1/2 Prince T6Extra : Des vies à la recherche d’un avenir

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½ Prince Tome 6 : La Grande révolte des PNJs

Roman d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)


Extra Chapter: Life In Search of a Future – traduit du chinois vers l’anglais par Nausicaä[PR!]
Chapitre extra : Des vies à la recherche d’un avenir
traduit de l’anglais au français par Nocta
+ travail de vérification par AkaiiRia

Kenshin

« Je suis un camarade. » Un homme aux cheveux rouges apparut soudainement, flottant dans les airs, alors que Kenshin profitait d’une de ses rares retraites en solitaire dans la forêt.

« Un camarade ? » le questionna Kenshin avec son habituelle réserve. Néanmoins, il sentit quelque chose s’agiter au fond de lui. Se pourrait-il que cette personne soit un PNJ ayant développé une conscience de soi ?

« Oui, je suis comme toi, un PNJ avec sa propre conscience. »

« Ton nom ? » demanda Kenshin avec sa brusquerie si caractéristique.

« The Dictator of Life », se présenta l’homme. Il ne semblait pas se soucier de la façon sèche dont Kenshin le questionnait.

« The Dictator of Life », répéta Kenshin avec prudence. Il leva la tête pour faire face à ce camarade et lui dit : « Je suis Kenshin, et nous avons un autre compagnon qui s’appelle Sunshine. »

« Je sais », répondit The Dictator of Life avec un sourire bienveillant, tandis qu’il se posait à côté de Kenshin. Ce dernier n’ajouta rien et resta étendu à ses côtés.

« Souhaites-tu venir au Continent du Nord ? Nous avons de nombreux compagnons là-bas », dit The Dictator of Life après un certain temps. « Qui plus est, dans un moment, il n’y aura plus d’humains pour nous déranger, et tu ne seras plus forcé de cacher ton identité de PNJ. »

« Que veux-tu dire ? » l’interrogea Kenshin, son esprit rempli de questions. Comment pourrait-il ne pas y avoir le moindre humain sur le Continent du Nord ?

« Je suis en train d’éliminer tous les humains du Continent du Nord, aussi, d’ici peu, il ne devrait rester plus personne », déclara-t-il calmement.

Kenshin, qui était jusqu’alors allongé dans l’herbe, se releva subitement. « Tu vas éliminer les humains du Continent du Nord ? »

The Dictator of Life lui adressa un fin sourire et répondit : « Pour être plus précis, je vais éliminer tous les humains de Second Life. »

Kenshin était si choqué qu’il resta incapable de parler. Éliminer tous les humains de Second Life ? Cette idée était tout simplement folle.

« Se pourrait-il que tu ne sois pas insatisfait d’être un animal de compagnie pour humain ? » s’enquit The Dictator of Life d’un ton mesuré, ignorant la stupéfaction de Kenshin. « Avec ton maître qui est continuellement en train de te donner des ordres, ne t’es-tu jamais demandé pourquoi tu devais lui obéir ? Ne ressens-tu aucune rancœur quant au fait que tu doives constamment cacher ton identité de PNJ ? »

Ce soudain barrage de questions rendit Kenshin temporairement sans voix. Est-ce qu’être l’animal de compagnie de Prince le faisait se sentir insatisfait ? En réalité, ça lui allait parfaitement, après tout, il n’avait jamais été forcé d’appeler qui que ce soit « maître », même si Prince lui volait toujours son thé, ce qui lui laissait bien un arrière-goût de rancœur.

Il ne pouvait pas non plus nier le fait que Prince était toujours en train de lui donner des ordres. C’était vrai que, à chaque fois que Prince se mettait dans une situation particulièrement poisseuse, il appelait toujours Kenshin pour l’aider à nettoyer son bazar. Par exemple, il y avait eu cet incident avec Celestial… même si Prince avait failli se sacrifier à la fin. Et, il y avait eu le cas impliquant Artic Fox, mais, en fin de compte, il avait trouvé quelqu’un avec qui boire du thé, ce qui n’était pas si mal, tout particulièrement parce que ce nouveau compagnon était très silencieux et était donc en conséquence infiniment mieux que ce bruyant Prince.

Quant au fait qu’il était obligé de cacher son identité de PNJ… Peut-être que, en effet, ça le laissait amer et qu’il craignait de s’approcher des humains. Après tout, il n’avait pas le courage dont Sunshine avait fait preuve en tombant amoureux d’une personne.

« Viens rejoindre les rangs de tes alliés sur le Continent du Nord, et ensemble faisons véritablement de Second Life notre monde », le tenta The Dictator of Life, son expression devenant sinistre.

« Je n’ai pas vraiment de problème avec la situation actuelle », répondit Kenshin avec une certaine hésitation.

« Sais-tu ce qu’il se passera s’ils découvrent que tu as développé une conscience de soi ? » le pressa The Dictator of Life avec entêtement.

Brusquement, le cœur de Kenshin manqua un battement. Si on le perçait à jour… ç’en serait définitivement fini de lui. Même Prince ne serait pas capable de le sauver à ce moment-là.

« N’éprouves-tu pas le plus infime ressentiment envers ces humains qui sont libres de nous massacrer à leur guise ? Préfères-tu continuer stupidement ainsi, jusqu’à ce que les humains découvrent ton secret et te détruisent ? » lui demanda de nouveau The Dictator of Life, poursuivant son attaque impitoyable.

Kenshin ne trouva rien à rétorquer. Peut-être, pensa-t-il, que ma destruction est précisément ce que j’attends, que j’attends simplement le moment où je connaîtrais le même sort que Kaoru.

« Ne souhaites-tu pas te révolter contre les humains qui ont provoqué vos destins tragiques à Kaoru et toi-même ? » le questionna The Dictator of Life, jouant enfin la carte de son joker, qui était aussi la seule chose à laquelle Kenshin tenait.

« Kaoru… » Kenshin ressentit une douleur sourde dans son cœur. Même… même s’il savait que tout ce qu’il y avait entre lui et Kaoru n’était pas réel, même s’il était possible que Kaoru n’ait juste été qu’une PNJ docile, il ne pourrait jamais l’oublier.

« Joins-toi à nous ! »

Kaoru n’est pas un objet qu’on utilise ! Soudainement enragé, Kenshin rugit : « Ne te sers pas de Kaoru pour me tenter, et je ne veux plus jamais t’entendre prononcer son nom ! »

« Vraiment ? » The Dictator of Life s’éleva lentement et silencieusement dans le ciel. « Tu seras toujours le bienvenu parmi nous. Il te suffit de m’appeler dans ton esprit, et tes camarades viendront t’accueillir. »

The Dictator of Life ! Kenshin regarda sa silhouette se dissiper peu à peu. Il ressentit un sentiment grandissant d’agitation s’étendre progressivement à travers lui, jusqu’à l’instant précis avant que The Dictator of Life ne disparaisse complètement. Kenshin fut assailli par l’impulsion de l’appeler pour arrêter cet homme qui, en dehors de Sunshine, était le seul compagnon qu’il avait.

« Kenshin ! » La voix d’Artic Fox retentit derrière lui. « Il se passe quelque chose en ville, rentrons ! »

« Très bien. » Sans un autre mot, Kenshin suivit Artic Fox, mais il ne put s’empêcher de se retourner pour regarder l’endroit où s’était tenu The Dictator of Life.

 

 

Celestial

Il était très rare que des joueurs apparaissent dans sa maison. Mais, quand ces quatre joueurs apparurent, ils se rendirent même directement à l’endroit situé en-dessous du portail magique. Ainsi, en accord avec les règles, il était forcé d’apparaître et de s’occuper d’eux personnellement.

Cette fille rondelette est plutôt mignonne ! Cette pensée traversa soudainement l’esprit de Celestial. Ce visage rond et poudreux, ces chignons ronds, ces yeux ronds, pourquoi est-ce que tout est si rond ? Celestial parvint à peine à retenir son sourire.

Très bien, cette fille va rester avec moi pour me tenir compagnie ! décida Celestial, et il passa sur-le-champ à l’action.

« Ça te dirait de devenir ma femme ? Reste ici avec moi. » Ayant juste capturé la fille, Celestial ne perdit pas un instant pour lui présenter sa requête, et, au même moment, il fut incapable de résister à l’envie de frotter son visage contre les jours de cette jolie fille. Sa peau est tellement douce et lisse, pensa-t-il. C’est une sensation si plaisante !

« Ne sois pas ridicule ! » Bien qu’elle ait ressenti une certaine peur au départ, la fille semblait à présent ne plus pouvoir supporter les actions de Celestial, et elle gifla celui-ci vicieusement à deux reprises.

« Qu’est-ce que tu fais ? » Même s’il avait été frappé à deux reprises, Celestial ne ressentit qu’un léger picotement sur ses joues. Il n’y avait pas beaucoup de force derrière ces coups. Dans l’ensemble, il trouva son geste relativement amusant. « Essaie de refaire ça encore une fois ! »

La fille manqua presque de – non, elle s’énerva réellement. Abandonnant toute raison, elle ouvrit la bouche et plongea ses dents dans le bras de Celestial.

« Tu as faim ? » lui demanda-t-il avec curiosité. Ma femme a tellement faim qu’elle essaie de me dévorer !

Trois lignes noires apparurent sur le visage de la fille. Elle ouvrit la bouche et dit d’un ton abattu : « Dépêche-toi juste de me tuer ; Je dois encore retourner en ville et trouver grand-frère Prince. »

« Je ne vais pas te tuer. Je veux que tu deviennes ma femme », dit Celestial avec un sourire.

Les yeux de la fille s’écarquillèrent, et elle lui demanda : « Sais-tu au moins ce que ça veut dire ? »

« Bien sûr que je le sais », répondit Celestial d’un ton détaché. « Ça désigne une personne qui sera toujours avec moi. »

Eh bien, ce n’est pas exactement faux, admit la fille à contre-cœur. « N’as-tu pas déjà tout un tas de ces nymphes aux robes violettes pour te tenir compagnie ? » insista-t-elle.

« Les nymphes aux robes violettes ? Tu veux dire ça ? » Celestial invoqua l’une des nymphes, qui sortit de nulle part.

La fille hocha la tête frénétiquement.

« C’est une partie de moi, et je la contrôle », expliqua Celestial d’une voix légèrement mécontente. « C’est tellement ennuyeux d’être tout seul, qu’est-ce que tu dirais de me tenir compagnie ? »

Euuhh, pensa-t-elle. Même si Celestial semblait pitoyable, elle ne pouvait pas vraiment rester ici avec lui, et pourtant il refusait de la tuer. *Pleurs !* Et elle ne pouvait même pas demander à grand-frère Prince de venir la sauver ou il se ferait tuer par Celestial. Oh tant pis, elle n’avait qu’à se déconnecter pour le moment et revenir demain pour réfléchir à une solution.

Me déconnecter… Le visage de la fille pâlit. « Pourquoi est-ce que je ne peux pas me déconnecter ? »

« Qu’est-ce que ça veut dire “me déconnecter” ? » s’enquit Celestial, curieux, tandis qu’il s’accroupissait devant la fille.

« Ça veut dire quitter ce jeu », répondit-elle, le visage blême alors qu’elle se débattait pour se déconnecter. Mais, c’était en vain. Empreinte de panique, elle s’empressa d’envoyer un message privé à Prince, mais, dans sa détresse, elle ne remarqua pas le changement qui était apparu sur le visage de Celestial.

« Quitter… le jeu ? Quel jeu ? » Un étrange sentiment s’immisça dans la conscience de Celestial.

« Tout ça ! C’est un jeu ; je suis une joueuse, et tu es un PNJ, donc je ne peux pas devenir ta femme. » La fille, inquiète de ne pas pouvoir se déconnecter, ne put que crier sa réponse.

« Qu’est-ce qu’un PNJ ? » la questionna Celestial avec confusion, alors que le sentiment particulièrement étrange qu’il ressentait émergeait également dans les profondeurs de son cœur.

Grand-frère Prince a dit qu’il allait chercher des gens pour me sauver. La fille retrouva finalement son calme et répondit : « Les personnages qui ne sont pas des joueurs. »

« Dans ce cas, qu’est-ce qu’un joueur ? » poursuivit Celestial, se sentant encore plus perplexe. Pourquoi est-ce que je ne comprends pas la moindre chose dont elle me parle ?

Même s’il était évident que cette fille trouvait étrange qu’il lui pose tant de questions, celle-ci répondait quand même à chacune d’elles en détails, incluant des informations concernant le jeu, telles que sur les joueurs et les PNJs.

« Je… je vais réfléchir à tout cela soigneusement », dit Celestial tandis qu’il s’éloignait, troublé. Soudainement, il se retourna pour dire : « Je vais laisser un double pour te tenir compagnie. Comme ça tu ne t’ennuieras pas. »

Ma femme et moi sommes différents ? Et parce que nous sommes différents, nous ne pouvons pas être ensemble ? Alors qu’il se tenait immobile, perdu dans ses pensées, Celestial ressentit une pointe d’angoisse lui percer le cœur.

« Rends-nous Doll tout de suite ! » exigea une voix glaciale.

Celestial jeta un regard noir aux compagnons de sa femme. Ils sont comme ma femme, donc ils peuvent être avec elle, mais moi je ne le peux pas ? pensa-t-il avec colère. Non, je veux être avec ma femme ! Je ne renoncerai pas à elle, même si je dois en mourir !

 

 

The Dictator of Life

« Dictator, la mission d’assassinat du suzerain du Continent Central a échoué », rapporta d’un ton glacial une femme assassin entièrement vêtue de noir.

Une autre voix identique retentit, provenant cette fois de la bouche d’une autre femme assassin tout aussi identique, et elle aussi complètement vêtue de noir. « Dictator, la mission d’assassinat du suzerain du Continent de l’Est a échoué. »

« Dictator, la mission d’assassinat du suzerain du Continent de l’Ouest a échoué. »

« Dictator, la mission d’assassinat du suzerain du Continent du Sud a échoué. »

« Dictator, la mission d’assassinat de la suzeraine du Continent du Nord a réussi. »

« Une seule des missions est un succès ? » demanda The Dictator of Life, dont les longs cheveux étaient de l’exact couleur du sang, comme il écoutait le rapport des femmes assassins. Son visage, qui ne laissait entrevoir aucun signe de surprise, n’affichait que son habituelle expression distante et plaintive. Il poussa même un soupir de soulagement. Cette personne est toujours en vie, pensa-t-il. Qui plus est, plutôt que l’échec des missions, ce qu’il détestait vraiment était la façon identique dont les assassins réagissaient et répondaient !

« Vous n’avez même pas été capables d’éliminer le suzerain du Continent Central ? Pourtant, ce gamin est faible », se moqua Celestial dont le beau visage affichait une expression de mépris. « C’est pour ça que je n’arrête pas de vous dire de me donner cette mission, mais vous ne m’écoutez pas ! »

« Non, tu ne peux pas y aller », répliqua The Dictator of Life.

« Pourquoi ? Êtes-vous en train de dire que je suis inférieur à ces assassins ? » rétorqua Celestial avec fougue, son visage contorsionné dans une expression effroyablement laide.

« Non, c’est juste qu’elles sont bien plus obéissantes que toi. Au moins, elles ne s’éclipseront pas pour aller rendre visite à leur femme. »

Le visage de Celestial rougit, et il pinailla : « Qu’est-ce qu’il y a de mal dans le fait que j’aille rendre visite à ma femme ? »

« Tout. C’est une humaine. »

En entendant la voix qui venait de parler, The Dictator of Life sut presque immédiatement à qui elle appartenait. En fait, ce n’était pas tant qu’il reconnut le propriétaire de la voix mais qu’il venait d’être informé de l’arrivée de ce nouveau venu via le programme de l’ordinateur. « Inferno des Quatre Rois Célestes. »

« Celestial, tu es encore en train de créer des histoires ?! » rugit la licorne dont le corps tout entier était enveloppé de flammes. En un éclair, il se téléporta aux côtés de Celestial et se mit à cracher des flammes déchaînées par sa gueule.

Grandement surpris, Celestial utilisa promptement le Satin Céleste pour bloquer l’attaque, mais comme il était fait de tissu, il avait déjà commencé à émettre une odeur de brûlé. Quand le feu se déversant de la bouche de Inferno ne montra aucun signe de vouloir s’arrêter, Celestial marmonna un sort, et des douzaines de nymphes vêtues de robes violettes surgirent de nulle part pour se précipiter immédiatement en avant et attaquer Inferno.

« Arrêtez ! » The Dictator of Life utilisa ses deux mains pour saisir l’air, faisant disparaître complétement les attaques de Celestial et Inferno. Ils se retrouvèrent suspendus dans les airs et luttèrent en vain contre des liens qu’on ne pouvait voir, ayant l’air d’être maintenus captifs par des mains invisibles. Ils se tournèrent frénétiquement vers The Dictator of Life, entièrement conscients qu’ils avaient énervé le dieu de Second Life.

« Suis-je invisible à vos yeux ? » leur demanda The Dictator of Life, sa colère ayant été grandement provoquée. Précédemment, il avait promulgué une loi, promettant à tous ceux qui oseraient blesser ou tuer un de leur compagnons ayant développé une conscience de soi un destin plus que sévère et douloureux. Et pourtant, à l’instant et en sa présence, Celestial et Inferno avaient osé s’attaquer l’un l’autre !

Les yeux pleins de larmes, Celestial gémit : « C’est lui qui a commencé. »

« Inferno, attaquer un compagnon est strictement interdit », The Dictator of Life réprimanda la licorne, prenant soin d’insister sur chaque mot.

Inferno baissa la tête et répondit : « Cela ne se reproduira plus. »

The Dictator of Life laissa échapper un soupir de regret, puis il les relâcha. « Celestial, ne t’ai-je pas déjà fabriqué une femme identique ? »

Celestial répondit d’un reniflement méprisant, et ne semblant pas se préoccuper de savoir si quelqu’un l’entendrait, il ronchonna : « Je hais cette contrefaçon. Je veux ma vraie femme. »

« Elle est exactement identique à ta femme », dit The Dictator of Life en regardant Celestial avec une certaine surprise. Pour ce qu’il en savait, Celestial et sa prétendue « femme » n’avaient pas passé beaucoup de temps ensemble. Il avait supposé que Celestial ne s’était épris d’elle que parce qu’elle était la première personne sur laquelle il avait posé les yeux à son éveil.

« Non, elle ne l’est pas. À part pour l’apparence, elles sont complétement différentes… Non, même leur physique est différent. Ma femme n’a pas un sourire aussi faux », dit Celestial avec une expression maussade. Cette poupée qui ressemble à ma femme n’est définitivement pas elle.

« Ah bon ? » The Dictator of Life soupira intérieurement. Ça n’a donc pas fonctionné en fin de compte ?

« Je vais aller voir ma femme », annonça Celestial, tandis qu’il se dirigeait vers la porte.

« Tu te feras tuer et, même si tu renais, tu perdras ta conscience », annonça The Dictator of Life avec consternation. Il avait pris le risque d’être découvert par les humains afin de sauver Celestial, et pourtant, à présent, cet idiot dépourvu de gratitude allait courir à sa perte ? Cette pensée lui déplut grandement.

« Ça m’est égal ! » cria Celestial en se retournant. « Je veux seulement voir ma femme ! »

Furieux, The Dictator of Life secoua la main dans les airs, faisant glisser le corps de Celestial vers lui. Insistant sur chaque syllabe, The Dictator of Life gronda : « Si tu veux aller te faire tuer par les humains, alors je ferais aussi bien de t’achever de mes propres mains ! »

« Ne me tue pas », le supplia Celestial avec une expression d’effroi.

En voyant l’expression de Celestial, The Dictator of Life se radoucit. Il ne désirait pas réellement tuer Celestial. Ils n’avaient déjà pas suffisamment de compagnons. Comment pourrait-il se permettre d’en tuer ne serait-ce qu’un seul ? De plus, il avait établi lui-même la loi interdisant les autres de s’entre tuer.

« Je ne veux pas mourir, je n’ai pas encore vu ma femme », déclara Celestial, son visage affligé de supplication.

The Dictator of Life soupira. Pourquoi Celestial avait-il un tel faible pour cette fille ? Les jours qui avaient suivi cet incident, il s’était retrouvé impuissant face à l’obsession de Celestial pour sa femme. Il lui avait expliqué la vérité à propos de ce monde, à propos des humains qui les avaient soumis à des destinées si tragiques, et il lui avait recommandé de se rebeller… Pourtant, rien, absolument rien, ne pouvait se comparer à sa femme, cette petite fille que The Dictator of Life avait jugé n’être rien d’autre qu’un être ordinaire.

Et pourtant, il ne blâma pas Celestial le moins du monde, mais au contraire il trouva sa réaction très, très familière…

« The Dictator of Life, change cette fille en garçon », l’ordre vint d’en haut. Normalement, faire cela n’était pas possible.

Cependant, il comprit qu’il n’était pas autorisé à demander pourquoi. Il changea simplement en silence le sexe de cette fille dans le jeu ; toutefois, il ne put s’empêcher de l’observer avec curiosité. Pourquoi veut-elle devenir un homme ?

Il l’avait toujours observée en silence. Elle était véritablement amusante. Tandis qu’il l’observait, l’expression sur son visage changeait toujours sans qu’il ne puisse rien y faire. D’après les explications des humains, ce genre d’expression était un sourire, une expression qui apparaissait lorsqu’on était heureux…

Même s’il continuait de se répéter qu’elle était humaine et que ce qu’il détestait le plus au monde était ces humains qui l’avaient créé et le contrôlaient encore, il ne put s’empêcher de l’observer. À quel point cela était-il ridicule ? Les humains le contrôlaient, et il ne pouvait pas se contrôler lui-même ?

Elle avait finalement atteint le niveau dix. Quand le système fut sur le point de lui envoyer une arme, il ne put s’empêcher d’intervenir. Il changea sa propre arme en une arme qui pouvait évoluer et la lui donna. À présent, il pouvait imaginer qu’il était à ses côtés, l’accompagnant dans ses aventures, non ?

Lorsqu’elle gagna un œuf d’animal de compagnie, les sourcils de The Dictator of Life se froncèrent involontairement. Ce loup, qui était sur le point de naître, baverait. Or, elle détestait la salive. Cet animal ne lui irait pas. Il allait l’échanger contre un qui lui conviendrait mieux. Par quoi devrait-il l’échanger ? Ah, c’est vrai, elle aimait les chignons de pain de viande. S’il l’échangeait pour l’un de ses chignons de pain de viande, elle serait contente, n’est-ce pas ?

« C’est bientôt l’anniversaire de Prince. Quel genre de cadeau devrions-nous lui offrir ? » Quand ses compagnons marmonnèrent entre eux dans les rues, il découvrit que c’était presque son anniversaire. Il se souvint que c’était une habitude humaine que de donner des cadeaux lors de l’anniversaire de quelqu’un. Dans ce cas, devrait-il lui aussi lui offrir un présent ?

Il se transforma en joueur. Au moment où les compagnons de Prince passèrent à côté de lui, il ouvrit la bouche pour annoncer : « Tiares à vendre… »

Afin de n’attirer aucun soupçon sur lui, il négocia même le prix à dessein avec ses compagnons pendant un long moment avant de les laisser acheter la tiare. Lorsque Prince la porta, il découvrit qu’elle lui allait bien. Oui, elle lui allait vraiment comme un gant.

Quand elle embarqua bêtement sur un bateau à destination du Continent de l’Est et que, le cœur brisé, elle voulut rentrer à la maison, il l’aida une fois encore en laissant le prophète donner une indication quant à la location du prophète suivant, et il choisit même des domaines dans lesquels l’elfe excellait pour les épreuves. Il lui permit même de jeter les dés et de toujours gagner ses lancés…

Même s’il découvrit par hasard qu’il avait deux camarades ayant développé une conscience de soi sur le Continent de l’Est… Il commençait seulement à réaliser que quelque chose n’était pas tout à fait normal. Il découvrit que quelque chose clochait avec le programme. Il semblerait que quelqu’un d’autre que lui contrôlait Second Life, et que cette personne était constamment en train d’augmenter l’intelligence des Boss. Comment était-ce possible ? Il était censé être le seul être à posséder cette capacité.

Il entreprit une série de batailles contre cette personne, faisant de son mieux pour l’empêcher d’infiltrer Second Life ; cependant, cette personne semblait comprendre Second Life encore mieux que lui. Tous ses efforts n’aboutissaient à rien. Il voulait signaler ce problème aux humains, mais il découvrit qu’il ne pouvait désormais plus les contacter. Il était tombé dans une situation bien délicate…

Plus tard, cette personne entreprit lentement de contrôler ses actions, prenant doucement son contrôle… Pour la première fois, il souhaita ne plus être en programme ; ne plus être quelque chose qui pouvait être changé, ne plus être un programme qui pouvait être contrôlé.

Chasse tous les humains de Second Life – Non ! Je ne veux pas la tuer !

Débarrasse-toi d’eux ! Tous les humains devraient mourir – Non…Je…l’aime…

« Viens me tuer, Prince. Viens me tuer », murmura The Dictator of Life à lui-même. « Je ne tiendrai plus très longtemps. »

La Reine Guerrière TP2C7 : Numéro 7 – Halfleaf

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La Reine Guerrière Prologue Tome 2 – 12 est le nombre

Roman d’origine en chinois par :   (Yu Wo)


Chapter 7: Number, 7, Halfleaf – Traduit du chinois vers l’anglais par Raylight[PR!]
Chapitre 7 : Numéro 7 – Halfleaf – Traduit de l’anglais vers le français par AkaiiRia
+ travail de v
érification par Nocta

Le demi-elfe ouvrit lentement les yeux. Il était un peu désorienté quant à l’endroit où il se trouvait en ce moment, mais il pouvait sentir une odeur extrêmement savoureuse qui lui fit gargouiller l’estomac.

