La Légende du Chevalier du Soleil Histoire Parallèle #11 : Rendre un petit service

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La Légende du Chevalier du Soleil : Histoires Parallèles

Roman d’origine en chinois par :  Yu Wo 


Side Story #11: Doing a Small Favor – traduit du chinois vers l’anglais par dahlys[PR!]
Histoire parallèle #11 : Rendre un petit service – traduit de l’anglais vers le français par Nocta
+ Travail de vérification par AkaiiRia

Rendre un petit service n’a l’air de rien, mais, lorsque la personne que vous aidez est Grisia, dans ce cas c’est toute une affaire.

Une petite faveur se transforme en deux petites faveurs, puis celles-ci se multiplient en trois cents petites faveurs…

Attendez, le nombre de faveurs n’augmenterait-il pas un peu trop vite ?

Même si le petit service à rendre à Grisia est de jeter des déchets au passage en sortant, vous ne devez absolument jamais l’aider…

 

 

Demos s’assit à sa place préférée sous une table où pratiquement personne ne le remarquerait. Cela le faisait se sentir à l’aise.

« Hé, es-tu encore accroupi là-dessous ? Tu vas finir par faire mourir de peur quelqu’un ! »

Il était bien dommage qu’aujourd’hui fût une exception, car un jeune homme étira ses jambes dès qu’il s’assit à la table. Demos n’eut même pas suffisamment de temps pour s’écarter avant d’être frappé, effrayant le jeune homme et le faisant jurer avec colère avant de tirer Demos de dessous la table.

Ce jeune homme était en fait le beau-frère de Demos, Yen. En entendant ce chahut colérique, sa sœur Aris sortit précipitamment de la cuisine en s’écriant : « Ne gronde pas petit Dee ! Pourquoi l’as-tu frappé si fort avec ton pied ? Tu vas le blesser ! »

« Il était encore caché sous la table ! » répondit Yen avec énervement. « Comment se fait-il qu’il ne comprenne pas, peu importe combien de fois on le lui répète ? Pourquoi ne peut-il pas juste aller jouer dehors avec les autres enfants au lieu de se cacher sous les tables ? Pourquoi cet enfant n’est-il pas un peu plus enjoué ? Il n’est pas mignon du tout ! »

Même si Yen le grondait verbalement sans arrêt, celui-ci avait relâché Demos, et il était même en train de vérifier ses bras pour s’assurer qu’il n’avait rien.

En entendant Yen critiquer Demos, les sourcils d’Aris se froncèrent, et elle était prête à éclater et libérer un torrent d’insultes de son cru. Cependant, elle aperçut Demos du coin de l’œil et se calma, réprimant sa rage intérieure. D’une féroce poigne, elle traîna son mari jusqu’à la cuisine.

Dès que la paire fut entrée dans la pièce, Aris s’écria avec indignation : « Ce n’est pas comme si tu ne savais pas ce qui s’était passé ! Demos a été capturé par des voleurs et est resté captif dans leur repaire pendant trois longues années ! Comment peux-tu t’attendre à ce qu’il soit enjoué en permanence ? »

« Je sais et je ne le blâme pas. Mais, ce n’est pas une bonne idée de le laisser continuer ainsi ! Tu ne veux pas le voir se cacher sous des tables pour le reste de sa vie, n’est-ce pas ? »

En entendant ces mots, Aris ressentit un sentiment intolérable. Son jeune frère et elle avaient dépendu l’un de l’autre pendant toute leur vie. Qui aurait cru qu’un jour son frère se ferait kidnapper et disparaîtrait, ne rentrant pas avant que trois années ne se fussent écoulées ? Et, c’était par pure chance que son frère avait été en mesure de se souvenir de l’endroit où ils vivaient en dépit du fait qu’il eût été si jeune à l’époque, et qu’il avait pu rentrer à la maison.

