La Fin d’une Ère de Domination T1Prologue : Jiang Shuyu

La Fin d’Une Ère de Domination Tome 1 : Pluie d’étoiles le jour de la fin du monde

Roman d’origine en chinois par : (Yu Wo)


Prologue: Jiang Shuyu – traduit du chinois vers l’anglais par Elkin[PR!]
Prologue : Jiang Shuyu – traduit de l’anglais au français par AkaiiRia
+ travail de vérification par Nocta

Au moment où j’ouvris les yeux, je pris immédiatement conscience de l’état déplorable de mon corps, faible au point qu’il était même dur de respirer.

Est-ce que j’ai été grièvement blessée ? Cela dit, je me devais de me montrer reconnaissante du fait d’être encore en vie en premier lieu, puisque la dernière chose que j’avais vue avant de fermer les yeux me condamnait assurément à la mort. Je n’aurais jamais imaginé avoir à nouveau la chance d’ouvrir les yeux.

J’espérais uniquement que je n’avais pas été blessée trop gravement. À une époque comme celle-ci, il n’y avait pas une grande différence entre être handicapé et être mort. Néanmoins…

Certains pourraient affirmer qu’il valait mieux être mort qu’en vie.

En entendant un bruit soudain, j’essayai de mon mieux de me tortiller le cou pour regarder de quoi il s’agissait. Ma vision était encore très embrouillée, mais j’arrivais plus ou moins à percevoir une silhouette blanche qui entrait dans la pièce. Chacun de ses quatre membres était présent et entier, et ils se déplaçaient tous de façon très naturelle. Alors, il ne devait pas s’agir d’une de « ces choses ».

La personne ne sembla pas remarquer que j’étais réveillée. Elle s’affairait autour de la pièce dans un monde de sa propre conception. En fin de compte, je ne pus que parler, bien que je ne me sois pas attendue à entendre une voix aussi grave et enrouée. Depuis combien de jours est-ce que je dors ?

C’était un miracle que je n’aie pas été abandonnée.

« Où suis-je ? »

La personne vêtue en blanc devant moi sursauta et resta bouche-bée en me regardant avec des yeux sortant de leurs orbites. Ce ne fut qu’après un long moment qu’elle hurla.

« V-Vous êtes réveillé ! »

Ouais, c’est assurément une femme. Ce cri était quelque chose en soi. J’espérais réellement que nous soyons dans un endroit sûr ; autrement, ça attirerait amplement d’attention non désirée.

Elle se précipita jusqu’au lit et se mit à chercher frénétiquement autour. Je n’avais pas la moindre idée de ce qu’elle fabriquait, mais, peu importe de quoi il s’agissait, elle ne m’aidait pas et ne me donnait pas de verre d’eau.

Malgré le fait que ma vision s’éclaircissait lentement, je ne parvenais toujours pas à voir correctement. Je pouvais affirmer que j’étais étendue dans une chambre blanche, si blanche que ç’en était étrange. Elle avait pratiquement l’air… propre.

« Où suis-je ? » répétai-je.

« À la maison. » La femme en blanc me porta enfin attention et me dit doucement : « Ne vous inquiétez pas, j’ai déjà appuyé sur le bouton d’appel. Le docteur et votre famille seront là dans un instant. »

À la maison ? Le bouton d’appel ? Ma famille? J’étais un peu perdue.

La femme en blanc ne semblait pas avoir l’intention de m’expliquer plus en détails, et ma gorge me brûlait. À ce stade, il n’existait pas une seule question qui pressait plus que le besoin biologique que j’éprouvais pour du liquide.

« De l’eau ! »

Elle me versa rapidement un verre d’eau, mais, au lieu de me le donner, elle le laissa sur la table où je ne pouvais pas l’atteindre et se baissa pour faire quelque chose… Est-ce qu’elle se moque de moi ?

Je maintins un visage dénué d’expression, incertaine sur la façon dont je devais m’y prendre pour la supplier avant qu’elle ne me donne ce verre.

Soudainement, le lit en-dessous de moi bougea.

« Ah ! » Se pourrait-il que ce soit…

La femme se redressa et me rassura : « Tout va bien, tout va bien, j’ai simplement ajusté le lit pour que ce soit plus facile pour vous de boire. »

Je forçai mes muscles à bouger mon cou et mes yeux, et ce fut seulement lorsque j’eus confirmé que rien d’autre n’était apparu que je me détendis. Puis, je me rendis compte que ma posture était passée de complètement horizontale à mi-assise. J’étais déroutée. Est-ce que c’est un lit d’hôpital ? C’était une chose très rare en elle-même, et le fait que j’avais la chance d’être étendue dans l’un d’eux était presque improbable.

La femme en blanc porta une tasse à ma bouche, et il y avait même une paille placée à l’intérieur. Elle me rappela avec de l’inquiétude dans la voix : « Buvez lentement. Faites attention à ne pas vous étouffer. »

Comment se fait-il que je reçoive un meilleur traitement uniquement quand je suis blessée si gravement ? Est-ce que cette personne se sent coupable, parce que j’ai été blessée ?

Il… arrive encore à ressentir de la culpabilité ?

À l’instant où je me mis à boire, je cessai de me soucier de quoi que ce soit d’autre. Cette eau est si délicieuse ! Je consacrai mon être tout entier à la tâche de boire. Je suis trop assoiffée, ou est-ce que cette eau est tout simplement délicieuse à ce point ? Je n’avais pas bu d’eau aussi excellente depuis un long moment.

Je sirotai l’eau précieuse avec précaution jusqu’à ce que la porte s’ouvre avec fracas, et je sursautai brusquement. C’était seulement parce que la femme en blanc m’avait vite retenue que je n’étais pas tombée directement sur le sol.

« Gē ! »

Hein ? Je clignai des yeux. Quelqu’un se précipita à l’intérieur, mais j’étais réticente à l’idée de lâcher la paille dans ma bouche, alors je laissai cette personne courir jusqu’au lit tandis que je buvais. Je me trouvais dans un état d’esprit qui me dictait que, même si c’était la fin du monde, ça allait devoir attendre que j’aie fini de boire ce verre d’eau.

« Gē, tu es enfin réveillé ! »

Je tentai de concentrer mes yeux sur un point fixe, et lentement le visage d’une fille en pleurs émergea. Avec un visage ovale qui gardait encore des traits enfantins, elle avait l’air d’avoir environ quinze ou seize ans, et possédait de grands yeux ronds brillant vivement en dessous de sourcils en forme de croissants. Cette paire d’yeux à elle seule était suffisante pour que cette fille vaille beaucoup de provisions.

Elle pleura, essuya ses larmes, me regarda, et se remit à pleurnicher.

Après avoir fini l’eau, je lâchai à contrecœur la paille dans ma bouche et lui demandai avec un air soupçonneux : « Est-ce que nous nous connaissons ? »

Ses yeux s’agrandirent. On aurait dit que ma question était un véritable choc pour elle. Peut-être que nous nous connaissons réellement ? Bien que j’aie rencontré beaucoup de personnes au fil des ans, il n’y avait aucune chance pour que j’oublie une fille aussi jolie et mignonne si je l’avais rencontrée auparavant.

Perdant ses moyens, elle s’exclama : « J-Je suis ta petite sœur ! »

J’étais sur le point de répliquer que je n’avais pas de petite sœur, quand encore plus de gens entrèrent en trombe, environ cinq ou six personnes de plus.

Je les fixai du regard, plissant les yeux comme j’essayais de voir leurs traits. Je ne reconnus pas un seul d’entre eux. Que se passe-t-il ? Même s’il m’avait vendue, personne ne voudrait d’une invalide blessée à ce point !

Après tout, je ne valais même pas un verre d’eau.

« Xiao Yu ! »

« Xiao Yu, tu es réveillé ? Tu es vraiment réveillé ?

« Dis quelque chose, Xiao Yu ! »

Entourée par ces personnes, j’ignorais complètement ce que je devais faire. Venant à peine de me réveiller, mon cerveau était encore confus, et maintenant ce groupe de gens continuait de me crier dessus, engendrant des vagues de douleur qui m’assaillaient la tête. Je n’avais aucune idée de ce qu’ils criaient, et même si j’avais saisi quelques bouts de phrases occasionnelles, je ne comprenais pas ce qu’ils voulaient dire.

Que se passe-t-il ? Même s’il était possible que ce soit un piège bien calculé, je devais admettre que je ne valais pas l’effort que des gens jouent la comédie.

« Dàgē ! » Ma « petite sœur » appela anxieusement l’un d’entre eux. « Èrgē vient de dire qu’il ne me connait pas ! »

Je regardai en direction de ce « Dàgē ». Celui-ci était un homme très beau et, fronçant les sourcils, il s’enquit : « Xiao Yu, est-ce que tu te rappelles de moi ? »

« Dàgē. »

Tout le monde poussa un soupir de soulagement. Ma « sœur » devint encore plus agitée, en s’écriant : « Tu te paies encore ma tête ! Et, ce, malgré le fait que tu nous aies reconnus, Dàgē et moi ! »

« Je ne vous reconnais pas. » Je secouai la tête doucement, remarquant que mon cou avait l’air moins raide. Il semblerait que ma condition soit plus due au fait d’être restée étendue pendant trop longtemps, plutôt que d’être paralysée. Fiou. Ce ne fut que lorsque je me sentis mieux que je continuai de leur répondre. « C’est toi qui l’as appelé “Dàgē”. »

Le visage de « Dàgē » s’assombrit, et il se retourna pour demander à la femme en blanc : « Infirmière ! Que se passe-t-il ? »

Comme ça, c’est une infirmière ? Ce ne fut qu’à ce moment que je reconnus son uniforme, et il correspondait bel et bien aux uniformes d’infirmière dont je me rappelais. Mais, comment est-il possible qu’il reste encore des infirmières… ?

L’infirmière fronça les sourcils et me questionna avec prudence : « Vous rappelez-vous votre nom ? »

J’ignorais pourquoi, mais j’avais le sentiment que ce serait une mauvaise idée de leur dire mon nom. Ils me traitaient clairement comme si j’étais quelqu’un d’autre, ce qui expliquerait pourquoi ils s’étaient occupés de quelqu’un d’aussi gravement blessé que moi. Peut-être qu’il s’agissait même d’un cas d’erreur d’identité. S’ils découvraient que je ne suis pas cette personne, est-ce que je recevrais toujours le même traitement ?

Mais, comment auraient-ils pu me prendre pour cette personne ? Est-ce que mon visage a été défiguré ? J’avais envie de toucher mon visage, mais je n’arrivais pas à lever mes mains, alors je laissai tomber.

« Je ne me souviens pas. » Ça devrait être une réponse plutôt sûre.

L’expression de tout le monde se rembrunit, et l’infirmière annonça vite : « Je vais faire venir le docteur. »

« Eh bien, quoi qu’il arrive, que Xiao Yu se soit réveillé est plus important que le reste. » Fit allégrement remarquer Dàgē. « C’est une bonne chose que tu te sois réveillé. Tout le reste peut venir chaque chose en son temps. »

Sur ce, tous se ragaillardirent, en me regardant avec des yeux remplis d’espoir.

Étant celle qui recevait ces regards, un sentiment de culpabilité envahit subitement mon cœur. Cette Xiao Yu devait avoir beaucoup d’importance pour eux, et leur mentir pourrait signifier qu’elle perde toute chance de survie. Comparée à Xiao Yu, elle qui était si profondément chérie par tant de gens, pourquoi est-ce que moi, qui ne possédais rien, je voudrais causer du tort à quelqu’un d’autre pour ma survie ?

« Je ne suis pas Xiao Yu. » Je les regardai calmement et admis ensuite : « Vous vous êtes trompés de personne. »

Tout le monde eut l’air surpris. Cette petite sœur répliqua avec perplexité : « Comment est-ce que nous pourrions possiblement ne pas te reconnaître ? Èrgē, de quoi est-ce que tu parles ? »

« Comment est-ce que tu viens de m’appeler ? » Je réalisai tout à coup que quelque chose clochait. Je me sentais encore ensommeillée juste avant et n’entendais pas bien, alors j’avais cru que « Èrgē » était un nom ou un surnom, mais une fois mentionné après le mot « Dàgē », soit « Grand frère », je me rendis compte de la véritable signification de « Èrgē ». C’était : « deuxième grand frère »1.

La petite sœur cligna des yeux et répéta docilement ce qu’elle avait dit : « Èrgē. »

Impossible ! Peu importe à quel point mon apparence a pu être ruinée, il n’y a aucune chance pour que je puisse un jour être appelée « Èrgē » !

Ignorant la faiblesse dans mes membres, je forçai mes bras à se lever pour toucher mon visage. La peau à cet endroit était lisse et, bien que mon visage semble plus mince, je ne sentais pas la moindre marque de cicatrices, encore moins la texture de bandages ou quoi que ce soit d’autre.

« Quel est mon nom ? » Un frisson me traversa. Cette situation dépassait déjà tout ce que je pouvais imaginer. Que se passe-t-il ? Qu’est-ce qui m’arrive !?

« Jiang Shuyu », répondit Dàgē, en ayant l’air troublé.

« …Quels sont les trois caractères ? »

« “Jiang” pour “jiāngyù”, territoire. Le “shu” dans “shūjí”, livre. Et le “yu” dans “yǔzhòu”, univers. »

Mon pouls s’accéléra, et une machine à côté de moi lâcha un crissement perçant.

L’infirmière s’exclama : « Sa respiration et ses battements de cœur sont trop rapides ! »

« Xiao Yu ! »

Des voix inquiètes autour de moi m’appelaient, mais aucune d’elles ne s’adressait à moi.

Je ne suis pas Xiao Yu, je ne suis pas Xiao Yu. Je m’appelle Guan Weijun. Il m’a toujours appelée Xiao Jun, pas Xiao Yu !

 

Note de bas de page

1 « Xiao Yu » : Au départ, notre protagoniste croit à tort qu’ils l’appellent « 小雨 », qui est le nom d’une fille signifiant le mot « pluie », alors qu’en fait ils l’appelaient « 小宇 », soit par un nom de garçon contenant le premier caractère du mot « univers ». Les deux noms se prononcent « Xiao Yu ».

La Légende du Chevalier du Soleil T5C1 : Fais peur aux enfants au point qu’ils soient trop effrayés pour dormir la nuit

La Légende du Chevalier du Soleil Tome 5 : La Liche Immortelle, Partie 1

Roman d’origine en chinois par : 我 (Yu Wo)


Chapter 1: Frightening Children into Being too Scared to Sleep at Night – traduit du chinois à l’anglais par bleachpanda[PR!]
Chapitre 1 : Fais peur aux enfants au point qu’ils soient trop effrayés pour dormir la nuit – traduit de l’anglais vers le français par AkaiiRia
+ travail de vérification par Nocta

« Sun, Sun ? »

Malgré le fait que je n’avais pas ouvert les yeux, je pouvais déjà percevoir une grande quantité de l’élément des ténèbres sous la forme d’un humain à côté de moi… C’est Roland !

Je jaillis presque du lit en allant lui agripper les épaules tout en hurlant avec agitation : « Pourquoi avoir fait cela ? Même si c’était sur mes ordres, ce genre de chose, ce genre de chose… Même si c’est moi qui te l’ai ordonné, tu n’aurais jamais dû le faire ! »

Roland resta planté là, sous le choc. Dès que j’arrêtai de le secouer, il s’enquit par réflexe : « Ce genre de chose ? Quel genre de chose ? »

« Tuer… » Je n’arrive même pas à prononcer les mots ! Pourquoi lui-ai ordonné de faire une telle chose ? Et je le lui ai même ordonné comme si c’était ce qu’il y avait de plus naturel au monde ! C’est inconcevable !

« Sun, est-ce que tu as fait un cauchemar ? » Roland me demanda avec perplexité : « Je t’ai entendu gémir plusieurs fois, alors j’ai décidé de venir vérifier si quelque chose n’allait pas, mais il ne s’était rien passé. Tu étais étendu dans ton lit en train de dormir. »

Un cauchemar ? Cette fois-ci, ce fut à mon tour d’être sous le choc. Après avoir entendu cela, je décidai d’étendre plus loin ma capacité à percevoir les éléments.

J’étais situé à l’intérieur d’une salle. Il n’y avait pas grand-chose dans la pièce, et j’étais assis sur un lit. À côté du lit se trouvaient une table et une chaise, et de nombreux documents étaient disposés sur cette table. La porte n’était pas une porte ordinaire en bois, mais plutôt une porte en fer, et il y avait une petite fenêtre au mur.

Il s’agissait de la chambre de confinement. Ah oui, c’est vrai ! Judgment m’avait envoyé en confinement.

Alors, c’était vraiment… vraiment juste un cauchemar ?

« Sun, est-ce que tu vas bien ? » me questionna Roland avec inquiétude.

Pourtant, ce rêve semblait si réel ! Je pouvais même ressentir les émotions que j’éprouvais au moment de lui donner l’ordre de tuer… Ce sentiment de vouloir tuer d’autres personnes uniquement parce que cela me paraissait divertissant. Je m’étais senti comme un enfant, un enfant qui faisait des choses, parce qu’il croyait que c’était intéressant et amusant, qui commettait des atrocités sans même se soucier le moins du monde de comment elles affecteraient les autres !

Cela me semblait très similaire à la fois où j’avais visité la Vallée de Trizer. Après que j’eus absorbé une grande quantité de l’élément des ténèbres, ce sentiment de vouloir faire comme il me plairait, sans me préoccuper des répercussions, sans rien pour me restreindre, sans qu’il n’y eût quoi que ce fût que je dusse faire ou que je ne devrais pas faire… J’avais tout délaissé sans la moindre hésitation. La seule chose qui m’avait importé était de savoir si mes actions me rendaient heureux ou non… Cette sensation m’avait terrifié.