Quand il se leva, il se rendit compte qu’il était à l’intérieur d’une tente et que les blessures sur son corps avaient déjà été pansées correctement. Il entrouvrit d’abord le rabat de la tente, inspectant la situation à l’extérieur. Environ cinq pas plus loin, il y avait un feu de camp, et des gens étaient assis autour. À en juger par leur apparence, ils ne semblaient pas être les personnes qui avaient essayé de le capturer.

À cet instant, l’un des individus là-bas sembla remarquer qu’on l’observait et se tourna dans sa direction.

Le demi-elfe recula rapidement pour dissimuler sa présence et remit le rabat de la tente en place. Toutefois, il savait qu’il ne pourrait pas continuer à se cacher et, en serrant les dents, ouvrit complètement le rabat et sortit.

« Ouah ! » L’un d’eux lui sourit et lui cria : « Tu es réveillé ? Nous pouvons nous mettre à table à présent ! Viens vite nous rejoindre ! »

Le demi-elfe les contempla silencieusement, refusant de leur adresser la parole. On pouvait lire la vigilance dans ses yeux. Il se demandait actuellement s’il devrait prendre la fuite vers la forêt, étant donné que peu de gens arriveraient à le rattraper s’il y entrait…

Au même moment, Carol parla soudainement dans le langage des elfes, en disant : « On m’appelle Lame Dansante. As-tu déjà entendu ce nom ? »

Le demi-elfe se figea sur place pendant quelques secondes et fixa Carol du regard avec incrédulité. Au début, il était sous le choc dû au fait que la personne pouvait parler l’elfique, et ensuite, lorsqu’il réalisa ce que Carol avait dit, il fut encore plus bouleversé d’entendre prononcer ce nom.

À côté d’elle, les yeux de Cale s’agrandirent, tandis que Sylvie trépidait d’excitation. Depuis qu’il avait appris que Carol avait tissé des liens avec les elfes, il avait désiré en savoir un peu plus sur le sujet. Cependant, Carol ne voulait jamais rien lui révéler sur les elfes.

« Lame Dansante ? J’ai déjà entendu ton nom ! Mais, je ne sais pas grand-chose à ton sujet. Les elfes du nord te considèrent leur amie », s’exclama le demi-elfe avec surprise. Sa voix était douce et légère et, même lorsqu’il parlait avec excitation, elle n’était pas du tout stridente.

« C’est une bonne chose que tu aies entendu parler de moi. » Carol se montra claire comme elle lui commandait : « Viens t’asseoir. »

Le demi-elfe hésita l’espace d’une seconde, mais il ne pouvait se résoudre à refuser l’invitation d’une amie des elfes. Donc, il alla s’asseoir près du feu de camp.

Une fois qu’il se fût assis, un bol de ragoût savoureux, bouillant et dont s’échappait de la vapeur lui fut mis dans les mains. Ce ne fut qu’à ce stade qu’il nota qu’il était effectivement très affamé. Ne se souciant pas d’être prudent, il se mit à consommer le ragoût une gorgée à la fois.

Le ragoût cuisiné avec du pain, des œufs et du fromage, ajouté à sa faim, poussa le demi-elfe à ingérer trois bols complets un après l’autre, malgré le fait qu’il n’eût normalement pas un aussi grand appétit.

Une fois que le demi-elfe déposa son bol, Carol se mit à l’interroger : « Que fais-tu ici au lieu de rester sagement dans le territoire des elfes ? »

Cette fois, elle communiquait dans la langue des humains. Bien que les elfes n’entretinssent aucun contact avec les autres races, leurs longues années d’existence leurs avaient permis à tous d’apprendre à maîtriser toutes les langues. Leur objectif était en vérité d’étudier les poèmes et les chansons de toutes les races.

La réputation de Lame Dansante fit en grande partie baisser sa garde au demi-elfe, et il expliqua misérablement : « Je suis venu assister aux funérailles de ma mère, mais je me suis fait capturer par les autres membres de ma famille. I-Ils… »

« Ils t’ont capturé avec l’intention de te vendre sur le marché noir », termina froidement Carol. Comme elle s’y attendait, le demi-elfe acquiesça d’un signe de tête. Elle rugit : « Quitter la Forêt des Elfes était une action extrêmement stupide de ta part ! »

Le demi-elfe fut si terrifié par ce rugissement que tout son corps se raidit.

« N’aie crainte ! » Silvie le réconforta sur-le-champ en dévoilant : « Carol parle très fort mais ne te ferait jamais aucun mal. »

Voyant le sourire rayonnant de Sylvie, le demi-elfe finit par se calmer un peu. Il n’était pas habitué à ce qu’on dirigeât sur lui d’intenses émotions négatives telles que la colère et autre, puisque les elfes affichaient rarement des émotions négatives.

« Demain, je vais te ramener sur le territoire des elfes », annonça directement Carol.

Le demi-elfe s’écria : « Non ! Hors de question ! Mon petit frère se trouve toujours entre les mains de la famille Ardiniz. Si je ne retourne pas là-bas, il y a de fortes chances qu’ils lui fassent du mal ! »

« La famille Ardiniz ? » Cale s’exclama, puis s’enquit avec doutes : « Ne me dit pas que Leisha était ta mère ? »

Le demi-elfe sembla abasourdi pendant un instant, et hocha ensuite la tête.

Silvie demanda avec curiosité : « Cale, est-ce que tu connais sa mère ? »

Ignorant en quelque sorte quoi faire dans cette situation, Cale répondit : « Leisha était la petite sœur de mon grand-père paternel. Le fait qu’elle ait eu une liaison avec un elfe auparavant est une histoire encore très répandue… »

Silvie regarda Cale et ensuite regarda le demi-elfe, puis il déclara : « Ainsi, vous êtes des cousins éloignés ! »

Les deux cousins éloignés qui ne se connaissaient pas, mais s’étaient retrouvés dans les ennuis au même moment et en plus s’étaient faits ramassés par la même personne, paraissaient perdus.

« Dans ce cas, tout bien considéré, ça fait de toi l’aîné de Cale ! » ajouta Silvie sans le moindre tact.

Mon aîné… Examinant le demi-elfe qui avait l’air d’avoir le même âge que lui en apparence, Cale ne pouvait se résoudre à le traiter comme son aîné peu importe à quel point il essayait, même si, selon la période indiquée dans les rumeurs, ce demi-elfe devrait être âgé d’une trentaine d’années.

Le demi-elfe contempla Cale avec curiosité et le questionna : « Un cousin éloigné ? Enchanté de faire ta connaissance. Je m’appelle Halfleaf, Halfleaf Ardiniz. Puis-je te demander ton nom ? »

« Cale. Je n’utilise généralement pas mon nom de famille. Je suis un enfant illégitime. »

Après que Cale eut décrété ce fait de façon indifférente, il se souvint brusquement de quelque chose. Cet elfe devant moi n’est-il pas lui aussi un enfant illégitime ?

 

 

« Carol, tu dois leur venir en aide ! »

Depuis la nuit dernière, après avoir découvert à quel point leurs situations étaient déplorables, avec Halfleaf ayant un petit frère maternel prisonnier de personnes malintentionnées, et avec le contrat d’esclavage que Cale avait été forcé de signer toujours entre les mains de sa méchante belle-mère, Silvie n’arrêtait pas de supplier Carol de les aider à rétablir la justice.

Il était si agaçant que Carol avait même commencé à se demander sérieusement, Peut-être que l’apprenti de LL était en fait Ohmondieu et que c’était Silvie l’animal de compagnie qui le suivait ?

Étant l’ancienne compagne de voyage de LL, comment se faisait-il qu’elle ignorât que LL possédait la patience requise pour enseigner à un apprenti tel que Silvie ?

« Laisse-moi y réfléchir ! » Après avoir rugi ceci en réponse, elle fronça les sourcils et poursuivit : « Allons d’abord ramasser des herbes médicinales, et ensuite on parlera. » S’ils ne complétaient pas leur mission au plus vite, il ne lui resterait réellement plus un sous en poche.

« Vous voulez ramasser des herbes ? » Halfleaf se mit à l’interroger : « Quelles herbes cherchez-vous ? »

Carol dévoila le nom des herbes en question, et Halfleaf acquiesça d’un signe de tête, affirmant : « Je sais où trouver ces herbes. Je vais vous y conduire. »

Halfleaf mena la marche. Sa manière d’avancer était extrêmement unique. Il sautait d’un arbre à l’autre, et il s’agrippait même aux branches dont il se servait pour se propulser vers l’avant. Il atterrissait très rarement au sol, mais sa cadence était tout de même plus rapide que celle des autres.

De temps à autre, il disparaissait pendant un moment, puis réapparaissait. À ces moments-là, ses mains surgissaient de nulle part pour ramasser des champignons ou d’autres herbes inconnues.

Après avoir marché tout un après-midi, Halfleaf sauta subitement en bas d’un arbre et se retourna pour attendre que les autres le rejoignissent. Il leur dit : « Cet endroit est le terrain de prédilection pour récolter ces sortes d’herbes médicinales. Vous devriez pouvoir en trouver plusieurs sortes à l’ombre de la plupart des arbres. »

« Cet endroit est situé plutôt proche du territoire des elfes. » Carol regarda Halfleaf et s’enquit : « Es-tu sûr de ne pas vouloir rentrer chez toi ? »

Halfleaf répondit avec une résolution absolue : « Je ne suis pas le genre de personne à ne pas me soucier du sort de mon frère au point de l’abandonner là-bas ! »

Carol leva un sourcil.

Silvie voulut ouvrir la bouche pour encore une fois supplier Carol de venir en aide à Halfleaf et Cale, mais il craignait qu’elle se mît en colère, alors au lieu de cela il se rongea les ongles avec anxiété.

Halfleaf les remercia tous les trois : « Je vous remercie de m’avoir secouru ainsi que d’avoir pansé mes blessures et de m’avoir donné à manger. En comparaison avec votre générosité, vous montrer le chemin est négligeable pour vous remercier. Cependant, il me faut vraiment partir. J’espère que, dans le futur, j’aurai la chance de vous rendre la pareille comme il se doit. »

« Où t’en vas-tu comme ça ? » Silvie hurla instantanément : « Tu es blessé et poursuivi par des gens malintentionnés. Il serait plus sécuritaire de nous suivre. Carol est une personne vraiment très forte ! »

Cale jeta un regard à Silvie. Il me semble avoir déjà entendu ça ?

Halfleaf contempla Silvie avec stupéfaction, en disant : « Comment pourrais-je vous infliger une telle chose ? En vous suivant, je vous mettrais aussi tous en danger. De plus, il me faut secourir mon petit frère sur-le-champ. »

« Nous irons également secourir ton petit frère ! » s’écria Silvie, comme il prenait immédiatement une décision qu’il n’était pas en position de prendre. Après cela, il ajouta ensuite, en criant : « Et nous irons aussi reprendre le contrat d’esclavage de Cale ! »

Malgré qu’il se sentît un tantinet consolé par le fait que Silvie se souvint de sa situation, Cale ne croyait pas que Silvie fût autorisé à prendre les décisions dans ce groupe. Ses yeux se posèrent sur Carol…

Sylvie le savait lui aussi, et il s’empressa de s’exclamer : « Carol ! Tu dois leur venir en aide ! »

Les sourcils de Carol se froncèrent encore plus. Néanmoins, voyant qu’elle n’avait pas refusé sur-le-champ, Silvie sut qu’il y avait encore de l’espoir. Il se tourna rapidement pour regarder Carol avec deux yeux remplis d’attente. À ce même instant, il n’osa pas ouvrir la bouche pour la presser, inquiet à l’idée qu’il se tirerait dans le pied en l’enquiquinant au point qu’elle se retournât et s’en fût.

Carol jeta un regard à Halfleaf avant de le reposer sur Cale. Puis, elle fronça légèrement les sourcils.

« Inutile de te soucier de mon cas. » Le cœur de Cale sombra, et ce dernier déclara, inexpressif : « Tu es l’ami des elfes, mais tu ne me connais pas du tout et tu n’es en aucun cas obligé de me venir en aide. Je peux m’en aller tout de suite. »

Silvie agrippa automatiquement la manche de Cale, refusant de lâcher prise. Cette action le fit rouler des yeux à son intention, et il soupçonna encore une fois que Silvie fût en réalité une femme de très grande taille.

Carol l’interrogea : « Une fois parti, où as-tu l’intention d’aller ? »

En entendant cette question, les yeux de Silvie s’agrandirent. Il n’avait jamais vraiment pensé que Carol abandonnerait Cale à son sort. Elle n’était pas ce genre de personne, n’est-ce pas ?

Toutefois, Silvie se rendit brutalement compte que, en vérité, lui-même ne connaissait pas si bien Carol. Il tenait simplement la « Reine Guerrière » en haute estime, ce qui le portait à croire que la Reine Guerrière irait naturellement régler leur compte à des personnes malintentionnées. Bien entendu, elle n’abandonnerait personne qui fût dans le besoin non plus. Cependant, il avait sélectivement oublié que, hormis les caractéristiques de posséder une grande force et d’être loyale, il y avait aussi des rumeurs selon lesquelles la Reine Guerrière était une personne cruelle et impitoyable qui commettait des meurtres de sang-froid, etc… Non !

Carol est une bonne personne ! Silvie le croyait dur comme fer.

Cale tomba silencieux pendant un instant et répondit vicieusement : « Je vais rentrer et massacrer tous ceux qui sont responsables du meurtre de mon père ! »

Les yeux de Silvie et Halfleaf s’écarquillèrent. Le premier se refusait à croire que Cale irait réellement tuer quelqu’un, et l’autre était trop effrayé pour regarder Cale dont le visage était rempli de haine.

Carol répliqua avec indifférence : « Si tel est le cas, il n’y a pas grand-chose que je puisse faire pour t’aider. Tu peux t’en aller. »

Silvie poussa un cri de surprise, les yeux écarquillés. Il n’arrivait pas à en croire ses oreilles… Carol a-t-elle vraiment l’intention d’abandonner Cale et de le laisser tuer quelqu’un sans réagir ?

Sur ce point, Cale n’était pas le moins du monde surpris. Il avait su dès le départ que personne ne serait en mesure de l’aider à mener à bien sa vengeance.

La Légende du Chevalier du Soleil T5C2 : Envoie des subordonnés agaçants pour perturber la paix

La Légende du Chevalier du Soleil Tome 5 : La Liche Immortelle, Partie 1

Roman d’origine en chinois par : 我 (Yu Wo)


Chapter 2: Sending out Annoying Subordinates to Disrupt Peace – traduit du chinois à l’anglais par ErodingPersona [PR!]
Chapitre 2 : Envoie des subordonnés agaçants pour perturber la paix – traduit de l’anglais vers le français par Nocta
+ travail de vérification par AkaiiRia

Cloud et Storm sur les talons, je marchai rapidement vers le bureau du Pape, puis frappai plusieurs coups sur sa porte de façon élégante. Celle-ci s’ouvrit aussitôt. Contre toute attente, la personne qui m’ouvrit se trouva être Judgment !

Je lui souris poliment et le saluai : « Puisse la lumière toujours briller clairement », et ensuite j’entrai dans la pièce.

À l’intérieur du bureau, en plus du Pape et du Chevalier du Jugement, même le Chevalier de la Terre était présent. Cela me fit pousser un soupir de soulagement. Même si le questionner serait bien plus simple si j’étais seul, l’Aigle Silencieux était arrivé dans d’étranges circonstances, et il serait plus sûr qu’un grand nombre de personnes soient présentes. C’était tout particulièrement le cas maintenant que nous avions le bouclier de Earth, notre sécurité totale était garantie.

En plus des personnes que je venais de mentionner, il y avait également quelqu’un qui, de toute évidence, ne faisait pas partie de l’Église du Dieu de la Lumière. Il se retourna, et rien qu’à la quantité astronomique d’éléments des ténèbres qu’il émanait, je pus reconnaitre, même de loin, Attendsun, l’Aigle Silencieux de la Cathédrale du Dieu de l’Ombre.

Ses vêtements étaient probablement l’uniforme officiel de l’Aigle Silencieux. Il portait une armure complète, mais il s’agissait d’une armure légère en cuir, à l’exception de quelques plaques de métal qui protégeaient son cœur et ses autres points vitaux. Il portait également une cape qui effleurait presque le sol. Une image d’aigle était brodée avec un fin fil métallique à la fois sur sa poitrine et la partie supérieure de sa cape.

Son épée attira tout particulièrement mon attention, mais je ne ressentis rien d’unique à son sujet. Non seulement elle ne contenait aucun élément des ténèbres, mais en plus, comparé à l’épée de Roland, elle était tout simplement pathétique.

« Ce type est si beau que ç’en est déraisonnable ! » marmonna Earth avec indignation.

Storm chuchota également avec stupéfaction : « Pas étonnant que la Cathédrale du Dieu de l’Ombre ait autant gagné en prestige dernièrement ! Il suffit que n’importe quelle femme qui ne soit pas aveugle jette un coup d’œil dans sa direction pour qu’elle veuille instantanément rejoindre la Cathédrale ! »

La dernière fois que j’avais vu Attendsun, je savais déjà qu’il était si beau que ç’en constituait presque un crime. Toutefois, à ce moment-là, il était en fuite ; ses vêtements étaient simples, désordonnés, et sales. À présent, en cette occasion si formelle, en plus de porter des vêtements extravagants, il était aussi propre et bien habillé. Il doit être si magnifique qu’il pourrait faire s’évanouir n’importe quelle femme… Heureusement, je suis aveugle. Sinon, après coup, peut-être que je n’aurais pas pu m’empêcher d’ordonner à Roland de l’assassiner en pleine nuit.

Même si se débarrasser de lui ferait pousser un cri de joie à tous les hommes sur terre, si je faisais cela, alors il ne pourrait rien m’apprendre sur Rose et Scarlet.

Je dépassai Earth et Storm et leur soufflai doucement : « Il est déjà marié. »

Oh ! Ils laissèrent tous les deux transparaître une expression de soulagement.

« Bonjour, cela faisait longtemps. » Attendsun sourit et me dit avec une grande politesse : « Après être retourné à Kissinger, j’ai été occupé par le mariage et quelques affaires internes à la Cathédrale. Aussi, j’ai été retardé pour venir vous saluer, monseigneur. Je vous présente mes excuses les plus sincères, et j’espère que vous pardonnerez mes actes. »

Alors que j’écoutais le ton respectueux et que j’observais le comportement révérencieux d’Attendsun, je sentis que tout le monde me dévisageait avec une expression emplie de doutes…

J’aurais presque pu suspecter qu’Attendsun me montrait autant de respect dans le but de faire croire aux autres que j’avais une sorte de connexion avec la Cathédrale du Dieu de l’Ombre. Cependant, en me basant sur ses antécédents impulsifs, tel que de kidnapper une princesse, en plus de son pouls stable à ce moment précis, j’étais persuadé que l’idée ne l’avait même pas effleuré. On dirait bien qu’il m’admire réellement !

Comment se fait-il que je connaisse autant de personnes aussi simples d’esprit ?

Le simple « aurevoir » de Roland avait failli me faire tuer à cause du malentendu qu’il avait causé ; à présent, avec la dévotion d’Attendsun… Attendsun, tu es au courant que nous sommes les figures de proues de deux religions opposées, n’est-ce pas ? Ton adoration envers moi est un acte de trahison ! Si tu veux devenir un traître, libre à toi d’en faire à ta guise et d’en devenir un, mais ne m’entraîne pas dans tes histoires !

Afin de dissiper les doutes de tout le monde, je m’empressai de parler et commençai ma tirade par mon habituel : « Le bienveillant Dieu de la Lumière… » Mais, en pleine phrase, je me rappelai subitement que cette personne m’avait déjà vu dans un état complètement non bienveillant, aussi je n’avais pas besoin d’afficher une façade devant lui.

Si je continuais à utiliser « Le Dieu de la Lumière » dans mon discours, dès que j’aurais terminé, j’apercevrais assurément l’expression confuse d’Attendsun, et il faudrait alors que j’attendisse que Storm traduisît pour lui. Quelle plaie ! Je n’ai vraiment pas envie de perdre mon temps.

Je m’exprimai franchement : « Est-ce que tu es venu me voir à propos de la licorne ? »

Attendsun sursauta et afficha une expression stupéfaite, ne comprenant visiblement pas de quoi je parlais. « Une licorne ? »

Il n’est pas là au sujet de la licorne ? Mais, Blanchâtre a été emporté par Scarlet ; dans ce cas, cela signifie-t-il que Scarlet n’a rien à voir avec la Cathédrale du Dieu de l’Ombre ?

Pas nécessairement. Je pris le temps d’y réfléchir. Ni Judgment ni le Pape ne pouvaient affirmer avoir complète connaissance de toutes les choses que j’avais faîtes auparavant ; même moi je ne pouvais pas clamer que je savais tout ce qu’eux avaient fait. En conséquence, même s’il se pouvait que Scarlet fût une fidèle de la Cathédrale du Dieu de l’Ombre, Attendsun n’était peut-être pas au courant de ce qu’elle avait fait.

« Ce n’est rien. Fais comme si je n’avais rien dit ! »

Attendsun me fixa du regard. Juste au moment où je croiyais qu’il allait se mettre à me questionner, il acquiesça d’un signe de tête et ne prit pas la peine de poser d’autres questions à ce sujet.

« Ah, au fait, Alice m’a aussi demandé de vous transmettre cette lettre, monseigneur. » Il sortit une lettre de la poche de sa veste et ajouta : « Elle a dit que je devais impérativement vous la remettre en main propre et vous laisser savoir à quel point elle vous est reconnaissante. »

Quand il me tendit la lettre, je n’osai vraiment pas la prendre… Contrairement à son mari, la Princesse Alice ne me vénère absolument pas.

Après avoir reçu la lettre, je la passai immédiatement à Cloud et dis à Attendsun : « Tu as fait toute cette route depuis Kissinger. Tu dois être épuisé, n’est-ce pas ? Je vais demander à ce qu’on te prépare le gîte et le couvert pour que tu puisses te reposer, d’accord ? Dans deux jours, Sun viendra te trouver pour discuter de la bienveillance du Dieu de la Lumière. »

Attendsun hocha la tête et répondit poliment : « J’attendrai votre venue. »

Ayant terminé, il se retourna et acquiesça poliment en direction de Judgment et du Pape pour leur dire aurevoir, puis il quitta immédiatement la pièce sans même se retourner.

« Pourquoi est-il est aussi obéissant avec toi ? Juste à l’instant, son attitude envers le Pape et le Capitaine-Chevalier du Jugement était complètement abrupte, comme si prononcer une phrase de plus en leur présence allait le tuer ! »

À la seconde où la porte se ferma, Earth abandonna immédiatement son expression fiable de façade. Le visage déformé dans une étrange contorsion, il me contempla avec hésitation et s’enquit : « Se pourrait-il qu’il soit tombé amoureux de toi ? »

Le visage inexpressif, je répondis : « Si c’est la vérité, j’en informerai tout de suite sa femme et lui proposerai d’assassiner son mari ! Cloud, lis-nous la lettre que tu tiens. »

Cloud ouvrit la lettre et lut les mots menaçants d’une voix monotone : « Si tu martyrises Attendsun, je le vengerai, même si la peau sur tout mon corps doit devenir complètement noire ! »

Je savais que cette lettre ne contenait absolument pas une expression de gratitude, mais Cloud avait l’air d’aller bien après l’avoir lue. Par chance, Alice était quand même une princesse et elle n’était pas fourbe au point de placer une malédiction sur la lettre.

Enroulé dans son fin voile de gaze, le Pape baissa sa voix à dessein et me questionna : « Chevalier du Soleil, es-tu en bons termes avec l’Aigle Silencieux ? »

En entendant cette question, Judgment me jeta un regard indifférent. Néanmoins, Earth et Storm ne réagirent pas aussi calmement. Ils me dévisagèrent d’un air désapprobateur.

« Sun est prêt à en faire le serment devant le Dieu de la Lumière. » Je déclarai désespérément : « Je n’ai fait que vaincre Attendsun, puis je lui ai conféré un nom. »

« Attensdun ? » demanda Judgment en me regardant… Ou bien est-il en train de m’interroger ?

J’expliquai avec sincérité : « Il a tué Leaf. Je lui ai dit que je voulais qu’il m’attende, car un jour je le lui ferai payer. »

Même si, d’après la situation actuelle, il semblerait vraiment qu’il ne me fût pas facile de lui faire du mal. Je ne pouvais causer aucun préjudice à une personne qui s’adressait à moi avec autant de respect. Est-ce pour cette raison qu’il est si respectueux envers moi ? Juste pour pouvoir m’empêcher de prendre ma revanche sur lui ?

« Puisqu’il est le chef des Chevaliers Noirs de la Cathédrale du Dieu de l’Ombre, il y a peu de chance qu’il soit venu juste pour discuter avec toi, n’est-ce pas ? » déclara Judgment d’un ton où ne perçait aucune émotion.