Aris ne découvrit que bien plus tard à propos de la triste vie qu’avait menée son frère pendant ces trois ans. D’abord, il s’était fait enlever par des bandits, ce qui avait résulté en sa captivité dans leur repaire pendant ces trois années, avant que ledit repaire ne fût nettoyé par des chevaliers sacrés de l’Église du Dieu de la Lumière. Son cœur lui serrait chaque fois qu’elle pensait à la façon dont son frère s’était fait donner des ordres à droite à gauche tel un serviteur par ces maudits bandits.

Yen prit la main de sa femme et dit : « Aris, écoute-moi. Je viens juste d’apprendre que l’Église du Dieu de la Lumière recherche depuis peu des candidats pour la prochaine génération des Douze Chevaliers Sacrés. Pourquoi ne laisserions-nous pas Demos tenter sa chance ? »

Aris se figea et répondit avec hésitation : « Mais, Demos, tel qu’il est actuellement… »

« Allons, il n’y a pas de mal à essayer ! Au moins, ça le ferait sortir de la maison. Puisqu’il y aura beaucoup d’enfants qui rivaliseront pour devenir de futurs chevaliers, nous pouvons simplement traiter la situation comme s’il allait jouer avec d’autres enfants. »

Ce n’est pas une mauvaise idée, pensa Aris pour elle-même.

 

 

« Demos, est-ce que tu aimerais tenter ta chance aux sélections pour devenir l’un des Douze Chevaliers Sacrés ? »

« Les Douze Chevaliers Sacrés ? » Demos leva la tête et vit sa sœur lui adresser un sourire resplendissant. Pourtant, on aurait dit que, plus elle paraissait resplendissante, plus il avait envie de rester loin d’elle. Il préférerait être avec son beau-frère qui le grondait tout le temps, car sa sœur semblait trop formidable à son goût… et bien trop éblouissante au point d’en être aveuglante.

Même si sa sœur avait pris un ton inquisiteur pour lui demander son avis, Demos n’avait jamais été autorisé de donner « non » comme réponse pendant ses trois années de captivité dans le repaire des bandits, aussi il acquiesça et répondit par une affirmation. « Très bien. »

En recevant cette réponse, sa sœur révéla un sourire particulièrement brillant, une vue qui brillait réellement d’éclat, l’éblouissant au passage.

 

 

« … C’est trop lumineux ! »

Grisia s’accroupit pour regarder Demos face à face. En entendant cette remarque, Grisia le questionna, perplexe : « Lumineux ? Où est-ce lumineux ? »

Demos était accroupi derrière une armure exposée dans une fissure du couloir. C’était une zone sombre qui lui avait demandé pas mal d’effort pour la dénicher. Il y avait même une paire de rideaux rouges beaucoup trop grands de chaque côté de l’armure. En se cachant derrière ces rideaux, on devenait pratiquement indétectable. Plus il traînait avec ces personnes rayonnantes et plus il se sentait s’assombrir en retour. Comment quelqu’un comme moi est-il devenu l’un des Douze Chevaliers Sacrés ? Il n’était jamais parvenu à trouver une réponse à cette question, peu importe sous quel angle il avait examiné la question. Il avait rassemblé tous ses efforts pour se cacher à l’arrière… et, pourtant, Maître du Nuage avait semblé détester les enfants qui s’étaient empressés de s’attrouper devant lui.

« Ne venez pas traîner dans mes pattes. Allez jouer par vous-même. »

« Je vais vous montrer cette technique à l’épée une seule fois, ensuite entraînez-vous par vous-même. »

« Confirmez que vous avez fini de lire la liste des règles du Chevalier du Nuage. »

« Hum, ça n’a pas l’air très élégant… Il vaut mieux laisser tomber, j’imagine qu’on peut quand même considérer ça comme une forme de “dérive”. »

Son maître s’éclipsait toujours après avoir prononcé ce genre de phrases. En réalité, Demos appréciait assez la personnalité de Maître du Nuage. C’était précisément parce son maître avait ce genre de caractère qu’il pouvait toujours se cacher ici en dehors des cours. Personne ne l’avait jamais trouvé ici même après trois ans… à l’exception de Grisia qui était en ce moment accroupi devant lui. Il était extrêmement rayonnant, et son sourire était même plus radieux que celui de sa sœur. Depuis le début, Demos évitait Grisia à dessein.