« Sun, je pense que tu as simplement fait un cauchemar », déclara Roland, inquiet. « Je montais la garde à l’extérieur, et absolument personne n’est venu. »

Ah bon ? Cependant, il semblerait que cette chambre de confinement possède une porte cachée. Bien que personne ne soit entré, ça ne veut pas dire que je ne suis pas sorti ! J’ai peur d’avoir… Je n’aurais tout de même pas fait quelque chose pendant que je dormais, n’est-ce pas ?

J’ai entendu dire que, dans ce monde, il existe un état appelé le somnambulisme qui permet aux dormeurs de se lever pour faire des choses étranges dont ils n’ont aucune idée ou dont ils sont incapables de se rappeler… À cette pensée, je me sentis mal à l’aise. « Je dois aller les voir. »

« Aller voir qui ? » répliqua Roland, stupéfait

« Blaze, Leaf, Ice et Judgment. »

Je me levai et saisis mon manteau en même temps que je parlais. Après que je l’eus revêtu, je me dirigeai immédiatement vers la porte. Toutefois, Roland se précipita désespérément devant moi et décréta fermement : « Judgment a dit que, sans sa permission, tu n’es pas autorisé à quitter cette chambre de confinement ! »

« Je dois sortir ! »

« Non ! Judgment te l’a interdit ! » rétorqua Roland, de façon encore plus déterminée que plus tôt.

Une flamme de colère surgit en moi, et je ne pus m’empêcher de rugir : « Roland des Enfers ! Que les choses soient bien claires : c’est moi qui dirige le Temple Sacré ! »

Roland se figea, mais je me figeai également.

Quelle que fût la raison, je n’aurais pas dû lui crier dessus. Il ne faisait qu’obéir aux ordres et les suivre à la lettre. Qui plus est, il n’avait que très récemment repris le poste de Chevalier des Enfers. Il était tout à fait naturel qu’il ne fût pas sur la même longueur d’ondes que les autres.

Les Douze Chevaliers Sacrés savaient tous que, quand je donnais sérieusement un ordre, même Judgment ne pouvait s’opposer à moi. C’était pourquoi, normalement, ils m’écoutaient et suivaient mes ordres. Néanmoins, ce qui était pour moi un mystère demeurait comment les Douze Chevaliers Sacrés parvenaient à déterminer quand je donnais ou non un ordre avec sérieux. Je me l’étais demandé plus d’une fois. Comment font-ils pour déterminer si je donne un ordre avec sérieux ou non ? Si j’arrive à comprendre comment ils font, dans ce cas, à partir de ce moment-là, je pourrais prétendre être sérieux…

« Très bien ! »  Après que Roland eut froncé les sourcils et considéré la situation pendant un moment, il opina finalement d’un signe de tête. Cependant, une fois qu’il eut acquiescé, il ajouta avec une détermination encore plus inébranlable : « Mais, je dois venir avec toi, et cette fois tu n’as pas le droit de te débarrasser de moi à dessein. »

« Marché conclu ! » Je fus immédiatement d’accord.

Afin d’apaiser l’esprit de Roland, je décidai de lui prendre la main pour le mener en courant tout droit jusqu’au couloir où se trouvaient les quartiers des Douze Chevaliers Sacrés. La chambre la plus proche appartenait à Blaze. Je lâchai la main de Roland et poussai gentiment la porte.

Cette dernière n’était pas verrouillée, alors, quand je la poussai, elle s’ouvrit. J’allai silencieusement me tenir à côté du lit, observant la personne qui dormait dessus.

Le lit n’était pas du tout petit, mais Blaze était étendu seulement sur l’un des côtés avec les quatre membres écartés et la moitié de son corps suspendue hors du lit. C’est vraiment une position terrible pour dormir !

Je me souvins que Roland avait tranché net l’épaule de Blaze dans mon rêve… Toutefois, ma capacité à percevoir les éléments m’indiquait clairement qu’il n’y avait aucune blessure sur les épaules de la personne allongée sur le lit; celles-ci étaient en parfait état et complètement intactes.

Je poussai un profond soupir de soulagement. Cependant, dès l’instant suivant, je ne me sentais toujours pas rassuré, alors je l’appelai : « Blaze. »

La personne sur le lit sursauta un peu et bondit pratiquement hors du lit par la suite en s’écriant sur-le-champ : « QUI… Sun ? »

Après m’avoir reconnu, Blaze me contempla avec stupéfaction. Malgré le fait qu’il venait de se faire réveiller au beau milieu de la nuit, il était à l’évidence encore plein d’énergie. Ses gestes étaient si exagérés que même ses yeux s’écarquillèrent au point de devenir aussi grands que des soucoupes.

Je me penchai pour lui toucher l’épaule. Il se contenta de me regarder en retour d’un air absent ; il ne hurla pas du tout de douleur… Blaze va réellement bien ! Je poussai un autre soupir de soulagement.

Sans me soucier de savoir si Blaze avait davantage réagi à mes gestes, je quittai vite la pièce pour aller vérifier que Leaf allait bien, puisque sa chambre était située juste à côté de celle de Blaze. Néanmoins, à l’instant où je sortis, j’aperçus Leaf qui était debout dans le couloir. Son visage affichait une totale incrédulité. Il portait son pyjama, mais était pieds nus. Il tenait également son arc dans les mains.

Il y avait une disparité dans l’ensemble de l’image formée.

« Sun ? » Il dit nerveusement avec une petite voix : « Judgment ne t’avait-il pas envoyé en confinement ? Dépêche-toi d’y retourner ! Blaze a crié vraiment fort il y a un instant, il se pourrait qu’il ait également réveillé Judgment ! »

Je ne répondis pas. Je marchai seulement dans sa direction et agrippai Leaf par la tête pour la tourner à gauche et à droite.

« Sun… Ah ! Mon cou va finir par se briser, peux-tu faire ça moins fort ? » s’écria Leaf de douleur, mais il ne m’empêcha pas de lui bouger la tête. Il n’avait sans doute pas la moindre idée de ce que je faisais… C’est vraiment un type sympa !

Excellent ! Le cou et la tête de Leaf n’ont pas été séparés, et il arrive encore à crier de douleur, alors il doit se porter bien.

Après avoir projeté la tête de Leaf vers le côté, j’accourus à la chambre d’Ice. Bien que la porte ne fût pas ouverte, je pouvais déjà percevoir la situation derrière la porte.

Il était déjà tard, et pourtant Ice n’était toujours pas allé se coucher. Il se tenait dos à la porte, assis devant sa table. Un gâteau incomplet reposait sur sa table, et Ice était en train de créer des fleurs avec de la crème… J’ouvris la porte d’un coup de pied et surgis dans la pièce.

Ice sursauta presque de frayeur, saisissant immédiatement son gâteau, et il se retourna, se figeant sur place comme Blaze l’avait fait.

Je fonçai vers lui et, avec la main, envoyai valser d’une claque le gâteau qui était dans le chemin. Ensuite, je déchirai les vêtements qui recouvraient le torse d’Ice. Après l’avoir tâtonné, je découvris que sa peau était douce et lisse à cet endroit.

« Tout va bien ! »

Je poussai enfin un immense soupir de soulagement. Même si je n’ai pas encore vu Judgment, étant donné que Blaze, Leaf et Ice vont bien, dans ce cas Judgment doit forcément aller bien lui aussi ! Par conséquent, tout ce qu’il s’est passé était réellement juste un cauchemar. Rien de tout cela ne s’est produit. Je n’ai jamais ordonné à Roland de tuer Blaze et les autres. Roland n’a tué aucun d’eux. Et je n’ai définitivement pas tué Judgment ! C’est vraiment merveilleux…

« Tu as vu ça ? Sun s’est levé au beau milieu de la nuit pour aller déchirer les vêtements d’Ice ! Tss tss ! »

Des murmures provenant de différentes personnes dérivèrent jusqu’à moi depuis la porte.

« Après avoir expérimenté de nombreux échecs avec les princesses, se pourrait-il qu’il ait décidé de se risquer à jouer dans l’autre camp ? »

« Dans ce cas, à partir de maintenant, quand je vais aller dormir, je me rappellerai de verrouiller la porte… »

« Que peut faire une porte contre lui ? Même un dragon ne peut l’arrêter ! »

« Que devrions-nous faire alors ? »

« Dormir dans la même chambre que Judgment ou Hell ! Ce sont les plus forts parmi les Douze Chevaliers Sacrés, alors ils devraient être capables de tenir bon quelques temps… »

C’est moi ou cette conversation prend une tournure très étrange ? Je me retournai sur-le-champ, essayant d’éclaircir le malentendu : « Qu’est-ce que vous racontez ! Je ne suis pas attiré par les hommes… Judgment ? »

Hormis ces abominables enfoirés qui murmuraient des trucs à la porte, il y avait aussi la personne par laquelle j’avais le moins envie de me faire prendre qui se tenait là : le Capitaine-Chevalier du Jugement.

Je n’aurais jamais cru qu’il arriverait aussi vite. Il s’est même donné la peine de revêtir ses vêtements de façon propre et ordonnée, quoique ses vêtements ne consistent qu’en un morceau de tissu… Non, c’est une toge noire. Il suffit de la draper sur tout ton corps, et tu es prêt à sortir.

Confronté au regard glacial de Judgment, je ne pus que me préparer et expliquer : « J’ai fait un cauchemar. Je vous ai vu Blaze, Leaf, Ice et toi vous faire tuer. Alors, je me suis précipité jusqu’ici pour confirmer que tout le monde allait bien. »

Malgré le fait que ce que j’avais dit fût la vérité, mes paroles sonnaient si incroyables que même moi j’avais du mal à y croire.

Comme je m’y attendais, non seulement Judgment, mais même tous ceux qui étaient présents révélèrent une expression montrant qu’ils ne me croyaient pas du tout. Un peu découragé, je devinai : « Cependant, tu penses forcément que je raconte n’importe quoi, que je me suis en fait secrètement échappé et que j’invente une excuse au hasard pour te convaincre du contraire. »

Judgment leva légèrement le sourcil.

« En plus, je me trouve dans la chambre d’Ice, alors il y a de fortes chances pour que je sois venu lui réclamer des sucreries. »

Judgment sourit un peu.

« Et la raison pour laquelle j’ai déchiré les vêtements de Ice est probablement parce qu’il a essayé de me convaincre de retourner dans la chambre de confinement et que, si je ne le faisais pas, il irait tout te rapporter. Alors, afin de l’en empêcher, je l’ai agrippé dans un moment de désespoir et ai accidentellement déchiré ses vêtements… »

Judgment hocha la tête. Même les autres révélèrent des expressions comme s’ils venaient soudainement de réaliser ce qu’il s’était réellement passé… Sauf Earth ! Quelques secondes plus tôt, c’était lui qui avait proclamé que je m’étais levé au beau milieu de la nuit pour aller déchirer des vêtements ! Et, à présent, il ose encore afficher une expression soupçonneuse en me regardant ! Quel infâme personnage ! Je m’en souviendrai la prochaine fois, Earth ! Je vais définitivement te le faire payer !

« Judgment ! » grondai-je un peu avec colère : « Dis quelque chose ! N’importe quoi ! Après tout, je sais déjà que, comme je me suis secrètement enfui de la chambre de confinement, tu vas me confiner quelques jours de plus, n’est-ce pas ? »

« Tu te trompes. Je ne te punirai pas cette fois, parce que ce n’est pas nécessaire. » Judgment ouvrit finalement la bouche. Il me fit nonchalamment remarquer : « Sun, tu es en train de marcher sur le gâteau d’Ice. »

« … »

Une fois qu’il eut dit cela, je réalisai subitement… Pourquoi ai-je si froid dans le dos ?

Je m’empressai de dire : « Judgment, dépêche-toi ! Ramène-moi à la chambre de confinement ! N’as-tu pas dit que je n’ai pas le droit d’en sortir ? Je suis prêt à me faire incarcérer pendant trois jours de plus… Même une semaine m’irait ! Sinon, deux semaines ! Que dis-tu de deux semaines ? »

Il employa une vitesse phénoménale pour fermer la porte avec un « bang » sonore.

« … »

 

 

A… Atchoum !

J’éternuai très fort, puis reniflai. C’était plutôt surprenant. Se pourrait-il qu’il s’agisse réellement du légendaire… rhume ?

En tant que Chevalier du Soleil détenant la grâce du Dieu de la Lumière, je n’étais pas tombé malade depuis l’âge de dix ans. Mais, à présent, j’ai réellement attrapé un rhume ! Il semblerait que, cette fois, Ice soit vraiment furieux. Même le sort de glace qu’il a lancé sur moi était extrêmement puissant.

Ah… Ah… Atchoum !

Au même moment où j’éternuais, la porte de la chambre de confinement s’ouvrit, suivie par une voix inquiète me demandant : « Est-ce que tu vas bien ? »

Sans lever la tête, je répondis sèchement : « Je ne vais pas bien du tout. J’ai été envoyé en confinement; je dois remplir et corriger de la paperasse; Ice est en colère contre moi, et j’ai même attrapé un rhume. Je ne pourrais pas être plus misérable ! »

L’individu qui était venu me rendre visite se mit à rire. Même s’il riait, sa voix était toujours aussi grave que d’habitude. L’entendre ne pouvait vraiment pas améliorer l’humeur de quelqu’un… Même si vous effectuiez une recherche à travers la Cité du Bourgeon tout entière, à part le Capitaine-Chevalier du Jugement, vous ne trouveriez personne d’autre capable de produire un rire déprimant au point de ne pas pouvoir rendre quelqu’un plus joyeux.

« Es-tu vraiment si misérable ? » s’enquit Judgment tout en riant.

Après avoir éternué une nouvelle fois, je rétorquai : « Pourrais-je vraiment être plus misérable que maintenant ? »

Judgment leva la main et agita les documents qu’il tenait. Alors qu’il posait la paperasse sur la table, il déclara : « Ice a dit que, pour te punir d’avoir gaspillé de la nourriture, il ne te confectionnera pas de desserts pendant un mois. »

« …J’ai perdu l’envie de vivre à présent ! Tu pourrais aussi bien me tuer à ce stade ! »

Judgment révéla une expression qui se rapprochait d’un sourire sans l’être complètement. « La situation n’est pas si grave, non ? Je peux te donner mes sucreries, et tu vas sûrement demander à Leaf qu’il te donne les siennes également. »

« Ce n’est pas la même chose ! » m’exclamai-je avec objection. « Ice me confectionne toujours des sucreries extrêmement sucrées. C’est ce genre de desserts extrêmement sucrés que j’ai envie de manger ! »

« Ice a endurci son cœur en prenant la décision de ne pas te confectionner de desserts. À ce sujet, il n’y a rien que je puisse faire pour t’aider. Tu connais la personnalité de Ice. Il ne se fâche pas facilement, mais, une fois en colère, il ne sera définitivement pas facile à apaiser. En plus, cette fois, tu as piétiné un de ses desserts, une des choses qu’il chérit plus que tout, au point d’être irrécupérable. Alors, je crains que… »

En entendant tout ce qu’il avait dit jusque-là, mon visage s’assombrit. Si Ice, qui avait normalement un bon tempérament, pouvait être froissé par quelque chose, vous pouviez être certain que c’était de piétiner et gaspiller sans aucune bonne raison les desserts qu’il confectionnait.

Judgment soupira. Il dit avec impuissance : « Je ne peux pas t’aider dans le cas de Ice, mais, si tu pouvais me raconter le genre de cauchemar que tu as fait, je te laisserais sortir de la chambre de confinement et ferais rappeler Adair de vacances. »

Entendant les termes de Judgment, je réfléchis sérieusement à sa proposition. Être incarcéré dans la chambre de confinement ne me dérange pas vraiment… étant donné que, après tout, je m’enferme habituellement dans ma chambre. Donc, en ce moment, je ne fais que changer l’emplacement où je m’enferme. Mais, le terme le plus important de sa proposition est de « rappeler Adair de vacances » !

Si Adair était là, je pourrais lui refiler toute la paperasse et sortir pour acheter des confiseries. Même sans les desserts faits par Ice, j’arriverais à survivre pendant un mois. Si Adair était là et que j’apercevais quelqu’un que je détestais, je pourrais le lui laisser savoir discrètement et lui ordonner d’encercler et de tabasser la personne en question. Si Adair était là, je pourrais pratiquement ignorer toutes les lois et faire des bêtises… Ahem ! Je veux dire « faire comme il me plaira » !

Bien que j’adorerais absolument ravoir Adair, je fis exprès de révéler une expression perturbée et marchandai : « Mais, tu dois tout de même me donner tes sucreries ainsi que celle de Leaf ! »

Judgment acquiesça d’un signe de tête et affirma ensuite : « Je peux te donner les miennes, mais essaie d’éviter le plus possible de prendre les desserts de Leaf, en particulier quand la cafétéria du Temple Sacré est en vacances. Récemment, il a commencé à écrire des lettres à la princesse du Royaume de l’Orchidée Lunaire, et s’est donc mis à effectuer des dépenses supplémentaires pour de l’encre et du papier. Si tu prends également tous ses desserts, je crains qu’il ne meure de faim pendant les vacances. »

« Très bien », acceptai-je à contrecœur.

Judgment marcha jusqu’à moi et s’assit sur le bord du lit à côté de moi. Il me dit : « Maintenant, raconte ! Quel genre de cauchemar as-tu réellement eu qui puisse te pousser à réveiller tout le monde au beau milieu de la nuit ? »

J’hésitai l’espace d’un instant. Malgré le fait que je n’avais pas vraiment envie de songer à mon cauchemar, j’avais déjà accepté les termes de l’entente, alors je lui racontai tout ce qu’il s’était produit dedans clairement et en détails… jusqu’au moment où je le transperçais de mon épée et provoquais sa mort. C’était très malaisant ; je faillis être incapable de poursuivre.

Toutefois, l’expression de Judgment ne changea pas du début jusqu’à la fin. C’était comme si je ne racontais pas le geste effrayant de massacrer les Douze Chevaliers Sacrés, mais que je ne faisais que relater un rêve plutôt ordinaire. Grâce à cela, je réussis avec difficulté à terminer de lui raconter ce qu’il se passait dans le rêve.

