La Légende du Chevalier du Soleil Tome 5 : La Liche Immortelle, Partie 1
Roman d’origine en chinois par : 御 我 (Yu Wo)
Chapter 1: Frightening Children into Being too Scared to Sleep at Night – traduit du chinois à l’anglais par bleachpanda[PR!]
Chapitre 1 : Fais peur aux enfants au point qu’ils soient trop effrayés pour dormir la nuit – traduit de l’anglais vers le français par AkaiiRia
+ travail de vérification par Nocta
« Sun, Sun ? »
Malgré le fait que je n’avais pas ouvert les yeux, je pouvais déjà percevoir une grande quantité de l’élément des ténèbres sous la forme d’un humain à côté de moi… C’est Roland !
Je jaillis presque du lit en allant lui agripper les épaules tout en hurlant avec agitation : « Pourquoi avoir fait cela ? Même si c’était sur mes ordres, ce genre de chose, ce genre de chose… Même si c’est moi qui te l’ai ordonné, tu n’aurais jamais dû le faire ! »
Roland resta planté là, sous le choc. Dès que j’arrêtai de le secouer, il s’enquit par réflexe : « Ce genre de chose ? Quel genre de chose ? »
« Tuer… » Je n’arrive même pas à prononcer les mots ! Pourquoi lui-ai ordonné de faire une telle chose ? Et je le lui ai même ordonné comme si c’était ce qu’il y avait de plus naturel au monde ! C’est inconcevable !
« Sun, est-ce que tu as fait un cauchemar ? » Roland me demanda avec perplexité : « Je t’ai entendu gémir plusieurs fois, alors j’ai décidé de venir vérifier si quelque chose n’allait pas, mais il ne s’était rien passé. Tu étais étendu dans ton lit en train de dormir. »
Un cauchemar ? Cette fois-ci, ce fut à mon tour d’être sous le choc. Après avoir entendu cela, je décidai d’étendre plus loin ma capacité à percevoir les éléments.
J’étais situé à l’intérieur d’une salle. Il n’y avait pas grand-chose dans la pièce, et j’étais assis sur un lit. À côté du lit se trouvaient une table et une chaise, et de nombreux documents étaient disposés sur cette table. La porte n’était pas une porte ordinaire en bois, mais plutôt une porte en fer, et il y avait une petite fenêtre au mur.
Il s’agissait de la chambre de confinement. Ah oui, c’est vrai ! Judgment m’avait envoyé en confinement.
Alors, c’était vraiment… vraiment juste un cauchemar ?
« Sun, est-ce que tu vas bien ? » me questionna Roland avec inquiétude.
Pourtant, ce rêve semblait si réel ! Je pouvais même ressentir les émotions que j’éprouvais au moment de lui donner l’ordre de tuer… Ce sentiment de vouloir tuer d’autres personnes uniquement parce que cela me paraissait divertissant. Je m’étais senti comme un enfant, un enfant qui faisait des choses, parce qu’il croyait que c’était intéressant et amusant, qui commettait des atrocités sans même se soucier le moins du monde de comment elles affecteraient les autres !
Cela me semblait très similaire à la fois où j’avais visité la Vallée de Trizer. Après que j’eus absorbé une grande quantité de l’élément des ténèbres, ce sentiment de vouloir faire comme il me plairait, sans me préoccuper des répercussions, sans rien pour me restreindre, sans qu’il n’y eût quoi que ce fût que je dusse faire ou que je ne devrais pas faire… J’avais tout délaissé sans la moindre hésitation. La seule chose qui m’avait importé était de savoir si mes actions me rendaient heureux ou non… Cette sensation m’avait terrifié.
« Sun, je pense que tu as simplement fait un cauchemar », déclara Roland, inquiet. « Je montais la garde à l’extérieur, et absolument personne n’est venu. »
Ah bon ? Cependant, il semblerait que cette chambre de confinement possède une porte cachée. Bien que personne ne soit entré, ça ne veut pas dire que je ne suis pas sorti ! J’ai peur d’avoir… Je n’aurais tout de même pas fait quelque chose pendant que je dormais, n’est-ce pas ?
J’ai entendu dire que, dans ce monde, il existe un état appelé le somnambulisme qui permet aux dormeurs de se lever pour faire des choses étranges dont ils n’ont aucune idée ou dont ils sont incapables de se rappeler… À cette pensée, je me sentis mal à l’aise. « Je dois aller les voir. »
« Aller voir qui ? » répliqua Roland, stupéfait
« Blaze, Leaf, Ice et Judgment. »
Je me levai et saisis mon manteau en même temps que je parlais. Après que je l’eus revêtu, je me dirigeai immédiatement vers la porte. Toutefois, Roland se précipita désespérément devant moi et décréta fermement : « Judgment a dit que, sans sa permission, tu n’es pas autorisé à quitter cette chambre de confinement ! »
« Je dois sortir ! »
« Non ! Judgment te l’a interdit ! » rétorqua Roland, de façon encore plus déterminée que plus tôt.
Une flamme de colère surgit en moi, et je ne pus m’empêcher de rugir : « Roland des Enfers ! Que les choses soient bien claires : c’est moi qui dirige le Temple Sacré ! »
Roland se figea, mais je me figeai également.
Quelle que fût la raison, je n’aurais pas dû lui crier dessus. Il ne faisait qu’obéir aux ordres et les suivre à la lettre. Qui plus est, il n’avait que très récemment repris le poste de Chevalier des Enfers. Il était tout à fait naturel qu’il ne fût pas sur la même longueur d’ondes que les autres.