« Eh ! Demos, même si je suis l’Apprenti-Chevalier du Soleil, ce n’est pas comme si mon corps émettait de la lumière… sauf quand je rassemble délibérément de la lumière sacrée. » Grisia tendit le bras et plaça ses mains sur celle de Demos : « Regarde ! Ta main est clairement un ton plus clair que la mienne, et pourtant je suis déjà bien pâle. »

« Non ! » Demos retira brusquement sa main. Voyant l’expression surprise de Grisia, Demos continua à voix basse : « Ne me touche pas, sinon ma noirceur va déteindre sur toi… »

Grisia fronça les sourcils et lui demanda : « Peu importe à quel point tu peux être sombre, il t’est impossible d’être aussi sombre que Lesus, non ? »

« Lesus n’est pas sombre. » Demos ne savait pas pourquoi il ne considérait pas Lesus comme sombre, alors même que ses yeux, ses cheveux et ses vêtements étaient tous noirs. Cependant, cette « noirceur » dont il parlait ne dépendait pas de l’apparence d’une personne.

Lesus marche toujours devant les autres, et il est à la fois fort et compétent, donc tout le monde l’écoute… Il n’est pas sombre du tout !

Grisia réfléchit à la question pendant un petit moment avant de répondre : « Si Lesus a l’air sombre, mais ne l’est pas en réalité, dans ce cas, juste parce que j’ai l’air lumineux, ça ne veut pas forcément dire que je brille vraiment, n’est-ce pas ? »

Demos fut pris de court, ne comprenant pas vraiment ce que Grisia essayait de dire. Grisia tendit la main et pinça la joue de Demos, mais ce dernier se contenta de le fixer d’un regard vide d’expression, ne comprenant pas qu’elles étaient les intentions derrière ce geste.

Après l’avoir pincé pendant une minute entière, Grisia le lâcha enfin et hocha la tête avec satisfaction, déclarant : « Ton score de personne qui ne dit jamais non est de 100 % ! Même si tout le monde dit qu’il est difficile de te fréquenter, la vérité est que personne n’a encore réussi à faire ta connaissance ! Pire encore, ton score est encore plus élevé que celui d’Elmairy ! »

« … Tu harcèles aussi Elmairy ? »

Grisia nia immédiatement et répliqua : « Bien sûr que non, je ne harcèle pas Fraisary ! »

… Fraisary ?

« Je lui ai juste demandé de m’aider avec quelques tâches, comme chasser les chiens, me laisser emprunter quelques condiments, et éditer des documents ! Je ne l’ai absolument pas harcelé. » Après avoir affirmé cela, Grisia sembla se plonger dans ses réflexions pendant quelques instants avant de murmurer : « Mais “Décédéo” est plus utile pour la paperasse. Dorénavant, il vaudrait mieux que je continue à l’utiliser pour corriger les documents. »

« C’est quoi un “Décédéo” ? »

« C’est Ceo bien entendu ! »

« … »

Même si Demos ne prononça pas le moindre mot en réponse, Grisia continua de parler : « Toutefois, le score de Décédéo n’est que de 50 %, il atteint à peine la moyenne ! Et pourtant, à partir du moment où je le trouve, tout ce que j’ai à faire est de poser les documents devant lui, et il ne peut pas s’empêcher d’aider à tous les corriger ! C’est tout simplement hilarant ! Je vais même te dire un secret : malgré son apparence féroce, Lesus a un score plutôt élevé, il est à 80 % ! Il ne rejette jamais mes requêtes, même quand je lui demande de m’aider à acheter des tartes aux myrtilles. »

Même Lesus a… Demos ne put retenir une exclamation : « Tu… tu es si sombre… »

« Impossible ! Je suis le futur Chevalier du Soleil, donc je suis naturellement très rayonnant ! »

« Grisia, où es-tu en train de t’immerger dans la lumière en ce moment ? Sors de là tout de suite ou sinon, en tant que ton maître, c’est moi qui viendrai te chercher ! »

En entendant cette voix gracieuse pourtant clairement beaucoup plus grave que d’ordinaire, Grisia ouvrit immédiatement les rideaux et, sans dire un mot, entra dans la crevasse où se cachait Demos. Juste après, il laissa les rideaux se refermer derrière lui.