Judgment écouta silencieusement jusqu’à la toute fin. Il demeura silencieux pendant un moment et s’enquit soudainement ensuite : « Sais-tu pourquoi ceux qui sont morts étaient Ice, Leaf et Blaze ? »

Je me figeai, ne comprenant pas ce qu’il essayait de me dire. Je lui demandai avec confusion : « Pourquoi eux ? Ce n’est qu’un rêve. Ce n’est pas comme si c’était moi qui les avais choisis. »

« Tu les as choisis », dit Judgment faiblement. « Parce que Leaf est mort une fois auparavant et que Ice et Blaze ont été blessés lors du plus récent incident. Tu ressens un fort sentiment de culpabilité à leur égard. À tes yeux, c’est comme si tu les avais tués toi-même. »

Ainsi… c’est pour cette raison ?

« Cesse de davantage jeter le blâme sur toi. » Judgment poussa un soupir. « Ice et Blaze comprennent ta personnalité, et c’est pourquoi ils t’ont pardonné ce qu’il s’est passé sans la moindre hésitation. Ils craignaient que tu te sentes trop coupable. Ne laisse pas leurs efforts être vains. Trouve en toi la force de te pardonner ! »

« Je ne rejette pas le blâme sur moi ! » rétorquai-je avec agitation. Entendre Judgment prononcer les mêmes mots qu’il avait dit dans le cauchemar, en me demandant de ne pas jeter le blâme sur moi, me fit me sentir très inconfortable. Cela me donnait l’impression que les évènements qui s’étaient produits dans le rêve étaient réels sauf qu’ils se produiraient dans le futur.

En entendant cette réponse, Judgment me regarda droit dans les yeux, me faisant frissonner. Je m’empressai de me défendre : « C’est tout naturel que je rejette le blâme sur moi à un certain point. C’est moi qui ai emmené Leaf hors du royaume et, quand il est mort, je n’étais même pas à ses côtés. En plus, j’ai même blessé Blaze et Ice de mes propres mains. Ils… Tous les trois ont été… À cause de moi… À cause de moi, ils ont tous les trois été… »

Judgment interrompit brutalement mes paroles de remords et dit avec fracas : « Ils dorment tous les trois tranquillement dans leurs chambres ! Leur seule inquiétude est que tu rejettes trop le blâme sur toi ! Sun, il n’y a pas que toi qui se sente triste lorsque tu blesses tes propres frères d’armes ! Stone m’a dit que, quand Leaf avait découvert que tu lui avais menti en affirmant ne pas être aveugle, il s’était senti si mal qu’il avait presque voulu s’arracher les yeux en espérant que ça te rendrait la vue ! »

« Il… Il n’a pas… » Je me levai presque d’un bond avec effroi.

Judgment répondit immédiatement : « Bien sûr que non, Stone a réussi à le convaincre de ne pas le faire. Qui plus est, même s’il s’était réellement arraché les yeux, il n’y aurait aucun moyen de te rendre la vue. C’est seulement en gardant ses yeux qu’il serait en mesure de t’aider. Il devrait comprendre une telle chose. »

Je me détendis. J’ai bien failli faire une crise cardiaque !

Judgment expliqua d’une voix profonde et sincère : « Sun, quand tes frères d’armes sont blessés, tu deviens profondément contrarié. Mais, l’opposé est également vrai; si tu étais blessé, nous serions aussi très inquiets. Par conséquent, si tu ne veux pas que cela se reproduise, la prochaine fois que tu dois faire quelque chose de dangereux, ne le fais pas seul ! »

Je gardai le silence pendant un long moment. Ensuite, je jetai un regard étrange à Judgment. Je lui fis remarquer avec stupéfaction : « Tu parles beaucoup aujourd’hui. »

« Je n’y peux rien », rétorqua Judgment avec froideur. D’une voix encore plus basse, il dit : « Si je ne te dis pas ça clairement tout de suite, je ne sais pas quel genre de choses dangereuses tu feras seul la prochaine fois, nous forçant alors tous à nettoyer derrière toi ! »

Il ne retenait vraiment pas les coups dans cette conversation. Ce n’est pas comme si je veux à dessein les forcer à régler les problèmes que je laisse dans mon sillage. Un brin déprimé, je déclarai : « Désolé, mais je ne me rappelle vraiment pas ce qu’il s’est passé ni pourquoi je me suis retrouvé au royaume de Kissinger, et j’ignore pourquoi j’avais également perdu la mémoire en plus de tout le reste. Je n’en ai réellement aucune idée ! »

« Tôt ou tard, nous découvrirons la vérité », affirma Judgment sans la moindre hésitation. Par la suite, il me regarda droit dans les yeux et décréta : « Si tu souhaites personnellement en faire l’investigation, promets-moi d’emmener d’autres Chevaliers Sacrés avec toi. Ne porte pas le poids du monde sur tes épaules. »

« D’accord. » Cette fois, j’acquiesçai sur-le-champ. Je n’avais aucune envie de perdre la mémoire à nouveau, et je ne souhaitais plus jamais blesser les Douze Chevaliers Sacrés de mes propres mains non plus.

Après avoir eu cette discussion jusqu’à ce point précis, Judgment adoucit enfin son expression. « Dans ce cas, je vais retourner dormir. Tu devrais retourner dans ta chambre également ! Avant que je ne vienne, j’avais déjà ordonné à Hell d’aller vaquer à ses occupations habituelles. » Lorsqu’il eut fini de parler, il se leva et tourna les talons pour s’éloigner.

Je l’observai se retourner, toujours sous l’impression qu’il y avait quelque chose d’étrange. Je ne pus m’empêcher d’ouvrir la bouche pour m’enquérir : « Judgment, tu n’es normalement pas du genre à revenir sur ta parole. Alors, comment se fait-il que tu aies affirmé que tu me confinerais pendant un mois, et pourtant tu es d’accord pour me relâcher malgré le fait qu’il ne se soit écoulé qu’un peu plus de deux semaines depuis ? »

Judgment s’arrêta de marcher et tourna lentement la tête dans ma direction. Avec un sourire, il annonça : « L’Aigle Silencieux de la Cathédrale du Dieu de l’Ombre est en visite au Royaume du Son Oublié. Il en va de ta responsabilité de l’accueillir, alors je suis forcé de te relâcher. »

« … Je me suis encore fait avoir ! »

Énervé et exaspéré, je m’exclamai : « Judgment ! Tu… Tu es vraiment devenu mauvais, c’est moi qui te le dis ! »

Judgment éclata de rire et sortit de la pièce. « Il va de soi que je suis une “mauvaise” personne. Aurais-tu oublié que mon identité est celle du Capitaine-Chevalier du Jugement que tout le monde craint ? Alors ? Que dis-tu, bon et miséricordieux Capitaine-Chevalier du Soleil ? »

« Mais, je ne suis pas du tout une bonne personne, alors tu n’as pas le droit de devenir mauvais ! Si tu deviens réellement une mauvaise personne, cela ne ferait-il pas de moi ta plus grande victime ? Non, Judgment… Il faut impérativement que tu demeures une bonne personne, exactement comme Leaf… Hé ! Arrête de m’ignorer ! »

 

 

« Grisia ! Tu ne pourras jamais m’échapper. Tu ne pourras définitivement jamais m’échapper. Alors, reste tranquille et…. laisse-moi simplement te tuer, d’accord ? »

J’ouvris brusquement les yeux. Cette fois-ci, je ne paniquai pas comme la dernière fois. Au lieu de cela, je me servis en premier de ma capacité à percevoir les éléments. Comme je m’y attendais, je me trouvais dans ma chambre, et j’étais seul à l’intérieur. Personne ne s’apprêtait à me tuer.

Un autre mauvais rêve ?

Pourquoi est-ce que je fais des mauvais rêves aussi fréquemment ces derniers temps ? Pourrait-il s’agir d’un effet secondaire de ma perte de mémoire ? De plus, qui veut me tuer ? Est-ce Scarlet ? Et, quelle est la relation entre Rose et Scarlet ?

Ces questions étaient suffisantes pour me filer une sacrée migraine, et c’était avant même d’avoir pris en considération ce que Judgment m’avait annoncé. L’Aigle Silencieux de la Cathédrale du Dieu de l’Ombre est en visite au Royaume du Son Oublié… Pourquoi est-il soudainement venu jusqu’ici ? Que celui qui fût à la tête de la Cathédrale du Dieu de l’Ombre vînt au Royaume du Son Oublié, quartier général d’une religion ennemie, était aussi étrange que si moi, le Chevalier du Soleil, je me rendais au Royaume de Kissinger… Euuuuh !

D’accord, il est vrai que je me sois rendu au Royaume de Kissinger récemment, donc que celui-ci vienne au Royaume du Son Oublié ne paraît pas si étrange après tout.

Scarlet, Rose, l’élément des ténèbres, et l’Aigle Silencieux… Tout semble relié à la Cathédrale du Dieu de l’Ombre. Pourquoi ne débuterais-je pas mon investigation avec la Cathédrale du Dieu de l’Ombre ? Je finirai bien par découvrir quelque chose !

Cependant, la Cathédrale du Dieu de l’Ombre n’était pas un sujet qui m’était familier. Je devrais poser la question à quelqu’un pour en connaître davantage.

Une fois que je me fus levé et habillé, je me brossai les cheveux et touchai ensuite mon visage… Après deux semaines en confinement durant lesquelles j’avais été en mesure d’appliquer des masques tous les jours, ma peau était devenue si douce et claire que je préfèrerais presque toucher ma peau plutôt que celle d’une femme… Toutefois, si j’avais réellement la chance de toucher la peau d’une femme, je ne serais pas contre l’idée de ne pas avoir un visage avec une peau aussi magnifique !

Mais, je digresse… Dans tous les cas, même Roland affirmait que ma peau était devenue encore plus blanche que celle des créatures des ténèbres. Mon apparence ne pourrait pas avoir l’air plus parfaite, et elle collait bien à l’image du Chevalier du Soleil possédant une belle apparence et une magnifique peau claire. Par conséquence, en ce moment même, je pouvais sans problème sortir pour questionner les gens !

« La Cathédrale du Dieu de l’Ombre ? »

Storm leva les yeux au ciel. Brusquement, il dit : « Crois-tu réellement que je sais tout ? Je suis uniquement au courant des rumeurs concernant notre royaume ! Si tu comptes poser des questions au sujet d’un royaume aussi éloigné, j’ai bien peur de ne pas posséder ce genre de compétence remarquable ! »

« Je vois », répondis-je avec déception.

Sans doute parce qu’il voyait que j’étais extrêmement déçu, Storm secoua la tête et ajouta : « Tu poses la question à la mauvaise personne. Va demander à Cloud ! Il pourrait avoir lu des choses à ce sujet quelque part dans les livres. Ce type est une véritable encyclopédie ambulante ! »

En entendant la mention de Cloud, je réalisai subitement qu’il serait vraiment plus approprié de poser ces questions à ce dernier ! Il semblerait que j’aie posé tellement de questions à Storm récemment que, quand quelque chose se produit, ma première réaction est d’aller le voir pour le questionner.

« Tu as la gratitude de Sun, mon frère Storm, puisque tu as éclairci le brouillard dans lequel nageait Sun et lui as permis d’atteindre la splendeur du rayon de soleil, faisant de ce fait en sorte que Sun reçoive l’illumination joyeuse de la lumière. Sun remercie le Dieu de la Lumière, et Sun remercie son frère d’armes Storm. »

Storm rétorqua, son visage dénué d’expression : « Si tu tiens réellement à me remercier, ne me remercie plus jamais. Combien de fois faut-il que je te le répète ? Tu le fais exprès, n’est-ce pas ? C’est comme lorsque tu prononces nos noms de la mauvaise façon… Non ! Tais-toi ! Ne m’appelle pas par ce nom ! »

Je fermai la bouche et acquiesçai docilement d’un signe de tête. Puis, j’agitai la main en signe d’aurevoir. Après avoir effectué dix pas, je confirmai que je me trouvais à une distance assez éloignée pour que, peu importe à quelle vitesse il se déplacerait, il serait incapable de foncer sur moi, me mettre son poing dans la figure sans que les autres le remarquent, et retourner à sa position originale comme si rien ne s’était produit. Ce fut à ce moment précis que je lui dis aurevoir.

« À plus tard, “Décédeo”! »

« … »

De derrière moi provint la voix énervée de Storm : « Sun, Adair a encore besoin de trois jours de repos avant de pouvoir reprendre du service. Donc, pendant ces trois jours, n’oublie pas de t’occuper de ta paperasse ! Hé ! Ne fais pas semblant d’être sourd ! »

Je n’entends rien. Je suis sourd. Je n’entends rien… Je m’empressai de partir et me dirigeai tout droit vers la bibliothèque.

Depuis que le Pape avait renvoyé la bibliothécaire et avait ordonné à Cloud de s’occuper de la bibliothèque, Cloud n’était jamais parvenu à se libérer de ses fonctions à temps partiel en tant que nouveau bibliothécaire. Malgré l’abondance des récentes récoltes et l’augmentation des dons en argent auprès de l’Église, le Pape ne lui avait toujours pas permis de quitter ce poste.

Par conséquent, je suis sûr que ce foutu vieux Pape avait prévu le coup depuis le début. Pour éviter de devoir payer un salaire à un bibliothécaire, il a poussé le Capitaine-Chevalier du Nuage, qui possède déjà un poste haut-placé et bien rémunéré, à devenir le nouveau bibliothécaire gratuitement. C’est tout simplement… Un coup de génie !

Parce que, à présent, quand je suis à la recherche de Cloud, je n’ai plus besoin de me promener de façon disgracieuse en hurlant pour l’appeler en espérant le trouver au passage. Je n’ai qu’à me rendre à la bibliothèque pour le trouver, ce qui est beaucoup plus pratique. Plusieurs chevaliers sacrés, particulièrement ceux appartenant au Peloton du Chevalier du Nuage, avaient applaudi le plan concocté par le Pape pour économiser de l’argent.

Je pénétrai dans la bibliothèque, et plusieurs chevaliers levèrent la tête pour me saluer. Après avoir souri à chacun d’entre eux, je marchai jusqu’au bureau des renseignements de la bibliothèque et sonnai élégamment la cloche sur la table.

Je n’eus à faire sonner la cloche que deux fois avant que Cloud n’« émergeât » de derrière la table. Il ne révéla que sa tête et n’« émergea » pas d’avantage.

Je lui souris tout en le regardant, et il me regarda également en silence. Après nous être fixé du regard pendant quelques secondes, Cloud se leva tranquillement et me suivit sans un mot jusqu’à l’extérieur. Évidemment, lui seul gardait le silence ; je souriais et saluais les gens pendant toute la durée de notre déplacement. Bien que j’eusse toujours détesté sourire et saluer les gens, après avoir été confiné pendant deux semaines et n’avoir eu de contact qu’avec quelques-uns des Douze Chevaliers Sacrés, je ne trouvais plus l’idée aussi désagréable à présent.

Alors que je traversais le couloir du Temple Sacré avec un sourire aux lèvres, je dis à Cloud : « Je suis à la recherche d’informations concernant la Cathédrale du Dieu de l’Ombre. »

Cloud pencha la tête sur le côté et commença à relater d’une voix monotone : « Il y a environ sept cents ans, en l’an 125 du Calendrier Sacré, comme pour jeter une ombre sur l’Église du Dieu de la Lumière qui se fonde sur la bienveillance et sur le Monastère du Dieu de la Guerre qui valorise surtout la force, le mot “ténèbres” se mit à circuler parmi le peuple. Le point central était l’idée de pouvoir agir selon ses propres désirs… »

« Je ne veux pas connaître l’origine de son existence ! » le coupai-je un peu avec impuissance. « Mon service en tant que Chevalier du Soleil serait terminé d’ici à ce que je finisse de t’écouter me raconter toute leur Histoire. Parle-moi de la connexion entre le représentant de la Cathédrale du Dieu de l’Ombre, les prêtres et prêtresses de l’ombre, et l’Aigle Silencieux. »

Cloud se figea pendant un moment, puis il ouvrit à nouveau la bouche pour ajouter : « Le représentant de la Cathédrale du Dieu de l’Ombre est le Roi Démon. L’Aigle Silencieux ainsi que les prêtres et les prêtresses de l’ombre existent pour le servir. L’Aigle Silencieux est le commandant des chevaliers noirs. D’un autre côté, les prêtres et prêtresses sont peux nombreux, s’avoisinant habituellement à trente. Néanmoins, chaque prêtresse ou prêtre de l’ombre est extrêmement puissant… »

À présent, il paraissait perdu, ne sachant pas comment poursuivre.

Ce que Cloud venait de me relater était essentiellement les parties que je connaissais déjà. Hormis l’information de base, je n’en savais pas plus au sujet de la Cathédrale du Dieu de l’Ombre.

J’hésitai. Puis, je pris l’initiative et lui demandai : « Dis-m’en plus à propos de leur représentant. Par exemple, comment est-il choisi ? »

Cloud hésita à son tour et secoua ensuite la tête. Il déclara : « Cette information n’a été inscrite dans aucun texte officiel aux archives. Je n’ai entendu que des rumeurs. »

« Ce n’est pas un problème, raconte-moi ce que tu as entendu ! » insistai-je. Après tout, les rumeurs sont parfois plus véridiques que ce qui est inscrit dans les livres !

« On raconte que c’est le Dieu de l’Ombre qui choisit le Roi Démon. »

Comment cela pourrait-il être possible ? Je devins silencieux. Sans doute parce qu’il avait vu l’expression sur mon visage, Cloud hocha la tête, comme pour montrer son accord. Toutefois, il ajouta : « Il ne s’agit probablement pas du Dieu de l’Ombre, mais plutôt d’une sorte de relique sacrée laissée par le Dieu, similaire à l’Épée Divine du Soleil. De nombreuses rumeurs racontent que le Dieu de la Lumière choisit son Chevalier du Soleil à travers l’Épée Divine du Soleil. »

Évidemment, ce ne sont ni l’Épée Divine du Soleil ni le Dieu de la Lumière lui-même qui choisissent le Chevalier du Soleil, mais plutôt le précédent Chevalier du Soleil. Personne n’est mieux placé que moi pour le savoir.

