Chapitres de mars
Bonne lecture et passez une bonne année 2025 !
Bonne lecture et passez une bonne année 2025 !
La Reine Guerrière Prologue Tome 2 – 12 est le nombre
Roman d’origine en chinois par : 御 我 (Yu Wo)
Chapter 10: Number, 10, Revenge – Traduit du chinois vers l’anglais par Doza[PR!]
Chapitre 10 : Numéro 10 – Vengeance – Traduit de l’anglais vers le français par AkaiiRia
+ travail de vérification par Nocta
« Cale, attends-moiiiiiiii ! »
Sylvie hurla en allant à sa poursuite. « Attends-moi ! Ne marche pas si vite ! »
Quand il commença à remarquer que de nombreux passants les dévisageaient avec curiosité, Cale s’arrêta net, se retourna et réprimanda sévèrement son compagnon de voyage. « Aurais-tu perdu la tête ? Pourquoi diable me suis-tu ? »
Sylvie accourut aux côtés de Cale et dit en tentant de reprendre son souffle : « Laisse-moi t’accompagner ! »
« Tu veux m’aider à tuer des gens ? » Cale leva un sourcil, ne croyant pas du tout à ce revirement de situation.
En entendant à nouveau les mots « tuer des gens », le visage de Sylvie se mit à tiquer, mais il ne réfuta pas les propos de Cale. Au lieu de cela, après y avoir bien réfléchi, il déclara : « Carol a dit que le meilleur moment pour agir est la nuit… Alors, il n’y a nul besoin de nous presser, n’est-ce pas ? »
Cale savait aussi pertinemment que le meilleur moment pour agir était la nuit. Il n’avait pas la force de Carol, pour être capable de tuer ouvertement des gens en plein jour, alors pour l’instant il se rendrait là-bas pour se cacher avant toute chose.
« Si tu tiens tant à m’accompagner, dans ce cas, à partir de maintenant, tu n’es plus autorisé à parler ! »
Sylvie avait seulement commencé à prononcer le mot « d’accord » quand il se hâta de fermer sa bouche. Il fit même un X avec ses deux index devant ses lèvres. Puis, il emboîta silencieusement le pas à Cale.
Voyant cela, Cale cessa de marcher aussi rapidement qu’avant et se mit à avancer d’un pas normal pour retourner à sa maison.
« Wow, ta maison est gigantesque ! Il y a même un jardin ! » s’exclama Sylvie.
Cale le fusilla d’un regard menaçant en le réprimandant : « Ferme-la. »
Sylvie eut si peur qu’il se dépêcha de faire une autre croix sur sa bouche.
En comparaison avec Carol et Halfleaf qui avaient pu emprunter un tunnel secret, ils ne furent pas aussi chanceux. Ce ne fut que lorsque l’opportunité se présenta et qu’il n’y eut personne aux alentours qu’ils purent escalader le mur.
Il s’agissait après tout de sa propre maison. En tant que fils illégitime, Cale s’était souvent caché dans des endroits secrets. Il n’y avait rien de plus facile pour lui que de trouver où ils pouvaient se dissimuler.
Alors qu’ils restaient dans leur cachette temporaire, Cale avait craint au départ que Sylvie se mît à parler à tout moment. Toutefois, ce dernier ne prononça pas le moindre mot et, après avoir regardé à gauche et à droite avec les yeux grands ouverts pendant un moment, il s’endormi.
Il ne ressent vraiment pas la moindre once de vigilance ou de nervosité. Cale en resta sans voix. Il se moqua même de lui-même en songeant que, comparé à Sylvie, il était encore plus inutile !
Il baissa le regard sur sa main droite, qui tenait fermement une dague. La lame de la dague brillait d’un éclat scintillant. Après l’avoir examinée de plus près, il réalisa pourquoi elle n’arrêtait pas de briller. La dague ne cessait de trembler.
Avec grande difficulté, il attendit jusqu’au soir. À ce moment-là, Sylvie était déjà réveillé. À son réveil, il sortit de la viande salée de la poche de devant de son manteau et en tendit quelques morceaux à Cale, lui demandant silencieusement s’il avait faim.
Cale admirait réellement ce type de ne pas être alarmé quel que fût l’endroit où il se trouvait…. Ou peut-être n’était-ce là que la manifestation de sa stupidité ?
Il attendit jusqu’à ce que Sylvie eût terminé de manger sa viande. Cale estima qu’il était presque minuit. Il n’y avait déjà plus de lumières allumées dans la maison.
« Sylvie, attends-moi ici. »
Sylvie secoua immédiatement la tête de façon ferme en rétorquant : « Laisse-moi ici et je crierai immédiatement qu’il y a un assassin ! »
« … » Cale déclara à voix basse avec impuissance : « Très bien dans ce cas, tu peux me suivre. Mais, ne fais pas le moindre bruit ! »
Une fois que Sylvie eut hoché la tête en signe d’acquiescement, ils s’éloignèrent tous les deux de leur cachette, se dirigeant vers leur destination : la chambre principale.
Bien que Sylvie eût l’air faible au point qu’une simple brise risquait de le renverser (en fait… il était si faible qu’une brise pourrait vraiment le renverser), il possédait un excellent jeu de jambes. Il se déplaçait de façon silencieuse, plutôt allègre et gracieuse.
Cale observa Sylvie avec curiosité et songea abruptement que sa façon de marcher en sautillant lui paraissait plutôt familière. En y réfléchissant prudemment, il se rendit compte que cela ressemblait drôlement à des pas de danse.
Tout à propos de lui rappelle un barde errant. Cale fut à nouveau sans voix.
Ils se déplacèrent furtivement tous les deux vers la chambre principale. Ils ne croisèrent personne dans les couloirs, ce qui leur permit de s’y rendre sans problème.
Cale prit une profonde inspiration. Quand il fut sur le point de pousser la porte pour l’ouvrir, quelqu’un l’agrippa. Il sursauta, il réalisa alors que ce n’était que Sylvie. Il éprouva tant de colère qu’il eut presque envie de lui hurler dessus.
« Cale, quelque chose cloche. Pourquoi n’avons-nous croisé personne jusqu’ici ? » Sylvie pressentit que la situation était loin d’être bonne. D’après ses expériences variées dans la vie, plus les choses allaient bien, plus il y avait de chances de chuter de très haut à la fin… Ce n’était pas une analogie. C’était un incident qui s’était en fait produit auparavant. Cette chute avait été extrêmement douloureuse !
« Qu’est-ce qu’il y a d’étrange à ça ? » Cale répliqua calmement : « Ils sont tous déjà sortis pour me traquer. C’est normal qu’il n’y ait personne ! »
« Mais… » Sylvie sentait vraiment que quelque chose ne tournait pas rond. Quelqu’un venant tout juste de subir une tentative d’assassinat ne laisserait-il vraiment aucun garde derrière pour surveiller ?
Cependant, Cale ne porta plus attention à Sylvie. Il était si près du but. Il n’arrivait pas du tout à se calmer.
Poussant la porte doucement (celle-ci n’était pas verrouillée), il l’entrouvrit avec prudence et jeta un coup d’œil à l’intérieur. Tout ce qu’il aperçut fut une bosse sous la couverture sur le lit. Il était évident que quelqu’un y dormait.
Il ouvrit grand la porte et entra dans la pièce. Alors qu’il se tenait au pied du lit, il se sentit mitigé. Même s’il savait que l’autre parti avait empoisonné son père, et qu’il se devait de venger sa mort, il n’avait jamais commis de meurtre auparavant. Et, sa première cible était quelqu’un qu’il avait côtoyé du matin au soir pendant vingt ans. Ce poids sur ses épaules était loin d’être léger… Mais, en fin de compte, il détestait encore plus les trois personnes derrière ses malheurs !
Même lui, qui ne ressentait pas grand-chose à leur égard, se sentait incapable de tuer quelqu’un. Comment des gens peuvent-ils décider du jour au lendemain d’assassiner leur mari, père, et grand frère avec lequel ils avaient passé le plus clair de leur temps tous les jours ?
Cale leva la dague qu’il avait à la main au-dessus de sa tête. Juste au moment où il était sur le point de l’abattre sur sa victime, Sylvie s’accrocha fermement à lui comme un koala.
Cale lutta pendant quelques secondes, mais ne parvint pas à se libérer. Il ne put que grincer des dents en lui ordonnant à voix basse : « Lâche-moi ! »
« Hors de question ! »
Se servant d’une main pour l’agripper d’un côté, Cale utilisa son coude pour frapper Sylvie à l’estomac. Ce dernier poussa un grognement de douleur, mais refusa tout de même de le relâcher. Cale le frappa de nouveau. Ce ne fut qu’à ce moment-là que Sylvie tomba à la renverse sur le sol.
Cale ne regarda même pas en arrière. Levant encore une fois sa dague…
« Cale, attention, derrière toi ! » hurla Sylvie.
Derrière moi ? La dague de Cale s’arrêta dans les airs. Celui-ci se retourna pour voir ce qu’il se passait et vit que Sylvie avait été capturé par deux individus.
Plus de dix personnes se tenaient dans l’embrasure de la porte. Des ombres humaines vacillaient même à l’extérieur près de la seule fenêtre de la pièce. Chacune d’entre elles avait des armes à la main. Il s’agissait de nuls autres que des domestiques de la maison ainsi que des trois personnes que Cale désirait tuer : la femme, son fils, et le partenaire d’adultère de celle-ci, qui se trouvait également être le petit frère du père de Cale ! La personne qu’il devait appeler son Oncle !
C’était un piège… Cale agrippa sa dague en grondant : « Relâchez-le ! Cette affaire ne le concerne en rien ! C’est après moi que vous en avez ! »
La femme s’écria : « À l’origine, j’avais l’intention de te laisser tranquille. Après tout, tu étais l’unique fils de cet homme. Qui aurait imaginé que tu ne saurais pas ce qui était le mieux pour toi. Tu as osé venir ici pour me tuer ! »
« Tu as tué mon père ! Et ensuite tu m’as vendu comme esclave ! » Cale hurla : « Tu croyais vraiment que j’allais te laisser t’en tirer juste comme ça ! C’est mon père que tu as tué, bordel ! »
La femme rugit avec fureur : « Au départ, je n’avais pas prévu de le tuer. Je croyais qu’il n’y aurait aucun mal à attendre qu’il meure de sa maladie. Qui aurait su que, malgré le fait d’avoir été malade pendant de si nombreuses années, il ne mourrait pas ! Si je ne l’avais pas empoisonné, qui sait pendant combien de temps j’aurais été obligée d’attendre avant d’hériter de ses biens ! »
Tout ça à cause d’un peu d’argent ?! Cale ressentit une rage bruler dans sa poitrine, mais la seule manifestation de celle-ci ne fut qu’une chaleur fiévreuse derrière ses yeux. Il avait envie de pleurer. Peut-être qu’il ne pourrait pas venger sa mort. Pardonne-moi, Père…
« Pour m’épargner encore de nombreuses nuits sans sommeil, vous devriez tous les deux périr ensemble ! »
À ces paroles, Cale serra sa dague encore plus fermement. S’il devait mourir, il s’assurerait au moins d’emporter le plus grand nombre de gens dans sa tombe !
Quand il entendit qu’ils allaient mourir, Sylvie cria immédiatement : « Carol, viens à notre secours ! »
En entendant le cri de Sylvie, Cale se sentit extrêmement impuissant. Il n’arrivait pas à croire que ce type appellerait Carol à l’aide à un moment pareil. Se pourrait-il qu’il crût réellement que Carol viendrait le sauver ?
Malgré cela, Cale se sentait plutôt coupable. Il craignait vraiment que Sylvie allait mourir avec lui par sa faute. Il n’avait pas encore renoncé à trouver un moyen de l’aider à s’enfuir !
Mais, juste au moment ou cette pensée le saisit, il aperçut son « petit frère » en train de poignarder Sylvie en plein ventre avec une lame. Étant donné que Sylvie était retenu au sol par d’autres personnes, il n’avait aucun moyen d’éviter l’attaque, et ne put que regarder avec les yeux écarquillés comme le couteau se rapprochait de plus en plus de son ventre…
« Arrête ! » Cale fonça vers lui, mais peu importe la vitesse à laquelle il se déplaçait, il ne pouvait pas rattraper la vitesse d’un couteau, et plusieurs personnes se précipitèrent également pour lui bloquer le chemin.
« Sylvie ! »
La Légende du Chevalier du Soleil Tome 5 : La Liche Immortelle, Partie 1
Roman d’origine en chinois par : 御 我 (Yu Wo)
Chapter 3: Destroying Other People’s Wealth — traduit du chinois à l’anglais par Lucathia[PR!]
Chapitre 3 : Détruire les biens d’autrui — traduit de l’anglais vers le français par Nocta
+ travail de vérification par AkaiiRia
Après être rentré au Temple Sacré, je leur adressai un bref aurevoir et congédiai impatiemment le fantôme et la langue venimeuse.
« Tu ne vas pas sortir en douce du Temple Sacré, n’est-ce pas ? » Earth me lança un regard inquisiteur rempli de suspicion, et il ajouta : « Judgment veut que je garde un œil sur toi. »
« Je vais dans ma chambre ! » m’énervai-je. « Si tu es si inquiet, tu n’as qu’à m’y rejoindre ! »
Earth tira immédiatement Cloud vers lui et me dévisagea avec dégoût tout en répliquant : « Non merci. Cloud, tu ferais mieux de ne pas le suivre non plus. Ce type a déchiré les vêtements d’Ice il n’y a encore pas si longtemps. Si nous allons dans sa chambre, ne serait-ce pas comme si nous nous jetions dans la gueule du loup ? »
« … »
Et tu oses prétendre être un agneau ? Si c’était le cas, il n’y aurait pas un seul loup au monde ! Je grinçai des dents et prononçai chaque mot très distinctement : « Je me suis déjà expliqué. Je n’ai aucune attirance pour les hommes ! »
Earth haussa les épaules et tira Cloud derrière lui, s’en allant si vite qu’on aurait dit qu’il avait des ailes à la place des jambes.
Il s’est servi de Cloud comme bouclier ! Si la trajectoire n’avait pas été bloquée par Cloud, j’aurais définitivement envoyé un Tir de Glace sur Earth. Après tout, « le Chevalier du Soleil ne peut pas utiliser la magie », donc ce Tir de Glace n’aurait pu avoir été lancé que par le Capitaine-Chevalier de Glace !
Qui plus est, personne n’aurait osé chercher une preuve auprès du frigide Capitaine-Chevalier de Glace !
Furieux, je me retournai. Mon estomac se mit immédiatement à gargouiller. C’est probablement l’heure du diner à présent, non ? Pas étonnant qu’il n’y ait presque personne dans les couloirs. Je devrais d’abord aller me remplir l’estomac avant de faire quoi que ce soit d’autre.
Je n’avais pas fait deux pas que je perçus soudain quelque chose qui irradiait de l’élément des ténèbres. Il se trouvait juste au détour du couloir.
Mais, pourquoi y aurait-il quoi que ce soit possédant l’élément des ténèbres dans le Temple Sacré ? Hum… Même si ça pouvait être Roland, la forme ne paraissait pas humaine. Ça a quatre membres qui touchent le sol, comme une sorte d’animal et, vu sa taille, ce n’est probablement pas un chien… Un cheval ? Mais, pourquoi y aurait-il un cheval dans l’un des couloirs du Temple Sacré ?
Attendez une minute ! L’élément des ténèbres ? Un Cheval ?
« Blanchâtre ? » appelai-je instinctivement.
À l’instant où je prononçai ce nom, il bondit et s’échappa immédiatement. Je regardai autour de moi. Puisque c’était actuellement l’heure du repas, il n’y avait pas grand-monde dans les couloirs du Temple Sacré, ce qui me permit de partir à la poursuite de la licorne en courant. Je l’appelai plusieurs fois à voix basse, mais il ne ralentit pas du tout. Toutefois, je n’osai pas hausser le ton, car il serait difficile d’expliquer la situation si j’étais entendu par d’autres personnes.
Continuant ainsi, je poursuivis ma course jusqu’aux jardins du Temple Sacré, allant jusqu’à me précipiter dans les fourrés.
Tout en appelant le nom de la licorne, j’étendis la portée de ma capacité sensorielle. Découvrant qu’il n’y avait pas une seule personne dans les jardins, j’appelai haut et fort : « Blanchâtre, arrête de te cacher, c’est moi. »
Je m’enfonçai dans les fourrés, de la lumière sacrée émanant de mes mains pour tenter d’appâter cet incorrigible glouton de cheval.
« Blanchâtre, tu veux manger un peu de lumière sacrée ? »
J’écartai les feuilles, mais il n’y avait rien dans les buissons, sans parler d’un cheval aussi large que Blanchâtre. Même après avoir renforcé ma capacité à sentir les éléments, je ne détectai rien. Mais, juste à l’instant, il y avait sans aucun doute… Est-ce que ma capacité de détection a dysfonctionné ? Ou est-ce que quelqu’un interfère ?
« Sun ? »
Je ne me retournai pas. Je savais déjà que la personne qui m’avait appelé était Roland, donc me retourner serait absolument inutile. J’ouvris immédiatement la bouche pour lui demander : « Tu as besoin de moi pour quelque chose ? »
Roland ne répondit pas quand il entendit cela. À la place, il s’empressa de clore les quelques mètres qui nous séparaient et m’agrippa par les épaules, me questionnant avec empressement : « Tout va bien ? »
« Quoi ? Oh, je contemple juste les fleurs », répondis-je d’un ton confus. Pourquoi est-il si inquiet ?
« … Tu contemples les fleurs ? »
Roland afficha une expression très étrange. En fin de compte, il me rappela : « Sun, tu ne peux plus rien voir. »
Mince ! J’avais oublié.
« Je… Je respire l’odeur des fleurs ! » inventai-je. « Je me remémorais à quoi ressemblaient les fleurs et autre… »
Soudainement, Roland se figea. Son expression était très difficile à décrire. Si je devais y mettre des mots, je dirais plutôt qu’elle était brusquement devenue très, très gentille… Voir un camarade qui suit toujours au pied de la lettre le rigide code de la chevalerie afficher tout d’un coup une expression si douce me donne vraiment la chair de poule sur tout le bras.
« À quoi est-ce qu’il ressemble ? » me demanda tout à coup Roland.
« Quoi ? » J’étais perdu. Qu’est-ce qui ressemble à quoi ?
« Le monde à travers tes yeux. » Après avoir clarifié sa question, Roland sourit et secoua la tête. « Non, je devrais plutôt dire le monde que tu vois dans ton esprit. »
« Tu devrais savoir que c’est très difficile à décrire à quelqu’un qui ne sait pas comment percevoir les éléments… » Je regardai autour de moi, essayant de trouver quelque chose que je pusse utiliser pour faire une analogie. Lorsque je baissai la tête et que j’aperçus la terre sur le sol, j’eus un subit élan d’inspiration. J’expliquai : « Je sais ! Les éléments sont comme différents types de sables. À mes yeux, tout à l’air d’être fait d’étages de sable empilé, comme les châteaux de sables construits par les enfants. »
Après avoir entendu ma réponse, Roland fronça les sourcils. Un certain temps passa avant qu’il ne dît enfin : « Un monde fait d’étages de sable… ça a l’air vraiment terrible, mais c’est juste le contraire de moi. »
« Juste le contraire ? »
Roland continua vaguement : « Tout le monde a l’air plein de vitalité, de couleur, excepté moi qui suis fait de sable. »
« Ce n’est pas vrai du tout ! Tu es très beau ! » laissai-je échapper. Quand je le vis révéler une expression pleine de doutes, je m’empressai de lui expliquer : « Comme je ne peux pas distinguer ce qui est beau de ce qui est laid, les choses qui sont faîtes des éléments les plus purs sont les plus belles à mes yeux. Ta concentration d’éléments des ténèbres est très forte, donc… »
Roland rit. « Si Earth t’entendait dire ça, il irait encore raconter à qui veut bien l’écouter que tu as une “inclinaison spéciale”. »
« …encore ? Cette enflure est allée médire dans mon dos plus d’une fois ?! »
Lorsque Roland hocha la tête pour confirmer, j’explosai et rugis : « Cet espèce d’enfoiré, Earth ! Ma popularité avec les filles est déjà suffisamment mauvaise comme ça. Je n’ai pas besoin qu’il la fasse empirer ! »
« Ta popularité avec les filles, hein ? » Roland sourit ironiquement et dit : « Si tu veux, tu peux avoir les miennes. »
« … Combien de filles te courent après ? »
Il leva sa main et se mit à compter. Puis, il leva l’autre et continua de compter et de compter…
Oh Mon Dieu de la Lumière ! L’éducation de l’Église à propos des maléfiques créatures des ténèbres est un échec complet ! De nos jours, les filles courent après les hommes morts et ne veulent même plus des vivants !
« Je plaisante. » Roland arrêta son décompte et sourit en me disant : « Il n’y en a que cinq. »
« Que » cinq… Je n’en ai même pas une ! C’est injuste ! Pourquoi est-ce que Roland a cinq filles qui le draguent alors que son visage est toujours couvert, tandis que je n’ai même pas une demi-femme quand je suis si beau, ai un poste élevé, un comportement gracieux, et que j’ai même la peau si blanche que je brille ?!
« Pourquoi se plaindre quand des filles te courent après ? » Énervé, je m’exclamai : « Je ne pourrais même pas me mettre ensemble avec quelqu’un même si je le voulais ! »
« As-tu oublié ce que je suis ? » me rappela Roland sur un ton légèrement impuissant.
C’est vrai. Roland était un Seigneur de la Mort. Être courtisé par des femmes n’était pas du tout une bonne chose en réalisé, parce que, même s’il trouvait quelqu’un qui l’intéressait, ce n’était pas comme s’il pouvait « faire » quoi que ce soit avec cette personne. Il était déjà mort. Il n’avait plus besoin de manger, de boire ou d’aller aux toilettes, donc naturellement il était aussi incapable d’éprouver du désir pour une femme.