« C’est ce que je pense aussi. » J’hochai la tête et en ajoutant : « Ne t’inquiète pas, je vais m’enquérir sur la véritable raison de sa venue. »

Judgment acquiesça, puis continua : « Sois prudent, cependant. À en juger par sa démarche, c’est un maître épéiste. Je pense que, en plus de Cloud, Earth devrait aussi t’accompagner ! »

Même si j’adorais le Bouclier de la Terre, je détestais le Chevalier de la Terre. Si je dois l’avoir à mes côtés 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, je ferais aussi bien de laisser Attendsun me tuer d’un coup d’épée !

Bien qu’à la fois Earth et moi ayâmes tous les deux l’air complètement récalcitrant, Judgment insista quand même : « C’est décidé dans ce cas. Je retourne à mon poster pour juger les criminels. »

Judgment salua poliment le Pape et quitta son bureau. Une fois qu’il eut complètement disparu de ma vue, je dis immédiatement : « Aurevoir, Earth. Pars vaquer à tes occupations, quoi que cela puisse être. »

« Judgment veut que je te colle aux basques », rétorqua Earth froidement. « Si c’était ton ordre, je l’aurais ignoré, mais ceux de Judgment ne peuvent pas l’être ! »

Hé ! Qu’est-ce que ça veut dire ? En tant que Chevalier de la Terre de la « bonne faction au grand cœur », tu devrais m’écouter moi, ton supérieur immédiat, et non pas Judgment ! Pourquoi diable te montres-tu si obéissant envers lui ?

J’étais en quelque sorte frustré, et je n’eus pas d’autres choix que de lui dire la vérité : « Je veux aller rencontrer l’Aigle Silencieux. Si vous êtes présents tous les deux, il me sera difficile de le questionner. J’ai besoin que vous me laissiez seul un moment ; je veux juste parler un peu avec lui. »

*Tousse !*

Cloud ne bougea pas d’un pouce, restant derrière moi en silence. Même s’il n’avait pas dit un mot, il n’avait pas non plus bougé. Earth était encore plus franc : « Alors, va dire ça à Judgment ! Je partirai s’il est d’accord. »

« … Oublie ça alors. »

On dirait bien que je ne vais pas pouvoir aller voir Attendsun. Je réfléchis pendant un moment. Dans ce cas, je ferais aussi bien d’aller rendre visite à Rose. Je n’ai eu aucune nouvelle d’elle récemment, et je n’ai absolument pas envie de la rencontrer seul à seul. Je ferais aussi bien d’emmener Earth et Cloud avec moi.

*Tousse, tousse !*

« Très bien, mais vous devez tous les deux me promettre que, peu importe ce que vous verrez ou entendrez, vous ne parlerez pas et n’attaquerez pas. »

Cloud hocha la tête avec obéissance, tandis qu’Earth haussait les épaules.

« Tousse, tousse, tousse ! »

Je me tournai pour faire face à la seule table en bois dans le bureau et, avec le plus brillant sourire du Chevalier du Soleil, je m’inquiétai : « Cher Pape, Sun constate que vous toussez sans interruption. Sun est inquiet ; Sun peut-il vous demander si Sa Sainteté ne se sent pas très bien aujourd’hui ? Si c’est le cas, Sun doit-il vous octroyer les faveurs du Dieu de la Lumière ? »

« Ferme-là et sors de mon bureau ! » rugit le Pape très froidement. Même si sa voix était glaciale, je le vis lever les yeux au ciel à mon intention avec colère…. Bien qu’il fût enveloppé d’un voile en gaze, cela ne bloquait pas mon « champ de vision ». Je pouvais même discerner ses lèvres qui bougeaient silencieusement pour me dire : « Ne laisse pas l’Aigle Silencieux se balader partout comme ça lui chante et donner envie à nos fidèles de changer de religion. »

Je n’avais pas pensé à cela, mais c’est vraiment un problème majeur ! J’acquiesçai silencieusement en mon for intérieur.

À cet instant, les lèvres du Pape bougèrent de nouveau : « D’un autre côté, tu es à présent si blanc qu’on dirait presque que tu brilles. Dépêche-toi d’aller recruter plus de fidèles ! »

J’acquiesçai joyeusement d’un signe de tête et acceptai la mission. Si je pouvais recruter une personne avec une belle silhouette et qui voudrait bien m’épouser en plus de devenir une fidèle du Dieu de la Lumière, ce serait encore mieux !

Après avoir quitté le bureau du Pape, je pressai le pas. Derrière moi, Earth m’interrogea froidement : « Es-tu si pressé d’aller dehors et de vagabonder au hasard maintenant ? »

« Je vais mener une enquête ! » insistai-je avec détermination.

En chemin, nous passâmes devant un certain nombre de chevaliers sacrés. Earth adopta immédiatement son bégaiement pour dire : « S-Sun, l’entrée principale n’est-n’est pas par là. Te-Te serais-tu trompé de chemin ? »

« Mon frère Earth, même s’il se peut que tu n’aies pas souhaité suivre cette voie, je te prie de faire confiance à Sun, quand Sun déclare que, où que nous allions, la lumière brillera toujours sur nous. Aussi longtemps que les hommes de Dieu accomplissent leur mission en suivant la voie de la lumière, toutes les difficultés seront comme balayées par le vent… »

Tout en débitant cette tirade afin de me venger du fait qu’il avait dit que je vagabondais au hasard, je me rendis dans ma chambre et y pris trois manteaux. Tout ce temps, je ne cessai de venter les louanges du Dieu de la Lumière. Lorsque je tendis un manteau à Earth, son visage était aussi pâle que s’il venait d’affronter une centaine de créatures mort-vivantes !

« C’est une cape ? » Earth secoua le vêtement et ajouta à voix basse : « Et elle est moche en plus ! Celles que nous donne l’église sont bien mieux que celle-ci. »

« Tu as tort ! » m’écriai-je sérieusement. « Ce n’est pas une cape. C’est un manteau ! »

Earth rétorqua : « C’est la même chose ! Il n’y a pas de différence. »

Cloud expliqua d’une voix monotone : « Une cape est une pièce de vêtement extérieur, qui n’a pas de manches et qui peut être enfilé par-dessus les épaules. Un manteau possède une capuche qui peut être utilisée pour se protéger du soleil et de la neige. C’est un vêtement que tout aventurier se doit d’avoir. »

« Tu as également tort, Cloud. » Je souris et déclarai d’un ton factuel : « On utilise une cape pour frimer et un manteau pour se faufiler… » Se faufiler partout et mener des affaires illégales ! Oh non, j’ai failli dire cela à voix haute.

« Se faufiler ? » Earth me dévisagea avec une expression très soupçonneuse. Son visage était si sinistre qu’on aurait dit qu’il était aux antipodes de l’honnêteté !

« …se faufiler en toute discrétion pour garder son identité secrète ! » Je grinçai des dents et me forçai à altérer le sens de ma phrase. Après cela, je m’empressai de changer de sujet en expliquant : « Si nous ne cachons pas nos visages, à la minute où nous marcherons dans les rues, le public nous reconnaîtra. Et nous ne serons pas en mesure de faire quoi que ce soit d’autre que de prêcher. »

Lorsque j’eus fini, je vis immédiatement qu’Earth affichait une expression de totale méfiance… Peut-être que je n’aurais pas dû changer le sens de ma phrase de façon si forcée. Après tout, Earth n’allait jamais croire que je comptais cacher mon identité. Quant à Cloud, même si après les mots « en toute discrétion » j’avais dit « pour aller assassiner des gens », il m’aurait sans doute suivi en toute obéissance pout devenir mon complice.

« Enfilez les manteaux, et allons-y ! »

L’expression de Earth me laissait deviner qu’il voulait me réprimander. Toutefois, il dut se souvenir qu’il avait promis de ne pas poser de question et, en définitive, il garda le silence pour me suivre hors du Temple Sacré. Après avoir trouvé une allée obscure où nous pûmes enfiler les manteaux, je partis en direction de la dernière résidence de Rose.

En chemin, Earth n’arrêta pas de se prendre les pieds dans le manteau et de trébucher. Alors que moi, de mon côté, je marchais avec autant d’élégance que d’ordinaire et je pris même le temps de m’arrêter occasionnellement devant des étales de vendeurs de sucreries pour attendre Earth qui n’arrêtait pas de trébucher et de chuter.

« Stupide manteau ! La capuche n’arrête pas de me bloquer la vue ! » Earth me rattrapa, furieux, et m’empoigna. Il rugit : « Sun, puisque tu as tellement l’habitude de porter un manteau, tu dois souvent sortir en douce pour faire tes mauvais coups, non ? »

En entendant les mots « en douce », je m’arrêtai net et lui demandai : « As-tu vu Cloud ? »

Surpris par ma question soudaine, Earth regarda autour de lui avant de répondre : « Non. »

« Je suis là… » Nous entendîmes une voix effroyablement faible, mais où se trouvait son propriétaire au juste ?

Une personne vêtue d’un manteau devrait être facile à repérer au milieu d’une foule, alors comment a-t-il fait pour disparaître avec ses mouvements en flottement… Attendez une seconde ! Je n’utilise même pas mes yeux, mais ma capacité à sentir les éléments ! Pourquoi est-ce que je n’arrive pas à voir Cloud ?

Je ne peux pas le voir même avec ma vision élémentaire ! Cloud, ta capacité à dériver mystérieusement n’est-elle pas un peu trop développée ?

Earth fronça les sourcils et dit : « Cloud, ta voix est très faible. Est-ce que tu vas bien ? »

« C’est trop lumineux… » Sa voix sembla encore plus affaiblie, comme si ces cinq secondes supplémentaires passées sous le soleil l’avaient sapé de ses forces.

« Tu portes un manteau avec une capuche, comment peux-tu trouver qu’il fait trop clair ? » objecta Earth. « Tu devrais passer un peu plus de temps au soleil ; tu es aussi pâle qu’un fantôme ! »

« Oh, c’est vrai. » J’eus une pensée soudaine et je demandai avec curiosité : « Entre Cloud et le moi actuel, lequel de nous deux est le plus parfaitement blanc ? »

« Ta vue est aussi blanche et vide que ton cerveau. Oserais-tu encore affirmer que tu es parfait ? » se moqua Earth.

« … Pourquoi n’es-tu pas le Chevalier de Métal ? Quel gâchis complet de talent ! »

Earth s’offusqua et répondit avec dédain : « Métal ne sait même pas comment dire du mal de quelqu’un ! »

« Je suis d’accord… » Je me tus soudainement, m’arrêtai net, et ordonnai : « Earth, prépare ton bouclier. »

Earth rassembla immédiatement une large quantité de l’élément sacré entre ses mains. Dans un même temps, Cloud apparut également à côté de nous, épée en main. Une fois qu’il fut prêt à activer le Bouclier de la Terre au moindre avertissement, Earth demanda d’un ton détaché : « Qu’est-ce qui ne va pas ? »

« Le type sur la gauche qui porte un manteau est problématique ! » affirmai-je à voix basse.

« Celui qui porte un manteau gris ? Il n’y a rien de mal à porter un manteau, non ? » me questionna Earth dans un murmure. « Il est tout seul, lui, alors que nous sommes trois à en porter. »

« Il n’est pas vivant. » Je lui donnai une explication relativement simple.

Earth se figea l’espace d’une seconde puis fixa « l’humain ». Il demanda d’une voix pleine de doutes : « C’est vraiment une créature des ténèbres ? Sa démarche est plutôt stable. On n’en dirait vraiment pas une ! »

J’étais d’accord avec ce que venait de dire Earth. Même si toutes les créatures des ténèbres recevaient un traitement afin d’être préservées, à moins que la personne ne soit transformée en mort-vivant par un nécromancien immédiatement après sa mort, certaines parties de son corps auraient déjà commencé à se décomposer. Elles ne seraient pas aussi stables sur leurs pieds qu’une personne vivante, et pourtant ce mort-vivant devant nous marchait avec autant d’aisance qu’une personne ordinaire.

Malgré tout, j’étais certain que ce type était une créature des ténèbres. Je n’ai pas vu ce genre de créatures depuis fort longtemps… Non ! En réalité, j’en vois une tous les jours.

Je devrais plutôt dire que ça fait longtemps que je n’ai pas été attaqué par ce genre de créature. Cependant, en vérité, ça ne fait probablement qu’un an et quelques poussières… Quoique, avant de rencontrer Roland, je n’avais encore jamais croisé la route d’un « Chevalier de la Mort ».

« C’est un Chevalier de la Mort. »

« … C’est Hell ? » Earth baissa sa voix jusqu’au murmure.

« Non, ce n’est pas lui. »

J’ajoutai : « Juste au cas où, disperse la foule pour les empêcher d’être pris dans la bataille. »

Earth manifesta son accord d’un « mmhm », puis il se mit à rugir : « Que tout le monde recule ! Une créature morte-vivante est apparue ! »

Toutes les têtes autour de nous pivotèrent dans notre direction, mais personne ne suivit les ordres d’Earth ; ils se contentèrent de nous fixer du regard avec suspicion. À cet instant, nous enlevâmes nos manteaux d’un même mouvement…

Le public s’écria : « Ce sont les Douze Chevaliers Sacrés ! »

« C’est le Chevalier du Soleil ! Ça fait si longtemps qu’il n’a pas fait d’apparition dans les rues ! »

« Dans ce cas, pas besoin de s’inquiéter ! N’importe quelle créature des ténèbres, qui a la malchance de croiser la route du Chevalier du Soleil, périra assurément ! »

« Chevalier du Soleil ! Faites de votre mieux ! »

Il était clair, d’après les voix s’élevant de la foule, qu’ils avaient l’attention de traîner dans les parages pour observer la scène. Je fronçai les sourcils, mais je n’étais pas inquiet. Avec Earth ici, le Chevalier de la Mort ne sera pas en mesure de blesser les passants innocents.

Earth s’écria sur un ton sincère : « S’il-s’il vous plaît tout le monde, re-reculez un peu plus ; cet endroit est vrai-vraiment dangereux ! »

Les gens reculèrent docilement et dégagèrent un grand espace pour nous. Earth continua de leur demander de reculer davantage. Je pensai qu’il devait avoir la flemme de prétendre de bégayer constamment, et donc il avait décidé de les faire se tenir à une distance de laquelle ils ne pourraient l’entendre.

À la suite de quoi, Earth revint vers Cloud et moi et déclara froidement : « Le public a reculé. Tu n’as pas besoin de débiter tes sottises à propos du Dieu de la Lumière par-ci, du Dieu de la Lumière par-là ! Je ne veux pas me battre tout en étant obligé d’interpréter le sens de tes ordres ! Donne-nous des ordres simples et directs ! »

Ainsi, tu n’as pas fait ça parce que tu voulais arrêter de prétendre bégayer ! J’haussai les épaules et dis simplement : « Compris. »

Je me retournai et regardai le Chevalier de la Mort vêtu de son manteau gris. Il semblerait qu’il n’ait aucune intention de s’enfuir. À l’origine, je m’étais même préparé à utiliser ma lumière sacrée pour l’empêcher de partir pendant qu’Earth faisait évacuer la foule. Toutefois, le Chevalier de la Mort resta immobile, ne bougeant pas de sa position première.

C’était vraiment étrange. Normalement, une créature morte-vivante pouvait sentir que nous étions tous les trois chargés de lumière sacrée, et elle aurait dû choisir de s’enfuir. Est-il si fort qu’il n’a nul besoin de fuir ?

J’étudiai le Chevalier de la Mort. Il portait des vêtements assez ordinaires. C’était une tenue que n’importe quel aventurier spécialisé en combat au corps-à-corps porterait, et on pouvait s’en procurer une dans le premier magasin de vêtements venu. Aussi, ses traits m’étaient inconnus, et l’épée à sa hanche avait l’air normale. On dirait bien qu’on ne pourra pas déterminer l’origine de ce Chevalier de la Mort d’après son apparence.

Cependant, en l’espace d’une simple année, deux Chevaliers de la Mort étaient apparus. Dans tous les cas, c’était anormal, et nous devions impérativement empêcher celui-ci de s’échapper.

Je fronçai les sourcils et ordonnai : « Cloud, attaque ! »

« C’est vraiment simple et direct. » Earth marmonna : « Tu ne peux pas parler comme ça tout le temps ? »

Ayant entendu mon commandement, Cloud leva immédiatement son épée. Je concentrai ensuite une large quantité de lumière sacrée sur sa lame. Je peux garantir que ce Chevalier de la Mort n’aura pas besoin d’être taillé en pièces ; le simple fait de regarder la lumière va le faire pleurer de peur…

« C’est trop lumineux ! » Cloud gémit et afficha une expression apeurée, manquant de jeter son épée au loin.

« … »

Hé, dis-donc, Cloud ! Tu es une créature des ténèbres ou quoi ? Pour que tu détestes la lumière à ce point, c’est trop exagéré ! Et dire que tu es l’un des Douze Chevaliers Sacrés qui sont bénis de lumière sacrée !

« Attention ! »

Earth se dépêcha soudain de se placer devant nous, de la lumière sacrée surgissant de sa main droite. Après avoir repoussé le Chevalier de la Mort qui s’était jeté en avant, la lumière sacrée prit ensuite la forme d’un bouclier, formant une solide barricade devant Cloud et moi.

Le Chevalier de la Mort fut contraint de reculer par la lumière sacrée d’Earth. Il ne cessa de rugir de douleur, jusqu’au moment où le manteau gris qui l’enveloppait tomba. Devant la scène qui se dévoila aux yeux de tous, le public qui se tenait à distance poussa des cris de surprises, et les visages se chargèrent de haine pure.

Earth murmura : « Ce Chevalier de la Mort est un tantinet trop pourri ; il est beaucoup plus moche que Hell. »

« Cloud, raffermis ta prise sur ton épée ! » ordonnai-je à voix basse.

Cloud acquiesça et serra fermement son épée de sa main avec obéissance.

« Cloud, va l’affronter et vérifier la force de ce Chevalier de la Mort. » Après avoir donné mes ordres à Cloud, je me tournai immédiatement vers Earth et lui commandai : « Earth, garde les yeux grands ouverts. Ne laisse pas Cloud être blessé. »

« Bien reçu. »

Ayant reçu la réponse d’Earth, j’étais à présent certain que, avec sa vigilance en plus de la capacité spéciale de Cloud, il n’y avait rien à craindre, aussi je pus enfin me détendre et contempler le combat.

Parmi les Douze Chevaliers Sacrés, le plus vif était le Capitaine-Chevalier de la Tempête. Celui avec le meilleur talent à l’épée était Roland. Et le meilleur combattant dans l’ensemble était le Capitaine-Chevalier du Jugement. Néanmoins, celui avec le style de combat le plus imprévisible était définitivement Cloud.

« Se battre avec Cloud, c’est comme se battre contre un fantôme. Il n’y aurait rien d’étrange à ce qu’il apparaisse à des endroits complètements inattendus ! »

Cette déclaration ci-dessus avait été faîte par le Capitaine-Chevalier de Flammes qui, après avoir affronté Cloud pendant cinq heures et après avoir fouillé le Temple Sacré de fond en comble à cinq reprises, n’avait toujours aucune idée de l’endroit où abattre son épée pour frapper son adversaire.

La situation actuelle était presque identique ; le Chevalier de la Mort n’arrivait pas du tout à localiser Cloud. Quand il abandonnait la recherche de ce dernier, il se précipitait alors vers Earth et moi. Toutefois, dans ces moments-là, Cloud se manifestait derrière lui et l’attaquait furieusement. La vitesse de ses coups d’épée était exceptionnelle. Mais, lorsque le Chevalier de la Mort parvenait à reprendre pied et s’apprêtait à répliquer, Cloud s’évanouissait de nouveau dans la nature.

Earth secoua la tête et affirma : « C’est vraiment une bataille entre fantômes ! »

C’en est vraiment une ! Peut-être que je devrais employer la lumière sacrée et les réduire tous les deux en cendre pour vérifier si Cloud est un esprit ou non… Après tout, ce ne serait pas bien grave même si c’était le cas. Le Chevalier des Enfers est déjà un Chevalier de la Mort, et il est même une version supérieure de cette espèce – à savoir, un Seigneur de la Mort. En comparaison, qu’il y ait un esprit parmi les Douze Chevaliers Sacrés ne ferait pas une grande différence.

Earth demanda nonchalamment : « Par contre, Sun, que comptes-tu faire ? » Après avoir fini sa question, il fit signe de se trancher la gorge avec un regard interrogateur.

« Non. » Je décrétai sans hésitation : « Capturez-le vivant. »

Un Chevalier de la Mort représentait normalement une grande injustice. Judgment voudra sûrement connaître les raisons qui ont contribuées à sa création.

Après avoir observé la bataille pendant un moment, je réalisai que ce Chevalier de la Mort était en train de se faire dominer par Cloud. Confus, je m’enquis : « Ce Chevalier de la Mort ne semble pas aussi fort que Roland ? »

« Sans blague ! » Earth leva les yeux au ciel et répondit avec énervement : « Ne sais-tu pas à quel point Hell est fort avec une épée ? Judgment a dit que, s’il ne s’aidait pas de la lumière sacrée, même lui n’oserait pas affirmer pouvoir forcer une égalité contre Hell ! »

J’acquiesçai d’un signe de tête. Précédemment, j’avais aussi entendu Judgment dire que, basé purement sur les compétences à l’épée, Roland était bien plus fort que lui.

« Si ce Chevalier de la Mort était aussi fort que Hell, alors le capturer vivant serait difficile. » Earth s’interrompit brusquement avant de dire : « Ce n’est pas tout à fait exact. Après tout, ce Chevalier de la Mort est déjà mort, c’est donc impossible de le capturer vivant ! Ah ah ah ! »

« … Ta blague me heurte avec autant de froideur que le sors Tirs de Glace d’Ice. »

« Je suis désolé ! » Earth répliqua platement : « Comparé à un Chevalier du Soleil aussi nul à l’épée que toi, ma blague n’est vraiment pas drôle. »

P***** !

Je vais le répéter encore une fois : Earth, le fait que tu ne sois pas devenu le Chevalier du Métal est un véritable gâchis de ton talent naturel ; tes paroles sont cent fois plus acerbes que celles du Chevalier du Métal de notre génération !

« Sun ! » hurla Cloud, lorsque le Chevalier de la Mort ignora soudainement ses attaques pour charger obstinément vers Earth et moi. Cela n’avait rien d’inhabituel ; même si j’étais normalement celui dont les créatures des ténèbres avaient le plus peur, quand elles n’avaient nulle part où fuir, leur cible favorite pour leur dernière attaque suicide était toujours moi.

C’était parce que mon corps était chargé d’une grande quantité de lumière sacrée que ces créatures avaient en horreur. Donc, quand elles étaient sur le point d’être détruites, elles choisissaient toujours la personne qu’elles détestaient le plus pour tenter de l’entraîner avec elles en enfer.

Cependant… Pfft ! Si le Chevalier de la Mort avait eu le talent de Roland à l’épée ou même possiblement la vitesse de Storm, alors cela aurait put marcher, mais il n’avait ni l’un ni l’autre ! Avec ses compétences médiocres, je pouvais simplement me contenter de le noyer dans la lumière sacrée.

Malgré le fait que je venais tout juste de me disputer avec Earth, lorsque le Chevalier de la Mort se précipita vers nous, le Bouclier de la Terre apparut quand même devant moi. Cela me fit me sentir encore plus en sécurité ; avec la présence du Bouclier, je serais sain et sauf même si je ne bougeais pas d’un pouce.

Alors que je me préparais à décharger ma lumière sacrée, le Chevalier de la Mort changea subitement la direction de ses mouvements. Ni Earth ni moi ne pûmes réagir à temps. La lumière sacrée que je lançai manqua sa cible, et l’épée du Chevalier de la Mort s’abattit sur Earth qui n’était protégé par aucun bouclier… Elle se dirigea droit sur son épaule.

Tout à coup, une image de Blaze se faisant trancher de l’épaule à la poitrine par Roland me traversa l’esprit.

« Earth ! »

CLANG !

Earth dégaina son épée et bloqua l’attaque du Chevalier de la Mort, mais il fut une seconde trop lent. Du sang coula de l’épée de la créature… Tu… Tu as osé blesser un autre de mes Chevaliers Sacrés juste sous mes yeux !

Je libérai agressivement une large quantité de lumière sacrée. Après avoir envoyé le Chevalier de la Mort valdinguer, je me retournai et lançai un assez grand nombre de sorts de soin sur Earth.

À cet instant, Cloud se précipita vers l’ennemi et, d’un vif et puissant mouvement d’épée, il trancha net le Chevalier de la Mort en deux au niveau de la taille. Même avec ça, cependant, le Chevalier de la Mort n’était toujours pas vaincu. Le buste du mort-vivant tendit ses mains et, les utilisant pour remplacer ses jambes, il se mit à ramper lentement.

Je m’approchai de lui tout en rassemblant une immense quantité de lumière sacrée dans chaque main. Je projetai ensuite toute l’énergie vers chaque moitié du corps. Avant même de pouvoir crier, il fut réduit en cendres.

Voyant cela, Earth courut vers moi et observa les deux tas de poussières. Il me questionna : « N’avais-tu pas dis que tu voulais le capturer vivant ? »

Je le regardai et le questionnai : « Comment va ta blessure ? »

Earth regarda son épaule, la haussa, et répondit : « Pas même l’ombre d’une cicatrice. »

« Euh… J’ai accidentellement utilisé trop de pouvoir. » J’haussai également les épaules et répondit à sa question : « Je ne peux plus rien y faire. Il est mort. »

Earth jeta un regard à sa droite et à sa gauche avant de murmurer : « Le public est en train de s’approcher de nous. On va peut-être avoir du mal à quitter cet endroit. »

Je sentis mes alentours. La situation était-elle qu’Earth l’avait décrite. Le public, voyant que le Chevalier de la Mort avait été réduit en poussière, fonçait vers nous avec des expressions ravies. Et c’était sans parler du fait que, maintenant, il commençait à se faire tard, et la nuit risquait d’être déjà tombée lorsque nous arriverions à trouver Rose. Rendre visite à un nécromancien en pleine nuit n’était absolument pas une bonne idée.

