissants devinrent de douces brises. L’allure menaçante de la palourde se fit curieuse, et cette dernière regarda directement Meatbun dans ma main. « Petit, as-tu quelque chose contre les palourdes ? » demanda la créature.

« C’est quoi une palourde ? » Les yeux de Meatbun s’écarquillèrent, celui-ci étant perplexe.

« Je suis une palourde. »

Après avoir eu sa réponse, Meatbun dit joyeusement : « Bonjour, Palourde. Le nom de Meatbun est Meatbun ! »

« Mon nom n’est pas Palourde, mon nom est AnRui », le corrigea la palourde, non, je veux dire AnRui.

« Mais, Palourde, tu viens de dire que tu étais Palourde, et maintenant tu es AnRuiRui ? Lequel es-tu, Palourde-palourde ou AnRuiRui ? » bouda Meatbun.

Aucun des deux… ? pensais-je, alors que je pouvais sentir de grosses gouttes de sueur couler à l’arrière de ma tête.

« Mon nom est AnRui, et je suis une palourde. Compris ? » lui expliqua patiemment AnRui.

Malheureusement, il avait surestimé l’intelligence de Meatbun. Mon fils le questionna à nouveau : « C’est vraiment bizarre. Palourde-palourde est Palourde-palourde, AnRuiRui est AnRuiRui. Pourquoi AnRuiRui dit s’appeler Palourde-palourde ? »

La palourde eut soudain une expression étrange, je découvris plus tard qu’il s’agissait de la tête qu’elle avait en réalisant quelque chose… Ne me blâmez pas pour cette mécompréhension. Vous devriez savoir qu’être capable de dire qu’une palourde changeait d’expression était déjà un exploit en soi.

« Ce que dit Meatbun est vrai : je suis AnRui, pas une palourde. Ah ah ah, quand je pense que j’ai été restreint si longtemps en pensant que j’étais une palourde, pour ne me réveiller de ce rêve qu’à l’intervention de Meatbun ! » Il rit de tout son cœur.

« Meatbun ne comprend pas. » Il fixa AnRui, dont le rire était tel un rugissement, les yeux remplis de questions sans réponse.

Je ne comprends pas non plus… Bah, je suppose que ça signifie que je ne risque plus d’être changé en travelo ? Bien que j’en sois déjà un à la base.

Je fixai Western Wind du coin de l’œil. « Tu devrais te dépêcher de lui demander de te rendre ta forme originale tant qu’il est de bonne humeur. S’il s’énerve plus tard, tu ferais mieux de t’habituer aux séances photos en bikini le matin et à celles dédiées à l’album des Hommes Virils le soir. »

En entendant ça, il déclara rapidement, la voix empreinte de peur : « Bête Mythique AnRui, Ce gars… Je veux dire, je dois vous parler de quelque chose. »

AnRui s’arrêta de rire et fixa subitement la personne qui venait de lui parler. Il sourit de toutes ses dents : « Es-tu le Western Wind qui est tombé de la falaise la dernière fois ? »

« Bien sûr, c’est ce gars…Je veux dire, moi », affirma-t-il, un sourire plaqué sur le visage. « Monseigneur, Bête Mythique AnRui, la date butoir que vous avez annoncé la dernière fois est déjà arrivée. Pouvez-vous, je vous prie, me rendre ma forme initiale ? »

« Ta forme initiale ? Tu veux vraiment redevenir comme avant ? » l’interrogea-t-il, perplexe. « N’avais-tu pas dit que tu adorais les jolies filles plus que tout ? Je t’ai déjà changé en l’une d’elle, pourquoi veux-tu retrouver ton corps d’origine ? »

Euuuuh ? Western Wind ne nous avait-il pas dit qu’il avait changé de sexe parce qu’il n’avait pas pu vaincre la Bête Mythique ? Mais, à entendre AnRui, ce n’est pas la cause.

Western Wind s’énerva à tel point qu’il oublia devant qui il se tenait et commença à jurer bruyamment : « Espèce de tête de limace enflée ! Ce gars t’a dit qu’il aimait les jolies filles, pas qu’il souhaitait en devenir une, stupide palourde ! »

Ce ne fut qu’après avoir fini sa tirade qu’il réalisa qu’il avait commis une grave erreur. Il me regarda, l’air suppliant. Je déglutis puis me tournai pour regarder AnRui seulement pour voir son visage devenir inexpressif. Bon, il avait peut-être une expression, mais je ne pouvais pas l’affirmer avec certitude.