D’une certaine façon, Roland et moi étions des compagnons de souffrance. L’un avait perdu la vie, l’autre la vue. Même s’il avait perdu la vie, il pouvait encore rester dans ce monde. Même si j’avais perdu la vue, j’utilisais une façon différente pour encore « voir » le monde.
« Roland, est-ce que tu te souviens toujours des évènements qui ont conduit à ce que tu deviennes un Chevalier de la Mort ? »
Quand il entendit ma question, Roland prit une expression légèrement interloquée.
« Aujourd’hui, j’ai rencontré un autre Chevalier de la Mort », expliquai-je rapidement. « Et, j’ai trouvé que c’était étrange. Les Chevaliers de la Mort ne sont pas des créatures mortes-vivantes très communes, c’est pour ça que je voulais te poser cette question. »
Roland hocha la tête à mon explication et raconta : « Quand je me suis réveillé, j’ai seulement vu Rose. Elle m’a ordonné de balayer le sol et de faire sa lessive, mais à cette époque mon esprit était très confus, comme si j’étais fou. Pendant très longtemps, je ne savais pas ce que je faisais, jusqu’au jour où elle a voulu que je prétende t’attaquer. Quand j’ai entendu ton nom, je me suis souvenu que tu étais le Chevalier du Soleil et que tu pourrais peut-être me dire ce que je devais faire, donc j’ai obéi. Après ça, tu connais la suite. »
Ses souvenirs n’étaient pas bien différents de ce que Rose m’avait raconté, mais j’avais quand même l’impression que quelque chose clochait. Ou est-ce juste parce que je doute d’elle en ce moment, donc tout me semble louche ?
« Si tu n’as rien d’autre à me demander, je vais prendre congé maintenant. » Roland me montra la pile de documents qu’il tenait dans ses mains et ajouta : « Je dois donner ces documents que j’ai fini de corriger à Storm. Il m’a dit qu’il fallait que je les lui remette aujourd’hui. »
Après que j’eus acquiescé d’un signe de tête, Roland se mit en route. Lorsqu’il passa à côté de moi, je ne pus m’empêcher de l’interpeler. « Roland. »
« Hm ? » Roland s’arrêta et se tourna vers moi.
J’hésitai pendant un moment avant de dire : « Promets-moi que, quoi qu’il arrive, tu ne blesseras jamais les Douze Chevaliers Sacrés. »
Le corps de Roland se raidit abruptement. Il me dévisagea sans jamais détourner le regard et s’enquit lentement : « Tu ne me fais pas confiance ? »
« Si, j’ai absolument confiance en toi », m’empressai-je d’affirmer.
Roland se détendit en entendant cette réponse. Il déclara : « Je te promets que je ne blesserai jamais les Douze Chevaliers Sacrés. »
J’acquiesçai. Roland se retourna et partit. Tandis que j’observais sa silhouette qui s’éloignait, je vis que ses pas étaient encore un peu raides. Il semblerait que ma question l’avait blessé après tout.
Roland, je te fais vraiment confiance.
« Je n’ai juste pas confiance en moi… » murmurai-je.
Au moment où je retournais dans ma chambre, je décidai d’appliquer un masque facial parce que j’étais allé dehors aujourd’hui et que je ne voulais pas bronzer.
Même si, pour l’instant, j’étais si pâle que j’en brillais, je devais tout de même continuer de prendre soin de ma peau afin de rester brillant. C’était encore plus crucial à présent qu’Attendsun était dans les parages, volant nos fidèles avec sa beauté qui dérogeait à toutes les règles. C’est pourquoi je ne dois absolument pas me relâcher sur ma routine de soins capillaires.
« C’est vrai, il reste le problème d’Attendsun. »
Tout en remuant la préparation pour mon masque facial, je réfléchis à la manière dont j’allais me débarrasser d’Earth et de Cloud pour que je puisse rencontrer Attendsun seul. Cependant, peu importe l’angle sous lequel j’abordais le problème, je pressentais que, lorsque Judgment découvrirait que je les avais semés, il m’emprisonnerait probablement pendant un an !
C’était sûrement parce que les choses que j’avais faites cette année étaient toutes un peu trop exagérées au point de l’amener à devenir de plus en plus strict, et qu’il avait même appris comment me piéger !
Après avoir remué, je mis de l’eau à bouillir et mélangeai les matériaux pour mon masque facial, mais je n’arrivais toujours pas à trouver une façon de semer le fantôme et la langue venimeuse sans être emprisonné pendant un an par la suite.
Je m’approchai de mon étagère et saisis le pot contenant le dernier des ingrédients dont j’avais besoin : de l’extrait de lavande. Ce faisant, un petit livre tomba de l’étagère.
Lorsque je le ramassai, je reconnus immédiatement qu’il s’agissait du livre que Scarlet m’avait donné. De nombreux sorts de nécromancie étaient notés à l’intérieur. Au début, j’avais cru que ce livre était celui que Rose m’avait offert, et que Scarlet n’avait fait que le récupérer pour moi. Mais, après l’avoir lu attentivement, j’avais découvert que celui de Scarlet était bien mieux. Il contenait de nombreux sorts de nécromancie qui n’étaient pas dans le livre de Rose, comme la méthode pour invoquer un Chevalier de la Mort.
Je l’ouvris à la page sur ce sort en question. Les nombreux ingrédients nécessaires pour le rituel y étaient notés : un corps intact qui renfermait une profonde obsession, une gemme de l’élément des ténèbres qu’on pouvait utiliser pour remplacer le cœur du Chevalier de la Mort, un lieu imprégné de l’élément des ténèbres en si grande quantité que l’élément pouvait être récolté facilement afin de remplacer le sang du…
Le livre possédait même une illustration d’un cercle magique très compliqué. Plus compliqué encore était la façon dont le livre détaillait que le sang d’un nouveau-né qui n’avait pas été porté jusqu’à terme était nécessaire pour dessiner le cercle magique. Le tour du cercle devait même être illuminé par douze bougies faites de graisse humaine… Mais, quelle horreur ?!
Je fronçai les sourcils et murmurai : « C’est si compliqué ? Et pourtant les Chevaliers de la Mort invoqués ne suivent pas souvent les ordres de l’invocateur ? Pas étonnant qu’on n’en trouve pas très souvent. Si j’étais un nécromancien, je ne dépenserais pas autant d’énergie pour créer un pantin qui ne m’obéirait même pas ! »
Attendez un instant !
La procédure est si compliquée ? Je me souviens que Rose a dit un jour que…
Toc, toc, toc.
J’élargis la zone de capacité sensorielle et découvris que la Prêtresse de la Radiance, l’un des assistants de confiance du Pape, se tenait devant ma porte. Ses spécialités étaient les sceaux et la magie de soutien. Même si sa magie de soutien n’était peut-être pas aussi bonne que la mienne, je n’étais en revanche pas aussi bon avec la magie sacrée liée aux sceaux.
J’ouvris la porte en m’assurant que mon attitude était un peu plus respectueuse. Même si je tenais une position sociale supérieure à celle de la Prêtresse de la Radiance, l’actuelle Prêtresse était une vieille dame dans la soixantaine. Je ne pouvais pas manquer de respecter à une aînée juste parce que ma position était supérieure à la sienne… La seule exception est le Pape. Après tout, il a l’air de n’avoir que quinze ans, donc je le traite comme s’il était plus jeune que moi !
« Bonsoir, Prêtresse de la Radiance. La nuit est belle ce soir. Même si la lumière ne brille pas sur nous en ce moment, cela nous permet de ressentir un désir plus ardent pour le soleil matinal qui se lèvera demain. »
« La nuit est effectivement très fraîche et rafraichissante ce soir, grâce à la bénédiction du Dieu de la Lumière. Capitaine-Chevalier du Soleil, votre collier a été scellé. » La Prêtresse de la Radiance sourit tout en parlant, puis elle me remit un collier orné d’une pierre précieuse.
Il s’agissait de l’Éternelle Tranquillité, mais son apparence avait changé du temps où elle était négligemment attachée à un bout de ficelle. À présent, elle était encastrée dans du métal ; des sorts étaient même gravés sur le métal qui débordait de l’élément sacré. Même si le design du collier était probablement très élégant, l’Éternelle Tranquillité elle-même était ce qu’il y avait de plus beau à mes yeux. Les autres décorations n’étaient pas aussi importantes.
En y repensant, j’ignorais combien de temps j’avais passé à convaincre Judgment avant de parvenir à la récupérer. Si je n’avais pas mentionné le nom de mon maître, il aurait sûrement refusé de me la rendre.
Après tout, c’était la pierre qui m’avait une fois forcé à… forcé à… Peut-être que cette pierre ne devrait pas être en ma possession, mais elle est tout simplement trop belle ! De plus, si je ne l’avais pas récupérée rapidement, Judgment l’aurait peut-être prise pour la détruire. Et alors, lorsque mon maître serait venu me trouver pour me la demander, c’est sans doute moi qui se serait fait détruire.
La Prêtresse de la Radiance ajouta avec une pointe de curiosité dans la voix : « Même si je ne comprends pas pourquoi vous vouliez sceller cette pierre, je peux vous dire que la pierre elle-même n’est pas maléfique. Elle possède en fait le pouvoir d’apaiser, d’exorciser et de sceller. »
« D’exorciser et de sceller ? » Pourquoi ai-je l’impression qu’elle a les effets diamétralement opposés ? La dernière fois, elle m’a sans aucun doute aidé à absorber une tonne d’éléments des ténèbres.
« Oui. » La Prêtresse de la Radiance hocha la tête et expliqua : « Pour être exact, elle ferait un excellent objet de soutien pour aider à sceller. C’est vraiment regrettable que je ne sache pas utiliser l’élément de l’eau. Si cette pierre était donnée à un mage pouvant employer l’élément de l’eau ainsi que les cercles magiques, alors ce mage pourrait facilement sceller entièrement une caverne remplie de l’élément des ténèbres. Ce serait très bénéfique pour sceller les territoires de ténèbres. »
La Prêtresse de la Radiance me regarda, comme si elle espérait ardemment que je fasse don de la pierre à l’Église du Dieu de la Lumière… Vous plaisantez ? Je ne veux pas me permettre de me faire détruire par mon maître !
Je souris et dis : « Acceptez mes plus sincères excuses. Sun se contente simplement de protéger la pierre et n’est pas son propriétaire. »
« Je vois. » Le visage de la Prêtresse de la Radiance révéla une pointe de déception, mais après un instant, elle sourit et annonça : « Bien que ce soit fort dommage, je n’insisterai pas davantage. »
J’hésitai pendant un bref moment, mais je finis quand même par m’enquérir : « Puis-je vous poser une dernière question ? Puisque cette pierre possède la capacité de sceller des choses, est-elle capable de sceller à l’intérieur d’une seule personne l’intégralité de l’élément des ténèbres contenu dans un territoire de ténèbres ? »
La Prêtresse de la Radiance secoua la tête et répondit : « Même si la pierre possédait une telle capacité, il n’existe personne qui puisse absorber autant d’élément des ténèbres. Même une créature des abysses ne peut faire cela. J’ai bien peur que ne serait-ce qu’absorber une faible quantité soit suffisant pour faire exploser la personne. »
Donc, ce n’est pas possible ? J’étais un peu déçu, mais je maintins mon sourire et dis : « C’est donc ainsi que cela fonctionne. Merci d’avoir dispersé les nuages pour Sun et de lui avoir permis de voir la lumière. Avoir reçu une réponse si chaleureuse donne à Sun l’impression de ressentir la présence de la lumière même pendant la nuit. C’est comme si le Dieu de la Lumière avait personnellement permis à Sun d’entrevoir Sa Brillance, éclairant Sun et chassant les ténèbres de son cœur. »
La Prêtresse de la Radiance n’avait pas longuement vécu pour rien. Non seulement elle écouta mon discours superflu jusqu’à sa fin, mais en plus de cela elle sourit et dévoila même : « Je vous en prie. Par chance, le Capitaine-Chevalier du Jugement m’a déjà posé une question similaire, sinon j’aurais bien été en peine de répondre si rapidement. »
J’en fus surpris. « Le Capitaine-Chevalier du Jugement s’est enquit d’un problème similaire ? »
« Oui », affirma la Prêtresse de la Radiance avec un hochement de tête.
Pourquoi Judgment ne m’a-t-il rien dit ? Ça m’étonnerait que ce soit parce qu’il n’en a pas encore eu le temps, n’est-ce pas ? Un peu perplexe, je la questionnai : « Sun peut-il vous demander quand le Capitaine-Chevalier du Jugement a fait cette inquisition ? »
La Prêtresse de la Radiance prit un air penseur avant de me répondre : « Hm, cela fait quelque temps déjà… Ah ! C’est cela ! C’était environ deux ou trois jours avant votre retour. »
Donc, il y a deux semaines ? J’affichai de nouveau mon sourire et la remerciai : « Sun vous est reconnaissant d’avoir généreusement pris le temps de l’aider. Sun en est grandement honoré, et est empreint d’une gratitude sans limite. »
« Je vous en prie. » La Prêtresse de la Radiance sourit. Après s’être inclinée, elle se retourna et partit.
Je fermai la porte et baissai la tête pour regarder l’Éternelle Tranquillité en ma possession. La pierre était entourée d’un métal débordant d’élément sacré. Le métal emprisonnait la grande quantité de l’élément de l’eau dans la pierre, même s’il ne parvenait pas à l’endiguer totalement. Cependant, la quantité de l’élément de l’eau qui s’en échappait n’était pas suffisante pour attirer l’attention.
À côté de moi, l’eau avait fini de bouillir. Un grand nuage de vapeur s’échappait du pot. Parce que j’avais passé tant de temps à parler avec la Prêtresse de la Radiance, la surface du masque facial que j’avais fini de mélanger avait commencé à sécher.
Malgré cela, je n’arrivais pas à détacher mon regard de l’Éternelle Tranquillité. Elle était vraiment trop splendide. Même si elle était scellée, je pouvais toujours « voir » clairement son élément d’eau pur qui ne comportait pas la moindre impureté. Elle est tellement belle… Depuis que j’avais perdu la vue, je n’avais rien considéré comme étant aussi beau.
Je ne pouvais pas en détacher le regard, ne pouvais pas appliquer mon masque facial, ne pouvais pas penser… Si un sceau peut contenir l’élément de l’eau de la pierre, pourquoi est-ce que mon maître veut que je la protège ?
La raison qu’il m’a donnée pour me demander de cacher l’élément d’eau avec mon élément de lumière sacrée n’est même pas valable ! Même si mon maître était un chevalier sacré et qu’il ne comprenait rien à la magie, Aldrizzt était un excellent magicien. Il le savait forcément.
Je réfléchis au point que ma tête me semblait être sur le point d’exploser. Je me rendis alors compte qu’une personne familière se tenait devant ma porte. Avant qu’il n’eût le temps de frapper, je passai par reflexe l’Éternelle Tranquillité autour de mon coup et la plaçai à l’intérieur de mes vêtements. Puis, je criai en direction de la porte : « Entre, Adair. »
Après une seconde, Adair annonça : « Oui, Capitaine. J’entre. »
Après avoir ouvert la porte pour entrer, il vint se tenir devant moi, droit comme un i, attendant mes ordres.
Cela fait vraiment un moment que je n’ai pas vu Adair. Je souris et dis : « Tu es revenu plus tôt que prévu. Est-ce que ces vacances ne t’ont pas fait plaisir ? J’ai entendu dire que tu viens d’un petit village. La vie doit être bien paisible là-bas, non ? »
Adair sourit également, son corps tout entier se détendant grandement tandis qu’il racontait : « Je n’étais pas complétement habitué à ça. Je ne savais pas quoi faire là-bas, alors tous les matins je faisais huit fois le tour du village en courant, puis je m’entraînais à l’épée pendant la moitié de la journée. Par la suite, ma mère m’appelait pour que je coupe du bois, et parfois j’aidais les villageois à chasser, à porter des seaux d’eau, ou à réparer des choses… »
Quand je l’entendis me raconter son dur labeur, je protestai : « Te donner des vacances est un tel gâchis. Avec ta personnalité qui ne sait jamais se reposer, un jour tu vas mourir d’épuisement comme Storm ! Je ne te redonnerai plus jamais de jours de repos pour ne plus gâcher ce temps que j’aurais pu employer pour te faire faire mes commissions ! »
À mes mots, les commissures des lèvres d’Adair se dressèrent en un demi sourire, mais ce dernier disparut immédiatement. Il me regarda avec des yeux mélancoliques en déclarant : « Capitaine, j’ai entendu dire que vous… »
Après avoir bégayé pendant un certain temps, Adair ne parvint toujours pas à dire ce qu’il avait entendu, mais je remarquai qu’il ne cessait de jeter des regards en direction de mes yeux. Je répondis nonchalamment : « Mes yeux ne voient plus, mais ça ne m’affecte pas beaucoup. Je dispose d’une autre méthode pour voir. Si c’est seulement de ça dont tu es venu me parler, tu peux partir maintenant. »
Adair resta stupéfait un instant avant de s’empresser d’ajouter : « Non, ce n’est pas ça. Capitaine, le Capitaine-Chevalier du Jugement voulait que je vous dise plusieurs choses. »
« Judgment ? » Je fronçai les sourcils et m’enquis : « Quoi donc ? »
« Capitaine, le jour où vous avez disparu, vous m’avez parlé de plusieurs choses. À ce moment-là, vous teniez même l’Épée Divine du Soleil. »
Et pourtant, je ne me rappelais absolument pas d’avoir discuté avec Adair. On dirait bien qu’une partie de mes souvenirs avait également disparu. Je l’interrogeai immédiatement : « Que t’ai-je dit ? »
« Vous veniez tout juste de revenir au temple, sir. Vous aviez l’air d’être de très mauvaise humeur et vous avez dit que vous deviez aller retrouver une de vos vielles connaissances… » Adair baissa d’un ton et continua : « Mais, je ne vous avais jamais vu aussi furieux que ce jour-là. »
Si je devais désigner la personne la plus douée pour lire mes expressions, alors ce serait sans aucun doute Adair. J’enchaînai avec une autre question : « Adair, as-tu eu l’impression que je te mentais à ce moment-là ? Dis-moi la vérité ! C’est très important ! »
Adair acquiesça et déclara avec sincérité : « Je pense que vous mentiez, sir. J’ai senti que, à ce moment-là, vous vous comportiez comme si vous veniez de découvrir une vérité bouleversante, comme si vous vous apprêtiez à aller réclamer compensation à quelqu’un. C’était comme si vous étiez rentré au temple pour récupérer votre arme et que vous étiez sur le point d’aller découper quelqu’un en morceaux. »
Merci d’expliquer les choses aussi clairement. Dorénavant, je te considérerai comme étant l’une des nombreuses personnes qui vivent dans mon estomac comme des vers solitaires1.
Dans un murmure, Adair ajouta : « Capitaine, il y a quelque chose que je n’ai pas encore dit au Capitaine-Chevalier du Jugement. J’ai pensé que je devais d’abord vous en parler. Ce jour-là, vous m’avez aussi ordonné de charger quelqu’un d’observer le Capitaine-Chevalier des Enfers à tout moment. S’il manifestait le moindre comportement étrange, vous vouliez qu’on vous en avertisse immédiatement. »
« Roland ? »
D’abord Rose, puis Judgment et mon maître, et maintenant même Roland… Que se trame-t-il en ce moment ? Y a-t-il vraiment quelque chose qui ne va pas avec eux, ou bien… ou bien y a-t-il quelque chose qui cloche chez moi ?
Perplexe, Adair me demanda : « Capitaine, doit-on toujours envoyer quelqu’un pister le Capitaine-Chevalier des Enfers ? »
Je gardai le silence pendant un long moment, mais je n’arrivais vraiment pas à me rappeler pourquoi j’avais donné un tel ordre avant de perdre la mémoire. Pour l’instant, je ne pus que le questionner davantage : « Pendant la période où tu étais absent, est-ce que quelqu’un l’a suivi ? »
« Oui, j’ai mis Ed sur le coup. »
« Y a-t-il la moindre chose suspecte à propos du Capitaine-Chevalier des Enfers ? »
Adair me dévisagea et dévoila : « Ed a mentionné de nombreuses choses suspectes, mais… »
« Mais ? »
Il baissa d’un ton tout en parlant. « Outre le fait que le Capitaine-Chevalier des Enfers soit mort, il n’y a rien de mystérieux à propos de lui. Mais, Ed m’a anxieusement rapporté que le Capitaine-Chevalier des Enfers est très étrange. Il ne mange ni ne boit pratiquement rien, et n’a jamais besoin d’aller aux toilettes… »
« Arrête de faire suivre Hell. » Sans afficher la moindre expression, j’ajoutai : « Et dis à Ed que, si j’entends la moindre rumeur à propos de l’étrangeté du Capitaine-Chevalier des Enfers, il découvrira à ses dépens à quel point moi, son Capitaine, je suis encore plus étrange ! »
Je pense qu’il en a déjà très clairement conscience…
« Qu’as-tu dit ? »
« Oui, Capitaine, je vais de ce pas prévenir Ed ! » Dès qu’il eut parlé, Adair se retourna précipitamment, prêt à prendre congé.
« Attends ! »
Adair s’arrêta et se tourna pour me demander : « Avez-vous d’autres ordres, Capitaine ? »
Je le mesurai du regard et le questionnai lentement et délibérément : « Adair, aimes-tu les masques faciaux ? »
« Hein ? »
« Hell ! »
Je m’arrêtai et remarquai que Storm venait dans ma direction. Il portait même une pile de documents dans ses bras. Il fronça les sourcils et me demanda : « Viens-tu juste de sortir de la chambre de Sun ? N’était-ce pas Adair qui y était entré à l’instant ? »
« Adair est déjà reparti. » J’acquiesçai d’un hochement de la tête et ajoutai : « Mais, tu ne devrais pas entrer maintenant, il est en train de… » Je fis le geste de me frotter le visage.
« D’appliquer son masque facial ? » Storm fronça les sourcils et affirma : « Ce n’est pas grave, j’ai l’habitude de le voir ainsi. Ça ne peut pas être pire que le masque rose. »
Donc, le rose est le pire ?