Les Douze Chevaliers Sacrés savaient tous que, quand je donnais sérieusement un ordre, même Judgment ne pouvait s’opposer à moi. C’était pourquoi, normalement, ils m’écoutaient et suivaient mes ordres. Néanmoins, ce qui était pour moi un mystère demeurait comment les Douze Chevaliers Sacrés parvenaient à déterminer quand je donnais ou non un ordre avec sérieux. Je me l’étais demandé plus d’une fois. Comment font-ils pour déterminer si je donne un ordre avec sérieux ou non ? Si j’arrive à comprendre comment ils font, dans ce cas, à partir de ce moment-là, je pourrais prétendre être sérieux…
« Très bien ! » Après que Roland eut froncé les sourcils et considéré la situation pendant un moment, il opina finalement d’un signe de tête. Cependant, une fois qu’il eut acquiescé, il ajouta avec une détermination encore plus inébranlable : « Mais, je dois venir avec toi, et cette fois tu n’as pas le droit de te débarrasser de moi à dessein. »
« Marché conclu ! » Je fus immédiatement d’accord.
Afin d’apaiser l’esprit de Roland, je décidai de lui prendre la main pour le mener en courant tout droit jusqu’au couloir où se trouvaient les quartiers des Douze Chevaliers Sacrés. La chambre la plus proche appartenait à Blaze. Je lâchai la main de Roland et poussai gentiment la porte.
Cette dernière n’était pas verrouillée, alors, quand je la poussai, elle s’ouvrit. J’allai silencieusement me tenir à côté du lit, observant la personne qui dormait dessus.
Le lit n’était pas du tout petit, mais Blaze était étendu seulement sur l’un des côtés avec les quatre membres écartés et la moitié de son corps suspendue hors du lit. C’est vraiment une position terrible pour dormir !
Je me souvins que Roland avait tranché net l’épaule de Blaze dans mon rêve… Toutefois, ma capacité à percevoir les éléments m’indiquait clairement qu’il n’y avait aucune blessure sur les épaules de la personne allongée sur le lit; celles-ci étaient en parfait état et complètement intactes.
Je poussai un profond soupir de soulagement. Cependant, dès l’instant suivant, je ne me sentais toujours pas rassuré, alors je l’appelai : « Blaze. »
La personne sur le lit sursauta un peu et bondit pratiquement hors du lit par la suite en s’écriant sur-le-champ : « QUI… Sun ? »
Après m’avoir reconnu, Blaze me contempla avec stupéfaction. Malgré le fait qu’il venait de se faire réveiller au beau milieu de la nuit, il était à l’évidence encore plein d’énergie. Ses gestes étaient si exagérés que même ses yeux s’écarquillèrent au point de devenir aussi grands que des soucoupes.
Je me penchai pour lui toucher l’épaule. Il se contenta de me regarder en retour d’un air absent ; il ne hurla pas du tout de douleur… Blaze va réellement bien ! Je poussai un autre soupir de soulagement.
Sans me soucier de savoir si Blaze avait davantage réagi à mes gestes, je quittai vite la pièce pour aller vérifier que Leaf allait bien, puisque sa chambre était située juste à côté de celle de Blaze. Néanmoins, à l’instant où je sortis, j’aperçus Leaf qui était debout dans le couloir. Son visage affichait une totale incrédulité. Il portait son pyjama, mais était pieds nus. Il tenait également son arc dans les mains.
Il y avait une disparité dans l’ensemble de l’image formée.
« Sun ? » Il dit nerveusement avec une petite voix : « Judgment ne t’avait-il pas envoyé en confinement ? Dépêche-toi d’y retourner ! Blaze a crié vraiment fort il y a un instant, il se pourrait qu’il ait également réveillé Judgment ! »
Je ne répondis pas. Je marchai seulement dans sa direction et agrippai Leaf par la tête pour la tourner à gauche et à droite.
« Sun… Ah ! Mon cou va finir par se briser, peux-tu faire ça moins fort ? » s’écria Leaf de douleur, mais il ne m’empêcha pas de lui bouger la tête. Il n’avait sans doute pas la moindre idée de ce que je faisais… C’est vraiment un type sympa !
Excellent ! Le cou et la tête de Leaf n’ont pas été séparés, et il arrive encore à crier de douleur, alors il doit se porter bien.
Après avoir projeté la tête de Leaf vers le côté, j’accourus à la chambre d’Ice. Bien que la porte ne fût pas ouverte, je pouvais déjà percevoir la situation derrière la porte.
Il était déjà tard, et pourtant Ice n’était toujours pas allé se coucher. Il se tenait dos à la porte, assis devant sa table. Un gâteau incomplet reposait sur sa table, et Ice était en train de créer des fleurs avec de la crème… J’ouvris la porte d’un coup de pied et surgis dans la pièce.
Ice sursauta presque de frayeur, saisissant immédiatement son gâteau, et il se retourna, se figeant sur place comme Blaze l’avait fait.
Je fonçai vers lui et, avec la main, envoyai valser d’une claque le gâteau qui était dans le chemin. Ensuite, je déchirai les vêtements qui recouvraient le torse d’Ice. Après l’avoir tâtonné, je découvris que sa peau était douce et lisse à cet endroit.
« Tout va bien ! »
Je poussai enfin un immense soupir de soulagement. Même si je n’ai pas encore vu Judgment, étant donné que Blaze, Leaf et Ice vont bien, dans ce cas Judgment doit forcément aller bien lui aussi ! Par conséquent, tout ce qu’il s’est passé était réellement juste un cauchemar. Rien de tout cela ne s’est produit. Je n’ai jamais ordonné à Roland de tuer Blaze et les autres. Roland n’a tué aucun d’eux. Et je n’ai définitivement pas tué Judgment ! C’est vraiment merveilleux…
…
« Tu as vu ça ? Sun s’est levé au beau milieu de la nuit pour aller déchirer les vêtements d’Ice ! Tss tss ! »
Des murmures provenant de différentes personnes dérivèrent jusqu’à moi depuis la porte.