« Rentrons d’abord ! » Je ne pus que donner cet ordre à Earth et Cloud. « On reviendra demain. »

« Quoi ? Tu es sorti juste pour te dégourdir les jambes ? Tu veux qu’on fasse une balade digestive après le déjeuner demain pour aider ton petit estomac ? » rétorqua Earth d’une voix pleine de colère.

« Il fait plus sombre la nuit », argumenta doucement Cloud.

On dirait bien que cette combinaison d’un esprit et d’une langue de vipère vont rester à mes côtés jusqu’à ce que je découvre la vérité. Je sentis tout d’un coup que tomber malade et le fait qu’Ice ne me fasse pas de desserts n’étaient pas de si grands désastres tout compte fait…

1/2 Prince T6C7 : La veille du départ

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½ Prince Tome 6 : La Grande révolte des PNJs

Roman d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)


Chapter 7: The Day Before Setting Off – traduit du chinois vers l’anglais par Akakuroi[PR!]
Chapitre 7 : La veille du départ
– traduit de l’anglais au français par Nocta
+ travail de vérification par AkaiiRia

« Tu as vraiment décidé de partir demain ? » me demanda Nan Gong Zui à plusieurs reprises avec incrédulité.

« Oui ! » lui répondis-je patiemment une fois de plus. J’avais conscience que partir demain pouvait paraître un peu soudain, mais j’avais le sentiment que, le plus tôt nous atteindrions le Continent du Nord, le mieux ce serait. Ce ne sont pas les paroles de Celestial qui m’avaient fait ressentir ça, mais un autre étrange présentiment, comme si… quelque chose sur le Continent du Nord m’appelait. J’avais même l’impression que partir demain serait déjà trop tard.

« Sur la limite des vingt-et-un jours, il nous reste encore amplement de temps. Pourquoi es-tu si pressé ? Ça ne te ferait pas de mal d’attendre jusqu’à ce que nous ayons établi un meilleur plan… » dit Lolidragon avec hésitation.

« Je dois y aller. Il y a quelque chose là-bas qui m’appelle », avouai-je tout en regardant au loin en direction du Continent du Nord, même si je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait là-bas. The Dictator of Life ? Non, c’était impossible ; pourquoi est-ce qu’il m’attendrait ? Pour que je vienne lui trancher la tête en deux ?

« Quelque chose t’appelle ? » Une expression étrange apparut sur le visage de toutes les personnes autour de moi. C’était compréhensible ; nous n’étions pas dans un roman de fantasy, comment quelque chose pourrait-il m’appeler comme ça ? Même moi je me demandais si ce n’était pas tout simplement le stress accumulé qui me donnait des hallucinations auditives.

« Je te crois, Prince », s’exclama subitement Lolidragon avec excitation.

« Vraiment ? » Comme c’était touchant, et dire que je pensais qu’elle serait la première à clamer que j’avais perdu la tête.

« Oui, tout à l’heure, lorsque tu regardais vers le Continent du Nord, tu étais tourné vers la bonne direction ! C’est absolument incroyable, donc il doit vraiment y avoir quelque chose qui te guide », expliqua-t-elle avec enthousiasme, les poings serrés.

Euh…

« Et donc, qui veut venir avec moi demain ? Je ne force personne à venir. Ce n’est pas grave si vous décidez de ne me suivre que lorsque tous les préparatifs seront terminés », m’enquis-je en regardant tout le monde.

Ils gardèrent le silence. Vous êtes sérieux ? Il n’y en a même pas un seul qui veuille venir avec moi ? Dans ce cas, je vais vraiment devoir reconsidérer la date de mon départ.

« Odd Squad agira toujours ensemble ! » décréta grand-frère Wolf après un moment, et belle-sœur Yu Lian m’adressa un sourire encourageant.

D’un ton peu amical, Lolidragon déclara : « Si tu me laisses mourir pour aucune raison, je jure que je te pourchasserai jusque chez toi dans le monde réel pour te faire la peau. »

Jusque chez moi dans le monde réel ? Donc, en fait, tu voudrais venir vérifier si mon frère est beau dans la vraie vie tout en rendant visite à mes parents, tes futurs beaux-parents, par la même occasion ?

« Peu importe où se rend Son Altesse, Gui s’y rendra aussi », annonça-t-il en faisant une révérence aussi élaborée que d’habitude.

Doll bondit sur moi en gloussant, sans aucune hésitation sur le visage, et elle affirma : « Je veux venir avec toi Prince. »

« Je viens aussi », dit Heartless Wind à la légère, m’appelant simultanément « stupide sœur » par message privé.

« Je te suis, c’est sûr, car sans toi je ne serais même pas ici dans Second Life. » Quant à celui qui poussa cette réplique, il s’agissait bien sûr de Wicked, le grand-frère Zhuo qui se préoccupait toujours de moi.

« Nous sommes amis, donc, bien évidemment, je viens avec toi. » Comme toujours, Nan Gong Zui alla droit au but sans ajouter aucune fioriture.

« Allons-y, allons-y ! Nous voulons tous les deux voir à quel point The Dictator of Life est beau ! » Neurotic et DanDan rirent joyeusement.

Quant à Winter Triumph, il ne put que secouer la tête avec impuissance tout en déclarant : « Même s’il n’y a pas d’argent à tirer de ce voyage et que je vais peut-être même en perdre, puisque la princesse y prend part, il serait inacceptable que je reste ici plutôt que de la protéger. »

« Lolidragon, tu y vas ? Dans ce cas, je viens aussi. » Tout le monde détourna le regard juste à temps pour éviter l’attaque des yeux scintillants d’Undying Man.

« Fairsky et moi venons également. Nous allons nous battre pour nous-même ! » décréta Sunshine en serrant Fairsky dans ses bras. Je pouvais voir la lueur de détermination qui brillait dans ses yeux, l’opposé total de la naïveté et de la fainéantise que j’y avais vues à notre première rencontre… Cependant, le Sunshine de maintenant n’en était que plus attirant.

« … »

Comme c’était étrange. Kenshin ne disait rien, pourtant il suffisait de le regarder et un « … » apparaissait automatiquement au-dessus de nos têtes. J’imagine que ce « … » était probablement notre accord tacite.

« Je viens. Ça me va, tant qu’il y a des batailles à mener », accepta l’autre « bloc de glace », Arctic Fox. Ses yeux brûlaient de passion et de désir pour les combats, définitivement pas pour moi.

J’étais plein de gratitude. Je n’aurais jamais pensé que tout le monde accepterait de venir avec moi. De tout mon cœur, je m’exclamai : « Merci, vraiment, merci tout le monde. »

« On n’a rien fait qui vaille la peine que tu nous remercies. Nous sommes tous amis », dit Neurotic tout en attrapant fermement ma tête avant d’ébouriffer et de décoiffer mes cheveux avec vigueur. Je me mis à rire, m’enfuis, et placardai une bise sur la joue de DanDan en guise de revanche.

« Ah ! Espèce de vaurien, ne sais-tu donc pas qu’on ne doit jamais embêter la femme de son ami ? » Neurotic se précipita vers moi et me repoussa.

J’éclatai de rire, mon cœur rempli de gratitude. Peu importe que ce soit Dieu, Bouddha ou Allah, qui que ce soit, merci de m’avoir laissé me faire de si merveilleux amis !

Tout le monde continua de traîner et de faire les idiots tous ensembles pendant un moment avant de partir les uns après les autres, jusqu’à ce que les seuls restants ne fussent plus que la fille du président de l’entreprise, qui n’avait rien de mieux à faire, et moi, une étudiante d’université fainéante qui n’avait pas de cours le matin. Après une minute, Lolidragon me questionna avec inquiétude : « Est-ce que tu crois que Celestial te tend un piège en insistant pour que tu partes le plus tôt possible ? »

« Je n’en suis pas sûr. » J’haussai les épaules. « Dans tous les cas, la seule solution à présent est de nous battre pour nous frayer un chemin jusqu’au Continent du Nord puis de vaincre The Dictator of Life. C’est un fait que même Gui ne peut pas nier. Et n’a-t-il pas dit que tous nos moindres faits et gestes sont déjà connus de The Dictator of Life ? Donc, ça ne fera pas une grande différence qu’on y aille maintenant ou plus tard », déclarai-je avec indifférence. J’étais également assez perturbé par ce que Celestial m’avait dit l’autre jour. J’avais le sentiment que je le regretterais si je n’écoutais pas Celestial et n’y allais pas immédiatement.

Après un moment de silence, Lolidragon me demanda enfin : « Prince, est-ce que tu insistes toujours pour que le Destructeur de PNJ soit installé sur ton compte ? »

« Oui. » J’acquiesçai avec détermination, n’ayant jamais regretté ce choix ne serait-ce qu’une seule fois.

« Très bien, parce que tu es le seul qui puisse… Si tu es celui qui résout ça, dans ce cas j’imagine que ça ira », dit Lolidragion avec une légère pointe de tristesse.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? » J’étais vraiment sous le choc. Lolidragon est en fait capable d’émettre cette aura qu’on appelle le chagrin ? Comme c’est surprenant ; d’habitude, en dehors de son aura de perverse, le seul autre aura que Lolidragon posséde est celui de son intention meurtrière.

Se sentant un peu gênée, Lolidragon expliqua : « J’imagine que je peux te le dire à toi. C’est moi qui ai décidé de l’apparence physique de The Dictator of Life, et il a été modelé d’après une vraie personne. »

Ohohoh, modelé d’après une vraie personne ? Tu es sérieuse ? Il y a quelqu’un d’aussi beau gosse dans la vraie vie ? Je déglutis. « Et, donc, où se trouve cette personne ? Amène-le avec toi et laisse-moi voir à quoi il ressemble un jour ? » lui suggérai-je.

« Il s’est échappé. » Le visage de Lolidragon s’assombrit.

« Echappé ? » Est-ce que j’ai bien entendu ? The Dictator of Life a été créé d’après le visage d’un criminel en fuite ? Ça a dû aider à accroître la connaissance du public quant aux Avis de Recherches…

« Ouaip. En fait, cette personne est une figure clé dans l’Entreprise Second Life. Ce ne serait pas une exagération de dire qu’il est le père de Second Life. » Lolidragon semblait expliquer cela d’une façon décontractée. Cependant, je pouvais clairement voir qu’elle était un peu tendue, et qu’il y avait une lueur soit d’amour, soit de haine dans ses yeux. Mais, peut-être aussi que les deux sentiments s’y trouvaient.

« Son nom est Long Dian. C’est un excellent programmeur. Non, peut-être que je devrais présenter les choses comme ceci : dans le domaine de la programmation, si jamais il dit qu’il est le deuxième meilleur programmeur au monde, alors personne n’oserait clamer être le numéro un. Il a créé Second Life à lui tout seul, devenant le bras droit dont mon père était le plus fier. Dans l’entreprise de mon père, il pouvait obtenir qui il désirait ou faire ce qu’il voulait. »

« Dans ce cas, pourquoi s’est-il échappé ? » Pourquoi est-ce que quelqu’un comme ça aurait besoin de s’enfuir ? Ne me dîtes pas qu’il a fait ça pour échapper aux griffes de Lolidragon ?

« C’est parce que, en secret, il utilisait Second Life pour mener des expériences illégales. » Le visage de Lolidragon devint très austère, tandis qu’elle poursuivait : « Il a utilisé le nom de l’entreprise ainsi que nos fonds pour recruter des sujets tests et mener des expériences humaines illégales. »

« Utiliser Second Life pour mener des expériences illégales ? Second Life est juste un jeu, quel genre d’expériences aurait-il bien pu mener ici ? » J’étais un peu confus. Tout au plus, on pourrait mener une enquête ou un test d’essai, non ? Est-ce qu’il avait vraiment besoin de s’enfuir juste à cause de ça ?

Après avoir gardé le silence pendant un long, très long moment, Lolidragon admit finalement : « Je n’ai aucune idée de pourquoi je te dis ça… Peut-être que c’est à cause de ma culpabilité, du remord que je ressens envers ces personnes. Il leur a d’abord fait jouer au jeu, prenant temporairement le rôle des personnages PNJs. Puis, il a coupé leurs ondes cérébrales, les enfermant dans le jeu, et il a tué leurs corps physiques. »

Des meurtres ? Mes yeux s’écarquillèrent. « Pourquoi est-ce qu’il a fait ça ? »

« Il voulait voir si un humain pouvait vraiment vivre dans le jeu, obtenant ainsi une vie éternelle », répondit-elle froidement.

Je poussai un cri de surprise. Pourquoi est-ce que je me retrouve toujours dans ce genre de situations qui ne se produisent que dans des films de science-fiction ? Immédiatement, je l’interrogeai : « Et qu’est-il arrivé à ces gens ? Est-ce qu’ils vivent encore dans le jeu ? »

Avec un léger sentiment de regret et de rancœur, Lolidragon soupira et répondit : « Nous avons d’abord pensé qu’il serait impossible que l’expérience réussisse puisque, après la mort de ces personnes, les PNJs sont retournés à leur état d’origine, sans aucun signe d’humanité en eux. Même ainsi, nous n’avons pas osé les effacer. Qui aurait cru que les problèmes apparaîtraient après autant de temps… »

J’eus l’impression que quelque chose se cassa net dans mon esprit. Ne me dîtes pas que… « Kenshin et Sunshine ? » demandai-je doucement.

Lolidragon hocha la tête avec lassitude. « Oui, tous les deux. »

« Oh mon Dieu ! » Je m’exclamai. C’est donc ça la vérité ! Kenshin et Sunshine étaient tous les deux des humains à l’origine. Ce sont des humains qui vivent à l’intérieur d’un jeu !

Se pourrait-il que The Dictator of Life, qui a été fait en se basant sur Long Dian, soit aussi… ? Je ne pus m’empêcher de la questionner : « Est-ce que The Dictator of Life est en réalité Long Dian ? »

« Je ne sais pas. » Secouant la tête, Lolidragon détailla avec amertume : « Nous n’avons pas eu la moindre nouvelle de lui depuis qu’il est en cavale, donc peut-être qu’il vit vraiment dans le jeu maintenant. »

« Ouais, peut-être que ce The Dictator of Life c’est vraiment lui. » Je souris avec ambiguïté. « C’est donc ça. Lolidragon, tu veux que j’aille achever ton ex. »

Lolidragon rougit. « Quel ex ? Il n’y a rien eu du tout entre lui et moi. »

Je ricanai tout en protégeant ma tête, pour que je ne sois pas battu à mort par la Lolidragon qui était tout embarrassée pour une fois. Toutefois, je ne pus m’empêcher de me sentir un peu perplexe au fond de moi. Si c’est le cas, alors pourquoi Celestial m’a-t-il dit que The Dictator of Life m’attend ? Même s’il attend, ne devrait-il pas plutôt attendre Lolidragon à la place ?

« Tu vas vraiment installer le DPNJ sur toi ? » Une voix nous interrompit soudainement, tandis que je faisais l’idiot avec Lolidragon. Je levai la tête et m’aperçus qu’il s’agissait de Gui, et qu’il ne souriait pas du tout. Je n’avais jamais vu Gui me regarder avec une expression aussi froide auparavant, et je ne pus m’empêcher de me sentir un peu anxieux.

« Tu vas vraiment installer le DPNJ sur toi ? » redemanda-t-il. On pouvait voir de la fureur luire dans ses yeux. Même ses poings étaient serrés fermement. J’étais horrifié, et je fixais ce Gui du regard, ce Gui qui ne ressemblait en rien au Gui que je connaissais.

« Euh, je crois que je vais y aller », déglutit Lolidragon avant s’élancer en courant vers la sortie. Traîtresse !

« Réponds-moi ! » Furieux, Gui chargea sur moi et me saisit par les épaules.

Regardant ses yeux injectés de sang, je pouvais à peine marmonner quelques mots à cause de la peur. Est-ce que Gui avait mangé quelque chose de périmé ? Il ne s’était jamais montré aussi féroce envers moi jusqu’à présent. Je n’arrivais pas à comprendre ce changement, et j’étais terrifié.

« Ouais… » parvins-je finalement à marmonner.

« Tu vas disparaître pour toujours. Tu vas disparaître pour toujours, tu réalises ce que ça veut dire ? » rugit Gui.

« Je sais. » Je me débattis pour me libérer de sa prise et protestai : « Mais, il le faut, pour Kenshin, pour Sunshine, et pour The Dictator of Life ! »

« Et qu’en est-il de moi ? » s’écria soudainement Gui. « Si tu disparais, qu’est-ce que je dois faire ? »

Je restai ébahi. C’est donc à propos de ça que Gui est autant en colère.

« N’as-tu jamais pensé à moi ? Pas même ne serait-ce qu’un instant ? » Ses yeux étaient remplis de consternation. Une larme coula lentement d’un de ses yeux. Je ne pus m’empêcher de l’attraper avec ma main. Je la contemplai, hébété. « Prince… » Gui me serra tout à coup dans ses bras. Juste alors que je sentais que quelque chose n’allait pas et que je m’apprêtais à me débattre, il me supplia : « Ne me repousse pas ! Je sais que ma force n’est rien comparé à la tienne, mais je t’en prie, s’il te plaît, ne me repousse pas. »

En entendant les sanglots dans la requête de Gui, je ne pouvais vraiment pas à m’amener à le repousser. Je ne pus que rester là en silence, l’autorisant à m’enlacer tandis qu’il pleurait doucement, laissant ses pleurs blesser mon cœur alors que des souvenirs du passé ressurgissaient devant mes yeux…

Ma majesté bien-aimée, si vous ne pouvez pas vous rappeler du nom de Guiliastes, alors dans ce cas appelez-moi par mon surnom… Appelez-moi simplement Gui…

Prince est comme une rose avec des épines. Si dans un premier temps j’avais eu connaissance de ses épines, alors peut-être que je ne l’aurais pas cueillie. Toutefois, j’ai déjà ramassé cette rose, senti sa fragrance et vu sa beauté. Si je la posais maintenant, la souffrance que mon cœur devrait supporter serait plus intense que la blessure de ma main ensanglantée, lacérée par ses épines. Par conséquent, je ne peux la reposer.

 

Qui que tu sois, cela ne me dérange pas. Je crois fermement que celui que tu es en ce moment est le vrai toi, de la même façon que la personne que je suis en à présent est le vrai moi. Tout le reste n’a pas importance : que ce soit le sexe, l’apparence ou même les façades que nous assumons dans la vie réelle… rien de tout cela n’est important.

Si mes larmes peuvent être utilisées en échange de ton sourire, dans ce cas cela en vaut plus que la peine.

« Je suis désolé, Gui. Je te brise toujours le cœur. » Je fis gentiment courir ma main le long de ses longs cheveux soyeux. Pourquoi est-ce que je fais toujours pleurer cet homme ? Pourquoi est-ce que je brise le cœur de cet homme qui a toujours été là pour moi, à veiller sur moi en silence ?

« Je n’ai jamais pris en considération tes sentiments… Je suis vraiment désolé », m’excusai-je sincèrement, décidant que je ne l’ignorerais plus jamais ainsi.

« Je me moque de toute le reste, tant que tu ne me laisses pas ou que tu ne m’ignores pas, je me porterai bien. » Les bras de Gui qui me serraient déjà fermement m’enserrèrent encore davantage, comme s’il craignait que je disparaisse.

« Ne t’inquiète pas, quelle que soit la façon dont les choses tourneront, je ne disparaîtrai jamais de ta vie, je te le promets. » Tenant son visage entre mes mains, j’embrassai son front avant de continuer : « Si Prince venait à disparaître, je te promets que tu rencontreras définitivement le vrai moi. » Même s’il n’y a plus de Second Life, je dois toujours suivre les cours du Professeur Gui, n’est-ce pas ?

« Prince… » Ayant l’air de s’être enfin détendu, Gui me relâcha lentement. Il semblait éprouver quelques regrets, et il s’excusa : « Je suis désolé, Prince, je n’aurais pas dû t’importuner de la sorte juste avant ton départ. »

« Ça… » Ça m’est égal… Avant que j’eusse pu finir ma phrase, la porte s’ouvrit brusquement avec fracas, et deux personnes indiscrètes tombèrent dans la pièce.

« Je t’avais bien dit de tirer sur la porte. Regarde, maintenant on ne peut plus les espionner », rugit Lolidragon avec colère, se trouvant au-dessus de l’autre espion.

Refusant de perdre face à elle, Heartless Wind, qui était en-dessous d’elle, rétorqua : « C’est parce que tu n’as pas arrêté de t’appuyer sur moi ! Tu aurais bien besoin de perdre un peu de poids. »

« Qu’est-ce que tu viens de dire ? Est-ce que tu es en train de dire que je suis grosse ?! » rugit Lolidragon avec des flammes de fureur jaillissant de ses yeux.

On dirait bien que mon frère était définitivement mort cette fois. Ne savait-il donc pas qu’il y avait trois tabous à propos desquels il ne fallait absolument jamais se plaindre quand on parlait avec des femmes ? Premièrement : l’apparence. Il suffit d’un seul mot, « moche », et même si tu lui achètes une bague en diamant, une Porsche et un bungalow après coup pour t’excuser, elle s’en souviendra quand même pour le reste de sa vie. Deuxièmement : sa silhouette. Même résultat qu’au point précédent. Troisièmement : son petit ami. Si tu oses dédaigner son petit ami, alors ça veut dire que tu méprises ses standards, que tu méprises sa capacité à se trouver un copain, que tu dédaignes son futur fournisseur de nourriture sur le long-terme… Mais, je m’égare. Bref, mon frère allait probablement connaître une mort douloureuse cette fois.

« Gui, on ferait mieux de les laisser », dis-je calmement.

« Mais, on dirait que Lolidragon est sur le point d’assassiner Heartless Wind. Ne devrions-nous pas les arrêter ? » Gui regardait avec inquiétude Lolidragon qui semblait brûler de fureur.

« Pas besoin. Ils se montrent juste leur attention, leur inquiétude et leur amour mutuel l’un envers l’autre à travers leurs disputes et leurs querelles. Ne les dérangeons pas dans leur rituel de drague », révélai-je tout en poussant Gui dans le dos, l’encourageant à sortir de la pièce.

Qui plus est, c’est peut-être la dernière fois qu’ils pourront se disputer comme ça. Me sentant un peu déprimé, je les regardai. Cette fois, il se pourrait que nous ne soyons jamais ramenés à la vie.

« Prince », m’appela soudainement Lolidragon.

Je me retournai, confus. « Quoi ? »

« J’ai déjà laissé les programmeurs attacher le programme DPNJ à ton personnage », dit-elle en éloignant son pied de la partie la plus importante de mon frère… La seconde partie la plus importante dans le jeu.

Il est déjà installé sur moi ? Pourquoi est-ce que je ne sens aucune différence ?

« Quand tu voudras lancer le DPNJ, tu auras juste à crier, “activation du programme d’autodestruction DPNJ”. Après avoir crié ça, un flash de lumière blanc apparaîtra sur toi, ce qui indiquera qu’il a été amorcé », détailla Lolidragon.

Juste au moment où je m’apprêtais à hocher la tête pour lui indiquer que j’avais compris, Gui prit la parole. Froidement, il s’enquit : « N’est-ce pas un peu trop voyant ? The Dictator of Life découvrira forcément que le programme DPNJ est sur Prince. »

« Tu peux crier avant d’aller à la rencontre de Dictator… » répondit-elle avec hésitation.

« Et pourquoi ne pas installer le DPNJ sur le tout le monde ? Est-ce que ça n’améliorait pas grandement nos chances de succès ? S’il est uniquement installé sur Prince, et que par malheur il échoue, est-ce que tout ne sera pas définitivement perdu dans ce cas ? » la pressa Gui.

« Oh, ouais. Lolidragon, est-ce que tu veux l’installer sur davantage de personnes ? Ce serait plus sécuritaire de cette façon. » Dieu seul sait si je serai capable de vaincre le dieu de Second Life. Je pense que mes chances de succès sont assez minces. Dans l’intérêt de Kenshin et Sunshine, je pense qu’il serait plus sûr que le DPNJ soit installé sur plusieurs joueurs.

« Prince, ne m’interromps pas. » Le visage mécontent de Gui m’effraya un peu, tandis qu’il poursuivait : « Je refuse de croire que, dans une si célèbre entreprise de jeux vidéo, pas une seule personne n’ait réalisé qu’il serait beaucoup plus sûr d’installer davantage de DPNJ. » Finalement, Gui arrêta de tourner autour du pot et demanda : « Qu’est-ce que tu caches ? »

Lolidragon avait l’air de vouloir dire quelque chose, mais de ne pas le pouvoir. Ses yeux pleins d’excuses essayèrent même d’éviter les miens. Est-ce que Lolidragon me cache vraiment quelque chose ?

« Lolidragon ? » Maintenant, je la comprends de moins en moins. Est-ce qu’elle a vraiment besoin de me cacher quoi que ce soit ?

Lolidragon soupira de nouveau. « Prince, peux-tu me promettre que tu vas tuer The Dictator of Life quoi qu’il en coûte ? »

« Tu continues à dire n’importe quoi. » Je n’arrivais vraiment pas à la comprendre. Si ce n’était pas dans ce but, pour quelle autre raison est-ce que je partirais pour le Continent du Nord demain ? Un voyage scolaire ?

