La Légende du Chevalier du Soleil : Histoires Parallèles
Roman d’origine en chinois par : 御 我 Yu Wo
Side Story #14: When Teacher Wasn’t Yet Teacher Part Three – traduit du chinois vers l’anglais par Lucathia[PR!]
Histoire parallèle #14 : Quand mon Maître n’était pas encore mon Maître – Partie 3 – traduit de l’anglais vers le français par Nocta
+ Travail de vérification par AkaiiRia
« Je viens au rapport, Capitaine-Chevalier du Jugement. Je suis seulement parvenu à découvrir que le Chevalier du Soleil s’est préalablement rendu dans ce quartier avant de disparaître. Je n’ai pas réussi à découvrir autre chose. »
Kleenly rassembla son courage pour faire son rapport, en pressentant que les jours lui étaient comptés avant qu’il ne fût traîné de force et cloué au pilori.
Les sourcils de Chasel se froncèrent, et ce dernier contempla l’étroite allée devant laquelle ils se trouvaient. Ils avaient quitté les rues principales de la Cité du Bourgeon et se trouvaient déjà à bonne distance de l’Église du Dieu de la Lumière. Cependant, il ne trouvait pas étrange que Neo fût venu ici. Leur Chevalier du Soleil avait toujours été un grand imbécile pour ce qui était de son sens de l’orientation. Peu importe l’endroit où il se retrouverait dans la Cité du Bourgeon, cela n’aurait rien d’insolite.
Même si Neo prétendait toujours qu’il se baladait, tout le monde connaissait la vérité. Si vous ne vouliez pas que Neo fût en retard, ou si vous désiriez qu’il se présentât tout simplement à un rendez-vous ou une réunion, il valait mieux lui laisser un guide.
Après que Chasel eut murmuré ses pensées en aparté, il ordonna à Kleenly : « Nous allons entrer dans l’allée. Tu vas demander aux gens des environs si quelqu’un a vu un homme blond aux yeux bleus et à la peau pâle venir ici. Ne dis pas que c’est le Chevalier du Soleil. Neo ne portait peut-être pas son uniforme. »
Neo était une personne tellement tape-à-l’œil. Il devrait avoir laissé une forte et durable impression aux gens.
Chasel se tint sur le côté et observa la scène, tandis que Kleenly interrogeait chaque résident. Pour être franc, si cela avait été possible, il aurait voulu mener l’interrogatoire lui-même. De cette façon, il aurait pu chercher les sens cachés derrière leurs paroles. Malheureusement, il était entièrement vêtu de noir, et il dégageait une impression sérieuse et imposante. Une personne ordinaire se mettrait sur ses gardes dès qu’il ou elle l’apercevrait. Il n’était vraiment pas fait pour poser des questions — à moins que l’interrogatoire n’eût lieu au Tribunal.
Kleenly continua de questionner davantage d’habitants. Ils se souvenaient tous de Neo, mais personne ne lui avait parlé. Finalement, ils parvinrent à trouver quelqu’un qui possédait des informations utiles.
« Cette personne semble avoir discuté avec Aris. C’est la fille de la famille Hills. Sa maison se trouve au coin de cette rue là-bas. Quelle pauvre enfant ! Pour commencer, elle a perdu ses parents, et maintenant… »
Lorsqu’il obtint cette information, Kleenly tourna la tête et regarda Chasel. Ce dernier lui indiqua de se rendre au coin de la rue et de frapper à la porte.
Juste après avoir frappé, une jeune femme ouvrit la porte et se tint timidement dans son embrasure. Elle avait l’air d’avoir environ quinze ans.
Elle est encore si jeune. Ne me dîtes pas qu’elle est l’une des nombreuses conquêtes de mon Capitaine ? L’imagination de Kleenly s’emballa.
« Bonjour. » Voyant que la jeune femme le dévisageait avec méfiance et crainte, Kleenly fit de son mieux pour adoucir son ton. « Puis-je vous demander si vous êtes bien Aris ? »
La jeune femme acquiesça.
« Je suis un chevalier sacré de l’Église du Dieu de la Lumière, et je suis actuellement en train d’enquêter sur une affaire. Avez-vous parlé avec un homme blond aux yeux bleus récemment ? »
Aris hésita l’espace d’un instant, mais répondit tout de même : « Oui, en effet. »
« De quoi avez-vous parlé tous les deux ? »
La jeune femme refusa d’en dire plus. Elle fronça les sourcils et eut l’air de vouloir fermer la porte.