Il est vrai que j’ai déjà entendu cette rumeur auparavant. Quelque chose à propos de comment seul le véritable Chevalier du Soleil peut tirer l’Épée Divine du Soleil hors d’un rocher dans lequel elle a été enfoncée, et comment ceux qui ne sont pas l’élu étaient incapables de la retirer. Ou quelque chose comme quand le véritable Chevalier du Soleil touche l’Épée Divine du Soleil, l’épée divine se met à briller ou même parler, des histoires de ce genre. Elles ont toujours été les histoires que les bardes préféraient chanter.

Mais, en réalité, si vous étiez un chevalier sacré ou même un prêtre du Dieu de la Lumière, vous pouviez faire briller l’Épée Divine du Soleil, à condition que vous recouvriez l’épée avec de la lumière sacrée.

C’est sans oublier le fait que, si l’Épée Divine du Soleil était réellement enfoncée dans un rocher, parmi les Douze Chevaliers Sacrés, la personne qui aurait le moins de chance de pouvoir la retirer serait moi… D’accord, parfois, on ne peut pas se fier aux rumeurs non plus.

Néanmoins, tel que nous le disions plus tôt, la soi-disant idée selon laquelle le Dieu de l’Ombre choisit Son représentant peut aussi provenir d’une rumeur au sujet d’une relique sacrée. Je fis rapidement connaître à Cloud le fil de mes pensées et lui demandai alors : « Les chevaliers noirs ne possèderaient pas quelque chose comme l’Épée Divine de l’Ombre, n’est-ce pas ? »

Cloud secoua la tête : « Cette information n’est inscrite dans aucun texte. »

« Est-il possible que des fillettes puissent être des prêtresses de l’ombre ? » m’essayai-je à demander.

« Cette information n’est inscrite dans aucun texte. »

« Le Roi Démon et l’Aigle Silencieux entretiennent-ils une relation harmonieuse ? »

« Cette information n’est inscrite dans aucun texte. »

« …Existe-t-il une chose que tu connaisses et qui ne soit inscrite dans aucun texte ? »

Cloud n’hésita pas du tout une seconde pour employer un ton monotone et répondre : « Les gens ont besoin de manger, de dormir et d’aller aux toilettes. Je suis le Chevalier du Nuage. Tu es le Chevalier du Soleil. Nous ne devons provoquer ni ta colère ni celle du Capitaine-Chevalier du Jugement… »

« Je te remercie de tout cœur pour ta réponse, mais, je t’en prie, ferme-la ! »

Cloud ferma la bouche avec une extrême docilité.

Il semblerait que je ne fusse pas en mesure d’obtenir d’information utile de Cloud non plus. N’ai-je réellement pas d’autres options que d’aller questionner Rose ? À l’origine, je n’avais vraiment pas envie de partir à sa recherche jusqu’à ce que j’eusse clarifié certaines choses pour moi-même.

Cependant, si je dois aller trouver Rose pour découvrir la vérité, dans ce cas je le ferai. Après tout, c’est une question à laquelle je dois absolument obtenir une réponse. Sinon, je serai incapable de me débarrasser de ce sentiment de malaise… Je ne peux pas laisser un incident majeur tel que mon amnésie se reproduire !

Je me retournai pour faire face à Cloud. « Cloud, pour le moment, suis-moi pour régler certaines affaires avec moi. »

Puisque Judgment tenait à ce que je demandasse à l’un des Douze Chevaliers Sacrés de me suivre pour enquêter et ainsi empêcher le moindre accident de survenir, dans ce cas, je me devais évidemment de choisir celui qui était le plus obéissant et qui savait le mieux comment bien se comporter !

À l’origine, Leaf était également un très bon choix, étant donné que, si je lui avais ordonné de me suivre, j’aurais pu lui emprunter quelques-unes de ses épices pour le repas du soir ! Néanmoins, depuis qu’il a découvert que je lui ai menti, il me regarde sans cesse avec des yeux emplis d’une profonde tristesse, me faisant me sentir inconfortable. Par conséquent, il vaudrait mieux que je ne le lui demande pas !

« Le Pape m’a ordonné de rester à la bibliothèque », répondit Cloud sans expression.

Fichu vieux Pape ! Il possède de nombreux guérisseurs sous ses ordres qu’il pourrait employer, et pourtant je dois constamment me disputer avec lui pour l’empêcher de me voler mes chevaliers sacrés !

Je répliquai sur-le-champ : « Eh bien, réponds-tu aux ordres du Pape ou aux miens ? Que dis-tu, Capitaine-Chevalier du Nuage ? »

Cloud prit quelque secondes pour réfléchir. « Aux tiens. Les textes racontent que les Douze Chevaliers Sacrés doivent obéir au Chevalier du Soleil. »

…Donc, la raison pour laquelle tu es aussi obéissant, c’est parce que les écrits affirment que tu dois faire tout ce que je te dis ? Dans ce cas, devrais-je emprunter le manuscrit en question et forcer les Douze Chevaliers Sacrés à le lire ? Non, pas seulement les Douze Chevaliers Sacrés, le Pape devrait le lire lui aussi !

« Sun ! »

Je n’avais pas besoin de me retourner pour voir que Storm courrait rapidement dans ma direction. Une fois qu’il m’eût rejoint, il annonça clairement et brièvement : « Le Pape te cherche. »

Je regardai à gauche et à droite. Aucun chevalier sacré ne se trouvait à proximité, alors je changeai ma façon de parler et m’enquis simplement : « Que se passe-t-il ? »

« L’Aigle Silencieux vient d’arriver. » Après qu’il eut fini, Storm ajouta à voix basse : « Le Pape et Judgment ne semblent pas très ravis. La Cathédrale du Dieu de l’Ombre penche davantage vers l’élément des ténèbres, alors ils ne sont pas vraiment la bienvenue au Royaume du Son Oublié. »

L’Aigle Silencieux… Attendsun ? Il est arrivé juste au bon moment ! Je serai peut-être en mesure de lui soutirer quelques informations au sujet de Rose.

Toutefois, j’éprouvais également quelques doutes. L’Aigle Silencieux est en fait venu jusqu’ici par coïncidence à ce moment précis. Se pourrait-il… qu’il sache que j’ai visité le Royaume de Kissinger ?

Dans tous les cas, je vais aller à sa rencontre, et on verra bien !

La Reine Guerrière TP2C5 : Numéro 5 – Une bonne personne ? Une mauvaise personne ?

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La Reine Guerrière Prologue Tome 2 – 12 est le nombre

Roman d’origine en chinois par :   (Yu Wo)


Chapter 5: Number, 5, Good Guy? Bad Guy? – Traduit du chinois vers l’anglais par raylight[PR!]
Chapitre 5 : Numéro 5 – Une bonne personne ? Une mauvaise personne ? – Traduit de l’anglais vers le français par Irina
+ Travail de vérification par Nocta

Carol n’avait jamais activement cherché à pourchasser les mécréants dont parlait Sylvie, mais, pour une raison qui lui était inconnue, elle finissait toujours par tomber sur eux. En revanche, il était difficile de déterminer si elle était prédestinée à mener une vie de dur labeur, ou si les pécheurs du Royaume de la Lumière Sacrée étaient tout simplement malchanceux.

Et c’était sans compter sur le fait que Sylvie semblait aussi avoir le chic pour toujours accidentellement croiser le chemin de personnes arborant de mauvaises intentions. La dernière fois, il avait été capturé par la patrouille d’une cité pour en fin de compte être traité comme un esclave et emmené par la force. Cette fois, il avait récupéré quelqu’un dans une ruelle, et cette personne avait également subi une grave injustice… Pourquoi n’était-elle pas surprise ?

Puisqu’il avait subi une grave injustice, une mauvaise personne était forcément impliquée.

Cale commença à expliquer : « Je suis un enfant illégitime. Mon père est mort il y a peu, et sa femme souhaite me tuer. »

« Pourquoi veut-elle te tuer ? Est-ce parce que tu hériteras de la fortune familiale ? » demanda Sylvie, confus.

« Tu crois réellement que ça pourrait être possible ? » Cale lâcha un rire sarcastique. « C’est parce que j’en sais trop. Mon père n’est pas mort de mort naturelle, mais a été empoisonné par sa femme, aidée par son amant. Mon petit frère, qui était censé avoir le même père et pas la même mère, n’est en réalité pas le fils de mon père, mais plutôt celui de l’amant de sa femme. Et son amant est en réalité… »

« Le petit frère de ton père », finit Carol froidement.

Cale resta sous le choc en entendant ces mots et s’écria : « Comment sais-tu ça ? »

Comment ? Parce que cette machination est tellement classique que les mots manquaient à Carol. On retrouve ce genre d’histoires dans presque toutes les villes !

« C’en est vraiment trop ! » Sylvie était si énervé qu’il sauta sur ses pieds en s’exclamant : « Comment ont-ils osé faire une chose aussi ignoble ? Non seulement ils ont tué ton père, mais en plus ils veulent également se débarrasser de toi ! »

« Tu ne nous as pas tout raconté », ajouta Carol avec indifférence. « Il y a quelques jours, tu as été vendu comme esclave, non ? Puisqu’ils t’ont d’abord vendu comme esclave et non pas tué directement, ce doit être parce que tu n’avais pas de preuve qu’ils avaient empoisonné ton père. Comme tu n’avais pas de preuve, ils n’avaient aucune raison de s’en prendre à toi. Qu’est-ce que tu as fait ? »

Cale se raidit et fixa Carol avec un regard rempli d’incrédulité. Il ouvrit la bouche, mais fut incapable de prononcer le moindre mot pour se défendre. Finalement, il se sentit découragé tandis qu’il répondait honnêtement : « Je suis revenu pour essayer de les tuer moi-même, mais j’ai échoué. »

Les yeux de Sylvie s’élargirent, et il cria : « T-Tu voulais tuer ta famille ? »

« Ils ne font pas partie de ma famille ! Ils ont tué mon père ! » rugit Cale, enragé.

Sylvie ouvrit la bouche, mais ne put rien répondre. Il sentait que Cale était lui aussi dans le vrai. Si ces personnes faisaient réellement partie de la famille, comment avaient-elles pu être cruelles au point d’empoisonner leur mari et frère ? Cependant, il était également inquiet à l’idée que Cale les tua pour se venger.

Carol se leva et ajouta froidement : « Tu n’as aucune preuve. Ce monde ne condamnera pas quelqu’un sur la seule base de ta parole. »

Cale resta figé sous le choc pendant un moment avant qu’une rage débordante ne fît son apparition sur son visage. Il en oublia même la peur qu’il ressentait à l’égard de Carol, et se leva, voulant charger dans sa direction. Sylvie se précipita pour le retenir, le tenant étroitement en lui disant précipitamment : « Cale ! Ne réagis pas comme ça. »

Carol jeta un regard totalement indifférent à Cale, ne montrant pas le moindre signe de peur face à la colère manifeste de Cale, visible à l’expression terrible de son visage et à l’intensité brûlante de ses yeux. Elle lança Ohmondieu à la tête de Sylvie sans regarder et informa les deux hommes : « Je vais me coucher. Avant que vous n’alliez dormir, n’oubliez pas de vérifier que le feu soit bien éteint. »

À ce moment précis, Sylvie se cramponnait toujours à Cale comme si sa vie en dépendait. En entendant les instructions de Carol, il hocha la tête : « D’accord, je vérifierai plus tard. »

Carol souleva le rabat de la tente et se glissa à l’intérieur.

Quand il ne vit finalement plus Carol, Cale parvint enfin à se calmer. Il était même un peu reconnaissant envers Sylvie, puisqu’il ne pensait pas pouvoir vaincre Carol dans un combat. S’il l’avait vraiment attaqué, il aurait probablement été réduit en bouillie… Non ! Il aurait probablement fini six pieds sous terre ?

Voyant que Cale s’était calmé, Sylvie le lâcha enfin et tenta de le réconforter en lui disant : « Carol est une bonne personne et réfléchira à une manière de t’aider ! »

« Une bonne personne ? » grogna Cale en se retournant. « Ce type ressemble à quelqu’un qui aurait assassiné de sang-froid un nombre incalculable de gens, et tu affirmes quand même que c’est une bonne personne ? »

« Carol est vraiment une bonne personne ! » Sylvie était incapable de nier qu’elle avait tué d’innombrables personnes. Après tout, elle était la Reine Guerrière qui avait dirigé l’armée durant la campagne contre les démons, donc comment aurait-elle pu n’avoir tué personne ? Même si ceux qu’elle avait tués à cette occasion étaient des démons, avant de se battre contre la race des démons, elle avait également participé à une campagne à travers le continent dans le but d’unifier tout le continent sous la bannière du Saint Roi.

« Carol est définitivement une bonne personne ! » répéta Sylvie avec fermeté.

 

 

Sylvie s’accrochait désespérément à la manche de Cale, refusant de le laisser partir, comme s’il craignait que l’autre personne disparût dans les bois en un clin d’œil.

Voyant la manière effarouchée dont Sylvie s’accrochait à sa manche, Cale garda le silence. Si Sylvie n’avait pas été aussi grand et manifestement un homme, il aurait réellement pensé qu’il était en réalité une femme… Non, une jeune fille.

En contraste, Carol, qui affichait en permanence un air féroce, ne permettant à personne de l’approcher, avait une stature frêle et délicate. Sans cette expression féroce, Cale aurait même pensé que c’était une femme. La personnalité et l’apparence d’à la fois Carol et Sylvie étaient terriblement mal assorties ; cela aurait été bien mieux s’ils avaient pu en faire l’échange tous les deux.

Cale fut tenté de soupirer avec tristesse, mais, en y réfléchissant bien, il n’y avait probablement rien qui irait mieux à Carol que les cheveux et les yeux noirs ; et Sylvie avait vraiment l’air du genre de personne à arborer des cheveux dorés et des yeux bleus étincelants.

« Cale, tu dois absolument rester avec nous ! » déclara très sérieusement Sylvie. « Tu es poursuivi par des gens qui veulent te tuer ! Toutefois, tant que tu nous suivras, rien ne pourra t’arriver ! Carol est une personne très forte après tout ! »

Cale n’en doutait absolument pas. Il était seulement dubitatif quant à la possibilité que Carol laissât un étranger poursuivi par des mécréants l’accompagner. Néanmoins, Carol ne l’avait pas empêché de les suivre et avait même laissé Sylvie rester avec lui, tandis qu’il partait devant pour ouvrir la voie.

« Cale, laisse-moi te raconter ! Carol est vraiment quelqu’un de très fort ! À part avoir un léger sale caractère… »

« Ohmondieu est mon compagnon depuis que je suis petit. Il m’a toujours aidé, et m’a sauvé à de multiples reprises depuis ma jeunesse… »

« Mon maître était un très bon barde. Je suis déterminé à devenir un barde digne de lui en suivant son exemple, mais j’ai encore un très, très long chemin à parcourir… »

… En fait, peut-être que Carol voulait juste que quelqu’un reste avec Sylvie pour l’écouter parler ? Cale avait l’impression qu’il préfèrerait marcher avec Carol en étant à moitié mort de trouille, plutôt que de marcher avec Sylvie et écouter ses jérémiades interminables !

Cale posa son regard sur Ohmondieu qui était perché sur la tête de Sylvie. Ses deux petits yeux étaient complètement fermés, et il semblait dormir profondément. Il commença à ressentir une pointe d’admiration pour la petite chose dorée. Avec le bruit constant émis par la bouche de Sylvie, couplé à une foulée un peu instable due à l’enthousiasme de ce dernier, cela ne devait vraiment pas être facile de dormir si profondément, surtout en étant posé sur sa tête !

Au strict minimum, il aimerait récupérer sa manche pour que sa main droite ne fût plus secouée dans tous les sens constamment. Comme c’était irritant !

Soudainement, la main sur sa manche se serra, et sans être capable de comprendre la situation, Cale fut tiré en arrière… Puis, il réalisa que devant ses yeux s’étalait un magnifique paysage, ce qui n’était pas une très bonne nouvelle, puisque cela signifiait qu’il était en train de glisser le long de la falaise.

Sylvie avait seulement glissé un peu vers l’arrière avant d’être rattrapé par Ohmondieu qui se tenait toujours sur sa tête.

Ohmondieu avait étiré une longue queue qu’il avait enroulée solidement autour du torse de Sylvie, tandis que le reste de son corps s’était accroché à une branche d’arbre.

Bien qu’Ohmondieu eût attrapé Sylvie, il n’en était pas de même pour Cale. Voyant qu’il était sur le point de dire adieu au monde des vivants, Cale tenta frénétiquement de s’agripper à tout ce qui se trouvait à sa portée. Malheureusement, la paroi était tout simplement trop lisse, et il fut incapable de trouver quoi que ce fût auquel se raccrocher… Tout aussi soudainement que sa chute avait commencé, elle s’arrêta nette, et il se retrouva suspendu dans le vide.

À cet instant-là, Cale avait l’impression que son cœur allait bondir hors de sa poitrine. Quand il osa lever les yeux vers le ciel, tout ce qu’il y avait dans son champ de vision était des taches rouges et noires… Carol avait agrippé sa main droite.

