½ Prince Tome 6 : La Grande révolte des PNJs
Roman d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)
Chapter 2 : Shock! The True Identity of Yu Lian-dàsăo – traduit du chinois vers l’anglais par Akakuroi[PR!]
Chapitre 2 : Choc ! La véritable identité de grande-sœur Yu Lian – traduit de l’anglais au français par Elynor
+ travail de vérification par Lala Su et AkaiiRia
Je toussai à deux reprises en contemplant Winter Triumph et Disi, pendant qu’ils s’agenouillaient devant Doll sous le regard médusé des personnes autour. Qui aurait pu penser que j’assisterais à ce genre de scène à couper le souffle en revenant de mon duel avec Neurotic ? « Quelqu’un peut m’expliquer ce qu’il se passe ici ? »
« Ah ! Pas grand-chose, grand-frère Prince ! » Doll agita vivement les mains tout en faisant les gros yeux aux personnes agenouillées devant elle.
J’ai beau être un peu lent parfois, je ne le suis pas au point de ne pas réaliser que Doll est la princesse dont parlaient Winter Triumph et Disi, n’est-ce pas ? « Oh, alors vous êtes tous les deux sous la gouverne de Doll ? »
« Ses employés ! » me corrigea Disi en levant les yeux vers moi avec un air offensé.
« Ses employés ? » Tout le monde autour glapit.
« Évidemment. Doll est une princesse, ce n’est pas étrange qu’elle ait des employés, non ? » commentai-je comme si c’était tout à fait naturel. Mais, quand je levai les yeux, je vis que cette dernière me fixait avec les yeux écarquillés, et que les autres avaient la bouche grande ouverte.
Hein ? Winter Triumph est déjà agenouillé devant elle. Vous voulez dire que personne n’était au courant ? Donc, ça veut dire que je viens de…
« Wow, la radio de rumeurs ambulante vient de balancer un grand secret ! » siffla mon frère en me critiquant.
« Personne ne le savait ? » Comment c’est possible ? Winter Triumph n’était-il pas à genoux devant Doll à l’instant ? Oh mon Dieu, ne me dîtes pas que je suis vraiment devenu une balance ce coup-ci ?
Doll soupira doucement, me faisant presque jaillir mon cœur nerveux par la bouche. Je suis de la chair à pâté pour le coup, j’ai vraiment balancé le secret de Doll.
Je fondis presque en larmes et étais à deux secondes de m’agenouiller pour implorer sa pitié. « Je ne l’ai vraiment pas fait exprès, Doll ! Ne te fâche pas, s’il te plaît. »
Affichant un rare sourire amer, elle répondit : « C’est le destin, je suppose. J’espère simplement que personne ne sera en colère contre moi pour avoir caché ma véritable identité. »
« Qui oserait s’énerver auprès de son Altesse ? Elle n’a rien fait de mal de toute façon. Pourquoi devrait-elle révéler son rang de princesse à chaque passant ? » commenta Disi, en colère.
« Disi, n’en rajoute pas. Dans tous les cas, c’est ma faute. Tout le monde, je vous prie de me pardonner », déclara Doll en regardant les membres d’Odd Squad, les yeux remplis de remords et de désarroi.
« Ne t’en fais pas, Doll, personne ne va te blâmer. » Ignorant son titre de princesse, grand-frère Wolf tapota la tête de Doll en souriant chaleureusement.
Toutefois, d’une certaine façon, le sourire qu’elle lui retourna semblait quelque peu forcé, son expression plutôt solitaire. Puis, se sentant désolée pour elle, Lolidragon s’avança et la réconforta en ces mots : « Ne t’inquiète pas, Doll. Je comprends ce que tu ressens, mais ne t’en fais pas pour ça. Personne dans Odd Squad ne changera jamais d’attitude envers toi. »
En entendant ces paroles, les yeux de Doll virèrent au rouge, et elle enfouit sa tête dans la poitrine de Lolidragon, les épaules secouées de spasmes. Elle pleure ? Mais… personne ne la blâme, alors pourquoi pleure-t-elle ? Et en plus d’une façon que même mon cœur souffre pour elle…
« Pourquoi est-ce que tu pleures, Doll ? » m’enquis-je subitement.
