La Légende du Chevalier du Soleil T2C6 : Assiste à Diverses Cérémonies

La Légende du Chevalier du Soleil

Roman originel en Chinois par : 御 我 (Yu Wo)


Chapter 6: Attend Various Ceremonies – traduit du chinois vers l’anglais par Akakuroi[PR!]
Chapitre 6 : Assiste à Diverses Cérémonies – traduit de l’anglais vers le français par Irina
+ Travail de vérification par Yukomin

Après avoir bu avec Roland jusqu’à minuit, j’appris quelque chose de nouveau…

Même un Chevalier de la Mort peut devenir ivre.

Eh bien, c’est tant mieux qu’il puisse l’être ; sinon, je n’aurais pas été en mesure de laisser les serveuses et le propriétaire du bar le harceler, et d’utiliser ce bel homme pour… Non ! Je veux dire utiliser ce beau cadavre pour couvrir le prix de l’alcool.

J’ignorais qu’une bouteille d’alcool pouvait coûter aussi cher ! Quand je vis la note, je manquai presque de m’évanouir, mais en même temps, je me sentis chanceux : j’étais parti sans payer pour le vin quand j’avais bu un coup avec Elijah plus tôt aujourd’hui.

Puisque nous avions bu jusqu’à minuit, et que la propriétaire et les serveuses avaient touché Roland de nombreuses fois, quand nous sommes finalement partis, je dus traîner un corps ivre jusqu’à la maison de Rose. Le temps que tout cela eut été fait et que je fusse retourné à l’Église, il était proche du lendemain matin.

Au moment où j’entrai dans l’Église, avant même que j’eus le temps de me nettoyer et de faire une sieste, Storm me tira douteusement dans un coin et dit d’un ton ambigu : « Il y a un invité qui te cherche. »

Un invité ? Et qu’y a-t-il avec le ton de Storm ? Pourquoi cela sonne-t-il comme si j’étais sorti pour me rendre à un rendez-vous amoureux clandestin et avais été pris la main dans le sac… ? Je suis innocent ! Tout ce que j’ai fait c’est de sortir secrètement pour aller boire avec un cadavre ; je n’entretiens pas de liaison !

Bien que je fusse assailli de questions, je souris et m’enquis : « Puis-je demander, mon frère Storm, dans quelle salle de réception se trouve l’invité ? »

Secouant la tête, Storm répondit : « Comment peut-elle être dans une salle de réception ? »

« Pas dans la salle de réception ? » Un air de suspicion ne put s’empêcher d’apparaître sur mon visage.

Semblant être satisfait par l’expression dissimulée derrière mon sourire, Storm me fit signe de la main et lança : « Suis-moi. »

Après un court moment, nous arrivâmes devant une Salle de Prière plutôt privée. Supposément, c’était un endroit pour que les Chevaliers Sacrés prient dans le silence. Néanmoins, si j’avais bien compris, c’était en fait utilisé pour des activités bruyantes du genre « Faisons un pique-nique ici » plutôt que des prières silencieuses.

Au moment où j’entrais dans la pièce, je compris pourquoi nous ne pouvions aller dans la salle de réception : après tout, la salle de réception était un endroit public. Il ne s’agissait pas quelqu’un qui pouvait faire son apparition comme elle le voulait.

C’était la seule et unique princesse du royaume !

Je ne pus m’empêcher de complimenter intérieurement la façon soignée de faire les choses de la princesse. Elijah était rentré ivre mort hier, et aujourd’hui celle-ci venait frapper à ma porte. Me tournant pour faire face à Storm, je priai : « Mon frère Storm, pourrais-tu nous excuser un moment ? »

Sur ce, Storm sortit à contrecœur, avec un air intensément curieux sur le visage.

« Elijah m’a déjà parlé de votre plan, mais je ne vais pas vous soutenir. » Sans tourner autour du pot, la princesse entra directement dans le vif du sujet. Me fixant d’un air dédaigneux, elle ajouta : « Vous devez avoir pensé que mon frère est allé contre ma volonté et m’a forcée à me fiancer au Fils du Dieu de la Guerre, n’est-ce pas ? Laissez-moi vous dire que vous vous trompez ! Frère a en déjà discuté avec moi, et j’ai accepté. En tant que princesse, me sacrifier pour mon royaume en va de mon devoir.

« Je pense qu’il y a un malentendu entre nous, Votre Altesse Royale », dis-je, toujours en souriant.  « Votre Altesse doit comprendre que, quelle que soit la situation, je ne blesserais jamais le Chevalier des Enfers. C’est la promesse que j’ai un jour faite au Dieu de la Lumière, celle de protéger tous les Chevaliers Sacrés. »

En entendant cela, la princesse fut un peu abasourdie. Elle me regarda suspicieusement, doutant de ce que je venais de dire.

« Néanmoins, même si je ne fais rien, cela ne veut pas dire que le Pape traitera les Chevaliers Sacrés comme ses frères. Il ne montrera aucune merci envers quiconque pourrait représenter une menace envers l’existence de l’Église. De mon côté, il m’est impossible de rester auprès d’Elijah 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Et si même vous, Votre Altesse Royale, allez vous marier dans un autre pays, alors qui, puis-je demander, sera capable de protéger Elijah ? »

Suite à ces paroles, l’expression de la princesse changea, son attitude initialement déterminée se mit à vaciller. Je savais que les choses commençaient à fonctionner. Même si la princesse se sacrifiait volontiers pour le bien du royaume, je doute qu’elle fasse volontairement de même pour son bien-aimé.

Après avoir paru plutôt indécise pendant un moment, la princesse s’exclama soudainement, énervée : « Comment osez-vous me menacer avec Elijah ! Messager du Dieu de la Lumière ? Non, vous êtes le messager de l’ignoble, du méprisable ! Frère Sun avait raison à ce sujet ! »

Frère Sun ? Suite à un petit instant d’interrogation, je compris. Par Frère Sun, son Altesse Royale se référait à mon maître. Il entretenait une relation plutôt bonne avec la famille Royale, ce qui expliquait pourquoi la princesse s’adressait à lui comme à un frère. Bien qu’en tenant compte de l’âge il devrait être appelé « oncle », mon maître n’accepterait jamais aucune appellation qui soit plus âgée que « frère »…

Après avoir hésité, je l’interrogeai : « Et, qu’a dit mon maître ? »

Me lançant un regard froid, la princesse commença à relater la conversation.

« À quoi ressemble mon élève ? Hmm, en général c’est une personne sympathique… c’est comme ça tant que tu ne t’opposes pas à lui.

— Et qu’est-ce qui arrive si je m’oppose à lui ?

— Hmm, tu penseras toujours qu’il est une personne sympa. Mais en même temps, tu vas te poser des questions existentielles telles que : Pourquoi suis-je si malchanceuse dernièrement ? Travaille sur une tâche et tu en rateras deux, bois de la soupe froide et tu te brûleras, mange du porridge et tu t’étoufferas avec des os, marche seul dans les couloirs du palais, et tu poseras le pied dans de la bouse de vache…

— Mais comment peut-on se brûler avec de la soupe froide ? Pourquoi y aurait-il des os dans le porridge pour commencer ? Et comment est-ce possible de faire apparaître de la bouse de vache dans les couloirs du palais ?

— C’est pourquoi mon élève est une personne assez sympathique en général. Du moins, tant que tu ne t’opposes pas à lui. »

« Vous n’êtes pas un Chevalier du Soleil parfait ! Vous êtes une personne souillée, égoïste et perfide ! Même votre maître pense la même chose », déclara la princesse, énervée.

Mon maître ! Ses exemples sont absolument affreux ; si c’était moi, je ne ferais jamais quelque chose d’aussi évident que de brûler quelqu’un avec de la soupe froide !

« Votre Altesse Royale, même si je suis égoïste, croyez-vous réellement que je ne possède pas la volonté de permettre à Hell d’être avec la femme qu’il aime ? » demandai-je avec un froncement de sourcils.

Me jetant un regard froid, la princesse répondit, sarcastique : « Ne vous imaginez pas que je vais croire que vous le faites réellement pour le bien d’Elijah. »

Ricanant, je répliquai : « Bien qu’Elijah soit l’un des Douze Chevaliers Sacrés, son identité ne peut être exposée. Pour cette raison, il n’est qu’un simple chevalier du roi. Et vous devriez savoir à quel point il est difficile pour un simple chevalier du roi d’obtenir la main d’une princesse. » J’ajoutai, sarcastique : « Mais, pour vous dire la vérité, plutôt que de chercher un moyen de vous laisser épouser un chevalier du roi, je pourrais aussi me battre contre le Fils du Dieu de la Guerre et vous revendiquer pour moi-même. Sans mentionner que ce serait de loin beaucoup plus facile ! Après tout, je suis à la tête du Temple Sacré, le messager du Dieu de la Lumière. »

Après avoir entendu cela, la princesse commença à froncer les sourcils, ses lèvres formant une ligne fine.

« Et si par hasard je gagnais, je ne deviendrais pas seulement un membre de la royauté, mais étant donné que le nouveau roi n’a pas de fils, mon enfant risquerait de courir la chance de devenir le prochain roi. Que pourrait-il y avoir de mieux que cela ? En tant que personne bonne en général, suis-je assez stupide pour offrir cette chance à Elijah, en allant même jusqu’à élaborer un plan qui fonctionnerait ? »

Prétendant d’être moyennement énervé, je tournai la tête et observai du coin de l’œil la réaction de la princesse.

Elle paraissait soupçonneuse, et resta silencieuse pendant un instant. Incapable de trouver une bonne réponse, elle demanda alors d’un ton plus doux : « Alors pourquoi nous aidez-vous ? Ne nous sommes-nous pas opposés à vous ? »

Je rétorquai immédiatement : « Vous ne vous êtes pas opposés à moi ! Bien qu’Elijah ne veuille plus être le Chevalier des Enfers, il ne menace pas du tout l’Église. Et malgré le fait que Votre Altesse Royale veuille épouser le Fils du Dieu de la Guerre, c’était l’idée du prince. D’ailleurs, même si c’est l’idée du prince, avec la baisse de renommée et de prestige du royaume et la hausse du pouvoir de l’Église, en tant que roi, essayer d’augmenter le prestige du royaume est normal et ne peut pas être considéré comme s’opposer à moi. »

Avec cela, la princesse parut encore plus perplexe, non plus comme une importante princesse toute-puissante, mais plutôt comme une petite fille confuse.

Amusé, je déclarai : « Même si vous avez entendu mon maître vous avertir de ne pas vous opposer à moi, vous avez oublié de demander ce qui est considéré comme s’opposer à moi. »

« Alors quel genre d’action pourrait être considéré comme “s’opposer à vous” ? » N’obtenant aucune réponse, la princesse insista de manière charmeuse : « Allez-y, dites-le ! Seulement quand vous l’aurez dit, je saurais et pourrais éviter de faire quoi que ce soit qui puisse vous énerver ! »

Étant dragué par une princesse beaucoup plus âgée que moi, je ne pus m’empêcher de frissonner. Juste alors, je me rappelai d’un exemple de quelqu’un qui s’était opposé à moi. Affichant un rictus glacial, je dis : « Je vais vous donner un exemple ; très récemment, un certain abruti a voulu assassiner mon vice-capitaine et voler la femme de mon frère. C’est absolument ne pas me prendre, moi le Chevalier du Soleil, au sérieux. Si je ne lui fais pas payer cet affront, j’écrirai mon nom avec mon propre sang ! »

 

 

Le prince héritier méritait vraiment des louanges ; c’était enfin le jour de son couronnement, mais il n’y avait aucun signe de lui se vautrant dans le luxe.

Bien qu’aujourd’hui fût le jour du couronnement du roi, aucune décoration n’avait été ajoutée au palais. Seuls ceux qui étaient les plus observateurs auraient réalisé que le tapis avait été remplacé par un neuf… ou alors il avait juste été lavé ?

Des rumeurs disaient que le Chef du Protocole était mécontent de combien le prince héritier était économe, et était allé râler auprès de lui. Mais, tout ce que le prince héritier avait répondu était : « Père a déjà décoré et orné le palais pendant de nombreuses années ; il est assez flamboyant comme cela. » Ceci avait fait taire le Chef du Protocole une bonne fois pour toute.

Pas étonnant que la princesse veuille épouser un type qu’elle n’aime pas. Son frère est déjà tellement désintéressé, elle ne pouvait tout simplement pas annoncer qu’elle aimait déjà quelqu’un et, du coup, ne voulait pas se marier, n’est-ce pas ?

En outre, pendant la cérémonie, je découvris à contrecœur que le Fils du Dieu de la Guerre, qui était positionné par hasard en face de moi, était en réalité plutôt pas mal. En tant que Chef des guerriers, je l’avais imaginé comme étant un homme grand, large et musclé, avec des cheveux désordonnés et une tenue négligée… Je m’étais totalement trompé.

En effet, il était grand, large et musclé, mais pas excessivement. Et vu la rapidité de son pas, personne ne pouvait affirmer qu’il possédait seulement de la force. Il était aussi très agile et très souple, sans mentionner sa chevelure noire et bouclée, qui lui faisait ressembler à un jaguar gracieux, rapide et extrêmement dangereux. Pas étonnant qu’Adair ait perdu contre lui, et presque perdu sa vie par la même occasion.

Vu comment les dames jetaient constamment des coups d’œil furtifs au Fils du Dieu de la Guerre, on pouvait affirmer qu’il était plutôt doué avec les femmes… Peut-être le prince héritier pensait honnêtement qu’il était une bonne personne à épouser, d’où son approbation au mariage de sa sœur avec lui. Évidemment, il ignorait que sa jeune sœur avait déjà quelqu’un en tête.

Concernant le couronnement, il est nécessaire de dévoiler que même si la cérémonie n’était pas très luxueuse, elle restait quand même très solennelle. Le plus important était que tout le monde attendait avec impatience et de tout cœur le couronnement du prince héritier, puisque cela signifiait également qu’une personne en particulier allait enfin descendre de son trône.

Quand le roi passa la couronne au Pape et que le Pape la plaça ensuite sur la tête du prince héritier en annonçant qu’il était le nouveau roi, beaucoup de personnes semblèrent plutôt soulagées.

Je suppose que j’étais le seul qui ne savait pas s’il fallait rire ou pleurer. Après tout, alors que ce que le « gros porc de roi » avait fait donnait envie à tout le monde de le poignarder à mort… Pour dire la vérité, gérer un roi qui était aussi stupide qu’un porc était facile, comparé à gérer ce roi qui sera probablement un tigre déguisé en porc.

Je soupirai. Il semblerait que les jours où j’avais seulement à m’occuper d’un « véritable porc » étaient terminés. Aujourd’hui marquait le début d’une longue bataille avec un « faux porc ». J’espérais uniquement que je ne serais pas le tigre qui serait mangé.

Alors que je soupirais, en faisant le deuil de mes « bons jours », tous les messagers de différents pays présentèrent leurs cadeaux. Un miroir de plain-pied avec un cadre enchâssé de pierres précieuses, un ensemble complet d’accessoires fait de pierres précieuses, une épée décorée de pierres précieuses…

Mais sérieusement, ces présents enchâssés de pierres précieuses avaient beau valoir cher, aucun ne pouvait être considéré comme un cadeau inestimable. D’ailleurs, les présents pour l’anniversaire du gros porc de roi étaient bien meilleurs que ceux-là. Évidemment, là encore, ce n’était pas parce que les autres pays étaient trop avares. Pour les événements liés à la réputation d’un pays, il était impossible d’être avare.

La vraie raison était probablement parce que la période entre l’annonce de la cérémonie et la cérémonie en elle-même avait été très courte, moins de trois mois dans les faits. Quelques pays des plus éloignés avaient probablement dû se dépêcher de venir ici au moment où ils avaient reçu l’annonce, juste pour être présents à la cérémonie. Avec ce délai, il était improbable qu’ils aient bénéficié d’assez de temps pour préparer un cadeau à moitié décent.

Même si les présents n’étaient pas très impressionnants, il semblerait que le roi ne s’en préoccupait pas le moins du monde. Il semblait même plutôt heureux.

Ne me dites pas… Soudainement, tout me parut tellement clair. Ne me dites pas que le faux porc de roi a fait cela exprès ! Après tout, avec son père jetant l’argent par les fenêtres en étant roi depuis si longtemps, les coffres du pays doivent être plus qu’à moitié vides.

Si chaque pays était venu en apportant des trésors réellement précieux comme cadeaux, ces trésors sans prix ne pourraient absolument pas être vendus. Si quelqu’un découvrait que le cadeau présenté au roi apparaissait en fait sur le marché, il y aurait seulement deux possibilités. La première possibilité serait que la trésorerie du Royaume du Son Oublié avait été cambriolée. Ou alors, la seconde possibilité, et la pire, serait que le roi du Royaume du Son Oublié avait vendu ces trésors.

Dans les deux cas, la réputation du Royaume du Son Oublié serait ruinée.

Néanmoins, dû au fait que la période de temps entre l’annonce de la cérémonie et la date actuelle avait été trop courte, cela signifiait qu’aucun pays n’avait eu assez de temps pour préparer un cadeau décent. Du coup, ceux présentés seront simplement des choses avec des pierres précieuses enchâssées ou faits d’or. Dans ce cas, le roi n’aurait qu’à extraire ces pierres précieuses, fondre les objets en or en lingots et les vendre sans que personne n’en fût au courant.

Prince héritier… Non ! Maintenant, faux porc de roi, vous êtes absolument génial. Si nous n’étions pas rivaux, je m’inclinerais certainement pour vous montrer l’admiration que je porte envers vos stratégies visant à gagner de l’argent. Si je rapportais cela au Pape qui aime autant l’argent que vous, peut-être que même le Pape vous appellerait son frère !

Le Fils du Dieu de la Guerre fit alors un geste de la main aux guerriers derrière lui, et deux d’entre eux amenèrent immédiatement leur cadeau au roi.

Il s’agissait d’un bouclier, mais il était évident que si vous l’utilisiez pour vous défendre de vos ennemis, personne n’oserait vous attaquer, puisque les gens ne voudraient habituellement pas attaquer un bouclier entièrement couvert de diamants. Je serais définitivement le premier à tuer une personne aussi insouciante. Même le plus petit de ces diamants équivalait à mon salaire des vingt prochaines années !

Hochant la tête en signe de remerciement, les yeux du roi nouvellement couronné reflétèrent la lumière des diamants. Même son sourire se fit plus large. Voyant cela, le Fils du Dieu de la Guerre annonça fièrement : « C’est un bouclier fabriqué par l’association de magiciens, de joailliers et de forgerons. La croix nationale du Royaume du Son Oublié est formée par des diamants au milieu, et autour on y retrouve des pierres précieuses magiques qui ont été placées afin de former un charme servant à repousser les attaques magiques. De plus, la défense physique est de première qualité. Même une énorme hache ne saurait l’égratigner ! »

Après cette explication, tout le monde dans le hall resta stupéfait. Cela pouvait être considéré comme l’un des meilleurs présents offerts aujourd’hui.

Toutefois, je me contentai d’arborer un sourire narquois dans mon esprit, prédisant que le faux porc de roi préférerait plutôt pousser le chevalier en qui il a le plus confiance devant lui pour le protéger d’une attaque que de risquer qu’un des coins du bouclier ne soit ébréché.

« Rangez-le bien », s’adressa le Roi aux gardes près de lui. C’était la première fois aujourd’hui que, après avoir reçu un cadeau, il parlait au lieu de simplement sourire et hocher la tête.

Satisfait de voir à quel point les gardes étaient soigneux en transportant le bouclier, le Fils du Dieu de la Guerre se retourna et dit de manière provocante : « Nous, le Monastère du Dieu de la Guerre, avons montré notre respect envers Sa Majesté. Nous nous demandons ce que l’Église du Dieu de la Lumière a à offrir pour féliciter celui-ci. »

M’avançant sur le tapis rouge au milieu du hall et m’arrêtant à deux pas du Fils du Dieu de la Guerre, je sortis un bracelet. Ce dernier était doré et transparent, un peu comme du verre. Il était formé de dix-huit petites billes et d’une bille plus grande, toutes gravées d’un motif en forme de rose. Cela paraissait en effet très délicat, mais n’avait rien à voir avec les mots « précieux » ou « trésor ».

Le roi conserva son sourire et hocha la tête poliment, tandis que le Fils du Dieu de la Guerre, lui, rigola simplement tout haut sans se retenir. Le reste de la foule, d’un autre côté, commença à froncer des sourcils. Ce présent semblait vraiment trop bon-marché.

J’ajoutai alors avec un sourire : « Sous la protection du Dieu de la Lumière, Votre Majesté restera en bonne santé tout au long de sa vie. Néanmoins, si Votre Majesté venait à se blesser un jour, brisez simplement une des roses, et Votre Majesté recevra la bénédiction du Dieu de la Lumière avec un effet équivalent à la réalisation d’un Sort de Soin Avancé. Quant à la bénédiction de la plus grosse bille au milieu, l’effet serait équivalent à vous faire lancer un Sort de Soin Ultime. »

En entendant mon explication, le roi ne put presque pas cacher sa surprise et son désir. Il murmura quelques mots à ses chevaliers personnels, et l’un d’eux vint immédiatement jusqu’à moi pour me prendre le bracelet de roses des mains et le passa au roi. Après avoir tâté les billes pendant un moment, il enfila le bracelet sur-le-champ, sans même se préoccuper de l’ampleur du mécontentement du Fils du Dieu de la Guerre à l’instant où il le fit.

Souriant intérieurement, je pensai, Malgré le fait qu’’il s’agisse d’un cadeau que j’ai offert, le roi l’aime quand même !

Après tout, pour une personne avec beaucoup de pouvoir entre ses mains, la chose la plus terrifiante à laquelle il pourrait faire face serait l’assassinat.

Avec ce bracelet de billes, c’était équivalent à avoir constamment à ses côtés un guérisseur qui peut jeter dix-huit Sorts de Soins Avancés et un Sort de Soin Ultime. Sans mentionner qu’il ne peut pas être acheté par l’ennemi ou être le premier à être visé et tué, contrairement à un guérisseur. Avec tout cela, pourquoi ne voudrait-il pas porter ces billes sauveuses-de-vie immédiatement ?

En outre, ces billes sauveuses-de-vie n’étaient pas quelque chose pouvant être créé par un guérisseur ordinaire ! Un total de trente Sorts de Soin Avancés a besoin d’être lancé pour fabriquer une seule des petites roses, même chose pour la grosse…

Ce n’est pas que je suis radin, et ne veuille n’en donner qu’une au roi, mais c’est le seul bracelet réussi que je sois parvenu à compléter.

Même pour quelqu’un comme moi qui possède tellement d’Aura Sacrée qu’elle en déborde presque, je peux seulement jeter environ dix Sorts de Soin Avancés par jour. Donc, ce bracelet de billes m’a réellement pris plus d’un mois à le fabriquer… Ajouter secrètement le fond pour le présent au roi à ma pension n’est pas si facile !

« Capitaine-Chevalier du Soleil ! » Un chevalier sacré arriva en courant vers moi et rapporta à voix basse : « Quelques nécromanciens et des créatures des ténèbres causent du grabuge en ville. »

Continuant à sourire après avoir entendu le rapport, je pus voir le Fils du Dieu de la Guerre me sourire, et naturellement, je lui retournai le sourire poliment… Espèce d’imbécile, comment oses-tu essayer de saboter mes plans !

Je n’arrivais pas à croire qu’un autre nécromancien que Rose, qui était sous contrat, oserait venir et semer la pagaille à la Cité du Bourgeon, le quartier général de l’Église du Dieu de la Lumière. Ce n’était pas comme s’ils allaient penser qu’ils avaient réanimés trop de créatures mortes-vivantes et voulaient en offrir quelques-unes à l’Église du Dieu de la Lumière pour l’aider à entraîner les chevaliers sacrés et les guérisseurs.

Ce devait être un coup du Monastère du Dieu de la Guerre !

Tout le pays savait que ce que je haïssais le plus était les créatures des ténèbres. Si une de ces créatures mortes-vivantes était sur le point d’apparaître maintenant, je m’excuserais définitivement devant le roi et me dépêcherais alors d’aller la combattre. Et, le Monastère du Dieu de la Guerre serait, de ce fait, en mesure de demander en mariage la princesse et de tirer les ficelles avec la Royauté, etc.

« Des nécromanciens ont osé amener des créatures des ténèbres dans la Cité du Bourgeon, une cité qui a reçu la bénédiction du Dieu de la Lumière ? » répliquai-je sévèrement. « C’est absolument insoutenable ! Écoutez, allez ordonner à ma Section du Chevalier du Soleil d’aller se battre contre ces créatures monstrueuses qui ne reçoivent pas la bénédiction du Dieu de la Lumière. Je pense que mon peloton s’est trop relâché récemment ; c’est en effet le moment de les entraîner, pour s’assurer qu’ils seront assez forts pour défendre et protéger la Cité du Bourgeon. »

« Compris. » Immédiatement, le chevalier sacré acquiesça et se dépêcha de sortir pour porter le message.

Le Fils du Dieu de la Guerre ouvrit la bouche et s’enquit lentement : « Chevalier du Soleil, aujourd’hui est un jour très important. Avec des créatures mortes-vivantes apparaissant dans la cité, ne serait-il pas plus approprié que vous alliez vous en occuper personnellement ? »

Je répondis, confiant : « Je vous en prie, ne vous inquiétez pas, sire. Aujourd’hui a lieu le couronnement du roi, de même qu’il s’agit du jour où le Dieu de la Lumière donne sa bénédiction. Quant à ces créatures des abysses, elles n’ont définitivement aucune chance de recevoir cette bénédiction. De ce fait, ma Section du Chevalier du Soleil va très certainement les exterminer avec succès. »

Héhé, de quoi faut-il s’inquiéter ?

Le Monastère du Dieu de la Guerre n’était pas habitué à s’occuper de créatures mortes-vivantes. Je doutais qu’ils oseraient trouver un nécromancien réellement puissant qui soit vraiment capable de causer du grabuge ; ces nécromanciens réellement puissants ne s’ennuieraient pas suffisamment pour faire ce genre de chose… À moins qu’ils soient comme Rose, auquel cas alors il y a une possibilité qu’ils fassent ça à cause de l’ennui. Mais, pour qu’il y ait un nécromancien comme Rose… J’ai peur qu’elle soit unique dans ce monde.

Pour cette raison, j’étais sûr qu’avoir des créatures des ténèbres courant en liberté dans la ville était totalement l’idée du Monastère de la Guerre et n’avait rien à voir du tout avec Sa Majesté. Après tout, comme le Royaume du Son Oublié vénérait constamment le Dieu de la Lumière, les gens du royaume étaient véhéments contre l’idée de telles créatures et des auras de ténèbres. Le roi ne sera probablement pas très heureux vis-à-vis du Monastère du Dieu de la Guerre à cause de cela. Juste en voyant comment celui-ci n’a pas effectué le moindre effort pour me demander d’aller m’occuper personnellement de celles-ci, je pouvais aisément deviner qu’il était probablement un peu énervé contre les actions du Monastère du Dieu de la Guerre.