Il resta stupéfait, jusqu’à ce que Carol hissât son corps pour le mettre en sécurité. Il regagna ensuite ses esprits et, avec des sentiments mitigés, il bredouilla : « Me-Merci… »

Carol lui adressa un simple « Hmm » indifférent avant de se retourner, l’air absolument enragé. L’instant suivant, Carol réprimandait Sylvie sévèrement : « Ne me dit pas que non seulement tu vas te mettre en danger, mais également entraîner les autres avec toi ? »

Elle attrapa Sylvie par le col et lui rugit : « Quand quelqu’un marche à côté de toi, tu ferais mieux de passer plus de temps à prêter attention à la route ! Ne te contente pas de parler à l’infini ! C’est une chose de te mettre en danger, mais c’en est une autre de mettre la vie de tes compagnons de voyage en péril ! »

Sylvie secoua violemment la tête et s’excusa automatiquement auprès de Cale : « Je suis désolé, Cale. Je suis vraiment désolé ! »

Cale ignorait quoi lui répondre. Le fait d’être tombé de la falaise juste en marchant à côté de Sylvie lui donnait envie de l’engueuler, mais la rage de Carol était si terrifiante qu’il ressentait un peu de pitié envers Sylvie.

« Allons-y ! » lâcha Carol avec un grognement.

« Ou-Oui ! » Sylvie tira sur la manche de Cale, puis se lança à la poursuite de Carol.

Pendant tout le reste du voyage, Carol n’ouvrit pas la marche comme avant, mais marcha plutôt avec eux.

Bien qu’il passât très proche de mourir en tombant quelques instants auparavant, Sylvie recommença à parler sans arrêt, sans prêter la moindre attention à la route.

« On t’a déjà averti de porter plus attention à la route, non ? » lui rappela Cale dans un murmure.

Sylvie parut surpris pendant un moment, puis répondit comme s’il s’agissait d’une vérité absolue : « Carol marche avec moi ! Je n’ai pas besoin de faire attention pour le moment ! »

… Peut-être que Carol est vraiment une bonne personne en fait, pensa Cale en son for intérieur.

La Légende du Chevalier du Soleil T5Prologue : Le soleil scellé

La Légende du Chevalier du Soleil Tome 5 : La Liche Immortelle, Partie 1

Roman d’origine en chinois par : 我 (Yu Wo)


Prologue: The Sealed Sun – traduit du chinois à l’anglais par raylight[PR!]
Prologue : Le soleil scellé – traduit de l’anglais vers le français par AkaiiRia
+ travail de vérification par Nocta

« Arrête-toi ! »

Je cessai d’avancer. Même si ces personnes ne représentaient aucune menace pour moi, m’arrêter pour m’amuser un peu avec elles semblait être une bonne façon de passer le temps.

« Regarde-nous… Tourne-toi, ouvre les yeux et regarde-nous ! » Je pouvais entendre que l’individu essayait de réprimer la contrariété dans sa voix, mais y arrivait très mal. En fin de compte, il hurlait pratiquement le reste de ses paroles.

« Pourquoi donc ? » Je choisis de ne pas suivre ses ordres et me contentai de sourire en disant : « Je n’ai pas besoin d’ouvrir les yeux. Je peux tous vous voir, et je perçois tout très clairement. »

Oui, je pouvais tout voir très clairement. Le temple derrière moi était à l’origine un édifice ordonné et spectaculaire. À l’entrée, il y avait deux gigantesques portes en pierre. Quand les portes étaient fermées, le centre formait un grand symbole représentant le soleil. De chaque côté se dressaient de longs piliers. Derrière les piliers de pierre, il y avait d’énormes murailles en forme d’éventails qui s’étendaient pour entourer une place centrale archée.

Cependant, qu’il s’agît de la porte, des piliers ou des murs, tout était orné de décorations insignifiantes, m’obligeant à dépenser davantage d’efforts physiques et mentaux que d’habitude pour percevoir ces choses inutiles !

Néanmoins, à présent, tout avait l’air beaucoup mieux. Tous les piliers s’étaient écroulés au sol, les motifs de décoration avaient été aplatis, et j’avais déjà détruit les deux gigantesques portes en pierre en les faisant exploser. Le temple tout entier avait été transformé en un énorme tas de pierres. Ainsi, percevoir le tout était devenu beaucoup plus aisé. Tout ce que j’avais besoin de percevoir était la forme grossière des choses pour éviter de trébucher sur des rochers en marchant. Pour ce qui était du genre de motifs décoratifs se trouvant sur les pierres, ils n’avaient plus aucune importance désormais.

« Sun ! Tourne-toi et regarde-nous ! »

Comme ce type est agaçant !

Je me téléportai simplement devant lui, avec seulement une distance d’environ dix centimètres restant entre nous, et ouvris ensuite les yeux. Tandis que je parlais, je lui crachai mes paroles au visage à chaque expiration. « Comme tu le voudras. Comment oses-tu me retenir et m’ordonner d’ouvrir les yeux ! Aurais-tu envie de mourir à ce point ? »

La respiration de l’autre personne s’accéléra, et l’homme dit avec panique : « Tes yeux… »

« Qu’est-ce qu’ils ont ? » Je le narguai. « Sont-ils noirs eux aussi ? Est-ce si inhabituel ? Mes yeux ne sont pas les seules choses à avoir changé de couleur. »

Au lieu de cela, il nia catégoriquement : « Ils ne sont pas noirs… Ils sont… »

« Je ne veux rien entendre ! » Après avoir poussé un grognement sourd, je ridiculisai : « Je suis incapable de voir la couleur que tu dirais de toute manière. Alors, le monde entier n’a besoin d’être que d’une seule couleur, et ce sera suffisant. C’est le noir, noir, et noir ! Hahaha ! »

Je relâchai une soudaine explosion de l’élément des ténèbres et envoyai valser son corps tout entier. Il avait déjà des blessures graves au départ, alors il était complètement dans l’incapacité de contrer l’attaque. Immédiatement après s’être pris l’attaque de plein fouet, il effectua plusieurs tonneaux sur le sol et se couvrit ensuite la bouche avec la main en toussant violemment. Ce qu’il expulsa hors de sa bouche en toussant fut du sang.

Parmi les chevaliers jonchant le sol, seuls deux d’entre eux étaient encore capables de tenir debout. Dès qu’ils virent que la personne grièvement blessée crachait beaucoup de sang, ils révélèrent instantanément une expression anxieuse et se levèrent pour l’aider à se relever. Toutefois, leurs propres blessures n’étaient pas non plus légères. Quand ils soulevèrent l’homme, ils manquèrent de basculer d’un côté et de l’autre. S’ils étaient réellement tombés, dans ce cas j’imagine que leurs blessures à tous les trois seraient devenues encore plus graves. Ils seraient tout bonnement morts par stupidité !

Me moquant, je déclarai : « Quelle bande d’imbéciles vous faîtes ! Si vous étiez restés éloignés de cet homme, vous auriez peut-être pu garder la vie sauve. »

Ils levèrent tous les trois la tête, et l’imbécile, qui était soutenu par les deux autres, rugit à mon intention : « Sun ! C’est vraiment ce que tu crois ? »

« Je suis Grisia. » répliquai-je avec mécontentement. Que vais-je devoir faire pour que ce type se souvienne enfin de mon nom ? Je l’ai toujours appelé par son nom. Il s’appelle… Euh ! Quel est son nom déjà… Ah, oui, c’est Lesus !

Je me souviens à présent. Avec un sourire, je dis : « Lesus du Jugement, si tu t’agenouilles devant moi et m’appelle Grisa, peut-être que j’envisagerai l’idée de t’épargner. »

Lesus me fixa du regard, et son expression afficha… du chagrin, je présume ? Peut-être que c’est le cas, ou peut-être que je m’imagine des choses. Il est sans doute juste contrarié. Qui sait, peut-être qu’il songe réellement à savoir s’il devrait s’agenouiller et me supplier de l’épargner ? Hahaha !

À ce moment précis, l’un des chevaliers qui soutenaient Lesus s’écria subitement : « Tu n’es pas Sun, et tu n’es pas non plus Grisia. Tu n’es rien du tout ! »

Je cessai brusquement de rire et toisai froidement celui qui avait parlé. Cette personne était… Chikus. C’est ça, son nom est Chikus. Il a cette sale manie de toujours me dire des choses que je n’aime pas entendre.

« Tue-les, Roland. Tue-les tous… » Je m’arrêtai un instant et désignai Lesus du doigt en ajoutant : « Sauf celui-là. Je vais personnellement lui régler son compte ! Tu peux commencer, j’ai envie d’admirer l’expression d’impuissance sur son visage alors que ses collègues meurent les uns après les autres ! »

« Compris ! » Roland me dépassa et marcha jusqu’à Lesus et les autres. Dans sa main, il tenait son héritage familial, une épée maudite.

C’est étrange, était-il là il y a un instant ? J’étais un peu soupçonneux. Théoriquement, rien ne devrait pouvoir échapper à mes capacités de perception, en particulier l’élément des ténèbres dense qui émanait de Roland.

Au même moment, Roland fondit vers l’avant avec sa lame, sa vitesse telle qu’il ne laissa qu’une traînée de lumière sombre derrière lui. Ce ne fut que lorsqu’il brandit son épée en direction de Chikus que je pus le voir nettement. Chikus fut complètement incapable de réagir à temps, et l’épée s’abattit sur son l’épaule. Celle-ci le traversa de part en part jusqu’à la poitrine, lui tranchant peut-être même le cœur en deux.

Avant même d’avoir le temps de pousser un hurlement, Chikus s’effondra sur-le-champ.

« Blaze ! »

L’autre chevalier qui soutenait Lesus était Elmairy. Il hurla avec agitation et s’apprêtait à foncer pour aider son autre collègue. Cependant, Roland retira l’épée du cadavre de Blaze et, d’un coup du revers, il parvint à couper net la tête d’Elmairy.

Je m’avançai vers le dernier chevalier avec un rire maniaque. À présent, il ne reste que Lesus. Celui-là… J’ai envie de m’occuper de lui personnellement !

Tout à coup, une ombre passa à toute vitesse et vint se tenir devant Lesus. Il s’agissait d’Ecilan. Il écarta les deux bras pour protéger Lesus et me cria : « Sun, arrête-toi maintenant ! Est-ce que tu te rends même compte de ce que tu es en train de faire ? Aucun des Douze Chevaliers Sacrés ne ferait jamais de mal aux autres Douze Chevaliers Sacrés, c’est toi-même qui l’as dit par le passé ! »

Je reniflai froidement en réponse, et Roland se précipita vers lui immédiatement. Il leva son épée et, de deux coups de sa lame, il blessa Ice en le marquant d’un X sur la poitrine. La blessure était si profonde qu’on pouvait voir le blanc de ses os.

Après avoir accompli son travail, il retira sa lame et recula de quelques pas. Ecilan s’écroula ensuite lentement. Évidemment, c’était le genre de chute dont personne ne pouvait jamais se relever.

« Arrête ! Arrête ! »

Lesus avait l’air si empreint de douleur, au point de donner l’impression de souhaiter être mort. Ce dernier leva une épée qui irradiait de la lumière sacrée… C’est étrange. Tenait-il cette épée il y a un instant ? J’étais de nouveau soupçonneux. Néanmoins, ce que dit Lesus par la suite attira automatiquement mon attention.

« Grisia, Grisia ! Je t’en supplie, prends l’Épée Divine du Soleil ! Prends-la ! »

« Puisque tu m’as appelé par mon nom… Très bien, comme tu voudras. »

Je marchai jusqu’à lui et tendis la main pour saisir l’Épée Divine du Soleil. La lumière sacrée à la surface de l’épée me fit me sentir extrêmement inconfortable. Elle m’aveuglait presque. Sur mes mains, je pouvais ressentir une sensation de chaleur, mais elle ne me faisait pas mal.

À cet instant, Lesus révéla une expression d’espoir. Il essaya d’appeler : « Sun ? »

Après que je l’eus regardé et lui eus retourné un sourire, il me sourit également. Toutefois, par la suite, il baissa la tête pour contempler le sol couvert de cadavres et, avec une grande souffrance apparente, il dit : « Su-Sun… Ne rejette pas trop le blâme sur toi; tout ça n’a rien à voir avec toi. Tout ça est la faute de la personne qui a causé leur mort. »

« Non, ça a quelque chose à voir avec moi. » Je rétorquai avec un sourire : « Parce que c’est moi qui ai ordonné à Roland de les tuer. »

Lesus se raidit.

À ce moment, j’enfonçai l’Épée Divine du Soleil vers l’avant et, avant même que Lesus eût cessé de bouger, la lame de l’épée avait déjà pénétré son torse, ne laissant dépasser que le pommeau.

Lesus tituba, mais parvint tout de même à tenir debout. Il leva même la tête et, avec un sourire amer, il décréta : « Grisia… Non, tu n’es pas Grisia. Même si tu avais été Grisia, celui-ci ne nous aurait jamais tués. Grisia est mort. Il est mort depuis longtemps. Tu n’es… Tu n’es que… »

Je suis… ?

Lesus, Lesus ! Ne t’écroule pas mort tout de suite, dis-moi…

Qui suis-je exactement ?

La Légende du Chevalier du Soleil Histoire Parallèle #14 : Quand mon Maître n’était pas encore mon Maître – Partie 3

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La Légende du Chevalier du Soleil : Histoires Parallèles

Roman d’origine en chinois par :  Yu Wo 


Side Story #14: When Teacher Wasn’t Yet Teacher Part Three – traduit du chinois vers l’anglais par Lucathia[PR!]
Histoire parallèle #14 : Quand mon Maître n’était pas encore mon Maître – Partie 3 – traduit de l’anglais vers le français par Nocta
+ Travail de vérification par AkaiiRia

« Je viens au rapport, Capitaine-Chevalier du Jugement. Je suis seulement parvenu à découvrir que le Chevalier du Soleil s’est préalablement rendu dans ce quartier avant de disparaître. Je n’ai pas réussi à découvrir autre chose. »

Kleenly rassembla son courage pour faire son rapport, en pressentant que les jours lui étaient comptés avant qu’il ne fût traîné de force et cloué au pilori.

Les sourcils de Chasel se froncèrent, et ce dernier contempla l’étroite allée devant laquelle ils se trouvaient. Ils avaient quitté les rues principales de la Cité du Bourgeon et se trouvaient déjà à bonne distance de l’Église du Dieu de la Lumière. Cependant, il ne trouvait pas étrange que Neo fût venu ici. Leur Chevalier du Soleil avait toujours été un grand imbécile pour ce qui était de son sens de l’orientation. Peu importe l’endroit où il se retrouverait dans la Cité du Bourgeon, cela n’aurait rien d’insolite.

Même si Neo prétendait toujours qu’il se baladait, tout le monde connaissait la vérité. Si vous ne vouliez pas que Neo fût en retard, ou si vous désiriez qu’il se présentât tout simplement à un rendez-vous ou une réunion, il valait mieux lui laisser un guide.

Après que Chasel eut murmuré ses pensées en aparté, il ordonna à Kleenly : « Nous allons entrer dans l’allée. Tu vas demander aux gens des environs si quelqu’un a vu un homme blond aux yeux bleus et à la peau pâle venir ici. Ne dis pas que c’est le Chevalier du Soleil. Neo ne portait peut-être pas son uniforme. »

Neo était une personne tellement tape-à-l’œil. Il devrait avoir laissé une forte et durable impression aux gens.

Chasel se tint sur le côté et observa la scène, tandis que Kleenly interrogeait chaque résident. Pour être franc, si cela avait été possible, il aurait voulu mener l’interrogatoire lui-même. De cette façon, il aurait pu chercher les sens cachés derrière leurs paroles. Malheureusement, il était entièrement vêtu de noir, et il dégageait une impression sérieuse et imposante. Une personne ordinaire se mettrait sur ses gardes dès qu’il ou elle l’apercevrait. Il n’était vraiment pas fait pour poser des questions — à moins que l’interrogatoire n’eût lieu au Tribunal.

Kleenly continua de questionner davantage d’habitants. Ils se souvenaient tous de Neo, mais personne ne lui avait parlé. Finalement, ils parvinrent à trouver quelqu’un qui possédait des informations utiles.

« Cette personne semble avoir discuté avec Aris. C’est la fille de la famille Hills. Sa maison se trouve au coin de cette rue là-bas. Quelle pauvre enfant ! Pour commencer, elle a perdu ses parents, et maintenant… »

Lorsqu’il obtint cette information, Kleenly tourna la tête et regarda Chasel. Ce dernier lui indiqua de se rendre au coin de la rue et de frapper à la porte.

Juste après avoir frappé, une jeune femme ouvrit la porte et se tint timidement dans son embrasure. Elle avait l’air d’avoir environ quinze ans.

Elle est encore si jeune. Ne me dîtes pas qu’elle est l’une des nombreuses conquêtes de mon Capitaine ? L’imagination de Kleenly s’emballa.

« Bonjour. » Voyant que la jeune femme le dévisageait avec méfiance et crainte, Kleenly fit de son mieux pour adoucir son ton. « Puis-je vous demander si vous êtes bien Aris ? »

La jeune femme acquiesça.

« Je suis un chevalier sacré de l’Église du Dieu de la Lumière, et je suis actuellement en train d’enquêter sur une affaire. Avez-vous parlé avec un homme blond aux yeux bleus récemment ? »

Aris hésita l’espace d’un instant, mais répondit tout de même : « Oui, en effet. »

« De quoi avez-vous parlé tous les deux ? »

La jeune femme refusa d’en dire plus. Elle fronça les sourcils et eut l’air de vouloir fermer la porte.

Kleenly expliqua immédiatement : « Cette personne est mon Capitaine. Récemment, il est revenu gravement blessé, mais il refuse d’expliquer quoi que ce soit. Nous voulons juste savoir ce qu’il s’est passé pour empêcher qu’il ne reçoive de si lourdes blessures à l’avenir ! »

Après avoir dit cela, Kleenly s’arrêta net, réalisant ce qu’il venait tout juste de dire et découvrant qu’il n’était en fait pas aussi indifférent qu’il l’avait cru quant au « style de vie paisible » qu’il avait mené ces dernières années. Lui et les autres disaient souvent que leur vie quotidienne était merveilleusement relaxante comparée à celle des autres pelotons.

Il était vrai qu’elle avait été relaxante, mais elle avait aussi été extrêmement monotone… Kleenly se sentait un brin abattu.