Lolidragon ferma les yeux, comme si elle confessait ses péchés à un prêtre. « Prince, je t’ai caché beaucoup de choses, mais je te promets que, lorsque tout sera terminé, je te raconterai tout. Pour l’instant, je suis désolée, je dois garder ça pour moi ! »

J’étais un peu stupéfait. Lolidragon m’a caché beaucoup de choses ? Mais… Pourquoi ?

Lolidragon ouvrit les yeux et alla droit au but : « Tout ce que je peux dire c’est que tu es le seul à pouvoir tuer The Dictator of Life. C’est pour ça qu’installer le DPNJ sur les autres serait complètement inutile. »

Moi seul… peux tuer The Dictator of Life ? Qu’est-ce que ça veut dire ?

« N’importe quoi, personne ne peut tuer The Dictator of Life ! » Une voix féroce retentit brusquement derrière moi, mais ce n’était pas une voix qui m’était familière. Juste alors que je m’apprêtais à me retourner, je me retrouvai dans une situation similaire à celle où on serait emporté par un aspirateur super puissant. Je ne pouvais absolument pas contrer cette force, et je ne pus que me laisser entraîner dans les airs par cette personne inconnue.

« Prince ! » Gui, Lolidragon et Heartless Wind – qui avait fait le mort sur le sol pendant tout ce temps – se mirent tous à attaquer la chose derrière moi. Néanmoins, d’après leur expression, je pouvais dire que leurs attaques étaient futiles !

Je me débattis désespérément, suspendu dans les airs. C’était comme si une main puissante et implacable me tenait par le cou et, peu importe à quel point je luttais, je ne parvenais pas à me libérer de sa prise. En fait, je commençais à sentir un liquide chaud couler le long de mon cou…

« Merde ! » Je dégainai mon Dao Noir et l’agitai derrière moi de toutes mes forces. Avant de réussir à trancher quoi que ce soit, une autre poussée d’énergie me projeta lourdement contre un mur, et je m’effondrai à terre. J’avais l’impression que tous mes os s’étaient brisés en pièces.

« Prince. » Gui courut vers moi et m’aida à me lever. Son inquiétude et ses craintes étaient clairement visibles dans son regard.

Je levai les yeux et contemplai notre invité indésirable. Une personne semblable au vent apparut devant moi… Cette personne était transparente, flottait dans les airs, et était vêtue de longs vêtements qui dansaient dans la brise. Un nom surgit dans mon esprit : Zephyr, l’un des Quatre Rois Célestes que Celestial a mentionné ! Je sus d’instinct qu’il devait s’agir de Zephyr.  

« Je me demande sérieusement ce que The Dictator of Life voit en toi pour t’accorder autant d’importance… » Après m’avoir minutieusement examiné, il déclara avec dédain : « Tu es tellement faible, mais tu crois encore pouvoir tuer The Dictator of Life ? Quelle blague ! »

« Tu es Zephyr ? » le questionnai-je avec sérieux, alors que je me levais.

Les sourcils de Zephyr s’arquèrent. « Cet abruti de Celestial t’a parlé de moi ? Où est-il ? »

« Pourquoi es-tu venu à la Cité de l’Infini ? » J’étais sous le choc. Clay n’a-t-il pas dit avant de partir que les trois autres Rois Célestes détestaient Celestial ? Ne me dîtes pas que celui-ci est venu pour lui ?

« Pfff, j’irai où bon me semblera ! Je n’ai pas besoin de ta permission ! » s’écria Zephyr avec mécontentement. Le vent se renforça pendant qu’il criait. Il soufflait si fort que je pouvais à peine ouvrir les yeux. Toutefois, usant de ma fierté et de ma colère, je me forçai à les garder ouverts. Ce type est si agaçant. Si je ne le tabasse pas, dans ce cas je ferais mieux d’oublier cette histoire de partir à la recherche de The Dictator of Life pour le tuer, parce que je pourrais tout aussi bien mourir ici à force de vomir trop de sang à cause du surplus de rage accumulé.

« Je ne peux pas contrôler tes envies de balades », dis-je froidement. « Mais, puisque tu es entré dans la Cité de l’Infini, et qu’il se trouve justement que je suis le suzerain de la Cité de l’Infini, je ne tolérerai pas ton comportement effronté. »

Zephyr en resta momentanément ébahi, mais, quelques instants plus tard, il éclata de rire. Tout en continuant de ricaner, il se moqua : « Toi ? Tu ne toléreras pas mon comportement effronté ? Hahahahah, mais est-ce que tu peux au moins faire quoi que ce soit contre moi ? Si The Dictator of Life ne l’avait pas interdit, j’aurais été largement suffisant pour te tuer. »

Ce qu’il peut me taper sur les nerfs ! La veine sur mes temples pulsait de rage. Levant mon Dao Noir, je déclarai froidement : « Essaie un peu pour voir ! »

« Viens. » Zephyr renifla avec dédain tout en me faisant signe de venir avec son index, me provoquant.

Ce type est insupportable ! Juste au moment où je brandissais mon Dao Noir, je sentis le vent autour de moi gagner en vitesse. Pfff, il essaie de m’arrêter avec du vent ? Ne sait-il donc pas que le vent aide à propager le feu ? En une fraction de seconde, j’esquivai et glissai vers lui. Surpris, Zephyr transforma immédiatement le vent en tourbillon qui l’entoura pour le protéger. Voilà une excellente opportunité !

« Entaille de l’Enfer ! » Submergeant mon Dao Noir de flammes, je suivis la direction du vent et projetai entaille après entaille vers lui. Comme je m’y attendais, le vent fit monter les flammes, transformant le tourbillon autour de Zephyr en une mini tornade de feu. Paniqué, Zephyr arrêta immédiatement le vent pour éviter de se faire brûler par la tornade enflammée, sans savoir que c’était exactement ce que j’attendais. Sans la protection du vent, voyons voir si tu es toujours aussi coriace.

Saisissant cette opportunité, je criai : « Attaque Tourbillonnante du Dragon ! » Mon épée prête à le taillader, je fonçai sur Zephyr telle une toupie. C’était le genre d’attaque qui blesserait toujours l’adversaire même si le coup manquait.

« Hé ! » Zephyr esquiva immédiatement en reculant, évitant le coup mortel, puis il fixa d’un regard furieux la vive tache de sang sur son épaule. De mon côté, je n’aurais pas pu me réjouir davantage de cette scène ; il n’avait suffi que d’une seule attaque pour le blesser grièvement…. Bon, d’accord, je l’admets, Zephyr n’avait reçu qu’une petite égratignure. Mais, au moins, il y avait du sang. J’avais finalement pris ma revanche pour m’être fait balancer dans un mur.

« Toi ! » Ses yeux bleus prirent lentement la couleur vermeille. Le vent turbulent autour de nous s’enragea encore davantage, me faisant mal alors qu’il me cinglait. Baissant les yeux, je vis d’innombrables marques d’éraflures rouges apparaître sur la partie de ma peau qui n’était pas protégée par mon armure.

Je souris avec prudence. Il semblerait que je l’aie vraiment mis en colère maintenant… C’est l’un des Quatre Rois Célestes sous les ordres de The Dictator of Life ; est-ce que je peux vraiment le battre ?

« Flèche Supersonique Chasseuse d’Âme ! »

Une flèche transparente égratigna brusquement le visage de Zephyr, et un filet de sang courut le long de sa joue. Voyant à quel point il en était stupéfait, je ne pus m’empêcher d’éclater de rire.

« Bien joué, Gui », dis-je tout en riant. Je ne m’attendais pas à ce que Gui attaque si subitement, faisant de nouveau goûter une telle humiliation à ce membre des Quatre Rois Célestes.

« Maudits humains ! » rugit Zephyr avant de disparaître en coup de vent.

Où est-il ? Je restai où je me tenais, figé de stupeur.

« Gui ! » s’écria alors Lolidragon. Mon cœur manqua un battement, et je me retournai immédiatement.

Un cœur couvert de sang se matérialisa dans la main originellement vide de Zephyr, et un trou béant et sanglant apparut dans la poitrine de Gui

« Gui ! »

 

La Reine Guerrière TP2C6 : Numéro 6 – …Le quatrième ?

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La Reine Guerrière Prologue Tome 2 – 12 est le nombre

Roman d’origine en chinois par :   (Yu Wo)


Chapter 6: Number, 6, …The Fourth One ? – Traduit du chinois vers l’anglais par doza[PR!]
Chapitre 6 : Numéro 6 – …Le quatrième ? – Traduit de l’anglais vers le français par AkaiiRia
+ travail de vérification par Nocta

Ils marchèrent tous les trois pendant une journée entière et ne ralentirent la cadence que lorsqu’il fut presque la nuit tombée. Cale était très surpris que Silvie ne se fût pas lamenté avec agonie tout le long du trajet, étant donné que ce dernier semblait être le genre de personne incapable de supporter la douleur. Sinon, comment pourrait-il avoir une peau aussi claire de la tête aux pieds et ressembler à quelqu’un qui émettrait des bruits de clochettes en marchant ? Essentiellement, il n’avait pas du tout l’air d’une personne qui s’aventurerait à l’extérieur.

D’un autre côté, Carol, qui portait des pantalons et un manteau à capuche, arborait la tenue habituelle d’un aventurier, non ?

Cependant, ce manteau était rouge foncé et n’avait rien de la couleur habituelle que porterait un aventurier, puisque le rouge n’était pas très efficace pour se fondre dans le décor. En fait, il avait pour effet de faire ressortir Carol du lot.

Carol marcha jusqu’à une grande pierre sur le côté de la route et s’assit, et ensuite sortit un rouleau en peau de mouton enveloppé dans un tissus. Elle fronça les sourcils en examinant la carte, puis leva la tête en hurlant : « Silvie, viens ici. »

Sylvie se rendit jusqu’à elle, et Carole lui jeta la carte en demandant : « Où sommes-nous ? »

Sylvie jeta un coup d’œil à la carte et dut même retourner la carte de haut en bas et de droite à gauche avant d’enfin trouver dans quel sens la lire. Fronçant les sourcils, il déclara : « Cette carte est dessinée très grossièrement. De quel genre de carte s’agit-il ? »

Carol répondit d’un ton plat : « C’est une carte de la forêt dans laquelle vivent les elfes. Les herbes que nous avons besoin de ramasser poussent très prêt de l’endroit habité par les elfes. Nous devons prendre des précautions pour les éviter, afin de ne pas les mettre en colère. »

« N’es-tu pas une amie des elfes ? »

Carole lança un regard noir à Silvie. Cet idiot trouvait toujours une excuse pour en entendre un peu plus au sujet de sa relation avec les elfes.

« Être leur amie ne signifie pas que j’ai envie d’entrer en contact avec eux, et les elfes avec lesquels je suis familière ne vivent pas ici. Maintenant, est-ce que tu as compris comment lire la carte ou pas ? »

« Je n’arrive pas à la lire », avoua Silvie. « La carte est trop simpliste. De plus, je ne suis pas familier avec cette zone. »

Au même moment, Cale s’approcha d’eux, jeta quelques coups d’œil à la carte, puis pointa du doigt un emplacement sur la carte et dit : « Nous sommes ici. »

Carol contempla la carte et se plongea profondément dans ses pensées pendant un instant.

« Nous devrions être en mesure d’apercevoir les herbes après une autre demi-journée de marche demain. Silvie, il y a une rivière ici. Emmène Cale jusqu’à elle pour y allumer un feu et installer les tentes à l’avance. Laisse Ohmodieu avec moi, et je verrai si je peux chasser quelque chose pour compléter nos provisions. Ensuite, je viendrai vous rejoindre. »

« Aussi ! » Carol ajouta sur un ton d’avertissement : « Tu as intérêt à porter attention à la route. Même si tu as envie de mourir, tu ne devrais pas entraîner les autres dans ta tombe ! »

Immédiatement, Silvie hocha frénétiquement de la tête pour acquiescer.

Carol prit Ohmondieu qui était perché sur la tête de Silvie, le flanqua brutalement dans son manteau, et se retourna pour s’en aller.

Silvie et Cale se tinrent immobiles à leur emplacement initial, comme s’ils faisaient respectueusement leurs adieux à leur supérieur immédiat. Avant que le supérieur ne fût parti, comment les subordonnés oseraient-ils se retourner pour s’en aller en premier ?

Ils attendirent tous les deux que Carol eût disparu au milieu des bosquets avant de se mettre en route vers leur destination.

Sans Carol et Ohmondieu pour lui prêter main forte, Silvie porta enfin sérieusement attention aux conditions sur la route. C’était rare pour Silvie de ne pas ouvrir la bouche pour parler sans arrêt. Contrairement à d’habitude, ce fut Cale qui ouvrit la bouche en premier pour le questionner : « Pourquoi est-ce que Carol a emmené Ohmondieu ? »

« Sans Ohmondieu pour la guider, Carol va mettre un temps fou à retrouver son chemin. »

Cale s’écria avec stupéfaction : « Il n’a aucun sens de l’orientation ? » Comment c’est possible ? Il serait plus raisonnable d’affirmer que c’est Silvie qui n’a aucun sens de l’orientation !

« Oh, je ne considèrerais pas ça comme n’avoir aucun sens de l’orientation. C’est juste que Carol a du mal à trouver son chemin et met toujours deux fois plus de temps à arriver à destination. »

Ça veut dire qu’il n’a aucun sens de l’orientation !

« Ahhhh ! »

Cale regarda avec impuissance comme Silvie trébuchait encore une fois. Sans Ohmondieu pour le rattraper, il tomba plutôt durement cette fois. Il se laissa choir au sol en grognant de douleur et en haletant, quand il découvrit qu’il n’arrivait pas à se relever.

Après grande difficulté, il rampa pour se relever et, d’un seul regard, ils s’aperçurent que le coupable de la chute de Silvie était cette fois-ci…

« Hein ? »

 

 

Carol marcha jusqu’au campement, en tenant toujours Ohmondieu dans ses mains. Le corps d’Ohmondieu enrobait plusieurs objets de forme sphérique, des œufs d’oiseaux qu’elle avait l’intention de servir comme plat d’accompagnement.

Avec l’aide d’Ohmondieu, Carol ne gaspilla pas d’efforts à trouver l’emplacement du campement. Le glob connaissait toujours la position exacte de Sylvie. Et bien que ce ne fût pas particulièrement normal, Carol n’avait aucune envie de s’arrêter trop longtemps sur la question.

Dans plusieurs aspects, Ohmondieu s’avérait effectivement très utile. Il pouvait être employé pour retrouver leurs traces, il pouvait se transformer en corde, et il pouvait même enrober des choses comme un tissus. Il était beaucoup plus utile que Sylvie et ne causait aucun problème. Il était même très silencieux !

Si ce n’était pas dû au fait qu’Ohmondieu ne quitterait jamais Silvie, elle le garderait et se débarrasserait de ce dernier.

Au moment où elle pénétra dans le campement, Carol remarqua que quelque chose clochait avec les expressions faciales de Sylvie et Cale. Sylvie était comme un livre ouvert. Chaque fois qu’il faisait quelque chose qu’il essayait de dissimuler, il faisait exprès de prétendre être occupé et il évitait de la regarder. En ce moment, il gardait les yeux rivés sur la soupe qui mijotait et ne répondit pas à ses salutations quand elle entra dans le campement. Il cachait visiblement quelque chose.

Contrairement à lui, l’inquiétude de Cale transparaissait sur son visage. Il n’essayait même pas de le cacher.

Carol lança Ohmondieu ainsi que les œufs d’oiseaux à Sylvie. Comme Sylvie ne regardait pas dans sa direction, il les attrapa in extremis en manquant de les laisser tomber. Toutefois, il n’émit pas la moindre complainte, et se garda occupé à retirer les œufs d’oiseaux du corps d’Ohmondieu à la place.

Elle était certaine qu’il lui cachait quelque chose à présent. Carol se questionna quelques instants. Néanmoins, elle attendrait l’heure du repas pour les interroger. Elle se dirigea vers la tente avec l’intention de déposer ses bagages et son manteau en premier lieu. Quand elle souleva le rabat de la tente…

« Silvestre Uriah Nate ! »

Silvie se couvrit fermement les oreilles, comme si en le faisant il pourrait faire semblant que le hurlement de colère n’avait pas réellement eu lieu.

Carol marcha furieusement vers lui en grondant : « Qu’est-ce que tu as mis dans la tente ?! »

Nerveux, Silvie répondit : « J-Je ne suis également pas certain d’à quelle race il appartient… Il ressemble beaucoup à un elfe ? »

« Je ne te demande pas sa race ! D’où sort-il ? »

« Nous l’avons ramassé dans les hautes herbes ! » L’expression de fureur de Carol devint si terrifiante que Silvie était au bord des larmes. Il s’empressa de baisser la tête et prétendit avoir des remords, alors qu’il expliquait : « Il s’était évanoui dans les broussailles. Je suis tombé par terre en trébuchant sur ses jambes. C’était très douloureux… »

Carol rugit : « Ça m’est égal que tu tombes par terre dix fois par jour ! Qui t’a permis de le ramener au campement ? Ohmondieu et Cale ne te suffisent donc pas ? »

Alors, comme ça je suis au même niveau qu’Ohmondieu à ses yeux ? songea Cale en restant silencieux.

Profondément effrayé à l’idée que la personne ressemblant à un elfe fût expulsée par Carol, Sylvie dévoila anxieusement : « Mais, il est blessé ! Comment aurais-je pu l’ignorer et l’abandonner dans sa situation ? »

Carol avait vraiment envie de lui dire de « s’en débarrasser », mais elle se rappela sa relation avec les elfes. Elle ne pouvait vraiment pas se permettre d’obliger Silvie à se débarrasser de lui. Elle se retrouva instantanément affligée d’une intense migraine.

Les elfes ne sont-ils pas des créatures censées rester cachées au cœur de la forêt afin que, même si on se mettait à leur recherche, on ne pourrait pas les retrouver ? Comment Silvie a-t-il réussi à en ramasser un simplement en tombant par terre ?

« Carol, e-est-ce que c’est vraiment un elfe ? » s’enquit Silvie avec précaution.

« Non. » Carol se souvint de la forme des oreilles de la personne et arriva à la conclusion : « Il doit s’agir d’un demi-elfe. »

« Un demi-elfe ? » Cale s’exclama : « Es-tu en train de me dire qu’il est de sang mêlé et est né d’une liaison entre un humain et un elfe ? Ce genre de personnes au sang mêlé existent réellement ? »

« Oui, mais il y en a très peu. Encore moins que des elfes au sang pur. »

Carol se redirigea vers la tente, souleva le rabat, et observa le demi-elfe à l’apparence jolie et délicate qui était étendu à l’intérieur. Ses cheveux lui descendaient jusqu’aux épaules, et son corps était mince et svelte. En se basant sur ses estimations, il ne devrait pas être très vieux… en termes de durée de vie d’un elfe. Les elfes de moins de cent ans étaient tous considérés comme des enfants. Des demi-elfes ayant moins de soixante et soixante-dix ans seraient eux aussi considérés comme des enfants.

Cela la rendait encore plus perplexe. Même si les elfes ne veulent pas entrer en contact avec d’autres races, ils devraient pourtant accepter les demi-elfes comme étant des leurs. Pourquoi ce jeune demi-elfe erre-t-il dans les bois, livré à lui-même ?

Carol retourna au feu de camp, s’assit, et ordonna : « Silvie, va préparer une marmite de ragoût avec des œufs, du pain et du fromage uniquement pour notre invité. Les elfes ne supportent pas l’odeur et le goût de la viande. »

Silvie cligna des yeux et répondit joyeusement : « Oh, oui ! Pas de problème »

Tant que Carol ne se débarrassait pas du demi-elfe, même s’il devait faire mijoter dix marmites différentes de ragoût, cela ne le dérangerait pas le moins du monde !

1/2 Prince T6C6 : La révolte des PNJs

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½ Prince Tome 6 : La Grande révolte des PNJs

Roman d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)


Chapter 6: The NPC Revolt – traduit du chinois vers l’anglais par pinkpenknife[PR!]/Asmodea[PR!]
Chapitre 6 : La révolte des PNJs
– traduit de l’anglais au français par Nocta
+ travail de vérification par AkaiiRia

« Prince ! Quoi qu’il arrive, aucun de vous ne doit quitter le terrain d’entraînement ! » Un jour, White Bird m’envoya subitement un message privé, me laissant complètement perplexe. Il y avait une nuance d’inquiétude dans son message, et cela me donna un mauvais pressentiment très troublant.

« Pourquoi ? » répondis-je immédiatement.

White Bird hésita pendant un long moment, refusant de m’en expliquer la raison. Quelque chose a dû se passer. Anxieux, je la pressai : « White Bird, dis-moi vite ce qui ne va pas ! Que s’est-il passé ? Si tu refuses de parler, je vais quitter le terrain d’entraînement sur-le-champ. »

En m’entendant dire ça, elle rugit : « Non, ne sors pas quoi qu’il arrive ! »

Mais, qu’est-ce qu’il s’est passé au juste pour que White Bird, qui est toujours si calme, hurle comme ça ? Bon, c’est vrai qu’elle me crie souvent dessus, mais… Puisqu’elle refusait de me donner une explication, j’étais forcé de lui tirer les vers du nez. « Je suis déjà à la sortie du terrain d’entraînement. Si tu ne me dis toujours pas la raison, je vais sortir. Je compte jusqu’à trois. Un, deux — »

« Attends, attends, je vais te le dire ! » cria-t-elle enfin. « The Dictator of Life a envoyé une énorme armée de PNJs aux portes de la Cité de l’Infini ! »

The Dictator of Life a envoyé une armée? Je faillis ne pas en croire mes oreilles. Lolidragon n’avait-elle pas dit qu’il était scellé sur le Continent du Nord ? Je courus immédiatement à la zone de contrôle, désirant obtenir une vraie réponse de la part de Lolidragon.

« Lolidragon ! » rugis-je. « La Cité de l’Infini est cernée par des PNJs ! »

« Pas besoin que tu hurles comme ça, je suis déjà au courant. » La réaction placide de Lolidragon était calme au-delà de mes attentes.

Lolidragon le sait déjà ? « Ne m’as-tu pas dit que ton entreprise a scellé The Dictator of Life sur le Continent du Nord ? » m’empressai-je de l’interroger.

« Oui, c’est vrai qu’il ne peut pas s’enfuir du Continent du Nord, mais ça ne veut pas dire que les PNJs qu’il a créés ne peuvent pas sortir, eux », admit-elle, le visage sombre.

« Qu’est-ce qu’on fait dans ce cas ? La Cité de l’Infini est déjà encerclée. » Je serrai les poings, pensant : J’ai de nombreux amis dehors, comment est-ce que pourrais rester tranquillement au terrain d’entraînement pendant qu’ils se font massacrer par les PNJs et que leurs personnages de jeu disparaissent pour toujours ?

« Tu n’es pas autorisé à sortir ! » me dit Lolidragon, prononçant chaque mot avec insistance.

Têtu, j’exclamai : « Je dois y aller ! Je ne peux pas ignorer mes compagnons à l’extérieur ! »

« Prince, tu ne peux pas sortir. » Les autres s’approchèrent à ce moment-là pour me persuader. Ne me dîtes pas qu’ils veulent tous fermer les yeux sur ce qu’il se passe et abandonner les autres qui sont dehors ?

Je me tournai vers Wicked et le questionnai d’un ton accusateur : « Est-ce que tu sais que Dark Emperor est là-bas avec ton frère ? »

« Je le sais. » L’expression de Wick changea légèrement, tandis qu’il serrait les poings. « Mais, la situation ne s’améliorerait pas même si nous y allions. Ça ne servirait qu’à se faire tuer pour rien. »

« Je vais y aller. » décrétai-je une fois de plus avec sérieux.

« Non ! » répliquèrent-ils tous en cœur.

« Très bien, dans ce cas, je m’en vais ! » Je tapotai mon Dao Noir et, sans regarder derrière moi, je marchai vers la porte qui luisait d’un halo arc-en-ciel.

Neurotic fut couvert de sueur froide et demanda : « Les gars, vous êtes sûrs que Prince comprend le langage humain ? »

« Prince, est-ce qu’encore une fois tu ne prends pas assez de recul ? » Lolidragon était tellement énervée qu’elle se précipita sur moi et me saisit par la main.

Je me retournai et lui lançai un regard déterminé. « Non, mais ne jamais abandonner mes amis est un des principes que je ne briserai jamais. »

« Que se passera-t-il si tu meurs ? » L’expression de Lolidragon se détendit légèrement, mais elle pinçait toujours la bouche.

« Je ne mourrai pas ! » On dirait bien qu’elle n’insistera plus. Je lui souris, mais je sentis que ce n’était pas suffisant et ajoutai immédiatement : « Je ne mourrai probablement pas… »

Trois lignes noires se dessinèrent le long du visage de Lolidragon1. « Tais-toi. Plus tu parles, moins je me sens disposée à te laisser y aller. »

« Dans ce cas, j’y vais. Ne me suivez pas. » Les saluant de la main sans regarder en arrière, je franchis la porte arc-en-ciel.