Et un regard qui tue de Lolidragon, et un ! En bonus, une réprimande violente : « Toi, espèce de cervelle de pois chiche et de plancton non évolué ! Dinosaure sans cerveau qui ne sait que mordre ! Homme de Neandertal qui n’est même pas capable d’allumer un feu et doit manger sa viande crue ! Espèce d’idiot plein de muscle dont l’activité cérébrale se résume à moins de 1 %, dire que l’intelligence d’Einstein t’est dix fois supérieure est une insulte envers lui ! »
J’étais sidéré par le déferlement et, pendant un moment, les autres le furent aussi. Puis, ils se mirent à applaudir ! Le son des clappements ressemblait à celui de la grêle tombant sur de la neige, à de la foudre qui me terrasserait en deux. Reniflant, je me cachai dans un recoin sombre et m’enveloppai de ma foutue longue cape pour éviter de polluer la vision des autres.
« Prince, ne te préoccupe pas de ce que Lolidragon vient de dire », me pria anxieusement Gui par-delà ma cape. « Vois-tu, les planctons n’ont pas de cerveau, donc comment pourraient-ils évoluer ? Les dinosaures en ont, donc ils ne sont certainement pas sans cerveau ! Et certains hommes des cavernes savaient allumer un feu… »
Comment se fait-il que… les consolations de Gui me rendent encore plus déprimé ?
Tout à coup, une petite main se posa sur mon épaule et une voix mignonne parla : « Grand-frère Prince, ne sois pas triste, grande-sœur Lolidragon te grondait juste pour s’amuser ! »
« Doll ! » Me retournant, j’enlaçai Doll, puis, me sentant trompé, je fis la moue.
« Grand-frère Prince, sois gentil ! Ne sois plus triste. »
En entendant cela, je sortis ma tête de la cape et vérifiai si Doll était encore en train de pleurer. Cependant, bien qu’elle fût souriante, son sourire n’avait plus sa candeur habituelle, celui qui paraissait normalement sans soucis. Euh, euh… je devrais asséner le coup final maintenant. Mettant la main dans ma poche, j’en sortis un sac de biscuits : « Tiens, Doll. Je te donne ce sac de biscuits, alors ne sois plus triste toi non plus, d’accord ? »
En voyant ça, elle fut stupéfaite. Je réfléchis un instant, puis ouvris le sachet, pris un biscuit et le tins près de sa bouche. « Tu veux que je te nourrisse, c’est ça ? Dis “ah” et ouvre grand la bouche. »
Avant qu’elle n’eût pu répondre, Disi devint outrée et lança : « Pensez-vous être en train de nourrir un chiot ? Devant vous se tient une princesse ! Même si vous ne vous agenouillez pas, il existe une certaine étiquette à respecter ! »
Crunch ! Un son net résonna et une douleur fulgurante émana du même endroit. Regardant ma main droite, je déclarai impuissant : « Doll, étais-tu obligée de mordre ma main également ? Et où as-tu entraîné tes dents ? La force de ta mâchoire est très élevée, et ton coup de dents m’a fait perdre beaucoup de points de vie. »
Libérant finalement ma pauvre main droite, après s’être léché les lèvres, celle-ci répondit : « Dent d’Acier. Je les ai entraînées tous les jours sur des baguettes françaises. Elles sont actuellement au niveau cinq avec une attaque de cinquante. »
« V-Votre Altesse ? » Disi ouvrit grand la bouche, sous le choc, sans retenir sa surprise. On pouvait même apercevoir le fond de sa gorge, elle hurlait en silence : « Faites attention à votre image, votre Altesse ! »
« Ne t’inquiète pas, Disi. Avoir à se soumettre à l’étiquette dans la vraie vie est suffisamment fatigant pour son Altesse. Elle a déjà peu l’occasion de jouer, donc laisse la se détendre. » Winter Triumph était mécontent de la réaction démesurée de sa sœur.