Comme si sa tête était plongée dans le brouillard, un Demos perplexe regarda Grisia. Puis, peu de temps après, il entendit des pas qui se rapprochaient… des pas qui, contre toute attente, s’arrêtèrent juste devant les rideaux.

« Qui est-là ? »

Demos fut pris par surprise, ne s’attendant pas à ce qu’en un seul jour il se fît découvrir par deux personnes différentes. Il jeta un regard à Grisia à ses côtés ; il était clair qu’il n’avait aucune intention de répondre, aussi Demos n’eut d’autres choix que de légèrement entrouvrir les rideaux, ne laissant dépasser que sa tête, pour répondre : « C’est Demos. »

Le Chevalier du Soleil fronça élégamment les sourcils et l’interrogea : « As-tu vu Grisia ? »

Alors que le perplexe Demos délibérait sur la réponse à donner, il sentit qu’on lui pinçait le bas du dos, et il dût répondre : « Non. »

En entendant cela, Néo ne lui porta plus aucune attention et se retourna pour partir, murmurant vaguement : « Mais, où donc s’est-il enfui ? J’ai plusieurs documents qui sont dus pour demain… »

Dès que Néo fut parti, Demos voulu retourner se fondre dans son propre petit monde, mais Grisia avait déjà passé la tête à travers le rideau en s’exclamant : « Merci ! Oh, au fait, peux-tu me rendre un petit service ? »

Pourquoi avait-il eu l’impression que quelque chose clochait, lorsqu’il entendit « petit service » ? Demos était complètement décontenancé, mais rendre un petit service n’était pas grand-chose, aussi il acquiesça.

« Dans ce cas, aide-moi à récupérer les documents de Maître Néo, apporte-les à “Décédéo” et dis-lui que ce sont des documents qui doivent être terminés pour demain. » Grisia fit une pause pendant un bref instant avant de continuer : « Pourquoi me regardes-tu avec cet air soupçonneux ? Je ne peux pas faire ça moi-même, parce que j’ai d’autres préoccupations qui accaparent toute mon attention ! Si mon maître me trouve, il m’assignera à coup sûr d’autres tâches additionnelles. »

C’est donc pour ça. Demos hocha la tête, sortant à contrecœur de son petit monde, décidé à rendre ce petit service. Dans tous les cas, tout ce qu’il avait à faire était de récupérer des papiers, ce qui ne devrait pas prendre beaucoup de temps. Néanmoins, au même moment, le coin de son t-shirt fut soudainement attrapé par quelqu’un. Il tourna la tête, regardant d’un air sceptique Grisia qui affichait un sourire brillant et aveuglant. Ce dernier lui demanda tout en continuant de resplendir : « Puisque tu as déjà accepté de m’aider avec ce petit service, peux-tu aussi m’aider avec une autre faveur ? Détends-toi, il s’agit juste de livrer des messages. »

Si c’est juste transmettre des messages, ça ne devrait pas prendre trop longtemps. Demos acquiesça.

 

 

Ceo accepta immédiatement les documents, et Demos se sentit un peu heureux en son for intérieur. Tout ce qu’il me reste à faire est de transmettre quelques messages, et je pourrai retourner dans mon petit monde. Au moins, c’est bien mieux que d’avoir à corriger des piles de documents comme Ceo.

Néanmoins, Ceo qui était forcé de corriger cette pile de papiers révéla une expression de sympathie et s’enquit : « Est-ce que Grisia t’a demandé de lui rendre service ? »

Demos acquiesça.

Ceo lui fit remarquer avec douceur : « C’est également ce qu’il m’a dit quand il m’a demandé de l’aider à corriger des documents. » Ayant déclaré cela, Ceo tapota Demos sur le dos et continua : « Bienvenue dans le club des “peux-tu me rendre service”. »

Qu’est-ce qu’il y a de si terrible à aider et rendre un petit service à quelqu’un ? L’expression de Ceo donnait l’impression qu’il venait de prendre ses fonctions dans le club du « Risquons nos vies pour pourfendre un dragon » à la place. Demos ne comprenait vraiment pas.