Voyant qu’il était incapable de me chasser, le Fils du Dieu de la Guerre alla simplement droit au sujet et déclara : « Votre Majesté, cette fois, le Monastère du Dieu de la Guerre  ne souhaite pas seulement vous féliciter, nous avons également une requête à vous formuler. »

De façon coopérative, avec une expression curieuse, le roi demanda : « Vraiment ? Et quelle serait-elle ? »

Son regard se déplaçant jusqu’à la princesse, le Fils du Dieu de la Guerre répondit : « J’avais entendu dire que la princesse était une dame à la fois intelligente et belle, et cela avait causé mon admiration pour elle. Aujourd’hui, quand je l’ai vue pour la première fois, cela a simplement confirmé ce que j’avais entendu, mais elle est même encore plus belle que les rumeurs le disent, ce qui confirme par deux fois ma volonté de la prendre pour épouse. »

Comparé à l’étiquette nécessaire pour demander en mariage la princesse d’un royaume, le Fils du Dieu de la Guerre était trop abrupt, à la fois dans ses actions et dans son discours. Cependant, les guerriers du Monastère du Dieu de la Guerre étaient toujours très francs, sans aucun subterfuge dans ces domaines, donc personne ne pouvait réellement les en blâmer.

Justement, un groupe de guerriers transportait des malles l’une après l’autre depuis l’extérieur. Quand le Fils du Dieu de la Guerre ouvrit l’une d’entre elle, la pièce fut immédiatement illuminée par un coffre plein d’or et de pierres précieuses. « Et ceci sera le cadeau de fiançailles », affirma-t-il.

Tous les membres de la royauté étudièrent l’expression du roi et, ne voyant aucun signe de mécontentement, tout le monde réalisa immédiatement qu’il avait déjà l’intention de marier la princesse au Fils du Dieu de la Guerre. À ce moment-là, tous se mirent à les féliciter et à leur donner leur bénédiction. Certains commencèrent même à complimenter le mariage et à dire des choses comme quelle parfaite union cela ferait.

« Je vous en prie, attendez ! » criai-je. Pendant que tout le monde était encore stupéfait, je posai un genou à terre et demandai sincèrement : « Moi, Sun, j’éprouve également des sentiments pour Son Altesse. Compte tenu de mes sentiments sincères et dévoués pour celle-ci, je souhaite et espère que Sa Majesté me laissera une chance équitable de gagner la main de Son Altesse. »

Au moment où je prononçai ces mots, cela causa immédiatement un petit tumulte parmi les membres de la royauté autour de moi, et même le roi était abasourdi. Les Douze Chevaliers Sacrés me fixèrent avec incrédulité, comme s’ils voyaient un monstre au lieu de leur Chevalier du Soleil.

« Incroyable ! Et dire que je pensais que la première personne à qui Sun pourrait faire une demande en mariage serait la statue du Dieu de la Lumière », s’exclama Storm, incrédule. Le reste des Douze Chevaliers Sacrés hocha immédiatement la tête en signe d’accord, excepté Judgment. C’était ce que j’appelais un vrai ami ; il me connaissait effectivement bien !

Sentant mon regard, Judgment tapota l’épaule d’Ice et leva un sourcil comme pour dire, Je pensais que la première personne que tu demanderais en mariage serait Ice.

Avant que le Roi n’ait pu réagir et répliquer, le Fils du Dieu de la Guerre se retourna et rugit furieusement vers moi : « Espèce d’ordure ! »

Un comte qui était sur le bord s’avança immédiatement pour arrêter le Fils du Dieu de la Guerre avant qu’il ne puisse dire quelque chose d’autre d’insultant devant tout le monde. Après avoir apaisé le Fils du Dieu de la Guerre, il se retourna, sourit et décréta : « Chevalier du Soleil, puisque vous demandez la main de la princesse, vous devez déjà avoir préparé vos cadeaux de fiançailles, n’est-ce pas ? »

Entendant cela, le Fils du Dieu de la Guerre fut ravi. Il ajouta : « Sans cadeaux de fiançailles, vous ne faites qu’essayer de provoquer le chaos ! »

« Sun ne possède rien de spécial. Tout ce que je peux faire est de donner à nouveau la bénédiction du Dieu de la Lumière, pour montrer à Son Altesse mon amour pour elle. »

Sur ce, je sortis un autre bracelet de roses. Cependant, ce bracelet n’avait pas été fabriqué par moi. Après tout, je n’avais vraiment pas assez de temps pour en faire deux en un si court laps de temps. Donc, au lieu de cela, j’avais appris au Pape comment fabriquer ces billes, à condition qu’il m’en donne cent-huit au total en guise de « frais d’apprentissage ».

Les yeux du roi s’illuminèrent à la vue du bracelet. Il laissa échapper un grognement et eut l’air plutôt troublé.  D’après ce que je pouvais voir, je supposai qu’il était probablement en train de songer à un moyen d’empêcher que je mette la main sur sa sœur tout en gardant le bracelet.

Soupirant profondément – probablement parce qu’il n’arrivait pas à trouver un moyen de garder les billes en forme de roses – il se tourna face à sa sœur et demanda : « Ils sont tous les deux des jeunes hommes respectables ! Princesse, il semble qu’ils soient tous deux sérieux à votre propos, qu’en pensez-vous ? »

Selon le scénario du roi, la princesse devrait être timide pendant un moment, avant de regarder vers le Fils du Dieu de la Guerre du coin des yeux. Mais, évidemment, les prédictions humaines ne peuvent gagner contre les prédictions du Dieu de la Lumière. La princesse resta silencieuse, mais elle ne regarda personne. À la place, un chevalier royal surgit de derrière elle : Elijah.

S’agenouillant devant le roi, il cria : « Votre Majesté, je suis celui qui est réellement sérieux à propos de Son Altesse Impériale ! La princesse et moi sommes ceux qui nous aimons réellement ! »

En entendant cela, tout le monde se tourna pour observer la princesse. Cependant, la princesse ne montra aucun signe de déni. Et pour quelqu’un de son importance, le silence était équivalent à acquiescer.

Il y eut un soudain vacarme dans la foule. La situation présente était absolument incroyable. Pourquoi n’y avait-il pas eu une seule personne souhaitant le mariage dans le passé, mais maintenant, ils venaient tous à la fois ? Quel genre de situation était-ce ?

Il était évident que le roi ne s’attendait pas à cette tournure des événements. Il fut surpris pendant un moment, mais se tourna alors et me fixa.

Votre Majesté, vous êtes vraiment très intelligent. Bien que ce soit réellement moi qui ai causé tout cela, vous n’avez pas à me fixer si directement. Après avoir affiché une expression choquée, je changeai rapidement pour une expression confuse et rencontrai le regard du roi, comme si je ne comprenais point pourquoi il me fixait. Voyant cela, à la place, il se tourna pour regarder Elijah et fronça légèrement les sourcils.

Deux des chevaliers personnels du roi, qui se tenaient à côté du souverain, s’avancèrent immédiatement. Le chevalier le plus jeune, qui paraissait être dans la trentaine, gronda : « Elijah, ne raconte pas de bêtises ! Tu ne peux pas épouser Son Altesse ! »

Ignorant ses mots, Elijah se tourna pour rencontrer les yeux du chevalier le plus âgé, paraissant honteux et désolé. Cependant, le chevalier plus âgé se contenta de soupirer et ne le réprimanda pas.

Storm murmura doucement près de mon oreille : « Bien que le chevalier le plus âgé ne soit pas réellement le maître d’Elijah, il apprécie beaucoup ce dernier et lui a appris beaucoup de choses. Il peut être considéré comme un demi-maître. »

J’acquiesçai et employai toute ma force pour m’empêcher de sourire. Hahaha ! Je ne savais pas qu’il entretenait ce genre de relation avec ses professeurs, mais maintenant, les chances d’Elijah sont nettement plus élevées.

« Je n’arrive pas à croire qu’Elijah soit aussi courageux… Mais, c’est encore plus incroyable que Sun ait une liaison avec la princesse », murmura Storm à Leaf et à Blaze, qui se tenaient à côté de lui. Comme la distance entre nous était un peu grande, je dus tendre l’oreille pour saisir ce qu’il disait.

« J’ai entendu la Section du Chevalier du Soleil raconter comment Sun avait enivré Elijah sans raison, tellement qu’il est presque mort d’un coma éthylique. Maintenant, je vois : ce doit être dû à de la jalousie entre rivaux. Et le jour suivant, la princesse avait une rencontre secrète avec Sun. Je suppose que c’était parce qu’elle l’avait trompé et tentait de s’expliquer après qu’il l’ait découvert » conclut Storm. Son visage montrait une expression qui disait : « J’ai eu le potin ultime, et je peux maintenant mourir sans regrets ». Quant aux autres des Douze Chevaliers Sacrés, ils étaient actuellement en train de tendre l’oreille pour saisir les ragots.

Donc, les membres de ma Section du Chevalier du Soleil n’étaient pas les seuls qui aimaient les potins… Le Temple Sacré tout entier était rempli de commères ! Pourquoi vous appelez-vous toujours les chevaliers sacrés ? Vous pourriez tous changer votre nom en chevaliers bavards !

Pendant que je jurais et protestais intérieurement sur comment le Temple Sacré devrait se renommer le Temple Bavard, le roi questionna sérieusement : « Sœur, est-ce vrai que tu éprouves des sentiments pour Elijah ? »

Sans parler, la princesse hocha calmement de la tête. Voyant cela, le roi resta également silencieux. Son visage devint lentement de plus en plus sombre. Personne n’osa dire un mot et tout le hall tomba dans un silence gênant. Même le Fils du Dieu de la Guerre resta silencieux, incapable de comprendre ce qu’il se passait. Fonçant les sourcils, il pouvait seulement nous fusiller du regard Elijah et moi.

Comme le silence gênant persistait, j’ouvris lentement la bouche et annonçai : « Si c’est le cas, alors laissons les épées dans nos mains juger ce sujet et arrêtons-là le bavardage dénué de sens. C’est la véritable voie d’un chevalier. »

Comment ? Vous dites que cette phrase semble familière ? Tousse, tousse… Les cadavres n’ont aucun droit de propriété intellectuelle !

Au moment où le Fils du Dieu de la Guerre entendit cela, un sourire s’étendit sur son visage et il accepta bruyamment : « C’est bien ! Un guerrier utilise uniquement l’épée entre ses mains pour déterminer la victoire ! »

Évidemment qu’il allait accepter, il savait déjà que je n’étais pas doué au maniement de l’épée et qu’Elijah était seulement un chevalier. C’était sans mentionner le fait qu’il croyait qu’Elijah ne possédait pas la bénédiction d’un Dieu ; même sa classe en elle-même le plaçait dans une position d’infériorité. Les guerriers sont meilleurs au un contre un alors que les chevaliers sont meilleurs à la guerre. C’était la nature des classes que tout le monde connaissait.

« Alors, faisons ainsi ! » Ceci dit, le roi partit promptement. D’après son expression, il était clair qu’il n’était pas très heureux.

J’eus un sourire narquois, mon premier pas vers le succès effectué.

Soudainement, Leaf arriva en courant vers moi. Il tapota mon épaule et dit : « Sun, ne sois pas triste, il y a toujours d’autres poissons dans la mer ! Même si tu ne peux pas avoir la princesse, ce n’est pas si grave. »

« Je suis plutôt proche d’Elijah, donc je lui dirai de ne pas trop te martyriser », promit Storm en me tapotant le dos avec une expression qui disait : « Nous sommes de bons frères, je te couvrirai, ne t’inquiète pas. »

« Si ce Fils du Dieu de la Guerre ose trop te frapper, je ne le laisserai jamais en paix », jura Blaze en frappant l’air.

« S…Sun, ne t’inquiète pas. Même si c’est contre les règles, je t’aiderai quand… quand même à bloquer les coups fatals… Même si je dois les bloquer de nombreuses fois, je n’abandonnerai jamais pour te sauver ! »

« … Vous ne pourriez pas avoir un peu plus confiance en moi ? »

En entendant cela, la Cruelle Faction au Cœur de Pierre des Douze Chevaliers Sacrés me jeta simplement un regard froid. Quant à la Bonne Faction au Grand Cœur, ils ajoutèrent : « Évidemment ! Nous avons une confiance absolue dans ta capacité de guérison. Ces deux-là ne seront pas capable de te tuer. Et c’est pourquoi nous sommes assez confiants par te laisser y aller pour te faire cogner. »

Que diable ? Les regards froids de la Cruelle Faction au Cœur de Pierre n’avaient pas réussi à me refroidir, mais ce que la Bonne Faction au Grand Cœur avait dit m’avait fait me sentir comme si j’avais été frappé par un blizzard.

 

La Légende du Chevalier du Soleil T2C5 : Résous Les Problèmes d’Un Collègue

La Légende du Chevalier du Soleil

Roman originel en Chinois par : 御 我 (Yu Wo)


Chapter 5: Solve a Colleague’s Problem – traduit du chinois vers l’anglais par dahlys[PR!]
Chapitre 5 : Résous Les Problèmes d’un Collègue – traduit de l’anglais vers le français par Irina
+ Travail de vérification par LuluHime

Comme dit l’adage, « Connais celui à qui appartient le chien avant de frapper celui-ci » ! Quoi qu’il arrive, Adair reste le chien du Chevalier du Soleil… Non, non ! Je veux dire qu’il est mon subordonné. De plus, il est le chef de tous mes autres ch… subordonnés ! Comment un imbécile comme toi ose-t-il s’en prendre à lui ! Je me fiche de savoir si tu es le Fils du Dieu de la Guerre ou pas, je vais te botter les fesses !

Comploter pour se venger  ne requiert pas seulement des machinations à long terme, mais doit aussi se faire dans le secret le plus total. La victime devait mourir de manière vraiment horrible sans réaliser qui était le coupable. Donc, je décidai… de résoudre le problème du Capitaine-Chevalier des Enfers en premier.

Après avoir suivi les instructions du Pape pour contacter et choisir un rendez-vous avec le Capitaine-Chevalier des Enfers, je me rendis au lieu de la rencontre. Pendant que je l’attendais, je pratiquais l’expression sincère que j’allais utiliser plus tard. Je devais paraître tellement sincère que l’autre parti ne pourrait supporter de me causer des soucis.

Peu de temps après, une personne s’avança vers moi. J’eus un sourire éblouissant comme je le voyais s’approcher, en profitant pour le jauger par la même occasion. Il portait l’uniforme standard des chevaliers royaux, mais l’épée qui pendait à son côté n’en était pas une qui était donnée à n’importe quel chevalier. La qualité de son épée était bien meilleure.

Son allure et son charisme n’étaient pas mauvais, mais il s’agissait d’une sorte de beauté polyvalente… Pardon ? Vous me demandez ce que je veux dire par une sorte de beauté polyvalente ?

Ce qu’on appelle une sorte de beauté polyvalente se réfère à un homme qui peut être considéré comme beau, mais qui n’est pas assez magnifique pour que tous les autres hommes veuillent l’étrangler au premier regard. Cela fait de lui un potentiel rival en amour de moins.

Aussi, quand vous observez les hommes possédant une beauté polyvalente de très près, vous pouvez toujours trouver beaucoup de défauts. Par exemple, des sourcils qui ne sont pas assez épais et des traits qui ne sont pas réguliers ou pas assez bien définis. Après cela, vous auriez l’impression qu’il n’est pas si beau après tout et vous vous sentiriez coupable pour votre hostilité première. Plus tard, vous vous appellerez des frères et vous vous entendrez très bien.

Bien que les hommes sentent que celui-là n’est pas aussi beau qu’il n’y parait, sa beauté laisse juste assez de place à l’imagination féminine. Les femmes aimant les hommes mignons seront attirées par ses grands et adorables yeux. Les femmes qui aiment les hommes matures s’appuieront automatiquement sur ses larges épaules. Les femmes qui refusent d’aimer quelqu’un d’autre qu’un mauvais garçon s’enticheront de son sourire frivole.

Comment ? Qu’est-il arrivé aux défauts incluant des sourcils qui ne sont pas assez épais et des traits qui sont légèrement irréguliers ?

Chers Frères, vous ne comprenez absolument pas les femmes ! N’avez-vous donc jamais entendu dire qu’un homme choisit une femme en fonction de ses défauts tandis qu’une femme s’intéresse davantage à ce qui fait la force d’un homme ? Tant qu’une femme trouve un bon point qui la fascine, toutes les autres imperfections deviennent des médailles. Par exemple, des sourcils fins sont façonnés, et un visage légèrement asymétrique est simplement unique !

En conclusion, la sorte de beauté polyvalente est aussi appelée le type du grand séducteur. Sa plus grande force relève du fait d’être aimé par tout le monde. Même un chien courrait vers lui en agitant sa queue.

Ce genre de personne est adapté pour faire n’importe quel travail ; particulièrement celui de vente, d’escroquerie et d’autres professions similaires. Évidemment, ils sont aussi très appropriés pour devenir des espions.

Je ne pus m’empêcher de féliciter l’anticipation du précédent Chevalier des Enfers. Il a su choisir un futur homme à la beauté polyvalente parmi une bande d’enfants de dix ans.

À ce moment-là, l’homme à la beauté polyvalente s’était déjà avancé jusqu’à moi. Je commençai immédiatement à sourire et le saluai : « Que le Dieu de la Lumière te bénisse, mon frère Hell. Sun a enfin le plaisir de te rencontrer. »

« Chevalier du Soleil, pourquoi est-ce vous ? » Il sembla être choqué.

Je souris brillamment et expliquai : « Sa Sainteté le Pape a informé Sun que toi, le Capitaine-Chevalier des Enfers, tu semblais éprouver quelques difficultés. Comme nous sommes tous deux des Chevaliers Sacrés, peut-être que Sun peut mieux comprendre tes problèmes. Par conséquent, Sun est venu à sa place. »

« S’il-vous-plaît … Pourriez-vous ne pas m’appeler Hell ? »

Le Chevalier des Enfers prit une profonde inspiration et dit, déterminé : « Je ne suis pas le Capitaine-Chevalier des Enfers, je suis seulement un chevalier du roi. »

Foutu vieillard ! J’aurais dû me douter que ce que tu jetais ne pouvait être qu’un nœud de vipères… Perplexe, j’affichai une touche de tristesse et demandai : « Pourquoi dis-tu cela, Chevalier des Enfers ? Se pourrait-il que tu sois mécontent à cause de quelque erreur commise par l’Église du Dieu de la Lumière, qui t’as conduit à décliner le rôle du Capitaine-Chevalier des Enfers ? »

Si je découvre que le Pape te maltraitait, ne te laissant pas d’autre choix que de démissionner, c’est un homme mort !

« Non, je vous en prie, ne vous méprenez pas. J’ai dit cela parce que… » À ce stade, le Chevalier des Enfers inspira profondément avant d’ouvrir la bouche et de raconter : « Quand j’ai été choisi pour devenir le Chevalier des Enfers, j’ai reçu seulement un an d’entraînement spécial au Temple Sacré. Après cela, j’ai servi la famille royale comme chevalier du roi pendant douze ans. Je possède deux maîtres ; l’un d’eux est un chevalier sacré qui a passé une année à m’entraîner, par la suite nous nous sommes rarement revus. L’autre est un chevalier du roi qui m’a guidé pendant dix ans et qui a récemment pris sa retraite pour voyager.

« Bien que le prince héritier ne m’aime pas, il n’a jamais été injuste envers moi. Il m’a même confié des tâches importantes à accomplir. Aussi, la reine a toujours bien pris soin de moi. La petite princesse et moi avons été des camarades de jeu depuis que nous sommes tout petits, et la princesse m’a défendu de nombreuses fois.

« Sans oublier de mentionner qu’il y a mes camarades chevaliers que je connais depuis mon enfance. Ce sont des camarades avec lesquels je suis allé en enfer et en suis revenu… Par contre, je ne connais aucun des Douze Chevaliers Sacrés du Temple Sacré. »

Il sourit amèrement, me regarda et annonça : « E-Est-ce que vous comprenez ce que je veux dire ? Chevalier du Soleil, j-je suis peu familier avec le Dieu de la Lumière, peu familier avec le Temple Sacré, et je ne connais pas les Douze Chevaliers Sacrés. Au contraire, le palais royal est l’endroit auquel j’appartiens vraiment, et les chevaliers royaux sont mes vrais camarades. »

Après l’avoir écouté, je ne pus m’empêcher de froncer les sourcils. Pas étonnant que le vieux Pape voulût le tuer. Un espion qui décidait de rejoindre le camp ennemi était ce qu’il y avait de plus dangereux. S’il confessait tout au prince héritier, ça deviendrait un sacré spectacle à contempler.

Comme je restais silencieux pendant un certain temps, le Chevalier des Enfers recula soudain de quelques pas. Il déclara d’une voix faible : « Je n’ai rien révélé au prince héritier, mais la princesse sait tout. Elle ne dévoilera pas la vérité à moins que j’aie des ennuis. Quel que soit le genre d’ennuis, elle rejettera tout le blâme sur l’Église du Dieu de la Lumière. »

Malédiction ! Je relevai immédiatement la tête et souris sincèrement en affirmant pour l’apaiser : « Je t’en prie, ne t’inquiète pas. Tu dois savoir que je ne suis pas doué à l’épée. Je ne pourrais pas te vaincre même si je t’attaquais, et tu peux clairement voir que je n’ai amené personne avec moi. »

« O-Oh ! Je suis vraiment désolé. »

En entendant cela, le Chevalier des Enfers cessa de reculer. En un éclair, son visage devint rouge. Extrêmement embarrassé, il s’excusa : « Je ne vous ai pas suspecté volontairement, m-mais la princesse a dit que le Temple Sacré pourrait me tuer pour me faire taire… Haha ! Maintenant que j’y pense, comment le Chevalier du Soleil pourrait-il tuer quelqu’un pour le faire taire ? Au moment où j’ai vu que c’était vous qui veniez pour me rencontrer, j’aurais dû comprendre que le Temple Sacré n’avait pas de mauvaises intentions à mon égard. Je suis vraiment désolé. »

Quelle princesse intelligente ! Il semblerait que Son Altesse ne doive pas être sous-estimée. Elle a aussi accentué le fait qu’elle blâmerait l’Église quoi qu’il arrive à Hell. On dirait qu’elle sait que beaucoup « d’accidents » dans le monde peuvent être attribués à des « désastres artificiels ».

« S’il-te-plaît, accorde-moi un peu de temps pour réfléchir à une solution à ce problème. » Je continuai avec une sincérité absolue : « Et ne parle point de ce sujet à nouveau. Si cela atteint les oreilles du prince héritier, il y aura une confrontation entre l’Église et la famille royale. Comme tu sers à la fois l’Église et la famille royale, je crois que tu ne souhaiterais guère voir une telle chose survenir, n’est-ce pas ? »

Le Chevalier des Enfers hocha la tête et répondit : « En effet. Le temps que nous avons passé ensemble était court, mais mon maître Chevalier Sacré m’a très bien traité aussi. Bien que j’aie décidé de jurer ma loyauté à la famille royale, je ne ferais rien qui puisse compromettre l’Église. »

J’acquiesçai. Je croyais ce qu’il disait non seulement parce qu’il donnait sa garantie mais aussi parce que, si ce sujet était rendu public, cela lui ferait beaucoup plus de mal que de bien, comme c’est très difficile pour quelqu’un qui a été un espion de regagner la confiance des autres.

Néanmoins, si je me contentais de « libérer » le Chevalier des Enfers dans la famille royale, ce serait comme enfouir un parchemin magique qui pourrait exploser à tout moment sous le Temple. Le risque était important, vu que l’Église ne saurait jamais quand le prince héritier découvrirait le pot aux roses.

Cependant, si je ne le libérais pas, que pouvais-je faire d’autre ? Il avait déjà révélé ses cartes en disant qu’il ne désirait plus être le Chevalier des Enfers.

Même si je souhaitais l’achever une bonne fois pour toute, il fallait qu’il y ait  une princesse intelligente qui lui serve de bouclier de façon à ce que personne n’ose agir.

Satané vieillard ! Tu as l’audace de me faire réparer tes pots cassés ! Attends un peu pour voir, tôt ou tard, je te le ferai payer !


Après être retourné au Temple et à ma chambre, avoir préparé mon masque pour la peau afin de l’appliquer, je n’arrivais toujours pas à trouver un moyen de résoudre ce problème. Je m’allongeai sur mon lit pour appliquer mon masque tout en continuant à chercher une solution…

Toc toc toc !

« … j’avais presque oublié la malédiction qui me frappe chaque fois que j’applique mon masque. »

Je me redressai et haussai la voix en disant : « Puis-je être assez audacieux pour demander quel est le frère chevalier sacré qui, sous le gentil murmure du Dieu de la Lumière, est venu pour discuter avec Sun de la bienveillance du Dieu de la Lumière ? »

La voix grave de Judgment retentit de l’autre côté de la porte. Il dit : « C’est moi. »

« Oh, alors entre directement. » Je me recouchai paresseusement sur mon lit. S’il s’agissait de Judgment, cela ne posait aucun problème parce que ce dernier avait déjà été choqué plusieurs fois par mon masque facial.

Au moment où il entra et me vit, il se figea.

Je lui jetai un regard et demandai : « Le rose est beaucoup mieux que le vert, n’est-ce pas ? »

Les sourcils de Judgment se froncèrent tandis qu’il scrutait mon visage. Finalement, il me donna son opinion : « Le vert peut être choquant à voir au début, mais après l’avoir regardé un long moment, le rose a l’air plus écœurant. »

« J’ai compris maintenant. La prochaine fois, j’appliquerai le masque pour avoir la moitié de mon visage verte et l’autre rose. Ainsi, tu seras d’abord choqué, et ensuite dégoûté. »

Judgment rigola et secoua la tête. « Comment peux-tu toujours avoir le temps d’appliquer un masque facial ? Tu devrais avoir plus que quelques problèmes à résoudre », affirma-t-il.

Je plaçai mes mains serrées derrière ma tête et questionnai paresseusement : « Que veux-tu dire ? »

Logiquement, le seul problème que j’avais dont Judgment devait avoir connaissance était celui concernant Adair, à moins que le Pape lui ait déjà parlé du Chevalier des Enfers. Mais, d’après ma compréhension du vieux Pape, il n’était pas un travailleur si assidu. Il ne dirait pas quelque chose deux fois, surtout à Judgment qui n’était pas habitué à gérer ce genre de problèmes, puisqu’il était inutile de le faire.

« Des membres du Monastère du Dieu de la Guerre sont là. Quel que soit leur objectif principal, c’est définitivement relié à l’extension de leur aire d’influence et à l’accroissement du nombre de leurs croyants. »

Judgment me regarda mais déplaça immédiatement son regard. Je songeai que c’était parce que le masque facial rose était réellement trop dégoûtant.

Il me rappela : « Et c’est ta responsabilité d’attirer les fidèles. »

« Je sais cela. J’étais sur le point de considérer le problème de rassembler les fidèles en appliquant le masque. »

« Je pense que tu étais simplement sur le point de t’endormir », conclut tout bonnement Judgment.