Kleenly expliqua immédiatement : « Cette personne est mon Capitaine. Récemment, il est revenu gravement blessé, mais il refuse d’expliquer quoi que ce soit. Nous voulons juste savoir ce qu’il s’est passé pour empêcher qu’il ne reçoive de si lourdes blessures à l’avenir ! »
Après avoir dit cela, Kleenly s’arrêta net, réalisant ce qu’il venait tout juste de dire et découvrant qu’il n’était en fait pas aussi indifférent qu’il l’avait cru quant au « style de vie paisible » qu’il avait mené ces dernières années. Lui et les autres disaient souvent que leur vie quotidienne était merveilleusement relaxante comparée à celle des autres pelotons.
Il était vrai qu’elle avait été relaxante, mais elle avait aussi été extrêmement monotone… Kleenly se sentait un brin abattu.
« Le Capitaine ne veut rien nous dire. Il pourrait tout aussi bien n’y avoir aucun membre dans son peloton, non ? Ah, ce n’est pas tout à fait exact non plus. Au moins, il a toujours besoin de nous pour “corriger des documents” », déclara-t-il d’un ton plein d’autodérision.
En l’entendant, la méfiance d’Aris s’estompa enfin. Elle essaya même de le consoler en lui disant : « Ne soyez pas triste. Cette personne a l’air d’être quelqu’un qui ne sait pas comment agir de concert avec les autres. »
Kleenly la dévisagea avec gratitude.
« Quand je l’ai rencontré, j’étais agenouillée devant ma maison, en pleurs. Ce grand frère est passé là par hasard et m’a demandé pourquoi je pleurais. Je lui ai révélé que mon petit frère avait disparu. »
« Comment a-t-il disparu ? » Kleenly était plutôt surpris. Il n’aurait jamais pensé que son Capitaine pût se préoccuper d’une jeune femme en larmes au bord de la route, tout particulièrement lorsqu’elle n’avait que quinze ans, ce qui la plaçait hors de la « catégorie » tombant sous la protection de son Capitaine.
Les lèvres d’Aris tremblèrent, et des larmes s’écoulèrent de ses paupières, lorsqu’elle expliqua : « Il jouait dehors quand un sale type l’a saisi de force. J’ai vu la scène se dérouler à travers la fenêtre, et je me suis lancée à leur poursuite, mais je n’ai pas du tout réussi à les rattraper. Il a disparu si simplement et abruptement, mon seul et unique frère ! »
En voyant ses joues trempées de larmes, Kleenly ne sut que faire.
« De quoi avait l’air le malfaiteur, et que portait-il ? »
Lorsqu’Aris redressa la tête, son champ de vision fut complètement obscurci par du noir. Elle fit un bond en arrière sous le choc, et referma immédiatement la porte avec un « bang » retentissant.
« … »
Chasel lui commanda froidement : « Qu’est-ce que tu attends pour frapper ? »
Kleenly s’empressa de frapper et expliqua : « C’est notre Capitaine-Chevalier du Jugement… »
De derrière la porte leur parvint un petit cri. Après un long moment, la porte s’entrouvrit légèrement, ne révélant que la moitié du visage de la personne terrifiée qui se trouvait derrière la porte.
Aris murmura : « Il portait des vêtements qui n’étaient pas vraiment à sa taille. Il avait un couteau accroché à la ceinture. »
« Est-ce qu’il avait quoi que ce soit d’accroché à ses mollets ? » s’enquit Chasel en détail.
Aris cligna des paupières et ouvrit la porte en grand. Elle s’écria sous l’effet de la surprise : « Vous demandez la même chose que ce grand frère ! Il y avait quelque chose ! Il y avait de nombreuses lanières de cuir enroulées autour de ses jambes ! »
« Je vois. C’est un des bandits des montagnes », dévoila Chasel avec douceur. « Leurs vêtements ne leur vont pas parce qu’ils sont volés pour la plupart. Ils doivent attacher les jambes de leur pantalon quand ils voyagent à travers les montagnes pour éviter que les moustiques et autres insectes ainsi que les sangsues ne rentrent. »
La vérité apparaissait au grand jour. Neo était mystérieusement parti exterminer un groupe de bandits, parce qu’il avait entendu l’histoire d’Aris.