« Grand-frère a raison… Ah ! Votre Altesse, comment pouvez-vous agir ainsi ? » Sur le point de consentir, Didi remarqua soudainement la façon dont Doll avait commencé à s’agripper à moi comme un singe. Elle avait dévoré les dernières miettes de biscuits et tentait de trouver d’autres traces de nourriture. Disi s’emporta immédiatement et tenta de corriger l’attitude de Doll. Elle est exactement comme White Bird, mais c’est une version plus honnête et plus franche.
« De quoi t’occupes-tu au sein de son gouvernement ? » questionnai-je Winter Triumph avec curiosité, ignorant sciemment les grimaces que Doll adressait à Disi qui tentait de redresser la princesse sans arrêt.
« Nous sommes responsables des finances. Vivre entouré d’argent est la meilleure façon de vivre. Se contenter de gagner de l’argent le jour ne me satisfait plus. Maintenant que je peux également en gagner la nuit dans Second Life, que puis-je demander d’autre ? » À l’instar d’un chat ayant attrapé un canari, Winter Triumph arborait un air extrêmement satisfait.
En effet, ce sont des fanatiques en matière d’argent. Sur cette pensée, je me souvins soudainement qu’ils avaient mentionné le fait que grande-sœur Yu Lian avait été leur collègue. C’était pourquoi je me tournai vers elle, mais, au moment où je regardai dans sa direction, je me rendis compte que quelque chose clochait. Pourquoi regarderait-elle grand-frère Wolf avec des yeux pleins de remords ? Au moment où j’allais l’interroger à ce sujet, je fus tiré en arrière par Lolidragon.
« Idiot ! C’est évident, non ? » me réprimanda-t-elle à voix basse. Puis, craignant d’être entendue par grand-frère et grande-sœur, elle chuchota : « Si Yu Lian travaillait pour Doll avant, comment aurait-elle pu ne pas la reconnaître ? »
Est-ce vraiment si bizarre ? Après tout, mon propre frère n’a même pas reconnu sa sœur jumelle en moi !
« Je crains bien que ce qu’elle avait dit en se joignant à notre équipe, comme quoi elle avait été touchée par notre travail d’équipe et notre belle amitié, n’ait été qu’un mensonge. La vraie raison étant qu’elle… »
« Elle a vu Doll ? » Je terminai sa phrase au même instant.
« C’est exact ! » affirma Lolidragon. Ensuite, elle ajouta : « C’est ce que vient de lui demander grand-frère Wolf. »
Inquiet de l’aura pesante qui entourait les deux tourtereaux, je demandai : « Ils ne vont pas se disputer, hein ? »
« Qui sait. Contentons-nous d’attendre silencieusement et de voir ce qu’il se passera », rétorqua Lolidragon en haussant les épaules.
Me rappelant tout à coup quelque chose, je l’interrogeai : « N’étais-tu pas au milieu d’une situation bordélique avec Heartless Wind et Undying Man ? »
M’adressant un sourire d’une malice absolue, elle parla après un rire digne d’une psychopathe : « Heartless Wind, ce crétin, n’arrêtait pas de m’ordonner de regarder Undying Man droit dans les yeux. Ça m’a ennuyé, donc j’ai attrapé sa tête et l’ai mise devant celle d’Undying Man. »
Fixant Lolidragon avec la mâchoire décrochée et les yeux écarquillés, je n’arrivais pas à croire qu’elle pouvait être cruelle au point de faire une chose si inhumaine. Inquiet, je m’enquis : « Mon frère est toujours vivant, j’espère ? »
Lolidragon éclata de rire ouvertement, mais ne répondit pas.