Judgment est vraiment celui qui me connaît le mieux…

« Très bien, dans ce cas, pour m’empêcher de m’endormir, tu vas m’aider à chercher une solution ! »

Judgment secoua la tête et sortit un petit sac de toile blanche avec le symbole doré du Chevalier du Soleil brodé dessus. « Je n’ai pas le temps de faire ça ! » déclara-t-il. « J’ai encore des criminels à interroger, et je suis seulement venu pour te donner les chocolats à la myrtille d’Ice. Il a dit que si tu emportais ça avec toi, tu ne devrais plus être affamé. »

Cher Ice ! Tu ferais une femme et une mère merveilleuse. Si tu étais une femme, je t’épouserais définitivement !

Je m’assis, pris le petit sac, l’ouvris et reniflai le contenu. Quel parfum !

Après avoir senti les chocolats, je levai la tête uniquement pour voir que Judgment était réellement en train de partir. Je lâchai précipitamment un flot de d’informations. « Le Monastère du Dieu de la Guerre a essayé de tuer Adair. Non seulement le Fils du Dieu de la Guerre a personnellement sollicité un duel, il s’est même servi de moi pour le menacer. Si Adair refusait de faire un duel avec lui, il serait venu me défier. » Je m’arrêtai un instant avant de continuer : « Même si l’issue du duel était claire, le Fils du Dieu de la Guerre a continué d’essayer de tuer Adair. Il est allé au point d’empêcher la Section du Chevalier du Soleil d’aider mon vice-capitaine. À la fin, Adair a à la place été sauvé par un chevalier du roi, Elijah. Que peux-tu déduire de ces informations ? »

Bien sûr, en entendant cela, Judgment s’arrêta et y réfléchit en silence. C’est probablement une déformation professionnelle après de longues années à interroger des criminels, n’est-ce pas ? Quand il entend quelque chose de suspicieux, il cherche par réflexe la vérité cachée.

Voyant cela, je jetai quelques morceaux de chocolat dans ma bouche et me recouchai sur le lit. J’ai les chocolats à la myrtille d’Ice à manger, un lit pour m’étendre, et une personne pour m’aider à chercher une solution à mes problèmes. La vie pourrait-elle être encore plus belle ?

Judgment ouvrit la bouche lentement et commença : « Je pense qu’il y a une possibilité que… Sun, réveille-toi ! »

« Continue… »

Je me retournai dans mon lit, mais entendis vaguement une voix basse grogner « Grisia du Soleil » en détachant chaque syllabe. Ça sonne comme la voix extrêmement basse que Judgment n’utilise que quand il est fâché… J’ouvris hâtivement mes yeux et au moment où je les ouvris, je vis que le visage de Judgment était aussi sombre qu’un gouffre sans fin. Choqué, je bondis immédiatement et m’écriai : « Je suis réveillé ! Je suis vraiment réveillé ! »

Judgment me fixa, soupçonneux. Je m’assis vite droit sur le lit comme un bon étudiant, prêtant sérieusement attention.

Seulement alors, il fut disposé à continuer. Il dit : « Je pense que la raison pour laquelle ils voulaient tuer Adair a quelque chose à voir avec le fait que tu aies appris Résurrection. »

« Résurrection ? » J’en étais abasourdi pour un moment. Je laissai échapper : « Comment ont-ils pu découvrir cela ? »

« Bien que le fait que tu aies appris Résurrection n’ait pas été annoncé, l’Église du Dieu de la Lumière et le Monastère du Dieu de la Guerre ne sont pas très éloignés géographiquement. Les relations entre les deux religions ne sont pas très bonnes, alors ce n’est nullement étrange que les deux aient implanté quelques espions dans le camp de l’autre pour pêcher des informations. »

En entendant cela, j’hochai la tête pour montrer que j’avais compris. N’avions-nous pas aussi implanté un espion, Hell, dans la famille royale ? Si même la famille royale était espionnée, il n’y avait pas de raison d’épargner notre plus grand rival, le Monastère du Dieu de la Guerre. Puisque l’Église du Dieu de la Lumière, qui prône la bienveillance, a des espions partout, le Monastère du Dieu de la Guerre en a probablement implantés encore plus.

« Je pense qu’ils voulaient probablement tuer Adair pour confirmer si tu avais réellement appris Résurrection. » Judgment me fixa du regard et ajouta : « Même si tu as dit l’avoir appris, personne ne t’a vu l’exécuter pour l’instant. »

Il s’arrêta un instant avant d’ajouter avec une touche de regret : « Si tu l’avais appris plus tôt, tu aurais pu l’utiliser sur ton ami d’enfance, Roland. »

En entendant cela, je me figeai un moment et répondis alors par réflexe : « C’est impossible ! Résurrection a beaucoup de limites. L’une d’entre elle est que le sort doit être effectué moins de huit heures après la mort. Si c’est utilisé sur un corps qui est mort depuis plus de huit heures, il y aura de terribles conséquences. »

« Quel genre de terribles conséquences ? »

Je tombai silencieux quelques temps avant de révéler : « Après la réanimation… Non ! Ce genre de résultat ne peut même pas être appelé réanimation. Dans tous les cas, le corps de la personne c-continuera à pourrir comme un cadavre, mais restera “vivant”. Seulement quand le corps entier se sera décomposé ou quand la tête sera coupée, la personne mourra. »

En entendant cela, Judgment lâcha, alarmé : « Alors, ne serait-ce pas comme une créature des ténèbres ? »

Je restai silencieux jusqu’à ce que j’eusse vu Judgment se calmer graduellement. J’expliquai alors lentement : « Oui, la Résurrection et la création de créatures des ténèbres sont assez similaires dans bien des aspects, assez pour qu’elles puissent être considérées comme étant le même type de magie. Aussi, un nécromancien préservera le cadavre pour éviter une décomposition plus avancée, et contrôlera l’esprit du cadavre afin qu’il soit obéissant. »

« Est-ce que cela veut dire que tous les nécromanciens savent comment utiliser la Résurrection ? » Judgment fronça des sourcils.

« Non. » Je secouai la tête et précisai : « C’est facile de transformer un cadavre en une poupée obéissante, mais difficile de vraiment le faire revivre. Réaliser le sort huit heures après la mort est la condition la plus simple. Ceci mis à part, une très forte capacité à utiliser l’élément sacré est requise. Ce point seul rend impossible pour un nécromancien de le jeter.

« Il y a aussi la probabilité d’échouer ainsi que le prix de la réanimation. En conclusion, je peux seulement te dire que tu ferais mieux de ne pas me forcer à utiliser la Résurrection sur toi. C’est parce que je ne peux pas garantir qu’il ne te manquera pas une partie du corps après que tu sois ressuscité, ou pire… »

L’expression de Judgment changea et il grogna : « Pire ? Vais-je me transformer en créature morte-vivante ? »

Je répondis honnêtement : « Ça n’arrivera pas, tu ne deviendras pas une de ces créatures si tu es ressuscité moins de huit heure après la mort. Néanmoins, au lieu de perdre quelque chose, tu risquerais de gagner quelque chose. Par exemple, tu pourrais voir pousser une paire de cornes sur ta tête, une queue dans ton dos ou une poitrine volumineuse bien que tu sois un homme. Une femme pourrait gagner un… »

« Assez ! » Judgment prit une profonde inspiration et secoua la tête. Il dit : « Cette Résurrection semble être assez imprévisible. »

J’hochai la tête et ajoutai : « Évidemment. Si ressusciter était facile, qui ne serait pas d’accord pour mourir ? Aussi, tout le monde dit que le Pape ne sait pas se servir de Résurrection, mais ce n’est pas qu’il ne peut pas le faire, c’est juste que la probabilité d’une résurrection complète est très basse. Elle est si basse qu’il n’ose pas du tout lancer le sort, parce qu’il pourrait y avoir des effets secondaires… »

« Résurrection complète ? » demanda Judgment.

« C’est une résurrection sans aucun effet secondaire. » Je soupirai et continuai : « La probabilité que je réalise une résurrection complète est approximativement d’une sur quatre. C’est assez pour rendre le vieux Pape extrêmement jaloux. Il a dit que c’est la probabilité la plus importante pour la résurrection complète que quelqu’un ait obtenu durant les cinq cents dernières années. »

Judgment hocha la tête pour montrer sa compréhension et continua ses déductions : « Le Monastère du Dieu de la Guerre a peur que, une fois que tu auras maitrisé Résurrection, les dirigeants de chaque pays changent la religion de leur pays et vénèrent le Dieu de la Lumière. C’est parce que, grâce à ton sort Résurrection, ils n’auraient plus à craindre la mort. »

Je secouai la tête et le détrompai : « Dans ce cas, ils se méprennent. La Résurrection n’a absolument aucun effet sur ceux qui sont morts de vieillesse ou de maladie. Ceux qui sont morts de vieillesse mourront à nouveau immédiatement, comme ils ont déjà atteint l’heure de leur mort. Pareil pour ceux qui sont morts de maladie. Même s’ils sont ressuscités, leur maladie ne sera pas guérie, et ils mourront à nouveau. Ceux qui ont peur d’être tués ou de mourir de maladie devraient engager quelques chevaliers doués, des prêtres et des guérisseurs, car se protéger soi-même offre plus d’espoir que la résurrection. »

« Tu as raison », acquiesça Judgment, mais il me rappela ensuite : « Cependant, si même pour moi, les nombreuses limitations de Résurrections sont nébuleuses, alors que dire du Monastère du Dieu de la Guerre ? »

En entendant cela, je me tus. Au moins, l’un des mystères était résolu maintenant. La raison pour laquelle le Monastère du Dieu de la Guerre avait essayé de tuer Adair était pour confirmer si j’avais réellement maîtrisé la Résurrection. J’avais l’impression que, en comprenant la vérité sur ce sujet, au lieu de résoudre mon problème, j’avais maintenant un problème supplémentaire à résoudre.

Comment puis-je laisser tout le monde savoir que la Résurrection n’est pas aussi utile qu’elle le paraît ? Sinon, chaque fois qu’une personne influente va mourir et que tous vont affluer vers moi pour la ressusciter, que va-t-il advenir de mes jours paisibles ?

Judgment poursuivit : « Quant au sauvetage d’Adair par Elijah, la réputation de ce dernier n’est pas mauvaise, donc il a probablement agi avec la justice à l’esprit. »

« Tu connais Elijah ? », demandai-je curieux. Pourquoi tant de gens connaissent-ils cette personne ? Est-il vraiment si célèbre ?

Judgment acquiesça. « Elijah n’a pas une bonne réputation uniquement parmi les chevaliers royaux », dit-il. « Il a des amis partout, y compris de nombreux chevaliers sacrés. Je ne le connais pas en personne, mais certains membres de ma Section du Chevalier du Jugement le connaissent personnellement. Néanmoins… » Il s’arrêta soudainement de parler pour me fixer un moment avant de continuer : « En parlant de ça, ta Section du Chevalier du Soleil semble très proche d’Elijah. Alors, qu’il agisse pour sauver Adair n’est pas un fait étrange pour lui. »

« Pourquoi ma Section du Chevalier du Soleil est-elle si proche d’un chevalier du roi !? » m’exclamai-je, un peu insatisfait. Bien que le prince héritier, le vrai chef de la famille royale, et moi, leur chef, soyons en conflit, ils en sont arrivés à devenir de bons amis avec son vassal.

Judgment ouvrit lentement la bouche et répondit à ma question par une autre question : « Ne devrais-je pas être celui qui te le demande, capitaine de la Section du Chevalier du Soleil ? »

J’en fus abasourdi et pus seulement répondre rapidement : « Laisse-moi aller demander à Adair– »

Judgment me coupa immédiatement et me blâma, en affirmant : « Adair t’est très obéissant, et s’est reposé durant tout ce temps. Puisque c’est ainsi, alors toi, le capitaine, tu devrais au moins supporter les responsabilités qui étaient tiennes à l’origine pendant qu’il se repose ! »

Tch ! Je me suis fait réprimander par Judgment. C’est totalement la faute de… du Monastère du Dieu de la Guerre.

Un peu fâché, je promis : « D’accord, d’accord ! Je vais demander à quelqu’un d’autre à présent. »

Immédiatement après avoir  dit cela, je bondis hors du lit, arrangeai mes vêtements et étais sur le point de pousser la porte pour partir…

« Sun ! »

Contrarié, je me tournai et protestai : « Quoi ? J’ai déjà dit que je n’irais pas questionner Adair. »

« Tu ne t’es pas lavé le visage… »


Autrefois, je possédais un vice-capitaine omnipotent, mais ne savais pas le chérir. Seulement après l’avoir perdu, ai-je découvert à quel point il était précieux… Sans Adair, je n’arrivais même pas trouver ma propre Section du Chevalier du Soleil !

Avec beaucoup de difficultés, j’appris de Storm qu’ils devaient se trouver à la Taverne du Bourgeon. Je m’y précipitai sur-le-champ, fâché.

Ces idiots ! Ne les ai-je pas prévenu d’éviter de quitter le Temple Sacré autant que possible ? Chacun d’entre eux a fait la sourde oreille. Il semblerait que ça fasse trop longtemps depuis la dernière fois où j’ai jeté quelqu’un du haut d’une falaise !

Peu de temps après, j’avais réussi à rassembler tous les membres de la Section du Chevalier du Soleil dans la rue. Chacun d’entre eux portait des vêtements ordinaires et flânait dans les rues paresseusement. Au moment où ils me voyaient, ils me souriaient même et agitaient la main dans ma direction !

Je souris, levai mon index et pointai l’allée sur le côté, avant de marcher dans celle-ci. Naturellement, la Section du Chevalier du Soleil me suivit.

« Capitaine ! Allons-nous nous liguer contre quelqu’un ? » demanda Ed, excité.

J’ignorai Ed et souris en m’adressant à tout le peloton : « Sun se rappelle avoir prévenu ses frères ici présents de ne pas quitter le Temple Sacré pour le moment, non ? »

Puisque vous avez osé ignorer mon conseil, je pense que vous avez tous oublié la raison pour laquelle vous avez sauté du haut d’une falaise pour commencer !

La Section du Chevalier du Soleil méritait réellement d’être mon peloton, vu qu’ils avaient immédiatement senti le danger de mon sourire anormalement large. La couleur se retira de leur visage et en un instant, les badauds paresseux se transformèrent en chevaliers fiables, se tenant au garde-à-vous.

Je cessai de sourire et fixai froidement Ed, qui se tenait le plus proche de moi. Ed balbutia alors qu’il expliquait : « Ca-Capitaine, n-nous portons des vêtements ordinaires, p-pas l’uniforme de la Section du Chevalier du Soleil … »

« Et donc, plus de vingt personnes sortent ensemble en groupe ? » m’enquis-je avec un autre sourire. « À présent, je comprends. Je n’ai en effet pas besoin de m’inquiéter, comme tous les guerriers du Monastère du Dieu de la Guerre savent seulement comment se battre et n’ont probablement pas d’yeux, donc ils ne peuvent pas vous reconnaître du tout ! »

Ed éclaircit précipitamment : « Capitaine, n-nous vous avons écouté. C’est la première fois depuis quelques jours que nous quittons le Temple Sacré. Nous avons invité Elijah à la taverne avec l’intention de lui payer un verre pour le remercier d’avoir sauvé Adair. »

« C’était donc pour cela ! » déclarai-je avec un signe de la tête. Quand j’aperçus tous les membres de la Section du Chevalier du Soleil exprimer un visible soupir de soulagement, j’attrapai Ed par le col et questionnai : « Ça me rappelle un autre sujet. J’ai ouï dire que vous étiez déjà assez proche d’Elijah ? Par le passé, le chaos créé par ce gros porc de roi m’a donné la migraine, et maintenant le prince héritier la rend cinq fois pire ! Et pendant ce temps, vous prenez du bon temps ! Vous avez osé vous lier d’amitié avec les subordonnés de l’ennemi dans mon dos ! »

« Nous ne nous sommes pas secrètement lié d’amitié avec l’ennemi, Capitaine ! » protesta Ed, quasiment en larmes. « Nous connaissons Elijah, parce qu’on s’en est pris à lui une fois. »

« Pourquoi vous en êtes-vous pris à lui sans raison ? »

Je ne leur avais jamais demandé de faire cela. Je n’avais même jamais entendu le nom d’Elijah auparavant, donc c’était impossible pour moi d’ordonner à la Section du Chevalier du Soleil de s’en prendre à lui.

« C-C ‘est parce que nous avons tabassé la mauvaise personne… Et nous nous sommes rendus compte que nous nous étions trompé de personne seulement après l’avoir passé au tabac, d-donc nous l’avons vite aidé à guérir ses blessures et nous nous sommes excusés en lui payant un verre. »

C’est ce qu’on appelle « Un conflit entraîne l’amitié » ? Mais, cela se réfère habituellement à deux personnes se battant l’une contre l’autre, pas à un groupe qui attaque une seule personne, n’est-ce pas ?

Je restai muet pendant un certain temps. Je les réprimandai alors : « Vous avez même attaqué la mauvaise personne ! Je ne comprends réellement pas comment vous avez été choisis pour rejoindre la Section du Chevalier du Soleil ! »

Ed répliqua doucement : « Capitaine, c’était la première fois que nous agissions ainsi ! Il y a toujours un risque d’échec, pas vrai ? »

« Si la personne que vous aviez frappée par erreur était moi, alors vous pourriez vous détendre car ce serait la seule et unique fois que vous auriez commis une erreur ! » le sermonnai-je froidement.

Ed sourit instantanément et assura : « Capitaine, comment aurions-nous pu possiblement vous attaquer par erreur ? Vous êtes une personne si remarquable que même les dieux vous envient et qu’un millier de rayons de lumières dorées de bon augure vous entourent… »

« Vous possédez des lèvres roses et prometteuses ainsi que des dents d’une blancheur immaculée… », renchérit un autre membre de la section.

« Votre peau est blanche comme le lait… »

« Même en ne faisant que tourner la tête et sourire, vous parvenez à charmer une centaine de personnes ! » s’exclama un quatrième.

« Taisez-vous ! » Je roulai des yeux. Quand je serai rentré, je devrais demander à Adair d’améliorer le langage des membres de mon peloton. Non, mais écoutez-les, qu’est-ce que c’est que ces adjectifs qu’ils utilisent ? Bande de crétins !

« Capitaine… » Ed examina mon expression très prudemment. Il demanda, d’une voix aussi délicate qu’un insecte : « Peut-on aller voir Elijah maintenant ? L’heure de la rencontre est déjà dépassée… »

J’y réfléchis un instant. Jusqu’à présent, toutes les informations que j’avais obtenues semblaient indiquer qu’Elijah avait probablement sauvé Adair en toute sincérité et qu’il n’était engagé dans aucune conspiration. Puisque c’était ainsi, alors moi, en tant que capitaine, je me devais aussi d’exprimer ma gratitude envers lui.

Après tout, si Adair avait vraiment été tué, me forçant à employer la Résurrection sur lui, qui sait s’il n’aurait pas manqué des morceaux au Adair ressuscité, ou pire, s’il n’aurait pas gagné un quelque chose en plus.

Qu’importe s’il avait une corne ou une queue en plus : ça le rendrait encore plus classe ! Néanmoins, si sa poitrine grossissait, alors je n’aurais plus eu de vice-capitaine… Peu importe à quel point Adair était capable, s’il courait vers moi avec une poitrine qui rebondissait, je le jetterais du haut d’une falaise sans la moindre hésitation !

Après avoir imaginé Adair avec une grosse poitrine, j’éprouvai le sentiment que je devrais m’agenouiller pour vénérer Elijah. Je dis précipitamment aux membres de la section : « Si l’heure du rendez-vous est déjà passée, pourquoi ne partez-vous pas ? Ne faites pas attendre les gens. »


Je suivis la Section du Chevalier du Soleil jusqu’à la taverne du Bourgeon. Les tavernes ne m’étaient pas familières. Après tout, j’étais le Chevalier du Soleil bien connu pour s’évanouir au bout de trois verres, donc je ne pouvais pas me rendre dans une taverne pour boire. C’était seulement quand je cherchais des gens (afin d’obtenir des informations, je n’avais pas eu d’autre choix que de courir dans toute la cité en cherchant Storm ; à la fin, je l’avais retrouvé ivre mort dans une taverne. Il s’était seulement réveillé après que je lui aie mis plus de dix baffes. C’était aussi la septième fois que je l’énervais) et quand je passais dans le coin (en me battant avec des créatures des ténèbres dans la rue, j’avais été envoyé valser et m’étais écrasé dans une taverne), que je mettais les pieds dans une taverne.

Étant le capitaine, j’entrai le premier. Au début, les personnes dans la taverne ne me remarquèrent pas. Mais, étant curieux, ils se tournèrent un à un pour jeter un coup d’œil. Au moment où ils tournaient la tête, leurs yeux se fixaient sur moi.

J’observai autour de moi l’intérieur de la taverne et me rendis compte qu’il y avait plus que quelques clients. L’environnement n’était ni trop sale ni trop désordonné, mais ça ne pouvait pas être considéré comme étant propre et ordonné. Néanmoins, l’endroit était plutôt grand ; en plus de la salle principale, qui était entourée par de nombreuses chambres, il y avait un étage.

Quand mon regard balaya le comptoir du bar, la vue du dos d’une personne près de celui-ci me rappela quelque chose. Je suis certain d’avoir vu cette personne de dos quelque part auparavant !

De plus, je ne me rappelle pas de ce à quoi cette personne ressemble de face, donc je ne l’ai probablement vue que de dos. Plus étrange encore, pourquoi est-ce que je me rappelle si bien de la vue du dos de cette personne ?

À ce moment-là, quelqu’un hurla soudainement : « Je suis quelqu’un de bien, ne m’arrêtez pas ! »

Après ça, tout le monde commença à crier et à beugler comme s’ils n’avaient jamais rien dit de toute leur vie auparavant.

« Je n’ai pas volé les sous-vêtements de mon voisin M. Fleur, ils ont été emportés par le vent ! »

« Je paye toujours mon addition après avoir pris un verre, je ne me suis jamais enfui sans payer mon repas avant ! »

« Je n’ai jamais vandalisé le mur de l’Église du Dieu de la Lumière auparavant ! »

Ed et les autres membres de la Section du Chevalier du Soleil s’avancèrent précipitamment et expliquèrent : « Que tout le monde se calme. Nous ne sommes pas là pour arrêter des gens, mais pour boire. »

« Vous plaisantez !? Tout le monde sait que le Chevalier du Soleil ne peut pas tenir l’alcool ! »

« C’est vrai ! J’ai entendu dire que son visage devenait rouge à la première coupe, qu’il attrapait la migraine à la deuxième et qu’il s’évanouissait à la troisième. »

« Cette capacité à tenir l’alcool ne correspond pas du tout à un homme… Non ! Je n’ai rien dit ! »

Voyant cela, Ed paniqua et cria : « Le capitaine est juste là pour se joindre à la fête ! »

« Ed », l’appelai-je.

L’expression d’Ed changea immédiatement, et il se reprit précipitamment : « Capitaine, je ne pensais pas ce que je viens de dire, vraiment… »

Si tu n’avais pas ajouté la dernière phrase, j’aurais cru que tu ne pensais pas ce que tu as dit… Je réprimai l’impulsion de rouler des yeux, comme j’étais en ce moment le Chevalier du Soleil éternellement souriant. Je pointai la personne qui me semblait familière de dos, près du comptoir du bar, et proposai : « Invitons ce charmant chevalier à nous rejoindre pour prendre un verre ! »

Ed jeta un coup d’œil dans la direction que je pointais, acquiesça et dit : « Oh, Capitaine, vous connaissez aussi Elijah, alors. »

Comment ? C’était Elijah ?

Avant que j’aie pu réagir, Ed s’avança à côté de cette personne, tapota son épaule et appela effrontément : « Hé ! Nous sommes là, Elijah ! Tu n’attends pas depuis trop longtemps, j’espère ? »

Cette personne lâcha sèchement : « Si justement ! J’ai attendu près d’une demi-heure. Remarque, c’est bien mieux que la dernière fois, où j’ai dû attendre une heure… Ça me fait vraiment me demander qui exprime sa gratitude envers qui. »

« Hahaha ! Ne soit pas si dur ! » Ed lui donna une claque dans le dos et le salua avec enthousiasme : « Viens, laisse-moi te présenter quelqu’un. »

« Qui donc ? » s’enquit-il, un peu curieux.

À ce moment-là, je m’avançai derrière lui. Il sembla réaliser qu’il y avait quelqu’un derrière lui et à l’instant où il se retourna… nos deux sourires se figèrent.

« Voici notre capitaine, le Chevalier du Soleil. » Ed me présenta à lui en souriant joyeusement, et procéda ensuite à me le présenter : « Capitaine, voici Elijah. »

Je pris plusieurs profondes inspirations avant de révéler un parfait sourire étincelant. Je le saluai : « C’est la première fois que nous nous rencontrons. Salutations, Chevalier Elijah. »

Seulement après mon rappel, cette personne récupéra-t-elle du choc. Il répondit rapidement : « B-Bonjour. C’est la première fois que nous nous rencontrons, Chevalier du Soleil. Je suis resté bouche bée par votre élégance pendant un instant. Je suis vraiment désolé. »

Un des sourires était étincelant tandis que l’autre était détendu, mais nous étions probablement les deux seuls à être conscients que l’autre souriait en réalité amèrement… C’était en effet ma première rencontre avec Elijah, mais c’était la deuxième fois que je voyais « le Chevalier des Enfers ».

Elijah était en fait celui qui se mettait en grève : le Chevalier des Enfers.

Mais en y repensant plus attentivement, il y avait toujours quelque chose qui clochait ! J’avais déjà vu le « devant » du Chevalier des Enfers, alors comment pouvais-je être si familier avec son dos au point que je ne parvenais même pas me rappeler à quoi il ressemblait vu de face.

Pardon ? Avez-vous dit que je me suis peut-être mal rappelé ? Cela ne se peut ! Ce n’est pas que je veuille me vanter, mais ma mémoire est si bonne que je peux même me souvenir des cotes des paris d’il y a treize ans. Comment pourrais-je mal me rappeler quelque chose ? Dans le pire des cas, j’oublie seulement des choses inintéressantes comme Storm qui me rappelle qu’il y a une réunion le lendemain. J’ignore pourquoi, mais j’ai tendance à oublier ce genre de choses. Comme c’est bizarre !

Pendant que j’étais rempli de doutes sur moi-même, la serveuse nous avait accueillis et conduits dans une salle privée. Au moment où nous entrâmes, Ed se tourna et dit : « Capitaine, ce qu’il se produit dans cette salle privée est un secret. Même si nous parlons fort, nous n’avons pas à nous inquiéter d’être entendu par des gens à l’extérieur. »

« Secret ? » Mon esprit entier était maintenant empli par « vue de dos », « vue de dos ». Toutefois, au moment où j’entendis le mot « secret », la lumière se fit dans mon esprit.