« Le Capitaine ne veut rien nous dire. Il pourrait tout aussi bien n’y avoir aucun membre dans son peloton, non ? Ah, ce n’est pas tout à fait exact non plus. Au moins, il a toujours besoin de nous pour “corriger des documents” », déclara-t-il d’un ton plein d’autodérision.

En l’entendant, la méfiance d’Aris s’estompa enfin. Elle essaya même de le consoler en lui disant : « Ne soyez pas triste. Cette personne a l’air d’être quelqu’un qui ne sait pas comment agir de concert avec les autres. »

Kleenly la dévisagea avec gratitude.

« Quand je l’ai rencontré, j’étais agenouillée devant ma maison, en pleurs. Ce grand frère est passé là par hasard et m’a demandé pourquoi je pleurais. Je lui ai révélé que mon petit frère avait disparu. »

« Comment a-t-il disparu ? » Kleenly était plutôt surpris. Il n’aurait jamais pensé que son Capitaine pût se préoccuper d’une jeune femme en larmes au bord de la route, tout particulièrement lorsqu’elle n’avait que quinze ans, ce qui la plaçait hors de la « catégorie » tombant sous la protection de son Capitaine.

Les lèvres d’Aris tremblèrent, et des larmes s’écoulèrent de ses paupières, lorsqu’elle expliqua : « Il jouait dehors quand un sale type l’a saisi de force. J’ai vu la scène se dérouler à travers la fenêtre, et je me suis lancée à leur poursuite, mais je n’ai pas du tout réussi à les rattraper. Il a disparu si simplement et abruptement, mon seul et unique frère ! »

En voyant ses joues trempées de larmes, Kleenly ne sut que faire.

« De quoi avait l’air le malfaiteur, et que portait-il ? »

Lorsqu’Aris redressa la tête, son champ de vision fut complètement obscurci par du noir. Elle fit un bond en arrière sous le choc, et referma immédiatement la porte avec un « bang » retentissant.

« … »

Chasel lui commanda froidement : « Qu’est-ce que tu attends pour frapper ? »

Kleenly s’empressa de frapper et expliqua : « C’est notre Capitaine-Chevalier du Jugement… »

De derrière la porte leur parvint un petit cri. Après un long moment, la porte s’entrouvrit légèrement, ne révélant que la moitié du visage de la personne terrifiée qui se trouvait derrière la porte.

Aris murmura : « Il portait des vêtements qui n’étaient pas vraiment à sa taille. Il avait un couteau accroché à la ceinture. »

« Est-ce qu’il avait quoi que ce soit d’accroché à ses mollets ? » s’enquit Chasel en détail.

Aris cligna des paupières et ouvrit la porte en grand. Elle s’écria sous l’effet de la surprise : « Vous demandez la même chose que ce grand frère ! Il y avait quelque chose ! Il y avait de nombreuses lanières de cuir enroulées autour de ses jambes ! »

« Je vois. C’est un des bandits des montagnes », dévoila Chasel avec douceur. « Leurs vêtements ne leur vont pas parce qu’ils sont volés pour la plupart. Ils doivent attacher les jambes de leur pantalon quand ils voyagent à travers les montagnes pour éviter que les moustiques et autres insectes ainsi que les sangsues ne rentrent. »

La vérité apparaissait au grand jour. Neo était mystérieusement parti exterminer un groupe de bandits, parce qu’il avait entendu l’histoire d’Aris.

« Pourrez-vous sauver mon frère ? » Aris dévisagea les deux personnes devant elle avec espoir. Elle leur demanda : « Ce grand frère m’a dit de ne pas m’inquiéter et que mon frère rentrerait assurément à la maison. A-t-il dit vrai ? »

Kleenly ne savait pas comment répondre. Le Chevalier du Soleil était bien revenu, mais le frère d’Aris n’était de toute évidence pas rentré. Cela veut-il dire…

« Ce grand frère dont vous parlez est le Chevalier du Soleil de l’Église du Dieu de la Lumière », décréta Chasel de sa voix grave. « Si le Chevalier du Soleil a dit que votre frère rentrera, alors il le fera ! Oseriez-vous douter de la parole du Chevalier du Soleil ? »

Bien qu’Aris fût légèrement effrayée par l’expression glaciale du Chevalier du Jugement, ce qui emplit son cœur à cet instant fut l’espoir et non la peur. Avec un sourire baigné de larmes, elle affirma : « Je n’oserais jamais. »

 

 

Après avoir quitté l’allée, Kleenly s’enquit anxieusement à voix basse : « Capitaine-Chevalier du Jugement, est-ce vraiment bien de votre part d’affirmer une telle chose ? Nous ne savons pas où cet enfant a pu être revendu… »

« Neo ne laissera pas passer cela », l’interrompit Chasel. « Il n’a jamais connu le sens du mot abandonner. Puisqu’il en a fait la promesse à cette fille, il poursuivra ces brigands jusqu’au bout du monde, et ramènera le frère de celle-ci à la maison quoi qu’il advienne ! »

Ah bon ? Le Capitaine a vraiment un trait de caractère de ce genre ? Kleenly baissa la tête, quelque peu abattu, et dit : « Je ne connais pas assez bien mon Capitaine. »

Chasel ressentit une fois de plus l’envie de passer un sérieux savon à Neo.

« Si tel est le cas, alors vous devriez tous saisir cette opportunité pour montrer au Chevalier du Soleil que son peloton est utile ! Aucun de vous ne lui a été assigné afin de corriger des documents. Vous êtes tous capables de gérer des affaires bien plus importantes ! »

Kleenly redressa brusquement la tête. Nous pouvons nous occuper de cas bien plus importants… C’est vrai, au début, quand j’ai été choisi pour seconder le Chevalier du Soleil, le chef du Temple Sacré, je m’étais préparé à faire face à toutes sortes de difficultés et d’obstacles, et leur difficulté m’importait peu. Pourtant, quand ai-je commencé à me contenter de ma petite vie tranquille ?

Ce n’est pas ce que je voulais !

« Oui, nous prouverons notre valeur au Capitaine ! »

Voyant son expression déterminée, Chasel hocha la tête avec satisfaction. Voilà le Kleenly que je voulais à l’origine.

 

 

Toc, toc.

Après qu’on eût frappé à la porte, une voix à l’intérieur de la pièce s’enquit : « Qui est-ce ? »

« C’est Kleenly. »

« … Qui ? »

Kleenly réprima silencieusement la tristesse qu’il ressentit et clarifia : « Votre nouveau vice-capitaine. »

« Oh. Entre. »

Lorsqu’il entra, il vit que Neo était allongé sur le lit. Neo dévisagea Kleenly des pieds à la tête et demanda avec curiosité : « Pourquoi Chasel t’a-t-il choisi pour devenir mon vice-capitaine ? »

Kleenly répondit honnêtement : « Pour répondre à votre question, Capitaine-Chevalier du Soleil, je l’ignore. »

« Donc, tu ne le sais pas non plus… Eh bien, tant pis. Avec la personnalité de Chasel, c’est plus que probablement parce que tu es l’un des meilleurs au classement du Temple Sacré. »

Kleenly fut pris de court. Il était vrai que son classement était plutôt bon. Mon classement a donc été pris en considération ?

Non, la raison pour laquelle le Chevalier du Jugement l’avait choisi importait peu.

« Même si tu es mon vice-capitaine, tu peux juste continuer de faire ce que tu faisais avant. Tu n’as qu’à prendre ces documents et… »

Encore des documents ! Kleenly serra les dents et se prépara à couper son Capitaine en pleine phrase.

« Capitaine, j’ai préparé un plan. »

Neo s’interrompit et demanda avec confusion : « Quel plan ? Qui a décidé que tu devais faire un plan ? »

« Je l’ai décidé », répondit fermement Kleenly.

Neo ouvrit la bouche. Il contempla le membre de son peloton dont l’expression n’avait rien à voir avec celle qu’il avait l’habitude d’afficher par le passé. Neo en perdit ses mots.

« Parle. »

En entendant cela, la tension que Kleenly avait accumulée se relâcha en grande partie. Il s’approcha du lit et déplia une carte en expliquant : « Capitaine, j’ai fait des recherches sur tous les groupes de bandits du royaume. J’ai découvert qu’il y avait presque vingt grands groupes. Voici les endroits possibles pour leurs repaires. Je pense qu’ils représentent une disgrâce totalement infâme pour l’ordre public du Royaume du Son Oublié. Ils sont également un profond danger pour les citoyens, aussi je suggère que nous travaillions de concert avec les églises locales pour mener des troupes et les exterminer ! »

« Des groupes de bandits… » marmonna Neo, « Je comprends à présent. C’est Chasel, n’est-ce pas ? Tu es allé enquêter avec lui pour savoir pourquoi j’ai décimé un groupe de bandits ? »

Kleenly s’immobilisa. Son expression révéla à Neo tout ce qu’il avait besoin de savoir.

Neo fronça les sourcils, mais il rit et continua : « Je savais que Chasel et les autres ne lâcheraient pas l’affaire aussi facilement. Si l’un d’entre eux rentrait blessé, je ferais de même… »

Après en avoir dit autant, Neo leva la tête et regarda Kleenly : « Dis-moi ce qui doit être fait. »

Que Neo acceptât de l’écouter provoqua une éruption d’émotions inexprimables à l’intérieur de Kleenly. Il se mit immédiatement à expliquer : « Il y a presque vingt groupes de bandits. Si nous les attaquons un par un, les autres groupes vont sûrement se mettre sur leur garde et se cacheront encore plus loin, ce qui les rendra difficiles à localiser. C’est pourquoi nous devrions nous associer avec les églises locales et diviser notre attaque pour nous saisir de dix repaires à la fois. En l’espace de peu de temps, nous enchaînerons avec une deuxième vague d’attaques pour qu’ils ne puissent pas avoir le temps de changer de lieux. »

Neo acquiesça. « Ça ne me semble pas mal. Je ne suis pas très doué pour ce genre de choses… OK ! Tu seras responsable de faire ces arrangements. Souviens-toi juste de me nommer chef des troupes. Pour résumer, tu peux juste m’utiliser comme une pièce à employer sur un échiquier pour charger en avant et briser les lignes ennemies ! »

« Je n’oserais jamais vous traiter comme une pièce d’échec, Capitaine ! » s’écria Kleenly, surpris. « Capitaine-Chevalier du Soleil, ce n’est pas mon intention ! »

« Quelle intention ? » le rabroua Neo avec impatience. « Assez de balivernes ! Tu veux annihiler ces bandits ou non ? »

« B-Bien sûr que je le veux ! » s’empressa de répondre Kleenly.

« Alors, va organiser tout ça, et assure-toi de me laisser mener les troupes. Tu n’as qu’à me dire quoi faire quand le moment viendra. »

La situation n’est-elle pas à l’inverse de ce qu’elle devrait être ? Normalement, ne devrait-ce pas être au Chevalier du Soleil de décider de la stratégie à ordonner aux membres du peloton ? Kleenly eut l’impression que son esprit était un peu embrouillé.

« Oh, c’est vrai. » Neo se retourna subitement et se leva du lit. Il grinça des dents et déclara : « Chasel a mentionné la dernière fois que vous aviez perdu contre le Peloton du Chevalier du Jugement ? Viens. Nous allons nous entraîner ! »

Face à cette situation, Kleenly se dépêcha de protester : « Capitaine, vous êtes encore en convalescence ! Nous allons pratiquer nos compétences à l’épée avec diligence. S’il vous plaît… »

Neo gronda : « Quelle convalescence ! Je suis déjà rétabli, et cela fait si longtemps que je suis couché que j’en ai des fourmis dans tout le corps ! »

« Mais, le Chevalier du Jugement a dit que… »

Neo s’approcha tout à coup et le questionna : « Quoi ? Es-tu mon vice-capitaine ou celui de Chasel ? »

« Naturellement, je suis le vôtre ! » L’expression sévère de Neo terrorisa tellement Kleenly qu’il répondit du tac au tac, mais, puisque Neo s’était approché de si près, il remarqua également que son teint était bien plus pâle que d’ordinaire. On ne pouvait vraiment pas dire qu’il était « rétabli ».

Une fois qu’il s’en fut aperçu, Kleenly se calma immédiatement. Bien que l’expression du Chevalier du Soleil fût pleine de sévérité, Kleenly s’inquiétait davantage pour son « teint pâle ». Il hocha la tête et proposa : « Capitaine, s’il vous plaît, patientez un instant. Je vais rassembler les membres du peloton et leur indiquer de se préparer au terrain d’entraînement. Puis, je viendrai vous chercher pour que vous puissiez les superviser. »

« D’accord. » Neo acquiesça avec satisfaction, subitement convaincu qu’avoir un vice-capitaine n’était pas une si mauvaise chose.

Lorsqu’il eut quitté la pièce, la démarche de Kleenly se fit vive et empressée. Il devait rassembler le peloton et aussi… se rendre au Tribunal.

Capitaine-Chevalier du Soleil, je suis bien sous vos ordres, mais vous m’avez aussi ordonné d’obéir au Chevalier du Jugement, c’est pourquoi je vais suivre son commandement.

La Légende du Chevalier du Soleil Histoire Parallèle #13 : Quand mon Maître n’était pas encore mon Maître – Partie 2

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La Légende du Chevalier du Soleil : Histoires Parallèles

Roman d’origine en chinois par :  Yu Wo 


Side Story #13: When Teacher Wasn’t Yet Teacher Part Two – traduit du chinois vers l’anglais par Lucathia[PR!]
Histoire parallèle #13 : Quand mon Maître n’était pas encore mon Maître – Partie 2 – traduit de l’anglais vers le français par Nocta
+ Travail de vérification par AkaiiRia

Lorsque Chasel contempla le Peloton du Chevalier du Soleil qui s’était assemblé devant lui, l’expression sur son visage s’assombrit. Chaque chevalier sacré en mesure de rejoindre les pelotons des Douze Chevaliers Sacrés avait dû passer une sélection très rigoureuse, et cela était encore plus vrai pour le Peloton du Chevalier du Soleil. Si un chevalier sacré ne possédait pas une force excellente ou au moins des qualités que les autres n’avaient pas, il lui était impossible de devenir l’un des membres du peloton du chef du Temple Sacré.

Qui diable sont ces hommes paresseux qui se tiennent devant moi ?

Le regard de Chasel balaya les membres du peloton. Il en reconnut plusieurs. Son maître n’était pas une personne tyrannique ; avant de choisir les membres du peloton de Chasel, il lui avait envoyé une liste qu’il avait lue avec soin, même si son maître lui avait aussi mentionné qu’il ne serait peut-être pas en mesure d’acquérir ces hommes. Il avait simplement désiré que Chasel sélectionnât les quelques hommes qu’il voulait le plus, et il aurait fait de son mieux pour les obtenir.

Chasel repéra un homme qu’il avait demandé à son maître d’obtenir à n’importe quel prix. À l’origine, il avait espéré le recruter et avait prévu d’en faire son vice-capitaine après une période d’essai. Cependant, celui-ci était tout simplement trop populaire et avait déjà été sélectionné par le précédent Chevalier du Soleil.

Le candidat le plus populaire à cette époque est à présent dans cet état. Chasel ressentit une indescriptible fureur. Il plissa les yeux. Il se souvenait que le nom de cet homme était…

« Kleenly »

Le chevalier sacré qui se tenait au milieu fut pris au dépourvu. Il s’avança et répondit :

« Présent ! »

Au moins, sa réponse est assez rapide. Même si Chasel n’était toujours pas satisfait, au moins on pouvait dire de cet homme qu’il était le plus animé et discipliné de tous ces chevaliers sacrés faignants.

Chasel plissa à nouveau les yeux, mais de façon inquiétante, et lui demanda : « Avez-vous entendu parler de ce qui est arrivé au Capitaine-Chevalier du Soleil ? »

Les yeux de Kleenly s’écarquillèrent. Finalement, il répondit avec nervosité : « Il est arrivé quelque chose au Chevalier du Soleil ? »

Lorsque les autres entendirent la conversation, leurs regards se firent plus attentifs, et ils corrigèrent leur posture, ne restant plus aussi négligents qu’auparavant. Toutefois, cela contraria encore davantage Chasel.

Le Chevalier du Soleil ? Ces membres du peloton s’adressent à leur capitaine de la même façon qu’une personne ordinaire ?

« Le Capitaine-Chevalier du Soleil est rentré au Temple Sacré gravement blessé. »

Les hommes devant lui furent incapables de réagir immédiatement. Leurs esprits continuaient de considérer la signification des deux mots « gravement blessé ». Quelqu’un avait-il calomnié le Chevalier du Soleil au point de le blesser mentalement ?

Peu importe à quel point ils tournaient, retournaient et déformaient la question dans leur tête, ils ne parvinrent pas à relier le Chevalier du Soleil aux mots « gravement blessé ».

« Après avoir été soigné par les prêtres-guérisseurs, la vie du Capitaine-Chevalier du Soleil n’est plus en danger. Est-ce que l’un d’entre vous a connaissance de l’itinéraire de Neo hier ? » Idéalement, c’était le vice-capitaine qui devrait rendre compte de ce genre de détails, mais ce fichu Neo n’avait même pas nommé de vice-capitaine. Chasel était obligé de tous les consulter.

Il était « gravement blessé » ! Tout le monde était tellement sous le choc que leurs têtes se vidèrent. Le Chevalier du Soleil a réellement été blessé ? Quelqu’un a été capable de le blesser ?

Impatient, Chasel rugit : « Répondez-moi ! Où est allé Neo hier ? »

Cela les choqua encore davantage. L’imbattable Chevalier du Soleil avait reçu de graves blessures, et le gentil Chevalier du Jugement était dans une colère noire. Oh, Dieu de la Lumière… Que se passe-t-il aujourd’hui ?

Le regard de Chasel les transperça tel un couteau aiguisé. Ils avaient depuis longtemps abandonné leur attitude négligée et se tenaient parfaitement droits. Toutefois, peu importe à quel point chacun d’entre eux souhaitait répondre immédiatement à la question du Chevalier du Jugement, personne n’ouvrit la bouche pour le faire.