« Donc, c’était un mensonge quand tu m’as dit être tombée amoureuse de moi ? » Les paroles soudaines de grand-frère Wolf, teintées de chagrin, me laissèrent sous le choc, et je me tournai immédiatement vers eux avec nervosité pour voir ce qui allait se passer.
« Ce n’était pas un mensonge. Wolf, mon amour pour toi est 100 % réel. » Grande-sœur Yu Lian était si anxieuse qu’elle en était au bord des larmes.
Fermant la bouche, il demeura silencieux et la considéra d’un regard glacial.
« Wolf, j’admets que ma raison pour me joindre à Odd Squad était la princesse. Sa Majesté, la mère de Doll, était inquiète qu’elle puisse apprendre de mauvaises choses, et m’a demandé de la suivre pour veiller sur elle. C’était ma raison initiale de vous rejoindre. » Les yeux remplis de remords, elle nous regarda Doll et moi.
Puis, d’un air déterminé, elle décréta : « Mais, Wolf, je le jure devant Dieu, à toi, à mon cœur, que je ne t’ai jamais dupé. Je t’aime réellement et, chaque fois que je te vois, mes sentiments s’en retrouvent renforcés. J’aime ta gentillesse, ta nature attentive, la façon dont tu restes calme et posé à chaque instant. J’aime tout de toi ! »
Oh mon Dieu. J’en ai la chair de poule. Quel discours émouvant ! Jetant un coup d’œil autour de moi, je pouvais affirmer que tout le monde fixait les deux tourtereaux avec des expressions qui voulaient dire : « Crève, crève. » On pouvait voir à quel point ils étaient jaloux de grand-frère Wolf.
Pendant que chacun le maudissait avec force, grand-frère Wolf, dont la fourrure ne parvenait pas à masquer la rougeur de ses joues, bégaya : « Y-Yu L-Lian, tu… tu… »
Tu, quoi ? Grouille-toi de t’excuser. Pendant que tu y es, dis quelque chose de gentil qui émouvra grande-sœur Yu Lian ! Avec anxiété, je murmurai dans mon cœur, Grand frère Wolf est simplement trop honnête.
« Je suis désolé, Yu Lian. Même si je sais que la raison pour laquelle tu nous as rejoints est fausse, tu n’avais aucune raison de me duper, et pourtant je n’ai pu faire autrement que d’éprouver des soupçons sur la réalité de tes sentiments. Je ne suis qu’un loup idiot, suffisamment idiot pour douter de ton cœur ! »
Bien dit, grand-frère Wolf ! Alors, tu possèdes un côté romantique en fin de compte ! Plein de respect et d’admiration, je l’examinai. Cependant, ce que je vis à la place ce fut Lolidragon, cachée derrière son large dos, imitant sa voix et parlant à sa place…
« Lolidragon. » Grand-frère Wolf se gratta le visage, désemparé.
« J’essayais de t’aider à transmettre tes sentiments ! » Sans aucun remords, Lolidragon s’éloigna de grand-frère et affirma : « Grand-frère Wolf, tu peux dire ça à Yu Lian par toi-même. »
Quelle façon géniale de l’amener à parler. Le poing serré fermement, j’observai ce qu’il allait advenir de la situation… non, comment cette « histoire d’amour »1 allait tourner !