« Après avoir expérimenté de nombreux échecs avec les princesses, se pourrait-il qu’il ait décidé de se risquer à jouer dans l’autre camp ? »
« Dans ce cas, à partir de maintenant, quand je vais aller dormir, je me rappellerai de verrouiller la porte… »
« Que peut faire une porte contre lui ? Même un dragon ne peut l’arrêter ! »
« Que devrions-nous faire alors ? »
« Dormir dans la même chambre que Judgment ou Hell ! Ce sont les plus forts parmi les Douze Chevaliers Sacrés, alors ils devraient être capables de tenir bon quelques temps… »
C’est moi ou cette conversation prend une tournure très étrange ? Je me retournai sur-le-champ, essayant d’éclaircir le malentendu : « Qu’est-ce que vous racontez ! Je ne suis pas attiré par les hommes… Judgment ? »
Hormis ces abominables enfoirés qui murmuraient des trucs à la porte, il y avait aussi la personne par laquelle j’avais le moins envie de me faire prendre qui se tenait là : le Capitaine-Chevalier du Jugement.
Je n’aurais jamais cru qu’il arriverait aussi vite. Il s’est même donné la peine de revêtir ses vêtements de façon propre et ordonnée, quoique ses vêtements ne consistent qu’en un morceau de tissu… Non, c’est une toge noire. Il suffit de la draper sur tout ton corps, et tu es prêt à sortir.
Confronté au regard glacial de Judgment, je ne pus que me préparer et expliquer : « J’ai fait un cauchemar. Je vous ai vu Blaze, Leaf, Ice et toi vous faire tuer. Alors, je me suis précipité jusqu’ici pour confirmer que tout le monde allait bien. »
Malgré le fait que ce que j’avais dit fût la vérité, mes paroles sonnaient si incroyables que même moi j’avais du mal à y croire.
Comme je m’y attendais, non seulement Judgment, mais même tous ceux qui étaient présents révélèrent une expression montrant qu’ils ne me croyaient pas du tout. Un peu découragé, je devinai : « Cependant, tu penses forcément que je raconte n’importe quoi, que je me suis en fait secrètement échappé et que j’invente une excuse au hasard pour te convaincre du contraire. »
Judgment leva légèrement le sourcil.
« En plus, je me trouve dans la chambre d’Ice, alors il y a de fortes chances pour que je sois venu lui réclamer des sucreries. »
Judgment sourit un peu.
« Et la raison pour laquelle j’ai déchiré les vêtements de Ice est probablement parce qu’il a essayé de me convaincre de retourner dans la chambre de confinement et que, si je ne le faisais pas, il irait tout te rapporter. Alors, afin de l’en empêcher, je l’ai agrippé dans un moment de désespoir et ai accidentellement déchiré ses vêtements… »
Judgment hocha la tête. Même les autres révélèrent des expressions comme s’ils venaient soudainement de réaliser ce qu’il s’était réellement passé… Sauf Earth ! Quelques secondes plus tôt, c’était lui qui avait proclamé que je m’étais levé au beau milieu de la nuit pour aller déchirer des vêtements ! Et, à présent, il ose encore afficher une expression soupçonneuse en me regardant ! Quel infâme personnage ! Je m’en souviendrai la prochaine fois, Earth ! Je vais définitivement te le faire payer !
« Judgment ! » grondai-je un peu avec colère : « Dis quelque chose ! N’importe quoi ! Après tout, je sais déjà que, comme je me suis secrètement enfui de la chambre de confinement, tu vas me confiner quelques jours de plus, n’est-ce pas ? »
« Tu te trompes. Je ne te punirai pas cette fois, parce que ce n’est pas nécessaire. » Judgment ouvrit finalement la bouche. Il me fit nonchalamment remarquer : « Sun, tu es en train de marcher sur le gâteau d’Ice. »
« … »
Une fois qu’il eut dit cela, je réalisai subitement… Pourquoi ai-je si froid dans le dos ?
Je m’empressai de dire : « Judgment, dépêche-toi ! Ramène-moi à la chambre de confinement ! N’as-tu pas dit que je n’ai pas le droit d’en sortir ? Je suis prêt à me faire incarcérer pendant trois jours de plus… Même une semaine m’irait ! Sinon, deux semaines ! Que dis-tu de deux semaines ? »
Il employa une vitesse phénoménale pour fermer la porte avec un « bang » sonore.
« … »
A… Atchoum !
J’éternuai très fort, puis reniflai. C’était plutôt surprenant. Se pourrait-il qu’il s’agisse réellement du légendaire… rhume ?
En tant que Chevalier du Soleil détenant la grâce du Dieu de la Lumière, je n’étais pas tombé malade depuis l’âge de dix ans. Mais, à présent, j’ai réellement attrapé un rhume ! Il semblerait que, cette fois, Ice soit vraiment furieux. Même le sort de glace qu’il a lancé sur moi était extrêmement puissant.
Ah… Ah… Atchoum !
Au même moment où j’éternuais, la porte de la chambre de confinement s’ouvrit, suivie par une voix inquiète me demandant : « Est-ce que tu vas bien ? »
Sans lever la tête, je répondis sèchement : « Je ne vais pas bien du tout. J’ai été envoyé en confinement; je dois remplir et corriger de la paperasse; Ice est en colère contre moi, et j’ai même attrapé un rhume. Je ne pourrais pas être plus misérable ! »
L’individu qui était venu me rendre visite se mit à rire. Même s’il riait, sa voix était toujours aussi grave que d’habitude. L’entendre ne pouvait vraiment pas améliorer l’humeur de quelqu’un… Même si vous effectuiez une recherche à travers la Cité du Bourgeon tout entière, à part le Capitaine-Chevalier du Jugement, vous ne trouveriez personne d’autre capable de produire un rire déprimant au point de ne pas pouvoir rendre quelqu’un plus joyeux.
« Es-tu vraiment si misérable ? » s’enquit Judgment tout en riant.