« Je dois y aller, il faut que je parle à Sun. » Storm me dépassa, mais il s’immobilisa soudainement et tourna la tête dans ma direction. Alors que je pensais m’être déjà fait percer à jour, il sourit et dit : « Oh, c’est vrai, la paperasse d’aujourd’hui étai très bien faite. Merci infiniment. »
« Pas de problème », répondis-je sans sourciller.
Je marchai jusqu’à dépasser le tournant du couloir, puis je me collai au mur et jetai « un regard » tout en écoutant aux portes.
Le bruit d’une personne frappant plusieurs coups à une porte me parvint. Storm cria également : « Sun, Sun, ouvre la porte… Ah ! Pourquoi as-tu aussi appliqué un masque sur tes cheveux ? »
« Sun » ouvrit la porte. Son visage et ses cheveux étaient recouverts d’un masque facial violet. Il répondit vaguement : « Même les cheveux ont besoin d’entretien ! »
« Peu importe ! » Storm jeta tous les documents qu’il portait dans les bras de Sun et lui ordonna froidement : « Corrige tous ces formulaires. Je te préviens, même si Adair est rentré, il n’est pas question que tu lui refiles ton boulot. J’ai déjà mis sa part sur son bureau. »
« … » Sun accepta les documents sans dire un mot.
Voyant cela, je partis le cœur léger, m’apprêtant à aller à la rencontre d’Attendsun, l’Aigle Silencieux, mais à cet instant je me rendis brutalement compte que je n’avais aucune idée de l’endroit où il résidait. Juste au moment où j’allais approcher quelqu’un au hasard pour le lui demander, je m’aperçus que la personne devant moi, marchant droit dans ma direction, était le Capitaine-Chevalier du Jugement !
Oh non, voilà l’autre vers solitaire !
Je me préparais à le saluer, songeant que je n’aurais qu’à partir aussi vite que je le pourrais, mais il ouvrit la bouche et se mit à me parler : « Je te cherchais, Hell. »
« Oh ? » Je m’arrêtai, faisant de mon mieux pour garder contenance. Je m’enquis : « Que se passe-t-il ? »
« Je veux que tu montes la garde devant la porte de Sun pour qu’il ne file pas en douce au courant de la nuit. »
Que diable… ! Tu veux que quelqu’un monte la garde devant ma chambre ? Même si je bouillais de rage au point d’en grincer des dents, j’acceptai immédiatement en surface : « D’accord, pas de problème. »
Judgment et moi nous fixâmes du regard pendant un moment. Alors que je pensais qu’il était sur le point de voir à travers mon déguisement, il désigna la direction d’où je venais : « Tu peux t’y rendre dès à présent. Ni Earth ni Cloud ne sont à ses côtés. Je crains qu’il ait déjà planifié de s’enfuir pour aller tout seul à la rencontre de l’Aigle Silencieux. »
Je n’en attendais pas moins d’un vers solitaire dans mon estomac ! Je m’empressai d’expliquer : « Je viens de la chambre de Sun. Il est en train d’appliquer un masque facial, donc il ne devrait pas sortir avant un bon moment. Pour l’instant, je dois aller m’occuper de la paperasse que Storm m’a remise. Il m’a demandé de tout corriger d’ici ce soir. »
Judgment hocha la tête et s’excusa : « Pardon pour le dérangement. Je vais aussi être occupé pendant quelques temps, donc j’ai bien peur que nos duels tous les trois jours ne doivent être repoussés de plusieurs jours. »
Oh, alors comme ça, Judgment et Hell s’entraînent ensemble tous les trois jours. Comme on pouvait s’y attendre de la part de deux experts au maniement de l’épée, ils s’entraînent même lorsqu’ils sont occupés. Je répondis aussitôt : « C’est vraiment dommage, mais nous aurons amplement le temps pour ça plus tard. »
« En effet. » Judgment hocha la tête en ajoutant : « Va vite t’occuper de tes documents. Sun pourrait déjà en avoir presque fini avec son masque facial. Ces derniers temps, il est aussi blanc qu’un linge. Ça ne devrait pas lui prendre si longtemps. »
C’est exact, je n’ai pas besoin de beaucoup de temps, même si en réalité je n’ai même pas appliqué mon masque. Cette fois, c’est Adair qui va en tirer les bénéfices. J’hochai la tête puis m’empressai de partir sans plus tarder afin d’éviter que mon vers solitaire ne puisse découvrir ma véritable identité après être resté trop longtemps en ma présence.
Alors que je marchais dans les couloirs, je sentis que quelque chose clochait.
J’investis tous mes efforts dans ma capacité à sentir les éléments qui m’entourent, découvrant finalement que les regards que les gens me jetaient étaient différents de d’ordinaire. Normalement, lorsque les gens me regardaient, leurs yeux se fixaient toujours sur mon visage ou mes cheveux blonds éblouissants. Mais, à présent, plutôt que mon visage, c’était mon corps qu’ils contemplaient… Comme je le pensais, porter un justaucorps moulant est tout simplement trop scandaleux. Je ne sais vraiment pas comment Roland a fait pour s’habituer à porter ce genre de vêtement lorsqu’il se promène dans le Temple Sacré.
« Capitaine-Chevalier des Enfers, bonsoir », me salua un chevalier sacré qui s’était approché de moi. Derrière lui se trouvaient d’autres chevaliers sacrés qui nous observaient. Il me demanda avec le plus grand respect : « Puis-je vous demander si vous avez le temps de nous enseigner le combat à l’épée, monsieur ? »
« Mes excuses, j’ai à faire en ce moment. Une autre fois peut-être ? » Je fis de mon mieux pour me souvenir de la façon dont Roland s’exprimait normalement. Même si je craignais légèrement de griller ma couverture, je ne voulais pas non plus partir immédiatement. C’était une occasion de voir si Roland s’entendait bien avec d’autres personnes.
On dirait bien que, depuis que je lui ai fait prendre le rôle du Chevalier des Enfers, je n’ai pas vraiment pris le temps de vérifier comment ça se passait pour lui, à part la fois où son vice-capitaine Tyler refusait de l’approuver. Je me demande… a-t-il rencontré d’autres difficultés après cela ?
Bien sûr, Roland n’avait jamais mentionné avoir rencontré de problèmes interrelationnels… Mais, si ce type rigide était vraiment venu me voir pour se plaindre de problèmes d’interactions sociales, je me serais probablement demandé si une partie de son cerveau n’avait pas reçu le traitement anti-putréfaction et avait commencé à pourrir.
Elijah avait une fois dit que Roland n’interagissait pas non plus beaucoup avec les autres lorsqu’il était encore vivant. Je me demande si son tempérament a changé après sa mort.
« Très bien. » Le chevalier sacré arbora une expression légèrement déçue, mais son regard s’illumina rapidement avec une pointe d’espoir comme il répondait : « J’attends avec impatience la prochaine fois que j’aurai l’opportunité de recevoir votre enseignement, monsieur. »
Je souris et acquiesçai. On dirait que Roland s’entend bien avec tout le monde ! Il semblerait que je n’aie plus à m’en faire pour lui. Alors même que je voulais prendre quelqu’un à part pour demander où je pourrais trouver l’Aigle Silencieux, je découvris soudainement que la personne accoudée à la fenêtre était très familière, c’était…
« Tai…lleur… Tyler ! »
La personne à la fenêtre se retourna immédiatement. Comme je le pensais, il s’agissait de Tyler, le vice-capitaine du Peloton du Chevalier des Enfers. Quand il me vit, il s’écria « Capitaine ! » avant de s’approcher de moi en souriant.
Il semblerait que Roland et son vice-capitaine s’entendent bien désormais. Maintenant, j’étais définitivement rassuré. Je m’enquis immédiatement : « Où se trouve la résidence de l’Aigle Silencieux ? Le Capitaine-Chevalier du Soleil veut lui poser quelques questions. »
En entendant cela, l’expression de Tyler s’assombrit. Il rétorqua : « Je ne sais pas où l’Aigle Silencieux réside, mais en ce moment il se trouve sur la place du Temple Sacré. »
« Il est sur la place ? » demandai-je avec suspicion. « Que fait-il là-bas ? »
« Il… »
Juste au moment où Tyler s’apprêtait à me répondre, un vacarme s’éleva à l’extérieur. Des voix et des acclamations se mélangèrent, comme si une foule était en train de rugir.
« Le Capitaine-Chevalier de Glace a perdu lui aussi ! Vite ! Trouvez quelqu’un d’autre pour se battre ! »
Un groupe de chevaliers sacrés fit subitement irruption dans les couloirs du Temple Sacré, poussant des cris à tout va. Ils avaient l’air furieux, ce qui était plutôt inhabituel. Comparé à d’autres professions, les chevaliers sacrés de l’Église du Dieu de la Lumière étaient toujours connus pour leur grâce et leur sang-froid, mais, à présent, leurs expressions féroces et leurs rugissements les faisaient paraître plus vulgaires que de simples guerriers.
Tout à coup, un chevalier sacré m’aperçut, et son expression de ravissement fut tel que s’il avait rencontré le Dieu de la Lumière en personne. Immédiatement, il s’écria : « Le Capitaine-Chevalier des Enfers est là ! »
Dès qu’il eut crié cela, les autres chevaliers sacrés tournèrent tous la tête dans ma direction. Ils paraissaient si heureux, on aurait dit qu’ils venaient de trouver le messie ! Un groupe de personnes fonça vers moi pour m’entourer en parlant tous en même temps.
« Il a vraiment dépassé les bornes ! »
« Il doit s’arrêter et comprendre qu’il se trouve à l’Église du Dieu de la Lumière ! Quelqu’un de la Cathédrale du Dieu de l’Ombre ne devrait pas se pavaner sans restriction ici ! »
« Ce joli garçon ! Juste parce qu’il est beau, ça ne veut pas dire qu’il peut n’en faire qu’à sa tête ! »
« Capitaine-Chevalier des Enfers, vous êtes le meilleur à l’escrime. Monsieur, vous devez y aller et le vaincre ! »
Toutes ces plaintes me rendirent grandement confus. Finalement, la dernière phrase fut celle qui me permit de comprendre une partie de la situation. Je m’empressai de les questionner : « Vaincre qui ? »
Les chevaliers sacrés se turent tous d’un coup, leur visage plein de haine. En fin de compte, le chevalier sacré qui m’avait vu en premier joua le rôle du représentant du groupe. Il s’écria à pleine voix, syllabe par syllabe : « L’Aigle Silencieux ! »
Moi ? Vaincre Attendsun ? Avec une épée ?
Pendant que tout le monde m’escortait jusqu’à la grande place, Attendsun se tenait au milieu de celle-ci. Avec une épée à la main, il irradiait une aura si puissante qu’on aurait dit qu’il pouvait vaincre un millier de personnes à lui seul… Néanmoins, je pouvais garantir que si les chevaliers sacrés se trouvant sur la place venaient à combattre, il n’en faudrait pas « un millier ». Une vingtaine de chevaliers sacrés suffiraient, et si nous parlions des membres des pelotons des Douze Chevaliers Sacrés, alors une dizaine tout au plus serait nécessaire. Si nous avions des membres du même calibre qu’Adair, alors cinq au maximum seraient suffisants pour qu’Attendsun périsse d’une mort sanglante.
Même si, au fond de moi, ma seule envie était de crier « Pourquoi ne le tabassez-vous pas en groupe ?! », que ce fût sous ma véritable identité ou celle du Chevalier des Enfers, la vérité était qu’aucun de nous ne pouvait se permettre d’hurler une telle chose en public.
Dans un combat comme celui-ci, qui se tenait sous le prétexte d’un entraînement amical, un Chevalier Sacré comme moi ne pouvait pas ordonner de le passer à tabac à un contre vingt.
C’était pour cette raison que, même si tout le monde avait l’air de vraiment vouloir faire mordre la poussière à Attendsun, personne n’avait réellement levé la main sur lui.
Quand Attendsun m’aperçut, son expression se déforma de façon visible. Cela me rendit quelque peu suspect. Est-ce qu’il connaît Roland ?
Tyler s’approcha, fier et entêté lorsqu’il proclama : « Aigle Silencieux, votre talent à l’épée est admirable, mais ne pensez pas que personne dans le Temple Sacré ne soit en mesure de vous vaincre. Le Capitaine-Chevalier des Enfers est notre plus puissant Capitaine-Chevalier. Il n’a jamais perdu un duel à l’épée ! Oserez-vous le défier ? »
Attendsun se contenta d’hocher la tête et ne dit pas un mot.
La foule porta aussitôt son regard sur moi. Me sentant quelque peu gêné, je levai mes mains vides et avouai : « Je n’ai pas amené d’épée. »
Tyler se retourna immédiatement et dégaina l’épée à sa ceinture. Il me la présenta respectueusement avec ses deux mains, me disant : « Capitaine, je vous en prie, veuillez utiliser mon épée. Même si elle ne peut tenir la comparaison avec votre précieuse arme, je pense que… » Il jeta un regard en direction d’Attendsun puis sourit : « la mienne devrait suffire amplement, et avec une bonne marge. »
Il avait raison. Même si je tenais l’Épée Divine du Soleil dans ma main droite et l’épée maudite de Roland dans la gauche, et qu’Attendsun n’avait qu’un balai pour se défendre, il aurait toujours l’avantage pour me vaincre si nous devions mesurer nos talents à l’épée.
Dans ce genre de circonstances, je ne pus qu’accepter l’épée, mais j’ignorais comment j’étais censé me battre.
En tant que Capitaine-Chevalier des Enfers, suis-je autorisé à utiliser la magie ? Je n’avais pas la moindre idée de ce que le Chevalier des Enfers était censé connaître. Si je ne peux pas me servir de la magie, alors je ferais aussi bien mieux d’admettre ma défaite !
Je n’avais pas encore décidé si je devais admettre ma défaite ou employer la magie qu’Attendsun se précipitait déjà vers moi à une vitesse si impressionnante qu’elle faillit me faire mourir de peur. Je levai mon épée, n’ayant aucune idée de ce que je faisais. Je ne bougeais même pas, pourtant il continuait de manier son arme. Aucune de ses attaques ne m’atteignait, alors qu’elles frappaient l’épée dans mes mains à chaque fois… Mais, à quoi joue-t-il ?
Tandis que nos lames s’entrechoquaient, Attendsun murmura : « Capitaine-Chevalier du Soleil. C’est vous, n’est-ce pas ? »
« … Oui ! »
Ainsi, il m’a reconnu. J’avais presque oublié qu’Attendsun était l’une des personnes qui m’avaient déjà vu dans cette tenue.
« Dieu merci. Je ne savais pas comment me tirer de là. » Attendsun se détendit et décréta : « Si j’avais continué de vaincre d’autres Chevaliers Sacrés, je n’aurais probablement plus jamais été capable de partir. Mais, même si je voulais perdre à dessein, je n’ai pas réussi à m’y forcer… En revanche, si c’est vous, Sir, perdre contre vous va de soi, puisque cela m’est déjà arrivé auparavant. »
Attendez une seconde. Pourquoi perdre contre moi va-t-il de soi ? Quand je t’ai battu la dernière fois, c’est parce que j’ai utilisé un otage ! Mais, quel genre d’éducation vous donne-t-on à la Cathédrale du Dieu de l’Ombre ? Est-ce qu’on vous dit que, tant que vous gagnez, la méthode déloyale et sournoise dont vous vous servez importe peu ?
Dès qu’il eut prononcé ces mots, il tomba de son propre chef, et son épée vola de ses mains. Il se releva avec difficulté et annonça à la foule : « J’admets ma défaite. »
1 « Dorénavant, je te considérerai comme étant l’une des nombreuses personnes qui vivent dans mon estomac comme des vers solitaires ! » : Cette phrase vient de l’anglais : « I’ll count you as one of the tapeworms in my stomach! » Celle-ci signifie que cette personne le connaît si bien qu’elle pouvait lire en lui comme dans un livre, comme si cette personne était une extension de lui-même. Techniquement, nous aurions pu choisir d’écrire la phrase comme ceci : « Dorénavant, je te compterai par les gens qui lisent en moi comme dans un livre ouvert. » Cependant, nous avons décidé de garder une partie de la phrase d’origine, car l’image qu’elle invoque est plutôt amusante.
Bonne lecture et passez de joyeuses fêtes !
Note: Si vous lisez ceci et vous vous demandez pourquoi les traductions sont si lentes, eh bien c’est parce que je suis la dernière personne dans l’équipe. Comme je travaille à temps plein devant un ordinateur, je n’ai pas trop le temps ou la motivation pour travailler sur les traductions. Ça ne veut pas dire que les traductions sont abandonnées.
Je suis toujours à la recherche de nouveaux membres, alors si la traduction ou la révision de texte vous intéresse, vous pouvez postuler à tout moment. Veuillez visiter notre page de recrutement. 😉
½ Prince Tome 7 : La vie qui s’écoule
Roman d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)
Chapter 4: Celestial’s Fury – traduit du chinois vers l’anglais par ErodingPersona[PR!]
Chapitre 4 : La fureur de Celestial – traduit de l’anglais au français par Fanilodraw
+ travail de vérification par Nocta/AkaiiRia
« Inferno ? »
Je ne savais plus combien de temps j’étais resté planté là à fixer le vide, lorsque soudainement une voix résonna. Je tentai de voir d’où elle provenait, mais mes yeux se posèrent sur Celestial…Celestial ? Je rampai et me précipitai à moitié, puis je l’enlaçai et lui demandai : « Gui, tu n’es pas mort ? »
« Gui ? » répondit Celestial, abasourdi. « De quoi parles-tu, Inferno ? »
Je me raidis. Ce n’était pas Gui. C’était bel et bien Celestial. D’une voix étranglée, je demandai : « Es-tu vraiment Celestial ? »
Celestial cligna des yeux pendant un instant et répondit d’un ton étrange : « Évidemment que je suis Celestial. »
Gui avait vraiment disparu. Je m’accroupis au sol et dis avec amertume : « Je ne suis pas Inferno. Je suis Prince. »
« Prince ? » répéta Celestial avec ahurissement, m’examinant. « Tu es vraiment Prince ! »
« Mais, qu’est-ce que tu fais ici ? » s’écria subitement Celestial. « C’est le Continent du Nord. Si les quatre rois célestes arrivent, je ne pourrai pas te protéger tout seul. »
Je ris sèchement. « Les quatre rois célestes ? Il ne reste qu’un seul roi céleste désormais. »
Celestial sursauta, comme s’il s’était fait frapper par la foudre. « Qu’est-ce que tu veux dire ? »
Je serrai les points et prononçai les mots qui me brisèrent le cœur : « Wicked et Inferno ont péris ensemble, et Gui a disparu avec Clay et Zephyr. »
« V-Vous les avez tués ? » cria Celestial avec incrédulité en tremblant.
Je restai perplexe. « Vous » « Les » avez tués ? Est-ce qu’il veut dire que Gui et Wicked ont tué Inferno, Zephyr et Clay ? Je levai la tête et regardai Celestial, dont le visage était rempli de tristesse et de colère.
« Ils te détestaient, non ? » Je ne pus m’empêcher de m’enquérir : « Pourquoi es-tu autant inquiet pour eux ? »
« Ce n’était que des enfants ! » rugit Celestial. « Ce n’était que des enfants, et ils ne connaissaient pas mieux. Ils n’ont jamais fait de mal à personne, alors pourquoi avez-vous, pourquoi… » À ce moment-là, Celestial éclata en sanglot et fut incapable de parler.
Mon cœur brûla de colère. « S’ils ne m’avaient pas capturé, Wicked et Gui n’auraient pas péri avec eux. Et de toute façon, ils ne sont pas les seuls à avoir disparu. Wicked et Gui ont eux aussi été éliminés. »
Celestial m’attrapa subitement par le col, les yeux rouges de chagrin. « Ne t’avise pas de les comparer à Wicked et Gui ; tu sais bien qu’ils ont toujours une vie dans le monde réel, contrairement à nous. Une fois que nous mourons, nous n’avons plus rien. Ne me dis pas que tu ne comprends pas ça ? »
Je le dévisageai…C’était la vérité. Au moins, dans le vrai monde, ils existent en tant que Zhuo-gēgē et Professeur Min Gui Wen. Mais, en revanche, Inferno, Zephyr et Clay n’avaient rien d’autre. Tout comme je serais triste pour Wicked et Gui, naturellement Celestial serait furieux pour ses congénères PNJ qui avaient développé leur propre conscience.
« Je suis désolé ! » Je m’excusai la voix serrée. Je n’avais pas songé que je serais la cause de la mauvaise humeur de Celestial.
« Désolé ? Crois-tu que les vies de mes trois compagnons méritent juste une excuse ? Hahaha ! Quel juste échange ! Vraiment ! » s’esclaffa Celestial avec démence, le coin des yeux rempli de larmes.
« Vous, les humains ! » Celestial pivota la tête. À part rediriger son regard plein de rancœur sur moi, il s’approcha également de moi de plus en plus…
« Vous êtes tellement égoïstes. The Dictator of Life nous l’avait bien dit. Pour vous, nous ne sommes que des chiffres. Nous ne serons jamais considérés comme une autre forme de vie… »
« Pourtant, nous avons des sentiments : nous ressentons le chagrin, la souffrance, et l’amour ! » Lorsqu’il dit « l’amour », le visage de Celestial s’adoucit.
« Bien qu’Inferno et Zephyr ne m’aimaient pas, ils ne m’ont jamais attaqué. » Le regard de Celestial était empli chagrin. « Dictator et moi sommes pareils. Nous ne voulons pas perdre le peu de compagnons que nous avons. »
« Mais, en l’espace d’une journée, j’ai perdu trois de mes compagnons, et c’est moi qui ai amené leur meurtrier au Continent du Nord ! » rugit Celestial.
Celestial est devenu fou, et il va vraiment me tuer, réalisai-je en regardant ses yeux rouges pleins de rancœur. Je me rendis vraiment compte du fait que Celestial me détestait à ce moment-là. Je reculai, ne trouvant pas d’autre moyen de fuir.
Le tonnerre gronda…Vraiment ? Du tonnerre un jour ensoleillé ? Je levai la tête face aux cieux. Serait-il possible que « lui » aussi1 pense que nos actes ont été trop choquants ?