Un peu embarrassé, il ouvrit la bouche, comme s’il voulait dire quelque chose, mais la referma à nouveau. C’était ce que j’appelais : « Celui qui s’inquiète n’est point l’empereur, mais l’eunuque qui n’est pas concerné. »2 Finalement, quand tout le monde fut ennuyé au point de prendre du maïs soufflé pour admirer le spectacle, grand-frère Wolf sembla se décider et balança : « Yu Lian, veux-tu m’épouser ? »
Aussitôt, tout le maïs soufflé vola hors de ma bouche. Comment est-ce que ça a pu passer d’une excuse à une demande en mariage ? En plus, ce n’est pas du tout romantique, pas de fleurs, ni de bague en diamant, pas de genoux à terre, ni mots doux, rien ! Et sans oublier le plus important, c’est toujours le jeu ! Qui irait faire une demande juste comme ça ? Personne ne dirait oui dans ces conditions…
« Je le veux, Wolf. » Rougissant également, grande-sœur n’hésita pas à sauter dans les bras de son fiancé, le serrant étroitement et ne le lâchant pas. Au même moment, il la serra doucement en retour. Même si leurs caresses étaient suffisantes pour renforcer davantage les rayons de « crève, crève », ils étaient protégés par une aura d’amour très dense qui les entourait comme une coquille.
« J-Juste comme ça, ça a marché ? » Fixant avec hébétude le couple d’amants, les larmes d’Undying Man commencèrent à couler sur les joues de l’homme. « Pourquoi est-ce que, par le passé, quand je faisais mes demandes en mariage, non seulement il y avait tout le tralala romantique et je posais même le genou à terre, mais je n’ai jamais réussi à me trouver de petite amie ! Pourquoi les autres gars qui lancent un “épouse-moi” au hasard se retrouvent-ils avec une magnifique jeune femme pendue à leurs bras ? Dieu, tu es injuste envers moi ! »
« Excusez-moi, une petite question : la conférence a-t-elle déjà commencé ? » Confus, Nan Gong Zui, Broken Sword, Wicked et Gui entrèrent pour faire face à une foule agitée. Cette foule incluait une paire d’amoureux transis, une foule de membres du groupe « crève » qui était plein de ressentiment et de jalousie, et les suzerains des autres continents. Tous paraissaient perturbés de la tête aux pieds.
« La conférence n’a pas encore débuté, mais la musique nuptiale a vu ses premières notes lancées », dis-je, désabusé.
« La conférence ! Oui, elle aurait dû démarrer il y a un bon moment. » Une fois qu’elle eut réalisé cela, White Bird pressa les suzerains de rejoindre leur siège. Quant aux deux personnes perdues dans leur univers amoureux, il semblait peu probable qu’ils revinrent à la réalité rapidement, on les laissa donc tranquilles. Après tout, en temps normal, ces deux-là se comportaient tout de même comme ça. Tout le monde y était habitué chez nous, les autres n’avaient donc qu’à s’y habituer rapidement à leur tour.
Quand chacun fut finalement à sa place, la fameuse conférence put enfin commencer pour vrai. Après une longue inspiration, je me lançai dans le récit des assassins. Bien sûr, je parlai de l’assassin rencontré dans la Cité de l’Infini et de l’autre à la tour avec Nan Gong Zui. Je croyais que ceux qui avaient attenté à la vie de Neurotic et à la mienne faisaient partie de la même équipe.
Après moi, ce fut au tour de Neurotic de décrire ses déboires. Et, après de nombreux regards meurtriers de l’assemblée, la plupart furent racontés par DanDan.
« Exactement pareil. » confirma Undying Man après nous avoir entendus. « Pareil chez moi, j’ai presque été tué par cette personne. C’était dangereux. Si j’avais été tué par lui, aurais-je pu, moi l’immortel, être toujours considéré comme tel ? »
« Mais, quelle raison les pousserait à nous tuer ? Et même s’ils y parvenaient, nous perdrions simplement un niveau. Cela n’affecterait en aucun cas notre place de suzerain et tout ce qui va avec cette fonction. Ça ne leur rapporterait aucun bénéfice. » Winter Triumph secoua la tête en se questionnant.
« C’est exact, qu’est-ce que ça change de nous tuer ? Ce n’est pas le monde réel. Ils ne peuvent pas nous tuer pour nous piquer nos trônes », rajoutai-je en fronçant les sourcils. Au départ, on pensait qu’ils voulaient nous tuer pour prendre le contrôle du jeu, mais que se passerait-il s’ils réussissaient à le faire ?