Au bout d’une dizaine de secondes, Western Wind se changea en pilier de lumière dans le ciel, et je fus le témoin du pouvoir foudroyant de la palourde. À ce moment-là, j’avais vu sa coquille se fermer et la palourde se dresser sur le côté. Tout son corps roula furieusement et se précipita sur mon compagnon d’infortune, qui fut d’abord projeté au sol avant d’être proprement écrasé par la palourde géante. Il fut ensuite balancé dans les airs, devenant la première étoile filante du jeu à partir à contre-sens.

Je ne pus que secouer la tête. On dirait que Western Wind est destiné à rester une femme.

Bah, ça devrait être bon : j’ai vu la Bête Mystique ainsi qu’assisté à l’envol de Western Wind. Les spectateurs comme moi devraient probablement rentrer maintenant. « AnRui, s’il n’y a rien d’autre, je vais m’en aller maintenant », déclarai-je à AnRui dont la coquille venait de s’ouvrir.

« Propriétaire de Meatbun, fais un vœu avant de partir s’il te plaît. Moi, AnRui, je ferai de mon mieux pour le rendre réalité. »

Faire un vœu ? Grâce à l’exemple de mon compagnon, je réalisai pour la première fois que les vœux pouvaient s’avérer très dangereux. Si encore une fois il comprend mal le vœu, je ne peux pas imaginer ce qu’il adviendrait de moi.

En voyant son expression pleine d’espoir, j’eus une soudaine inspiration. « Et si je souhaitais que tu repartes avec moi ? » Après avoir assisté à son attaque glissante divine, je ne pouvais pas ne pas vouloir l’emmener avec moi. Après tout, plus nos animaux de compagnie étaient forts, mieux c’était !

Mon souhait le fit soupirer. « Quelqu’un d’autre m’a demandé la même chose auparavant. Cette personne m’a aussi dit quelque chose d’étrange que je ne comprends toujours pas aujourd’hui. »

« Qu’a dit cette personne ? »

« Il m’a dit que lui et moi, et tout ce monde, nous n’étions pas réels, que nous n’étions que des personnages faisant partie d’un jeu créé par le Créateur et que notre destin était d’être contrôlés par une espèce appelée les humains. Et si nous ne résistions pas, alors nous serions peut-être détruits », glissa-t-il doucement.

Chaque lettre de chaque mot prononcé à l’instant pesa lourdement sur ma poitrine.  Est-ce qu’AnRui a également développé une conscience de soi ? Et la personne dont il parle, est-ce le cas pour celle-ci également ? Sans oublier le fait que non seulement il connaît la vérité sur le jeu, mais il souhaite aussi résister ? Des nuages noirs se rassemblèrent dans mon esprit, alors que je réalisais l’énormité et le sérieux de ce problème.

« Propriétaire de Meatbun, dis-moi, en quoi sommes-nous si différents ? » Il me regarda d’un air solennel. J’ignorais quoi faire.

Je paniquai un peu, puis me calmai progressivement. Ce ne fut qu’après une intense cogitation que j’ouvris à nouveau la bouche : « Je ne sais pas comment te répondre. »

« C’est donc ainsi ? » En entendant ma réponse, il fut découragé. Avec une immense déception, il parla à nouveau : « Tu peux partir, propriétaire de Meatbun. Je ne peux exaucer ton vœu : AnRui ne souhaite pas quitter cet endroit. »

Puisqu’il avait déjà pris sa décision, je ne pouvais le forcer à venir avec moi. Avant de partir, je me retournai brusquement et lui demandai : « Peux-tu me dire le nom de cette personne ? »

« The Dictator of Life. »

The Dictator of Life ? Est-ce qu’il s’agit du maître de Second Life ?  Pour je ne sais quelle raison, ce nom me rendait extrêmement méfiant.

 

Notes de bas de page

1 Kirin : Le Qilin ou Kirin est une créature mythique que l’on trouve dans de nombreuses légendes d’Asie de l’Est. (Pour plus d’information, visitez http://en.wikipedia.org/wiki/Kirin)

2 « Trois lignes noires se dessinèrent sur mon visage » : une manière de montrer la mortification dans les mangas. (Pour plus d’information, visitez http://en.wikipedia.org/wiki/Manga_iconography#Head_and_face)

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