« Pourrez-vous sauver mon frère ? » Aris dévisagea les deux personnes devant elle avec espoir. Elle leur demanda : « Ce grand frère m’a dit de ne pas m’inquiéter et que mon frère rentrerait assurément à la maison. A-t-il dit vrai ? »
Kleenly ne savait pas comment répondre. Le Chevalier du Soleil était bien revenu, mais le frère d’Aris n’était de toute évidence pas rentré. Cela veut-il dire…
« Ce grand frère dont vous parlez est le Chevalier du Soleil de l’Église du Dieu de la Lumière », décréta Chasel de sa voix grave. « Si le Chevalier du Soleil a dit que votre frère rentrera, alors il le fera ! Oseriez-vous douter de la parole du Chevalier du Soleil ? »
Bien qu’Aris fût légèrement effrayée par l’expression glaciale du Chevalier du Jugement, ce qui emplit son cœur à cet instant fut l’espoir et non la peur. Avec un sourire baigné de larmes, elle affirma : « Je n’oserais jamais. »
Après avoir quitté l’allée, Kleenly s’enquit anxieusement à voix basse : « Capitaine-Chevalier du Jugement, est-ce vraiment bien de votre part d’affirmer une telle chose ? Nous ne savons pas où cet enfant a pu être revendu… »
« Neo ne laissera pas passer cela », l’interrompit Chasel. « Il n’a jamais connu le sens du mot abandonner. Puisqu’il en a fait la promesse à cette fille, il poursuivra ces brigands jusqu’au bout du monde, et ramènera le frère de celle-ci à la maison quoi qu’il advienne ! »
Ah bon ? Le Capitaine a vraiment un trait de caractère de ce genre ? Kleenly baissa la tête, quelque peu abattu, et dit : « Je ne connais pas assez bien mon Capitaine. »
Chasel ressentit une fois de plus l’envie de passer un sérieux savon à Neo.
« Si tel est le cas, alors vous devriez tous saisir cette opportunité pour montrer au Chevalier du Soleil que son peloton est utile ! Aucun de vous ne lui a été assigné afin de corriger des documents. Vous êtes tous capables de gérer des affaires bien plus importantes ! »
Kleenly redressa brusquement la tête. Nous pouvons nous occuper de cas bien plus importants… C’est vrai, au début, quand j’ai été choisi pour seconder le Chevalier du Soleil, le chef du Temple Sacré, je m’étais préparé à faire face à toutes sortes de difficultés et d’obstacles, et leur difficulté m’importait peu. Pourtant, quand ai-je commencé à me contenter de ma petite vie tranquille ?
Ce n’est pas ce que je voulais !
« Oui, nous prouverons notre valeur au Capitaine ! »
Voyant son expression déterminée, Chasel hocha la tête avec satisfaction. Voilà le Kleenly que je voulais à l’origine.
Toc, toc.
Après qu’on eût frappé à la porte, une voix à l’intérieur de la pièce s’enquit : « Qui est-ce ? »
« C’est Kleenly. »
« … Qui ? »
Kleenly réprima silencieusement la tristesse qu’il ressentit et clarifia : « Votre nouveau vice-capitaine. »
« Oh. Entre. »
Lorsqu’il entra, il vit que Neo était allongé sur le lit. Neo dévisagea Kleenly des pieds à la tête et demanda avec curiosité : « Pourquoi Chasel t’a-t-il choisi pour devenir mon vice-capitaine ? »
Kleenly répondit honnêtement : « Pour répondre à votre question, Capitaine-Chevalier du Soleil, je l’ignore. »
« Donc, tu ne le sais pas non plus… Eh bien, tant pis. Avec la personnalité de Chasel, c’est plus que probablement parce que tu es l’un des meilleurs au classement du Temple Sacré. »
Kleenly fut pris de court. Il était vrai que son classement était plutôt bon. Mon classement a donc été pris en considération ?
Non, la raison pour laquelle le Chevalier du Jugement l’avait choisi importait peu.
« Même si tu es mon vice-capitaine, tu peux juste continuer de faire ce que tu faisais avant. Tu n’as qu’à prendre ces documents et… »
Encore des documents ! Kleenly serra les dents et se prépara à couper son Capitaine en pleine phrase.
« Capitaine, j’ai préparé un plan. »
Neo s’interrompit et demanda avec confusion : « Quel plan ? Qui a décidé que tu devais faire un plan ? »
« Je l’ai décidé », répondit fermement Kleenly.
Neo ouvrit la bouche. Il contempla le membre de son peloton dont l’expression n’avait rien à voir avec celle qu’il avait l’habitude d’afficher par le passé. Neo en perdit ses mots.
« Parle. »
En entendant cela, la tension que Kleenly avait accumulée se relâcha en grande partie. Il s’approcha du lit et déplia une carte en expliquant : « Capitaine, j’ai fait des recherches sur tous les groupes de bandits du royaume. J’ai découvert qu’il y avait presque vingt grands groupes. Voici les endroits possibles pour leurs repaires. Je pense qu’ils représentent une disgrâce totalement infâme pour l’ordre public du Royaume du Son Oublié. Ils sont également un profond danger pour les citoyens, aussi je suggère que nous travaillions de concert avec les églises locales pour mener des troupes et les exterminer ! »
« Des groupes de bandits… » marmonna Neo, « Je comprends à présent. C’est Chasel, n’est-ce pas ? Tu es allé enquêter avec lui pour savoir pourquoi j’ai décimé un groupe de bandits ? »
Kleenly s’immobilisa. Son expression révéla à Neo tout ce qu’il avait besoin de savoir.