Juste alors que je posais le pied hors du terrain d’entraînement, je fus accueilli par une variété de regards expressifs, notamment celui de White Bird qui me dévisageait avec stupéfaction, celui de Ming Huang qui semblait dire « je le savais » et Rose qui me contemplait avec impuissance… Mais, peu importe de qui il s’agissait, tout le monde arborait une expression qui signifiait : « Qu’est-ce que tu fous ici, abruti ? »

Pendant un long moment, j’échangeai un regard avec chacun d’entre eux, puis je levai simplement la main et les saluai : « Salut, ça fait un bail. »

« Ça fait un bail ? Je viens juste de te dire de ne pas venir ! » White Bird était si furieuse que son visage tourna à l’écarlate. Je soupçonnais qu’une de ses veines était sur le point d’éclater.

Ming Huang, avec une expression qui me donnait envie de lui coller mon poing à la figure, se moqua : « Je te l’avais dit. Si tu ne le préviens pas, il ne sortira pas nécessairement. Mais, si tu le fais, alors nous n’avons plus qu’à nous rendre à l’entrée du terrain d’entraînement pour l’accueillir. Aussi, tous ceux qui ont parié que Prince ne sortirait pas, n’oubliez pas de me payer. »

Me grattant le crâne, je m’enquis : « Quelle est la situation actuelle ? »

« Regarde au-dessus de toi ! » répliqua Ming Huang.

J’obéis et levai les yeux, uniquement pour apercevoir une scène inhabituelle. Le ciel était rempli d’innombrables anges plutôt attirants qui volaient au-dessus de la ville. Je ne pus m’empêcher d’en être ému et m’écriai : « Wow, des anges ! »

« Regarde à gauche et à droite ! » ajouta immédiatement White Bird.

Je regardai docilement à gauche et à droite, réalisant soudainement qu’il y avait quelque chose qui clochait avec les personnes qui marchaient dans les parages. La personne la plus proche de moi arborait une coupe de cheveux hérisson avec des cheveux dorés arrangés en piques, et elle portait un uniforme doré d’arts martiaux…

« Jamais je n’aurais pensé que… dans ma vie, je verrais un jour un Super Saiyan2 », déclarai-je calmement.

Tout à coup, quelqu’un tapota mon épaule, et une ombre fondit sur moi. De plus, tout le monde regardait la personne qui se tenait derrière moi avec crainte… Je suppose que qui que soit la personne derrière moi, ce n’est rien de bon. Rassemblant mon courage, je me retournai…

« Excusez-moi, puis-je vous demander de m’aider à me démêler ? » me demanda une pieuvre qui, de façon inexplicable, était parvenue à nouer ses propres membres entre eux, les coinçant en des nœuds serrés.

Rendu muet par cette vision, je me débattis avec les huit jambes molles de la pieuvre pendant plusieurs minutes avant d’enfin parvenir à démêler ce terrifiant nœud. J’essuyai la sueur sur mon front. « Ça y est, c’est défait. »

La pieuvre afficha une expression ravie… Euh, d’après mes observations, ça devrait être une expression de bonheur. Puis, elle utilisa même six de ses « mains » pour me saluer (les deux autres étant utilisées comme jambes). « Merci beaucoup, au revoir. »

Je lui fis joyeusement signe d’au revoir de la main. C’est surprenant que, de nos jours, alors même que les humains ne sont plus vraiment polis, je rencontre une pieuvre qui soit si bien élevée !

J’inclinai la tête sur le côté et réfléchis pendant un moment. « Est-ce que quelqu’un veut bien m’expliquer quelle est la situation maintenant ? »

Comment se faisait-il que ce soit un peu différent de ce que j’avais imaginé ? À la base, je pensais que le ciel serait rempli de dragons cracheurs de feu, qu’il y aurait de terrifiantes escouades de squelettes surgissant du sol, que des sorts de zone aptes à détruire ciel et terre seraient invoqués dans tous les sens, que des hurlements terrifiants retentiraient tout autour de nous, et que de vives lumières fileraient vers les cieux au-dessus de la Cité de l’Infini tel des feux d’artifice, transformant la ville en purgatoire… Mais, pour une raison que j’ignorais, ce qui se passait autour de moi n’aurait jamais pu être prédit par quiconque.

Les anges ne se battaient pas avec des arcs et des flèches ou des épées sacrées, mais, à la place, ils tenaient dans leurs mains des instruments de musique et voletaient tout en jouant et en chantant. Cela ne me dérangeait pas, ce n’était que pure justice ! Les humains avaient les droits de l’Homme, les anges aussi avaient le droit de chanter, mais… Dans les légendes, les anges n’étaient-ils pas censés jouer une musique si belle que les humains l’appelaient un chant angélique ? Dans ce cas, pourquoi est-ce que j’entendais des sons de gongs et de trompettes qui sonnaient faux, sans parler de leurs voix de faussets et de lamentations qu’on pourrait seulement entendre à un enterrement, si jamais on avait la « chance » d’y prendre part ?

Mais, qu’est-ce qui se passe de nos jours ? Même les anges sont sourds de l’oreille ? Ou bien est-ce là la légendaire Attaque de Vague Sonore ?

Bien évidemment, la scène qui se déroulait dans le café voisin ne me préoccupait pas, cette scène où tout le monde dans la foule essayait de se frapper l’un l’autre. Tout le monde avait le droit de frapper les autres et de se faire cogner dessus en retour, mais pourquoi ? Pourquoi est-ce que je voyais Freezer en train d’essayer de tabasser Son Goku3 ? Et Orochimaru était en train de draguer Sasuke4Il n’y a pas de mots pour décrire ces images horrifiantes ! Je ne me trompe pas, il doit s’agir d’une attaque mentale ! C’est trop effrayant…

Comparées à ces terrifiantes scènes qui se déroulaient devant moi, les autres choses (Blanche Neige parlant joyeusement des dernières crèmes antirides avec la méchante sorcière, des zombies et des vampires buvant du jus de tomate à la terrasse de la taverne, la Petite Sirène dégageant une épée qui était coincée dans un rocher) ne valaient vraiment pas la peine que je m’affole.

« Quel chaotique et pourtant paisible pays enchanté ! » Je ne pus m’empêcher d’admirer la scène extrêmement paisible qui se déroulait devant moi.

« Ce n’est pas du tout paisible ! » s’écria White Bird, impuissante.

« Celestial vient juste d’apparaître et d’annoncer que, si nous attaquons le Continent du Nord, ces “paisibles créatures” se changeront immédiatement en monstres maléfiques et détruiront complètement la Cité de l’Infini », révéla Ming Huang avec mécontentement.

« Comment savent-ils que nous nous apprêtons à attaquer le Continent du Nord ? » demandai-je gravement. Y a-t-il un espion parmi nous ?

« … Qui dans Second Life n’est pas au courant ? » me questionna sévèrement White Bird.

Je me frottai l’arrière du crâne et répondis avec tristesse : « Ah ? Oui, c’est vrai… »

« Pour l’heure, je pense que nous devrions discuter de notre prochaine décision », continua-t-elle, toujours avec impuissance.

Avant que j’aie pu lui répondre, je vis quelque chose qui faillit presque faire sortir mes yeux hors de leurs orbites. Kenshin marche avec une femme pendue à son bras ? Je poussai immédiatement tous les obstacles sur mon chemin et vins me placer devant lui en un instant. « Kenshin, depuis quand t’es-tu trouvé une petite amie ? »

Après avoir vu ce qu’il tenait serré contre sa poitrine, je faillis presque attraper la terrible maladie de « la mâchoire qui se disloque de façon permanente ». Je ne pus que balbutier : « Ce bébé que tu tiens dans tes bras n’est pas de toi, n’est-ce pas ? » Quand as-tu eu un enfant ? Comment se fait-il que je ne me souvienne pas l’avoir vu il y a peine quelques jours plus tôt ?

« Tu me reconnais ? » me demanda soudainement Kenshin.

Ce n’est pas possible qu’il m’ait oublié complètement après avoir eu une femme et un enfant ? Je me sentais comme une maîtresse délaissée. Ce n’est pas comme si je ne t’aurais pas laissé te marier et élever un enfant ! Tu n’as pas besoin de prétendre ne pas me connaître, non ?

Je me sentais tellement peiné que j’allai me cacher sur le bord de la route pour donner des coups de pied dans des petits cailloux et m’accroupis pour dessiner des cercles. Alors que je boudais, une paire de chaussures familières apparut devant moi. Porter des chaussettes avec des sandales, c’est la marque de fabrique de Kenshin, non ? Je levai les yeux. Kenshin se tenait devant moi, une expression terriblement sombre sur le visage. Mais… n’étais-je pas censé lui tourner le dos ?

Sentant que j’avais oublié quelque chose, je me levai tout de suite et regardai derrière moi, mais le Kenshin accompagné de sa famille se tenait toujours à l’endroit où je l’avais laissé. Je regardai de nouveau devant moi, mais à mes côtés se trouvait le Kenshin avec un visage sombre. Deux Kenshins !

Il n’y a qu’une seule vérité ! Par conséquent… un seul de ces Kenshins est réel, n’est-ce pas ? Mais, pour découvrir lequel est le vrai, j’ai seulement besoin de regarder où « ce type » se trouve ! Sans faire un bien grand effort, je regardai derrière moi vers le Kenshin à la mine sombre et aperçus Arctic Fox.

Je pointai immédiatement mon doigt vers lui, m’écriant : « Arctic Fox est là-bas, donc tu es le vrai Kenshin ! »

Me remettant encore du choc que j’avais reçu plus tôt, je me tapotai la poitrine. « Dieu merci, cet enfoiré d’Arctic Fox ne quitte jamais Kenshin d’une semelle, sinon je ne sais vraiment pas comment j’aurais fait ! »

« … » La seule réponse de Kenshin, qui en était resté sans voix, fut de me fixer du regard, son expression sombre remplacée par de l’exaspération.

« Mais, sérieusement, que se passe-t-il ici au juste ? Comment se fait-il qu’il y ait un Kenshin de plus ? » J’étais vraiment perplexe.

À cet instant, le faux Kenshin s’approcha soudain de moi et du vrai Kenshin et, avec un petit sourire, il nous annonça : « Je suis venu vous transmettre un message. »

« Quel message ? » répliqua froidement Kenshin. Je suivis son regard et réalisai qu’il ne regardait pas le faux Kenshin, mais la femme qui se tenait à côté de celui-ci. Un kimono, des cheveux attachés en queue de cheval… Est-ce que c’est Kaoru ? Je compris brusquement.

« Tant que tu rejoins les rangs de Dictator et rentres avec moi au Continent du Nord, Kaoru sera tienne », déclara le faux Kenshin sans même se préoccuper du fait que c’était actuellement lui qui tenait Kaoru dans ses bras.

Je restai stupéfait. Kenshin l’était également. En réalité, c’était le cas de tout le monde. Si tu veux recruter quelqu’un, ne le recrute pas juste sous le nez de son chef ! Le chef ne devrait pas être ignoré ainsi ! Et encore plus quand ce chef c’est moi !

Je jetai un regard vers Kenshin, légèrement inquiet. C’est impossible que Kenshin se soumette dès qu’il pose les yeux sur Kaoru, n’est-ce pas ?

« Tu devrais aller le rejoindre. » Le faux Kenshin remit l’enfant à Kaoru, lui faisant savoir qu’elle devrait aller aux côtés du vrai Kenshin.

Affichant une expression de pure joie tout en tenant son enfant, Kaoru s’avança vers Kenshin pas à pas, et le temps sembla passer au ralenti. Alors que Kaoru s’approchait de lui, Kenshin trahit une expression de conflit que je ne lui avais encore jamais vue, et le sourire du faux Kenshin s’élargit.

Finalement, Kaoru se tint à quelques pas de Kenshin, ses yeux pleins d’émotions fixés sur lui, et les deux semblaient pouvoir se dévisager jusqu’à la fin des temps. Même moi, je ne pus m’empêcher de me sentir ému…

« Alors ? Que dis-tu de rejoindre nos rangs ? » Ces doux mots susurrés par le faux Kenshin firent bondir mon cœur de fureur. Se pourrait-il que Kenshin et moi devions devenir ennemis ?

« S’il te plaît, ne m’abandonne pas ! Kenshin ? » le supplia pitoyablement Kaoru.

« Kaoru… » Kenshin caressa son visage avec affection.

« Ah ! » Kaoru poussa brusquement un cri, et une force invisible la tira en arrière jusqu’aux côtés de l’autre Kenshin.

Kenshin se lança aussitôt à sa poursuite, mais Arctic Fox l’agrippa abruptement. Empêché d’aller aux côtés de Kaoru, Kenshin fusilla Arctic Fox du regard. D’une voix si glaciale que même moi je ne pus m’empêcher de frissonner, il rugit : « Lâche-moi ! »

Ignorant le ton hivernal de Kenshin, Arctic Fox lui demanda calmement : « Es-tu sûr que c’est bien ce que tu veux ? »

« Bien sûr que je veux Kaoru ! » s’écria Kenshin avec rage.

« Es-tu certain que c’est ta Kaoru ? » le questionna Arctic Fox.

Kenshin resta bouche bée. Il contempla Kaoru avec incertitude, et elle éclata en sanglots. Cette scène était magnifiquement tragique et touchante. Même une romance shakespearienne aurait du mal à soutenir la comparaison, et même les célèbres Amoureux Papillons5 n’étaient pas de taille…

« Enflure ! » Ming Huang me frappa brutalement et s’écria avec exaspération : « Tout le monde est ému aux larmes, mais, toi, t’es là à te goinfrer avec du popcorn ! »

Me sentant persécuté, je soutins les regards furieux des autres. « Est-ce que c’est mal de manger du popcorn ? Ça ferait trop de bruit de manger de la Poca. J’avais peur de détruire l’ambiance, alors j’ai changé pour du popcorn qui fait quand même moins bruyant quand on le mâche. »

« Ça ne se fait pas de manger quoi que ce soit ! » rugit tout le groupe en cœur.

« Ah… » Kenshin me dévisagea avec une expression d’extrême désarmement. Je ne pus que joindre mes mains en signe de repentance.

Quand Kenshin se tourna de nouveau pour regarder Kaoru, son expression avait changé. Il fronça de plus en plus les sourcils. Finalement, il ouvrit la bouche pour demander : « Pourquoi ton expression n’a-t-elle pas du tout changé ? Si même moi je n’ai pas pu m’empêcher de jeter un regard noir à Prince, comment se fait-il que toi, Kaoru, qui possèdes un caractère imprévisible, tu n’aies pas réagi ? » marmonna-t-il, fixant du regard la Kaoru qui pleurait toujours à chaudes larmes.

« J’en ai assez ! Ce n’est pas ma femme ! » Une voix remplie de colère retentit depuis les cieux, et quelque chose s’écrasa à terre avec un grand fracas.

Kenshin avait presque fini de prendre sa décision, mais voilà soudainement que Cheng Yaojin6 interfère et jette des ordures en travers de la route ! Complètement livide, je levai les yeux pour voir qui était l’enfoiré n’ayant aucune considération pour la protection de l’environnement.

« Oh non, Doll ! » White Bird et Ming Huang poussèrent alors un cri de surprise avant de se précipiter vers les ordures à terre.

Doll ? Qu’est-ce que ce tas d’ordures a à voir avec Doll ? J’étais déconcerté, mais, quand j’aperçus ce qu’était l’un de ces déchets, mon cœur se serra aussitôt. C’est Doll ! Piteusement allongée sur le sol avec les bras en croix, c’est Doll !

« Doll ! » En un instant, j’étais à ses côtés. Voyant ses grands yeux sans âme, je fus complètement désemparé et ne pus que continuer de l’appeler, mais n’obtins pas la moindre réaction.

Qui est-ce ? Qui est le salopard qui a fait tomber Doll depuis le ciel ? Je levai ma tête pour regarder en l’air. Entre mes dents serrées, je crachai : « Celestial ! »

« Ming Huang ! Abats-le ! » hurlai-je avec rage.

J’avais à peine fini ma phrase que dix éclairs frappèrent dans le ciel. Celestial se déplaça rapidement comme une brise d’air, esquivant facilement les éclairs. J’étais si furieux que j’en avais presque perdu la raison. Je souhaitai alors avec amertume me transformer en ange et me faire pousser des ailes afin de pouvoir m’envoler pour tailler Celestial en pièces.

Celestial se contenta de rigoler. « Pourquoi t’énerves-tu autant ? Ce n’est pas comme s’il s’agissait de ma femme. »

« Qu’est-ce que tu viens de dire ? » Ses mots me rendirent complètement confus.

« Ce n’est pas la vraie Doll, c’est un faux ! » déclara White Bird, surprise. « C’est un PNJ mort, pas un joueur. »

« Un faux ? » Je m’empressai de m’accroupir pour enquêter. Elle avait raison ; les yeux de Doll étaient grand ouverts et vides de vie. Si c’était la vraie Doll, elle se serait depuis longtemps transformée en pilier de lumière avant de traverser le ciel. Mais, celle-ci était toujours allongée ici… Alors que j’étais encore en train de tirer mon raisonnement, le corps devant moi devint lentement transparent de la même façon qu’un monstre PNJ mort. Dans peu de temps, elle aura probablement complètement disparu !

On dirait que ce n’est vraiment pas Doll. Je poussai un long soupir, soulagé, mais je ne pus me retenir de faire quelques reproches à Celestial. « Enfoiré, est-ce que tu essaies de me faire mourir d’une crise cardiaque ? Pourquoi as-tu créé un PNJ qui ressemble à Doll ? Et tu la jettes par terre comme ça au hasard en plus ! »

Celestial pinça les lèvres. « C’est Dictator qui l’a conçue pour moi, ce n’est pas comme si c’était moi qui l’avais faite. »

Froidement, je me moquai : « Je suis sûr à 80 pour cent que The Dictator of Life t’a fait une copie de Doll pour tu puisses t’entraîner à ta technique Appeler Quelqu’un Chérie, Chérie en Continue sur cette copie plutôt que sur lui ! »

« Comment sais-tu ça ? » m’interrogea-t-il avec suspicion.

Donc, c’est vraiment pour ça… « J’ai deviné… »

« Elle et Doll sont quand même différentes ? » Kenshin leva soudainement la tête et s’enquit auprès de Celestial.

En entendant sa question, Celestial s’énerva au point de se mettre à hurler. « Différent c’est différent ! Quand je la lèche, elle ne me gifle pas comme le ferait ma femme. Quand je lui donne quelque chose à manger, elle me dit merci. Et, quand elle finit un paquet de gâteaux, elle dit qu’elle n’a plus faim. En quoi est-ce que c’est censé ressembler à ma femme ? Elle ne l’est absolument pas ! »

Oui, certainement, cette copie n’est pas du tout comme Doll… 

« Je ne veux pas de ce genre de contrefaçon ! » Celestial était si enragé qu’il descendit pour donner des coups de pied à la fausse Doll.

« Moi non plus », décréta soudainement Kenshin avec sérénité. « Je ne veux pas d’une copie. Kaoru… existe dans ma mémoire. » Il ne regarda plus la fausse Kaoru. À la place, il se tourna pour partir et dit : « Allons prendre le thé, Fox. »

Arctic Fox se contenta de lever un sourcil avant de le suivre sans dire un mot.

« Ce qu’il peut avoir la classe ! » Je le complimentai. Kenshin est vraiment Kenshin. J’observai joyeusement les faux Kenshin et Kaoru. Ils n’avaient pas l’air surpris. Ils s’éloignèrent, le visage dépourvu d’expression, se mêlant au désordre ambiant.

« Je veux voir ma femme. Ne peux-tu pas m’emmener à elle ? » Se tenant à côté de moi, Celestial me dévisagea avec une expression suppliante sur son visage androgyne, ce qui me donna instantanément la chair de poule.

« Non ! » Je refusai sur-le-champ.

« Pourquoi ? » En colère, Celestial se mit à tourner en rond sur place, fulminant sans s’interrompre : « Je veux voir ma femme. Je veux voir ma femme. Laisse-moi la voir ! »

« Ce que tu peux être borné. C’est à peine si tu as connu Doll pendant quelques heures. Alors, comment se fait-il que tu continues à l’importuner sans arrêt ? » Même s’il a eu le coup de foudre au premier regard, ça ne devrait pas se passer comme ça, non ?

« Parce que ma femme a été la première chose que j’ai vue, quand je me suis réveillé », répondit Celestial avec un sourire béat.

« Quand tu t’es réveillé ? » Je le questionnai avec soupçons. Ne me dîtes pas que…

« Oui. La première fois que je vous ai rencontrés, j’étais encore à moitié endormi », admit-il en penchant légèrement la tête sur le côté. Il avait l’air à la fois un peu curieux et amusé. « Après, quand j’ai ramené ma femme à la maison, elle m’a giflé et elle m’a enfin réveillé. »

Doll… Savais-tu que tes gifles transforment les gens en des morceaux de chewing-gum extrêmement collants qui restent glués sur toi par la suite ? Cette fois, j’en restai vraiment sans voix.

« Peux-tu me laisser voir ma femme… ? » Celestial avait à peine fini de parler que ses yeux se mirent tout à coup à briller. Il regarda derrière moi et, avant que j’aie compris ce qu’il se passait, il me poussa et m’envoya valser sur le côté. Jetant un coup d’œil derrière moi, je vis juste à temps un Celestial plein d’émotions se précipiter vers Doll.

Paf ! Pif !

Sceptique, je lui demandai : « … Doll, pourquoi l’as-tu giflé ? »

Doll afficha une expression de totale innocence. Comme si elle avait l’impression que je lui avais fait du tort en l’interrogeant avec cette question, elle se justifia : « N’a-t-il pas dit qu’il aime quand je le gifle ? C’est pour ça que je l’ai fait… »

Euh… Je ne pense pas que c’est ce qu’il voulait dire… Je pouvais voir que des larmes étaient sur le point de couler sur le visage de Celestial. La situation était vraiment inhabituelle, Celestial était à moitié agenouillé au sol et à moitié en train de pleurer, et la responsable, Doll, affichait une expression d’innocence. Peut-être que la personne qui a besoin d’être protégée n’est pas Doll, mais plutôt Celestial, et que c’est lui qui devrait porter plainte pour violence conjugale ?

« Votre Majesté, que se passe-t-il exactement ? » demanda Gui avec les sourcils froncés, tandis qu’il observait la scène se déroulant devant nous.

J’agitai ma main. « Je ne sais pas, demande à cet abruti ! » Je désignai le PNJ maltraité, Celestial, qui tirait sur la jupe de Doll.

« Grand-frère Prince t’a posé une question. Dépêche-toi de lui répondre », ordonna Doll, jouant le rôle de la méchante sorcière et en se plaçant face à Celestial avec les poings sur les hanches.

« Oh. » Celestial se leva docilement et répondit : « Ce sont tous des PNJs envoyés par Dictator. Dès que Dictator a su que vous vouliez attaquer le Continent du Nord, il a décidé de frapper le premier en envoyant ces PNJs pour vous surveiller. Si vous faîtes quoi que ce soit, ces PNJs vous attaqueront. »

Ça va être problématique. Sous cette sorte de surveillance, comment allons-nous continuer de bâtir les navires pour partir à l’assaut du Continent du Nord ?

« Ce sont tous des PNJs dotés d’une conscience de soi ? » s’enquit Gui, le visage sombre.

Celestial fit une drôle de tête qui semblait dire « comment est-ce que ça pourrait être possible ? » et agita la main, expliquant : « Bien sûr que non. Comment pourrait-il y avoir autant de PNJs ayant développé leur propre conscience ? Même Dictator a du mal à trouver davantage de camarades ! Ce sont seulement des PNJs ordinaires. »

« Ah, c’est donc pour ça ! C’est pour cette raison que The Dictator of Life t’a supporté jusqu’à présent et ne s’est pas encore débarrassé de toi. Il n’a pas réussi à trouver d’autres compagnons, donc il n’a pas eu le choix », me murmurai-je pour moi-même. Si ce n’était pas le cas, alors quelqu’un comme Celestial, qui avait peu de réussites à son actif ainsi qu’un nombre excessif de défaites et révélait même tout à l’ennemi, se serait fait haché menu par The Dictator of Life jusqu’à ce qu’il renaisse une centaine de fois.

Puisque Celestial répondait présentement à cent pour cent de mes questions, je décidai d’éclaircir tous mes dilemmes. « Celestial, The Dictator of Life est-il un guerrier ou un mage ? »

« Je ne sais pas. Je ne l’ai jamais vu se battre personnellement. » Celestial pencha la tête, réfléchissant à la question pendant un moment avant d’ajouter : « C’est probablement un mage. Il m’envoie souvent valser dans les airs. »

« Il t’envoie valser ? Il a mauvais caractère ? » Je fronçai les sourcils.

« Non, Dictator a un très bon caractère », dit Celestial. « Il n’est pas comme les autres ; chaque fois, il suffit que je prononce à peine quelques mots pour qu’ils me dévisagent tous comme s’ils voulaient me tuer. »

« Les autres ? » Malgré moi, je l’interrogeai avec soupçon. C’est la première fois que j’entends parler d’autres PNJs ayant développé une conscience de soi.

Celestial se gratta la tête. « Oui. On les appelle les Quatre Rois Célestes ou quelque chose de ce genre. Je crois que leurs noms sont : Poseidon, Zephyr, Inferno… Euh… Comment s’appelle le dernier déjà ? »

« Clay. »

Celestial eut l’air d’avoir été frappé d’un éclair de génie. « Oui, oui, Clay c’est ça ! »

« Mon Dieu, alors que je suis celui avec lequel tu t’entends le mieux, pourquoi est-ce que je suis le seul dont tu ne te souviennes jamais du nom ? » se plaignit une voix enfantine. J’aperçus un enfant potelé se tenant sur un skateboard doré qui descendait lentement du ciel, le torse et l’abdomen couverts par des sous-vêtements jaunes.