Après avoir éternué une nouvelle fois, je rétorquai : « Pourrais-je vraiment être plus misérable que maintenant ? »
Judgment leva la main et agita les documents qu’il tenait. Alors qu’il posait la paperasse sur la table, il déclara : « Ice a dit que, pour te punir d’avoir gaspillé de la nourriture, il ne te confectionnera pas de desserts pendant un mois. »
« …J’ai perdu l’envie de vivre à présent ! Tu pourrais aussi bien me tuer à ce stade ! »
Judgment révéla une expression qui se rapprochait d’un sourire sans l’être complètement. « La situation n’est pas si grave, non ? Je peux te donner mes sucreries, et tu vas sûrement demander à Leaf qu’il te donne les siennes également. »
« Ce n’est pas la même chose ! » m’exclamai-je avec objection. « Ice me confectionne toujours des sucreries extrêmement sucrées. C’est ce genre de desserts extrêmement sucrés que j’ai envie de manger ! »
« Ice a endurci son cœur en prenant la décision de ne pas te confectionner de desserts. À ce sujet, il n’y a rien que je puisse faire pour t’aider. Tu connais la personnalité de Ice. Il ne se fâche pas facilement, mais, une fois en colère, il ne sera définitivement pas facile à apaiser. En plus, cette fois, tu as piétiné un de ses desserts, une des choses qu’il chérit plus que tout, au point d’être irrécupérable. Alors, je crains que… »
En entendant tout ce qu’il avait dit jusque-là, mon visage s’assombrit. Si Ice, qui avait normalement un bon tempérament, pouvait être froissé par quelque chose, vous pouviez être certain que c’était de piétiner et gaspiller sans aucune bonne raison les desserts qu’il confectionnait.
Judgment soupira. Il dit avec impuissance : « Je ne peux pas t’aider dans le cas de Ice, mais, si tu pouvais me raconter le genre de cauchemar que tu as fait, je te laisserais sortir de la chambre de confinement et ferais rappeler Adair de vacances. »
Entendant les termes de Judgment, je réfléchis sérieusement à sa proposition. Être incarcéré dans la chambre de confinement ne me dérange pas vraiment… étant donné que, après tout, je m’enferme habituellement dans ma chambre. Donc, en ce moment, je ne fais que changer l’emplacement où je m’enferme. Mais, le terme le plus important de sa proposition est de « rappeler Adair de vacances » !
Si Adair était là, je pourrais lui refiler toute la paperasse et sortir pour acheter des confiseries. Même sans les desserts faits par Ice, j’arriverais à survivre pendant un mois. Si Adair était là et que j’apercevais quelqu’un que je détestais, je pourrais le lui laisser savoir discrètement et lui ordonner d’encercler et de tabasser la personne en question. Si Adair était là, je pourrais pratiquement ignorer toutes les lois et faire des bêtises… Ahem ! Je veux dire « faire comme il me plaira » !
Bien que j’adorerais absolument ravoir Adair, je fis exprès de révéler une expression perturbée et marchandai : « Mais, tu dois tout de même me donner tes sucreries ainsi que celle de Leaf ! »
Judgment acquiesça d’un signe de tête et affirma ensuite : « Je peux te donner les miennes, mais essaie d’éviter le plus possible de prendre les desserts de Leaf, en particulier quand la cafétéria du Temple Sacré est en vacances. Récemment, il a commencé à écrire des lettres à la princesse du Royaume de l’Orchidée Lunaire, et s’est donc mis à effectuer des dépenses supplémentaires pour de l’encre et du papier. Si tu prends également tous ses desserts, je crains qu’il ne meure de faim pendant les vacances. »
« Très bien », acceptai-je à contrecœur.
Judgment marcha jusqu’à moi et s’assit sur le bord du lit à côté de moi. Il me dit : « Maintenant, raconte ! Quel genre de cauchemar as-tu réellement eu qui puisse te pousser à réveiller tout le monde au beau milieu de la nuit ? »
J’hésitai l’espace d’un instant. Malgré le fait que je n’avais pas vraiment envie de songer à mon cauchemar, j’avais déjà accepté les termes de l’entente, alors je lui racontai tout ce qu’il s’était produit dedans clairement et en détails… jusqu’au moment où je le transperçais de mon épée et provoquais sa mort. C’était très malaisant ; je faillis être incapable de poursuivre.
Toutefois, l’expression de Judgment ne changea pas du début jusqu’à la fin. C’était comme si je ne racontais pas le geste effrayant de massacrer les Douze Chevaliers Sacrés, mais que je ne faisais que relater un rêve plutôt ordinaire. Grâce à cela, je réussis avec difficulté à terminer de lui raconter ce qu’il se passait dans le rêve.
Judgment écouta silencieusement jusqu’à la toute fin. Il demeura silencieux pendant un moment et s’enquit soudainement ensuite : « Sais-tu pourquoi ceux qui sont morts étaient Ice, Leaf et Blaze ? »
Je me figeai, ne comprenant pas ce qu’il essayait de me dire. Je lui demandai avec confusion : « Pourquoi eux ? Ce n’est qu’un rêve. Ce n’est pas comme si c’était moi qui les avais choisis. »
« Tu les as choisis », dit Judgment faiblement. « Parce que Leaf est mort une fois auparavant et que Ice et Blaze ont été blessés lors du plus récent incident. Tu ressens un fort sentiment de culpabilité à leur égard. À tes yeux, c’est comme si tu les avais tués toi-même. »
Ainsi… c’est pour cette raison ?
« Cesse de davantage jeter le blâme sur toi. » Judgment poussa un soupir. « Ice et Blaze comprennent ta personnalité, et c’est pourquoi ils t’ont pardonné ce qu’il s’est passé sans la moindre hésitation. Ils craignaient que tu te sentes trop coupable. Ne laisse pas leurs efforts être vains. Trouve en toi la force de te pardonner ! »
« Je ne rejette pas le blâme sur moi ! » rétorquai-je avec agitation. Entendre Judgment prononcer les mêmes mots qu’il avait dit dans le cauchemar, en me demandant de ne pas jeter le blâme sur moi, me fit me sentir très inconfortable. Cela me donnait l’impression que les évènements qui s’étaient produits dans le rêve étaient réels sauf qu’ils se produiraient dans le futur.