« J’ai une question. D’après ce que tout le monde dit, il semblerait que les quatre suzerains ont subi une attaque à peu près en même temps. Cependant, le type d’assassin était identique. Donc, est-il possible que les deux assassins aient été les mêmes personnes ? » La question que posa Lolidragon attira l’attention de chacun. « S’il s’agit effectivement des mêmes personnes, dans ce cas comment ont-ils pu voyager à travers les quatre continents en si peu de temps ? Si ce sont des personnes différentes, comment peut-il y avoir autant d’élites anonymes dans le jeu… surtout maintenant que les élites soupçonnées viennent d’être lavées de tout soupçon ? »
Chacun demeura silencieux après ça. Tout le monde fronçait les sourcils, on voyait bien qu’ils se posaient tous de nombreuses questions sur la situation. En fin de compte, Neurotic demanda ce que tous avaient en tête : « Pourquoi la suzeraine Fleur n’est-elle pas venue ? »
« Elle et ses cinq maris sont portés disparus, toute sa ville est à leur recherche également », répondit mon frère.
« Elle est peut-être responsable ? » Undying Man pinça les lèvres et ajouta : « Seule une femme ferait une chose aussi illogique. »
« Qu’est-ce que tu viens de dire ?! » criai-je de concert avec Lolidragon.
Undying Man réalisa immédiatement ce qu’il avait proféré et s’excusa de ses grands yeux pleins de larmes : « Lolidragon, je ne parle pas de toi. Tu es la femme la plus logique, la plus intelligente, la plus belle… »
Pendant un instant de terreur suprême, elle hurla vraiment et alla se frapper la tête contre un pilier, comme si elle souhaitait effacer de sa mémoire ce qu’il venait de se passer.
« Effrayant, non ? Je t’ai dit qu’il n’y avait pas de commune mesure entre nous », glissa Heartless Wind, rajoutant aux malheurs de Lolidragon. Alala, quand mon frère est-il revenu ? Avec une paire de lunettes de soleil en prime…
« Donc, la suspecte numéro un est maintenant la suzeraine Fleur qui est actuellement absente ? Même si j’ai cru comprendre, d’après les ragots, qu’elle est loin d’être puissante, mais ses cinq maris le sont… » Néanmoins, avant que Winter Triumph eût pu finir, il fut interrompu par une légère perturbation.
« Le Continent du Nord n’y est pour rien ! » s’écria un groupe de gens enragés qui se précipitaient dans la salle. « C’est le jeu lui-même qui a un problème ! »
Le visage de Lolidragon se ferma immédiatement en entendant ça. « Que voulez-vous dire exactement ? »
Le groupe hurla sa rage : « Il y a assurément quelque chose qui cloche avec Second Life ! »
« Quelles sont vos preuves ? Si vous n’en avez pas, saviez-vous que la compagnie peut vous intenter un procès ? » Sans que je susse pourquoi, elle était devenue très énervée. Peut-être que c’est parce qu’elle est un maître du jeu caché ? Dans ce cas, elle a forcément un sentiment de loyauté envers l’entreprise ?