« C’est vrai ! » Ed rigola effrontément et murmura à mon oreille : « Il y a même un passage secret pour partir en douce. »

Passage secret… Je me rappelle maintenant, je me rappelle vraiment maintenant !

J’avais vu le dos de cette personne dans un passage secret.

Je m’étais précédemment faufilé dans le palais via un passage secret à cause du problème avec Roland, et j’avais par hasard aperçu la princesse embrasser un homme. À cet instant-là, le dos de l’homme me faisait face, donc je n’avais vu que son dos !

Et la personne dont j’avais vu le dos était Elijah… Ainsi, l’homme qui entretenait une liaison secrète avec la princesse était Elijah, et Elijah était le Chevalier des Enfers !

Pas étonnant que la princesse fût aussi protectrice envers le Chevalier des Enfers. Elle protégeait en réalité l’homme qu’elle aimait !

Le Chevalier des Enfers entretenait en réalité une liaison avec la princesse ? Je fronçai des sourcils et méditai pour savoir si c’était une bonne ou une mauvaise nouvelle…

Ahahaha, évidemment que c’est une bonne nouvelle ! Je dois être béni par le Dieu de la Lumière, parce que j’ai maintenant un moyen d’empêcher que le Fils du Dieu de la Guerre épouse la princesse ! Hahaha !

« C-Capitaine ? » héla Ed avec précaution.

J’étais extrêmement de bonne humeur et souris largement en répondant : « Hmm ? Qu’y a-t-il ? »

Ed recula lentement de deux pas. Il déglutit et, évitant ma question, changea de sujet : « La serveuse prend notre commande, alors y a-t-il quoi que ce soit que vous désiriez manger, Capitaine ? »

Je souris et déclarai : « J’aimerais avoir deux assiettes de bœufs et dix bouteilles d’alcool fort ! »

La serveuse acquiesça et partit préparer les plats.

Ed se gratta la tête et demanda : « Capitaine, puisque nous avons tant de personnes réunies, est-ce que deux assiettes de bœufs sont vraiment suffisantes  pour tout le monde ? »

« Héhé, qui a dit que j’allais partager avec vous ? Je vais avoir une bonne discussion ici avec le Chevalier Elijah, le reste d’entre vous va aller à côté pour manger ! »

En entendant cela, Ed et les autres membres de la Section du Chevalier du Soleil furent abasourdis. Elijah eut une expression alarmée.

Je souris et les rassurai : « N’ayez craintes, ma seule intention est de remercier correctement le Chevalier Elijah. » J’ajoutai d’une voix basse à la Section du Chevalier du Soleil : « Dépêchez-vous de déguerpir ! Ou se pourrait-il que vos os vous démangent tellement que vous vouliez sauter du haut d’une falaise pour les casser et ainsi apaiser les démangeaisons ? »

Ed se tourna immédiatement et claqua Elijah dans le dos. Il sourit et dit : « Elijah, aie une bonne discussion avec notre Capitaine ! Nous reviendrons plus tard… »

Puisque nous sommes amis, nous reviendrons pour enterrer ton corps ! Tous les membres de la Section du Chevalier du Soleil arboraient une expression de deuil sur leur visage.

J’observai la Section du Chevalier du Soleil saluer de la main Elijah en partant, avec des « adieu pour toujours », « nous te laissons tomber » et d’autres expressions similaires inscrites sur leur figure. Alors qu’ils quittaient la salle privée, la serveuse entra et plaça dix bouteilles d’alcool fort et deux assiettes de bœuf sur la table. Elle nous fixa un certain temps, Elijah et moi, avant de se décider à partir.

« Chevalier du Soleil… » Elijah m’observa avec précaution.

« Hmm ? » Je souris pendant que j’ouvrais les dix bouteilles d’alcool qui étaient sur la table.

« Vous semblez être de très bonne humeur ? » demanda-t-il un peu méfiant et confus.

Je ris tout haut et m’exclamai : « En effet ! »

Il fronça des sourcils et demanda à nouveau : « Est-ce que ça a quelque chose à voir avec moi ? »

« Évidemment que ça a un rapport. J’ai soudainement trouvé un moyen de résoudre le problème de ton autre identité. » Comme un diable, je murmurai de façon attirante : « Si tu acceptes de faire quelque chose pour moi afin que je puisse répondre au Pape, à partir de maintenant tu ne seras plus le Chevalier des Enfers. »

D’abord, Elijah parut soulagé. Puis, son expression s’assombrit, et il me regarda de façon soupçonneuse. Il dit solennellement : « Je ne trahirai pas la famille royale. »

Je souris et déclarai : « Détends-toi ! Je ne te demanderais jamais de trahir la princesse. En fait, ça vous bénéficierait fortement à tous les deux. » En revanche, tu risques de trahir un petit peu le prince héritier.

Elijah me fixa d’un air méfiant et s’enquit : « Que voulez-vous que je fasse ? »

J’attrapai une bouteille de liqueur et hélai : « Allons ! Laissons le travail pour plus tard. Viens, nous devrions d’abord boire quelques bouteilles d’alcool. Santé ! »

Après avoir fini toute la bouteille d’alcool d’une lampée et essuyé la mousse du coin de mes lèvres, je notai qu’Elijah me fixait, ébahi. Je souris, secouai la bouteille vide et dis : « Ton tour. »

Elijah regarda les neuf bouteilles d’alcool qu’il restait sur la table, et son visage pâlit instantanément.


Approximativement deux heures plus tard, je sentis qu’il était temps et envoyai la serveuse chercher Ed et les autres.

Au moment où ils entrèrent, ils remarquèrent Elijah effondré sur la table, inconscient. Choqué, Ed questionna rapidement : « Qu’est-ce qui est arrivé à Elijah ? Capitaine, vous ne l’avez pas réellement tué pour le faire taire, n’est-ce pas ? »

Je souris et expliquai : « Un telle chose n’est pas arrivée, il est juste ivre. Le Chevalier Elijah tient vraiment bien son alcool ! Il a vidé dix bouteilles d’alcool à lui tout seul. »

« Dix bouteilles ? »

La mâchoire de tout le monde se décrocha. Ed bégaya : « Comment est-ce possible ? C’est de la liqueur “ivre-en-une-bouteille”. On dit que personne ne peut rester sobre après avoir bu une bouteille de ça. Même si c’est Elijah, le maximum qu’il puisse avaler doit être une bouteille et demi… »

Je fronçai des sourcils. Cet alcool était-il si puissant ? Pas étonnant qu’Elijah se soit effondré sur la table avec un sploc et ne se soit pas réveillé.

Telles qu’étaient les choses, je ne pus que jouer la comédie et soupirer. « Parce que nous discutions si joyeusement, il a bu dix bouteilles sans s’en rendre compte. Si je l’avais su plus tôt, je l’aurais arrêté. »

Personne ne semblait convaincu par mon explication. À ce stade, je leur rappelai : « J’ai encore des choses à faire, je dois donc partir d’abord. Souvenez-vous de ramener Elijah chez lui. Ne le laissez pas dormir ici, il va attraper un rhume. »

Ed et les autres hochèrent la tête avec un visage dénué d’expression.

Je partis avec mon dos leur faisant face, comme je ne pouvais résister à la tentation de me lécher les lèvres. Cette liqueur “ivre-en-une-bouteille” était étonnamment bonne. Si je l’avais su plus tôt, je n’aurais pas donné une bouteille et demie à Elijah. Tch tch ! Puisque j’allais demander à Roland de faire quelques commissions pour moi, je pourrais en profiter pour l’emmener ici et continuer à boire en tant que Suprême Dragon.

La Légende du Chevalier du Soleil T2C4 : Prends Soin des Membres de la Section du Chevalier du Soleil

La Légende du Chevalier du Soleil Tome 2 : Les Tâches Quotidiennes d’un Chevalier

Roman d’origine en chinois par : 御 我 (Yu Wo)


Chapter 4: Take Care of The Members of Sun Knight Platoon – traduit du chinois à l’anglais par Raylight[PR!]
Chapitre 4 : Prends Soin des Membres de la Section du Chevalier du Soleil – traduit de l’anglais au français par Nocta
+ Travail de vérification par LuluHime

 

Le design et les matériaux des vêtements n’intéressaient aucunement Roland. Sans la couturière qui avait vu à quel point il était beau et l’avait obstinément ligoté pour prendre ses mesures tout en discutant toute seule du design, je pense qu’il se serait contenté des mots « Trois tenues de guerrier. Voici le paiement » pour ensuite disparaître sans laisser de trace.

Cependant, ce que je n’avais pas prévu était que même l’armurerie n’avait pas du tout éveillé l’intérêt de Roland. Il ne fit que piocher une épée de métal sans s’y intéresser. Mais en y repensant, en plus d’émettre une aura de ténèbres, l’épée magique de Roland était également à un niveau de tranchant rarement vu. Avec cela, comment aurait-il pu montrer de l’intérêt pour une épée qui pouvait être achetée dans une armurerie ordinaire ?

En fin de compte, la boutique de desserts engloutit la majorité de notre temps. Rien que les sucettes achetées par Rose occupaient deux gros sacs, et les sucettes à la fraise remplissaient la moitié de l’un d’entre eux. Finalement, attendre que le gâteau sablé à la fraise soit presque cuit et sorte tout chaud du four ne nous laissa pas suffisamment de temps pour aller à la boutique de poupées.

Avant que nous ne rentrions au petit cottage, Rose commença à geindre comme une enfant gâtée. « La boutique de poupées, allons à la boutique de poupées ! Juste un petit moment suffira. »

Mécontent, je dis : « Nous irons la prochaine fois ! Le temps limite de ma transformation est presque écoulé et si cela continue, je vais être vidé de mon sang par la Brigandine Sainte du Dragon. »

« Qui a dit que tu vas mourir ? Tu as survécu la dernière fois après avoir autant saigné. Tu es plus difficile à tuer qu’une créature mort-vivante… »

Après avoir regardé Rose en roulant des yeux, je ne lui prêtai plus attention. Je changeai d’interlocuteur et m’adressai à Roland : « Nous n’avons pas eu suffisamment de temps aujourd’hui, la prochaine fois je t’emmènerai dans des endroits plus intéressants. »

Roland secoua la tête. « Pouvoir sortir est déjà pas mal. »

Je ne sais pas si nous accompagnions Roland ou Rose aujourd’hui… On dirait que, la prochaine fois, je devrais penser convenablement à quel endroit emmener Roland, de peur qu’il ne s’ennuie.

Après avoir dit au revoir à ces deux-là, je maintins mon sourire de Chevalier du Soleil tandis que je marchais. Comme attendu, j’étais le centre de l’attention peu importe où j’allais, même s’il s’agissait d’une rue qui était considérée comme extrêmement déserte dans la ville. Cependant, les regards que tout le monde me lançait semblaient être un peu étranges. Se pourrait-il que mes vêtements soient en désordre d’une manière ou d’une autre ? Je baissai le regard rapidement et vis un justaucorps noir et une armure en argent… j’avais oublié de terminer la transformation !

Ce n’était pas étonnant que tout le monde me fixât du regard. Avec ce genre d’accoutrement, peu importe où vous irez, vous serez perçus comme une personne suspecte. À quoi pensait le créateur quand il a conçu ce costume ? Si un assassin s’habillait comme ça, pourrait-il vraiment conduire un assassinat ? Cette tenue est encore plus tape-à-l’œil que mon armure scintillante de Chevalier du Soleil !

Mon seigneur, votre serviteur est une tenue faite pour des déplacements nocturnes. Bien qu’elle attire énormément l’attention pendant la journée, elle a un excellent effet de camouflage durant la nuit. 

Je restai stupéfait un moment, mais je me rappelai peu après que c’était la Brigandine Sainte du Dragon qui parlait. Je me réconfortai en murmurant : « Ce n’est pas que ma mémoire soit mauvaise ; personne ne s’habituerait à ce que leurs propres vêtements parlent, n’est-ce pas ? Brigandine Sainte du Dragon, s’il n’y a rien d’extrêmement important, s’il-te-plaît ne parle pas. Tu m’as fait sursauter. »

Oui, mon seigneur. Votre serviteur n’osera point agir à sa guise dorénavant.

Pourquoi cela donne-t-il l’impression que je suis en train de maltraiter la Brigandine Sainte du Dragon… ? Mettons cette question de côté une minute. Premièrement, j’avais besoin de trouver un endroit où résilier la transformation. Je risquais de subir une perte massive de sang si je ne le faisais pas.

Je jetai des coups d’œil de tous côtés, cherchant un endroit où me retransformer. Au lieu de cela, je vis au loin la Section du Chevalier du Soleil se diriger dans ma direction. Je plongeai alors précipitamment dans une allée faiblement éclairée. J’attendis jusqu’à ce qu’ils m’aient largement dépassé et qu’ils soient entrés dans une taverne, puis je sortis de l’allée faiblement éclairée et penchai la tête pour regarder vers l’immeuble.

« Un bon Capitaine ne devrait pas enquêter sur les affaires privées de ses subordonnés… Mais de toute façon, quand ai-je une seule fois été un bon Capitaine ? »

Après avoir raisonné que je n’étais définitivement pas un bon Capitaine, je trouvai un endroit où il n’y avait personne aux alentours, escaladai rapidement le mur jusqu’au toit de la taverne, puis commençai à chercher les membres de mon peloton. Sans dépenser beaucoup d’énergie, je les trouvai dans la salle privée de la taverne. Heureusement, cette dernière était construite en bois, et le bruit créé par les clients dehors était étouffé. Cela me permit d’utiliser ma dague pour couper un petit trou rectangulaire dans le toit sans trop d’effort et de m’en servir pour les espionner.

Je posai mon œil contre l’ouverture et, comme je m’y attendais, je vis les vingt-cinq membres de ma section assis à une longue table. Mon vice-capitaine, Adair, était même assis à la place de l’hôte, et sur la table se trouvait un assez grand festin.

Diantre, ça sent vraiment bon !

« Que devrions-nous faire Adair ? Nous n’arrivons pas à trouver l’opportunité d’accomplir le plan et d’attaquer ! »

Attaquer ? Qui vont-ils attaquer ? Je fronçai les sourcils.

« Devrions-nous en rendre compte au Capitaine ? Il se peut que celui-ci ne soit pas au courant de cette affaire… »

Adair secoua sa tête, répondant : « Hors de question. Puisque le Capitaine nous a déjà confié cette tâche, alors, quoi qu’il arrive, nous devons quand même l’exécuter par nous-mêmes. Messieurs, ne me dites pas que vous avez déjà oublié quel était la première chose que le Capitaine nous aie enseignée ? »

Un par un, les membres se regardèrent avec un sourire amer, puis ils répliquèrent à l’unisson : « Si je vous dis de sauter du haut d’une falaise, vous devez sauter. Autrement, je vous ferai tomber, puis je pousserai un énorme rocher pour vous accompagner ! »

Après qu’ils eurent terminé, les membres de la section rigolèrent au point de ressembler à des hystériques. L’un d’entre eux donna un coup de coude au camarade à ses côtés, riant tandis qu’il demandait : « Ed, qu’est-ce que ça fait d’être poussé d’une falaise puis d’être suivi par un rocher géant ? »

Le dénommé Ed eut un sourire amer. Avec un soupir, il répondit : « Dire qu’au premier abord, peu importe de qui il s’agit, le Capitaine leur offrira un sourire si radieux. Il a l’air d’avoir un tempérament si bon que même si vous lui marchiez sur la tête deux fois, il ne s’énerverait pas. Mais la vérité c’est que si vous n’êtes pas suffisamment humble pour le laisser vous marcher sur la tête à deux reprises, alors vous êtes un homme mort ! »

« Bien dit ! » Les autres applaudirent bruyamment.

Quelle flopée d’inepties ; je n’ai aucune envie de piétiner la tête des autres ! La personne qui a parlé s’appelait Ed, n’est-ce pas ? Tu ferais mieux d’être prudent, je me souviendrai de toi !

À ce moment-là, Adair déclara hâtivement : « Ne dites pas ça comme ça. Le Capitaine est quand même assez gentil ; c’est seulement qu’il est plus strict envers nous, la Section du Chevalier du Soleil… »

Tous les membres du peloton tournèrent simultanément leurs têtes pour le regarder.

Adair révéla une expression d’impuissance, et il ajouta : « Et aussi plus strict avec ceux qui l’ont provoqué… »

Tout le monde leva un sourcil en même temps, comme s’ils demandaient à Adair comment il pouvait mentir comme un arracheur de dents sans même changer son expression.

Adair ne put s’empêcher d’admettre : « Très bien, il est aussi plus strict envers ceux qui pourraient potentiellement le provoquer dans le futur… Mais quoi que vous en disiez, vous ne pouvez réfuter le fait que le Capitaine soit loyal ! »

« C’est en effet vrai. » Ils hochèrent tous la tête.

Héhé, vous aviez intérêt à hocher la tête, sinon… Pffff ! Que vous osiez en fait dire du mal derrière mon dos ? Chacun d’entre vous ferait mieux d’être prudent, je m’en souviendrai !

Un des membres éternua, puis il regarda à gauche et à droite avec suspicion. « Pourquoi est-ce qu’il fait un peu froid tout à coup ? »

« Je trouve aussi. Fermons les fenêtres. »

Ed frappa du poing contre la table et affirma avec dédain : « Cet enfoiré de Jacques n’a même pas osé accepter la demande en duel d’Adair. Et il prétend être un chevalier de haut rang ! »

Jacques ? Je fronçai les sourcils. Qui est-ce ? Se pourrait-il qu’il soit l’ennemi d’Adair, alors celui-ci voulait laisser la Section du Chevalier du Soleil l’aider à obtenir sa revanche sous le couvert de mon nom ? 

« Toutefois, Adair, es-tu certain que le Capitaine sait que ce Jacques a trouvé des fidèles du Monastère du Dieu de la Guerre pour être ses gardes ? »

Le Monastère du Dieu de la Guerre ? Je fus momentanément abasourdi. Cela ne se peut. Les membres de ma Section du Chevalier de la Lumière ont en fait provoqué le Monastère du Dieu de la Guerre dont la capitale est dans le pays voisin ? C’est un peu trop exagéré.

Adair répondit un petit peu désespérément : « Je ne suis pas sûr que le Capitaine soit au courant de cela. Mais, dans l’éventualité où il en a véritablement déjà connaissance et qu’il nous en a quand même donné l’ordre, que nous échouions à accomplir ses ordres, et que nous allions même le déranger avec cette affaire… »

Attendez, attendez, qu’est-ce que cela a à voir avec moi ? Je ne connais aucun type nommé Jacques et je n’ai définitivement donné aucun ordre qui pourrait tendre les relations entre nous et le Monastère du Dieu de la Guerre.

Ed enroula soudainement ses bras autour de sa tête et cria : « Ah ! Alors, je préfère me battre à mort contre ces types du Monastère du Dieu de la Guerre, afin d’empêcher de me faire pousser du haut d’une falaise par le Capitaine puis d’être accompagné par un énorme rocher. »

Entendant cela, tout le monde se mit à rigoler. Ils commencèrent même à se rebeller et à débiter des âneries telles que « en découdre avec eux », « les renvoyer chez eux dans des sacs mortuaires » et… Attendez, attendez ! Si j’en répète davantage, même le Dieu de la Lumière enverra la foudre s’abattre sur moi afin de m’empêcher de prononcer un mot qui pourrait souiller les âmes innocentes des petits enfants.

Un des membres du peloton était un petit peu inquiet. « Mais, si le Capitaine n’est vraiment pas au courant que cette affaire est liée au Monastère du Dieu de la Guerre, alors agir imprudemment n’est pas vraiment bon, non ? » dit-il. « Bien que nous ayons affronté pas mal d’ennemis, cela a toujours été fait sous la direction du Capitaine. Si ce dernier n’a aucune intention de provoquer le Monastère du Dieu de la Guerre, alors… »

« Alors nous serons tous tués par lui », répliqua Ed, son ton sonnant comme s’il voulait pleurer.

Entendant cela, ils devinrent tous démotivés un par un et, finalement, ils regardèrent tous leur chef… bien sûr ce n’était pas moi, qui étais caché sur le toit, mais Adair. Celui-ci laissa seulement échapper un soupir, puis décréta avec découragement : « Je ferais mieux d’aller demander au Capitaine. Vous autres, ne faites rien pour l’instant. »

« Merci pour tout le mal que tu te donnes, Adair ! »

« Toi seul peux comprendre correctement ce que diable veut dire le Capitaine quand il parle. »

« Si le Capitaine veut te pousser du haut d’une falaise à cause de cela, nous irons secrètement te rattraper en bas », le conforta Ed.

Adair dit sévèrement : « Non, non ! Si le Capitaine venait à découvrir que vous avez fait ça, je subirais une mort encore plus affreuse. Je vous en prie, laissez-moi juste tomber de la falaise. Si le Capitaine veut jeter un rocher géant, souvenez-vous de l’aider rapidement à le pousser, et choisissez le rocher le plus gros et le plus lourd. »

Les autres membres de la section s’exclamèrent en réalisant : « Oh ! Adair, tu es vraiment rusé ! Si nous poussons un énorme rocher, le Capitaine sera sans aucun doute effrayé que tu sois directement réuni auprès du Dieu de la Lumière, alors il soignera rapidement tes blessures. Le Capitaine peut soigner n’importe quel type de blessure instantanément. »

Adair commença à sourire, un peu embarrassé.

Oh ! Donc je ne leur ai pas encore révélé que j’ai appris la technique pour ressusciter les morts ? Même s’ils étaient vraiment partis rencontrer le Dieu de la Lumière, tant que leur tête est toujours là, je serai encore capable de les ramener dans le monde des vivants.                                                        

Adair, tu ferais mieux de pouvoir me donner une bonne explication, pfffff !

 

 

En revenant au Temple Sacré, j’avais le ventre noué par le doute. Toutefois, j’ignorais quand Adair me ferait son rapport et je ne pouvais possiblement pas aller le voir et le questionner. Si je faisais cela, le fait que je les avais espionnés ne serait-il pas dévoilé ?

Par chance, j’aperçus le Chevalier de la Tempête, une pile entière de documents entre les mains.

« Mon frère, Storm », l’appelai-je.

Storm s’arrêta dans son élan et demanda, comme s’il y était extrêmement habitué : « Y-a-t-il quoi que ce soit que tu veuilles me demander, Capitaine-Chevalier du Soleil ? »

« Aurais-tu déjà entendu parler de Jacques ? »

« Jacques ? » Storm s’enquit en retour. « Tu veux dire le troisième fils du Baron Gerland ? »

Le troisième fils du Baron Gerland, ainsi c’était Jacques ! J’ai une fois ordonné à Adair de frapper ce type jusqu’à ce qu’il soit incapable d’ouvrir la bouche pour se repentir.

Adair, oh Adair, je t’ai accusé à tort. Tu es bien, en effet, mon plus loyal vice-capitaine !

« Sun ? » Storm me regarda avec un air de doute.

Je tournai la tête, et prononçai avec une extrême sincérité : « Mon Frère, Storm, Sun t’est extrêmement reconnaissant de l’avoir aidé à dissiper ses doutes. Ton explication a donné à Sun un moment de prise de conscience, comme si les nuages chargés de pluie dans son esprit avaient été dissipés pour révéler la lumière du soleil. C’est comme si le Dieu de la Lumière était descendu dans son cœur, faisant fondre la neige équivalente à un long hiver.

– Si tu m’es vraiment reconnaissant, dans ce cas, je t’en prie, ne profère plus jamais de remerciements devant moi. Le simple fait de les entendre me donne une migraine…

– Laisse-moi te consulter concernant une autre question. Récemment, n’y a-t-il eu aucune nouvelle au sujet de membres du Monastère du Dieu de la Guerre en visite dans notre pays ?

– Tu es donc déjà au courant. » Le visage de Storm s’assombrit tandis qu’il dévoilait : « Des fidèles du Monastère du Dieu de la Guerre sont arrivés hier. On dit qu’ils sont venus assister à la cérémonie de couronnement, qui sera tenue plus tard, et qu’ils vivent dans les quartiers du palais spécialement réservés pour les invités. »

Je fronçai les sourcils. En quoi la cérémonie de couronnement du Royaume du Son Oublié  concerne-t-il le Monastère du Dieu de la Guerre ? Après tout, le Royaume du Son Oublié est la capitale de l’Église du Dieu de la Lumière et n’a jamais été le territoire du Monastère du Dieu de la Guerre.

« Une courtoisie aussi bienveillante de la part du Monastère du Dieu de la Guerre mérite que nous en suivions l’exemple. » Ces mots que je formulais questionnaient secrètement Storm et n’étaient pas que pour les féliciter.

Storm rit froidement. « Même le Fils du Dieu de la Guerre est ici. Il se pourrait que cette politesse soit un peu trop prévenante. »

Le Fils du Dieu de la Guerre est la personne possédant la plus haute position au sein du Monastère du Dieu de la Guerre. C’est à peu près la même chose que le Chevalier du Soleil de l’Église de la Lumière, mais c’est peut-être même une position encore plus élevée que la mienne. Bien que je sois le chef du Temple Sacré, le Pape du Sanctuaire de la Lumière peut me contrôler. Aussi, pour parler franchement, si le Chevalier du Jugement venait à avoir une lutte de pouvoir avec moi, il ne serait pas totalement désavantagé.

En revanche, dans le Monastère du Dieu de la Guerre, la place d’un prêtre était toujours en dessous d’un guerrier. Parmi les guerriers, le Fils du Dieu de la Lumière est la seule autorité, c’est donc pourquoi il n’y avait personne qui pouvait le contrôler.

Ainsi, la venue du Fils du Dieu de la Guerre au Royaume du Son Oublié est aussi étrange que si le Pape et moi nous rendions à la capitale du Monastère du Dieu de la Guerre, le Royaume de l’Orchidée Lunaire.

Storm fit soudainement deux pas vers moi, se pencha vers mon oreille et murmura : « Le petit frère de la dame de compagnie de la princesse m’a révélé en secret qu’au moment où le Fils du Dieu de la Guerre a atteint le Royaume du Son Oublié, il a tout d’abord visité Sa Majesté le roi et le prince hériter, puis il a rendu visite à la princesse. Aussi, le Fils du Dieu de la Guerre a amené avec lui beaucoup de bagages cette fois, et parmi tout cela il y en a beaucoup qui sont des sortes de “bagages” extrêmement lourds et fermement verrouillés. »

Des bagages ? Je pense que le terme « présents de fiançailles » est plus approprié. Ainsi le Fils du Dieu de la Guerre veut demander la main de la princesse de notre pays !

« Et, il se pourrait que le Baron Gerland ne soit pas sans implication dans cette affaire, puisqu’il semblerait qu’un certain nombre de membres du Monastère du Dieu de la Guerre vont et viennent de sa maison… »

« Capitaine-Chevalier du Soleil. »

Storm s’arrêta abruptement et recula d’un pas, fixant avec alerte celui qui avait interrompu ses propos.