En entendant cette réponse, Judgment me regarda droit dans les yeux, me faisant frissonner. Je m’empressai de me défendre : « C’est tout naturel que je rejette le blâme sur moi à un certain point. C’est moi qui ai emmené Leaf hors du royaume et, quand il est mort, je n’étais même pas à ses côtés. En plus, j’ai même blessé Blaze et Ice de mes propres mains. Ils… Tous les trois ont été… À cause de moi… À cause de moi, ils ont tous les trois été… »
Judgment interrompit brutalement mes paroles de remords et dit avec fracas : « Ils dorment tous les trois tranquillement dans leurs chambres ! Leur seule inquiétude est que tu rejettes trop le blâme sur toi ! Sun, il n’y a pas que toi qui se sente triste lorsque tu blesses tes propres frères d’armes ! Stone m’a dit que, quand Leaf avait découvert que tu lui avais menti en affirmant ne pas être aveugle, il s’était senti si mal qu’il avait presque voulu s’arracher les yeux en espérant que ça te rendrait la vue ! »
« Il… Il n’a pas… » Je me levai presque d’un bond avec effroi.
Judgment répondit immédiatement : « Bien sûr que non, Stone a réussi à le convaincre de ne pas le faire. Qui plus est, même s’il s’était réellement arraché les yeux, il n’y aurait aucun moyen de te rendre la vue. C’est seulement en gardant ses yeux qu’il serait en mesure de t’aider. Il devrait comprendre une telle chose. »
Je me détendis. J’ai bien failli faire une crise cardiaque !
Judgment expliqua d’une voix profonde et sincère : « Sun, quand tes frères d’armes sont blessés, tu deviens profondément contrarié. Mais, l’opposé est également vrai; si tu étais blessé, nous serions aussi très inquiets. Par conséquent, si tu ne veux pas que cela se reproduise, la prochaine fois que tu dois faire quelque chose de dangereux, ne le fais pas seul ! »
Je gardai le silence pendant un long moment. Ensuite, je jetai un regard étrange à Judgment. Je lui fis remarquer avec stupéfaction : « Tu parles beaucoup aujourd’hui. »
« Je n’y peux rien », rétorqua Judgment avec froideur. D’une voix encore plus basse, il dit : « Si je ne te dis pas ça clairement tout de suite, je ne sais pas quel genre de choses dangereuses tu feras seul la prochaine fois, nous forçant alors tous à nettoyer derrière toi ! »
Il ne retenait vraiment pas les coups dans cette conversation. Ce n’est pas comme si je veux à dessein les forcer à régler les problèmes que je laisse dans mon sillage. Un brin déprimé, je déclarai : « Désolé, mais je ne me rappelle vraiment pas ce qu’il s’est passé ni pourquoi je me suis retrouvé au royaume de Kissinger, et j’ignore pourquoi j’avais également perdu la mémoire en plus de tout le reste. Je n’en ai réellement aucune idée ! »
« Tôt ou tard, nous découvrirons la vérité », affirma Judgment sans la moindre hésitation. Par la suite, il me regarda droit dans les yeux et décréta : « Si tu souhaites personnellement en faire l’investigation, promets-moi d’emmener d’autres Chevaliers Sacrés avec toi. Ne porte pas le poids du monde sur tes épaules. »
« D’accord. » Cette fois, j’acquiesçai sur-le-champ. Je n’avais aucune envie de perdre la mémoire à nouveau, et je ne souhaitais plus jamais blesser les Douze Chevaliers Sacrés de mes propres mains non plus.
Après avoir eu cette discussion jusqu’à ce point précis, Judgment adoucit enfin son expression. « Dans ce cas, je vais retourner dormir. Tu devrais retourner dans ta chambre également ! Avant que je ne vienne, j’avais déjà ordonné à Hell d’aller vaquer à ses occupations habituelles. » Lorsqu’il eut fini de parler, il se leva et tourna les talons pour s’éloigner.
Je l’observai se retourner, toujours sous l’impression qu’il y avait quelque chose d’étrange. Je ne pus m’empêcher d’ouvrir la bouche pour m’enquérir : « Judgment, tu n’es normalement pas du genre à revenir sur ta parole. Alors, comment se fait-il que tu aies affirmé que tu me confinerais pendant un mois, et pourtant tu es d’accord pour me relâcher malgré le fait qu’il ne se soit écoulé qu’un peu plus de deux semaines depuis ? »
Judgment s’arrêta de marcher et tourna lentement la tête dans ma direction. Avec un sourire, il annonça : « L’Aigle Silencieux de la Cathédrale du Dieu de l’Ombre est en visite au Royaume du Son Oublié. Il en va de ta responsabilité de l’accueillir, alors je suis forcé de te relâcher. »
« … Je me suis encore fait avoir ! »
Énervé et exaspéré, je m’exclamai : « Judgment ! Tu… Tu es vraiment devenu mauvais, c’est moi qui te le dis ! »
Judgment éclata de rire et sortit de la pièce. « Il va de soi que je suis une “mauvaise” personne. Aurais-tu oublié que mon identité est celle du Capitaine-Chevalier du Jugement que tout le monde craint ? Alors ? Que dis-tu, bon et miséricordieux Capitaine-Chevalier du Soleil ? »
« Mais, je ne suis pas du tout une bonne personne, alors tu n’as pas le droit de devenir mauvais ! Si tu deviens réellement une mauvaise personne, cela ne ferait-il pas de moi ta plus grande victime ? Non, Judgment… Il faut impérativement que tu demeures une bonne personne, exactement comme Leaf… Hé ! Arrête de m’ignorer ! »
« Grisia ! Tu ne pourras jamais m’échapper. Tu ne pourras définitivement jamais m’échapper. Alors, reste tranquille et…. laisse-moi simplement te tuer, d’accord ? »
J’ouvris brusquement les yeux. Cette fois-ci, je ne paniquai pas comme la dernière fois. Au lieu de cela, je me servis en premier de ma capacité à percevoir les éléments. Comme je m’y attendais, je me trouvais dans ma chambre, et j’étais seul à l’intérieur. Personne ne s’apprêtait à me tuer.