Chasel ne put que regarder en direction de Kleenly. D’autant que Chasel pouvait en dire, puisqu’il s’était agi du candidat le plus populaire à l’époque, il y avait de quatre-vingt à quatre-vingt-dix pour cent de chance qu’il fût l’assistant le plus apte du Peloton du Chevalier du Soleil. Il se pouvait qu’il en sache davantage.

Kleenly ignorait comment il était devenu la cible de l’attention du Chevalier du Jugement et pourquoi celui-ci connaissait même son nom. Puisqu’il s’était fait désigner, il ne put que rassembler son courage et lui répondre.

« Le Chevalier du Soleil nous a seulement ordonné de nous occuper de la paperasse. Il ne nous a jamais donné d’ordres relatifs à quoi que ce soit d’autre. » Il hésita avant de poursuivre : « Le Chevalier du Soleil nous a dit : “Ne venez pas me déranger pour une affaire sans importance”, donc nous… Nous n’allons voir le Chevalier du Soleil que pour recevoir ses instructions sur les documents les plus importants. Nous ne savons pas sur quelle affaire il travaillait récemment. »

Lorsqu’il eut fini, il vit le visage du Chevalier du Jugement s’assombrir soudainement. L’impression de gentillesse qu’il dégageait habituellement s’était transformée plus ou moins en… la présence émise par le Chevalier du Jugement dans les légendes.

« Notre devoir ces dernières années a été de corriger des documents. Après avoir fini cette tâche, nous n’avons rien d’autre à faire, et le Chevalier du Soleil ne nous a jamais donné d’autres ordres, c’est pourquoi… »

Plus Kleenly parlait, plus l’expression du Chevalier du Jugement s’assombrissait, faisant trembler d’effroi les cœurs de toute la troupe.

« Toi, tu viens avec moi. »

Pour commencer, Chasel désigna Kleenly. Après lui avoir donné un ordre, il désigna une personne au hasard et commanda : « Toi, tu vas aller chercher mon vice-capitaine. Dis-lui de venir me trouver au Sanctuaire de la Lumière. Quant à tous les autres… »

Il prit une profonde inspiration avant de crier : « En tant que membres du Peloton du Chevalier du Soleil, vous avez osé tirer au flanc et vous relâcher autant sur la discipline ! Juste parce que le Chevalier du Soleil ne vous dirige pas, cela veut-il dire que vous pouvez vous laisser aller de cette façon ? Est-ce que vous avez l’audace de toujours vous présenter comme des chevaliers sacrés, pire encore, comme des chevaliers sacrés du Peloton du Chevalier du Soleil ? »

Leurs visages blanchirent de honte. Même si cela faisait de nombreuses années qu’ils s’étaient relâchés, ce n’était pas comme s’ils avaient désiré une telle situation. C’était juste que le Chevalier du Soleil ne leur donnait jamais de travail. Toutefois, en définitive, ils étaient autrefois la crème de la crème du Temple Sacré. Confrontés aux critiques de Chasel, ils se sentirent tous coupables.

Chasel les mesura du regard un à un, puis rugit : « Que tout le monde se rende au Tribunal… »

Ils retinrent tous leur souffle.

« … et aille voir mon Peloton. Formez des paires avec eux et entraînez-vous à l’épée. Vous m’avez entendu ? »

« Oui, capitaine ! » crièrent-ils à l’unisson.

Chasel leur donna secrètement son approbation. Voilà, maintenant ils ressemblent enfin à un Peloton du Chevalier du Soleil digne de ce nom. Il se tourna et partit, Kleenly sur ses talons.

Bien que le Chevalier du Jugement fût déjà parti, personne n’osa bouger d’un pouce. Ils restèrent pétrifiés sur place pendant plusieurs minutes avant que quelqu’un ne prît enfin la parole.

« J’ai presque cru qu’il allait nous mettre en confinement… »

« Pff ! Le confinement ce n’est rien ! J’ai cru qu’il allait nous attacher aux poteaux pour nous torturer ! »

En guise de consolation, l’un d’entre eux les apaisa : « Nous avons fait fausse route. Le Chevalier du Jugement veut juste que nous pratiquions nos compétences à l’épée. »

Quelqu’un ne put s’empêcher de se plaindre : « Et alors, qu’est-ce que ça peut bien faire qu’il veuille qu’on s’entraîne ? Il n’avait pas besoin d’avoir l’air aussi terrifiant ! »

« Oh, je t’en prie. Depuis quand est-ce que le Chevalier du Jugement est censé posséder une expression bienveillante ? »

« C’est vrai. Nous l’avons vraiment mal jugé. Le Chevalier du Jugement de cette génération n’est pas si effrayant. Tout le monde dit que c’est le Chevalier du Soleil qui est le plus fort… »

 

 

Chasel conduisit Kleenly au Sanctuaire de la Lumière. Lorsqu’ils entrèrent dans la pièce où Neo se reposait, Chasel découvrit que Neo n’était pas en train de se reposer. Il était occupé à nettoyer l’Épée Divine du Soleil. Chasel fronça les sourcils devant cela. Il ne savait pas si Neo nettoyait son épée simplement pour tromper l’ennui, ou s’il avait prévu de l’utiliser plus tard, et donc il avait besoin de la polir maintenant.

Chasel plissa les yeux dangereusement et décida qu’il ferait mieux de commencer par mettre cette histoire au clair.

Neo releva la tête, ses sourcils se fronçant lorsqu’il remarqua Kleenly.

« Qui est-ce… ? Oh, c’est un de mes gars. »

Ainsi, tu n’es même pas capable de reconnaître un membre de ton propre peloton ? Chasel prit plusieurs profondes inspirations avant de parler : « Neo, tu as été blessé. Tu dois te reposer pour le moment, mais le Peloton du Chevalier du Soleil ne peut rester sans chef. Pourquoi ne pas profiter de cette opportunité pour choisir un vice-capitaine ? J’ai emmené quelqu’un. Que penses-tu de lui ? »

Lorsqu’il entendit les paroles du Chevalier du Jugement, Kleenly fut si sous le choc qu’il en resta bouche bée. Il ne s’était pas attendu à cette mention abrupte du poste de vice-capitaine. Même si, à l’origine, il avait désiré essayer d’obtenir ce poste, lorsqu’il avait rencontré le Chevalier du Soleil et découvert que celui-ci n’avait pas la moindre intention de choisir un vice-capitaine, Kleenly avait complètement oublié la question au fil du temps.

« Un vice-capitaine ? Qu’est-ce que ça peut faire que j’en choisisse un ou non ? » Neo n’était absolument pas intéressé par la question et ajouta : « Peu m’importe. »

« Dans ce cas, choisis-le. » Sans sourciller, Chasel dit : « Il s’appelle Kleenly. À partir d’aujourd’hui, il sera ton vice-capitaine. »

Neo hocha la tête, bien que cela ne lui fît ni chaud ni froid.

Il avait obtenu le poste à la suite d’un « peu importe ». Kleenly ignorait vraiment comment il devait le prendre. Il ne put que rester planté à côté du lit, contemplant en silence les deux chefs du Temple Sacré.

Chasel tira une chaise et s’assit. Il s’empara d’une pomme dans le panier à fruit et se mit à la peler. Il prit la parole d’une voix méthodique : « Ta maîtrise de l’épée est vraiment excellente, et pourtant le Peloton du Chevalier du Soleil sous ton commandement n’est même pas capable de gagner contre mon Peloton du Chevalier du Jugement. Ce fait m’a grandement surpris. »

Les yeux de Neo s’arrondirent, et il s’écria avec colère : « Mon peloton a perdu contre le tient ? Vraiment ? »

« Vraiment. » Le coin de la bouche de Chasel se redressa.

Les yeux écarquillés, Kleenly tourna la tête et dévisagea Chasel, mais il n’eut même pas le temps de faire remarquer que celui-ci mentait, car son capitaine le fusilla d’un regard noir de rage en hurlant : « Vous avez osé perdre contre le Peloton du Chevalier du Jugement ? »

« No… »

Avant même qu’il pût finir un mot, le Chevalier du Jugement lui coupa la parole. Chasel fronça les sourcils et demanda : « Avez-vous déjà gagné contre mon Peloton du Chevalier du Jugement ? »

« N-Non… » On ne s’est encore jamais affronté !

Neo ne put en croire ses oreilles, et il rugit : « Vous n’avez même pas gagné une seule fois ? »

Devant lui se tenait un Chevalier du Soleil dont la rage transperçait les cieux, mais derrière ce Chevalier du Soleil se tenait un Chevalier du Jugement qui le dévisageait de ses yeux glacials. À cet instant, Kleenly se dit qu’il préfèrerait être réuni auprès du Dieu de la Lumière plutôt que de se faire opprimer par à la fois le Chevalier du Soleil et le Chevalier du Jugement qui étaient sous Son Commandement.

« … Nous n’avons jamais gagné une seule fois. » Il ne mentait pas. Il avait juste omis de dire qu’ils ne s’étaient jamais battus auparavant.

Neo était si furieux qu’il pouvait à peine parler. « Bien, bien… »

« Ce sont tous des chevaliers sacrés, et ils ne faisaient que s’entraîner. Ce n’est pas si grave qu’ils aient perdu. » Chasel lui donna la pomme qu’il avait fini de peler. « Lorsque tu auras retrouvé tes forces, enseigne-leur tes compétences. Après tout, tu es le Chevalier du Soleil connu pour ses superbes capacités à l’épée. Ça ferait mauvaise impression si ton peloton était trop faible. »

« Mon peloton, trop faible… » Neo grinça des dents. « Ne t’inquiète pas. Je vais faire d’eux les plus forts chevaliers qui soient en moins de temps possible ! Dis à ton peloton d’attendre que mes hommes viennent les trouver pour “un entraînement amical” ! »

Chasel acquiesça et répondit : « Très bien, je leur ferai savoir. Mais, peu importe ce que tu prévois de faire plus tard, tu devrais te reposer pour le moment ! Oh, au fait, puis-je t’emprunter ton peloton pendant quelque temps ? Récemment, il y a eu plusieurs problèmes dans la ville. Mon vice-capitaine a les mains pleines avec toutes les enquêtes et il a besoin de davantage d’hommes pour l’assister. Est-ce que tu serais d’accord pour que ton peloton suive mes ordres ? »

Neo jeta un regard noir à Kleenly et répondit rageusement : « Prends-les ! Utilise-les autant que tu le veux ! Mieux même, fais en sorte qu’ils soient si occupés qu’ils n’aient plus le temps de manger ! »

Un coin des lèvres de Chasel se releva, et il accepta : « Pas de problème. » Il se tourna vers Kleenly et déclara : « À partir de maintenant, vous obéirez à mes ordres. Le Chevalier du Soleil n’a aucune objection à cela. Tu m’as entendu ? Tu as compris ? »

Kleenly avait entendu et compris. Il baissa la tête. Il avait complètement compris.

« Oui, capitaine ! »

Neo sursauta et sentit que quelque chose était anormal. « Chasel, tu… »

« Oh, c’est vrai, à propos de ma question de tout à l’heure. Pourquoi es-tu sorti de la ville pour aller massacrer un groupe de brigands ? Nous attendons toujours tes explications. »

« … Je suis fatigué. Je voudrais dormir. Pars ! »

Chasel soupira et se leva. « Très bien, puisque tu ne veux pas me le dire, je ne te poserai plus la question. »

Je vais juste enquêter par moi-même à la place !

 

 

« Capitaine-Chevalier du Jugement, Noley est venu prendre ses ordres. »

En sortant de la pièce, Chasel aperçut immédiatement son propre vice-capitaine, Noley, qui l’attendait à côté de la porte au grade à vous. Devant son supérieur, son attitude n’était ni trop servile ni trop dominante.

Même si Noley n’était pas la personne que Chasel convoitait le plus à l’époque, les faits avaient prouvé qu’une supervision soignée pouvait compenser les faiblesses naturelles. Et inversement, une oisiveté acquise pouvait aussi détruire une supériorité innée.

Lorsqu’il tourna la tête pour regarder le présent Kleenly, puis Noley, Chasel sentit que son vice-capitaine l’emportait sur chaque aspect ! Néanmoins, cela ne lui faisait aucunement plaisir. Il n’avait fallu que quelques années à Neo pour transformer les élites des pelotons de l’actuelle génération des Douze Chevaliers Sacrés en déchets.

Chasel bouillait d’envie d’accuser son Chevalier du Soleil du crime de gâcher imprudemment des talents naturels.

« Le Chevalier du Soleil a ordonné que le Peloton du Chevalier du Soleil obéisse à moi à partir de maintenant. Tu les dirigeras pour enquêter minutieusement sur toutes les informations en ville relatives à des groupes de bandits. Si la moindre information porte les traces de l’interférence du Chevalier du Soleil, vous devrez enquêter dessus de fond en comble ! »

« Oui, Capitaine ! » répondit Noley. Puisque le Chevalier du Jugement ne lui avait pas encore demandé de partir, il attendit en silence.

Chasel se tourna vers Kleenly et lui dit : « Tu as entendu ce que le Chevalier du Soleil a personnellement ordonné. À partir d’aujourd’hui, tu obéiras à mes ordres. »

« Oui, capitaine », répondit Kleenly, impuissant.

« Une fois que les blessures de Neo seront guéries, tu devras le suivre à la trace. S’il essaye de te semer à dessein, tu dois au moins apprendre où il se rend avant de me faire immédiatement ton rapport. »

En entendant cela, Kleenly hésita pendant un moment avant de finalement rétorquer : « Je suis le vice-capitaine du Chevalier du Soleil. Je ne suis pas votre vice-capitaine ! Même si le Chevalier du Soleil m’a ordonné que je suive vos ordres, je ne peux pas désobéir aux siens ! »

Pas mal, au moins il a gardé un peu de cran. Chasel décréta abruptement : « Le Chevalier du Jugement est censé assister le Chevalier du Soleil. Tu n’as rien à réfuter là-dessus, n’est-ce pas ? »

« … Non. »

« C’est pourquoi tu me relateras tout ce qui concerne la situation du Chevalier du Soleil afin que je puisse “l’assister de la meilleure façon qu’il soit”. Qu’y a-t-il de mal à cela ? »

Kleenly était légèrement désorienté. « Je… Je… »

« Noley », appela Chasel froidement. « Voici Kleenly. Il vient juste de devenir le vice-capitaine du Peloton du Chevalier du Soleil. Enseigne-lui comment être un vice-capitaine compétent. »

Noley sourit et répondit : « Pas de problème, Capitaine-Chevalier du Jugement. Donnez-moi deux semaines, et je lui ferai tout apprendre de A à Z. »

… Tout apprendre de A à Z ? Kleenly fut soudainement saisi de sueurs froides. Qui donc clamait que le plus effrayant et audacieux chevalier de cette génération était le Chevalier du Soleil… ?

La Légende du Chevalier du Soleil Histoire Parallèle #12 : Quand mon Maître n’était pas encore mon Maître – Partie 1

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La Légende du Chevalier du Soleil : Histoires Parallèles

Roman d’origine en chinois par :  Yu Wo 


Side Story #12: When Teacher Wasn’t Yet Teacher Part One – traduit du chinois vers l’anglais par dahlys[PR!]
Histoire parallèle #12 : Quand mon Maître n’était pas encore mon Maître – Partie 1 – traduit de l’anglais vers le français par Nocta
+ Travail de vérification par AkaiiRia

Chasel entendit des bruits de pas qui approchaient à grande vitesse. Il leva légèrement les yeux, tandis qu’il finissait d’ajuster son apparence, et décida de commencer à s’habiller.

Est-ce vraiment nécessaire d’être aussi excité de si bonne heure ?

Il venait à peine d’enfiler sa chemise quand la porte fut ouverte à la volée. Chasel se demanda s’il avait échoué à projeter l’image qu’il fallait. Bien qu’il fût le Chevalier du Jugement, ce n’était pas la première fois qu’on défonçait sa porte. Ses collègues ne semblaient absolument pas le traiter de la façon que l’imposant Chevalier du Jugement aurait mérité de l’être.

Cependant, ils venaient tout juste d’être promus, et ses collègues Chevaliers Sacrés avaient encore largement le temps d’apprendre à mieux le connaître.

Rien ne presse.

Fahr se précipita dans sa chambre avec anxiété. Il ne prononça que deux mots : « C’est Neo ! »

Chasel leva les yeux et accorda un regard à Fahr avant de baisser à nouveau les yeux et de continuer à enfiler ses bottes. Il le questionna : « Que s’est-il passé ? »

« Il a été gravement blessé ! »

Chasel émit un bref « oh », puis boucla sa ceinture.

Fahr en resta stupéfait. Il s’écria : « Tu… Comment peux-tu encore continuer de t’habiller avec autant de calme ? »

Chasel répondit sans se presser : « Si j’étais le Chevalier du Soleil, peut-être que je me serais précipité à sa rencontre immédiatement. Mais, seulement voilà, je suis le Chevalier du Jugement. Quelle différence cela ferait-il même si je m’empressais d’aller le voir ? »

C’était peut-être vrai, mais Fahr n’était pas du tout satisfait du fait qu’il prît tout son temps alors qu’un de ses frères d’armes avait été grièvement blessé… Toutefois, en l’observant de plus près, il réalisa que Chasel n’avait absolument pas retardé son départ. En fait, ses gestes étaient rapides et efficaces.

Voyant cela, Fahr n’ajouta rien.

« Guide-moi jusqu’à lui et explique-moi la situation, pendant que nous marchons. » Chasel saisit ses robes noires de Chevalier du Jugement sur son porte-manteau et jeta le vêtement sur ses épaules pour l’enfiler rapidement, quittant la pièce avant Fahr.

Neo a été gravement blessé ? Peu importe sous quel angle il considérait la situation, il avait l’impression que c’était un tantinet trop improbable. Mais, qui donc est capable de blesser Neo du Soleil ?