 

 

« Grisia t’a dit de venir ici pour emprunter des condiments ? » lui demanda Elmairy tout en dévisageant Demos avec une intense curiosité. Même s’ils faisaient tous les deux partie des Douze Apprentis-Chevaliers Sacrés, et qu’ils appartenaient même tous à la « Bonne faction au grand cœur », il avait rarement été en contact avec Demos qui était réellement quelqu’un qu’on n’apercevait pas souvent.

Demos hocha la tête, puis répondit : « Il y a aussi des affaires sur lesquelles tu dois enquêter. Il a dit : “Les personnes sous investigations sont toutes du type maternel, donc assure-toi de t’habiller de façon encore plus adorable pour déclencher leur instinct maternel plus facilement.” » Même s’il n’avait pas du tout compris le sens derrière les paroles de Grisia, il n’était que responsable de les réciter mot pour mot.

Elmairy eut l’air un peu stupéfait pendant un instant avant de marmonner à voix basse : « Comment suis-je censé avoir l’air adorable quand j’ai déjà seize ans… ? »

Pourtant, lorsqu’il regarda de nouveau Demos, les yeux d’Elmairy étaient remplis de compassion, et il répondit d’un ton plein de pitié : « Merci pour ton dur travail. C’est tellement dommage qu’on ne puisse pas y faire grand-chose, donc, s’il te plaît, fais de ton mieux et tiens le coup. Si ça devient vraiment trop dur à supporter, je t’aiderai. Ça fait déjà un moment que j’aide fréquemment Ceo de toute façon. »

… ?

 

 

« Gisia a dit : “Il y a un grand nombre d’esprits malveillants qui sont apparus au terrain d’exécution le plus éloigné, et tu dois aller les exterminer.” »

En entendant cela, Chikus interrompit ce qu’il faisait avec stupéfaction. Pour être honnête, il n’avait détecté la présence de Demos que lorsque celui-ci avait commencé à parler. Il le jaugea de haut en bas, et Demos interpréta mal son geste, croyant que cela voulait dire que ses mots n’avaient pas été entendus clairement, aussi il les répéta une fois de plus.

« Oh, j’ai compris maintenant. » Chikus répondit d’un hochement de tête. Contrairement aux autres, il ne réconforta pas Demos avec sympathie. Il déclara plutôt d’un ton admiratif : « Grisia est vraiment incroyable. Quand je pense qu’il est même capable d’avoir à ses ordres le Capitaine-Chevalier Sacré le plus difficile à trouver et fréquenter. On dirait que Georgo est le seul qui n’ait aucune intention d’aider Grisia. Oh, c’est vrai ! Comment est-ce qu’il t’appelle ? »

« Qu’il m’appelle ? »

« Grisia n’utilise pas ton vrai nom pour parler de toi, non ? »

Demos répondit avec perplexité : « Il m’appelle juste par mon nom. »

« Oh… » Chikus réfléchit pendant un moment, puis répliqua : « C’est probablement juste parce que vous ne vous connaissez pas depuis assez longtemps. Tu comprendras bien assez tôt. »

… ?

 

 

Après avoir complété chaque tâche qui lui avait été assignée, Demos ressentit une joie provenir du fond de son cœur, tandis qu’il se mettait en marche vers son petit monde…

« Didi ! » Demos continua d’avancer. « Didi ! » La voix qui appelait gagna en intensité, mais Demos poursuivit son propre chemin, comme il n’avait pas de grand frère, et donc personne qui l’appellerait « petit frère »… Et, pourtant, il sentit soudainement quelqu’un l’agripper.

Il tourna la tête et découvrit qu’il s’agissait de Grisia qui se plaignit d’une voix pleine de ressentiment : « Je n’arrête pas de t’appeler depuis tout à l’heure. Pourquoi m’ignores-tu ? »

Il m’appeler ? Demos pencha la tête. J’ai clairement entendu Grisia appeler son petit frère… À moins qu’il essayait en fait de dire Deedee1 ?