Un autre mauvais rêve ?
Pourquoi est-ce que je fais des mauvais rêves aussi fréquemment ces derniers temps ? Pourrait-il s’agir d’un effet secondaire de ma perte de mémoire ? De plus, qui veut me tuer ? Est-ce Scarlet ? Et, quelle est la relation entre Rose et Scarlet ?
Ces questions étaient suffisantes pour me filer une sacrée migraine, et c’était avant même d’avoir pris en considération ce que Judgment m’avait annoncé. L’Aigle Silencieux de la Cathédrale du Dieu de l’Ombre est en visite au Royaume du Son Oublié… Pourquoi est-il soudainement venu jusqu’ici ? Que celui qui fût à la tête de la Cathédrale du Dieu de l’Ombre vînt au Royaume du Son Oublié, quartier général d’une religion ennemie, était aussi étrange que si moi, le Chevalier du Soleil, je me rendais au Royaume de Kissinger… Euuuuh !
D’accord, il est vrai que je me sois rendu au Royaume de Kissinger récemment, donc que celui-ci vienne au Royaume du Son Oublié ne paraît pas si étrange après tout.
Scarlet, Rose, l’élément des ténèbres, et l’Aigle Silencieux… Tout semble relié à la Cathédrale du Dieu de l’Ombre. Pourquoi ne débuterais-je pas mon investigation avec la Cathédrale du Dieu de l’Ombre ? Je finirai bien par découvrir quelque chose !
Cependant, la Cathédrale du Dieu de l’Ombre n’était pas un sujet qui m’était familier. Je devrais poser la question à quelqu’un pour en connaître davantage.
Une fois que je me fus levé et habillé, je me brossai les cheveux et touchai ensuite mon visage… Après deux semaines en confinement durant lesquelles j’avais été en mesure d’appliquer des masques tous les jours, ma peau était devenue si douce et claire que je préfèrerais presque toucher ma peau plutôt que celle d’une femme… Toutefois, si j’avais réellement la chance de toucher la peau d’une femme, je ne serais pas contre l’idée de ne pas avoir un visage avec une peau aussi magnifique !
Mais, je digresse… Dans tous les cas, même Roland affirmait que ma peau était devenue encore plus blanche que celle des créatures des ténèbres. Mon apparence ne pourrait pas avoir l’air plus parfaite, et elle collait bien à l’image du Chevalier du Soleil possédant une belle apparence et une magnifique peau claire. Par conséquence, en ce moment même, je pouvais sans problème sortir pour questionner les gens !
« La Cathédrale du Dieu de l’Ombre ? »
Storm leva les yeux au ciel. Brusquement, il dit : « Crois-tu réellement que je sais tout ? Je suis uniquement au courant des rumeurs concernant notre royaume ! Si tu comptes poser des questions au sujet d’un royaume aussi éloigné, j’ai bien peur de ne pas posséder ce genre de compétence remarquable ! »
« Je vois », répondis-je avec déception.
Sans doute parce qu’il voyait que j’étais extrêmement déçu, Storm secoua la tête et ajouta : « Tu poses la question à la mauvaise personne. Va demander à Cloud ! Il pourrait avoir lu des choses à ce sujet quelque part dans les livres. Ce type est une véritable encyclopédie ambulante ! »
En entendant la mention de Cloud, je réalisai subitement qu’il serait vraiment plus approprié de poser ces questions à ce dernier ! Il semblerait que j’aie posé tellement de questions à Storm récemment que, quand quelque chose se produit, ma première réaction est d’aller le voir pour le questionner.
« Tu as la gratitude de Sun, mon frère Storm, puisque tu as éclairci le brouillard dans lequel nageait Sun et lui as permis d’atteindre la splendeur du rayon de soleil, faisant de ce fait en sorte que Sun reçoive l’illumination joyeuse de la lumière. Sun remercie le Dieu de la Lumière, et Sun remercie son frère d’armes Storm. »
Storm rétorqua, son visage dénué d’expression : « Si tu tiens réellement à me remercier, ne me remercie plus jamais. Combien de fois faut-il que je te le répète ? Tu le fais exprès, n’est-ce pas ? C’est comme lorsque tu prononces nos noms de la mauvaise façon… Non ! Tais-toi ! Ne m’appelle pas par ce nom ! »
Je fermai la bouche et acquiesçai docilement d’un signe de tête. Puis, j’agitai la main en signe d’aurevoir. Après avoir effectué dix pas, je confirmai que je me trouvais à une distance assez éloignée pour que, peu importe à quelle vitesse il se déplacerait, il serait incapable de foncer sur moi, me mettre son poing dans la figure sans que les autres le remarquent, et retourner à sa position originale comme si rien ne s’était produit. Ce fut à ce moment précis que je lui dis aurevoir.
« À plus tard, “Décédeo”! »
« … »
De derrière moi provint la voix énervée de Storm : « Sun, Adair a encore besoin de trois jours de repos avant de pouvoir reprendre du service. Donc, pendant ces trois jours, n’oublie pas de t’occuper de ta paperasse ! Hé ! Ne fais pas semblant d’être sourd ! »
Je n’entends rien. Je suis sourd. Je n’entends rien… Je m’empressai de partir et me dirigeai tout droit vers la bibliothèque.