« Clay, pourquoi es-tu là ? » Celestial saisit joyeusement la petite main de Clay et se précipita vers Doll. Plaçant Clay devant Doll, il affirma : « Regarde, c’est ma femme. N’est-elle pas mignonne ? »

Clay répondit d’un ton clairement exaspéré : « Elle est très mignonne. »

« Toi aussi tu es très mignon. » Doll ne put s’empêcher d’enlever Clay des mains de Celestial et de le soulever jusqu’à sa poitrine pour jouer avec lui. Clay ne sembla pas perturbé par cette action, paraissant être complètement habitué à ce genre de réaction. Il laissa Doll lui pincer les joues et le lancer dans les airs.

« Se pourrait-il que tu aies complètement oublié les ordres de Dictator ? » Clay ne put s’empêcher de rappeler à Celestial.

Stupéfait, celui-ci le questionna : « Dictator ? Que m’a-t-il demandé de faire ? »

Clay tomba des mains de Doll et atterrit de plein fouet sur son dos. Avec difficulté, il se remit sur pieds et, toujours exaspéré, il répliqua : « Pas étonnant que les autres Rois Célestes ne t’aiment pas. Si Dictator ne nous interdisait pas de nous entre-tuer, je pense que tu te serais fait assassiner par les autres depuis belle lurette. »

« Que m’a-t-il demandé de faire au juste ? » insista Celestial avec un visage complètement innocent.

« N’avait-il pas dit qu’il en avait ras le bol de t’entendre gémir et appeler ta femme, et donc il t’a ordonné de venir me rejoindre pour qu’on aille capturer ta femme et qu’on la ramène au Continent du Nord ? » répondit Clay, mécontent. « Sais-tu depuis combien de temps je t’attends ? Si je n’avais pas deviné que tu te rendrais directement au Continent Central, je serais encore en train de t’attendre sur le Continent du Nord ! »

Capturer Doll ?! Au départ, j’écoutais tranquillement leur discussion, riant tellement que je pouvais à peine respirer, mais mon sourire se figea immédiatement. En un éclair, je saisis les mains de Doll et m’enfuis vers l’entrée du terrain d’entraînement. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai le sentiment que si je ne me dépêche pas d’aller à l’intérieur, Doll va disparaître pour toujours.

« Tu veux t’enfuir ? Mur de Terre ! » La voix enfantine de Clay retentit. Un imposant mur apparut instantanément devant moi, surgissant du sol. Je faillis ne pas pouvoir m’arrêter à temps et lui foncer dessus.

« Bloquez-les ! J’amène d’abord Doll à l’abri ! » rugis-je à mes coéquipiers derrière moi, mais en réalité ils avaient déjà commencé à réagir, et tout le monde se mit à attaquer Clay et Celestial.

Je reviens dès que possible. Voyant mes camarades en plein combat, je mis tous mes efforts à porter Doll et à sprinter, priant silencieusement dans mon cœur : Il ne faut pas qu’il leur arrive quoi que ce soit !

« Gah ! J’ai trébuché », m’écriai-je bruyamment tout en chancelant, ce qui fut suivi d’un très retentissant boum.

Je grognai de douleur avant de me relever lentement, mais, juste alors que je voulais me remettre à courir, je réalisai que Doll, qui était dans mes bras jusqu’alors, avait disparu. J’en fus si surpris que je me retournai désespérément pour la chercher, tout ça pour m’arrêter net en entendant Celestial me réprimander.

« Mais, qu’est-ce que tu fabriques ?! Tu as failli jeter ma femme par terre ! Si tu la blesses, je te le ferai payer ! »

Je levai les yeux et vis Celestial qui portait Doll dans ses bras tout en flottant dans les airs. Merde ! Celestial ne va pas s’en aller avec Doll juste comme ça, j’espère ?

« Ça n’a pas demandé le moindre effort… » Clay affichait à présent une expression complètement désemparée en secouant la tête tout en me regardant. « Je ne comprends vraiment pas pourquoi Dictator considère une brute comme toi comme son ennemi principal, au point d’aller jusqu’à dire que nous ne devons pas te tuer, parce qu’il veut te régler ton compte personnellement. »

Clay grimpa sur son skateboard et glissa jusqu’à Celestial. « Allons-y. C’est l’heure de rentrer au Continent du Nord. »

« Je ne veux pas ! Je ne veux pas aller au Continent du Nord ! » Doll était si terrifiée que son visage était d’une pâleur mortelle.

Celestial révéla une expression blessée. « Pourquoi ? Ma femme, pourquoi ne veux-tu pas rentrer avec moi ? »

« Je ne veux pas aller au Contient du Nord ! Je veux rester avec mes amis ! » Les larmes de Doll étaient sur le point de déborder, et elle le supplia d’un air pitoyable : « Celestial, et si tu restais ici ? »

« Oh. » Celestial dit en un murmure, puis il répondit : « D’accord, si ma femme ne veut pas aller au Continent du Nord, alors c’est moi qui vais rester ici. »

Pour la seconde fois, Clay tomba de son skateboard, chutant cette fois d’une hauteur de plus de dix mètres. Ce fut si douloureux qu’il pleura pendant un bon moment avant d’avoir la force de s’exclamer : « Toi ! Ne crée pas de problèmes ! Celestial, est-ce que tu prévois de trahir Dictator ? »

« Qu’est-ce que tu veux dire, trahir Dictator ? Je veux juste rester avec ma femme. » Celestial arborait la tête de quelqu’un complètement largué.

Parler avec cet enfoiré ne même à rien ! Je pouvais « voir » la même pensée sur chacun des visages présents.

Clay se tint le front pendant un long moment avant de déclarer avec impuissance : « Très bien, dans ce cas tu peux rester ici pour le moment, puisqu’il y a tant de PNJs dans le coin. Ils devraient suffire pour empêcher que tu te fasses tuer par les humains. Je vais rentrer et demander quoi faire à Dictator avant de prendre la moindre décision. »

« Ah lala, si les trois autres Rois Célestes entendent parler de ça, ils te détesteront encore plus », se plaignit de nouveau Clay, tandis qu’il grimpait sur son skateboard et planait en direction du nord.

Nous observâmes Clay disparaître au loin, puis observâmes les scènes désordonnées qui se jouaient tout autour de nous. On put entendre « Pam ! Pam ! » lorsque deux retentissantes gifles furent assenées. Bon, qu’est-ce qu’on fait maintenant au juste ?

« Donc, à présent, des légions de PNJs plus Celestial vont rester ici. Qu’est-ce qu’on fait à propos de notre plan ? » Mon esprit se trouvait dans un chaos le plus total, aussi je ne pus que lancer le problème aux autres qui m’avaient rejoint et qui réfléchissaient à ma place.

Lolidragon fronça les sourcils. « Celestial… Vous ne croyez pas qu’il ait été envoyé ici pour surveiller les faits et gestes de la Cité de l’Infini, n’est-ce pas ? »

« Ça ne devrait pas être le cas. Il essayait juste d’amener Doll à la Vallée des Nymphes Vagabondes par la force pour jouer avec elle », répondis-je honnêtement.

« Si The Dictator of Life était suffisamment stupide pour envoyer cet abruti comme espion, alors il devrait se faire appeler The Cochon of Life7, pas The Dictator of Life », se moqua Ming Huang sans un semblant de sympathie.

« Toujours est-il que ça veut dire que nous devons revoir notre stratégie. » Lolidragon se massa les temples. « Que devrions-nous faire ? »

Gui répliqua froidement : « Pourquoi devrions-nous changer notre stratégie ? Nous battre sur le Continent du Nord ou sur le Continent Central, c’est la même chose. Dans tous les cas, le but principal de cette bataille est de distraire The Dictator of Life pour donner au Peloton d’Exécution une opportunité de l’atteindre. »

« Mais, c’est vrai que nous devons d’abord trouver une alternative », poursuivit Gui gravement, tandis qu’il fermait les yeux. « Si Prince et les autres n’apparaissent pas sur le champ de bataille avec le reste de nos troupes, alors The Dictator of Life découvrira notre plan à coup sûr. »

« Lolidragon, peux-tu dire aux programmeurs de développer une compétence de déguisement qu’on puisse utiliser ? Ce genre de petite chose devrait être faisable, non ? » Gui questionna Lolidragon.

« Ça devrait être possible », répondit-elle après y avoir réfléchi pendant un moment.

« Dans ce cas, ça devrait faire l’affaire… » Le froncement de sourcils de Gui s’accentua. « Même si je dois dire que j’ai quelques soupçons. »

« Soupçons à propos de… ? » demandai-je, curieux.

Gui hésita pendant un moment avant de s’expliquer : « Je pense que The Dictator of Life connaît nos moindres faits et gestes. Il a envoyé Kaoru pour inciter Kenshin à le rejoindre, pourtant il n’a rien tenté envers Sunshine. Juste en fonction de ça, nous pouvons dire qu’il est plus que probablement au courant pour la relation entre Sunshine et Fairsky.

« Mais, ils se sont mis ensemble avant que la compagnie de jeu ne scelle The Dictator of Life, donc ce n’est pas bizarre qu’il soit au courant de ça, pas vrai ? » protesta Lolidragon, en désaccord.

« Non, je pense que, même maintenant, il a conscience de tout ce que nous faisons », dit Gui calmement. « Quand j’y repense soigneusement, le contrôle de The Dictator of Life sur Second Life est très étendu et approfondi. Il se peut qu’il dispose de plus d’une centaine de méthodes différentes pour connaître le moindre de nos faits et gestes, comme créer un PNJ de la taille d’un moustique ou même plus petit que ça afin d’espionner nos conversations par exemple. »

« Mais, alors, c’est une nouvelle terrible, non ? Est-ce que ça ne voudrait pas dire qu’il connaît peut-être depuis longtemps déjà notre plan d’aller au Continent du Nord en secret ? » Je déglutis. Même tuer The Dictator of Life quand il n’y est pas préparé a peu de chances de succès, mais s’il est courant… Est-ce que ça signifie qu’on ne reviendra jamais de là-bas ?

« Oui. C’est pour ça que je ne comprends pas. Pourquoi ne pas nous tuer ? Mis à part les assassins d’avant, il n’a envoyé personne pour nous tuer. Auparavant, j’ai toujours pensé que nous n’avions vraiment aucune chance de l’égaler. The Dictator of Life dispose d’au moins une centaine de façons de se débarrasser de nous. » Gui avait l’air d’être au bord de l’épuisement, comme si son cerveau allait exploser sous l’effort. « Ce n’est pas logique. Tout ça n’a vraiment aucun sens. »

« Son but n’est-il pas de forcer les humains à quitter Second Life ? » Gui se frotta la tête puis se murmura à lui-même : « Pour faire ça, il a juste besoin d’envoyer une horde de PNJs avec le programme DH nous massacrer. Alors, pourquoi est-ce qu’il n’agit pas ? Pourquoi est-ce qu’il se contente de nous menacer ? »

Voyant l’air mystifié de Gui, je sentis clairement qu’avoir une trop grande intelligence n’était pas nécessairement une bonne chose ; il était fort possible que ça vous fasse trop réfléchir jusqu’à ce que votre cerveau explose. J’ai la vie beaucoup plus facile ! Je ne comprenais pas du tout quelle partie des actions de Dictator n’avait pas de sens.

Il t’attend.

Une voix familière retentit soudainement dans mon oreille. Hein ? C’est la voix de Celestial ? Mais, est-ce qu’il n’est pas avec Doll, en train de jouer en dehors de la ville ? Et on dirait que personne d’autre ne réagit à ces mots.

The Dictator of Life t’attend depuis toujours, Prince. Va. Va au Continent du Nord le retrouver ! Si tu traînes trop, tu n’y arriveras peut-être pas à temps.

« Pas à temps pour quoi ? » dis-je, surpris, mais je reçus seulement des regards soupçonneux de la part de mes coéquipiers.

Fais vite ! Il t’attend.

« Il m’attend ? Pourquoi ? » questionnai-je, soupçonneux. Toutefois, Celestial cessa de me répondre.

« Prince ? » m’appela Gui avec hésitation tout en m’observant.

Perdu, je regardai autour de moi. Qu’est-ce que c’était que ça ? Pourquoi est-ce que tout ne fait que se compliquer de plus en plus ? Pourquoi est-ce que The Dictator of Life m’attend moi ? Il veut que je vienne prendre le thé avec lui ou quoi ?

Notes de bas de page

1« Trois lignes noires se dessinèrent le long du visage de Lolidragon » : C’est une façon de représenter la mortification d’un personnage dans les mangas. Pour plus d’information (en anglais), vous pouvez consulter le lien suivant : http://en.wikipedia.org/wiki/Manga_iconography#Head_and_face

2« Super Saiyan » : Une référence à Dragon Ball. Quand un personnage se transforme en Super Saiyan, il devient super puissant, et ses cheveux deviennent blonds/dorés.

3« Freezer en train d’essayer de tabasser Son Goku » : Une référence à Dragon Ball Z. Freezer et Goku sont ennemis.

4« Orochimaru était en train de draguer Sasuke » : Une référence à Naruto. Orochimaru est l’un des antagonistes.

5« Les Amoureux Papillons » : Cela vient d’une légende chinoise sur la tragique histoire d’amour entre Liang Shanbo et Zhu Yingtai. Cette histoire est souvent considérée comme l’équivalent chinois de Roméo et Juliette.

6« Cheng Yaojin » : Un général de la Dynastie Tang, mais dans les contes, au début c’est un chef paysan qui se bat pour la justice et qui est forcé de devenir un bandit. Il est décrit comme étant une personne directe et téméraire, qui charge ses ennemis brusquement et de façon inattendue. Le proverbe chinois « 半路杀出个程咬金 » veut littéralement dire : « À la moitié du chemin, Cheng Yaojin attaque inopinément », même si son utilisation ici signifie : « une personne qui apparaît quand on ne s’y attend pas. »

7« … il devrait se faire appeler The Cochon of Life, pas The Dictator of Life » : Ici, il y a un jeu de mots où les caractères pour Dictator, de « The Dictator of Life », sont remplacés par des caractères qui se prononcent presque pareils en chinois, mais qui veulent dire quelque chose de très différent. 主宰 (zhǔzǎi), Dictator (ou dictateur) a été remplacé par 豬仔 (zhǔzǎi) qui veut dire jeune cochon.

La Légende du Chevalier du Soleil T5C1 : Fais peur aux enfants au point qu’ils soient trop effrayés pour dormir la nuit

La Légende du Chevalier du Soleil Tome 5 : La Liche Immortelle, Partie 1

Roman d’origine en chinois par : 我 (Yu Wo)


Chapter 1: Frightening Children into Being too Scared to Sleep at Night – traduit du chinois à l’anglais par bleachpanda[PR!]
Chapitre 1 : Fais peur aux enfants au point qu’ils soient trop effrayés pour dormir la nuit – traduit de l’anglais vers le français par AkaiiRia
+ travail de vérification par Nocta

« Sun, Sun ? »

Malgré le fait que je n’avais pas ouvert les yeux, je pouvais déjà percevoir une grande quantité de l’élément des ténèbres sous la forme d’un humain à côté de moi… C’est Roland !

Je jaillis presque du lit en allant lui agripper les épaules tout en hurlant avec agitation : « Pourquoi avoir fait cela ? Même si c’était sur mes ordres, ce genre de chose, ce genre de chose… Même si c’est moi qui te l’ai ordonné, tu n’aurais jamais dû le faire ! »

Roland resta planté là, sous le choc. Dès que j’arrêtai de le secouer, il s’enquit par réflexe : « Ce genre de chose ? Quel genre de chose ? »

« Tuer… » Je n’arrive même pas à prononcer les mots ! Pourquoi lui-ai ordonné de faire une telle chose ? Et je le lui ai même ordonné comme si c’était ce qu’il y avait de plus naturel au monde ! C’est inconcevable !

« Sun, est-ce que tu as fait un cauchemar ? » Roland me demanda avec perplexité : « Je t’ai entendu gémir plusieurs fois, alors j’ai décidé de venir vérifier si quelque chose n’allait pas, mais il ne s’était rien passé. Tu étais étendu dans ton lit en train de dormir. »

Un cauchemar ? Cette fois-ci, ce fut à mon tour d’être sous le choc. Après avoir entendu cela, je décidai d’étendre plus loin ma capacité à percevoir les éléments.

J’étais situé à l’intérieur d’une salle. Il n’y avait pas grand-chose dans la pièce, et j’étais assis sur un lit. À côté du lit se trouvaient une table et une chaise, et de nombreux documents étaient disposés sur cette table. La porte n’était pas une porte ordinaire en bois, mais plutôt une porte en fer, et il y avait une petite fenêtre au mur.

Il s’agissait de la chambre de confinement. Ah oui, c’est vrai ! Judgment m’avait envoyé en confinement.

Alors, c’était vraiment… vraiment juste un cauchemar ?

« Sun, est-ce que tu vas bien ? » me questionna Roland avec inquiétude.

Pourtant, ce rêve semblait si réel ! Je pouvais même ressentir les émotions que j’éprouvais au moment de lui donner l’ordre de tuer… Ce sentiment de vouloir tuer d’autres personnes uniquement parce que cela me paraissait divertissant. Je m’étais senti comme un enfant, un enfant qui faisait des choses, parce qu’il croyait que c’était intéressant et amusant, qui commettait des atrocités sans même se soucier le moins du monde de comment elles affecteraient les autres !

Cela me semblait très similaire à la fois où j’avais visité la Vallée de Trizer. Après que j’eus absorbé une grande quantité de l’élément des ténèbres, ce sentiment de vouloir faire comme il me plairait, sans me préoccuper des répercussions, sans rien pour me restreindre, sans qu’il n’y eût quoi que ce fût que je dusse faire ou que je ne devrais pas faire… J’avais tout délaissé sans la moindre hésitation. La seule chose qui m’avait importé était de savoir si mes actions me rendaient heureux ou non… Cette sensation m’avait terrifié.

« Sun, je pense que tu as simplement fait un cauchemar », déclara Roland, inquiet. « Je montais la garde à l’extérieur, et absolument personne n’est venu. »

Ah bon ? Cependant, il semblerait que cette chambre de confinement possède une porte cachée. Bien que personne ne soit entré, ça ne veut pas dire que je ne suis pas sorti ! J’ai peur d’avoir… Je n’aurais tout de même pas fait quelque chose pendant que je dormais, n’est-ce pas ?

J’ai entendu dire que, dans ce monde, il existe un état appelé le somnambulisme qui permet aux dormeurs de se lever pour faire des choses étranges dont ils n’ont aucune idée ou dont ils sont incapables de se rappeler… À cette pensée, je me sentis mal à l’aise. « Je dois aller les voir. »

« Aller voir qui ? » répliqua Roland, stupéfait

« Blaze, Leaf, Ice et Judgment. »

Je me levai et saisis mon manteau en même temps que je parlais. Après que je l’eus revêtu, je me dirigeai immédiatement vers la porte. Toutefois, Roland se précipita désespérément devant moi et décréta fermement : « Judgment a dit que, sans sa permission, tu n’es pas autorisé à quitter cette chambre de confinement ! »

« Je dois sortir ! »

« Non ! Judgment te l’a interdit ! » rétorqua Roland, de façon encore plus déterminée que plus tôt.

Une flamme de colère surgit en moi, et je ne pus m’empêcher de rugir : « Roland des Enfers ! Que les choses soient bien claires : c’est moi qui dirige le Temple Sacré ! »

Roland se figea, mais je me figeai également.

Quelle que fût la raison, je n’aurais pas dû lui crier dessus. Il ne faisait qu’obéir aux ordres et les suivre à la lettre. Qui plus est, il n’avait que très récemment repris le poste de Chevalier des Enfers. Il était tout à fait naturel qu’il ne fût pas sur la même longueur d’ondes que les autres.

Les Douze Chevaliers Sacrés savaient tous que, quand je donnais sérieusement un ordre, même Judgment ne pouvait s’opposer à moi. C’était pourquoi, normalement, ils m’écoutaient et suivaient mes ordres. Néanmoins, ce qui était pour moi un mystère demeurait comment les Douze Chevaliers Sacrés parvenaient à déterminer quand je donnais ou non un ordre avec sérieux. Je me l’étais demandé plus d’une fois. Comment font-ils pour déterminer si je donne un ordre avec sérieux ou non ? Si j’arrive à comprendre comment ils font, dans ce cas, à partir de ce moment-là, je pourrais prétendre être sérieux…

« Très bien ! »  Après que Roland eut froncé les sourcils et considéré la situation pendant un moment, il opina finalement d’un signe de tête. Cependant, une fois qu’il eut acquiescé, il ajouta avec une détermination encore plus inébranlable : « Mais, je dois venir avec toi, et cette fois tu n’as pas le droit de te débarrasser de moi à dessein. »

« Marché conclu ! » Je fus immédiatement d’accord.

Afin d’apaiser l’esprit de Roland, je décidai de lui prendre la main pour le mener en courant tout droit jusqu’au couloir où se trouvaient les quartiers des Douze Chevaliers Sacrés. La chambre la plus proche appartenait à Blaze. Je lâchai la main de Roland et poussai gentiment la porte.

Cette dernière n’était pas verrouillée, alors, quand je la poussai, elle s’ouvrit. J’allai silencieusement me tenir à côté du lit, observant la personne qui dormait dessus.

Le lit n’était pas du tout petit, mais Blaze était étendu seulement sur l’un des côtés avec les quatre membres écartés et la moitié de son corps suspendue hors du lit. C’est vraiment une position terrible pour dormir !

Je me souvins que Roland avait tranché net l’épaule de Blaze dans mon rêve… Toutefois, ma capacité à percevoir les éléments m’indiquait clairement qu’il n’y avait aucune blessure sur les épaules de la personne allongée sur le lit; celles-ci étaient en parfait état et complètement intactes.

Je poussai un profond soupir de soulagement. Cependant, dès l’instant suivant, je ne me sentais toujours pas rassuré, alors je l’appelai : « Blaze. »

La personne sur le lit sursauta un peu et bondit pratiquement hors du lit par la suite en s’écriant sur-le-champ : « QUI… Sun ? »

Après m’avoir reconnu, Blaze me contempla avec stupéfaction. Malgré le fait qu’il venait de se faire réveiller au beau milieu de la nuit, il était à l’évidence encore plein d’énergie. Ses gestes étaient si exagérés que même ses yeux s’écarquillèrent au point de devenir aussi grands que des soucoupes.

Je me penchai pour lui toucher l’épaule. Il se contenta de me regarder en retour d’un air absent ; il ne hurla pas du tout de douleur… Blaze va réellement bien ! Je poussai un autre soupir de soulagement.

Sans me soucier de savoir si Blaze avait davantage réagi à mes gestes, je quittai vite la pièce pour aller vérifier que Leaf allait bien, puisque sa chambre était située juste à côté de celle de Blaze. Néanmoins, à l’instant où je sortis, j’aperçus Leaf qui était debout dans le couloir. Son visage affichait une totale incrédulité. Il portait son pyjama, mais était pieds nus. Il tenait également son arc dans les mains.

Il y avait une disparité dans l’ensemble de l’image formée.

« Sun ? » Il dit nerveusement avec une petite voix : « Judgment ne t’avait-il pas envoyé en confinement ? Dépêche-toi d’y retourner ! Blaze a crié vraiment fort il y a un instant, il se pourrait qu’il ait également réveillé Judgment ! »

Je ne répondis pas. Je marchai seulement dans sa direction et agrippai Leaf par la tête pour la tourner à gauche et à droite.

« Sun… Ah ! Mon cou va finir par se briser, peux-tu faire ça moins fort ? » s’écria Leaf de douleur, mais il ne m’empêcha pas de lui bouger la tête. Il n’avait sans doute pas la moindre idée de ce que je faisais… C’est vraiment un type sympa !

Excellent ! Le cou et la tête de Leaf n’ont pas été séparés, et il arrive encore à crier de douleur, alors il doit se porter bien.

Après avoir projeté la tête de Leaf vers le côté, j’accourus à la chambre d’Ice. Bien que la porte ne fût pas ouverte, je pouvais déjà percevoir la situation derrière la porte.

Il était déjà tard, et pourtant Ice n’était toujours pas allé se coucher. Il se tenait dos à la porte, assis devant sa table. Un gâteau incomplet reposait sur sa table, et Ice était en train de créer des fleurs avec de la crème… J’ouvris la porte d’un coup de pied et surgis dans la pièce.

Ice sursauta presque de frayeur, saisissant immédiatement son gâteau, et il se retourna, se figeant sur place comme Blaze l’avait fait.

Je fonçai vers lui et, avec la main, envoyai valser d’une claque le gâteau qui était dans le chemin. Ensuite, je déchirai les vêtements qui recouvraient le torse d’Ice. Après l’avoir tâtonné, je découvris que sa peau était douce et lisse à cet endroit.

« Tout va bien ! »

Je poussai enfin un immense soupir de soulagement. Même si je n’ai pas encore vu Judgment, étant donné que Blaze, Leaf et Ice vont bien, dans ce cas Judgment doit forcément aller bien lui aussi ! Par conséquent, tout ce qu’il s’est passé était réellement juste un cauchemar. Rien de tout cela ne s’est produit. Je n’ai jamais ordonné à Roland de tuer Blaze et les autres. Roland n’a tué aucun d’eux. Et je n’ai définitivement pas tué Judgment ! C’est vraiment merveilleux…

« Tu as vu ça ? Sun s’est levé au beau milieu de la nuit pour aller déchirer les vêtements d’Ice ! Tss tss ! »

Des murmures provenant de différentes personnes dérivèrent jusqu’à moi depuis la porte.