« Ah… » Un faible soupir fit écho dans la Cité Fleurie. « Celestial, reviens, je ne veux pas te perdre également. »
Celestial cligna des yeux et pivota sa tête vers la tour avec une large rose, les yeux pleins de regret et de douleur. Ensuite, il se tourna vers moi et me dit avec passion : « Je t’emmène voir The Dictator of Life. Il décidera de ton sort. »
« Aller voir The Dictator of Life ? » Je me levai rapidement. Se pourrait-il que Celestial veuille aider The Dictator of Life à m’exterminer ?
« Oui. Quoi qu’il se soit produit, j’ai enfin réussi à te faire venir ici à La Cité Fleurie…J’ai sacrifié trois compagnons pour ça ; évidemment que je vais t’emmener voir Dictator. » Le regard de Celestial…Peut-être que je lisais mal son expression, mais il arborait un regard triomphant, qui laissait deviner que son plan avait finalement fonctionné.
« Celestial, tu n’as tout de même pas été envoyé par Dictator ? » …C’était un espion ? Après tout, Celestial affaichait une expression à la fois sérieuse et chagrinée. C’était complètement diffèrent de la personnalité idiote et naïve à laquelle j’étais habituée, et je n’arrivais pas à dissiper mes doutes selon lesquels l’ancien Celestial n’avait fait que prétendre tout le long.
Celestial se tut avant de finalement révéler : « Oui, Dictator m’a envoyé. Les quatre rois célestes n’étaient même pas au courant. »
« Tu as menti à Doll ? » Mon visage s’assombrit. Doll avait déjà commencé à accepter Celestial. Si elle devait découvrir que celui-ci lui avait menti pendant tout ce temps, elle serait complètement bouleversée.
« Je n’aurais jamais osé ! » s’exclama Celestial. « Ma femme est ma femme. Les ordres que m’a donnés Dictator sont les ordres que m’a donnés Dictator ! Ces deux choses n’ont rien à voir l’une avec l’autre ! »
« Dans tous les cas, tu restes toujours un espion ! » hurlai-je en retour.
Le visage de Celestial devint écarlate. Celestial marcha en cercle, furieux mais ne pouvant pas réfuter. Il inspira un grand coup, se tourna vers moi et dit : « Non, peu importe ce qu’il s’est passé, tu dois me suivre pour aller voir Dictator. »
Quelle blague. Si j’étais embusqué par Celestial et The Dictator of Life, la fuite serait impossible, sans parler de pouvoir tuer The Dictator of Life. Je reculai lentement et me préparai à courir à n’importe quel moment.
« Allons-y, Prince. Dictator décidera quoi faire. » Celestial essuya les larmes au coin de ses yeux et se reprit.
« Il n’y a pas… » Je déglutis. Si je devais me battre contre Celestial, les chances que je gagne seraient de…moins de zéro. Si je décidais de m’enfuir, quelles seraient mes chances ?
« Celestial, si je devais me battre contre toi, quelles sont les chances que je puisse m’enfuir avec succès ? » Je ne pus m’empêcher de demander à haute voix…Puis, je réalisai… Si quelqu’un avait demandé à leur ennemi leurs chances de pouvoir s’échapper alors qu’ils étaient sur le point de se battre…N’était-ce pas une déclaration évidente qu’ils voulaient s’enfuir ? Je venais juste de faire quelque chose de stupide encore une fois.
Néanmoins, Celestial considéra la question et me répondit : « Approximativement…moins de 10%. Après tout, je peux voler, et tu n’as que tes jambes pour courir. »
« Et, s’il y avait quelqu’un pour te faire obstacle ? »
« Cela…Cela dépendrait de la puissance de la personne », répondit de nouveau Celestial, mais je clignai des yeux. Je n’ai même pas ouvert la bouche pour poser la question ?
« Quelqu’un qui est environ du même niveau. » Poseidon descendit soudainement du ciel et se plaça entre moi et Celestial.
« Poseidon…Tu es toujours en vie ? » Celestial poussa un soupir rassuré, mais ne put s’empêcher d’arborer une expression anxieuse. « Tu es le seul roi céleste qu’il reste. »
Poseidon sourit, tourna son visage vers moi et déclara : « Ah, tu ne pourras jamais vaincre Dictator, c’est pour ça que je t’ai envoyé vers le Mont HuaLian…Je n’avais pas songé que tu irais à la rencontre de Dictator par toi-même. »
Je restai figé. Je ne peux pas vaincre Dictator…C’est pour ça que Poseidon a fait exprès de m’emmener vers le Mont HuaLian ? Poseidon m’a empêché d’aller me faire tuer à La Cité Fleurie ?
« Dépêche-toi de t’enfuir. Je vais t’aider à bloquer la route de Celestial », me pressa Poseidon.
Je n’irai nulle part. Si je m’enfuis, Gui et Wicked ne seront-ils pas morts en vain ? Je passai au canal de MP et demandai calmement aux autres : « Où êtes-vous tous ? Pouvez-vous venir à La Cité Fleurie ? »
« Il y a quand même une certaine distance. » Lolidragon demanda rapidement : « Il s’est passé quelque chose ? Est-ce que Gui t’a déjà trouvé ? »
« Gui… » Ma voix s’étrangla de nouveau.
« Il est arrivé quelque chose à Gui ? » Grand frère Wolf était surpris, mais après un moment il dit d’un ton insistant : « Quoi qu’il se soit passé, Prince, viens nous rejoindre. Crois-moi, nos pouvoirs réunis seront définitivement plus forts que le tien seul. »
« C’est vrai, Prince, n’agis pas seul encore une fois. » Belle-sœur Yu Lian affirma avec inquiétude : « Tout le monde est inquiet pour toi ! »
J’observai l’affrontement entre Poseidon et Celestial, et repensai aux paroles de grand frère Wolf. C’est vrai, il vaudrait mieux que j’aille rejoindre tout le monde. J’éprouvai soudain le désir éphémère d’être aux côtés de mes camarades, de combattre à leurs côtés…de me battre jusqu’à atteindre The Dictator of Life !
« D’accord. » Je pris ma décision. « Grand frère Wolf, attends-moi. Je vais tout de suite venir te retrouver. »
Immédiatement, je courus hors de la ville à travers les portails ; Poseidon m’aiderait à distraire Celestial. Qui plus est, en ce moment, j’avais l’apparence d’Inferno, donc les autres PNJs ne m’attaqueraient pas sous cette forme. Si je ne m’enfuis pas maintenant, quand est-ce que j’aurai encore cette chance ?
« Prince, attends… » Le voix surprise de Celestial retentit derrière moi. « Satin Céleste ! »
À la minute où le nom de l’attaque fut prononcé, d’innombrables rubans de satin blanc m’entourèrent et m’attaquèrent. J’esquivai et les évitai désespérément, mais je ne faisais pas le poids face à ceux-ci. Les rubans me tenaient très serré et rendirent mes tentatives de fuite futiles. Couvert d’une membrane transparente, je me sentais vraiment comme si j’étais complétement enveloppé dans un tissu blanc, telle une momie.
« Plumes de Glace ! » s’écria Poseidon avec rage, et les rubans de satin se retrouvèrent incrustés de petits cristaux en forme de plumes. Les rubans qui me liaient furent déchirés.
« Poseidon, tu… » Celestial était surpris des actions de Poseidon. Puis, il expliqua : « Je ne fais que l’amener voir Dictator ; je n’ai pas l’intention de lui faire du mal. »
Celestal s’arrêta net et demanda avec suspicion : « Pourtant, toi qui n’en as jamais rien à faire de quoi que ce soit…pourquoi m’empêches-tu de capturer Prince ? »
Poseidon lui adressa un petit sourire. « C’est parce que je suis du côté des humains ! »
Je levai la tête et fixai Poseidon d’un regard stupéfait. Il est de notre côté ?
« Qu’est-ce que tu attends, Prince ? Vite, sauve-toi ! » me châtia doucement Poseidon.
Surpris, je continuai immédiatement ma mission inachevée : m’enfuir.
« Poseidon, Ç’en est trop ! Je dois amener Prince voir Dictator ! » rugit Celestial.
« Pfft, essaye un peu pour voir. » Le ton de voix de Poseidon était devenu froid et sévère.
« Satin Céleste ! »c
« Plumes de Glace ! »
« Stop ! » Un autre rugissement retentit.
Celui-ci fit trembler la terre de terreur. Les bâtiments près de la rue se mirent à grincer, et quelques structures de bois s’écroulèrent au sol. Si on mesurait avec l’échelle de Richter, ce tremblement de terre serait de niveau 7.0… J’avalai ma salive et contemplai les maisons de bois qui n’étaient qu’à quelques pas de moi. Non, on ne pouvait plus appeler ça des maisons. C’était juste une pile de rondins de bois.
« Je t’ai prévenu, tu ne dois jamais attaquer tes camarades ! »
« Dictator ! » Celestial regarda en direction de la Tour Central avec panique. Son visage reflétait à la fois du regret et de l’obéissance. « Je suis désolé. Je n’aurais pas dû oublier vos ordres, mais je voulais vous apporter Prince. »
« Je ne veux pas le voir maintenant ! »
« Dictator ? » s’enquit Celestial avec surprise.
« Je ne veux pas le voir, en ce moment j’ai envie de le tuer. Zephyr, Clay, Inferno… »
En entendant ça, Celestial se tourna vers moi et dit : « Dépêche-toi de partir. Tu ne peux pas rencontrer Dictator maintenant. »
Mais, c’est quoi cette situation ? Dictator veut me tuer, non ? Pourquoi Celestial me dit-il de partir ? Je ne pus m’empêcher de le questionner : « N’êtes-vous pas tous censés essayer de me tuer ? »
« Pars quand je te dis de partir ! Si tu continues de me poser autant de questions, je vais vraiment te capturer et te livrer à Dictator moi-même ! » me menaça à moitié Celestial, utilisant son Satin Céleste pour m’entourer.
« Attends une minute, je… » J’avais encore d’autres questions, mais des dizaines de rubans se mirent à me repousser avec force en dehors de La Cité Fleurie, et l’immense portail de la ville se referma derrière moi, me laissant debout seul en dehors de la ville à me faire refroidir par le vent.
« Ah ! » Je m’écriai, puis gémis : « J’ai oublié de demander à Celestial de m’emmener récupérer le Peloton d’Exécution. Mon Dieu, je vais me perdre ! »
Le bruit de plusieurs personnes en train de trébucher et de tomber semblait provenir de derrière les portes de la ville.
1« lui » aussi : Dans ce cas-ci, « lui » fait référence à Dieu.
La Reine Guerrière Prologue Tome 2 – 12 est le nombre
Roman d’origine en chinois par : 御 我 (Yu Wo)
Chapter 9: Number, 9, Little Brother – Traduit du chinois vers l’anglais par Doza[PR!]
Chapitre 9 : Numéro 9 – Le petit frère – Traduit de l’anglais vers le français par AkaiiRia
+ travail de vérification par Nocta
Ils s’empressèrent tous les quatre de retourner au village, mais, une fois rendu, ils eurent un conflit quant à l’endroit auquel tout le monde se rendrait ensuite.
« Le petit frère d’Halfleaf n’est-il pas lui aussi un membre de ta famille ? » Sylvie insista : « Comment peux-tu refuser de venir prêter main forte quand la vie de l’un de tes cousins éloignés est en danger ? Tu devrais venir avec nous pour sauver son frère ! »
Cale fut stupéfait. Même s’il était un cousin éloigné, il n’avait jamais vu cette personne auparavant. De plus, Halfleaf ne lui avait pas demandé son aide. Au lieu de cela, c’était Sylvie qui avait formulé la requête. Tu te prends pour son frère ou quoi ?
Il jeta un coup d’œil en direction de Carol et répondit : « Dans tous les cas, Carol part avec toi pour le secourir. Tu n’as pas besoin de mon aide ! »
« Tu te trompes ! » Sylvie murmura à l’oreille de Cale : « Tu dois m’aider à retenir Carol et l’empêcher de tuer des gens ! »
…C’est donc ça que tu voulais dire. Mais, Sylvie, tu as parlé tellement fort que tout le monde t’a probablement entendu, non ? Cale pressentit fortement que, en ce moment, plutôt que de s’inquiéter à l’idée que Carol tuât d’autres personnes, Sylvie devrait s’inquiéter d’être celui qui risquait de se faire tuer.
Comme il s’y attendait, Halfleaf s’exclama d’un air terrifié : « Tuer des gens ? Pourquoi Carol irait tuer des gens ? Qui va se faire tuer ? »
« Tes ennemis », répondit Cale.
« M-Mes ennemis ? » En entendant le mot « ennemi », Halfleaf se mit à tanguer sur place et donna l’impression d’être sur le point de s’évanouir. Sylvie eut si peur pour lui qu’il se dépêcha d’avancer pour l’aider à rester debout.
Confus, Halfleaf s’enquit : « Qu’ai-je fait pour avoir des ennemis ? Qui sont-ils ? »
« …Les personnes qui veulent te capturer et te vendre en se servant de ton frère comme otage en ce moment même ! »
Confronté au rugissement incrédule de Cale, Halfleaf fut si effrayé qu’il s’accrocha fermement à Sylvie et répliqua en tremblant : « C-Ce sont des membres de ma famille, pas mes ennemis. »
« … »
Cale eut subitement l’impression d’être un poulet s’adressant à un canard.
Carol expliqua simplement : « C’est un elfe. N’essaie pas de les comprendre à travers les yeux d’un humain. Aussi, il n’est pas du tout fait pour vivre auprès des humains et aurait dû retourner dans la forêt où vivent les elfes depuis longtemps. »
« Dans ce cas, après avoir secouru son frère, vous devriez les ramener d’où ils viennent ! Je vais aller m’occuper de mes propres affaires ! »
Quand il eut terminé de parler, Cale se retourna et s’éloigna.
« Ah ! Attends une minute ! » Sylvie courut rapidement jusqu’à Cale pour l’agripper par la manche. Cependant, cette fois, Cale ne le laissa pas faire et agita brutalement sa manche, le faisant instantanément tomber à la renverse. Il fut totalement incapable d’empêcher Cale de partir.
Sylvie se hâta de se lancer à sa poursuite, mais, après avoir avancé, il se rendit compte que ni Carol ni Halfleaf ne lui avait emboîté le pas. Il se retourna et s’écria avec hésitation : « Carol… »
Néanmoins, Carol n’avait pas la moindre intention de bouger et se contenta de regarder dans sa direction en déclarant calmement : « Rappelle-lui que la nuit est le meilleur moment pour assassiner des gens. »
En entendant les mots « assassiner des gens », Halfleaf fit un autre malaise. Cale, qui se trouvait cinq à dix pas de distance, s’arrêta. Clairement, il n’avait pas eu besoin que le message de Carol lui fût relayé pour l’entendre.
Légèrement mécontent, Sylvie rétorqua : « Carol ! Comment peux-tu encourager Cale à tuer des gens de sang-froid ! Il est hors de question que je t’adresse la parole dorénavant ! Je vais suivre Cale ! »
Carol le regarda un instant et dit avec indifférence : « Va-t’en alors. »
Sylvie fut estomaqué par sa réponse, mais, lorsqu’il se tourna et s’aperçut que Cale s’était déjà évanoui dans la nature, il n’eut pas le temps de proférer le moindre adieu avant de rapidement se lancer sur ses traces.
Carole se contenta de les observer pendant qu’ils partaient, ne disant rien pour les en empêcher.
Halfleaf demanda anxieusement : « Vont-ils réellement tuer des gens ? »
« Ce n’est pas ton problème, n’est-ce pas ? »
Halfleaf cligna des yeux et hocha ensuite la tête en déclarant : « En effet, ce que tu dis est exact. »
Carol observa Halfleaf. Bien qu’il ne fût qu’un demi-elfe, sa personnalité ne différait pas de celle des elfes. Ils ne pouvaient pas accepter tout ce qui était lié aux émotions négatives et n’interfèreraient jamais dans les affaires d’autrui, peu importe à quel point ils désapprouvaient leurs actions.
« Viens, allons retrouver ton frère. »
Halfleaf affirma avec consternation : « Tu n’as pas besoin de te soucier de moi. Même si tu es une amie des elfes, rien ne t’oblige à m’aider. »
Carol renifla avec dédain et s’exclama froidement : « Cesse de raconter n’importe quoi et de nous faire perdre du temps. On s’en va ! »
Halfleaf sursauta, sous le choc, et voulut presque marcher dans la direction qu’avaient emprunté Sylvie et Cale, mais il s’en sentait incapable et put seulement se réconforter tranquillement. Lame Dansante est une amie des elfes et ne ferait jamais de mal à l’un des nôtres.
Halfleaf et Carol arrivèrent devant un manoir quelque part au milieu de la ville. Juste au moment où Carol examinait le mur pour trouver comment grimper pour entrer, Halfleaf la mena jusqu’à un tunnel secret à la place, alors ils n’eurent pas besoin d’escalader le mur.
« C’est toi qui as creusé ce tunnel secret ? » Carol leva un sourcil. Visiblement, elle ne croyait pas que des elfes auraient l’idée de créer un passage secret.
Halfleaf secoua la tête et expliqua : « Non, c’est ma mère qui l’a fait construire. Elle m’avait demandé d’entrer par le tunnel chaque fois que je rentrerais à la maison, et ensuite je devais me rendre tout droit dans sa chambre ou dans celle de mon frère sans déranger les autres. »
Pas étonnant que cet incident durant lequel les autres habitants du manoir avaient voulu les capturer et les vendre, lui et son frère, ne soit survenu qu’après la mort de leur mère. Même en sachant que l’on se devait d’honorer les défunts, et que ceux devant eux étaient les fils de la défunte, cela avait été trop difficile de résister à la tentation de vendre des elfes. De nos jours, ceux-ci valaient leur pesant d’or.
Après être sortis du passage secret, une grande chambre à l’apparence simpliste apparut. Bien que celle-ci appartînt clairement à une personne riche, les décorations se faisaient rares et de nombreux motifs gravés dans le bois avait l’air d’avoir été dessinés grossièrement.
« Hein ? » dit Halfleaf, l’air perplexe. « Mon petit frère n’est pas dans sa chambre ! C’est terrible ! Il m’avait même dit que, quand je rentrerais à la maison, je n’étais pas autorisé à quitter sa chambre ! »
Une personne peut-elle rester en captivité dans sa propre chambre ? Celle-ci n’a pas l’air d’un endroit où l’on peut enfermer quelqu’un. Carol ignorait s’il y avait une geôle dans ce manoir. Si c’était le cas, il y avait de fortes chances pour qu’il y fût enfermé. S’il n’y en avait pas, dans ce cas elle serait obligée de passer du temps à le chercher.
« Je vais sortir pour partir à sa recherche. Toi, tu retournes au tunnel secret et tu m’attends à l’intérieur. »
En entendant ceci, Halfleaf hésita mais acquiesça tout de même d’un signe de tête.
À l’instant où Carol se retournait pour quitter la chambre, un domestique ouvrit la porte et entra. Elle fondit sur lui, l’agrippa d’une main, et lui couvrit fermement la bouche de l’autre.
Le domestique écarquilla les yeux, et se remit du choc seulement après coup. Il lutta frénétiquement, mais n’arrivait visiblement pas à se défaire de l’emprise de Carol.
Quand il entendit l’escarmouche, Halfleaf, qui était sur le point d’entrer dans le tunnel secret, se retourna pour voir ce qu’il se passait. « Oh, c’est Petit Chi. Sais-tu où est mon frère ? » s’enquit-il.
Carol jeta un bref regard à l’expression du domestique. Dès l’instant où il reconnut Halfleaf, il cessa immédiatement de se débattre et n’eut plus l’air hostile. Elle retira sa main de la bouche de l’individu.
Petit Chi s’empressa de murmurer : « Jeune maître aîné, le jeune maître s’est déjà enfui. »
…Qui diable avait dit que son petit frère attendrait qu’il vienne le sauver et n’irait nulle part ? Carol relâcha le domestique à contrecœur.
« Jeune maître aîné, n’ayez point de crainte. Quand le jeune maître est parti, il a emporté une grande somme d’argent avec lui ! Il m’a même ordonné de venir nettoyer sa chambre tous les jours, mais en fait c’était pour vous attendre. Si je devais vous croiser pendant que vous reveniez lui « porter secours », je devais vous demander de retourner dans la forêt des elfes. »
Rendu là, Petit Chi ajouta d’un ton impuissant : « Cependant, le jeune maître a également prédit que vous refuseriez de rentrer. Par conséquent, je dois vous demander de vous rappeler de porter un manteau en voyageant et de vous déplacer en passant par la forêt. Il est impératif que vous n’entriez pas en contact avec des humains. Puis, vous devez vous rendre dans la ville au nord-est de Jageria et lui laisser un message à la Guilde des Aventuriers. Il se montrera quand il verra votre message. »
Halfleaf hocha la tête en disant : « Je comprends. Je vais partir le rejoindre. Merci mille fois d’avoir relayé le message. »
« …À dire vrai, le jeune maître préférerait davantage que vous retourniez dans la forêt des elfes », annonça Petit Chi, avec embarras. Après avoir parlé, il sortit une carte et une bourse de l’intérieur de son uniforme, puis rampa sous le lit pour y récupérer un paquet emballé dans un tissus. En même temps qu’il donnait le tout à Halfleaf, il expliqua : « Le jeune maître vous a préparé une carte, de l’argent pour le voyage et des provisions. »
Halfleaf accepta les objets, et ensuite il hocha la tête en répondant : « Merci. Je vais partir rejoindre mon frère à présent. » Sur ce, il se retourna promptement et marcha en direction de l’entrée du tunnel secret.
« Jeune maître aîné, soyez prudent. » Le visage de Petit Chi était plein d’inquiétude.
« Arrête-toi ! » s’exclama Carol avec froideur.