Sentant la tension, je pris immédiatement une résolution et m’interposai : « Mettons les choses au clair. Personne ne possède la totalité de l’histoire, donc il doit y avoir des malentendus ici et là. Écoutons d’abord ce qu’ils ont à dire. »
Ce ne fut qu’après avoir entendu ma proposition que les deux belligérants se calmèrent. Inspirant profondément à plusieurs reprises, les personnes venant du Continent du Nord s’expliquèrent : « Nous avons déjà contacté la suzeraine Fleur dans la vie réelle, et elle nous a tout raconté. Elle a également transmis l’histoire à la compagnie du jeu. »
« Ce jour-là, elle et ses cinq maris ont rencontré cinq assassins. Leur pouvoir allait au-delà de ce à quoi l’on pouvait s’attendre, et ils sont à peine parvenus à les maîtriser. Assez vite, ils ont tous les cinq vite succombé à leurs blessures. À l’origine, ce n’était pas très grave, parce que, dans le pire des cas, ils perdraient juste un niveau. Mais, ce n’est pas ce qui est arrivé. Après être morts, la suzeraine et ses cinq maris ne se sont pas changés en piliers de lumière et n’ont pas été ressuscités au point de réincarnation. Au lieu de ça, ils ont été déconnectés du jeu. »
« Déconnectés ? » Une expression anxieuse sur le visage, Lolidragon s’enquit avec nervosité : « Que s’est-il passé quand ils se sont reconnectés ? »
« Ils n’y sont pas parvenus. » La tristesse envahit leur visage, et ils annoncèrent : « La suzeraine Fleur et ses cinq maris… Leurs personnages ont complètement disparu du jeu. »
Quoi ? Tout le monde fut choqué, surtout moi. Je n’avais échappé que de justesse à leur exécution. Si j’étais mort cette fois-là…
« Quoi… Est-ce que c’est vraiment possible ? » les questionna Lolidragon avec une tête d’enterrement, refusant d’y croire.
« Peu importe que ce soit possible ou pas, c’est vraiment arrivé ! » crièrent furieusement les citoyens du Continent du Nord.
Après un moment de réflexion, elle demanda : « N’avez-vous pas dit que la suzeraine Fleur avait contacté la compagnie ? Quelle a été leur réponse ? »
« En cours de vérification », répondirent-ils avec hostilité.
Ce que le visage de Lolidragon exprima à cet instant ne pouvait être décrit autrement que par de l’horreur. Si l’un des membres de la compagnie se trouvait dans la pièce à cet instant, il y avait bien huit chances sur dix qu’il se fît manger vivant par elle, accompagné de wasabi. Tout de suite après, elle fila anxieusement, laissant un groupe perplexe derrière elle. J’étais exclu du lot, évidemment, car je connaissais son identité de maître du jeu caché. Elle a dû aller en discuter avec la compagnie.
En atteignant la porte, elle se tourna et nous conseilla en hurlant, pressée : « Soyez tous prudents ! Vous devez impérativement éviter de vous faire tuer par ces assassins ! »
« Ton personnage disparaît si tu te fais tuer ?! » s’écria soudainement Gui, surpris. Puis, le visage pâle, il ajouta : « Donc, on l’a échappé belle la dernière fois ? Prince a failli disparaître à tout jamais. »
« La situation n’est peut-être pas aussi simple ; il se pourrait que soit encore plus terrifiant », renchérit Nan Gong Zui. Il parla calmement, et pourtant on percevait sa détresse quant au futur.
« Second Life détient environ quatre-vingt-dix pour cent des parts du marché. S’il se passe quoi que ce soit, les choses deviendront rapidement hors de contrôle. » Winter Triumph semblait très perturbé.
« Pourquoi Lolidragon s’est-elle enfuie ?! » se lamenta Undying Man, tout en reniflant sans arrêt.
…
« Quoi qu’il en soit, contentons-nous de nous protéger », soupirai-je profondément. Malgré mes paroles, je ne pus m’empêcher de m’inquiéter. Si ce personnage, Prince, disparaît, alors que ferais-je ? Après tout « Prince » possède beaucoup de souvenirs précieux que je ne supporterais pas de perdre.
Notes de bas de page
1 histoire d’amour : Ici, les mots « situation » et « histoire d’amour » choisis par l’auteure ont la même prononciation.
2 « Celui qui s’inquiète… n’est pas concerné. » : La personne concernée par la situation n’est pas celle qui s’inquiète dans ce cas-ci, ce sont ceux pour qui la situation leur est étrangère qui s’impatientent et s’inquiètent.
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