Je me tournai vers ce dernier avec un sourire et le saluai. « Capitaine-Chevalier du Jugement, quelle charmante soirée. »

Judgment alla droit au but et dit : « Sa Sainteté le Pape te cherche. »

Oh, il était temps. J’hochai la tête et répondis simplement : « Ma gratitude pour la notification de mon frère, Judgment. »

 

 

Je frappai doucement sur la porte du bureau exclusif du Pape. Un moment plus tard, je reçus une réponse.

« Entrez, s’il-vous-plaît. »

Une fois à l’intérieur, je vis quelqu’un se tenant devant la fenêtre qui s’étendait du sol au plafond, en train d’admirer le paysage dehors. Je m’inclinai respectueusement. « Votre Sainteté le Pape. »

« Pourquoi devrais-tu t’adresser à moi comme “Votre Sainteté” ? Capitaine-Chevalier du Soleil, en tant que chef du Temple Sacré, ta position est égale à la mienne. »

« Sun ne l’oserait pas, puisque “respecter les personnes âgées” et “vénérer les personnes méritantes” sont les principes fondamentaux d’une bonne conduite. » J”accentuai lourdement la partie sur respecter les personnes âgées.

En entendant cela, cette personne se retourna. Son visage joli et délicat visage donnait l’impression qu’il n’avait pas plus d’une quinzaine d’années environ, et quand il souriait, il avait l’air plein d’innocence.

Cependant, cette personne est déjà à au moins soixante ans d’écart des quatre mots « jeune, plein d’innocence ». C’est parce que ce jeune homme est le Pape du Sanctuaire de la Lumière, ce type que j’appelle, le « maudit vieillard ».

Mais, n’allez pas penser que la raison pour laquelle je le traite de foutu vieillard est parce que je suis envieux de sa jeunesse. D’après mon maître, quand il avait dix ans et qu’il est venu participer à la Sélection des Douze Chevaliers Sacrés, le Pape avait déjà cette apparence. Et, quand il avait atteint quarante ans et qu’il était sur le point de prendre sa retraire, le Pape était toujours comme ça.

Cela veut aussi dire que l’estimation la plus basse de l’âge de ce satané vieillard est d’au moins soixante ans, mais il insiste pour utiliser une magie qui lui laisse préserver sa jeunesse.

Cela ne pose pas de problème en soi, puisque même mon maître utilise secrètement cette magie pour maintenir sa jeune apparence. Cependant, il a au moins laissé son apparence à l’âge de trente et quelques années. Contrairement à ce maudit vieillard, qui se fait vraiment passer pour un adolescent d’une quinzaine d’année. Ce dernier fait preuve d’un manque de gêne révoltant à l’extrême.

« Capitaine-Chevalier du Soleil, tu es aussi éloquent que jamais », gloussa le Pape.

« Votre Sainteté le Pape, vous êtes aussi jeune que toujours », répliquai-je avec un sourire radieux.

Nous continuâmes tous les deux à sourire pendant un moment. Puis, le visage du pape se durcit soudainement, et il employa sa voix juvénile pour crier : « Il suffit ! Nul n’est présent ici, alors cessons de proférer des inepties. Le Monastère du Dieu de la Guerre nous marche déjà sur les plates-bandes, alors pourquoi avons-nous encore une querelle interne ? »

Mon visage souriant disparut en un éclair, et je déclarai avec mécontentement : « Tu oses encore dire une telle chose ? Le prince héritier m’a intentionnellement donné du fil à retordre en me faisant chanter l’Hymne du Dieu de la Lumière sans m’en informer au préalable. Tu ferais mieux de ne pas prononcer d’âneries en prétendant que tu ne savais rien de cette affaire. »

Le Pape eut un rire creux. « C’est aussi pour ton propre bien », expliqua-t-il hâtivement. « La dernière fois, tu as causé des difficultés au roi et as rendu le prince héritier extrêmement mécontent envers toi. Si nous ne le laissons pas te punir et satisfaire la haine dans son cœur, il ne perdra jamais sa rancune envers toi. »

Je reniflai froidement. Il aurait pu d’abord m’en parler ! Je peux jouer le rôle d’un agneau innocent à la perfection.

« Tout de même, avais-tu réellement besoin de chanter l’Hymne du Dieu de la Lumière en entier ? » Le Pape fronça les sourcils mais, seulement après qu’il eut marché jusqu’à la théière sur le bureau et se soit assis, il affirma avec impuissance : « À l’origine, l’objectif était de te faire perdre un peu la face pour saper ta réputation. Mais, en fin de compte, tu as vraiment chanté tout l’Hymne du Dieu de la Lumière. Aussi, cela a-t-il eu l’effet inverse. »

Je ris amèrement pour la deuxième fois, puisque je ne pouvais possiblement pas expliquer la situation en révélant que j’avais chanté l’intégralité de L’Hymne du Dieu de la Lumière parce que je n’avais pas pris de petit-déjeuner, et que j’avais perdu toute rationalité à cause de la faim.

« Et maintenant le prince héritier a encore plus peur de toi. »

« Quand tu parlais avec lui, as-tu agi comme si tu étais en mauvais termes avec moi, et voulais vraiment triompher sur moi ? » demandai-je avec inquiétude.

« Bien entendu. » Le Pape haussa les épaules. « L’image habituelle. Les relations entre le Sanctuaire du Dieu de la Lumière et le Temple Sacré sont tendues, particulièrement sous la surface, et le Pape et le Chevalier du Soleil sont à la fois en conflit ouvert et en lutte voilée… Veux-tu une tasse de thé noir ? »

« Oui. » J’hochai la tête et m’enquit : « Même ainsi, les doutes du prince héritier n’ont toujours pas été dissipés ? »

Alors qu’il versait le thé, le Pape se plaignit : « N’est-ce pas parce que tu as dépassé les bornes ? Osant même forcer le roi à abandonner le trône… Ne penses-tu pas que le prince héritier aurait peur que tu ne le forces à abdiquer lui aussi ? »

« Comment cela pourrait-il être la même chose ? » objectai-je. « N’est-il pas conscient de quelle genre de personnalité son père possède ? Forcer son père à abdiquer est une chose, mais forcer le prince héritier avec sa bonne réputation à se retirer du trône ? Je n’oserais jamais prétendre que je pourrais le faire. »

« C’est effectivement vrai, mais les cœurs humains sont toujours très méfiants ! » Le Pape me tendit mon thé noir et dit avec impuissance : « Ainsi, il a décidé de réprimer l’Église du Dieu de la Lumière. »

« Il est donc allé requérir l’aide du Monastère du Dieu de la Guerre ? » Je reçus la tasse de thé noir, et alors que je la buvais à petites gorgées, je réfléchis.

Le Pape se servit lui aussi un peu de thé, et tandis qu’il buvait, il expliqua : « Oui, les seuls dont l’influence puisse rivaliser avec la nôtre sont les fidèles du Monastère du Dieu de la Guerre et de la Cathédrale du Dieu de l’Ombre. Cependant, la Cathédrale du Dieu de l’Ombre est très lointaine, et leur image oscille vers les ténèbres. Nos citoyens qui sont habitués à la lumière sont définitivement incapables de l’accepter. Ainsi, le prince héritier a choisi le Monastère du Dieu de la Guerre. »

« En ayant même l’intention de marier son unique sœur au Fils du Dieu de la Guerre ? » Je fronçai les sourcils. Cela pourrait devenir difficile à gérer.

« Tu es plutôt bien informé. Oui, c’est exactement ainsi qu’il en est. Si la princesse venait à épouser le Fils du Dieu de la Lumière, alors ils seraient en mesure d’étendre le nombre de leurs croyants dans le Royaume du Son Oublié de façon légitime », déclara le Pape avec inquiétude.

J’hoquetai d’admiration. « Le prince héritier planifie de secouer la position de l’Église du Dieu de la Lumière à travers les croyants du Dieu de la Guerre. Il recevra définitivement de nombreux bénéfices de la part du Monastère du Dieu de la Guerre. Malgré tout, c’est acceptable en soi. Néanmoins, bien que ce soit de son fait, de toute évidence, il a poussé la responsabilité sur le Baron Gerland. Même Storm pensait que c’était les méfaits du Baron Gerland. Quelle méthode méprisable et  impudente ! En effet digne de Son Altesse le prince héritier qui a manipulé le pouvoir durant toutes ces années. »

Le Pape leva les yeux au ciel et soutint : « Arrête de l’admirer et dépêche-toi de songer à ce que l’on doit faire ! En ce moment même, les nouvelles générations sont toutes jeunes et vigoureuses et ont déjà perdu leur intérêt dans la bienveillance du Dieu de la Lumière. Si la foi du Dieu de la Guerre qui vénère les forts se répand ici aussi, ils seront immédiatement convertis en adorateurs du Dieu de la Guerre !

« Tu ferais mieux de ne pas oublier que consolider les croyants est le devoir principal de celui qui fait la publicité de l’Église du Dieu de la Lumière », accentua-t-il à nouveau. « Et, c’est entièrement de ta faute si le prince héritier nous craint en premier lieu, ce qui l’a poussé à coopérer avec le Monastère du Dieu de la Guerre pour essayer de nous réprimer. »

« Balivernes ! » grondai-je froidement. « Que j’aie ou non commis une faute, ce n’était qu’une question de temps avant que le prince héritier n’essaye de nous réprimer. À cause de ce gros porc de roi, la réputation du palais a chuté au plus bas ces dernières années. Cela a laissé la réputation de l’Église du Dieu de la Lumière grimper à un niveau sans précédent vu comment nous avons toujours surveillé le roi et l’avons arrêté d’embrouiller la politique nationale. Maintenant que le prince héritier est parvenu à monter sur le trône avec grande difficulté, comment permettrait-il qu’il y ait dans le Royaume une influence qui soit plus forte que la sienne ? »

Il commença immédiatement à marmonner : « C’est pourquoi j’ai dit que tu aurais dû  prétendre être faible plus tôt. Au bout du compte, tu as quand même forcé le roi à abdiquer de sa position, ce qui a rendu le prince héritier encore plus craintif. »

J’étais un peu embarrassé, aussi je dis : « Dans tous les cas, même si j’avais prétendu être faible, il n’aurait pas abandonné l’idée d’essayer de nous réprimer. »

Le Pape insista : « Quoi qu’il arrive, maintenir les opérations de l’Église du Dieu de la Lumière relève de mon devoir, s’assurer que les croyants adhèrent aux règles du Dieu de la Lumière est celui du Chevalier du Jugement, et consolider les croyants est sous la juridiction du Chevalier du Soleil ! C’est pourquoi tu es en charge de résoudre cet incident. »

« Je sais. »

Comme cela concernait le devoir le plus important du Chevalier du Soleil, je ne pouvais rien faire d’autre qu’hocher la tête solennellement. « Cependant, je veux ta garantie que, cette fois, quoi que je fasse, tu n’interviendras pas ou n’essayeras de m’arrêter », je prévins le vieillard.

Cette fois, le Pape répondit sur-le-champ de manière directe : « Marché conclu. »

On dirait que l’incident était vraiment grave cette fois, autrement ce foutu vieillard n’aurait jamais été aussi direct. Chaque fois que quelque chose se produisait, il interférait toujours en douce. Même si les choses donnaient l’impression qu’il n’y avait que des désavantages, il trouverait quand même un moyen d’en tirer profit à sa façon. Ce qui est en effet digne de ce satané vieillard qui a maintenu les opérations de l’Église du Dieu de la Lumière toutes ces années.

« Ah ! Il y a autre chose ! » annonça le Pape avec un large sourire qui me fit me sentir très mal à l’aise. Il demanda avec un visage innocent : « Te souviens-tu toujours du Chevalier des Enfers ?

– Le Chevalier des Enfers est l’un des Douze Chevaliers Sacrés. Il est le seul qui appartienne à la Cruelle Faction au Cœur de Pierre mais qui n’obéit pas aux ordres du Chevalier du Jugement. À la place, il prend ses ordres directement du Chevalier du Soleil, et il se spécialise dans l’accomplissement de missions secrètes, qui ne sont connues de personnes d’autre. Certains disent même qu’il est l’assassin désigné des Douze Chevaliers Sacrés. On suppose même que, durant la première génération des Douze Chevaliers Sacrés, le Chevalier des Enfers n’était pas une vraie personne, mais plutôt une seconde identité dont le Chevalier du Soleil se servait pour mener à bien des missions secrètes.

– Pourquoi l’as-tu expliqué aussi clairement ? Je connais l’origine du Chevalier des Enfers. »

« N’es-tu pas celui qui m’a posé la question ? » répliquai-je, mécontent.

« Je voulais te dire que quelques problèmes sont survenus du côté du Chevalier des Enfers. »

Je soulevai un sourcil et affirmai : « Les problèmes avec le Chevalier des Enfers ne devraient pas relever de ma juridiction, n’est-ce pas ? Bien que techniquement il reçoive ses ordres de moi, je ne l’ai jamais vu auparavant. Pendant les premiers jours, quand il a été choisi pour devenir le Chevalier des Enfers, il avait déjà été envoyé comme espion au palais par tes soins. »

Le Pape fit remarquer avec une sincérité inégalée : « Ne dis pas ça. Il reste toujours l’un des Douze Chevaliers Sacrés qui prend directement ses ordres de toi. Depuis un tout jeune âge, il a été forcé d’être un espion. Maintenant que quelque chose a mal tourné, pourrais-tu supporter de l’abandonner et de le laisser, livré à son sort ? »

Ce maudit vieillard… Il dit cela comme si c’était moi qui avais envoyé le Chevalier des Enfers comme espion. Manifestement, c’est toi qui l’as jeté dans les flammes ! Je fixai le Pape. N’essaye même pas de pousser la responsabilité sur moi. Le simple fait de consolider les croyants me donne déjà suffisamment de problèmes.

Nous nous dévisageâmes, l’un avec des yeux grands ouverts et l’autre avec ses yeux resserrés. Finalement, il soupira et lâcha : « Très bien dans ce cas ! Si tu ne te préoccupes pas de Hell, je peux le sacrifier. Il n’a jamais fait d’apparition par le passé de toute façon, et le laisser se volatiliser sans laisser la moindre trace est en fait la façon la plus simple de résoudre le problème… »

Enragé, je rugis : « Saleté de vieillard ! Comme je l’ai dit auparavant, quoi que tu fasses, je m’en moque royalement. Même si tous les prêtres de ton Sanctuaire de la Lumière venaient à mourir, ce n’est pas mon problème. Cependant, tu n’es définitivement pas autorisé à toucher à mes Chevaliers Sacrés ! »

Le Pape rayonna. « Alors, le problème de Hell… ? »

Je grondai férocement : « Donne-moi le moyen de contacter Hell ! Et, puisque tu as poussé le problème sur mon dos, à partir d’aujourd’hui il sera à moi. Ne pense même pas à essayer de le reprendre ! »

« C’est la façon dont les choses auraient dû être dès le départ ; il était à toi à l’origine ! Je te garantis que je n’interviendrai absolument plus dans ses affaires », s’engagea le Pape avec une sincérité extrême.

P-pour être en fait aussi clair et net… Les problèmes du Chevalier des Enfers doivent être vraiment plus qu’une simple broutille.

En parlant de cela, je commençais vraiment à avoir la migraine. Avec le prince héritier qui essayait de réprimer l’Église, le Fils du Dieu de la Guerre qui demandait la main de la princesse et les problèmes concernant le Chevalier des Enfers… Pourquoi est-ce qu’on dirait que toutes les affaires problématiques étaient entassées toutes ensembles ?

« Ahah ! » Le Pape leva son thé pour boire de façon nonchalante, puis il soupira. « C’est rare de pouvoir voir l’expression troublée du Chevalier du Soleil omnipotent ! »

« Les choses sont aussi graves, et tu as encore le temps et l’humeur d’être sarcastique envers moi », répondis-je mécontent.

« Être sarcastique ? Je ne suis pas sarcastique. Quoi qu’il arrive, tant que c’est remis entre tes mains, l’affaire peut toujours être résolue… »

À ce moment-là, un rugissement à en faire trembler la terre provint de dehors. « Sun, Sun ! »

Le Pape et moi fûmes tous deux stupéfaits, puis nous entendîmes une série de pas sonores et urgents qui s’approchaient de plus en plus près. Le Pape balaya précipitamment le service à thé dans les tiroirs de la théière, remit sa robe en place et retourna rapidement derrière son bureau. Après avoir utilisé le voile sur la table pour recouvrir tout son corps, il s’assit immobile.

Je me tins aussi rapidement devant le grand bureau et affichai une expression révérencieuse et respectueuse, bien que le coin de mon sourire fût un peu crispé.

À cet instant-là, quelqu’un cogna dans la porte derrière moi avec son pied. La porte rebondit même contre le mur, qui émit un second fracas retentissant. Je restai choqué, et même le Pape en face de moi trembla.

Qui diable est assez effronté pour donner un coup de pied dans la porte du Pape ?

Me retournant, je découvris qu’il s’agissait en fait du Chevalier de Flamme qui avait la personnalité la plus impétueuse. Je le réprimandai légèrement : « Chevalier de Flamme, sa Sainteté le Pape est présent, comment peux-tu te montrer aussi impoli- »

Blaze m’interrompit rapidement, en hurlant : « Ton vice-capitaine est en danger ! Dépêche-toi d’aller le rejoindre ! Il est sur le point d’arrêter de respirer ! »

Je me pétrifiai. Adair… est sur le point d’arrêter de respirer ?!

 

 

Je poursuivis Blaze jusque devant la porte d’une pièce. Comme d’habitude, Blaze ne prit pas la peine d’utiliser la poignée pour l’ouvrir. Après qu’il l’eut ouverte d’un coup de pied, j’aperçus un large groupe de chevaliers de ma Section du Chevalier du Soleil. Tous leurs yeux étaient rouges et, quand ils se retournèrent et me virent, ils commencèrent à crier : « Capitaine, Capitaine ! »

« Arrêtez avec vos “Capitaine” ! Vous tous, dégagez de mon chemin ! »

Je bousculai deux personnes et jetai un coup d’œil sur le lit. Adair était allongé dessus, et son uniforme de chevalier était taché de sang frais. Il avait l’air pâle d’avoir perdu trop de sang, et ses deux yeux étaient étroitement fermés. Clairement, il avait déjà perdu connaissance, et sa respiration était si faible que sa poitrine se soulevait à peine.

Il n’y a plus beaucoup de temps !

Après un bref examen préliminaire, je découvris que ses blessures principales étaient sur le torse, où il y en avait trois causées par une épée, et sur sa cuisse, où il n’y en avait qu’une. Je posai immédiatement mes mains sur les zones respectives de ses blessures au torse et à la cuisse.

« Sort de Soin moyen ! »

Je chantai une courte incantation et accomplis une guérison modérée. Ce niveau pouvait, au plus, soigner des blessures comme des coupures sévères ou des os cassés. Bien sûr, ce n’était pas assez pour guérir les blessures fatales d’Adair, mais elle réduirait au moins un peu leur gravité et me donnerait un petit sursis.

Les sorts de soin de haut-niveau requièrent de d’abord rassembler suffisamment de lumière sacrée, et ensuite de réciter l’incantation pour convertir la lumière sacrée en lumière de guérison qui peut soigner les blessures. Si j’avais directement commencé à chanter le sort de soin de haut-niveau, je crains qu’avant que je ne puisse terminer mon incantation, Adair eut déjà terminé la visite guidée de la résidence du Dieu de la Lumière.

Baissant la tête, je remarquai que le visage d’Adair était encore celui de quelqu’un qui pouvait s’arrêter de respirer à n’importe quel moment. Immédiatement, j’exécutai une autre guérison modérée, qui permit à sa respiration de devenir légèrement plus perceptible. C’est à ce moment-là que je pus enfin me concentrer sur le rassemblement de lumière sacrée, et je commençai l’incantation pour convertir graduellement la lumière sacrée d’un blanc pur en lumière de guérison d’une couleur miel.

« Sort de Soin Ultime ! »

Après avoir vu Adair ouvrir ses yeux et révéler une expression qui semblait un peu désorientée, je me sentis rassuré. C’est vrai que, même si Adair était vraiment mort, il y avait toujours le sort de Résurrection pour le ressusciter ; toutefois, pour ressusciter quelqu’un, il est impossible de ne pas payer un prix. De plus, les chances que la Résurrection échoue sont aussi assez élevées.

« Capitaine ! »

Quand deux membres du peloton me supportèrent et qu’Adair sauta frénétiquement hors du lit, je réalisai que je venais de tomber en arrière. Par chance, la vitesse de réaction de ma Section du Chevalier du Soleil n’était pas un sujet de plaisanterie ; sinon il y aurait de bonnes chances pour que celui qui serait allongé sur le lit à présent soit moi.

Je soupirai. D’abord il y a eu le chant du service religieux, ensuite ça a été d’aider Roland à cacher son aura des ténèbres, et maintenant c’est d’utiliser un sort de soin d’un aussi haut-niveau. Même si c’est moi, je ne peux pas l’encaisser.

Comme les deux membres de mon peloton me relevaient en une position debout, je jetai un regard féroce à Adair et rugis : « Tu ferais mieux de t’allonger ! Ne pense pas que, juste parce qu’il n’y a pas de blessures externes, tu es déjà guéri. Le fait que tu as été blessé demeure. Plutôt que de t’effondrer d’épuisement en te surmenant, je ferais tout aussi bien de te frapper jusqu’à ce que tu t’effondres maintenant ! »

Adair s’allongea docilement sur le lit, n’osant pas remuer le moindre muscle.

Après mon rugissement, j’haletai pendant un petit moment. Ensuite, je tournai la tête et appelai : « Blaze. »

« Ah ? » Blaze me regarda, abasourdi et clairement effrayé par mon manque d’élégance et de sourire.

J’affichai énergiquement un sourire et annonçai : « Sun désire régler quelques “affaires de section” ; aussi je suis navré de t’ennuyer, mais je te prierais de bien vouloir sortir un moment. Et rappelle-toi d’aider Sun à fermer la porte. »

Bien que Blaze fût un peu hésitant, il hocha toute de même la tête. « Très bien alors, prends soin de toi », dit-il alors qu’il sortait.

Une fois que Blaze eut refermé la porte derrière lui, je me dégageai immédiatement des deux membres du peloton. Je marchai jusqu’à une chaise, m’assis, puis questionnai froidement : « Maintenant, qui veut me dire ce qu’il s’est passé ? »

« Capitaine… » Adair se débattit pour se redresser sur son lit.

Je me tournai et braillai : « Silence ! Tu n’es pas autorisé à parler. Si tu peux t’endormir, c’est encore mieux ! Ed, viens ici et fais-moi ton rapport. »

Entendant mon ordre, Ed fut choqué au-delà de l’imaginable. Cependant, je le lui pardonnai ; après tout, c’était la toute première fois que j’utilisais son prénom.

Sous les rappels répétés de coups de coudes, Ed regagna finalement ses sens. « Nous avons rencontré Jacques dans la rue », commença-t-il à raconter avec un peu de nervosité ; « et à cause de cet ordre que vous, Capitaine, avez donné- »

« Jacques est le troisième fils du Baron Gerland. Aussi, le Capitaine n’a pas donné d’ordre… » Adair ajouta précipitamment. À mi-chemin, il réalisa que je lui avais ordonné de garder le silence, aussi il se servit rapidement de ses deux mains pour couvrir sa bouche.

En plus de Judgment, Adair me connait aussi plutôt bien… Si je ne m’étais pas dissimulé sur le toit pour écouter leur conversation pour ensuite aller demander à Storm qui était Jacques, je n’aurais eu aucune idée que Jacques était le troisième fils du Baron Gerland.

« Ed, continue. » J’essayai de mon mieux de maintenir mon image de capitaine froid et cruel.

« À cause des ordres du Capitaine… non, non ! Ce n’étaient pas les ordres du Capitaine, c’est que, que… » laissa échapper Ed, incapable de former une phrase complète et transpirant à cause de sa nervosité.

Après l’avoir écouté répéter “que” pendant un long moment, toujours incapable de former une phrase complète avec “que”, je ne pus m’empêcher de fixer Adair avec impuissance.

Une fois qu’Adair eût reçu mon signe de l’œil, il baissa immédiatement les mains qui couvraient sa bouche et supplia avec beaucoup de sincérité : « Capitaine, s’il vous plaît, autorisez-moi à le dire ! Je veux vraiment le dire ; si je ne le dis pas, je ne serai pas capable de me reposer convenablement. »

Je soupirai un coup et répliquai tout en secouant ma tête : « On n’y peut rien dans ce cas. Puisque tu tiens tellement à le dire, je vais te laisser le faire. »

« Oui. » Adair hocha la tête et commença à raconter avec une indignation justifiée : « Nous avons rencontré le troisième fils du Baron Gerland dans les rues. Au moment où je l’ai vu, ça m’a immédiatement rappelé comment il avait employé son épée pour blesser notre Capitaine et qu’il l’avait même fait dans le dos du Capitaine. C’est simplement méprisable et éhonté ! »

Définitivement digne d’Adair qui a été mon vice-capitaine pendant cinq ans ; sa capacité à mentir comme un arracheur de dents ne peut même pas être comparée à celle des autres personnes. Même si j’ai été blessé par l’épée qui volait vers moi pendant que je m’enfuyais, Adair peut le tourner en une situation où Jacques m’a attaqué en traître… Adair, tu es sans aucun doute digne d’être mon vice-capitaine. Quand je t’ai choisi, j’ai vraiment fait preuve d’un bon jugement !

Même les autres membres de la Section du Chevalier du Soleil contemplèrent Adair avec des yeux remplis d’admiration, particulièrement Ed qui avait trébuché sur ses mots et n’avait pu prononcer que la moitié d’une phrase.

« Ainsi, je n’ai pas pu m’empêcher de requérir un duel avec lui. Cependant, ce méprisable chevalier ne voulait pas accepter le duel et, à la place, a trouvé un substitut pour m’affronter… »

À ce stade, je ne pus m’empêcher d’interrompre l’interminable sottise d’Adair, et m’enquit : « Qui t’a blessé ? »

Adair prit une profonde inspiration et révéla : « C’était le Fils du Dieu de la Guerre en personne. »

Je restai abasourdi un moment. Le Fils du Dieu de la Guerre ? Ce type dont la position est encore plus élevée que la mienne ?

Je trouvais cela difficile à croire, aussi j’hurlai : « Alors tu as accepté ? Avec son statut plus élevé, requérir un duel avec toi était bien sûr déraisonnable. Adair, en tant que mon vice-capitaine, es-tu vraiment à ce point stupide ? »

Instantanément, Ed protesta avec indignation : « Ce n’est définitivement pas parce qu’Adair est imprudent ! Capitaine, c’est parce que- »

« Ed, ne le dis pas ! » l’interrompit urgemment Adair.