Halfleaf s’arrêta net, se retourna, et l’interrogea avec confusion : « Puis-je demander s’il y a un problème ? »
« Tu crois réellement pouvoir te rendre jusqu’à cette ville sans risquer ta peau ? » Carol déclara d’un ton glacial : « Retourne dans la forêt ! »
« Je ne peux pas », dit Halfleaf en secouant la tête. « Quoi qu’il advienne, je dois retrouver mon frère, veiller à sa sécurité, puis le voir se marier. »
« Se marier ? » Carol fronça les sourcils. Qu’est-ce que le mariage vient soudainement faire dans cette histoire ?
Halfleaf acquiesça et relata : « Oui, dans une lettre que ma mère a laissée pour moi, elle m’a donné comme instruction d’assister au mariage de mon frère. De plus, mon frère doit également assister à mon mariage… S’il est toujours en vie à ce moment-là. »
Carol avait l’air furieuse comme elle répondait : « Ça signifie qu’elle veut que tu te rappelles d’assister au mariage de ton frère, pas que tu dois veiller sur lui jusqu’à ce qu’il se marie ! »
« C’est vrai ! » s’empressa d’interrompre Petit Chi. « C’est sûrement ce qu’a voulu dire madame. »
« Hein ? » Halfleaf se figea sur place et dit comme il réalisait : « C’est donc ce qu’elle a voulu dire ? Mais, j’ai déjà promis à ma mère dans mon cœur que je m’occuperais de mon petit frère jusqu’à ce qu’il se marie. Je ne peux pas revenir sur ma parole. »
Tu veux dire que ton frère s’occuperait de toi, n’est-ce pas ? Selon la situation actuelle, il était évident que le petit frère avait toujours veillé sur Halfleaf.
Carol ressentit un mal de crâne, mais elle connaissait bien l’opiniâtreté des elfes. Même s’il s’agissait d’une promesse qu’il s’était fait à lui-même, en comparaison aux mots écrits noir sur blanc par les humains, à ses yeux il était encore plus impossible de briser une telle promesse.
Halfleaf hésita, mais il dit tout de même : « Je peux partir à la recherche de mon frère tout seul. Carol, tu devrais rejoindre Sylvie et Cale ! Je m’inquiète un peu pour eux. »
Tu t’inquiètes pour eux ? Carol manqua de sourire. Ces paroles que venait de prononcer Halfleaf différaient de celles d’un elfe. Malgré le fait que les elfes avaient bon cœur, ils se montraient également très indifférent aux affaires des autres. Ils ne s’inquiétaient que très rarement pour les autres ! Il semblerait que les demi-elfes soient quand même différents des elfes dans certaines sphères.
« Ne me dis pas que tu souhaites que j’aille les aider à assassiner des personnes ? »
Assassiner des personnes ? À l’instant où Halfleaf songea à ces mots, la tête commença à lui tourner. Il s’empressa de refuser d’un signe de tête.
Tout à coup, Carol déclara : « Il est temps. Nous devrions commencer les préparatifs. »
…Les préparatifs ?
½ Prince Tome 7 : La vie qui s’écoule
Roman d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)
Chapter 3: Gui’s Kindness – traduit du chinois vers l’anglais par Nausicaä [PR!]
Chapitre 3 : La gentillesse de Gui – traduit de l’anglais au français par Nocta
+ travail de vérification par AkaiiRia
J’ignorais combien de temps j’étais resté agenouillé au même endroit, mon cœur dépourvu de toute émotion hormis cette impression d’un vide absolu. J’aurais dû le savoir. Une technique permettant à Wicked d’affronter seul Inferno, l’un des Quatre Rois Célestes, qu’est-ce que ça aurait-pu être d’autre ? Il fallait bien qu’il y ait une contrepartie à une telle technique !
Lorsque je m’en était rendu compte, il était tout simplement trop tard. Wicked avait déjà disparu de Second Life, tout comme Inferno. La seule chose que je pouvais faire à présent était de le venger en tuant le vrai responsable : The Dictator of Life !
Je séchai mes larmes et me levai. Ce qu’il fallait que je fasse à présent, c’était me rendre au Mont HuaLian et rejoindre les autres. Mais… Je regardai à droite et à gauche, puis derrière moi. Pourquoi est-ce que cette forêt se ressemble autant à mes yeux ? Dans quelle direction suis-je censé aller ? Plus encore que l’autodestruction de Wicked, ce problème me faisait perdre toute force, me laissant avec des jambes tremblotantes… J’espère vraiment pouvoir atteindre le Mont HuaLian par moi-même !
Je n’avais pas d’autres choix que de demander l’aide de Lolidragon. J’ouvris le canal de communication et demandai : « Lolidragon ? »
« Qu’est-ce qu’il y a cette fois ? C’est quoi le problème ? Ne me dîtes pas que vous avez déjà atteint la Cité Fleurie, c’est impossible pour vous d’y être déjà », répondit-elle avec doutes.
Je m’apprêtais à lui expliquer ma situation actuelle, quand une pensée me traversa soudain l’esprit. À part Lolidragon, il n’y a virtuellement personne d’autre qui aurait pu fomenter ce coup avec Wicked et le programme d’autodestruction DPNJ. Dans ce cas, est-ce que ça veut dire que tout le monde a le DPNJ installé sur soi ?
La raison pour laquelle ils ont fait ça, c’est pour m’aider à éliminer les ennemis qui bloquent notre chemin jusqu’The Dictator of Life ! Qui plus est, ils ne m’ont rien dit parce qu’ils savaient que je m’y opposerais.
Si nous atteignons The Dictator of Life ensemble, je risque de me retrouver à les regarder avec impuissance se sacrifier pour détruire nos ennemis, n’est-ce pas ? Durant le laps de temps qu’il m’avait fallu pour réaliser ces faits, mon visage avait pâli drastiquement. Je ne veux plus jamais voir quelqu’un d’autre se transformer en flocons de cendre.
« Prince ? Est-ce qu’il s’est passé quelque chose ? » Lolidragon continua de m’appeler, comme si elle s’était enfin rendue compte que quelque chose clochait.
Cependant, je ne répondis pas et fermai simplement le canal de MP sans un mot. Je contemplai la forêt autour de moi et murmurai : « Si je grimpe à un arbre, je devrais pouvoir apercevoir où se trouve la Cité Fleurie, je crois ? »
Comme je l’avais prédit, une fois que j’eus grimpé jusqu’à la cime d’un arbre tel un singe agile, j’aperçus une très grande ville dotée d’une flèche en son centre, au sommet de laquelle se trouvait la sculpture d’une très grande rose… Effectivement, c’était bien la Cité Fleurie !
Après m’être assuré que j’irais bien dans la bonne direction, je redescendis au sol en me laissant glisser le long du tronc et me mis en route, un pas à la fois. Même si voyager seul est un peu triste, c’est toujours mieux que de regarder les autres se faire exploser.
« N’as-tu pas oublié quelque chose de très important ? » ne put s’empêcher de me rappeler une certaine voix.
« Quelle chose importante ? » Il y a vraiment quelque chose comme ça ? Je penchai la tête et réfléchis intensément.
« Si The Dictator of Life se trouve vraiment au Mont HuaLian et non pas à la Cité Fleurie, dans ce cas tes compagnons ne sont-ils pas en train de se diriger vers une mort certaine ? »
« Oh ouai ! » J’avais presque failli oublier que Poseidon avait dit que Dictator se trouvait au Mont HuaLian… Attendez une seconde, qui est en train de me parler ?
Je tournai la tête… et derrière moi se tenait Western Wind, faisant même un signe de victoire avec ses deux mains !
« Je n’y crois pas ; la mort de Wicked doit vraiment m’avoir trop affecté, c’est un choc si grand que j’hallucine Western Wind. » Stupéfait, je secouai la tête et regardai de nouveau. Pourtant, le Western Wind faisant ses signes de victoire était toujours là.
« Quoi ? Wicked est déjà rentré au Continent Central ? » s’écria Western Wind avec une jubilation malveillante. « J’avais raison. Sans moi, gamin, tu vas t’faire complètement laminer. »
Je pointai un doigt tremblant sur lui. « C-comment ça se fait que tu sois là ? »
« Qu’est-ce que tu sous-entends ? Moi aussi j’veux tuer The Dictator of Life. » Western Wind se plaignit avec ressentiment : « Qui aurait pensé que vous seriez tous si rapides ? Lorsque je m’suis empressé de rentrer à la Cité de l’Infini, il ne restait plus personne. »
Il s’est empressé de rentrer à la Cité de l’Infini ? Non, ce n’est pas possible, ne me dîtes pas que, après s’être fait éjecter vers l’infini et au-delà par AnRui, il a passé tout son temps à rentrer à la Cité de l’Infini ? Non, sérieusement ? songeai-je avec incrédulité. Mais, jusqu’où il s’est fait envoyer au juste ?
« Par chance, juste quand je bondissais d’rage face à la mer, cette maudite palourde est revenue », dit Western Wind avec un sourire suffisant. « Bien sûr, je lui ai ordonné de m’amener jusqu’au Continent du Nord. Tu t’mettais le doigt dans l’œil si tu croyais que j’vous laisserais accomplir quelque chose d’aussi formidable que d’tuer le boss final et d’vous accaparer toute la gloire, gamin ! »
« … » J’en restai sans voix.
« Mais, je n’avais même pas encore atteint la rive quand j’ai vu une horde d’monstres, c’qui m’a forcé à me faufiler par la forêt. » Western Wind poussa un profond soupir tout en secouant la tête. « Je m’suis retrouvé complètement paumé sans la moindre idée d’où j’étais. Si je n’avais pas entendu tout le raffut qu’le gang faisait dans le canal de communication, j’aurais pensé qu’vous étiez tous morts d’puis longtemps, gamin ! »
J’avais cessé de prêter attention à toutes ces paroles pleines de nonsense que Western Wind déblatterait, et j’étais en train de réfléchir à ma prochaine destination. Devrais-je aller à la Cité Fleurie ? Ou au Mont HuaLian ?
J’ignorais si Western Wind avait détecté ma mauvaise humeur, mais il se tut et arrêta enfin avec ses gamins par-ci, ces gamins par-là. Malheureusement, ça ne dura pas longtemps. « Gamin, on dirait que le gang prévoit de v’nir t’chercher ! »
« Me chercher ? » l’interrogeai-je, grandement surpris.
« Ouais. T’as fermé le canal, donc ils sont morts de trouille et sont en train d’dire qu’ils vont venir te récupérer », expliqua Western Wind, ayant l’air d’écouter quelque chose avec attention.
J’ouvris immédiatement le canal du groupe pour découvrir ce qu’il s’y tramait.
« Quelque chose a dû arriver à Wicked. Autrement, Prince n’aurait pas arrêté de nous répondre », devina Lolidragon avec inquiétude.
« Ne t’inquiète pas, Ming Huang s’est déjà déconnecté pour aller lui demander », répondit grand frère Wolf calmement.
Après un long moment, la voix de Ming Huang retentit. Il avait l’air désespéré et, tout en réprimant ses émotions avec grandes difficultés, il dit : « Le personnage de mon frère a disparu. Il a utilisé le programme d’autodestruction DPNJ contre Inferno des Quatre Rois Célestes et les a tous les deux réduits en cendres. »
Le silence tomba sur tout le groupe. Finalement, Lolidragon prit la parole : « Puisque Wicked a disparu, Prince n’a plus personne pour s’occuper de lui ! Et maintenant qu’il refuse absolument de répondre, qui sait ce qu’il derrière la tête ? On ferait mieux d’aller le chercher tout de suite ! »
En entendant ça, je fermai de nouveau le canal. Puisque, à présent, tout le monde allait me chercher à la Cité Fleurie, je n’avais plus besoin de m’inquiéter qu’ils rencontrent The Dictator of Life au Mont HuaLian. Très bien, dans ce cas, je vais immédiatement partir à la recherche de The Dictator of Life, et avec un peu de chances, je serai capable de lui régler son compte avant que qui que ce soit atteigne la Cité Fleurie.
« Très bien ! Vers la Cité Fleurie ! » décidai-je.
« Ok, je vais venir avec toi pour tuer le boss final ! » s’exclama Western Wind avec excitation, une lueur d’anticipation brillant dans ses yeux.
J’étais un peu réticent. « Tu… n’as pas fait installer le programme d’autodestruction DPNJ sur toi, j’espère ? »
« Hein ? Le prog d’auto quoi d’Épenji ? » répéta Western Wind avec une expression de stupéfaction. « Qu’est-ce que c’est ? Comment ça se fait que je n’en aie jamais entendu parler ? »
« … Fais comme si je n’avais rien dit. » Trois lignes noires descendirent sur mon visage. J’aurais dû me douter que Western Wind n’avait pas encore compris toute l’ampleur de la situation.
« Allons-y. » Je me mis immédiatement à marcher en direction de la Cité Fleurie.
« Prin- Gamin ! Tu vas dans la mauvaise direction », s’empressa de crier Western Wind.
Hein ? Ah bon ? Je me grattai le visage tandis que Western Wind me traînait dans la bonne direction. C’est bizarre, pourquoi est-ce qu’aujourd’hui on dirait qu’il se comporte avec plus d’insistance que d’habitude ?
« Western Wind, quand AnRui t’a amené ici, est-ce qu’il est reparti ? » m’enquis-je distraitement. Maudite palourde… est-ce que ça l’aurait tué de rester et de nous aider ?
« Euh, ouais, ouais. »
« Puisqu’AnRui déteste s’impliquer autant, je m’demande qui a été capable de lui faire accepter d’nous transporter. » Peu importe sous quel angle je considérais la question, je n’arrivais pas à deviner qui diable avait pu forcer cette palourde faignante à sortir de sa cave.
« C’est peut-être The Dictator of Life lui-même », proposa Western Wind solennellement. « Même si j’en connais pas la raison, il est clair que The Dictator of Life nous aide à atteindre le Continent du Nord. Pourtant, d’un autre côté, il essaie aussi d’nous empêcher d’avancer. Je n’comprends vraiment pas quelles sont ses vraies intentions. »
« Tu crois vraiment que The Dictator of Life lui en a donné l’ordre ? » Je n’arrivais vraiment pas à cerner la mentalité d’un boss final. Il veut que nous venions, mais en même temps il essaie désespérément de nous arrêter. À quoi joue-t-il ?
« Je pense que ça doit être lui », répondit Western Wind, les sourcils froncés tandis qu’il réfléchissait.
J’eus soudainement une étrange impression, comme si quelque chose n’allait pas…. Mais, de quoi s’agit-il au juste ? Je contemplai les sourcils froncés de Western Wind, sentant que quelque chose clochait… Oh oui ! Je m’exclamai, surpris : « Western Wind, tu… »
Le corps de Western Wind se tendit soudainement. « Quoi ? Qu’est-ce qui n’va pas avec moi ? »
Je lui assenai mes accusations sans aucune pitié. « Toi non plus tu n’as pas du tout le sens de l’orientation ! Tu viens d’agir comme si tu savais où tu allais… Si tu es vraiment capable de m’amener à la Cité Fleurie, moi je parie que je peux rentrer à la nage au Contient Central. »
« Ce-c’est… » bafouilla Western Wind avec les yeux écarquillés, comme s’il avait perdu tous ses mots.
« Heureusement, j’arriverai à trouver le chemin en grimpant aux arbres. » Immédiatement, je montai agilement jusqu’au sommet d’un arbre. Western Wind, cet imbécile, avait bel et bien un sens de l’orientation encore plus pourri que le mien ! Nous étions partis précisément dans la direction contraire à la Cité Fleurie !
Une fois de plus, je descendis en glissant le long du tronc et indiquai à Western Wind : « C’est par-là. »
Western Wind resta pétrifié, me dévisageant avec d’un air stupide.
Le voyant dans cet état, je souris avec irritation : « Quoi ? Tu ne veux pas venir avec moi ? Alors, pars de ton côté et va rejoindre les autres ! »
« J’irai avec toi, peu importe l’endroit où tu voudras aller », répondit Western Wind avec un sourire avant de me suivre.
Quelque chose ne va pas. Western Wind ne se comporte-t-il pas… assez différemment de d’habitude ? Je réfléchis profondément. En quoi est-il différent d’avant ? Il semble être… plus gentil ? Je secouai la tête violement. Il est inconcevable que le mot « gentil » puisse être associé avec Western Wind. Je dois être en train d’imaginer des choses !
Quand les murs de la Cité Fleurie furent en vue, je me retrouvai dans une situation délicate. Comment faire pour infiltrer la Cité Fleurie ? Si on considère le fait qu’il y avait probablement plusieurs centaines de milliers de PNJs à l’intérieur, alors je ne pensais vraiment pas que, avec seulement l’aide de Western Wind, je pourrais ignorer cette foule d’ennemis et me frayer un chemin jusqu’à The Dictator of Life.
« Si The Dictator of Life est vraiment ici, alors il se trouvera sûrement dans la Tour Centrale », analysa Western Wind avec perspicacité. « C’est là-bas que la défense sera la plus forte. »
« La Tour Centrale ! » Intérieurement, j’analysai notre situation actuelle. Comment je vais faire pour atteindre la Tour Centrale ? À moins d’être un PNJ, tout joueur qui mettra le pied dans la ville se fera massacrer… Mais, c’est ça ! Un PNJ ! Je m’empressai de demander : « Y a-t-il une façon pour nous de nous déguiser en PNJs ? »
« Hum, généralement parlant, ce n’est pas possible », répondit Western Wind avec une certaine hésitation.
« Tu veux dire que, autrement parlant, il y a un moyen ? » Vue la tournure de phrase qu’il avait utilisée, on aurait dit que Western Wind avait une idée derrière la tête.
D’une voix assez abattue, Western Wind expliqua : « Oui, y’a peu d’temps, il s’trouve que Lolidragon a développé un objet qui permet d’changer l’apparence de quelqu’un. »
« Mais, alors, qu’est-ce que t’attends ? Vite, sorts-le », lui ordonnai-je, me sentant plutôt mécontent. Si Western Wind avait utilisé cet objet plus tôt, nous n’aurions pas eu à rester plantés ici à nous creuser la tête pour trouver un moyen d’infiltrer la Cité Fleurie.
Western Wind sortit de son sac … de la pellicule étirable !
La pellicule étirable, comme son nom l’indique, est une pellicule en plastique transparente utilisée pour préserver des choses. Quand on l’achète, elle se présente souvent sous la forme d’un cylindre et, lorsqu’on l’ouvre, on peut dérouler une longue feuille de plastique transparente qui peut alors être utilisée pour envelopper de la nourriture, celle-ci pouvant par la suite être placée dans un réfrigérateur en restant préservée. Et, ainsi, on empêche les mauvaises odeurs de se répandre. De plus, on peut l’utiliser pour faire cuire à la vapeur de beaux œufs délicieux. En d’autres termes, pour une femme au foyer et ses besoins culinaires, c’est un trésor indispensable… Mais, il me semble me rappeler que je voulais un outil pour me déguiser. Pourquoi diable Western Wind me donne-t-il cette pellicule étirable ?!
Avec des flammes de colère jaillissant presque de la bouche, je tendis les mains et les resserrai toutes les deux autour de la gorge de Western Wind. Nous faisions face à une situation très sérieuse, mais ce type avait encore assez de culot pour me faire tourner en bourrique !
« Entoure ça autour de ton corps, puis prononce le nom de la personne dont tu veux prendre l’apparence ! » m’indiqua désespérément Western Wind, puisqu’il n’y avait rien d’autre qu’il pouvait faire face à ma rage.
« Oh. » Je retirai immédiatement mes mains de son cou, pris la pellicule étirable, et m’empressai de « m’emballer »… J’avais l’impression d’être une momie en train de se faire enveloppée de bandages transparents.
Je compris finalement quelle impression ressentait un poisson lorsqu’il se faisait envelopper dans du pellicule plastique. Tout mon corps, incluant mes yeux, était entouré de plastique. À part me tenir debout, il n’y avait absolument rien d’autre que je pouvais faire… même si je pouvais probablement encore sauter de haut en bas.
« Prince, prononce juste le nom de la personne dont tu veux prendre l’apparence », me rappela Western Wind.
« … Inferno. » dis-je après un instant de réflexion. Si je veux m’approcher de The Dictator of Life, il vaut sûrement mieux que je me transforme en l’un des Quatre Rois Célestes. Qui plus est, Inferno a déjà disparu tout comme Wicked, donc je n’ai pas à craindre de tomber sur lui.
Son nom avait à peine quitté ma bouche que la pellicule de plastique sur mon corps se resserra soudainement… Très bien, j’admets qu’Inferno était beaucoup plus mince que moi, mais il n’y avait vraiment pas besoin que ce soit aussi serré. De plus, j’avais si chaud, c’était comme si on était en train de me faire rôtir au-dessus d’un feu. Je ne pus m’empêcher de gémir de douleur. Mon dieu, non seulement je suis emballé étroitement dans de la pellicule plastique, mais en plus j’ai maintenant l’impression d’être coincé dans un micro-ondes.
Se pourrait-il que ce Western Wind soit un PNJ déguisé, et qu’il ait prévu de me dévorer après m’avoir fait cuire au micro-ondes ? De folles pensées traversèrent mon esprit de façon incontrôlable juste avant que je m’évanouisse à cause de la chaleur.
Aïe ! Où suis-je ? Je ne peux pas être à l’intérieur de l’estomac du faux Western Wind, non ? Je secouai ma tête vigoureusement, essayant de me débarrasser de ces étourdissements.
« Désolé, j’ai oublié de te dire que le processus de transformation n’est pas très plaisant », me dit Western Wind… Non, ce n’était pas sa voix. Je levai aussitôt la tête, uniquement pour constater que je voyais là quelqu’un qui n’aurait pas dû se trouver ici.
Celestial !
Je le fixai, le regard vide. Le Peloton d’exécution ne peut pas m’avoir retrouvé aussi rapidement… n’est-ce pas ?
Celestial sourit. « Je ne suis pas vraiment Celestial. Tu t’es transformé en Inferno, donc, bien sûr, j’avais aussi besoin de me transformer en un autre PNJ. On pourra juste dire qu’Inferno a attrapé le traître, Celestial, et qu’il le ramène pour faire son rapport à The Dictator of Life. »
« C’est une bonne idée. » Je me levai et découvris que mes mains étaient devenues des sortes d’entités étrangères rouges et semi-transparentes. J’observai le reste de mon corps qui était à demi transparent. J’avais l’impression d’être… un fantôme.