Neo fronça les sourcils, mais il rit et continua : « Je savais que Chasel et les autres ne lâcheraient pas l’affaire aussi facilement. Si l’un d’entre eux rentrait blessé, je ferais de même… »
Après en avoir dit autant, Neo leva la tête et regarda Kleenly : « Dis-moi ce qui doit être fait. »
Que Neo acceptât de l’écouter provoqua une éruption d’émotions inexprimables à l’intérieur de Kleenly. Il se mit immédiatement à expliquer : « Il y a presque vingt groupes de bandits. Si nous les attaquons un par un, les autres groupes vont sûrement se mettre sur leur garde et se cacheront encore plus loin, ce qui les rendra difficiles à localiser. C’est pourquoi nous devrions nous associer avec les églises locales et diviser notre attaque pour nous saisir de dix repaires à la fois. En l’espace de peu de temps, nous enchaînerons avec une deuxième vague d’attaques pour qu’ils ne puissent pas avoir le temps de changer de lieux. »
Neo acquiesça. « Ça ne me semble pas mal. Je ne suis pas très doué pour ce genre de choses… OK ! Tu seras responsable de faire ces arrangements. Souviens-toi juste de me nommer chef des troupes. Pour résumer, tu peux juste m’utiliser comme une pièce à employer sur un échiquier pour charger en avant et briser les lignes ennemies ! »
« Je n’oserais jamais vous traiter comme une pièce d’échec, Capitaine ! » s’écria Kleenly, surpris. « Capitaine-Chevalier du Soleil, ce n’est pas mon intention ! »
« Quelle intention ? » le rabroua Neo avec impatience. « Assez de balivernes ! Tu veux annihiler ces bandits ou non ? »
« B-Bien sûr que je le veux ! » s’empressa de répondre Kleenly.
« Alors, va organiser tout ça, et assure-toi de me laisser mener les troupes. Tu n’as qu’à me dire quoi faire quand le moment viendra. »
La situation n’est-elle pas à l’inverse de ce qu’elle devrait être ? Normalement, ne devrait-ce pas être au Chevalier du Soleil de décider de la stratégie à ordonner aux membres du peloton ? Kleenly eut l’impression que son esprit était un peu embrouillé.
« Oh, c’est vrai. » Neo se retourna subitement et se leva du lit. Il grinça des dents et déclara : « Chasel a mentionné la dernière fois que vous aviez perdu contre le Peloton du Chevalier du Jugement ? Viens. Nous allons nous entraîner ! »
Face à cette situation, Kleenly se dépêcha de protester : « Capitaine, vous êtes encore en convalescence ! Nous allons pratiquer nos compétences à l’épée avec diligence. S’il vous plaît… »
Neo gronda : « Quelle convalescence ! Je suis déjà rétabli, et cela fait si longtemps que je suis couché que j’en ai des fourmis dans tout le corps ! »
« Mais, le Chevalier du Jugement a dit que… »
Neo s’approcha tout à coup et le questionna : « Quoi ? Es-tu mon vice-capitaine ou celui de Chasel ? »
« Naturellement, je suis le vôtre ! » L’expression sévère de Neo terrorisa tellement Kleenly qu’il répondit du tac au tac, mais, puisque Neo s’était approché de si près, il remarqua également que son teint était bien plus pâle que d’ordinaire. On ne pouvait vraiment pas dire qu’il était « rétabli ».
Une fois qu’il s’en fut aperçu, Kleenly se calma immédiatement. Bien que l’expression du Chevalier du Soleil fût pleine de sévérité, Kleenly s’inquiétait davantage pour son « teint pâle ». Il hocha la tête et proposa : « Capitaine, s’il vous plaît, patientez un instant. Je vais rassembler les membres du peloton et leur indiquer de se préparer au terrain d’entraînement. Puis, je viendrai vous chercher pour que vous puissiez les superviser. »
« D’accord. » Neo acquiesça avec satisfaction, subitement convaincu qu’avoir un vice-capitaine n’était pas une si mauvaise chose.
Lorsqu’il eut quitté la pièce, la démarche de Kleenly se fit vive et empressée. Il devait rassembler le peloton et aussi… se rendre au Tribunal.
Capitaine-Chevalier du Soleil, je suis bien sous vos ordres, mais vous m’avez aussi ordonné d’obéir au Chevalier du Jugement, c’est pourquoi je vais suivre son commandement.