Depuis que le Pape avait renvoyé la bibliothécaire et avait ordonné à Cloud de s’occuper de la bibliothèque, Cloud n’était jamais parvenu à se libérer de ses fonctions à temps partiel en tant que nouveau bibliothécaire. Malgré l’abondance des récentes récoltes et l’augmentation des dons en argent auprès de l’Église, le Pape ne lui avait toujours pas permis de quitter ce poste.
Par conséquent, je suis sûr que ce foutu vieux Pape avait prévu le coup depuis le début. Pour éviter de devoir payer un salaire à un bibliothécaire, il a poussé le Capitaine-Chevalier du Nuage, qui possède déjà un poste haut-placé et bien rémunéré, à devenir le nouveau bibliothécaire gratuitement. C’est tout simplement… Un coup de génie !
Parce que, à présent, quand je suis à la recherche de Cloud, je n’ai plus besoin de me promener de façon disgracieuse en hurlant pour l’appeler en espérant le trouver au passage. Je n’ai qu’à me rendre à la bibliothèque pour le trouver, ce qui est beaucoup plus pratique. Plusieurs chevaliers sacrés, particulièrement ceux appartenant au Peloton du Chevalier du Nuage, avaient applaudi le plan concocté par le Pape pour économiser de l’argent.
Je pénétrai dans la bibliothèque, et plusieurs chevaliers levèrent la tête pour me saluer. Après avoir souri à chacun d’entre eux, je marchai jusqu’au bureau des renseignements de la bibliothèque et sonnai élégamment la cloche sur la table.
Je n’eus à faire sonner la cloche que deux fois avant que Cloud n’« émergeât » de derrière la table. Il ne révéla que sa tête et n’« émergea » pas d’avantage.
Je lui souris tout en le regardant, et il me regarda également en silence. Après nous être fixé du regard pendant quelques secondes, Cloud se leva tranquillement et me suivit sans un mot jusqu’à l’extérieur. Évidemment, lui seul gardait le silence ; je souriais et saluais les gens pendant toute la durée de notre déplacement. Bien que j’eusse toujours détesté sourire et saluer les gens, après avoir été confiné pendant deux semaines et n’avoir eu de contact qu’avec quelques-uns des Douze Chevaliers Sacrés, je ne trouvais plus l’idée aussi désagréable à présent.
Alors que je traversais le couloir du Temple Sacré avec un sourire aux lèvres, je dis à Cloud : « Je suis à la recherche d’informations concernant la Cathédrale du Dieu de l’Ombre. »
Cloud pencha la tête sur le côté et commença à relater d’une voix monotone : « Il y a environ sept cents ans, en l’an 125 du Calendrier Sacré, comme pour jeter une ombre sur l’Église du Dieu de la Lumière qui se fonde sur la bienveillance et sur le Monastère du Dieu de la Guerre qui valorise surtout la force, le mot “ténèbres” se mit à circuler parmi le peuple. Le point central était l’idée de pouvoir agir selon ses propres désirs… »
« Je ne veux pas connaître l’origine de son existence ! » le coupai-je un peu avec impuissance. « Mon service en tant que Chevalier du Soleil serait terminé d’ici à ce que je finisse de t’écouter me raconter toute leur Histoire. Parle-moi de la connexion entre le représentant de la Cathédrale du Dieu de l’Ombre, les prêtres et prêtresses de l’ombre, et l’Aigle Silencieux. »
Cloud se figea pendant un moment, puis il ouvrit à nouveau la bouche pour ajouter : « Le représentant de la Cathédrale du Dieu de l’Ombre est le Roi Démon. L’Aigle Silencieux ainsi que les prêtres et les prêtresses de l’ombre existent pour le servir. L’Aigle Silencieux est le commandant des chevaliers noirs. D’un autre côté, les prêtres et prêtresses sont peux nombreux, s’avoisinant habituellement à trente. Néanmoins, chaque prêtresse ou prêtre de l’ombre est extrêmement puissant… »
À présent, il paraissait perdu, ne sachant pas comment poursuivre.
Ce que Cloud venait de me relater était essentiellement les parties que je connaissais déjà. Hormis l’information de base, je n’en savais pas plus au sujet de la Cathédrale du Dieu de l’Ombre.
J’hésitai. Puis, je pris l’initiative et lui demandai : « Dis-m’en plus à propos de leur représentant. Par exemple, comment est-il choisi ? »
Cloud hésita à son tour et secoua ensuite la tête. Il déclara : « Cette information n’a été inscrite dans aucun texte officiel aux archives. Je n’ai entendu que des rumeurs. »
« Ce n’est pas un problème, raconte-moi ce que tu as entendu ! » insistai-je. Après tout, les rumeurs sont parfois plus véridiques que ce qui est inscrit dans les livres !
« On raconte que c’est le Dieu de l’Ombre qui choisit le Roi Démon. »
Comment cela pourrait-il être possible ? Je devins silencieux. Sans doute parce qu’il avait vu l’expression sur mon visage, Cloud hocha la tête, comme pour montrer son accord. Toutefois, il ajouta : « Il ne s’agit probablement pas du Dieu de l’Ombre, mais plutôt d’une sorte de relique sacrée laissée par le Dieu, similaire à l’Épée Divine du Soleil. De nombreuses rumeurs racontent que le Dieu de la Lumière choisit son Chevalier du Soleil à travers l’Épée Divine du Soleil. »
Évidemment, ce ne sont ni l’Épée Divine du Soleil ni le Dieu de la Lumière lui-même qui choisissent le Chevalier du Soleil, mais plutôt le précédent Chevalier du Soleil. Personne n’est mieux placé que moi pour le savoir.
Il est vrai que j’ai déjà entendu cette rumeur auparavant. Quelque chose à propos de comment seul le véritable Chevalier du Soleil peut tirer l’Épée Divine du Soleil hors d’un rocher dans lequel elle a été enfoncée, et comment ceux qui ne sont pas l’élu étaient incapables de la retirer. Ou quelque chose comme quand le véritable Chevalier du Soleil touche l’Épée Divine du Soleil, l’épée divine se met à briller ou même parler, des histoires de ce genre. Elles ont toujours été les histoires que les bardes préféraient chanter.