« Tais-toi ! Depuis quand est-ce ton tour de prendre des décisions ? » Je criai avec colère sur Adair. Je me tournais pour rugir à Ed : « Continue ce que tu disais ! »

« Oui » dit Ed. « C’est parce que le Fils du Dieu de la Guerre a affirmé que si Adair refusait de faire un duel avec lui, il irait vous défier, vous le Capitaine. Mais, mais alors… »

Mais alors, n’importe qui m’ayant vu tenir une épée saurait que ma technique à l’épée est ma plus grande faiblesse. Bien que l’affaire de mes pauvres compétences ne soit pas largement répandue, c’est difficilement un secret. Aussi longtemps que quelqu’un se renseigne un peu, il pourrait aisément le découvrir.

Ainsi, le Fils du Dieu de la Guerre a déjà entendu dire que mes compétences à l’épée étaient médiocres et s’est servi de ce fait pour forcer Adair à l’affronter dans un duel à ma place. Mais pourquoi voudrait-il faire cela ? Adair n’est que mon vice-capitaine, pas l’un des Douze Chevaliers Sacrés. Même si le Fils du Dieu de la Guerre venait à le vaincre, ce ne serait pas du tout glorieux. Ce serait même orienté vers une dépréciation de sa position.

Avec colère, Ed affirma : « Le Fils du Dieu de la Guerre est allé trop loin ! Il a poignardé Adair à plusieurs reprises, et même après que le vainqueur eut été déjà décidé, il a refusé de s’arrêter. »

Un par un, les autres commencèrent aussi à s’indigner : « C’est juste ! Même quand nous avons voulu nous avancer pour aider, nous avons été bloqués par les guerriers du Monastère du Dieu de la Guerre ! »

« Êtes-vous en train de me dire que le Fils du Dieu de la Guerre voulait tuer Adair ? » J’étais choqué. Pourquoi voudraient-ils faire ça ? Ils n’ont même pas encore commencé à prendre racine dans le Royaume du Son Oublié, et pourtant ils essaient déjà de provoquer l’Église du Dieu de la Lumière, qui est l’influence locale ? Et, c’est quelque chose d’aussi grave que de tuer mon vice-capitaine… Ce n’est pas quelque chose qui peut être réglé en forçant tout le monde à se sourire l’un à l’autre, en se serrant les mains et en échangeant quelques mots.

Ed hocha sa tête encore et encore, et avec beaucoup de colère il déclara : « Si les chevaliers royaux n’étaient pas venus nous porter secours, le Fils du Dieu de la Guerre aurait définitivement tué Adair. »

« Les chevaliers royaux l’ont arrêté ? »

Je me sentis hautement soupçonneux. Les chevaliers royaux sont les subordonnés du prince héritier, et le Monastère du Dieu de la Guerre a été envoyé ici par le prince héritier. Pourquoi mettraient-ils fin aux actions du Monastère du Dieu de la Guerre ?

« Oui ! Ce sont les chevaliers royaux qui sont dirigés par Elijah. »

« Attendez… attendez un moment, qui est Elijah ? » demandai-je, considérablement perdu.

« Capitaine, Elijah est le chef de file du jeune groupe de chevaliers royaux », expliqua hâtivement Adair. « Cependant, parce que son allégeance va à la princesse, il est inapte à gagner la faveur du prince héritier. »

Un autre chevalier sacré ajouta : « Mais, même s’il est incapable de gagner la faveur du prince, il est très fort et sa réputation est solide parmi les jeunes chevaliers. Même le prince héritier ne peut s’empêcher de lui donner régulièrement des missions à accomplir. »

Ed sourit et eut un petit rire. « Aussi, il y a des rumeurs comme quoi il entretiendrait une liaison avec la princesse, et maintiendrait plutôt de bonnes relations avec la reine. Même la femme du prince héritier prend la défense d’Elijah, ce qui donne une migraine au prince héritier. »

Eh, eh, eh ! Vous êtes la Section du Chevalier du Soleil ou celle du Chevalier de la Tempête ? Pourquoi êtes-vous, vous aussi, au courant des rumeurs ? C’est un portrait vivant d’une vingtaine de Storm en train de commérer que j’ai sous les yeux !

Frottant ma tête, je remarquai : « Cet Elijah me fait vraiment beaucoup penser à Storm… »

« Ouaip ! Capitaine, Elijah est le concurrent principal du Capitaine-Chevalier de la Tempête dans le cercle des femmes ! C’est lui que le Capitaine-Chevalier de la Tempête déteste le plus. » Ed afficha un sourire rusé.

« Messieurs, vous semblez certainement en savoir beaucoup sur la matière. » J’ignorais si je devais les admirer ou non. Depuis quand ma Section du Chevalier du Soleil est-elle devenue la Section des Commérages ? 

Ed parla avec un sourire d’exultation : « Bien sûr, Capitaine. Même le Capitaine-Chevalier de la Tempête vient fréquemment pour échanger des commérages aves nous ou pour confirmer l’exactitude d’une rumeur. Ce n’est pas que je veuille dire ça, mais en matière d’information sur les ragots, si notre Section du Chevalier du Soleil se proclame seconde, alors même le Capitaine-Chevalier de la Tempête n’oserait pas se proclamer être le premier. »

« Ainsi, mon peloton a pris l’habitude de commérer… Adair ! »

« Oui, Capitaine ! » Adair était tellement choqué qu’il sauta encore hors de son lit.

« À partir de maintenant, la Section du Chevalier du Soleil devra courir un tour à l’intérieur des murs de la cité chaque matin », décrétai-je avec férocité.

Dès qu’il reçut l’ordre, Adair resta stupéfait, et son expression sembla être un petit peu troublée.

« Quoi ? Vous ne pouvez pas le faire ? Êtes-vous toujours aptes à être appelés des chevaliers ? » En surface, j’hurlai avec beaucoup d’énergie mais, dans mon cœur, j’étais un peu incertain. Quelle est la distance d’un tour à l’intérieur des murs de la cité ? Peut-être qu’elle est trop grande ?

Tous les membres de ma section se turent.

En regardant la situation, peut-être qu’un tour à l’intérieur de la cité est très long. Devrais-je le réduire à un demi-tour ? Mais, j’en ai déjà donné l’ordre, comment vais-je revenir en arrière… ?

À ce moment-là, Ed sembla avoir rassemblé son courage et questionna : « Capitaine, quand vous nous avez rencontrés pour la première fois il y a cinq ans, vous nous avez ordonné de courir cinq tours. Puis, il y a trois ans, vous vous êtes énervé quand notre performance physique a perdu face à celle de la Section du Chevalier du Jugement. Aussi, vous nous avez ordonné de courir trois tours. À cette époque, Adair pensait que vous vouliez dire d’ajouter trois tours, alors nous faisons huit tours depuis trois ans. Maintenant… »

« … Maintenant, ce que je veux dire c’est d’ajouter un autre tour. Cela pose-t-il un problème ? »

La Section du Chevalier du Soleil cria à l’unisson : « Non, Capitaine ! »

« Bien ! Maintenant tout le monde excepté Adair, partez. »

Après avoir attendu que tous les membres du peloton sortent, je me levai et marchai lentement jusqu’aux côtés d’Adair. Même si je regrettais un peu de l’avoir réprimandé et de l’avoir traité d’idiot tout à l’heure, alors que je n’étais pas complètement au courant de la situation, je suis le Capitaine. Comment pourrais-je m’excuser ?

Après avoir hésité pendant un long moment, je décidai de ne pas m’excuser. Qui sait, peut-être que mon excuse finirait par effrayer Adair à la place. C’est mieux de simplement lui donner des instructions, et ce sera suffisant.

« Je te donne une semaine de congé maladie, mais tu devras essayer de ne pas quitter le Temple Sacré. Aussi, ordonne à la Section du Chevalier du Soleil de rester dans le Temple Sacré autant que possible. Si vous voulez sortir, portez des vêtements décontractés. Ne mettez pas l’uniforme de la section. Aussi, tu devrais dormir davantage pendant cette période, manger plus d’œuf et de viande, boire plus de lait, et effectuer moins d’exercices vigoureux. »

Adair resta stupéfait un instant. Ensuite, il révéla un sourire et cria d’une voix forte : « Oui, Capitaine ! »

Soudainement ses yeux s’agrandirent. « Capitaine, dans ce cas, que devrions-nous faire pour les neuf tours d’entrainement de course à pied autour de la ville chaque jour ? » s’enquit-il rapidement.

J’y réfléchis un moment, puis donnai ces instructions : « Tu n’as qu’à te reposer docilement au lit, et les autres nettoieront le Temple Sacré pour remplacer la course à pied. »

Après avoir dit cela, je n’étais toujours pas rassuré. Adair fait toujours les choses de manière responsable et minutieuse, ce qui rassure les gens. Cependant, d’un autre côté, les gens finissent aussi par s’inquiéter qu’il finisse comme Storm et meurt de surmenage tôt ou tard.

« Tout ce que je viens de dire à l’instant sont des ordres et doivent êtres obéis, tu m’entends ? »

Adair répondit avec un sourire : « Oui, Capitaine. »

La Légende du Chevalier du Soleil T2C3 : Occupe-toi Des Monstres de la Cité

La Légende du Chevalier du Soleil Tome 2 : Les Tâches Quotidiennes d’un Chevalier

Roman d’origine en chinois par : 御 我 (Yu Wo)


Chapter 3: “Manage the City’s Undead” – traduit du chinois à l’anglais par amgine[PR!]
Chapitre 3 : « Occupe-toi des Monstres de La Cité » – traduit de l’anglais au français par AkaiiRia
+ Travail de vérification par Nocta

D’un coup de pied, j’ouvris la porte en bois de la maison de Rose, mais au lieu de la trouver, je vis une autre personne…non, un autre cadavre à l’intérieur.

Roland possédait les yeux flamboyants distinctifs d’un chevalier de la mort, mais il n’était pas un chevalier de la mort ordinaire. Un tatouage de feu noir brûlait sur son corps de couleur pâle. Une paire d’ailes de dragons aux griffes acérées comme des lames de rasoir poussait sur son dos, et une aura épaisse de ténèbres imprégnait l’air autour de lui.

Le Livre des Créatures Mortes-vivantes le désignait spécifiquement comme un être qu’il ne fallait créer en aucune circonstance. Il peut invoquer une légion entière de morts-vivants et est considéré comme étant le plus puissant parmi les créatures des ténèbres : un Seigneur de la Mort. Il… Il portait, en ce moment même, un tablier rose, était accroupi sur le sol, et frottait le plancher avec un torchon pour nettoyer.

« Roland, qu’est-ce que tu fabriques ? » le questionnai-je, sans expression.

Roland leva la tête dans un calme absolu et me répondit avec sérieux total : « Je nettoie le plancher. »

Après un moment de silence, mon estomac grogna soudainement. J’explosai brusquement de rage, renversant la table d’un geste rapide en hurlant : « Pourquoi diable nettoies-tu le plancher ?! Tu es un Seigneur de la Mort sanguinaire qui commande des légions de morts-vivants ! Tu devrais être en train de massacrer tout le monde de la Rue Est à la Rue Ouest, et ensuite encore de l’ouest jusqu’à l’est. Tu te dois de cavaler dans les rues en tuant sans cesse jusqu’à-ce que le sang coule à flot et que des cadavres soient éparpillés partout à travers les champs. N’oublie pas que tu es un Seigneur de la Mort ! »

Comme s’il avait été surpris par mon baratin, Roland contempla la table retournée, et me regarda ensuite. Il finit par froncer les sourcils et dit : « Grisia, tu es le Chevalier du Soleil. »

Tenant une sucette, Rose secoua la tête et soupira tandis qu’elle faisait son entrée. « Nous vivons à un époque vraiment étrange ! Le Seigneur de la Mort nettoie docilement le plancher pendant que le Chevalier du Soleil veut tuer jusqu’à-ce que le sang coule à flot. »

Roland déclara avec une expression sérieuse : « Ne dis pas des choses pareilles, Rose. Grisia est en fait un très bon Chevalier du Soleil… »

Dès que j’aperçus Rose, je chargeai dans sa direction. Je lui arrachai sa sucette d’un seul coup  et léchai le bonbon à la fraise comme si ma vie en dépendait. Je me mis à dire de façon poignante : « Si sucré, si sucré. C’est si délicieux ! »

« Ouiiin ! » Rose me fixa d’un air ébahi pendant une seconde avant de fondre en larmes, me cognant avec ses poings tout en sautillant dans une tentative pour récupérer la sucette. Évidemment, pour quelqu’un de sa taille, même sauter était vain puisqu’elle ne serait tout de même pas capable d’atteindre la sucette dans mes mains. En fin de compte, elle sanglota : « Sun, espèce de vilaine grande brute, rends-la-moi ! Je veux ravoir ma sucette, Ouiiin ! »

Roland fit une pause pendant un instant avant de me réprimander sérieusement : « Grisia, en tant que Chevalier du Soleil, tu ne devrais pas voler les sucettes des petits filles. Ce n’est pas une conduite appropriée. »

Je rétorquai pendant que je léchais la sucette : « Je ne vois aucune fillette dans le coin, seulement le cadavre de l’une d’entre elles. Quel genre de cadavre mange encore des sucettes !? En tant que Chevalier du Soleil, je ne permettrai certainement pas à un simulacre provoquant le gaspillage de nourriture de se produire ! »

En entendant cela, Roland fronça les sourcils, incapable de réfuter mes propos.

Se rendant compte que pleurnicher était inefficace, Rose cessa de se lamenter. Elle gonfla ses joues et accusa : « Tu permettrais à une nécromancienne et à un Seigneur de la Mort de s’en tirer indemnes devant tes propres yeux, et pourtant tu ne permettrais pas le gaspillage d’une seule sucette ? Roland, viens-tu de dire que cette personne, qui irait jusqu’à voler des sucettes à des petites filles, est en fait un bon Chevalier du Soleil ? »

Roland ne sembla pas entendre la voix de Rose. Il avait l’air d’être encore en train de considérer si, oui ou non, arracher une sucette à un cadavre était bien ou mal.

« Pffft ! » Rose se mit lentement à planer dans les airs, son corps relâchant une aura dense de ténèbres. Même ses cheveux s’agitaient de façon chaotique. Sur un ton glacial et sinistre, elle menaça : « Sun, je te préviens, si tu refuses toujours de me rendre ma sucette, je vais te laisser non seulement dans l’incapacité de plaider pour ta vie mais aussi dans l’incapacité de supplier pour la mort également ! »

Malgré le fait de voir la plus forte (et unique) nécromancienne de la cité perdre son calme, je demeurai aussi serein que jamais. Je léchai encore une autre fois la sucette avant de répondre paresseusement : « Ice a dit qu’il allait faire de la glace pilée à saveur de fraise la prochaine fois. Devrais-je en apporter pour que tu puisses en manger ? »

« Ouiiii ! » Rose retourna immédiatement se poser sur le sol et s’enroula autour de ma taille, ses grands yeux brillants affichant même une expression suppliante. La seule chose qui manquait à la scène était une queue en train de s’agiter.

Je reniflai à deux reprises et m’enquis de façon très hautaine : « Et pour la sucette ? »

Rose répondit avec une sincérité incomparable : « Je t’en fais cadeau, bien sûr ! Nous nous connaissons depuis si longtemps ; l’étendue de notre amitié est plus grande que l’ampleur de la décomposition d’un tas de corps enterrés à la hâte. En comparaison, que vaut une sucette ? Même si tu me demandais un corps fraîchement décédé, je te laisserais l’avoir ! »

Qui voudrait recevoir un cadavre de ta part… ? Je suis encore en train de manger ! Ne parle pas de choses aussi écœurantes, d’accord ? La discussion ramena mes souvenirs du jour où j’ai dû « rembourser mes dettes »,  en déterrant des dizaines de tombes dans un cimetière et en tombant sur des corps à des degrés variés de décomposition durant le procédé… Beurk !

« Vous… » Roland parla soudainement.

Je lui expliquai de bonne foi : « Ne t’inquiète pas, Roland. Même pendant la pire querelle que j’ai eu avec Rose, tout ce qu’elle a fait a été de me propulser hors de la pièce avec sa magie, m’envoyant valser plusieurs dizaines de mètres plus loin, ce qui a détruit une rangée complète de maisons dans le procédé. C’est très loin de me laisser dans l’incapacité de plaider pour ma vie ou de supplier la mort ! »

Rose ronchonna immédiatement en retour : « Comment oses-tu mentionner cet incident : après que tu te sois fait envoyé valsé, n’es-tu pas revenu en courant avant d’utiliser de la Lumière Sacrée pour faire exploser mon cottage en mille morceaux, détruisant mon corps de ménage par la même occasion ? Ça m’a pris beaucoup d’efforts juste pour restaurer mon cottage à son état d’origine. »

Roland plissa les sourcils et demanda : « Dans ce cas, n’allez-vous pas tous les deux vous battre en duel immédiatement ? »

« Pourquoi devrions-nous nous battre en duel ? » Mes yeux ainsi que ceux de Rose s’agrandirent tandis que nous nous tournions pour fixer Roland.

Roland expliqua avec un visage débordant de sérieux : « Vous vous disputez tous les deux pour une sucette. Puisqu’il est impossible de déterminer qui en est le propriétaire légitime, vous devriez tous les deux vous battre en duel pour savoir à qui elle revient. »

Quelle plaisanterie ! Le Chevalier du Soleil et la nécromancienne se battant en duel à propos d’une sucette à la fraise ? Que se passera-t-il si des rumeurs à ce sujet étaient divulguées ?

Rose et moi secouâmes nos têtes promptement, en nous exclamant : « Nous ne faisions que plaisanter ! »

En entendant cela, Roland secoua la tête, montrant une expression qui indiquait qu’il ne nous voyait comme rien d’autres que des enfants qui aimaient semer la pagaille. Il cessa de nous prêter attention à tous les deux et, au lieu de cela, tendit la main pour remettre à l’endroit la table que j’avais renversée. Puis, il ramassa le torchon pour nettoyer et se remit à frotter le plancher.

Je n’avais pas la moindre idée de ce à quoi il pouvait bien penser.  Quelle absurdité pour un authentique Seigneur de la mort, d’être en train de nettoyer le plancher ! Qui plus est, il le faisait avec une telle expression sérieuse sur son visage, comme si nettoyer les planchers était une tâche comparable à celle de tuer un dragon. En plus, il s’attendait à ce que Rose et moi nous battions en duel au sujet d’une sucette… Comment Roland pouvait-il être devenu encore plus sérieux qu’il ne l’était quand il était encore enfant ?

Ayant pris ceci en considération, je songeai que la prochaine fois que j’entrerais dans ce cottage, je devrais probablement m’attendre à voir le grand Seigneur de la Mort revêtant une expression sérieuse pendant qu’il frotterait le plancher, nettoierait les tables, ferait la lessive, et peut-être même rapiécerait des vêtements avec une aiguille à coudre !

Dieu de la Lumière bien-aimé ! Plutôt que d’assister à un scénario aussi incroyablement mal assorti, je préférerais encore le voir se servir d’une aiguille pour coudre les lèvres de quelqu’un ou quelque chose d’aussi macabre.

Alors que je pensais à cela, je me tournai vers Rose pour protester sur-le-champ : « Mais à quoi pensais-tu, en ordonnant à Roland de nettoyer les planchers ? C’est un Seigneur de la Mort, pas un vulgaire corps de ménage que tu as invoqué. »

« Je n’ai rien fait de tel ! J’ai seulement mentionné au passage à quel point le sol était sale, et il a décidé de le nettoyer de son propre chef ! » affirma Rose vertueusement.

Sous mon regard soupçonneux, elle ajouta alors un peu coupablement : « D’accord, peut-être que je me suis répétée plusieurs fois. »

Je continuai à la fixer du regard avec une suspicion grandissante.

« D’accord, peut-être que c’était cent ou deux cent fois… Très bien ! Je dois bien l’avoir dit au moins cinq cent fois, d’accord ? Cesse donc de me fixer ainsi ! »

Je l’aurais parié ! Bien que Roland ne soit définitivement pas quelqu’un de paresseux, il était le genre de personne qui ne ferait rien d’autre que pratiquer sa technique à l’épée. Alors, faire en sorte qu’il dépose son épée et fasse quelque chose d’autre serait probablement légèrement moins difficile que de me faire lâcher la sucette que je tenais en ce moment dans ma main

Avec un air mécontent, Rose sauta sur sa chaise à motifs de fraises et sortit une autre sucette d’en-dessous, la léchant à deux reprises. Repue, ses pensées retournèrent à ses affaires. Elle me questionna avec suffisance : « Sun, quand je t’ai aidé à créer l’illusion que Roland montait au ciel, la dernière fois, j’ai effectué un travail fantastique, non !? Personne ne devrait avoir découvert que Roland n’est en fait pas passé vers l’au-delà, pas vrai ? »

« Non… Même s’il est possible que Judgment soit au courant. » J’ajoutai la dernière partie avec un brin d’hésitation.

Rose se défit sur-le-champ de toute responsabilité : « Ce n’est pas de ma faute. C’est seulement parce qu’il te connaît beaucoup trop bien. »

« Le Chevalier du Jugement ? » Roland cessa d’essuyer le plancher et déclara avec un visage solennel : « Sa technique à l’épée est vraiment spectaculaire. Si j’en ai la chance, j’aimerais beaucoup me battre contre lui une fois de plus. »

« Ne va pas provoquer Judgment ! » nous répliquâmes, Rose et moi, à l’unisson.

Rose avertit Roland sombrement, en disant : « Judgment est complètement différent de Sun. C’est un vrai Capitaine-Chevalier du Jugement. S’il te voyait rôder dans la cité à ta guise, il ne te laisserait définitivement pas t’en aller. »

Hé ! Dans ce cas, es-tu en train de dire que je suis une fraude ? Je levai les yeux au ciel.

Roland baissa le regard et fixa sa main de couleur pâle pendant un moment. Il promit avec un léger soupir : « Compris. Je n’irai pas dehors. »

Roland… Je soupirai. Sous ma protection, malgré le fait que Roland ne serait pas saisi par l’Église pour se faire transformer en barbecue, il devait constamment rester enfermé à l’intérieur de ce petit cottage. Pire encore, il était coincé à vivre avec une nécromancienne qui, afin de le forcer à nettoyer le plancher, irait même jusqu’à s’en plaindre cinq cent fois. Pour Roland, sans doute que même se faire brûler vif serait un meilleur destin que celui-ci.

« Rose, laisse Roland porter cet Anneau de Vie comme la dernière fois. Ensuite, je vais utiliser la Lumière Sacrée pour masquer son aura de ténèbres. De cette manière, il ne devrait pas être découvert quand je l’emmènerai à l’extérieur pour faire une ballade. »

En entendant cela, même Roland ne put s’empêcher de révéler une expression d’espoir. On dirait bien qu’il est resté enfermé pendant trop longtemps.

Les yeux de Rose s’illuminèrent encore plus. Elle s’exclama très fort : « Excellent ! Mais, je viens avec vous pour m’amuser ! »

Mais à quoi est-ce que tu penses, pour vouloir te mêler à notre groupe ? Je roulai les yeux, mais Rose fit la moue avec un air qui semblait dire : « Si vous ne me laissez pas venir avec vous, dans ce cas ne songez même pas à partir du tout. »

Hélas ! Pourquoi est-ce que je me sens comme si je venais de démarrer mon propre groupe touristique ? En plus, il s’agit d’une « visite guidée » pour les créatures des ténèbres »… Puisse le Dieu de la Lumière me bénir. Veillez à ne pas nous laisser rencontrer Judgment en cours de route ou sinon je risque de devenir le premier Chevalier du Soleil à être sujet aux techniques d’interrogation diverses du Chevalier du Jugement.

« Sun, tu es vraiment d’une stupidité aveuglante, n’est-ce pas !? » Rose s’aperçut probablement que j’étais très réticent, alors elle me rappela de façon grossière : « Tu ne peux donc pas simplement te déguiser en “Suprême Dragon” ? Tant que tu nous fais visiter les alentours sous l’apparence de Suprême Dragon, même si nous étions découverts, ça n’aurait rien à voir avec le “Chevalier du Soleil” ! »

Oh, c’est vrai ! Le jour se fit soudainement dans mon esprit et je criai, alarmé : « Alors la Brigandine Sainte du Dragon peut aussi être utilisée de cette façon !? »

« Sans blague ! Pour quelle autre raison t’aurais-je offert la Brigandine Sainte du Dragon !? »

« Ne me l’avais-tu pas initialement donnée pour que je puisse capturer le troisième fils du Baron Gerland ? » Tout à coup, j’eus l’impression que les choses allaient mal tourner.

« Bien sûr que non ! Capturer une seule personne ne nécessiterait pas quelque chose d’aussi sophistiqué qu’un trésor ayant besoin d’identifier son maître. »

« Donc, la vraie raison pour laquelle tu me l’as confiée à ce moment-là était… »

« Bien évidemment, je te l’ai offerte pour que nous puissions faire des mauvais coups ensemble ! » affirma Rose de manière très détachée.

« … »

 

 

Afin de se déguiser en personne ordinaire, Roland revêtit une tenue de combat et une armure légère que Rose lui avait donné en plus de porter l’Anneau de Vie. La tenue de combat comportait un design simple, permettant une grande liberté de mouvement, et il y avait même une paire d’ailes brodée sur la poitrine. Un cercle magique était dessiné sur le bas de l’ourlet, et je pouvais faiblement sentir le cercle magique rassembler doucement l’élément du vent, probablement dans le but de rendre le porteur plus agile. Cette armure légère était encore plus extraordinaire. Son modèle était simple et efficace, et son blindage d’un blanc pur était plus rutilant qu’un miroir et plus brillant que l’argent. Il y avait même un cercle magique complexe gravé sur sa surface.

Je fronçai les sourcils, et fis remarquer avec soupçon : « J’ai l’impression d’avoir déjà vu ce symbole du vent sur l’uniforme de combat quelque part auparavant. »

Rose hocha la tête de bon cœur : « Wow, wow ! Sun, tu as vraiment les yeux perçants ! Pendant la Seconde Guerre d’Extermination des Démons, les membres de l’Escadron du Chevalier de la Tornade du côté des humains ont porté ce même uniforme de combat. »

Je frappai mes mains ensemble, en m’exclamant : « Ce n’est pas étonnant ! J’ai vu cet uniforme peint sur les murailles de l’Église auparavant et… et cet ensemble d’armure m’a également l’air très familier ! »

« Évidemment. Il s’agit en fait de l’armure portée par le capitaine de ce même Escadron du Chevalier de la Tornade. »

« Ça devait être un ensemble d’armure très décent ! »

Rose se venta fièrement : « Comme si tu avais besoin de me le dire ! Comme si moi, Rose, j’aurais pu posséder un article ordinaire… Ahhhh ! »

Rapide comme l’éclair, je pinçai les joues de Rose, tirant très fort en disant à travers mes dents serrées : « Depuis combien de temps es-tu morte, saleté de cadavre ? Ton corps a-t-il pourri, et ce cerveau qui est le tien s’est-il décomposé jusqu’à-ce qu’il n’en reste rien non plus ? À quoi pensais-tu, en donnant à Roland ce genre d’équipement  haut de gamme pour qu’il le mette !? Nous allons seulement dehors pour nous promener, pas pour exterminer des démons, tu sais ! »

« Bouhouhou ! Mais, c’est la seule sorte d’équipement que je possède ! » pleurnicha Rose, en se tenant les joues avec ses mains.