Fahr désigna la direction à emprunter et lui emboîta le pas avec empressement. Chasel le rattrapa en augmentant la longueur de ses enjambées.  

« Wen m’a dit que les gardes de l’entrée principale étaient tellement sous le choc qu’ils se sont précipités ici comme des fous, et c’est par hasard qu’ils l’ont rencontré en chemin… »

« Wen s’est levé avant moi ? » Chasel sentait que ce détail ne faisait aucun sens. Même si Wen n’était pas le principal problème pour le moment, en tant que Chevalier du Jugement, il ne put s’empêcher de faire connaître ses doutes.

Chasel n’était peut-être pas celui qui se levait le plus tôt parmi les Douze Chevaliers Sacrés, mais Wen était assurément l’un des derniers à se lever.

Gêné, Fahr répondit : « Il n’a pas dormi du tout. Il a passé toute la nuit à boire à la taverne et est rentré à l’aurore. »

Chasel garda le silence. Même s’il trouvait que c’était vraiment imprudent pour le Chevalier de la Forêt de passer toute la nuit à boire à la taverne, il était le Chevalier du Jugement, pas le Chevalier du Soleil. Et, donc, ce n’était pas à lui que le Chevalier de la Forêt devait rendre des comptes. Quant à compter sur Neo pour s’en préoccuper… Neo lui-même était un ivrogne !

Fahr remarqua l’expression mécontente de Chasel et se dépêcha de changer de sujet en racontant : « Wen a dit que, dès que les gardes l’ont conduit jusqu’à l’entrée principale, il a trouvé Neo effondré sur un des escaliers. Son sang était répandu sur plus de dix marches, et il ne bougeait pas du tout. Wen était si surpris qu’il a même dessoulé d’un seul coup et qu’il a immédiatement frappé Neo à plusieurs reprises. Heureusement, Neo a fait du bruit, et il a su qu’il n’était pas encore mort. »

« … »

Les yeux de Fahr s’écarquillèrent. Est-ce que Chasel vient juste de… sourire ?

« Quoi ? » Les yeux de Chasel se tournèrent vers lui, l’expression glaciale qu’ils contenaient séant parfaitement à un Chevalier du Jugement.

« Rien du tout. » Fahr décida d’enfouir la scène dont il avait été témoin tout au fond de son cœur et de l’y laisser pourrir. Il changea encore une fois de sujet : « On dirait que Neo est vraiment blessé grièvement. »

« Mais, il pouvait encore émettre des sons, n’est-ce pas ? »

Toujours extrêmement inquiet, Fahr répondit : « Il s’est fait frapper plusieurs fois et pourtant il ne s’est pas levé pour tabasser Wen. Ça l’a tellement terrorisé qu’il a aussitôt emmené Neo à l’Église du Dieu de la Lumière, tout en criant “Sun est mourant” tandis qu’il courait. »

Quand il entendit cela, Chasel fronça les sourcils. Néanmoins, il n’avait aucune intention de poser davantage de questions étant donné qu’ils avaient déjà atteint leur destination. Il était inutile d’ajouter quoi que ce fût, quand ils pouvaient facilement obtenir toutes les réponses qu’ils souhaitaient en pénétrant dans la pièce.

À l’instant où ils entrèrent, il vit Wen appuyé à un mur avec une élégante flasque de vin à la main.

Chasel plissa légèrement les yeux en contemplant la flasque. Souriant avec embarras, Wen expliqua : « C’est du café qu’elle m’a préparé à la maison. Elle n’arrivait pas à trouver de bouteille, alors elle a vidé tout le vin qui était dans cette flasque. De nos jours, ma flasque à vin contient soit du café, soit un remède contre la gueule de bois. »

« Tu as une bonne épouse. » Chasel hocha la tête et ajouta : « Par contre, fais attention à ton image. »

Wen acquiesça d’un signe de tête en réponse et rangea sa flasque. Il pointa du doigt le seul et unique lit de la pièce et déclara : « Ça fait un moment qu’ils ont commencé à soigner Neo. Je ne connais pas sa situation actuelle. »

Chasel regarda dans la direction que lui indiquait Wen. Plusieurs prêtres-guérisseurs étaient rassemblés autour d’un lit, et une douce lumière sacrée emplissait la pièce. Il commença à s’approcher, mais s’arrêta soudainement avant d’atteindre le chevet du lit.

Fahr le suivait de près et faillit lui rentrer dedans, lorsque Chasel se figea. Fahr s’apprêtait à lui demander ce qu’il se passait, lorsqu’il s’aperçut que Chasel observait quelque chose qui se trouvait par terre. Il suivit son regard et remarqua qu’il s’agissait de vêtements rouges…

Non ! C’est l’uniforme du Chevalier du Soleil !

Chasel ramassa les vêtements. Le long pardessus d’un chevalier, la veste plus courte qui se portait en dessous, et la chemise étaient tous, sans exception, complètement couverts de rouge. L’acre odeur du sang trahissait la nature de cette couleur.

« Les guérisseurs ont dit qu’ils voulaient voir l’étendue de ses blessures, alors ils lui ont retiré ses habits », expliqua Wen derrière eux.

Chasel jeta les vêtements de côté et s’approcha du lit. Les guérisseurs lui firent naturellement de la place.

Les yeux de Neo étaient clos, tandis qu’il reposait sur le lit. Son visage était aussi blanc que les draps, et une grande blessure causée par une épée lui traversait la poitrine. Par chance, grâce aux efforts des prêtres-guérisseurs, la blessure avait commencé à se refermer et était déjà en train de cicatriser.

Chasel n’avait encore jamais vu Neo aussi faible. Il comprit soudainement pourquoi Wen avait eu la pulsion de le frapper. Il avait probablement espéré que Neo se lèverait immédiatement et lui rendrait la faveur par dix fois comme si de rien n’était.

« Neo… » Les yeux de Fahr s’écarquillèrent, comme il dévisageait le malade sur le lit, n’arrivant pas à croire qu’il s’agissait de Neo.

À ce stade, tout le monde avait rejoint la salle un à un. Il y avait trop de personnes, donc ils ne pouvaient pas tous s’entasser auprès du lit. Cependant, il était possible d’apercevoir Neo entre deux personnes. Ce qu’ils virent les troubla tellement qu’ils se mirent tous à parler en même temps.

« Qui est parvenu à blesser Neo si grièvement ? » murmura Lanbi. « Ne me dîtes pas que le Roi Démon s’est réveillé ? Qui d’autre aurait pu faire cela ? »

« Ce doit être le Roi Démon ! » Le visage terriblement pâle, Hayseth demanda : « Est-ce que notre génération est vraiment malchanceuse au point d’être obligée de subir l’avènement du Roi Démon ? »

« Je n’ai rien entendu à propos de l’avènement du Roi Démon… »

Furieux, les prêtres-guérisseurs s’écrièrent : « Taisez-vous ! Le patient a besoin de repos ! »

Chasel se retourna et jeta brièvement un regard à chaque personne présente. Il ordonna d’une voix basse : « Que tout le monde sorte. »

Les Chevaliers Sacrés sous ses ordres lui obéirent immédiatement, mais ceux qui dépendaient du Chevalier du Soleil n’étaient pas aussi obéissants. Un par un, ils commencèrent à protester.

Chasel plissa dangereusement les yeux. Il sentait qu’il avait en effet échoué à convenablement projeter l’image d’un Chevalier du Jugement. Auparavant, il pensait qu’il n’avait pas besoin d’être très autoritaire, puisque Neo, une personne si forte qu’il laissait une impression permanente dans le cœur des gens, était un membre de sa génération de chevaliers. Mais, à présent… il réalisait qu’il s’était trompé !

Wen essaya d’aider en disant : « Je vais rester ici. Vous devriez partir, les gars. Neo est blessé grièvement, alors ne faites pas trop de boucan ici… »

« Qui donc est grièvement blessé au juste ?! » Une voix familière retentit. Les émotions de chaque personne présente passèrent de la tristesse à la joie, alors que tous s’écriaient : « Neo ! »

La personne sur le lit s’assit, ce qui déclencha une vague de protestations de la part des prêtres-guérisseurs. Cependant, leurs remontrances étaient inutiles. Ils se firent même chasser par un Neo impatient, qui leur dit : « Que tout le monde aille voir ailleurs si j’y suis. Wen inclus ! Tu as osé me frapper tout à l’heure ! »

« Hein ? Tu appelles ça frapper ? Je t’ai juste “touché gentiment” plusieurs fois pour confirmer que tu étais encore vivant ! » Wen se retourna pour cacher sa fébrilité. Il déclara à tous : « D’accord, puisque Neo en a donné l’ordre, allons-nous-en. »

Quand tout le monde fut parti, la personne sur le lit se rallongea. Souriant, il s’exclama : « Hé, salut Chasel. »

Chasel compta silencieusement le nombre de blessures sur le corps de Neo. Il y en avait une sur la poitrine, une sur sa cuisse gauche, trois sur ses bras, et deux sur ses mollets. Je me demande s’il y a davantage de blessures sur son dos…

« Comment t’es-tu retrouvé blessé ? »

Neo sourit et répondit insouciamment : « Je me suis attiré des ennuis ! »

« Auprès de qui ? » Voyant que Neo n’avait vraiment pas envie de répondre, Chasel ajouta immédiatement : « Si tu as tué qui que ce soit, tu ferais mieux de me le dire maintenant. Sinon, quand on t’accusera de meurtre et qu’on viendra me le signaler, il me sera très difficile de régler le problème. »

« Ça ne deviendra pas une affaire de meurtre. » Neo haussa les épaules et continua : « C’était un groupe de bandits. Je les ai tous anéantis. C’était la première fois de ma vie que je tuais tellement de gens au point d’en avoir marre. Je suis vraiment crevé maintenant, donc je vais dormir. »

« Qu’est-ce qui t’a soudainement fait t’intéresser à un groupe de bandits ? » Chasel était extrêmement confus. La Cité du Bourgeon est la capitale et ne tolère donc pas l’existence de groupes de criminels dans les environs, au moins ne serait-ce que pour maintenir son image. J’ai bien peur qu’il faille franchir plusieurs montagnes pour tomber sur le groupe de bandits le plus proche. Pourquoi Neo se rendrait-il dans un lieu aussi éloigné pour anéantir un groupe de bandits sans raison officielle ?

« J’ai sommeil. » Neo se retourna, son dos faisant face à Chasel. Il n’avait visiblement aucune intention d’expliquer ses actes.

Il y avait une autre blessure sur le dos de Neo, ce qui faisait un total de huit. Chasel lui jeta un regard noir et sortit de la pièce. Comme il s’y attendait, personne n’était parti. Ils attendaient tous dehors.

Il les regarda et s’enquit : « Quelqu’un sait-il où le Chevalier du Soleil s’est rendu pendant tous ces jours où il avait disparu ? Où est son vice-capitaine ? Dîtes-lui de venir ici et de me faire un rapport ! »

Wen répondit immédiatement : « Sun n’a pas choisi de vice-capitaine. »

Chasel en resta stupéfait l’espace d’un instant. Il questionna davantage : « Pourquoi n’en a-t-il toujours pas choisi un ? Est-ce qu’il ne s’entend pas avec les membres de son peloton ? »

« Hum, non ce n’est pas ça », intervint Fahr, embarrassé. « Sun a dit que, puisqu’il est capable de diriger ses vingt chevaliers lui-même, ça n’a pas d’importance qu’il choisisse un vice-capitaine ou non. »

Chasel fronça les sourcils. Peu de temps s’était écoulé depuis qu’ils avaient été promus au rang de Douze Chevaliers Sacrés, alors tout le monde était encore occupé avec le transfert de leurs devoirs. Pour cette raison, personne n’avait surveillé les faits et gestes du Chevalier du Soleil depuis quelques temps. Cependant, Chasel n’aurait jamais envisagé que Neo n’avait même pas choisi de vice-capitaine !

« Cha… Judgment, qui a blessé Neo ? »

Comme ils venaient tout juste de succéder à la génération précédente, ils ne s’étaient pas encore habitués à leurs nouveaux titres. Toutefois, lorsqu’ils virent l’expression de Chasel, ils pensèrent tous sincèrement qu’ils feraient mieux de fournir un effort pour surveiller leur langage.

Chasel ne répondit pas directement. Il se contenta d’annoncer : « Il y a huit blessures causées par des lames sur le corps de Neo. »

Les visages autour de lui s’assombrirent. Wen rit froidement et l’interrogea : « Qui l’a blessé ? »

« Il a dit que c’était un groupe de bandits. »

Fahr rugit avec colère : « Un groupe de bandits a osé blesser le Chevalier du Soleil de l’Église du Dieu de la Lumière ? Préparons les troupes pour tous les exterminer ! Je vais aller mobiliser les pelotons immédiatement… »

« Neo a dit qu’il les avait déjà tous tués. »

Toutes les personnes présentent devinrent déprimées. Ils avaient cru qu’il pourrait venger leur chef pour malheureusement réaliser que leur ennemi n’était déjà plus de ce monde. Avoir un Chevalier du Soleil trop puissant à leur tête faisait en sortes qu’ils n’arrivaient jamais à trouver une personne sur laquelle accomplir leur vengeance.

Chasel leur ordonna sobrement : « Convoquez le Peloton du Chevalier du Soleil ici. »

Confus, Wen demanda : « Pourquoi veux-tu les convoquer ? Comptes-tu démarrer une investigation ? Neo s’est peut-être simplement perdu et est tombé par hasard sur ces brigands. Tu devrais savoir qu’il n’a aucun sens de l’orientation… »

« C’est bien là le problème ! Neo n’arriverait pas à sortir d’un labyrinthe même si la sortie se trouvait juste devant lui ! » l’interrompit Chasel. Ce dernier s’écria avec colère : « C’est pourquoi il ne quitte jamais la ville sans une bonne raison. Quelque chose a dû se produire en ville qui l’ait mis en colère au point qu’il soit disposé à sortir. Aussi, quelqu’un a bien dû le guider ! Autrement, il n’aurait pas disparu pendant seulement “quelques jours”. Il aurait disparu pendant au moins quelques “semaines” ! »

Cette explication était très censée. Tout le monde savait à quel point le sens de l’orientation de Neo était terrible. Toutefois, ce que Chasel venait de dire n’était pas important pour l’instant. Non, ce qui était vraiment important, c’était le fait… qu’il venait de s’emporter et hurler en s’adressant à quelqu’un !

Chasel était le Chevalier du Jugement et possédait assurément l’attitude imposante qui seyait à ce rôle ; il ne souriait jamais. Cependant, sa génération comptait un Chevalier du Soleil incroyablement fort et violent prénommé Neo. Comparé à Neo, Chasel pouvait être considéré comme un homme cultivé et raffiné.

De plus, Chasel était toujours calme et maintenait une discipline de fer. Il n’avait jamais parlé sèchement à quiconque et se disputait rarement. Seuls les roturiers non informés craignaient l’actuel Chevalier du Jugement.

Mais, à présent, cet homme cultivé et raffiné venait de crier sur quelqu’un ?

Juste alors que tout le monde croyait que Chasel allait finalement craquer, l’expression sur son visage devint brusquement sereine, celui-ci se calmant et reprenant contenance.

« Je ne laisserai pas au Chevalier du Soleil une autre opportunité de disparaître mystérieusement pour annihiler un groupe de criminel, puis revenir après avoir reçu huit blessures. Wen, amène-moi le Peloton du Chevalier du Soleil ici immédiatement. Tu as cinq minutes ! »

Wen fit demi-tour et se lança à leur recherche.

« Fahr, tu as dit que tu voulais mobiliser les troupes, vas et fais-le maintenant. Si le Pape a le moindre problème à ce sujet, dis-lui de venir me trouver. »

Chasel regarda tout le monde avec une expression calme et décréta : « Aucun groupe de bandits n’est autorisé à exister à la portée de Neo. Est-ce bien compris ? »

… Non, il n’est absolument pas du tout calme !

Note de bas de page

Yu Wo a inclu une liste des noms de la 37ème génération des Douze Chevaliers Sacré au début de cet interlude. Voici son message :

J’espère que tout le monde a passé un super Nouvel An. Très bonne année à tous, et que vous soyez tous heureux chaque jour ! ^0^~~~~

Cette histoire est arrivée en tête parmi celles publiées pendant les vacances : Quand mon Maître n’était pas encore mon Maître.

Il semblerait que, tandis que je l’écrivais, une deuxième partie se soit ajoutée.

À l’origine, j’avais prévu que ce soit fini en une seule partie… Mais, bon. Tant pis. J’espère que tout le monde sera heureux pour l’année à venir. ^0^~~

Précédemment, dans les aventures du Chevalier du Soleil… Voici les noms des membres de la 37ème génération des Douze Chevaliers Sacrés ayant déjà fait une apparition :

Neo du Soleil
Lanbi de la Tempête
Fahr du Brasier
Chasel du Jugement
Eller de la Glace
Hayseth de la Lune

(Et, nous pouvons à présent ajouter Wen de la Forêt à la liste.)

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Messages instantanés de Yu Wo


Traduit du chinois vers l’anglais par Raylight[PR!]
Traduit et expliqué de l’anglais au français par AkaiiRia
+ travail de vérification par Nocta

Message de la part d’AkaiiRia : Yu Wo mentionne parfois des personnages appartenant à certaines séries de ses romans que nous ne traduisons pas encore. En blanc, c’est le message de Yu Wo. En bleu, c’est mon explication. En vert, c’est la traductrice en anglais.

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Une tempête approche. La première chose que vous préparez est…?

Charles : Une grande quantité de viande. Le jeune maître ne peut pas se passer de viande.

Grisia : De la glace.

[Explication :
1) La première chose à préparer, c’est la nourriture.
2) Charles est le personnage principal de No Hero.
3) Grisia est le protagoniste dans La Légende du Chevalier du Soleil. Il veut préparer de la glace pour avoir des réserves de glace pilée afin de se faire des granités à la myrtille.]

Continued