Mais, en réalité, si vous étiez un chevalier sacré ou même un prêtre du Dieu de la Lumière, vous pouviez faire briller l’Épée Divine du Soleil, à condition que vous recouvriez l’épée avec de la lumière sacrée.
C’est sans oublier le fait que, si l’Épée Divine du Soleil était réellement enfoncée dans un rocher, parmi les Douze Chevaliers Sacrés, la personne qui aurait le moins de chance de pouvoir la retirer serait moi… D’accord, parfois, on ne peut pas se fier aux rumeurs non plus.
Néanmoins, tel que nous le disions plus tôt, la soi-disant idée selon laquelle le Dieu de l’Ombre choisit Son représentant peut aussi provenir d’une rumeur au sujet d’une relique sacrée. Je fis rapidement connaître à Cloud le fil de mes pensées et lui demandai alors : « Les chevaliers noirs ne possèderaient pas quelque chose comme l’Épée Divine de l’Ombre, n’est-ce pas ? »
Cloud secoua la tête : « Cette information n’est inscrite dans aucun texte. »
« Est-il possible que des fillettes puissent être des prêtresses de l’ombre ? » m’essayai-je à demander.
« Cette information n’est inscrite dans aucun texte. »
« Le Roi Démon et l’Aigle Silencieux entretiennent-ils une relation harmonieuse ? »
« Cette information n’est inscrite dans aucun texte. »
« …Existe-t-il une chose que tu connaisses et qui ne soit inscrite dans aucun texte ? »
Cloud n’hésita pas du tout une seconde pour employer un ton monotone et répondre : « Les gens ont besoin de manger, de dormir et d’aller aux toilettes. Je suis le Chevalier du Nuage. Tu es le Chevalier du Soleil. Nous ne devons provoquer ni ta colère ni celle du Capitaine-Chevalier du Jugement… »
« Je te remercie de tout cœur pour ta réponse, mais, je t’en prie, ferme-la ! »
Cloud ferma la bouche avec une extrême docilité.
Il semblerait que je ne fusse pas en mesure d’obtenir d’information utile de Cloud non plus. N’ai-je réellement pas d’autres options que d’aller questionner Rose ? À l’origine, je n’avais vraiment pas envie de partir à sa recherche jusqu’à ce que j’eusse clarifié certaines choses pour moi-même.
Cependant, si je dois aller trouver Rose pour découvrir la vérité, dans ce cas je le ferai. Après tout, c’est une question à laquelle je dois absolument obtenir une réponse. Sinon, je serai incapable de me débarrasser de ce sentiment de malaise… Je ne peux pas laisser un incident majeur tel que mon amnésie se reproduire !
Je me retournai pour faire face à Cloud. « Cloud, pour le moment, suis-moi pour régler certaines affaires avec moi. »
Puisque Judgment tenait à ce que je demandasse à l’un des Douze Chevaliers Sacrés de me suivre pour enquêter et ainsi empêcher le moindre accident de survenir, dans ce cas, je me devais évidemment de choisir celui qui était le plus obéissant et qui savait le mieux comment bien se comporter !
À l’origine, Leaf était également un très bon choix, étant donné que, si je lui avais ordonné de me suivre, j’aurais pu lui emprunter quelques-unes de ses épices pour le repas du soir ! Néanmoins, depuis qu’il a découvert que je lui ai menti, il me regarde sans cesse avec des yeux emplis d’une profonde tristesse, me faisant me sentir inconfortable. Par conséquent, il vaudrait mieux que je ne le lui demande pas !
« Le Pape m’a ordonné de rester à la bibliothèque », répondit Cloud sans expression.
Fichu vieux Pape ! Il possède de nombreux guérisseurs sous ses ordres qu’il pourrait employer, et pourtant je dois constamment me disputer avec lui pour l’empêcher de me voler mes chevaliers sacrés !
Je répliquai sur-le-champ : « Eh bien, réponds-tu aux ordres du Pape ou aux miens ? Que dis-tu, Capitaine-Chevalier du Nuage ? »
Cloud prit quelque secondes pour réfléchir. « Aux tiens. Les textes racontent que les Douze Chevaliers Sacrés doivent obéir au Chevalier du Soleil. »
…Donc, la raison pour laquelle tu es aussi obéissant, c’est parce que les écrits affirment que tu dois faire tout ce que je te dis ? Dans ce cas, devrais-je emprunter le manuscrit en question et forcer les Douze Chevaliers Sacrés à le lire ? Non, pas seulement les Douze Chevaliers Sacrés, le Pape devrait le lire lui aussi !
« Sun ! »
Je n’avais pas besoin de me retourner pour voir que Storm courrait rapidement dans ma direction. Une fois qu’il m’eût rejoint, il annonça clairement et brièvement : « Le Pape te cherche. »
Je regardai à gauche et à droite. Aucun chevalier sacré ne se trouvait à proximité, alors je changeai ma façon de parler et m’enquis simplement : « Que se passe-t-il ? »
« L’Aigle Silencieux vient d’arriver. » Après qu’il eut fini, Storm ajouta à voix basse : « Le Pape et Judgment ne semblent pas très ravis. La Cathédrale du Dieu de l’Ombre penche davantage vers l’élément des ténèbres, alors ils ne sont pas vraiment la bienvenue au Royaume du Son Oublié. »
L’Aigle Silencieux… Attendsun ? Il est arrivé juste au bon moment ! Je serai peut-être en mesure de lui soutirer quelques informations au sujet de Rose.
Toutefois, j’éprouvais également quelques doutes. L’Aigle Silencieux est en fait venu jusqu’ici par coïncidence à ce moment précis. Se pourrait-il… qu’il sache que j’ai visité le Royaume de Kissinger ?
Dans tous les cas, je vais aller à sa rencontre, et on verra bien !