« Allons-y ! » Je rassemblai mon courage et traînai « le traître » Celestial qui avait été capturé par « Inferno ». Je me dirigeai vers les portes principales de la Cité Fleurie.
J’entrai directement dans la ville. Comme attendu, les PNJs à l’intérieur étaient aussi innombrables que les joueurs présents dans la Cité de l’Infini. De plus, ils grouillaient de partout. Si j’avais effrontément foncé de plein front, j’aurais probablement dû me résigner à rentrer au Continent Central après avoir à peine parcouru un petit mètre depuis les portes.
Mais, pour le moment, j’étais Inferno…. héhé, comme prévu, pas un seul PNJ ne me bloqua le chemin. Traînant « Celestial » derrière moi, je m’approchai d’un pas assuré de la Tour Centrale, me rapprochant toujours un peu plus de ma cible : The Dictator of Life.
« Arrêtez-vous là ! » Une voix glaciale retentit tout à coup. Plus effrayant encore, c’était le fait qu’elle m’était familière.
Prenant une profonde respiration, je me retournai pour faire face à ce nouveau venu, qui se trouvait être nul autre que Zephyr. Je demandai froidement : « Qu’est-ce que tu veux ? » Dans tous les cas, pour le moment, j’étais, comme Zephyr, l’un des Quatre Rois Célestes, donc il n’y avait besoin d’être poli avec lui. D’autre part, si je me fiais sur le peu de temps où j’avais côtoyé Inferno, j’avais l’impression qu’il n’était absolument pas une personne dotée d’un bon tempérament.
« Tu as attrapé Celestial ? » le questionna Zephyr avec une expression surprise.
« Ouais, et j’allais justement l’amener voir Dictator », répondis-je.
« Pourquoi est-ce que tu ne voles pas ? À quoi bon utiliser tes jambes ? » demanda encore Zephyr avec suspicion.
Grrr, même si cette technique de déguisement me permet de me transformer en quelqu’un d’autre, elle ne me donne pas ses capacités… mais, je ne pouvais certainement pas lui répondre ça. Je réfléchis à une réponse plausible, et trouvai une excuse un peu forcée. « Bah, je voulais prendre mon temps pour tabasser cet enfoiré de traître. Si je vole directement jusqu’à Dictator, où est le plaisir dans tout ça ? »
Zephyr s’esclaffa bruyamment. « Mais, oui, bien sûr, laisse-moi aussi lui donner une bonne leçon. » Sur ce, il frappa Western Wind, le projetant à terre.
Voyant qu’il avait l’intention de lui porter encore plusieurs coups, je m’empressai de le bloquer. « Ok, ça suffit. On ferait mieux de ne pas laisser Dictator découvrir ça. »
« Très bien. » En entendant le nom de Dictator, Zephyr n’eut d’autres choix que de s’arrêter, bien qu’il le fît avec une grande reluctance.
Je me dépêchai d’aider Western Wind à se relever et lui jetai un regard inquiet, qu’il me retourna avec un sourire rassurant.
« Zephyr, quelque chose de terrible s’est produit ! » s’écria soudainement une voix d’enfant. « Inferno est mort, et The Dictator of Life est entré dans une colère noire. »
« Quoi ? Inferno est mort ? » Une étrange expression apparut sur le visage de Zephyr. Il dévisagea Clay, puis me regarda.
Je suis tellement mort. Je m’apprêtais à courir pour m’enfuir, quand tout le ciel au-dessus de nous trembla et une voix remplie de rage et de chagrin hurla plaintivement : « Pourquoi l’ont-t-ils tué ? Inferno n’avait rien fait de mal ! Sales humains, soyez maudits jusqu’aux derniers ! »
« The Dictator of Life ! » Je regardai en direction de la Tour Centrale. The Dictator of Life se trouvait bien à la Cité Fleurie en fin de compte – Poseidon nous avait communiqué de fausses informations.
« Vite, cours jusqu’à la Tour Centrale », me rappela Western Wind.
Il avait raison. Présentement, nous étions confrontés à deux Rois Célestes. Si ce n’était pas le moment de fuir, alors je ne sais pas quand ce serait. Je me mis immédiatement à courir à pleine vitesse, mais je n’oubliai pas de lui ordonner : « Ne me suis pas, Western Wind ! Cours vers les portes de la ville, je vais les attirer à la Tour Centrale… Western Wind ? »
Sous le choc, je regardai tandis que Western Wind levait les bras pour bloquer le chemin de Zephyr et Clay. Il énonça doucement les mots que j’avais souhaité ne plus jamais, jamais avoir à entendre de nouveau : « Programme d’autodestru- »
Ne lui laissant pas le temps de finir, je le frappai avec mon pied, le plaquant à terre de telle sorte qu’il ne pourrait pas se relever. Je rugis vicieusement : « Tu me prends pour un idiot ? »
Je le piétinai, le tapai avec mes pieds et mes poings. « Tu croyais que je n’aurais pas remarqué que tu étais différent de l’habituel Western Wind ? Comment Western Wind aurait-il pu être aussi intelligent, aussi gentil et être un idiot aussi stupide que toi, qui ne penses toujours qu’à te sacrifier pour moi ? »
Je continuai de le frapper, mais ne pus retenir mes larmes alors que je hurlais : « Stupide Gui ! »
Western Wind…. Non, Gui se raidit, puis leva la tête et m’adressa un sourire en coin. « Tu m’as percé à jour ? »
« Je n’étais pas sûr au début, mais quand tu as crié pour activer le programme d’autodestruction… Comment aurais-je pu ne pas deviner ? » Je m’exclamai : « Tu m’as intentionnellement entraîné dans la direction opposée à la Cité Fleurie pour me ramener auprès des autres, n’est-ce pas ? J’ai refusé de te suivre, et pourtant tu as dit que tu étais décidé à rester avec moi. Qui d’autre à part toi aurait fait ça, Gui ? »
« Je suis désolé, Prince. Je n’avais pas l’intention de te mentir, c’est juste que, quand j’ai vu Wicked se faire exploser, j’ai su que tu ne voudrais jamais que je vienne avec toi, alors… » Gui se leva lentement et me serra gentiment dans ses bras.
Alors, tu as prétendu être Western Wind et, même alors que tu t’apprêtais à te faire exploser en milles morceaux, tu as continué de refuser de me dire que tu étais Gui… Je l’enlaçai également étroitement en retour et pleurai avec amertume : « Wicked… Wicked nous a déjà quitté ! Ne me quitte pas toi aussi, d’accord ? »
« S’il te plaît, ne pleure pas, Prince. Si tu pleures, Wicked et moi nous sentirons tous les deux très tristes », me réconforta-t-il gentiment.
« Dans ce cas, tu dois me promettre que tu n’utiliseras jamais le programme d’autodestruction DPNJ », exigeai-je en le regardant droit dans les yeux, ne voulant pas lui laisser la moindre chance d’éviter ma question.
Gui sourit, mais ne dit pas un mot.
« Gui ? » le pressai-je, un peu effrayé. Le sourire de Gui était si gentil… si gentil qu’il me faisait peur.
« Chaînes d’Amour », récita Gui d’une voix douce.
Mon cœur rata un battement et, en baissant les yeux, je vis que des chaînes à demi transparentes s’enroulaient autour de mon corps… Gui allait se faire sauter ! Paniquant, je rugis : « Gui, je t’interdis de disparaître ! Si tu disparais, je ne viendrai jamais, jamais te trouver ! »
Le dos de Gui se raidit, mais il fit calmement face à Zephyr et Clay, puis leur demanda : « Est-ce que vous pouvez nous laisser partir ? »
« Est-ce qu’Inferno est vraiment mort ? » le questionna Zephyr, retenant son mauvais caractère avec une difficulté phénoménale, tandis que l’air tout autour de lui se mettait à tournoyer avec des rafales de vent turbulentes. N’importe qui pouvait voir que Zephyr risquait de se mettre dans une rage folle au moindre signe d’acquiescement de la part de Gui.
« Oui », répondit ce dernier sereinement.
« Vous l’avez tué ! » Clay jeta un regard furieux à Gui, les yeux cernés de rouge, tandis que Zephyr me fixait d’un regard haineux.
Gui se tourna vers moi avec un sourire amer. « On dirait bien qu’il n’y aura pas de dénouement heureux, Prince. Toi et Wicked n’étiez pas suffisants pour tuer Inferno… En étant tous les deux seuls contre Zephyr et Clay, avons-nous d’autres choix ? »
« On peut s’enfuir », répondis-je en tremblant comme je me débattais. Pourquoi est-ce que ces maudits liens sont si serrés ?
« Ne lutte plus, Prince. Ces chaînes sont comme mon amour pour toi… elles ne te laisseront jamais, jamais partir. Alors que le sourire de Gui s’attendrissait encore plus, un élan de douleur traversa mon cœur.
« Non ! » Je ne pus m’empêcher de crier : « Gui ! »
« Activation du programme d’autodestruction DPNJ », s’exclama doucement Gui.
Un flash de lumière blanche aveuglante jailli et, d’une voix qui faisait penser qu’il était au bord des larmes, Gui me dit : « J’espère encore te rencontrer, Prince. »
Bang ! Le bruit assourdissant d’une violente explosion transperça l’air, suivi une fois encore de ces flocons de neige blanche d’une extrême beauté. Était-ce là le sang de Gui, sa chaire, ou son cœur ? Je ne pus retenir les larmes qui remplissaient mes yeux. Dans mon cœur, tout ce qui restait était l’image d’un démon aux cheveux noirs et aux yeux couleur améthyste, l’image d’un homme qui souriait toujours pour moi, mais gardait ses larmes pour lui.
« Gui… pourquoi t’es-tu sacrifié ? » hurlai-je. « Je suis venu seul à la Cité Fleurie, parce que je ne voulais voir aucun de vous mourir pour moi ! Mais, tu as quand même sacrifié ta vie. Pourquoi ? »
« Gui, espèce d’idiot ! Stupide Gui ! » sanglotai-je d’une voix rauque.
½ Prince Tome 7 : La vie qui s’écoule
Roman d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)
Chapter 2: The Disappearance of Wicked – traduit du chinois vers l’anglais par Lucathia[PR!]
Chapitre 2 : La disparition de Wicked – traduit de l’anglais au français par Nocta
+ travail de vérification par AkaiiRia
« Voici AnRui », le présentai-je aux troupes de la Cité de l’Infini. Après avoir admiré leur expression de stupéfaction et leur difficulté à respirer, je leur portai un autre coup fatal. « Est-ce que tout le monde est prêt ? Si oui, installez-vous, c’est l’heure de partir. »
Tout le monde en resta sans voix. Après s’être fait violence, Nan Gong Zui parvint enfin à poser une unique question, dont vraisemblablement il connaissait déjà la réponse. « Sur quoi devons-nous nous asseoir ? »
Naturellement, je désignai AnRui : « Tu sais bien, sur AnRui. »
« Où allons-nous nous asseoir ? Sur sa coquille ? » Les yeux de Neurotic s’écarquillèrent.
Gardant le silence, je m’approchai d’AnRui et tapotai sa coquille. Réagissant à mon signal, AnRui ouvrit sa coquille et me fit rouler à l’intérieur avec sa langue (ne me demandez pas si les palourdes ont vraiment des langues. Je n’en sais rien. Je ne suis jamais tombé sur des langues quand j’ai mangé des palourdes jusqu’à présent. Curieusement, AnRui en a une). Je m’allongeai alors sur la chair tendre de palourde, profitant du même confort que j’aurais ressenti en m’allongeant sur un lit Simmons. C’était dur de contenir mon envie continuelle de somnoler.
Bientôt, je sentis qu’une autre personne était avalée. Quand l’homme fut jeté sur la chair de palourde, il créa une ondulation de vagues de chair. Puis il s’allongea à côté de moi en silence.
« Il fait tellement sombre. Est-ce qu’il y a de la lumière dans le coin ? » demanda l’individu calmement, m’informant enfin qu’il s’agissait de Nan Gong Zui.
Je répondis également avec calme : « Est-ce qu’il y aurait de la lumière à l’intérieur d’une palourde ? »
Avant même que Nan Gong Zui ait pu ouvrir sa bouche pour me répondre, une douce lumière s’alluma soudainement. Sans un mot, Nan Gong Zui et moi regardâmes le plafond… Je veux dire, le centre de la coquille au-dessus de nos têtes, où une perle luisait à présent.
« Qu’est-ce que vous en pensez ? » s’enquit AnRui avec empressement.
« Parfait, merci beaucoup », répondit Nan Gong Zui avec une politesse extrême.
Ensuite, le reste de la foule fut jetée à l’intérieur les uns après les autres. Il ne fallut pas longtemps avant qu’un tas de personnes soient allongées à l’intérieur d’AnRui dans le plus grand désordre.
J’ajustai ma position allongée avant d’interroger tout le monde : « Je vais faire l’appel. Grand frère Wolf ? Belle-sœur Yu Lian ? »
« Ici. » Les voix de grand frère Wolf et belle-sœur Yu Lian me parvinrent depuis le même coin. Je tournai la tête dans cette direction et découvris que Yu Lian était dans les bras de Wolf, une expression de timidité affichée sur le visage… ah, je n’ai rien vu. Je détournai le regard.
« Doll ? » Juste après l’avoir appelée, deux claques retentirent, accompagnées par les gémissements et les pleurs de Celestial.
« Gui, Wicked ? »
« Pourquoi est-ce que tu nous regroupes ? » protestèrent-ils à l’unisson, comme s’ils étaient sur la même longueur d’onde.
« Lolidragon ? » Je criai, mais n’obtins aucune réponse. « Lolidragon ? »
J’entendis un ronflement, puis Heartless Wind répondit froidement : « Elle s’est endormie. »
Elle s’est endormie beaucoup trop vite ! *Transpire…* Je continuai à faire l’appel. « Fairsky, même si s’allonger t’offre une opportunité vraiment pratique, n’en profite pas pour dévorer Sunshine. »
« Euh, je… ne ferais jamais ça… probablement… » Pourquoi est-ce que sa voix semble teintée d’une pointe de culpabilité ?
« Kenshin ? » Je l’appelai, ne voyant aucune raison d’appeler aussi Arctic Fox, puisque celui-ci était toujours à côté de Kenshin.
« Présent. » Kenshin répondit simplement.
« Neurotic, DanDan ? »
« Ah, cette perle est si belle… »
« Avant qu’on ne descende de la palourde, est-ce que je peux prendre cette perle avec moi ? »
Bien, le couple vagabond et Winter Triumph sont tous là. Il ne nous reste plus que…
« Euuuuh, Lolidragon, laisse-moi dormir à côté de toi ! »
On dirait bien que tout le monde est là… Dans mon cœur, je murmurai, Merci, tout le monde, avant de crier très fort : « Alors, allons-y ! AnRui, on compte sur toi. »
« Hé, hé, hé, est-ce que tu m’as oublié ? » Une voix claire grogna avec amertume.
« Ming Huang… » Je l’appelai à contrecœur. Je ne pensais pas qu’il viendrait aussi avec nous.
« Propriétaire de Meatbun, je me mets en route », annonça poliment AnRui. Après ça, notre voyage vers le Continent du Nord commença… Hein ? Vous vous demandez comment une palourde peut marcher sur la terre…
En glissant ! N’ayez par l’air si soupçonneux, regardez, AnRui a déjà commencé à glisser. Dans son ensemble, le voyage nous parut relativement tranquille, sauf pour les fois où AnRui tournait occasionnellement à gauche ou se jetait vers la droite, et nous étions envoyés valdinguer à l’intérieur. Et aussi, quand AnRui freinait subitement, nous nous faisions tous écraser à l’avant, même si les expériences les plus douloureuses étaient quand AnRui sautait, et que nous volions dans les airs, nous cognant au plafond avant de nous écraser sur la chair en dessous en un floc.
« Urgh, j’ai le mal de palourde », s’écria Heartless Wind avec douleur.
Faiblement, je lui ordonnai : « Fais avec. Ça devrait s’arranger quand on atteindra l’océan. »
J’ignorais combien de temps ça avait pris, mais AnRui sauta soudainement avec un grand élan. Nous nous écrasâmes au plafond pendant quelques secondes, après quoi AnRui atterrit enfin avec force, et nous fûmes projetés contre sa chair avec la même force, ce qui fut suivi de plusieurs grognements.
Je restai allongé sur la chair de palourde et gémis de douleur pendant un moment avant de découvrir qu’AnRui ne semblait pas très stable et oscillait de gauche à droite, tel un navire flottant sur la houle. Très heureux, je m’exclamai : « Nous avons atteint l’océan ! »
En entendant mes paroles, les autres furent si contents qu’ils faillirent pleurer.
Comparée à l’enfer précédent où nous avions valdingué dans tous les sens, cette partie du voyage nous parut si confortable à cet instant que c’était presque comme si nous dormions dans le ventre de nos mères. Tout le monde s’allongea silencieusement sur la chair de palourde, appréciant le calme du moment. Après tout, quand nous aurions atteint le Continent du Nord, un combat à mort nous attendrait. Qui savait combien d’entre nous survivrait au DH ?
« Dis, pourquoi ne déciderions-nous pas d’un jour et d’un endroit où nous rencontrer dans le monde réel ? » proposai-je tout à coup. Si Prince venait à disparaître, alors je n’aurais plus besoin de cacher mon sexe. Je devrais pouvoir apparaître ouvertement devant tout le monde en tant que fille. Héhé, je me demande quel genre de tête ils feront quand ils découvriront mon sexe.
« C’est une bonne idée. Comme ça, on ne perdra pas contact », approuva belle-sœur Yu Lian avec un petit rire.
« Dans ce cas, rencontrons-nous au mariage de belle-sœur Yu Lian et grand frère Wolf ! » dis-je en souriant d’un air rusé.
« Qu’est-ce que tu racontes, Prince ? » me réprimanda faiblement Yu Lian.
Je ne pus m’empêcher de rire. Obtenir « la faible réprimande » de belle-sœur Yu Lian n’était pas chose aisée.
« Quel endroit devrions-nous choisir ? » questionna Nan Gong Zui avec excitation.
Je lui lançai un regard étrange avant de hausser les épaules et de répondre : « L’endroit n’est pas important. Ce n’est pas grave si nous sommes dans des pays différents. C’est si facile d’aller d’un endroit à l’autre de nos jours. Si nous utilisons une machine de transmission, on arrivera à destination en un rien de temps. » (Note : La machine de transmission fonctionne un peu comme le fax de notre époque, mais ce qui est transmis n’est pas du papier, mais plutôt des gens en trois dimensions ou des objets. Les frais de transmission sont conséquents.)
Je ris avant de répondre : « Quant aux frais de la machine de transmission, naturellement nous pouvons compter sur Lolidragon, la fille du grand président, pour s’acquitter de ce fardeau. »
Lolidragon grommela « hmphed » deux fois avant de m’envoyer un message privé : « Très bien, je vais payer pour tout le monde. J’ai déjà hâte de voir comment les autres réagiront quand ils découvriront ta vraie identité. Héhéhé, ils vont peut-être te tabasser jusqu’à ce que tu sois tout gonflé comme un cochon, en particulier Nan Gong Zui, Kong Kong et tous les autres qui t’admirent. Tu sais que les conséquences pour avoir brisé leurs fantasmes seront lourdes, n’est-ce pas ? »
Euh, Nan Gong Zui ne frapperait pas une femme, quand même ? J’espère que non…
« Je me demande à quoi ressemble Prince… Probablement pas à l’apparence qu’il a maintenant », la voix grave de grand frère Wolf résonna.
« Il y a probablement une énorme inconsistance. Autrement, comment se pourrait-il que personne ne soit parvenu à localiser le porte-parole de Second Life ? » murmura Winter Triumph, plongé dans ses pensées, m’effrayant au point que mon cœur bondit brusquement.
« Héhéhé, même si nos apparences dans Second Life sont basées sur le vrai physique des gens, on peut quand même en altérer une grande partie, comme ton poids. Peut-être que le vrai Prince est aussi gros qu’un cochon. » Le ton innocent que Lolidragon prit m’énerva tellement que j’en grinçai des dents.
« Qui est aussi gros qu’un cochon ? » m’exclamai-je en grinçant des dents.
« Quoi ? Je n’ai pas raison ? » Lolidragon exagéra encore plus son expression et prit même un ton « innocent » (innocent mon cul) pour demander en retour : « Autrement, à quoi est-ce que tu ressembles ? »
« Votre Altesse, peu importe à quoi vous ressemblez, Gui ne s’en préoccupera pas », s’empressa d’affirmer ce dernier.
Je n’eus même pas le temps d’envoyer un message privé à Lolidragon pour la menacer, lorsque quelque chose d’inattendu se produisit. AnRui, qui jusqu’alors naviguait sans-à-coups, se mit soudainement à trembler dans tous les sens avec vigueur. Je m’écriai vivement : « AnRui, est-ce qu’il se passe quelque chose ? »
« Il y a un obstacle », répondit AnRui, tendu.
Les cris angoissés de Heartless Wind reprirent à nouveau. « Ah, d’abord c’est le mal de terre, et maintenant le mal de mer. »
Lolidragon le réprimanda avec colère : « Mais, quel type inutile. »
« AnRui, est-ce qu’il y a un moyen de passer ? » Je me mis debout avec grande difficulté.
« Oui, mais ça risque de ne pas être très confortable. S’il vous plaît, faîtes attention tout le monde. Je vais devoir utiliser ma technique de Collision pour surmonter cet obstacle. »
AnRui s’excusa poliment, puis se dressa soudainement à la verticale. Je n’eus pas le temps de crier avant de dégringoler en roulant jusqu’au fond. J’ignorais qui était le type malchanceux que j’avais fermement écrasé, mais l’instant suivant je devins moi-même un coussin malchanceux pour la personne qui tomba sur moi et m’écrabouilla complètement. Cette personne m’aplatit tellement que mon sang remonta et que je faillis en vomir une giclée.
« Prince, puis-je te demander quel genre de technique c’est au juste, la technique de Collision ? » En dessous de moi, Nan Gong Zui me questionna d’une voix faible.