« Je vais simplement porter mes propres vêtements alors. » Roland commença à retirer l’amure sans hésitation.

Je soupirai : « Ça n’ira pas non plus. Tes vêtements sont tous déchirés en lambeaux et déguenillés. Si tu devais les porter à l’extérieur, tu attirerais surement beaucoup d’attention. »

Roland expliqua sérieusement : « Ça n’arrivera pas. Je les ai déjà rapiécés avec une aiguille à coudre. »

« … »

Je me tournai vers Rose, en déclarant : « Rose, la prochaine fois que je viendrai te rendre visite, je m’assurerai de cogner. Dans le cas où Roland serait en train de rapiécer des vêtements ou en train de faire quelque chose d’encore plus scandaleux, n’ouvre surtout pas la porte. »

 

 

Après avoir revêtu ses propres vêtements, Roland avait l’air bien plus normal. Bien que sa tenue fût un tantinet loqueteuse, il y avait tellement de racailles et de soldats sales parcourant les rues que ce n’était pas vraiment si inhabituel. En comparaison, ma Brigandine Sainte du Dragon attirait beaucoup plus l’attention.

Quant à Rose, elle se servit d’une méthode inconnue pour redonner à sa couleur de peau rose vif à la teinte de peau d’une personne normale, puis enfila une robe de magicienne noire comme la nuit. Elle avait en fait l’air d’une petite fille ordinaire habillée ainsi.

Bon sang ! Je suis clairement le plus normal de nous trois, et pourtant mon apparence actuelle est la plus anormale.

« Comment un Chevalier du Soleil tel que toi peut-il encore être considéré comme normal ? » marmonna Rose.

Je lançai à Rose un regard incroyablement dédaigneux, et ensuite je me remis à discuter du problème que nous avions sur les mains.  « Même si nous ne faisons que nous balader, nous n’avons aucun moyen de savoir ce qu’il va arriver, alors créons-nous d’abord un alibi. Nous allons prétendre être trois frères et sœur qui ont quitté leur famille pour partir à l’aventure. »

Roland serait à la fois l’aîné et un guerrier. Malgré le fait que nous pouvions affirmer qu’il est chevalier, il y avait toujours le risque que quelqu’un puisse demander : si c’est un chevalier, dans ce cas où se trouve son cheval ? Et, il ne pouvait clairement pas invoquer son cheval mort-vivant pour le montrer aux autres, n’est-ce pas ? Alors, prétendre que c’est un guerrier serait bien plus facile.

Je serais le plus jeune des deux frères. Juste en regardant mon justaucorps et le masque sur mon visage, il va sans dire que les gens sauraient que je suis un assassin.

Rose est naturellement la sœur cadette, et sa profession était celle d’apprentie-mage.

Bien sûr, rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. Simplement en regardant les équipements de la Seconde Guerre d’Extermination des Démons, on pouvait voir que Rose était si ancienne que personne ne savait à quelle époque elle avait été créée. Même si Roland et moi avions le même âge, j’étais plus vieux que lui de plus d’un mois. Qui plus est, il n’avait pas vieilli du tout depuis qu’il était mort.

Pour cette même raison, je m’étais déjà mis à protester : « Je suis plus vieux que Roland, alors pourquoi dois-je être le frère cadet ? »

« Parce que tu es plus petit que lui. »

« Seulement de quelques centimètres. D’ailleurs, les frères aînés ne sont pas nécessairement plus grands que leurs jeunes frères et sœurs. C’est de la pure discrimination ! »

« Parce que tu n’es pas aussi fort que lui. »

« Qui a dit ça ? Je possède la Brigandine Sainte du Dragon, une capacité d’auto-guérison surhumaine, et je suis capable d’utiliser la magie des éléments ainsi que les sortilèges des nécromanciens. En prenant tout cela en compte, je devrais au moins être aussi fort que lui ! Euuuh… Je devrais, non !? »

« Parce que tu n’as pas l’air aussi fiable que lui. »

« Quelle partie n’a pas l’air fiable chez moi ? Mon sourire a une fois gagné le prix annuel pour l’Expression Faciale la Plus Rassurante… Comment ? De quoi a l’air une personne qui a les cheveux noirs striés de mèches argentés, porte un masque, et revêt un justaucorps ? Inutile de poser la question, c’est évident ! Évidemment, cette personne aurait l’air d’un individu suspect ! »

En fin de compte, mes protestations échouèrent, et je ne pus qu’accepter docilement mon rôle en tant que frère cadet.

Après avoir trouvé un alibi, nous flânâmes tous les trois dehors dans les rues. Dès l’instant où nous eûmes quitté le cottage, l’expression de Roland se tendit sur-le-champ. Quand nous fûmes sur le point de pénétrer dans une rue légèrement plus bondée, il hésita pendant un moment avant de donner l’impression de rassembler son courage et de mettre le pied dans la foule. À chaque pas sur la route, il regardait nerveusement à gauche et à droite, en ayant l’air très inquiet.

« Des gens m’ont remarqué. Je peux sentir leurs yeux qui me fixent. » Roland fronça les sourcils fermement et dit anxieusement : « Peut-être que nous avons déjà été découverts. Rentrons simplement au cottage. »

Quelqu’un a vraiment remarqué Roland ? Je plissai les yeux, cherchant partout aux alentours, et sentis immédiatement la présence de curieux. Ils incluaient une jeune épouse qui regardait depuis une fenêtre, un groupe de jeunes demoiselles qui discutaient au coin d’une rue, et une danseuse qui nous dépassa ouvertement et qui battit des cils de façon coquette dans notre direction à plusieurs reprises.

« Ne t’inquiète pas. C’est seulement une bande de femmes reluquant un homme sexy. » Après l’avoir expliqué à Roland, j’ajoutai aigrement : « Bien que si je ne portais pas mon masque, je serais capable d’en attirer encore plus ! »

« Ne sois pas triste, Sun- …Suprême Dragon ! Beaucoup de personnes t’ont également remarqué. » Rose me tapota l’épaule. « Tu vois ? Sur la gauche, il y a quelques chevaliers sacrés qui pointent vers toi et, sur la droite, quelques chevaliers ont leurs yeux rivés sur toi, et…et… au coin, il y a une poignée de prêtres qui n’arrêtent pas de te fixer. »

J’avais à l’origine tourné mon regard avec espoir dans la direction indiquée par Rose, mais non seulement je n’ai pas vu de jeunes femmes en train de discuter, à la place il y avait un groupe d’hommes qui me scrutaient de la tête au pied avec des regards méfiants… Je m’exclamai avec ressentiment à Rose d’une voix basse : « C’est parce que mon accoutrement est trop suspicieux ! »

Rose déclara avec une réalisation soudaine : « C’est donc ça. Et moi qui me demandais pourquoi les seuls à t’avoir remarqué étaient tous des hommes. J’étais sous la fausse impression que Roland séduisait les femmes pendant que tu attirais exclusivement les hommes. »

Que c’est révoltant ! Qui attire exclusivement les hommes ?

Je répliquai sur un ton menaçant : « Me croirais-tu si je te disais que je connais l’endroit où tu caches toutes tes sucettes à la fraise ? »

Essayant de ne pas avoir l’air vulnérable, Rose rétorqua : « Me croirais-tu si je te disais que je peux teindre tes cheveux en noir striés de mèches argentées de façon permanente ? »

Je couvris immédiatement mes cheveux avec mes mains en contrant : « Vas-y et essaie. Prudence maintenant, sinon tu pourrais ne jamais goûter aux desserts à la fraise qu’Ice confectionne. »

« Quelle impudence ! Sale méprisable petit homme ! » Rose écrasa son pied contre le sol, sortant une minuscule baguette magique avec colère et la pointant sur moi.

Comme c’est abominable ! L’on peut perdre une bataille mais pas sa dignité. Si l’on recule comme un lâche, on ne sera plus jamais capable de regarder qui que ce soit dans les yeux ! D’un seul coup, j’abandonnai 200mL de sang en échange d’une dague que je pointai aussi vers Rose en retour… Non pas que j’aie envie de révéler ceci, mais cette situation avec la baguette minuscule de Rose et ma petite dague n’était pas le moins du monde impressionnante. J’entendis même quelques rires étouffés en arrière-plan.

En plus, l’ordre public de la Cité du Bourgeon est vraiment strict. Oubliez l’idée de vous battre dans les rues, les chevaliers arrêteront quiconque dès qu’ils dégaineraient une arme. Mais, en ce moment, les chevaliers sacrés et les chevaliers autour de nous donnaient l’impression qu’ils n’avaient absolument aucune intention de nous restreindre… Ils nous sous-estiment beaucoup trop ! Juste parce qu’elle est un peu petite, n’est-elle plus considérée comme une arme ?

À ce moment-là, Roland, qui se tenait debout sur le côté, commença soudainement à reculer de quelques pas. Rose et moi nous retournâmes simultanément pour le fixer du regard, lui demandant à l’unisson : « Roland, pourquoi recules-tu ? »

Roland répondit de façon détachée : « De cette façon, je n’obstruerai pas votre duel. »

« Pardon ? Qui va se battre en duel ? » m’enquis-je, perplexe.

« Toi et Rose », affirma Roland avec sérieux. « Vous étiez tous les deux déjà en train de prendre vos positions de combat. C’est excellent ; laissez simplement les épées dans vos mains déterminer qui a raison et qui a tort, et non pas en vous disputant et en débattant. C’est la vraie voie du chevalier. »

Je fixai la dague dans mes mains, puis la baguette que Rose tenait. En nous regardant tous les deux, comment diable en est-il arrivé avec « les épées dans vos mains » ?

Rose contempla sa propre robe de mage, puis observa mon costume d’assassin, et dit avec embarras : « Ne sommes-nous pas, Suprême Dragon et moi, très loin de suivre le code d’honneur de la chevalerie ? »

À cet instant, les fou-rires silencieux des passants se transformèrent en hurlements de rire. Les chevaliers sacrés, qui pointaient à l’origine leurs doigts dans ma direction, riaient à présent à gorge déployée en se tenant l’estomac.

Voyant la situation actuelle, je sentis que j’avais une vaine incroyable. C’est une bonne chose qu’ils ne se rendent pas compte que je suis le Chevalier du Soleil.

Plusieurs chevaliers s’approchèrent en riant. « Désolés d’interrompre votre duel suivant le code d’honneur des chevaliers », dirent-ils, toujours en rigolant, « mais faire du tapage et se battre dans les rues est interdit. »

« Ce n’est pas un combat, mais un duel. » décréta Roland avec le plus grand sérieux. Les chevaliers laissèrent échapper un autre éclat de rire, qui se transforma en une ronde complète de rire incontrôlable, incitant les spectateurs alentours à rigoler encore plus fort.

« Jamais de toute ma vie me suis-je senti plus humilié durant les vingt-trois années que j’ai vécues. » affirmai-je à voix basse, en retenant presque des larmes.

Rose maintint également sa tête basse, en déclarant : « Ouais, jamais ne me suis-je sentie aussi humiliée durant les deux milles trois- Ahem ! Durant les  “nombreuses” années de ma vie. »

À ce moment-là, un rugissement interrompit les éclats de rire de tout le monde. « Qu’est-ce que c’est que tout ce raffut ? »

Je tournai la tête pour apercevoir un escadron entier de chevaliers sacrés. De plus, cousu sur les poitrines de leurs uniformes se trouvait l’emblème du Chevalier du Soleil… Il s’agissait de mon propre peloton de chevaliers. Qui plus est, tous les vingt-cinq membres étaient présents, incluant mon vice-capitaine Adair.

À la façon dont ils étaient tous bien équipés et alignés d’une manière si ordonnée, ils ne donnaient pas l’impression qu’ils étaient venus ici pour rôder dans les rues ou pour casser la figure à quelqu’un… Se pourrait-il que ce soit au tour de la Section du Chevalier du Soleil de patrouiller dans les rues ce mois-ci ?

C’est vraiment mauvais ! Ma Section du Chevalier du Soleil se spécialise dans l’élimination des créatures mortes-vivantes. Même si Roland ressemblait présentement à un être humain vivant, complètement différent de son apparence de Chevalier de la Mort, il n’y avait aucune garantie qu’ils ne le reconnaîtraient pas.

Je ne pus m’empêcher de vérifier la Lumière Sacrée autour de Roland, pour confirmer qu’elle l’enveloppait toujours fermement et que pas une once d’aura de ténèbres ne s’échappait.

À cet instant, le chevalier sacré, qui se tenait précédemment dans un coin en se tenant l’estomac à force de rigoler, accourut vite par ici, rapportant respectueusement et courtoisement la situation à la Section du Chevalier du Soleil. En entendant le rapport, les membres du Peloton du Chevalier du Soleil détendirent leurs expressions. Je poussai également un soupir de soulagement puisque nous semblions avoir réussi à les berner avec succès. Mais alors, mon vice-capitaine, Adair, se détacha du centre de l’escadron pour s’approcher jusqu’à faire directement face à Roland.

Il jaugea Roland de la tête au pied avant de lui demander nonchalamment : « Êtes-vous un chevalier sacré ? »

« Non, je suis un chevalier », dévoila carrément Roland.

Hé, hé ! Roland, ne venons-nous pas tout juste de décider de nos alibis ? Tu es censé être un guerrier !

« Ah, vraiment ? » ricana froidement Adair, puis il s’adressa à lui sèchement : « Dans ce cas, pourquoi votre corps déborde-t-il de Lumière Sacrée ? » Dès l’instant où les mots d’Adair eurent quitté sa bouche, les vingt-quatre membres restants de la Section du Chevalier du Soleil formèrent sur-le-champ un cercle, nous enfermant fermement.

Comme c’est embêtant ! Si j’avais su que ceci allait arriver, je n’aurais jamais demandé à Adair de mener le peloton pour casser la figure à des gens. Observant leur étonnante efficacité à nous encercler, même moi je ne pus réagir du tout avant de me faire cerner complètement par l’escouade.

Aujourd’hui est-il le jour où je récolte les méfaits que j’ai semés, que je me fais massacrer par ma propre Section du Chevalier du Soleil ?

Adair dégaina lentement son arme, expliquant aux autres : « Si vous n’émettez pas la Lumière Sacrée vous-même, alors ça ne peut vouloir dire qu’une seule chose. La Lumière Sacrée qui entoure votre corps est là dans le but de dissimuler quelque chose d’autre comme, par exemple, une aura de ténèbres. »

Seulement maintenant je me rends compte que posséder un vice-capitaine qui soit trop malin n’est pas forcément une bonne chose. Il y a peu de chances pour que ça se termine bien.

« Qu’est-ce que ça peut bien faire que ce soit pour masquer une aura de ténèbres ? » lâcha soudainement Rose. « Masquer une aura de ténèbres va-t-il à l’encontre de la loi ? »

Adair, étant le type sympa qu’il était, accepta de lui répondre. « Dissimuler une aura de ténèbres n’est pas illégal », dit-il, « mais, ceux qui en possèdent une sont, le plus souvent, des individus plein de malice, tels que les créatures des ténèbres. »

« Et qu’en est-il des disciples du Dieu de l’Ombre ? » Rose leva son menton, en rétorquant de façon provocante. « Avez-vous l’intention de dire que les Chevaliers Noirs du Dieu de l’Ombre sont des individus plein de malice également ? »

Les Chevaliers Noirs ?

Ah ! Quelle manœuvre ingénieuse ! J’avais en fait oublié que les seuls chevaliers à afficher une aura de ténèbres sur leurs corps étaient les Chevaliers Noirs qui servent le Dieu de l’Ombre.

En entendant cela, même Adair se figea. Vous ne pouvez pas l’en blâmer non plus, vu que la Cathédrale du Dieu de l’Ombre était très loin d’ici. Bien que j’aie eu connaissance de l’existence des Chevaliers Noirs, je n’en avais en fait jamais vu un auparavant.

Adair plissa les yeux avant de s’enquérir avec doute : « Vous êtes un Chevalier Noir ? Dans ce cas, pourquoi masquez-vous l’aura de ténèbres sur votre corps ? »

Roland fronça les sourcils, incapable de répondre. Je dois admettre que lui, qui ne savait que comment pratiquer sa technique à l’épée, n’avait pas la moindre idée de ce qu’était un Chevalier Noir.

À ce moment-là, Rose répliqua en se moquant : « Parce qu’il y a un tas d’idiots qui sont sous la fausse impression qu’une aura de ténèbres ne peut appartenir qu’à des créatures mortes-vivantes. »

Dès l’instant où les mots quittèrent sa bouche, tous les chevaliers alentours montrèrent des expressions de colère sur leurs visages. Seul Adair, malgré le fait d’être celui vers qui l’insulte était dirigée, ne s’en souciait pas du tout. Il fronça les sourcils, plongé dans ses pensées, puis exigea de Roland : « Je vous prierais de bien vouloir retirer la Lumière Sacrée qui se trouve autour de vous. »

Ayant entendu cela, je réfléchis pendant une seconde. Puisque nous ne pouvons pas refuser de la retirer, nous ne pouvons que courir le risque et espérer que l’Anneau de Vie de Rose sera suffisant comme camouflage pour nous permettre de nous en sortir.

Après que j’eus enlevé la Lumière Sacrée sans hésitation, Roland ne sembla pas avoir changé du tout aux yeux des curieux. Mais, aux yeux de la Section du Chevalier du Soleil, il émettait une légère aura de ténèbres, et leurs mines devinrent sombres.

Adair fronça les sourcils et eut l’air d’être plongé profondément dans ses pensées pendant un bon moment avant de subitement nous lancer un regard particulièrement pénétrant. Je paniquai intérieurement, en suivant sa ligne de vision pour m’apercevoir que… Accrochée à la taille de Roland, se trouvait la même épée dont ce dernier s’était servi pour me blesser !

Adair leva alors lentement la tête, fixant directement le visage de Roland. Si après ça il n’arrivait toujours pas à reconnaître que la personne devant lui était le Seigneur de la Mort de la dernière fois, dans ce cas je devrais probablement me mettre à douter de ma capacité à choisir mon vice-capitaine.

Mais je suis convaincu que je sais bien choisir les gens, alors j’étais déjà en train de me demander comment organiser notre fuite. Peut-être que prendre mon propre vice-capitaine en otage serait une excellente option ? Toutefois, la technique à l’épée d’Adair ne sera pas facilement vaincue. Si l’enlèvement échoue et qu’il nous met en déroute à la place, me resterait-il assez de dignité pour rester leur capitaine ?

« Vous pouvez partir. »

Très bien ! Je vais simplement faire en sorte que Roland capture Adair… hein? J’étais bouche-bée. Que vient de dire Adair à l’instant ?

À ce moment-là, les autres membres de la Section du Chevalier du Soleil le questionnèrent avec inquiétude : « Adair, est-ce vraiment une bonne idée ? Devrions-nous demander au capitaine de venir pour confirmer ? »

Adair secoua la tête, en disant : « C’est inutile. Allons-y. Plus vite nous finirons nos patrouilles, plus vite nous pourrons compléter la tâche que notre capitaine nous a assignés. » Quelle tâche ? Je clignai des yeux. Ai-je vraiment fait une telle requête ?

Adair montrait sans aucun doute son influence en tant que vice-capitaine qui s’occupait tout le temps de ma Section du Chevalier du Soleil. Après qu’il eut dit que c’était inutile, pas une seule objection ne provint des membres du peloton. Ils repassèrent promptement de leur formation en cercle à la formation de patrouille, puis partirent de façon ordonnée, en suivant Adair.

Si je ne l’avais pas vu de mes propres yeux, je n’aurais jamais cru que ma Section du Chevalier du Soleil était capable de former une formation si impeccable et ordonnée. Adair doit vraiment être incroyable. On dirait que j’ai très bon goût pour choisir les gens ! Mais de quel genre d’affaire, exactement, étaient-ils partis s’occuper ? Je ne me rappelle pas d’avoir assigné des tâches à Adair. Qui plus est, il doit définitivement avoir reconnu Roland. En tant que le vice-capitaine de la Section du Chevalier du Soleil, qui se spécialise dans la gestion des créatures des ténèbres, comment pouvait-il tout simplement laisser un Seigneur de la Mort flâner dans la cité comme il lui plaisait ? Se pourrait-il que je ne comprenne pas du tout mon vice-capitaine ?

« Sun, devrions-nous les suivre ? » me demanda Rose à voix basse, ayant l’air très intéressée. J’y réfléchis pendant un moment. Amener Roland en même temps que de secrètement espionner la Section du Chevalier du Soleil semblait être une tâche impossible. Que ce soit une aura faible de ténèbres, ou qu’elle soit masquée par la Lumière Sacrée, dans les deux cas, ce n’est pas possible de leur cacher notre présence.

« Non. Nous sommes ici aujourd’hui pour accompagner Roland dans une promenade à l’extérieur, alors allons voir les endroits où il souhaiterait aller à la place. »

En entendant cela, Rose laissa échapper un grognement déçu mais, peu de temps après, elle tenait Roland par la main en jetant des coups d’œil partout. On aurait dit que Roland était mené par Rose dans tous les sens, et il ne demanda presque jamais de façon active à visiter un endroit spécifique. Alors, je l’interrogeai : « Roland, y a-t-il un endroit où tu voudrais aller ? »

« Boutique de desserts ! Magasin de peluches ! Terrain d’exécution ! »

J’ignorai complètement la petite fille bruyante et dis de façon très sérieuse à Roland : « Où que tu veuilles aller, je t’y emmènerai… Sauf en ce qui concerne l’Église du Dieu de la Lumière. »

Même si c’était le palais royal, je possédais mes propres moyens pour offrir à Roland une journée entière de visite à l’intérieur. Le seul endroit où je ne pouvais pas l’emmener était l’Église du Dieu de la Lumière. Après tout, il s’agissait des quartiers généraux des forces qui réprimaient les créatures des ténèbres. Même si un Seigneur de la Mort devait se faufiler jusqu’à l’intérieur, il ne ferait que rencontrer la mort en se noyant dans la Lumière Sacrée.

Lorsqu’il entendit cela, Roland révéla en fait un léger air de déception. Se pourrait-il qu’il espérait réellement visiter l’Église du Dieu de la Lumière !? En mettant de côté le fait qu’il y a à la Cité du Bourgeon une nécromancienne qui ne se rend pas compte qu’elle est une nécromancienne, on y retrouve également un Seigneur de la Mort qui ne semble pas réaliser qu’il est un Seigneur de la Mort !  Ne me dîtes pas que, de nos jours, toutes les créatures mortes-vivantes ont oublié qu’elles ont déjà quitté ce monde, et donc qu’elles devraient rester très loin de quoi que ce soit contenant les mots « Lumière » et « Sacré » ?

Roland réfléchit pendant un moment, et ensuite secoua la tête. Je soupirai et annonçai : « Dans ce cas, je vais t’emmener chercher de nouveaux vêtements. Nous devrions également t’acheter une autre épée, puisque tu ne peux même pas dégainer celle que tu possèdes en ce moment. » Dès qu’elle serait sortie de son fourreau, l’aura de ténèbres serait certainement projetée vers les cieux, et alors nous serions obligés de jouer au jeu du chat et de la souris avec une bande de chevaliers sacrés.

Roland hocha la tête, mais Rose commença à sautiller entre nous deux, en protestant bruyamment : « Boutique de desserts ! »

« Tu veux toujours aller à la boutique de desserts ? » la ridiculisai-je. « Dans ta maison, il y a plus de sucettes qu’il n’y a de cadavres au terrain d’exécution. Es-tu vraiment certaine d’être une nécromancienne ? »

Rose leva les yeux au ciel et répliqua maussadement : « C’est drôle à quel point ta capacité à la magie est dix fois meilleure que celle de ta technique à l’épée, que ta Lumière Sacrée est plusieurs centaines de fois plus forte que ton aura de combat, et que tes habiletés de nécromanciens sont au moins dix mille fois meilleures que tes talents de cavalier. En fin de compte, c’est toi qui ne te rends pas compte que tu es un chevalier sacré ! »

J’en perdis mes mots. Durant mes treize années en tant que chevalier sacré, j’avais douté au moins treize fois de si j’étais vraiment fait pour être un chevalier sacré. (Chaque année, après avoir testé ma technique à l’épée et vu mon score, je n’avais pu m’empêcher de douter pendant un instant.)

Les premiers jours, mon maître m’avait consolé en disant : « Ton pire futur choix de carrière aurait été celui de chevalier. Ton deuxième pire futur choix de carrière serait celui de chevalier sacré. Alors, cesse de t’apitoyer sur ton sort. Au moins, tu n’as pas choisi la première option. »

Après qu’il avait eu fini de me consoler, mon maître s’était consolé lui-même, avec une rare satisfaction, en disant : « C’est une bonne chose que je sois ton maître dans la voie de chevalier sacré, et pas ton maître dans l’art de la chevalerie. Si j’avais dû t’élever au rang de chevalier, ç’aurait été plus facile de simplement te tuer d’un seul coup, te laissant te réincarner et choisir une autre carrière par la même occasion. »

« Encore une chose : en tant que Chevalier du Soleil, le chevalier sacré le plus haut gradé, tu t’es fait réprimander par une créature des ténèbres jusqu’à-ce que tu en restes sans voix. Pfff ! Je me demande si tu es même conscient du fait que tu es le Chevalier du Soleil ! » me sermonna Rose d’un ton extrêmement sarcastique.

« Si tu ne te tais pas sur-le-champ, je ne t’emmènerai pas à la boutique de dessert », la menaçai-je sur un ton sinistre. Rose scella ses lèvres, resplendissante de joie.

« C’est l’heure d’y aller, l’heure d’y aller. Comme nous nous rendons à tellement d’endroits, nous ferions mieux de nous dépêcher. » Après les avoir pressés, je marchai à l’avant pour montrer le chemin à ces deux-là. Mais, à ce moment-là, une notion me traversa l’esprit.

Peut-être que me balader dans les rues en compagnie d’une nécromancienne et d’un Seigneur de la Mort est l’action la plus saugrenue que j’aie effectuée en tant que Chevalier du Soleil ?

1/2 Prince T2 Extra : Journal

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½ Prince Tome 2 – Fantaisie et Réalité

Roman version d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)


Chapter Extra: Diary – Traduit du chinois vers l’anglais par Eilinel[PR!]
Chapitre Extra : Journal – Traduit de l’anglais vers le français par AkaiiRia
+ Travail de vérification par Nocta

Guiliastes :

Étant un génie possédant un QI de 200, il fit son entrée à l’université dès l’âge de quinze ans. Il fut diplômé à dix-huit ans, puis reçut son doctorat à vingt-deux ans. Ensuite, prolongeant ses études à l’étranger, il revint avec un autre doctorat à l’âge de vingt-cinq ans.

Et maintenant qu’il avait vingt-six ans, les meilleures universités du pays étaient en lice pour l’employer comme professeur.

 

 

Je jetai un coup d’œil en direction de la pile de lettres de recrutement sur la table. À quelle université devrais-je aller ? pensai-je, en secouant la tête face au ridicule de la situation.