Grisia s’accrocha à Demos de toutes ses forces et dit d’une voix très anxieuse : « Deedee, tu dois me rendre un petit service ! »

Est-ce que je ne viens pas déjà de l’aider ?

« Je me suis quand même fait prendre par mon maître ! La punition qu’il m’a donnée est de me rendre dans la forêt pour capturer un loup et le lui apporter. Mais, Ceo est déjà en train de m’aider à corriger des documents, Leaf est allé m’aider à enquêter sur ces affaires, et Blaze est parti exterminer les esprits au terrain d’exécution, donc il faut que ce soit toi qui m’accompagnes pour aller capturer un loup ! »

Mais, dans ce cas, qu’elles sont les tâches qui accaparent toute ton attention dont tu m’as parlé plus tôt ? Demos ne comprenait vraiment pas du tout, mais il n’avait pas l’habitude de désobéir aux ordres, alors il suivit Grisia sans discuter.

De toute façon, il faut juste affronter un loup, ça ne prendra pas beaucoup de temps.

 

 

Récupérer des documents n’avait pas pris beaucoup de temps.

Transmettre des messages n’avait pas pris beaucoup de temps.

Affronter un loup n’avait non plus pas pris beaucoup de temps…

Pourtant, Demos réalisa subitement que, avant de s’en rendre compte, il avait non seulement récupéré des documents, transmis des messages, affronté un loup, mais était aussi parti à la chasse de créatures des ténèbres, avait aidé à acheter des ingrédients pour des desserts, s’était occupé de documents, avait enquêté en secret, s’était renseigné sur diverses informations, avait donné une leçon à un idiot qui avait eu la malchance de provoquer la colère de Grisia, avait ajouté du laxatif dans le repas du roi sans se faire prendre… On pouvait dire que, toute la journée, tous les jours, il entendait un certain appel…

« Didi ! Rends-moi un petit service ! »

Peut-être qu’il aurait mieux valu que je rejoigne le club du « Risquons nos vies pour pourfendre un dragon » plutôt que d’aider Grisia avec ne serait-ce qu’un seul autre petit service ! pensa Demos pour lui-même, alors qu’il aidait Grisia avec encore une autre petite faveur.

 

 

Chikus éclata de rire en se tenant le ventre : « Hahahah ! Di… Didi ? Ouahahaha ! »

Ceo fronça les sourcils et fit remarquer : « Bizarrus, je trouve que tu n’es pas très bien placé pour te moquer des autres. »

Le rire de Chikus s’interrompit brusquement et ne se laissant pas faire, il répliqua : « Se faire appeler “Bizarre”, c’est toujours mieux que Décédéo ! Fais attention, s’il continue de t’appeler comme ça, un jour tu vas vraiment finir par “décéder” ! »

Elmairy se tapota la poitrine de soulagement et se réjouit : « C’est une bonne chose que Fraisary sonne à peu près plaisant à entendre… Je me demande comment Grisia appelle Georgo. »

Ceo répondit avec mauvaise humeur : « Puisque Georgo ne veut même pas l’aider, Grisia ne s’est pas embêté à lui donner un surnom étrange, comme il n’aura jamais l’occasion de l’utiliser pour lui demander une faveur à tout bout de champ. »

Ceci ayant été dit, le silence s’installa entre les quatre personnes.

Quelle honte ! Si j’avais su que ça finirait comme ça, à l’époque, je n’aurais jamais accepté d’aider Grisia avec « son petit service ».

Note de bas de page

1 Didi et Deedee : En chinois, « Didi » sert à désigner le petit frère et se prononce pareil que « Deedee » qui est utilisé dans le premier caractère pour le nom de Demos en chinois. Même si nous essayons d’occidentaliser les noms et les termes, nous avons pensé garder Didi car nous ne voulions pas perdre le jeu de mots de Grisia à propos de son « petit frère » dans la traduction.

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