« Tournoyer… » Mon visage pali. Ne me dîtes pas que… ?
« On va tous mourir ! » hurla Heartless Wind avec désespoir.
Quelques nuages fugaces flottaient dans le ciel d’azur, tandis que des vagues s’élevaient d’un océan d’un bleu profond et venaient lécher une plage de sable blanc pur sur laquelle gisait… une palourde suffisamment grande pour faire mourir de peur n’importe qui !
Sans un bruit, les deux larges parties de la coquille de la palourde s’ouvrirent, et une main (qui tremblait légèrement) surgit de l’intérieur du coquillage. Puis, un humain mouillé et aux cheveux en bataille collés à son visage – ressemblant ainsi à Sadako1 surgissant d’un écran de télévision – s’extirpa de là en rampant, suivi par un groupe de personnes se tortillant hors de la coquille, tombant en silence sur la plage, raides morts.
« Si un jour, quelqu’un me redit de grimper dans une palourde, je jure d’exterminer toute sa famille sur dix-huit générations2. » Heartless Wind, le premier à être sorti, grinça des dents et proféra sa malédiction d’un ton démoralisé, oubliant complètement que la première personne à lui avoir ordonné de monter dans une palourde se trouvait être, par pure coïncidence, de la même famille que lui.
« Merci, AnRui. » Comme mes pieds tremblaient, je ne pouvais me tenir debout qu’en m’accrochant à moitié à sa coquille pour le remercier. Même si le voyage n’avait pas été des plus plaisant, au moins nous étions arrivés sains et saufs au Continent du Nord.
« Je t’en prie, propriétaire de Meatbun. » AnRui hocha la tête puis recracha Meatbun.
Meatbun poussa une grande exclamation joyeuse « oh, oh ! » tout en effectuant plusieurs soubresauts dans les airs avant d’atterrir sur ma tête. Incapable de contenir son excitation, il dit à AnRui : « AnRuiRui~ c’est tellement drôle de roul-rouler. Nous devrions y jou-jouer encore la prochaine fois. »
AnRui rigola : « Ok, la prochaine fois, je jouerai encore avec Meatbun. » Après avoir dit ça, AnRui se tourna vers moi et s’inclina même. « Maintenant, tout dépend de toi, propriétaire de Meatbun. »
Je n’avais pas vraiment tout compris, mais j’acquiesçai d’un signe de tête et le regardai retourner dans l’eau, où il disparut de notre vue après un splash.
Tournant la tête, je fis face à la foule. « Très bien. Où allons-nous à présent ? »
« La Cité Fleurie. » Gui sortit une carte et indiqua : « Nous nous trouvons approximativement au sud de la Cité Fleurie. Tant qu’on continuera à se diriger vers le nord, nous devrions pouvoir l’atteindre d’ici deux jours. Bien sûr, c’est dans l’hypothèse où personne ne nous bloquera le chemin. »
« Ah, dans ce cas nous n’atteindrons probablement pas la ville d’ici deux jours. » Heartless Wind regardait quelque chose derrière moi, les yeux écarquillés.
Je tournai la tête et faillis pousser un cri lorsque je vis ce qui était pratiquement une montagne et une mer de PNJs. Nous étions déjà encerclés par toutes sortes de PNJs. La seule fuite possible était par la mer derrière nous… Non, c’était trop tard, j’entendais déjà un bruit incongru derrière moi alors que les vagues s’agitaient. Il semblerait que nous soyons complètement encerclés.
À ce moment-là, tout le groupe avait repris ses esprits et s’était rassemblé, armes dégainées en main. Je tirai mon Dao Noir. Après m’être avancé pour prendre la tête du groupe, j’activai le canal de discussion pour notre Peloton d’Exécution. « Tout le monde en rang. Nous allons nous frayer un passage à travers la masse. Undying Man, Kenshin, Arctic Fox, Neurotic, Nan Gong Zui, Winter Triumph, mettez-vous en première ligne et ouvrez-nous la voie. Belle-sœur Yu Lian et Ming Huang, s’il vous plaît mettez-vous aussi devant pour les aider avec vos sorts. Tous les autres, restez au milieu. Heartless Wind, Wicked, vous venez avec moi à l’arrière. »
« Compris », répondirent-ils tous en cœur.
Ils adoptèrent lentement la formation que je leur avais indiquée, et les PNJs avaient l’air d’être prêts à passer à l’action. Je criai immédiatement dans le canal de l’équipe : « Faisons une percée vers le nord ! »
Immédiatement, belle-sœur Yu Lian se mit à réciter une incantation, et Ming Huang était si excité qu’il avait déjà lancé plusieurs frappes de foudre. Il se mit même à rire à gorge déployée : « Hahaha, il y a tellement de monstres. Ça fait longtemps depuis la dernière fois que j’ai pu prendre le plaisir d’électrocuter des choses. »
Dès que les mages ouvrirent la voie vers le nord, les guerriers en première ligne commencèrent à se battre pour se frayer un chemin hors du siège, et je me concentrai sur l’élimination des PNJs qui nous avaient rattrapés à l’arrière du groupe. Après un déluge d’attaques, je découvris lentement que, par chance, même si ces PNJs étaient nombreux, ils n’étaient pas si forts que ça.
Alors que nous faisions de notre mieux pour attaquer et tuer les PNJs, belle-sœur Yu Lian et Ming Huang s’écrièrent au même moment : « Les Neuf Courroux du Ciel » et « Pluie de Météorites ».
J’assistai de nouveau au spectacle de météorites et de la foudre s’abattant côte à côte devant moi. Je repensai à la première fois où j’avais vu quelque chose d’aussi impressionnant, lors de la bataille finale du Tournois des Aventuriers. Après les frappes chaotiques de météorites et de foudre, un espace de plus de dix mètres de diamètre se libéra devant nous.
« Courrez, vite ! » m’écriai-je à pleins poumons.
Dès que j’eus parlé, toute l’équipe se mit à courir désespérément. Dans notre élan, nous piétinâmes même des PNJs qui se relevaient. Ming Huang faillit perdre ses chaussures.
« Vite, dépêchez-vous ! Les guerriers qui ont une bonne agilité, portez les mages et courrez. » À l’arrière, Wicked et moi pressions tout le monde. Je regardai derrière moi et m’aperçus que d’innombrables PNJs étaient déjà à nos trousses. Mon cœur palpita. Même si elles n’étaient pas très fortes, avec leur nombre, même des fourmis pouvaient dévorer un éléphant.
« Ça ne va pas, Prince. » Lolidragon avait l’air de grincer des dents lorsqu’elle parla : « On devrait se séparer. Prends les plus forts d’entre nous – Kenshin, Sunshine et Celestial – et fonce jusqu’à la Cité Fleurie. Laisse-nous détourner l’attention des PNJs. »
« Non. » Je refusai carrément. C’est quoi cette blague ? Tu veux que je reste à l’écart et que je regarde les autres se faire détruire par des PNJs sans rien faire ? Je préférerais regarder tout Second Life se faire détruire plutôt que ça.
Pleine d’anxiété, Lolidragon hurla : « Mais, pourquoi es-tu si borné ? »
J’étais sur le point d’ouvrir la bouche pour répliquer quand je découvris qu’une ombre planait au-dessus de ma tête. Je levai les yeux, confus, mais à ce moment un phénix m’avait déjà attrapé et soulevé du sol.
« Prince ! » Stupéfait, Wicked se jeta sur moi et s’accrocha fermement à mes jambes.
Je levai vivement mon Dao Noir avec l’intention de couper les serres du phénix qui tenait mes épaules en étaux, mais le phénix semblait savoir ce que je m’apprêtais à faire, et il utilisa même ses ailes pour envoyer mon Dao Noir voler au loin. Au moment où mon Dao Noir tomba à terre, le phénix s’élança dans les airs. En un clin d’œil, j’étais déjà haut dans le ciel, et je m’éloignais toujours plus de mes compagnons.
« Prince ! » J’entendais encore Lolidragon hurler mon nom, et je pouvais apercevoir les expressions de stupeur sur le visage de tout le monde.
Qu’est-ce que je fais maintenant ? J’étais complétement pris au dépourvu. Même si j’arrivais à tuer ce phénix, j’étais condamné à devenir de la chair à pâté lorsque je tomberais.
« Tapis volant, vite, rattrape-le. » Une voix me tira de mes pensées. Je tournai la tête et vis que Sunshine était en chemin sur son tapis volant.
« Sunshine ! » l’appelai-je avec émotion, tout en me débattant de toutes mes forces. Maintenant, je n’avais plus besoin de redouter une chute certaine, car Sunshine ne me laisserait jamais m’écrabouiller au sol.
« Prince, tiens bon. Je viens à ton secours. » Juste à l’instant où Sunshine criait cela, une ombre apparut devant lui, le forçant à freiner abruptement. L’ombre appartenait à… Celestial ! Tandis que Sunshine restait bloqué, le phénix m’emporta de plus en plus loin et continua de voler jusqu’à ce que je ne puisse plus les voir.
« Pourquoi ? » Tout à coup, une douleur sourde étreignit mon cœur. Est-ce que Celestial est vraiment… un espion ? Il a empêché Sunshine de venir à mon secours…
« Noooon. Je suis à présent complétement seul et coincé dans les airs. Que dois-je faire ? » Je clignai des yeux, essayant de retenir mes larmes, mais une fois encore, puisque j’étais seul, il était fort probable que je m’écrase au sol sous peu. Même si je pleurais, personne ne le saurait.
« Xiao Lan, aide-moi à monter ! » s’écria Wicked avec difficulté.
Je baissai le regard vers mes pieds. Wicked… Grand frère Zhuo était en train de glisser lentement le long de mes jambes. Je m’empressai de le saisir et de le remonter à mes côtés. Après coup, nous n’osâmes plus bouger. En fait, nous agrippâmes les jambes du phénix de toutes nos forces. Qui sait à quelle hauteur nous nous trouvions actuellement ? Je savais juste que nous étions entourés de nuages blancs. Si nous venions à tomber, il était fort probable que personne ne serait capable de retrouver nos cendres.
« Qui aurait cru que nous commettrions un tel impair juste après avoir atteint la rive ? » dit grand frère Zhuo avec un faible sourire.
« Ouais », répondis-je, dépité. Je m’étais vraiment montré trop arrogant en croyant que je pourrais péniblement me frayer un chemin jusqu’à The Dictator of Life, puis, comme un héros, l’affronter bravement dans un duel à mort et périr avec lui – moi le héros et lui le boss final… à présent, je ne pouvais que mourir avec un oiseau. La réalité était vraiment trop cruelle !
Plein d’indignation, j’accusai : « Celestial a vraiment dépassé les bornes ! Il a bloqué Sunshine et l’a empêché de me sauver. »
Cependant, grand frère Zhuo déclara pensivement : « Celestial… peut-être qu’il ne nous a pas tout dit. Il se peut qu’il ne soit pas aussi bête qu’il en ait l’air. »
« Il nous a trahis ! » Je serrai les poings et rugis.
« Ce n’est pas nécessairement vrai. » Grand frère Zhuo sortit un compas et me le montra. « Regarde. Nous nous dirigeons vers le nord. »
Le nord ? En direction de la Cité Fleurie ? Cet oiseau n’est pas en train de nous emmener voir The Dictator of Life, quand même ? À cette pensée, j’ouvris immédiatement la bouche pour demander : « Hé, l’oiseau, est-ce que tu nous emmènes voir The Dictator of Life ? » Fire Phoenix était capable de parler, donc il n’y avait pas de raison pour que le phénix envoyé par le dieu de Second Life en soit incapable, n’est-ce pas ?
« Je ne suis pas un oiseau. » Comme je le pensais, le phénix se mit à parler, crachant ses mots d’un ton crispé.
Après avoir poussé un cri d’exclamation, je lui demandai à nouveau : « Dans ce cas, Phénix, est-ce que tu nous emmènes voir The Dictator of Life ? »
« Hmph, qui a dit que j’étais un phénix ? » répondit le phénix sur un ton effronté.
Après avoir entend un tel ton, je ne pus m’empêcher de me moquer de lui froidement : « Tu n’es pas un phénix ? Alors, quoi, tu es une dinde ?3 » Ah merde, j’ai presque failli oublier que ma vie était entre les serres de ce phénix. Il ne va pas se mettre en colère, j’espère ?
« Qu’est-ce que c’est une dinde ? » demanda alors le phénix d’un ton soupçonneux.
« Eh bien… c’est une créature très majestueuse », répondis-je d’une voix calme. Après tout, c’est admirable de la part des dindes de se laisser attraper pour être mangées par les gens.
« Je vois. Est-ce que je ressemble vraiment à cette créature majestueuse ? » Le phénix chantonna fièrement et joyeusement.
« Oui, beaucoup », acquiesçai-je avec une voix pleine de flatterie. Même grand frère Zhuo fut obligé d’étouffer ses rires.
« Mais, je ne suis pas non plus une dinde. » Peut-être que c’était parce que je l’avais complimenté et lui avais dit qu’il ressemblait à une créature majestueuse, mais le ton du phénix était à présent nettement plus aimable, même si son attitude hautaine n’avait pas changé. Plein d’arrogance, il annonça : « Je suis Inferno, l’un des Quatre Rois Célestes qui servent The Dictator of Life. »
Quoi ? Cette dinde est Inferno, l’un des Quatre Rois Célestes ? C’est vraiment… il n’avait pas du tout l’air d’être l’un d’entre eux. Je fronçai les sourcils. Peu importe sous quel angle je le regardais, il ressemblait à une dinde – ah non, je veux dire à un phénix – tout ce qu’il y avait de plus banal.
Inferno, qui volait à vive allure, freina soudain et demanda avec soupçon : « Hein ? Poseidon, que viens-tu faire ici ? »
En entendant le nom « Poseidon », je contemplai également la figure qui nous bloquait le chemin avec curiosité. Poseidon était à présent le seul Roi Céleste que je n’avais pas encore vu.
Après un regard, je ne pus m’empêcher de m’exclamer : « Est-ce que The Dictator of Life est trop faignant, ou est-ce que c’est l’auteure ? » Pourquoi ? Pourquoi est-ce que Poseidon… ressemblait exactement à Zephyr, la seule différence étant que ce dernier renvoyait l’image d’un tourbillon de vent virevoltant, tandis que Poseidon renvoyait celle d’un courant limpide ?
« Hé, hé, Inferno, tu devrais me les remettre. » suggéra gentiment Poseidon. « Je vais les emmener à The Dictator of Life. »
« Pourquoi ? Dictator m’a clairement ordonné de les lui apporter. » Inferno ne semblait pas du tout content de cette histoire.
« Dictator a changé d’avis ; il craignait qu’ils te mettent en colère et que tu oublies ta mission, que tu finisses par les tuer directement. » Poseidon n’était pas énervé et raconta simplement cela avec indifférence.
« Hmph, je ne ferais jamais ça. » Plein de ressentiment, Inferno déclara : « Je vais définitivement compléter la mission que Dictator m’a assigné. »
« Oublie ça. Donne-les-moi », répliqua Poseidon d’une voix douce, bien que son ton soit devenu légèrement plus ferme.
« Non, je vais les remettre à Dictator en personne. Je vais compléter ma mission. » Entêté, Inferno nous agrippa fermement, et en tant que spectateurs, grand frère Zhuo et moi-même continuâmes de regarder ces deux PNJs se disputer, puisque peu importe qui gagnerait, en fin de compte on nous emmènerait voir The Dictator of Life.
En entendant ça, le visage de Poseidon s’assombrit également, et il insista en feignant un ton léger : « Inferno, donne-les-moi. »
« Je ne le ferai pas. » Furieux, Inferno s’écria : « Dictator voulait clairement que ce soit moi qui les amène, pas toi. »
Ouah, c’est ça ce qu’on appelle une guerre civile ? Hum, d’après mes connaissances engrangées lors de mes nombreuses années de lecture de nouvelles, nous devrions les provoquer pour les faire se quereller encore plus. Ce qui serait même mieux, ce serait de les faire se battre, alors grand frère Zhuo et moi pourrions tirer avantage de la situation et nous enfuir.
« Oh la la, Wicked, avec qui penses-tu que nous devrions partir ? » J’interrogeai Wicked avec une expression complètement innocente, mais mes yeux voletaient vers Inferno et Poseidon.
Après m’avoir vu furieusement cligner des yeux plus de dix fois par seconde, grand frère Zhuo sembla atteindre une sorte d’épiphanie. Avec hésitation, il essaya de demander : « Ne devrions-nous pas partir avec celui qui est le plus fort ? »
« Hmph ! » Inferno émit un grognement appuyé. Même si Poseidon n’avait pas réagi, au moins nous étions parvenus à provoquer la colère d’Inferno.
Une fois encore, je demandai « innocemment » au phénix : « Hé, Inferno ! Entre toi et Poseidon, qui de vous deux est le plus fort ? »
« C’est moi bien sûr ! » Les flammes autour de son corps se mirent à brûler vigoureusement, et sa forme commença aussi à changer grandement… il passa de la forme d’une dinde banale à quelque chose qui n’était en rien différent de l’apparence de Poseidon et de Zephyr. La seule dissimilitude était sa couleur rouge.
Que l’auteure soit maudite pour être si faignante… Alors que grand frère Zhuo et moi tombions, nous ne pûmes nous empêcher de nous plaindre de notre situation… En effet, lorsque la dinde se transforma en figure humaine semi transparente, les serres d’oiseau qui nous tenaient disparurent immédiatement, ce qui signifiait que nous nous miment immédiatement à chuter. Pourquoi est-ce que mon plan pour provoquer une guerre civile… s’était retourné contre nous ?
« Oh non. » Inferno s’empressa de foncer sur nous, mais fut bloqué par Poseidon, ce qui le força à observer notre chute libre se produire juste sous ses yeux.
Euh…. Très bien, j’acceptais le fait de ne même pas avoir la chance d’apercevoir le visage du boss final, alors que j’étais le héros parti vaincre le super vilain. J’acceptais également d’avoir été capturé par les Quatre Rois Célestes. Mais, ne me dîtes pas que j’allais en fait mourir d’une chute à la suite d’une erreur de jugement momentanée de mon ennemi ? Je me demande, est-ce que beaucoup de personnes s’esclafferont à s’en rouler par terre lorsqu’elles entendront cette histoire ?
« Je suis désolé de t’avoir entraîné là-dedans, grand frère Zhuo. » Je le regardai avec une expression d’excuse. C’était complètement à cause de mon plan débile que nous allions nous retrouver de retour au Continent Central, devant rendre des comptes à tout le monde.
« Ce n’est pas grave. » Grand frère Zhuo se contenta de sourire gentiment.
« Je… » Après être seulement parvenu à dire « Je », je découvris que nous ne tombions plus, et qu’une étrange sensation venait d’en-dessous, comme si nous étions en train de flotter sur l’eau. Quand je penchai la tête pour voir ce qu’il se passait, je me rendis compte que nous nous tenions sur un bloc de glace ayant la consistance de la gelée. De l’eau ? Est-ce l’œuvre de Poseidon ?
« Dépêchez-vous. The Dictator of Life n’est pas à la Cité Fleurie. Vous devriez vous diriger vers l’est de la ville, en direction du Mont HuaLian. » La voix de Poseidon retentit près de mon oreille. Surpris, je tournai la tête vers grand frère Zhuo, qui avait l’air d’avoir entendu la même chose, mais il garda le silence.
Après avoir touché sol, j’aperçu un visiteur indésirable au loin. Zephyr se dirigeait actuellement vers nous à toute allure… Grand frère Zhuo et moi à nous seuls n’étions probablement pas de taille contre lui. Nous ne pouvions qu’avoir recourt au seul des Trente Six Stratagèmes4 que je connaissais : courir pour sauver notre peau !
Poseidon, qui avait retenu Inferno, alla à ses devants et lui bloqua également la voie. Même si je ne savais pas pourquoi il nous aidait autant, il n’y avait aucune chance que je laisse passer cette chance de nous enfuir. Vivement, je tirai grand frère Zhuo et me mis à courir à toute allure vers la forêt, faisant de mon mieux pour me diriger vers les parties les plus touffues pour empêcher les Quatre Rois Célestes de nous rattraper.
« Pourquoi Poseidon nous aide-t-il ? » s’enquit grand frère Zhuo avec suspicion, tandis que nous courrions.
« Je ne sais pas non plus », répliquai-je, mon esprit également rempli de questions. Tout devenait de plus en plus confus.
« Où devrions-nous aller maintenant ? » Grand frère Zhuo… D’accord, pour faire plus simple, je vais l’appeler Wicked… Wicked me demanda : « Tu veux aller à la Cité Fleurie ou au Mont HuaLian ? »
J’y réfléchis en silence. Poseidon nous a sauvé, c’est vrai, donc ce n’est peut-être pas une mauvaise idée de l’écouter, non ? Après avoir longuement considéré la situation, je répondis d’un ton résolu : « Rendons-nous au Mont HuaLian. »
Wicked garda le silence pendant un moment, puis dit lentement : « Je pense que nous ne devrions pas trop faire confiance à Poseidon. Je ne sais pas pourquoi, mais ses actions me paraissent un peu louches. »
« Mais, il nous a bien sauvés », réfutai-je. « S’il nous voulait du mal, il aurait simplement pu nous laisser nous écraser et mourir, ou il aurait pu laisser Inferno nous amener jusqu’à The Dictator of Life pour que ce dernier nous achève. Ç’aurait été beaucoup plus facile de faire ça, tu ne crois pas ? »
Après avoir écouté mes arguments, Wicked n’ajouta rien d’autre. Après que Wicked eut révélé ses doutes, nous nous arrêtâmes dans des fourrés pour examiner notre carte… Ok, j’admets que c’était Wicked qui examinait la carte. Je mis ce temps à profit pour sortir un peu de nourriture de mon sac…
« Prince, est-ce que vous allez bien tous les deux ? » questionna Gui avec inquiétude.
« Hein ? » Ma bouche était pleine de nourriture. Je regardai de parts et autre. C’est étrange, Gui n’est pas là… Est-ce que j’entends des voix ?