Je n’ai même pas besoin de dix minutes pour calculer quelle université serait la plus avantageuse pour moi, alors pourquoi me sentirais-je troublé ? C’est vrai : il n’y a rien dont je doive m’inquiéter !

Malgré tout, dans un accès d’irritation, je rassemblai toutes les lettres de recrutement, et les lançai sauvagement au plafond. La liasse de papier tomba, se répandant partout sur le plancher, excepté la seule lettre à avoir atterri sur la table.

« Ce sera toi, dans ce cas ! » Je ramassai la lettre de recrutement, et lançai un bref regard au nom de l’université avant d’ajouter ma signature à la feuille. Agrippant mon casque, je me dirigeai à l’extérieur pour envoyer le document par la poste. Continued

La Légende du Chevalier du Soleil T2C2 : Souris, Salue la Foule, et Fais la Publicité de l’Église

La Légende du Chevalier du Soleil Tome 2 – Les Tâches Quotidiennes des Chevaliers

Roman version d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)


Chapter 2 : Smile, Wave, and Be the Church’s Human Billboard – Traduit du chinois vers l’anglais par Rena[PR!] et Raylight[PR!]
Chapitre 2 : Sourie, Salue la Foule, et Fais la Publicité de l’Église – Traduit de l’anglais vers le français par Nocta
+ Travail de vérification par LuluHime

À la fin du service de célébration, le futur roi devait parader dans toute la ville comme d’ordinaire, et les Douze Chevaliers Sacrés devaient le suivre comme des moutons.

Aussi, après que Storm et Blaze m’eurent aidé à monter sur mon cheval, ils se mirent tous deux en selle et chevauchèrent derrière moi. Bien évidemment, Leaf et les autres dans la Bonne Faction au Grand Cœur se trouvaient également à ma suite.

Le seul qui avançait à mes côtés était le Chevalier du Jugement, et derrière lui se trouvaient les Chevaliers Sacrés de la Cruelle Faction au Cœur de Pierre.

Devant nous se tenait le prince héritier, notre futur roi. Sur sa gauche et sa droite se trouvaient ses chevaliers royaux les plus fidèles que Judgment et moi-même suivions.

Les effets de l’Hymne du Dieu de la Lumière que j’avais chanté étaient encore assez visibles.   Toutes les personnes qui se tenaient sur le bord de la route étaient si passionnées qu’on aurait cru que le Dieu de la Lumière était vraiment descendu. Les deux côtés de la route étaient saturés de gens dont les acclamations bruyantes manquèrent presque de faire exploser mes tympans.

Ahah ! Si je me souviens bien, la seule autre fois où les gens se sont comportés d’une manière aussi sauvage est lorsque cette troupe de théâtre mondialement connue était venue jouer ici. Mais, quand Sa Majesté le roi se promenait pour mener ses inspections… Eh bien, disons juste que le plus grand espoir que l’on pût avoir pour cette situation eut été que la cité ne se transformât pas en marché de fermiers.

Je me rappelle la dernière fois où ce gros porc de roi avait mené une inspection. Cela s’était produit durant la saison des tomates, aussi il y en avait en abondance… Résultat, les chevaliers royaux qui l’avaient accompagné avaient complètement arrêté de manger des tomates à partir de ce jour. C’était l’une des raisons pour lesquelles le roi n’aurait jamais pu gagner la faveur des chevaliers. S’ils avaient dû accompagner le roi pour quelques inspections de plus, ils n’auraient probablement plus jamais mangé aucun fruit ou légume de toute leur vie.

Peu de temps après le début de notre défilé, Judgment m’observa du coin de l’œil à plusieurs reprises. Pour les spectateurs extérieurs, on aurait dit qu’il me jetait des regards noirs, mais je compris que c’était une expression d’inquiétude. Mon visage était si pâle qu’il était comparable à la couleur de la farine, principalement parce que j’avais vraiment très faim.

La posture à cheval de Judgment était aussi droite qu’une flèche, et ses yeux étaient braqués droit devant. Il émettait une aura menaçante, et l’expression sur son visage laissait penser qu’il ne voulait être approché ni par les vivants ni par les morts. Toutefois, il me demanda à voix basse sur un ton soucieux : « Tu te sens bien ? »

« Non, je ne me sens pas bien ! J’ai tellement faim que je vais en mourir. Je veux manger des sandwichs à la confiture de myrtilles, je veux manger des biscuits au miel, et je veux boire du lait. »

Je marmonnai ma réponse tout en souriant simultanément et en saluant de la main les gens aux alentours. Puisque c’était si bruyant par ici, ils ne pouvaient pas entendre ce que je disais, et de toute façon ils penseraient probablement que je parlais une fois encore de la bienveillance du Dieu de la Lumière.

« … » Continued

1/2 Prince T2C7 : Une Bataille Sans Regrets

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½ Prince Tome 2 – Fantaisie et Réalité

Roman version d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)


Chapter 7 : A Battle Without Regrets – Traduit du chinois vers l’anglais par K00st3r[PR!] et Erialis[PR!]
Chapitre 7 : Une Bataille Sans Regrets – Traduit de l’anglais vers le français par Zinthia
+ Travail de vérification par Nocta

En ligne

Malgré le fait d’avoir terminé notre dernière séance d’entraînement la nuit précédente, je continuais à être en proie à un sentiment de culpabilité : le  sentiment que je n’étais pas encore assez fort. Ainsi, je décidai de demander une absence justifiée pour cause de maladie afin de rester à la maison et de m’entrainer en secret.

Pour être honnête, bien que nous nous soyons battus dans tant de manches de ce tournoi, je n’avais jamais songé à la possibilité que nous puissions perdre un match en particulier. Toutefois, je n’avais pas non plus prévu que nous serions arrivés aussi loin dans le tournoi.

Est-ce que je suis vraiment fort ? Je ne pouvais pas m’empêcher d’être anxieux. Tout ce à quoi je pensais se réduisait à combattre plus de monstres et à monter encore plus de niveaux. Est-ce que je peux survivre au milieu de six cents personnes avec mon niveau actuel de soixante-deux ? Je n’en ai aucune idée ! Cependant, la pensée « je vais perdre » ne m’avait toujours pas traversé l’esprit.

Avec un coup à l’horizontale, je vainquis le dernier monstre et soulevai les cheveux trempés de sueur sur mon front. Je remarquai seulement alors que quelqu’un s’était approché.

« Gui ? »

« Oui. » Gui se rapprocha de moi, un air mélancolique autour de lui.

« Tu peux te connecter aussi tôt aujourd’hui ? » le questionnai-je. Dans ma tête, je me demandai, Le professeur a séché les cours lui aussi ?

« Oui. J’ai généralement plus de temps libre les vendredis. D’ailleurs, il me semble que c’est la première fois que tu es en ligne un vendredi matin »,  déclara Gui, un léger sourire aux lèvres.

Euh… Eh bien, c’est parce que j’ai des cours à suivre ! rétorquai-je d’un ton acerbe dans ma tête. « Oui, c’est vrai, haha. »

Gui continuait de sourire, mais il ne put cacher le regard désespéré dans les profondeurs de ses yeux.

Ce regard triste ne devrait pas apparaître sur le visage de Gui. Ce n’est pas le Gui que je connais ; Je ne veux pas le voir comme ça !

« Je n’aime pas te voir comme ça, Gui. Je te préfère bien plus comme tu étais avant, toujours à effrontément m’appeler “Noble Seigneur Prince”. » Lorsque j’eus fini de parler,  je soulevai mon dao et marchai vers un groupe de monstres fraîchement apparu.

« Vraiment ? Mais, je… » Les sourcils de Gui se froncèrent ensemble tandis que celui-ci s’écriait d’une voix émue : « J’ai besoin de ta réponse. Et seulement alors, je pourrai avancer ! »

« Hein ? Est-ce que je ne t’ai pas toujours répondu  en te  frappant ? » répondis-je. J’étais plongé dans la sensation exaltante d’abattre ma lame pour tuer des monstres en courant, en sautant, et en esquivant.

« Quel genre de réponse est-ce donc… ? »

Gui m’observait attentivement, clairement fasciné. Ses yeux suivaient ma silhouette sans cesse en mouvement, prenant note de la danse brillante de ma lame, et de mon sourire exalté et sanguinaire.

« Tu as vraiment l’air de beaucoup aimer te battre, Prince », releva Gui.

Je  ris de bon cœur tandis que je continuais de combattre. « Oui, j’aime ça par-dessus tout. Assener mon dao, donner des coups de pied, esquiver… Tu ne trouves pas ça exaltant ? »

« Je trouve bien plus enivrant de voir ton sourire », murmura Gui. Puis, il dit : « Aimes-tu vraiment plus le moi d’avant ? »

« Oui ! » Je me baissai pour éviter une attaque, mais alors que je levais la tête, une flèche translucide siffla près de mon oreille. En tournant la tête pour regarder la flèche, je la vis fichée dans le front d’un monstre quelconque qui était sur le point de m’infliger une attaque sournoise. Je sifflai doucement et levai mon pouce vers Gui.

D’une main, Gui ramena ses cheveux en arrière et adopta délibérément une pose gracieuse. « Afin de sauver son Noble Seigneur Prince, Gui est un tireur précis-à-cent-pour-cent ! »

À la fin de sa phrase, Gui tomba par terre, touché par le projectile, Meatbun, que j’avais lancé sur lui. Avec un sourire béat, je lui rétorquai : « Je t’ai déjà dit de ne pas m’appeler “Noble Seigneur Prince” ! De même, pour te frapper, je suis également un tireur précis-à-cent-pour-cent ! »

Juste à ce moment-là, la voix de Lolidragon retentit sur le tchat de l’équipe. « Ouah ! Qui est en ligne ? Vous êtes encore plus matinal que moi. »

« C’est moi et Seigneur Prince », répondit Gui.

Pour ma part, je fis remarquer dubitativement : « Est-ce qu’il y a ne serait-ce qu’une personne sur cette terre de moins matinale que toi ? »

« Ouah ! Grand frère Prince est en ligne lui aussi ? » s’exclama alors la voix surprise de Doll sur le tchat.

« On dirait que tout le monde est là », ajouta belle-sœur Yu Lian, amusée. « En ce moment, je déjeune avec un loup qui a séché le travail ! »

« Yu Lian… » La voix de grand frère Wolf laissa entendre un soupçon d’embarras lorsqu’il arriva sur le tchat.

Une idée brillante me vint, et je m’écriai : « Vite, vite ! Tout le monde se rassemble au stand de petit-déjeuner, pour que nous puissions leur tenir la chandelle ! » Ceci dit, je partis à la vitesse de l’éclair en ville, traînant Gui derrière moi. Continued

La Légende du Chevalier du Soleil T2C1 : Mange Ton Petit-Déjeuner !

La Légende du Chevalier du Soleil Tome 2 – Les Tâches Quotidiennes des Chevaliers

Roman version d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)


Chapter 1 : Eat Breakfast! – Traduit du chinois vers l’anglais par Evangeline[PR!]
Chapitre 1 : Mange Ton Petit-Déjeuner ! – Traduit de l’anglais vers le français par Nocta
+ Travail de vérification par LuluHime

« Capitaine-Chevalier du Soleil, Capitaine-Chevalier du Soleil… »

« Hmm… » Je m’affalai de l’autre côté du lit, enfonçant ma tête sous l’oreiller dans le procédé. Maintenant, je n’aurai pas à écouter cette histoire de « chevalier »…

« Capitaine-Chevalier du Soleil ! »

Attendez, je l’entends encore. Je sortis lentement ma tête de sous l’oreiller et m’assis. Même si mes yeux étaient ouverts, je ne voyais que des images floues et je n’arrivais pas à faire le point sur quoi que ce soit. Et donc, je pouvais dire immédiatement que ce n’était pas l’heure normale à laquelle je me levais !

Qui est l’enflure qui a osé troubler mon sommeil ?!

J’appelai d’une voix qui était une octave plus basse que d’ordinaire : « Puis-je demander si mon frère chevalier dehors a été inspiré par le Dieu de la Lumière pour venir et frapper à la porte de Sun afin de partager une discussion sur la bienveillance du Dieu de la Lumière ? »

Quelqu’un laissa échapper un soupir de soulagement de l’autre côté de la porte, mais ce soupir se transforma ensuite en un appel précipité et pressant : « Capitaine-Chevalier du Soleil ! C’est Adair ! Avez-vous oublié ? Aujourd’hui nous sommes dimanche ! »

« Le dimanche… est un jour de repos ! » Je m’affalai de nouveau dans mon lit, remontai la couverture et me roulai en boule.

« Non ! Capitaine-Chevalier du Soleil, aujourd’hui c’est votre tour de mener la messe de célébration à l’église. Avez-vous oublié ? Capitaine-Chevalier, Capitaine-Chevalier… »

Le volume des cris diminua graduellement. C’était très satisfaisant pour moi. Bien que je pusse dormir dans un brouhaha intense, je dormais encore mieux sans bruit. Si c’est dimanche, alors je vais simplement dormir jusqu’à midi et me lever pour… déjeuner…

BANG !

Je sautai hors du lit. Quoi ? Quoi ? Que se passe-t-il exactement ?

« Capitaine-Chevalier du Jugement, veuillez ne pas vous montrez aussi impoli… »

Je me retournai à temps pour voir Judgment claquer la porte, et cette fois il la ferma presque sur le nez d’Adair. Si je devais être le juge, alors j’aurais dit qu’Adair était celui qui se montrait impoli. Je n’arrivais pas à croire qu’il ait osé parler à Judgment d’une telle manière. Même moi je n’oserais pas !

« Ton vice-capitaine est aussi obstiné que d’habitude. Il ne pouvait pas te réveiller depuis l’extérieur, mais il refusait d’entrer pour essayer. »

Une fois qu’il eut fermé la porte, le visage sans expression de Judgment parvint à s’adoucir un peu. Il secoua la tête et dit : « Avec  un vice-capitaine doté d’une telle personnalité, ce n’est pas étonnant que ta Section du Chevalier du Soleil soit constamment en train de causer des problèmes. Il y a trois jours, ils se sont ligués contre le troisième fils du Baron Gerland dans une bagarre, ce qui a rendu le baron si furieux qu’il s’en est même plaint au prince héritier. »

« Aaahhh… Cet incident m’a aussi donné la migraine », soupirai-je. « Mais, qu’aurais-je pu faire ? Comme tu le sais, Adair a simplement cette sorte de personnalité entêtée. »

Les yeux noirs et profonds de Judgment me fixèrent avec scepticisme, et il affirma : « Cette affaire me laisse un peu perplexe cependant. Le troisième fils du Baron Gerland est un chevalier très orthodoxe ; il ne semble pas être le type à provoquer délibérément la Section du Chevalier du Soleil. Bien qu’il ait été précédemment chargé de se débarrasser des corps dans l’incident du Chevalier de la Mort, il ne faisait que suivre les ordres du roi. »

« Je ne sais vraiment pas. Peut-être qu’il a marché sur Adair ou autre chose ? Comme tu le sais, je prends rarement part dans les affaires de la Section du Chevalier du Soleil ; je laisse Adair s’occuper de tout ! » déclarai-je en haussant les épaules, en affichant l’expression de celui qui ne sait rien.

En entendant cela, Judgment fronça un peu les sourcils mais ne dit rien. « Ce qui est fait est fait », ajouta-t-il doucement. « Dis-leur juste d’arrêter d’embêter le troisième fils du Baron Gerland, ou autrement Son Altesse, le Prince, en sera également préoccupée. »

Je promis d’un ton inoffensif : « Très bien, je transmettrai ton avertissement. »

Judgment me regarda encore et me rappela : « Tu devrais te dépêcher. La messe de célébration va bientôt commencer, et tu n’as que trente minutes pour te préparer. »

Je me figeai. Mener la messe de célébration… ah ! Ne me dites pas que c’est mon tour de diriger la messe de célébration de ce dimanche ?! Continued

La Légende du Chevalier du Soleil T2 Prologue : Le Chevalier du Soleil

La Légende du Chevalier du Soleil Tome 2 – Les Tâches Quotidiennes des Chevaliers

Roman version d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)


Prologue : The Sun Knight – Traduit du chinois vers l’anglais par Raylight[PR!]
Prologue : C’Est Notre Capitaine, Le Chevalier du Soleil – Traduit de l’anglais vers le français par Irina
+ Travail de vérification par Yukomin et AkaiiRia

Maintenant, laissez-nous vous introduire aux devoirs que le noble Chevalier du Soleil doit conduire chaque jour.

Son premier devoir est d’assister à différents genres d’événements publics barbants, comme la cérémonie pour célébrer l’ascension au trône du nouveau roi.

Son deuxième devoir est d’agir comme un automate agitant la main. À des événements publics comme celui mentionné précédemment, savoir comment agiter la main pendant une longue période de temps, sans se paralyser le poignet durant le processus, est un art extrêmement profond.

Le troisième devoir, qui a besoin d’être accompli et suivi à la lettre, est la gestion prudente des créatures mortes-vivantes.

Le quatrième devoir… En une journée, il y a en fait plus de trois tâches semblables, donc à présent tout le monde peut comprendre à quel point il est difficile d’être un Chevalier du Soleil, non ?

 

 

Mon nom est Adair. Juste hier, j’étais encore un chevalier sacré ordinaire. Néanmoins, à partir d’aujourd’hui, ce ne sera plus le cas. À partir d’aujourd’hui, je suis un membre de la Section du Chevalier du Soleil qui prend ses ordres directement du Chevalier du Soleil !

Enfin, mon supérieur direct n’est pas encore le Chevalier du Soleil officiel, puisqu’il a le même âge que moi. Pour l’instant, il n’a que 18 ans et, historiquement, ce n’est seulement que lorsque les futurs Chevaliers du Soleil choisis atteignent vingt ans qu’ils prennent officiellement la position de Chevalier du Soleil.

« Adair, Adair ! Il est là ! »

Un chevalier sacré qui avait également été choisi pour faire partie de la Section du Chevalier du Soleil se précipita depuis l’extérieur. Son visage était plein d’excitation et il semblait perdre ses moyens. Bien qu’on nous eût appris depuis que nous étions petits qu’un chevalier sacré devait rester calme et réservé, la personne que nous étions sur le point de rencontrer était, après tout, le futur Chevalier du Soleil !

Comment étions-nous censés rester calmes quand la personne que nous allions rencontrer occupait la position du chef de l’Église du Dieu de la Lumière, qui commandait les Douze Chevaliers Sacrés, et était aussi le capitaine de qui nous allions recevoir des ordres directs ?

Bien que nous ne parussions pas du tout pouvoir nous calmer intérieurement, nous n’osions pas agir impoliment devant le Chevalier du Soleil. En quelques secondes, vingt-cinq chevaliers sacrés de la Section du Chevalier du Soleil se rassemblèrent en rangs nets et uniformes. Tout le monde attendait anxieusement et avec excitation l’arrivée du Chevalier du Soleil.

Celui qui entra en premier fut le Chevalier du Soleil actuel. Je l’avais déjà aperçu quelques fois à plusieurs des différentes cérémonies à l’église et lors des sessions de culte, et chaque fois que je voyais ce Chevalier du Soleil, je ne pouvais m’empêcher de louer et d’admirer sa conduite élégante. Les raisons pour lesquelles je désirais devenir un membre de la Section du Chevalier du Soleil étaient largement dues à mon admiration pour cette personne. C’était vraiment dommage que je fusse né trop tard, et étais par conséquent dans l’impossibilité de rejoindre la Section du Chevalier du Soleil de ce Chevalier du Soleil.

Cette fois, le Chevalier du Soleil ne parla pas beaucoup. Il arborait un sourire décontracté pendant qu’il entrait, et fit immédiatement un pas sur le côté. À ce moment, je vis enfin qu’il y avait quelqu’un derrière lui.

Était-ce lui ?

J’ouvris mes yeux le plus grand possible, n’osant même pas les cligner. Il était là, se tenant dans la lumière du soleil. Bien que la position du soleil derrière lui ne rendît pas son apparence clairement visible, l’éclat de la lumière du soleil sur ses cheveux dorés les faisait briller encore plus que de l’or pur.

Ces cheveux dorés ! Ils sont si beaux, comme s’ils appartenaient au Dieu de la Lumière lui-même, tel que c’est dit dans les légendes. Dans mon cœur, je ne pus m’empêcher de devenir très excité. Peut-être que le Chevalier du Soleil que je vais servir dans le futur sera encore plus parfait que celui que j’admire maintenant ?

À ce moment-là, il fit quelques pas et révéla son visage et sa silhouette. Il possédait des cheveux brillant comme de l’or pur, des yeux d’un bleu aussi profond que l’océan, une peau blanche comme la neige, un sourire aussi éclatant que le soleil lui-même, et une démarche qui était aussi élégante que celle d’un prince… Mon dieu ! Pourquoi est-ce que je ressemble à un citoyen qui décrit le Chevalier du Soleil des légendes ?

C’était peut-être un peu bizarre pour moi de dire cela de cette façon, puisqu’il s’agissait du futur Chevalier du Soleil, après tout. C’était juste… C’était juste qu’il paraissait vraiment trop ressembler au « Chevalier du Soleil des légendes ». Même le Chevalier du Soleil en titre était un peu différent des légendes, mais cette personne devant mes yeux était exactement la même que le chevalier de la légende originelle.

Le futur Chevalier du Soleil eut un sourire et regarda chacun d’entre nous un par un avec ses yeux d’un bleu profond. Finalement, il lâcha un soupir de gratitude et, avec un sourire, nous dit : « Ah, cela doit être la bienveillance du Dieu de la Lumière qui a amené mes frères à Grisia. Puisse nos liens de fraternité se resserrer encore plus étroitement, comme nous nous soutenons de plus en plus. Joignons nos mains et unissons-nous afin d’amener un futur encore plus resplendissant pour les fidèles du Dieu de la Lumière. »

En entendant cela, j’en fus si excité que je n’arrivais plus à me contenir. Je ne pus m’empêcher de regarder à droite et à gauche ; tous les membres de la Section du Chevalier du Soleil étaient aussi excités que moi. Nous ne pûmes nous retenir de relever la tête et de bomber le torse, comme nous criions fièrement dans nos cœurs :

« C’est le Chevalier du Soleil que nous allons servir. »

1/2 Prince T2C6 : La Vérité Révélée ?

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½ Prince Tome 2 – Fantaisie et Réalité

Roman version d’origine en chinois par: 御我 (Yu Wo)


Chapter Six : The Truth, revealed? – Traduit du chinois vers l’anglais par Eilinel[PR!]
Chapitre 6 : La Vérité Révélée ? – Traduit de l’anglais vers le français par AkaiiRia
+ Travail de vérification par Nocta

En ligne…

« Prince ! Prince, es-tu en ligne ? Vite, viens nous rejoindre à l’endroit habituel. Nous avons un énorme problème. »

À l’instant où je me connectai, Lolidragon m’envoya un message privé avec une telle urgence dans sa voix que, avant même que je n’aie eu la moindre idée de la situation, j’avais déjà commencé à courir en direction de notre lieu de rencontre.

« Qu’est-ce qui s’est passé ? » demandai-je, en chargeant dans la cabine du restaurant avec une expression anxieuse.

« Bien, maintenant que tout le monde est là, je peux commencer à parler. Les patrons ont annoncé que les combats d’aujourd’hui vont être annulés », déclara calmement Lolidragon. Les yeux de tout le monde dans Odd Squad s’agrandirent de surprise. « La compétition est reportée à la semaine prochaine, quand toutes les équipes vont participer dans une mêlée pour décider de l’équipe championne. »

« En quoi va consister la mêlée ? Et pourquoi est-ce qu’ils ont soudainement changé la méthode de compétition ? » questionna Wolf pensivement.

« La rumeur raconte qu’ils ont effectué le changement parce qu’il y avait beaucoup trop d’équipes participantes, ce qui a fait que la compétition s’est prolongée sur une trop longue période et a sévèrement affecté le jeu normal. Alors les patrons ont décidé de tout résoudre d’un seul coup.

« Une mêlée est un événement où les équipes se rassemblent dans une seule arène toutes en même temps pour combattre. L’équipe à laquelle appartient la dernière personne à être debout sera déclarée vainqueur. Aucun animal de compagnie ne sera permis pour aider dans le combat. » Lolidragon s’arrêta, puis prit une profonde inspiration et annonça : « Au total, il y aura cent équipes, ce qui signifie que ce sera une mêlée de six cents participants. »

Tout le monde resta bouche-bée pendant un moment.

« Survivre au beau milieu de six cent personnes ? » marmonnai-je pour moi-même. « Je pense que, selon toute probabilité, je serai le premier à me faire trancher à mort. »

On ne peut rien y faire, mais… Est-ce que c’est vraiment mon destin d’être si beau gosse que tous les hommes qui me voient veulent me hacher menu ? Je ne pourrais pas aller à la compétition en portant un masque ?

« C’est vrai ; il semblerait qu’il soit impossible d’espérer la survie de Prince », soupira Wolf. « Puisque je suis une si grande cible, il est peu probable que je sois capable de tenir très longtemps. Notre meilleur espoir sera Lolidragon, je suppose. Son agilité est si élevée et sa corpulence est tout de même plus petite et fine. »

Lolidragon rit jaune. « Ne placez pas vos espoirs en moi. J’ai entendu dire qu’il y avait déjà cinq équipes racontant qu’elles seraient prêtes à abandonner leur chance de victoire juste pour me voir mourir de façon horrible. »

Bon sang… Lolidragon, qu’est-ce que tu as bien pu faire exactement, qui soit si sérieux, pour que même ta beauté ne puisse pas te sortir du pétrin ? Le reste d’Odd Squad fixa Lolidragon sans y croire, mais la personne en question se contenta de hausser les épaules nonchalamment. « C’est juste que je m’ennuie trop à mourir quand vous n’êtes pas là, les gars, alors je me suis servie de la capacité Dérober… Je voulais seulement aider à gagner de l’argent pour l’équipe. »

Je levai un doigt tremblotant vers Lolidragon et demandai : « Tu as volé combien exactement ? »

« Un million six cent cinquante-cinq mille sept cent vingt dollars1… Plus une Épée Royale du Paradis des Âmes et une robe Taoïste qu’elle n’a pas encore vendue », rapporta méticuleusement belle-sœur Yu Lian. Après une pause, elle ajouta : « C’est seulement la portion que Lolidragon nous a donnés pour être utilisée dans les dépenses de l’équipe. »

« Lolidragon,  tu as volé combien pour toi-même ? » À la fois mon regard menaçant et la lame de mon redoutable Dao Noir dérivaient entre le cou et le cœur de Lolidragon.

« Pas grand-chose… » Le visage de Lolidragon était candide et innocent. En entendant ses mots, je me relaxai un peu. Si ce n’est pas grand-chose, peut-être que nous pourrions simplement rendre tout l’argent aux gens auxquels elle l’a volé…

« J’ai seulement acheté deux valises de LV et trois robes de soirée de Chanel… » Continued