« Prince, Prince ? » Gui était si anxieux que sa voix était entrechoquée de pleurs. Finalement, il s’écria avec impuissance : « Oh non, Prince n’a pas répondu. Est-ce qu’il est retourné au Continent Central et qu’il est revenu à la vie là-bas, ou pire encore, est-ce que Prince aurait été… par le DH… » Après avoir dit cela, Gui fut incapable de finir sa phrase ,et je n’entendis plus que le son de ses sanglots.
Lolidragon soupira. « Dans de telles circonstances, même Prince n’a probablement eu aucun moyen de survivre. C’est juste que, avec sa disparition, Second Life n’a plus aucun espoir. »
« Alors, qu’allons-nous bien pouvoir faire… »
En entendant les lamentations de nos camarades, Wicked me jeta un drôle de regard et m’interrogea : « Tu ne prévois pas de leur répondre ? »
Je mâchai la nourriture dans ma bouche. Après avoir avalé, j’ouvris le canal de communication de l’équipe et dis avec énergie : « Salut, tout le monde ! »
« … »
« Salut, mon cul ! » s’indigna Lolidragon avec exaspération et frustration. « Si tu es vivant, pourquoi n’as-tu pas répondu plus tôt ? »
« On ne doit pas parler la bouche pleine. C’est une règle basique de courtoisie ! » répondis-je avec conviction.
« Tu… » Après que sa rage se fut dissipée, Lolidragon s’enquit faiblement : « Où êtes-vous ? »
« Entre des arbres », répondis-je honnêtement.
Lolidragon savait probablement qu’elle n’obtiendrait pas de réponses de ma part, aussi elle demanda directement : « Wicked, où êtes-vous ? »
« Nous sommes au sud-est de la Cité Fleurie. » Wicked scruta la carte avec attention et ajouta : « Nous essayons de localiser la direction du Mont HuaLian. »
« Le Mont HuaLian ? » répéta-t-elle, confuse, comme j’observais Wicked s’affairer avec un compas, une boussole et d’autre outils pour confirmer notre position. Puisqu’il était si occupé, c’était à moi qu’incombait la charge de raconter tout ce qu’il s’était passé jusqu’à maintenant à Lolidragon.
Après avoir entendu toute l’histoire, Lolidragon me questionna avec doutes : « Tu es sûr qu’on peut faire confiance à Poseidon ? Et si c’était un piège ? »
Je me grattai la tête. « Et si ce n’en était pas un ? »
Pendant un long moment, Lolidragon ne dit rien, puis elle finit par décider : « Divisons-nous en deux groupes. Toi et Wicked, vous irez à la Cité Fleurie. Nous on va vérifier le Mont HuaLian. »
« Est-ce que le Mont HuaLian est plus dangereux ? » Je n’eus pas besoin d’y réfléchir longtemps pour comprendre que Lolidragon devait sentir que ce lieu était plus dangereux, ce qui était la raison pour laquelle elle m’avait demandé d’aller à la Cité Fleurie.
« Je veux absolument que tu ailles à la Cité Fleurie », affirma-t-elle d’un ton intraitable. « Arrête d’être aussi entêté, Prince. Et Wicked, emmène cet idiot à la Cité Fleurie même si tu dois le traîner là-bas, mort ou vif. »
Wicked me lança un regard, puis ses yeux se posèrent sur la carte, non plus à l’emplacement du Mont HuaLian mais de la Cité Fleurie. Je lui adressai aussitôt une expression suppliante, espérant qu’il reporterait son regard sur le Mont HuaLian, mais Wicked était Wicked après tout, et il se contenta de rétorquer : « Le seul endroit où je t’emmènerai c’est la Cité Fleurie. »
Comme je l’avais craint, il ne me laissa aucune chance d’en discuter. Même si je voulais me faufiler au Mont HuaLian, étant un tel empoté pour tout ce qui était relatif au sens de l’orientation, je pense que la probabilité que je l’atteigne avec succès était aussi faible que la probabilité que je puisse m’approcher de The Dictator of Life et le massacrer d’un seul coup de mon dao.
En parlant de mon dao… Je me rappelai subitement mon Dao Noir ! Par réflexe, je tendis la main vers ma taille. Il ne restait que le fourreau ; mon Dao Noir ne s’y trouvait plus depuis un bon moment. J’avais failli oublier que je l’avais déjà perdu au moment où je m’étais fait emporter par Inferno.
« Génial, je n’ai même pas d’arme. Est-ce que je suis censé utiliser mes dents pour mordre The Dictator of Life jusqu’à ce que mort s’ensuive ? » J’étais un peu découragé. Perdre mon Dao Noir qui avait combattu à mes côtés depuis le début faisait que mes chances de tuer Dictator étaient encore plus faibles que mes chances de gagner à la loterie.
« Allons-y. J’ai plus ou moins compris comment atteindre la Cité Fleurie. » Wicked se leva et n’ajouta rien d’autre avant de se mettre en route.
« Oh. » On dirait que, à part suivre Wicked bien sagement, je n’avais pas d’autres options.
« Wicked, j’ai perdu mon dao. Qu’est-ce que je vais faire si nous tombons sur des ennemis ? » lui demandai-je avec inquiétude, alors que nous marchions. Même si mes jambes étaient relativement fortes, je ne voulais pas m’en servir pour affronter des PNJs maniant des armes.
« Je te protègerai », dit Wicked sans même tourner la tête comme il avançait devant moi, ouvrant la voie.
Euh, en tant que fille, entendre un bel homme dire : « Je te protègerai » … La réaction normale d’une jolie fille serait sûrement de répondre d’un ton sensible et embarrassé : « Je crois en toi. » Mais, je savais pertinemment que nous étions entourés d’ennemis, isolés et sans aucun secours. Avec seulement Wicked comme force de combat, nos chances d’atteindre la Cité Fleurie indemnes ne pouvaient que se résumer en ces quelques mots : absolument nulles !
C’est pourquoi je voulais quand même une arme ! Je fouillai mon sac de fond en comble. Hahaha, c’était génial, à part cette dague courte (Est-ce que tout le monde s’en souvient encore ? C’est celle qui fait moins de quinze centimètres de long au total), je n’avais pas la moindre arme. On ne pouvait pas me le reprocher. C’est le destin qui a voulu que mon Dao Noir soit une arme de type croissance, donc que je n’aie jamais eu à changer mon arme lorsque je montais de niveaux. Puisque normalement, j’affrontais tous les défis avec une seule arme, je n’avais pas de raison d’avoir une arme supplémentaire dans mon sac.
À cet instant, Wicked se retourna, me donna une épée sans un mot, puis d’un ton quelque peu embarrassé, il se reprit : « Désolé, oublie ce que je viens de dire. »
« Ahhh. » Wicked se retourna, mais soupira en silence.
« Wicked. » Je le regardai avec une expression perdue.
« Ne t’inquiète pas. Le fait que je soupire n’a rien à voir avec toi. » Wicked fronça les sourcils.
« Euh… »
« Non, vraiment, ça n’a rien à voir. » Wicked soupira de nouveau, puis il se retourna et se remit à ouvrir la voie. Il avait l’air de ne rien vouloir dire à ce sujet.
Je… je veux juste lui demander comment on utilise cette épée… Je n’ai encore jamais manié d’épée ! Même cette lame avait l’air d’être de particulièrement bonne facture, pour une personne qui n’avait jamais manié d’épée auparavant, c’était un peu du gâchis… Maintenant que j’y pense, pourquoi est-ce que cette épée m’a l’air si familière ?
« Wicked, ce ne serait pas l’épée que tu utilises en ce moment ? » Pas étonnant qu’elle me semble si familière. C’était l’épée qu’il portait toujours sur lui !
« Est-ce un problème ? » Wicked se retourna pour dire : « Même si elle ne tient pas la comparaison face à ton Dao Noir, c’est la meilleure épée que je possède. »
Je posai les yeux sur l’épée qu’il avait en main et m’aperçus qu’elle était clairement largement inférieure à celle que je tenais. Je n’eus d’autres choix que d’avouer : « Je voulais juste une épée. Je n’ai pas dit que je voulais ta meilleure lame. Qui plus est, si c’est moi qui l’aie, comment comptes-tu te défendre ? »
Wicked leva l’épée dans sa main. « J’ai celle-ci. »
« Mais… » Je voulais toujours le convaincre de me donner celle dans ses mains, mais Wicked s’était déjà retourné et ne jeta même pas un regard en arrière lorsqu’il reprit la route.
« Je ne te donnerai jamais rien qui soit de piètre qualité ! » déclara brusquement Wicked après un moment.
Tout à coup, j’eus l’impression que quelque chose brûlait sur mon visage. C’était… vraiment étrange.
« Trouvé ! » Une soudaine rafale de vent nous attaqua, et après ces mots, une étrange créature apparut. C’était une licorne, une licorne avec une crinière de feu.
« Vous m’avez fait gaspiller tellement d’efforts. » Sous mon regard stupéfait, la licorne devint d’un seul coup une silhouette humaine rouge à demi transparente. « Dépêchez-vous et venez avec moi voir Dictator. Autrement, Poseidon va encore nous rattraper. »
J’étais sur le point de lui répondre, quand Wicked couvrit immédiatement ma bouche de sa main. « N’y pense même pas. »
Même si j’étais un peu perplexe, je me tus sagement et laissai Wicked parler. « Est-ce que tu vas vraiment nous amener à Dictator ? Tu n’as pas peur que nous l’assassinions ? »
Inferno réagit comme s’il venait d’entendre une bonne blague : « Assassiner Dictator ? Hahahaha, vous allez me faire mourir de rire. Même à deux, vous n’êtes pas capables de toucher à un seul de mes cheveux, et malgré ça vous voulez tuer Dictator ? Même s’il se tenait devant vous sans bouger, vous ne seriez pas capable de le tuer. »
« Xiao Lan. » Wicked m’envoya subitement un message privé. « Écoute-moi. Plus tard, quand je commencerai à affronter Inferno, enfuis-toi immédiatement. Rends-toi au Mont HuaLian retrouver les autres. »
« Je refuse ! » Je ne lui laissai aucune chance d’argumenter. Je n’abandonnerai jamais Wicked pour m’enfuir seul de mon côté.
Le visage de Wicked s’assombrit, et il prit un ton strict pour me réprimander : « Arrête de faire l’idiote, Xiao Lan. Si je meurs, le pire qu’il puisse se produire est que je sois réexpédié sur le Continent Central pour attendre le retour de tout le monde. Mais, si toi tu meurs, notre mission sera un échec complet cette fois. Est-ce que tu vas trahir la confiance inconditionnelle que tout le monde a placé en toi ? Est-ce que tu vas trahir leur décision sincère de te suivre jusqu’au bout ? »
« Je n’abandonnerai jamais un seul de mes camarades ! » rugis-je férocement. C’était l’un de mes principes. Personne ne me forcerait à le rompre.
« Prince. » Le visage de Wicked était extrêmement réticent, mais sa voix s’adoucie.
« Battons-nous ensemble, Wicked. » Sans battre en retraite, je me tins à ses côtés.
Wicked soupira, mais en voyant qu’il ne parvenait pas à me faire changer d’avis, il ne put qu’accepter : « Très bien ! »
« Vous voulez m’affronter ? » demanda Inferno avec impatience. « Vous n’avez aucune chance de gagner. Pourquoi faire quelque chose d’aussi vain ? »
Je testai l’épée et m’en servis pour fendre l’air avant de répondre calmement : « Parfois, même quand on sait qu’on va échouer, on se doit quand même d’essayer. »
Je fixai mon regard sur Inferno et dis à Wicked par message privé : « Wicked, attaquons-le de parts et autre. »
« Ok », répondit-il, puis il déclara avec férocité : « Maintenant, c’est le moment ! »
À ces mots, je me précipitai aussitôt en avant. Inferno resta stupéfait l’espace d’une seconde, puis il leva les mains pour invoquer vivement des flammes afin de me contrer, mais je les esquivai en glissant sur le sol, de sorte à me retrouver à trois pas de lui. Je gardai ma position sans plus en bouger.
Avec l’attention de Inferno rivée sur moi, Wicked saisit l’occasion et commença son attaque. Presque silencieusement, il fonça droit devant, comme s’il allait transpercer le cœur d’Inferno, mais il fut quand même découvert. Inferno esquiva ; Wicked ne trancha que de l’air.
Comme je n’étais qu’à trois pas de distance, je lançai immédiatement ma vraie offensive : « Rhapsodie Infernale d’un Blanc Pur ! »
Mon épée parvint avec succès à entrer en contact avec le corps de mon adversaire. Juste alors que je m’en réjouissais, Inferno me toisa froidement : « Tu veux jouer avec le feu contre moi ?! Flamme des Abysses ! »
Je regardai impuissant pendant que des flammes noires se dispersaient, dévorant ma Rhapsodie Infernale d’un Blanc Pur en une fraction de seconde, et à présent les flammes bondissaient vers moi. Ressentant leur chaleur mortelle, je m’empressai de reculer, mon dos se heurtant violement à un tronc. J’en eus le souffle coupé, et je ne pus que contempler les flammes noires alors qu’elles s’apprêtaient à m’engloutir.
« Inferno, par ici ! » Wicked abattit son épée sur Inferno, saisissant cette opportunité pour rediriger son attention.
Immédiatement, je me levai et l’attaquai pour libérer Wicked de cette situation périlleuse.
« Cette fois, vous m’avez vraiment mis en colère ! » rugit Inferno entre ses dents serrées, avant de commencer à faire d’étranges signes avec ses deux mains.
« Wicked, attaquons-le ensembles. Ne le laisse pas finir ces sceaux. ! » hurlai-je, très alarmé. Je n’étais pas près d’oublier que Zephyr avait la force de détruire la Cité de l’Infini. J’avais le pressentiment que, si je laissais Inferno finir ses signes, j’allais être réexpédié sur le Continent Central.
Pendant que je criais ces mots, l’épée dans mes mains ne resta pas désœuvrée. J’attaquai Inferno sans utiliser aucune technique tape-à-l’œil… mais, soudainement, ses flammes surgirent du sol. Avec Inferno en point d’épicentre, le sol se mit à se fissurer en forme de flocon de neige, avec des geysers de flammes surgissant des failles.
« On ne peut plus l’arrêter. Prince, vite, sauve-toi ! » me pressa Wicked depuis l’autre côté des flammes.
Je me mis à courir à toute vitesse, mais les fissures firent tout leur possible pour se propager vers moi, et la chaleur des flammes était si intense que j’avais l’impression que mon dos était en feu. Je n’avais même pas le temps de regarder derrière moi pour vérifier la situation, je ne pouvais qu’entendre la terre gémir en se fracturant, comme si elle pleurait de chagrin.
Une explosion qui perça le ciel retentit. Je fus presque emporté par le souffle puissant qui s’ensuivit et qui était accompagné de flammes intenses. Je m’écrasai avec force contre un arbre, et le tronc se fendit avant même que j’aie le temps de cracher une giclée de sang, puis je fus de nouveau projeté en avant par une autre rafale de vent et de flammes.
Ma vision fut plongée dans les ténèbres, et j’avais l’impression qu’une tonne et demie m’écrasait. Je bougeai pour toucher ce poids… Attendez, ne me dîtes pas que j’allais périr écrasé sous un arbre ? Pensez-y, quand quelqu’un demandera « est-ce que tu es mort en affrontant le boss final ou Les Quatre Rois Célestes ? » et que je répondrai « Non, pas vraiment, le vent m’a fait tomber puis je me suis fait aplatir par un arbre »… Aaaah, c’est bien trop embarrassant.
« Prince… » Un rayon de lumière et une voix anxieuse parvinrent jusqu’à moi.
« Wicked ! » m’écriai-je joyeusement, mais, en faisant ça, la douleur provoquée par ma blessure sur la poitrine se raviva. Mon visage perdit aussitôt toutes ses couleurs.
Affligé, Wicked me regarda et utilisa sa voix la plus gentille pour me rassurer : « Ne t’inquiète pas, je viens te sauver. »
Alors que je le regardais faire de son mieux pour dégager les branches, je découvris soudain que son corps était taché de sang, et l’expression sur son visage n’était pas mieux que la mienne. Et pourtant il continuait de risquer sa vie pour venir à mon aide. Même si chaque geste drainait un peu plus les couleurs de son visage, même si son sang gouttait tel des pétales rouges…
« Wicked… Grand frère Zhuo. » J’avais l’impression qu’une sorte de chaleur emplissait mon cœur. Ce dernier palpita alors que je contemplais grand frère Zhuo.
Après avoir dégagé les branches, grand frère Zhuo me sortit de là avec délicatesse. Soutenant mon corps, il saisit une potion rouge et la versa lentement dans ma bouche, puis il prit un ton très doux pour dire : « Je vais me servir d’une technique ultime que je n’ai encore jamais utilisée jusqu’ici. Essaie de ne pas te tenir trop près, d’accord ? »
« Tu n’as pas besoin de mon aide ? » Je m’empressai de me dégager de son embrasse, alarmé, et insistai : « Inferno est trop fort. J’ai peur que tu n’aies pas le temps de lancer ta technique ultime. »
Grand frère Zhuo eut un léger sourire. « Ne t’inquiète pas. Lorsque je lance ma technique ultime, rien ne peut plus l’arrêter, et elle ne fait pas la distinction entre mes alliés et mes ennemis. J’ai peur de te blesser, donc je voudrais que tu gardes tes distances. »
« Oh. » Je me grattai la tête. On dirait que je suis encore une fois devenu un fardeau. Ce genre de sentiment était insoutenable.
« Bien, recule lentement. » Après que Wicked eut calmement dit ça, je suivis ses instructions.
Alors que je fixais son dos fier et droit qui refusait de s’avouer vaincu, chaque pas l’amenant un peu plus près de Inferno, j’eus tout à coup un mauvais pressentiment. Mes pieds s’arrêtèrent pendant une seconde, mais après y avoir réfléchi, je décidai que je ne voulais pas être un poids pour qui que ce soit, aussi je continuai de reculer lentement.
« Tu veux t’enfuir ? » s’exclama Inferno.
« Ton adversaire, c’est moi », la voix de Wicked retentit forte et claire. Serrant ma prise sur mon arme, je m’inquiétai, ne sachant pas si sa technique ultime serait efficace… une arme ! La meilleure épée de Wicked était encore entre mes mains. Cette horrible épée dans ses mains ne serait jamais suffisante pour engager le combat contre Inferno.
Réalisant cela, je me retournai immédiatement, voulant jeter l’épée à Wicked, mais à la place je vis ce dernier marcher lentement vers Inferno sans absolument aucune arme entre les mains. Juste alors que je me mettais à réfléchir pour comprendre pourquoi, Wicked prononça les mots suivants à voix basse : « Activation du programme d’autodestruction DPNJ ! »
Programme… d’autodestruction DPNJ ? Se pourrait-il que Wicked ait fait installer le DPNJ sur lui ? Et pourquoi est-ce un programme d’autodestruction ?
Je n’eus pas besoin d’une réponse. La scène qui se déroula sous mes yeux m’expliqua clairement de quoi il s’agissait. Tout d’un coup, une lumière d’un blanc perçant surgit du corps de Wicked. Je refusai de cligner des yeux tandis que je faisais face à cette lumière blanche, et je finis par apercevoir le sourire plein d’affection que Wicked m’adressait, et on aurait dit qu’il me chuchotait : « Je ne veux plus jamais te voir être blessé… »
Une explosion ! Sous mes yeux, Wicked et Inferno explosèrent au même moment. Je perdis toutes mes forces, tombant à genoux alors que j’étais confronté aux résultats de l’explosion : des flocons blancs dansaient dans le ciel et pas une seule personne ne se tenait là où avait eu lieu le centre de l’explosion.
« Grand frère Zhuo ? » Je l’appelai doucement, mais personne ne me répondit. Je faillis éclater en sanglots alors que je continuais d’appeler de toutes mes forces : « Grand frère Zhuo ? Où es-tu ? N’essaie pas de me faire peur ? Ou es-tu déjà de retour au Continent Central ? »
Le DPNJ… Le rôle du DPNJ est de mourir ensemble avec les PNJs. Il fallut que, à ce moment-là, la voix de Lolidragon resurgisse dans mon esprit sans aucun tact.
« Wicked… as-tu disparu pour toujours ? » D’un air absent, je tendis la main pour saisir l’un des flocons blancs, gentil et doux au toucher. C’était comme voir le sourire affectueux et indulgent de grand frère Zhuo.
1« …ressemblant ainsi à Sadako surgissant d’un écran de télévision… » : Sadako est un personnage de The Ring, un roman d’horreur qui a été adapté au cinéma. On la décrit généralement comme une jeune femme lugubre dont le visage est caché par ses long cheveux, et on la voit souvent sortir en rampant des écrans de télévisions. Elle fait partie de la vidéo maudite Ring, les personnes l’ayant regardée sont censées mourir dans les sept jours qui suivent.
2« …je jure d’exterminer toute sa famille sur dix-huit générations. » : C’est une façon assez commune de jurer que vous éradiquerez une famille entière, de la plus ancienne génération à la plus récente, des arrières grands-parents aux nourrissons. Le terme dix-huit générations fait référence aux huit générations d’ancêtres et aux huit générations de descendants à venir. Oui, ça ne fait que dix-sept si on inclut la génération actuelle.
3 « Tu n’es pas un phénix ? Alors, quoi, tu es une dinde ? » : En chinois, dinde s’écrit littéralement « poulet de feu ».
4 « Trente Six Stratagèmes » : Les Trente Six Stratagèmes sont une collection de stratégies qui auraient été pensées par Sun Tsu. Ces stratagèmes s’appliquent à la politique, la guerre, la diplomatie et l’espionnage, et impliquent très souvent l’utilisation de moyens peu orthodoxes voir fallacieux. Traditionnellement, ils sont divisés en six groupes en fonction des situations auxquelles ils correspondent le mieux. Ces catégories incluent des stratégies pour gagner, s’occuper de ses ennemis, attaquer, causer du chaos, gagner du terrain, et en désespoir de cause.
Bonne lecture !
Bonne rentrée scolaire et bonne lecture !