« Après avoir expérimenté de nombreux échecs avec les princesses, se pourrait-il qu’il ait décidé de se risquer à jouer dans l’autre camp ? »

« Dans ce cas, à partir de maintenant, quand je vais aller dormir, je me rappellerai de verrouiller la porte… »

« Que peut faire une porte contre lui ? Même un dragon ne peut l’arrêter ! »

« Que devrions-nous faire alors ? »

« Dormir dans la même chambre que Judgment ou Hell ! Ce sont les plus forts parmi les Douze Chevaliers Sacrés, alors ils devraient être capables de tenir bon quelques temps… »

C’est moi ou cette conversation prend une tournure très étrange ? Je me retournai sur-le-champ, essayant d’éclaircir le malentendu : « Qu’est-ce que vous racontez ! Je ne suis pas attiré par les hommes… Judgment ? »

Hormis ces abominables enfoirés qui murmuraient des trucs à la porte, il y avait aussi la personne par laquelle j’avais le moins envie de me faire prendre qui se tenait là : le Capitaine-Chevalier du Jugement.

Je n’aurais jamais cru qu’il arriverait aussi vite. Il s’est même donné la peine de revêtir ses vêtements de façon propre et ordonnée, quoique ses vêtements ne consistent qu’en un morceau de tissu… Non, c’est une toge noire. Il suffit de la draper sur tout ton corps, et tu es prêt à sortir.

Confronté au regard glacial de Judgment, je ne pus que me préparer et expliquer : « J’ai fait un cauchemar. Je vous ai vu Blaze, Leaf, Ice et toi vous faire tuer. Alors, je me suis précipité jusqu’ici pour confirmer que tout le monde allait bien. »

Malgré le fait que ce que j’avais dit fût la vérité, mes paroles sonnaient si incroyables que même moi j’avais du mal à y croire.

Comme je m’y attendais, non seulement Judgment, mais même tous ceux qui étaient présents révélèrent une expression montrant qu’ils ne me croyaient pas du tout. Un peu découragé, je devinai : « Cependant, tu penses forcément que je raconte n’importe quoi, que je me suis en fait secrètement échappé et que j’invente une excuse au hasard pour te convaincre du contraire. »

Judgment leva légèrement le sourcil.

« En plus, je me trouve dans la chambre d’Ice, alors il y a de fortes chances pour que je sois venu lui réclamer des sucreries. »

Judgment sourit un peu.

« Et la raison pour laquelle j’ai déchiré les vêtements de Ice est probablement parce qu’il a essayé de me convaincre de retourner dans la chambre de confinement et que, si je ne le faisais pas, il irait tout te rapporter. Alors, afin de l’en empêcher, je l’ai agrippé dans un moment de désespoir et ai accidentellement déchiré ses vêtements… »

Judgment hocha la tête. Même les autres révélèrent des expressions comme s’ils venaient soudainement de réaliser ce qu’il s’était réellement passé… Sauf Earth ! Quelques secondes plus tôt, c’était lui qui avait proclamé que je m’étais levé au beau milieu de la nuit pour aller déchirer des vêtements ! Et, à présent, il ose encore afficher une expression soupçonneuse en me regardant ! Quel infâme personnage ! Je m’en souviendrai la prochaine fois, Earth ! Je vais définitivement te le faire payer !

« Judgment ! » grondai-je un peu avec colère : « Dis quelque chose ! N’importe quoi ! Après tout, je sais déjà que, comme je me suis secrètement enfui de la chambre de confinement, tu vas me confiner quelques jours de plus, n’est-ce pas ? »

« Tu te trompes. Je ne te punirai pas cette fois, parce que ce n’est pas nécessaire. » Judgment ouvrit finalement la bouche. Il me fit nonchalamment remarquer : « Sun, tu es en train de marcher sur le gâteau d’Ice. »

« … »

Une fois qu’il eut dit cela, je réalisai subitement… Pourquoi ai-je si froid dans le dos ?

Je m’empressai de dire : « Judgment, dépêche-toi ! Ramène-moi à la chambre de confinement ! N’as-tu pas dit que je n’ai pas le droit d’en sortir ? Je suis prêt à me faire incarcérer pendant trois jours de plus… Même une semaine m’irait ! Sinon, deux semaines ! Que dis-tu de deux semaines ? »

Il employa une vitesse phénoménale pour fermer la porte avec un « bang » sonore.

« … »

 

 

A… Atchoum !

J’éternuai très fort, puis reniflai. C’était plutôt surprenant. Se pourrait-il qu’il s’agisse réellement du légendaire… rhume ?

En tant que Chevalier du Soleil détenant la grâce du Dieu de la Lumière, je n’étais pas tombé malade depuis l’âge de dix ans. Mais, à présent, j’ai réellement attrapé un rhume ! Il semblerait que, cette fois, Ice soit vraiment furieux. Même le sort de glace qu’il a lancé sur moi était extrêmement puissant.

Ah… Ah… Atchoum !

Au même moment où j’éternuais, la porte de la chambre de confinement s’ouvrit, suivie par une voix inquiète me demandant : « Est-ce que tu vas bien ? »

Sans lever la tête, je répondis sèchement : « Je ne vais pas bien du tout. J’ai été envoyé en confinement; je dois remplir et corriger de la paperasse; Ice est en colère contre moi, et j’ai même attrapé un rhume. Je ne pourrais pas être plus misérable ! »

L’individu qui était venu me rendre visite se mit à rire. Même s’il riait, sa voix était toujours aussi grave que d’habitude. L’entendre ne pouvait vraiment pas améliorer l’humeur de quelqu’un… Même si vous effectuiez une recherche à travers la Cité du Bourgeon tout entière, à part le Capitaine-Chevalier du Jugement, vous ne trouveriez personne d’autre capable de produire un rire déprimant au point de ne pas pouvoir rendre quelqu’un plus joyeux.

« Es-tu vraiment si misérable ? » s’enquit Judgment tout en riant.

Après avoir éternué une nouvelle fois, je rétorquai : « Pourrais-je vraiment être plus misérable que maintenant ? »

Judgment leva la main et agita les documents qu’il tenait. Alors qu’il posait la paperasse sur la table, il déclara : « Ice a dit que, pour te punir d’avoir gaspillé de la nourriture, il ne te confectionnera pas de desserts pendant un mois. »

« …J’ai perdu l’envie de vivre à présent ! Tu pourrais aussi bien me tuer à ce stade ! »

Judgment révéla une expression qui se rapprochait d’un sourire sans l’être complètement. « La situation n’est pas si grave, non ? Je peux te donner mes sucreries, et tu vas sûrement demander à Leaf qu’il te donne les siennes également. »

« Ce n’est pas la même chose ! » m’exclamai-je avec objection. « Ice me confectionne toujours des sucreries extrêmement sucrées. C’est ce genre de desserts extrêmement sucrés que j’ai envie de manger ! »

« Ice a endurci son cœur en prenant la décision de ne pas te confectionner de desserts. À ce sujet, il n’y a rien que je puisse faire pour t’aider. Tu connais la personnalité de Ice. Il ne se fâche pas facilement, mais, une fois en colère, il ne sera définitivement pas facile à apaiser. En plus, cette fois, tu as piétiné un de ses desserts, une des choses qu’il chérit plus que tout, au point d’être irrécupérable. Alors, je crains que… »

En entendant tout ce qu’il avait dit jusque-là, mon visage s’assombrit. Si Ice, qui avait normalement un bon tempérament, pouvait être froissé par quelque chose, vous pouviez être certain que c’était de piétiner et gaspiller sans aucune bonne raison les desserts qu’il confectionnait.

Judgment soupira. Il dit avec impuissance : « Je ne peux pas t’aider dans le cas de Ice, mais, si tu pouvais me raconter le genre de cauchemar que tu as fait, je te laisserais sortir de la chambre de confinement et ferais rappeler Adair de vacances. »

Entendant les termes de Judgment, je réfléchis sérieusement à sa proposition. Être incarcéré dans la chambre de confinement ne me dérange pas vraiment… étant donné que, après tout, je m’enferme habituellement dans ma chambre. Donc, en ce moment, je ne fais que changer l’emplacement où je m’enferme. Mais, le terme le plus important de sa proposition est de « rappeler Adair de vacances » !

Si Adair était là, je pourrais lui refiler toute la paperasse et sortir pour acheter des confiseries. Même sans les desserts faits par Ice, j’arriverais à survivre pendant un mois. Si Adair était là et que j’apercevais quelqu’un que je détestais, je pourrais le lui laisser savoir discrètement et lui ordonner d’encercler et de tabasser la personne en question. Si Adair était là, je pourrais pratiquement ignorer toutes les lois et faire des bêtises… Ahem ! Je veux dire « faire comme il me plaira » !

Bien que j’adorerais absolument ravoir Adair, je fis exprès de révéler une expression perturbée et marchandai : « Mais, tu dois tout de même me donner tes sucreries ainsi que celle de Leaf ! »

Judgment acquiesça d’un signe de tête et affirma ensuite : « Je peux te donner les miennes, mais essaie d’éviter le plus possible de prendre les desserts de Leaf, en particulier quand la cafétéria du Temple Sacré est en vacances. Récemment, il a commencé à écrire des lettres à la princesse du Royaume de l’Orchidée Lunaire, et s’est donc mis à effectuer des dépenses supplémentaires pour de l’encre et du papier. Si tu prends également tous ses desserts, je crains qu’il ne meure de faim pendant les vacances. »

« Très bien », acceptai-je à contrecœur.

Judgment marcha jusqu’à moi et s’assit sur le bord du lit à côté de moi. Il me dit : « Maintenant, raconte ! Quel genre de cauchemar as-tu réellement eu qui puisse te pousser à réveiller tout le monde au beau milieu de la nuit ? »

J’hésitai l’espace d’un instant. Malgré le fait que je n’avais pas vraiment envie de songer à mon cauchemar, j’avais déjà accepté les termes de l’entente, alors je lui racontai tout ce qu’il s’était produit dedans clairement et en détails… jusqu’au moment où je le transperçais de mon épée et provoquais sa mort. C’était très malaisant ; je faillis être incapable de poursuivre.

Toutefois, l’expression de Judgment ne changea pas du début jusqu’à la fin. C’était comme si je ne racontais pas le geste effrayant de massacrer les Douze Chevaliers Sacrés, mais que je ne faisais que relater un rêve plutôt ordinaire. Grâce à cela, je réussis avec difficulté à terminer de lui raconter ce qu’il se passait dans le rêve.

Judgment écouta silencieusement jusqu’à la toute fin. Il demeura silencieux pendant un moment et s’enquit soudainement ensuite : « Sais-tu pourquoi ceux qui sont morts étaient Ice, Leaf et Blaze ? »

Je me figeai, ne comprenant pas ce qu’il essayait de me dire. Je lui demandai avec confusion : « Pourquoi eux ? Ce n’est qu’un rêve. Ce n’est pas comme si c’était moi qui les avais choisis. »

« Tu les as choisis », dit Judgment faiblement. « Parce que Leaf est mort une fois auparavant et que Ice et Blaze ont été blessés lors du plus récent incident. Tu ressens un fort sentiment de culpabilité à leur égard. À tes yeux, c’est comme si tu les avais tués toi-même. »

Ainsi… c’est pour cette raison ?

« Cesse de davantage jeter le blâme sur toi. » Judgment poussa un soupir. « Ice et Blaze comprennent ta personnalité, et c’est pourquoi ils t’ont pardonné ce qu’il s’est passé sans la moindre hésitation. Ils craignaient que tu te sentes trop coupable. Ne laisse pas leurs efforts être vains. Trouve en toi la force de te pardonner ! »

« Je ne rejette pas le blâme sur moi ! » rétorquai-je avec agitation. Entendre Judgment prononcer les mêmes mots qu’il avait dit dans le cauchemar, en me demandant de ne pas jeter le blâme sur moi, me fit me sentir très inconfortable. Cela me donnait l’impression que les évènements qui s’étaient produits dans le rêve étaient réels sauf qu’ils se produiraient dans le futur.

En entendant cette réponse, Judgment me regarda droit dans les yeux, me faisant frissonner. Je m’empressai de me défendre : « C’est tout naturel que je rejette le blâme sur moi à un certain point. C’est moi qui ai emmené Leaf hors du royaume et, quand il est mort, je n’étais même pas à ses côtés. En plus, j’ai même blessé Blaze et Ice de mes propres mains. Ils… Tous les trois ont été… À cause de moi… À cause de moi, ils ont tous les trois été… »

Judgment interrompit brutalement mes paroles de remords et dit avec fracas : « Ils dorment tous les trois tranquillement dans leurs chambres ! Leur seule inquiétude est que tu rejettes trop le blâme sur toi ! Sun, il n’y a pas que toi qui se sente triste lorsque tu blesses tes propres frères d’armes ! Stone m’a dit que, quand Leaf avait découvert que tu lui avais menti en affirmant ne pas être aveugle, il s’était senti si mal qu’il avait presque voulu s’arracher les yeux en espérant que ça te rendrait la vue ! »

« Il… Il n’a pas… » Je me levai presque d’un bond avec effroi.

Judgment répondit immédiatement : « Bien sûr que non, Stone a réussi à le convaincre de ne pas le faire. Qui plus est, même s’il s’était réellement arraché les yeux, il n’y aurait aucun moyen de te rendre la vue. C’est seulement en gardant ses yeux qu’il serait en mesure de t’aider. Il devrait comprendre une telle chose. »

Je me détendis. J’ai bien failli faire une crise cardiaque !

Judgment expliqua d’une voix profonde et sincère : « Sun, quand tes frères d’armes sont blessés, tu deviens profondément contrarié. Mais, l’opposé est également vrai; si tu étais blessé, nous serions aussi très inquiets. Par conséquent, si tu ne veux pas que cela se reproduise, la prochaine fois que tu dois faire quelque chose de dangereux, ne le fais pas seul ! »

Je gardai le silence pendant un long moment. Ensuite, je jetai un regard étrange à Judgment. Je lui fis remarquer avec stupéfaction : « Tu parles beaucoup aujourd’hui. »

« Je n’y peux rien », rétorqua Judgment avec froideur. D’une voix encore plus basse, il dit : « Si je ne te dis pas ça clairement tout de suite, je ne sais pas quel genre de choses dangereuses tu feras seul la prochaine fois, nous forçant alors tous à nettoyer derrière toi ! »

Il ne retenait vraiment pas les coups dans cette conversation. Ce n’est pas comme si je veux à dessein les forcer à régler les problèmes que je laisse dans mon sillage. Un brin déprimé, je déclarai : « Désolé, mais je ne me rappelle vraiment pas ce qu’il s’est passé ni pourquoi je me suis retrouvé au royaume de Kissinger, et j’ignore pourquoi j’avais également perdu la mémoire en plus de tout le reste. Je n’en ai réellement aucune idée ! »

« Tôt ou tard, nous découvrirons la vérité », affirma Judgment sans la moindre hésitation. Par la suite, il me regarda droit dans les yeux et décréta : « Si tu souhaites personnellement en faire l’investigation, promets-moi d’emmener d’autres Chevaliers Sacrés avec toi. Ne porte pas le poids du monde sur tes épaules. »

« D’accord. » Cette fois, j’acquiesçai sur-le-champ. Je n’avais aucune envie de perdre la mémoire à nouveau, et je ne souhaitais plus jamais blesser les Douze Chevaliers Sacrés de mes propres mains non plus.

Après avoir eu cette discussion jusqu’à ce point précis, Judgment adoucit enfin son expression. « Dans ce cas, je vais retourner dormir. Tu devrais retourner dans ta chambre également ! Avant que je ne vienne, j’avais déjà ordonné à Hell d’aller vaquer à ses occupations habituelles. » Lorsqu’il eut fini de parler, il se leva et tourna les talons pour s’éloigner.

Je l’observai se retourner, toujours sous l’impression qu’il y avait quelque chose d’étrange. Je ne pus m’empêcher d’ouvrir la bouche pour m’enquérir : « Judgment, tu n’es normalement pas du genre à revenir sur ta parole. Alors, comment se fait-il que tu aies affirmé que tu me confinerais pendant un mois, et pourtant tu es d’accord pour me relâcher malgré le fait qu’il ne se soit écoulé qu’un peu plus de deux semaines depuis ? »

Judgment s’arrêta de marcher et tourna lentement la tête dans ma direction. Avec un sourire, il annonça : « L’Aigle Silencieux de la Cathédrale du Dieu de l’Ombre est en visite au Royaume du Son Oublié. Il en va de ta responsabilité de l’accueillir, alors je suis forcé de te relâcher. »

« … Je me suis encore fait avoir ! »

Énervé et exaspéré, je m’exclamai : « Judgment ! Tu… Tu es vraiment devenu mauvais, c’est moi qui te le dis ! »

Judgment éclata de rire et sortit de la pièce. « Il va de soi que je suis une “mauvaise” personne. Aurais-tu oublié que mon identité est celle du Capitaine-Chevalier du Jugement que tout le monde craint ? Alors ? Que dis-tu, bon et miséricordieux Capitaine-Chevalier du Soleil ? »

« Mais, je ne suis pas du tout une bonne personne, alors tu n’as pas le droit de devenir mauvais ! Si tu deviens réellement une mauvaise personne, cela ne ferait-il pas de moi ta plus grande victime ? Non, Judgment… Il faut impérativement que tu demeures une bonne personne, exactement comme Leaf… Hé ! Arrête de m’ignorer ! »

 

 

« Grisia ! Tu ne pourras jamais m’échapper. Tu ne pourras définitivement jamais m’échapper. Alors, reste tranquille et…. laisse-moi simplement te tuer, d’accord ? »

J’ouvris brusquement les yeux. Cette fois-ci, je ne paniquai pas comme la dernière fois. Au lieu de cela, je me servis en premier de ma capacité à percevoir les éléments. Comme je m’y attendais, je me trouvais dans ma chambre, et j’étais seul à l’intérieur. Personne ne s’apprêtait à me tuer.

Un autre mauvais rêve ?

Pourquoi est-ce que je fais des mauvais rêves aussi fréquemment ces derniers temps ? Pourrait-il s’agir d’un effet secondaire de ma perte de mémoire ? De plus, qui veut me tuer ? Est-ce Scarlet ? Et, quelle est la relation entre Rose et Scarlet ?

Ces questions étaient suffisantes pour me filer une sacrée migraine, et c’était avant même d’avoir pris en considération ce que Judgment m’avait annoncé. L’Aigle Silencieux de la Cathédrale du Dieu de l’Ombre est en visite au Royaume du Son Oublié… Pourquoi est-il soudainement venu jusqu’ici ? Que celui qui fût à la tête de la Cathédrale du Dieu de l’Ombre vînt au Royaume du Son Oublié, quartier général d’une religion ennemie, était aussi étrange que si moi, le Chevalier du Soleil, je me rendais au Royaume de Kissinger… Euuuuh !

D’accord, il est vrai que je me sois rendu au Royaume de Kissinger récemment, donc que celui-ci vienne au Royaume du Son Oublié ne paraît pas si étrange après tout.

Scarlet, Rose, l’élément des ténèbres, et l’Aigle Silencieux… Tout semble relié à la Cathédrale du Dieu de l’Ombre. Pourquoi ne débuterais-je pas mon investigation avec la Cathédrale du Dieu de l’Ombre ? Je finirai bien par découvrir quelque chose !

Cependant, la Cathédrale du Dieu de l’Ombre n’était pas un sujet qui m’était familier. Je devrais poser la question à quelqu’un pour en connaître davantage.

Une fois que je me fus levé et habillé, je me brossai les cheveux et touchai ensuite mon visage… Après deux semaines en confinement durant lesquelles j’avais été en mesure d’appliquer des masques tous les jours, ma peau était devenue si douce et claire que je préfèrerais presque toucher ma peau plutôt que celle d’une femme… Toutefois, si j’avais réellement la chance de toucher la peau d’une femme, je ne serais pas contre l’idée de ne pas avoir un visage avec une peau aussi magnifique !

Mais, je digresse… Dans tous les cas, même Roland affirmait que ma peau était devenue encore plus blanche que celle des créatures des ténèbres. Mon apparence ne pourrait pas avoir l’air plus parfaite, et elle collait bien à l’image du Chevalier du Soleil possédant une belle apparence et une magnifique peau claire. Par conséquence, en ce moment même, je pouvais sans problème sortir pour questionner les gens !

« La Cathédrale du Dieu de l’Ombre ? »

Storm leva les yeux au ciel. Brusquement, il dit : « Crois-tu réellement que je sais tout ? Je suis uniquement au courant des rumeurs concernant notre royaume ! Si tu comptes poser des questions au sujet d’un royaume aussi éloigné, j’ai bien peur de ne pas posséder ce genre de compétence remarquable ! »

« Je vois », répondis-je avec déception.

Sans doute parce qu’il voyait que j’étais extrêmement déçu, Storm secoua la tête et ajouta : « Tu poses la question à la mauvaise personne. Va demander à Cloud ! Il pourrait avoir lu des choses à ce sujet quelque part dans les livres. Ce type est une véritable encyclopédie ambulante ! »

En entendant la mention de Cloud, je réalisai subitement qu’il serait vraiment plus approprié de poser ces questions à ce dernier ! Il semblerait que j’aie posé tellement de questions à Storm récemment que, quand quelque chose se produit, ma première réaction est d’aller le voir pour le questionner.

« Tu as la gratitude de Sun, mon frère Storm, puisque tu as éclairci le brouillard dans lequel nageait Sun et lui as permis d’atteindre la splendeur du rayon de soleil, faisant de ce fait en sorte que Sun reçoive l’illumination joyeuse de la lumière. Sun remercie le Dieu de la Lumière, et Sun remercie son frère d’armes Storm. »

Storm rétorqua, son visage dénué d’expression : « Si tu tiens réellement à me remercier, ne me remercie plus jamais. Combien de fois faut-il que je te le répète ? Tu le fais exprès, n’est-ce pas ? C’est comme lorsque tu prononces nos noms de la mauvaise façon… Non ! Tais-toi ! Ne m’appelle pas par ce nom ! »

Je fermai la bouche et acquiesçai docilement d’un signe de tête. Puis, j’agitai la main en signe d’aurevoir. Après avoir effectué dix pas, je confirmai que je me trouvais à une distance assez éloignée pour que, peu importe à quelle vitesse il se déplacerait, il serait incapable de foncer sur moi, me mettre son poing dans la figure sans que les autres le remarquent, et retourner à sa position originale comme si rien ne s’était produit. Ce fut à ce moment précis que je lui dis aurevoir.

« À plus tard, “Décédeo”! »

« … »

De derrière moi provint la voix énervée de Storm : « Sun, Adair a encore besoin de trois jours de repos avant de pouvoir reprendre du service. Donc, pendant ces trois jours, n’oublie pas de t’occuper de ta paperasse ! Hé ! Ne fais pas semblant d’être sourd ! »

Je n’entends rien. Je suis sourd. Je n’entends rien… Je m’empressai de partir et me dirigeai tout droit vers la bibliothèque.

Depuis que le Pape avait renvoyé la bibliothécaire et avait ordonné à Cloud de s’occuper de la bibliothèque, Cloud n’était jamais parvenu à se libérer de ses fonctions à temps partiel en tant que nouveau bibliothécaire. Malgré l’abondance des récentes récoltes et l’augmentation des dons en argent auprès de l’Église, le Pape ne lui avait toujours pas permis de quitter ce poste.

Par conséquent, je suis sûr que ce foutu vieux Pape avait prévu le coup depuis le début. Pour éviter de devoir payer un salaire à un bibliothécaire, il a poussé le Capitaine-Chevalier du Nuage, qui possède déjà un poste haut-placé et bien rémunéré, à devenir le nouveau bibliothécaire gratuitement. C’est tout simplement… Un coup de génie !

Parce que, à présent, quand je suis à la recherche de Cloud, je n’ai plus besoin de me promener de façon disgracieuse en hurlant pour l’appeler en espérant le trouver au passage. Je n’ai qu’à me rendre à la bibliothèque pour le trouver, ce qui est beaucoup plus pratique. Plusieurs chevaliers sacrés, particulièrement ceux appartenant au Peloton du Chevalier du Nuage, avaient applaudi le plan concocté par le Pape pour économiser de l’argent.

Je pénétrai dans la bibliothèque, et plusieurs chevaliers levèrent la tête pour me saluer. Après avoir souri à chacun d’entre eux, je marchai jusqu’au bureau des renseignements de la bibliothèque et sonnai élégamment la cloche sur la table.

Je n’eus à faire sonner la cloche que deux fois avant que Cloud n’« émergeât » de derrière la table. Il ne révéla que sa tête et n’« émergea » pas d’avantage.

Je lui souris tout en le regardant, et il me regarda également en silence. Après nous être fixé du regard pendant quelques secondes, Cloud se leva tranquillement et me suivit sans un mot jusqu’à l’extérieur. Évidemment, lui seul gardait le silence ; je souriais et saluais les gens pendant toute la durée de notre déplacement. Bien que j’eusse toujours détesté sourire et saluer les gens, après avoir été confiné pendant deux semaines et n’avoir eu de contact qu’avec quelques-uns des Douze Chevaliers Sacrés, je ne trouvais plus l’idée aussi désagréable à présent.

Alors que je traversais le couloir du Temple Sacré avec un sourire aux lèvres, je dis à Cloud : « Je suis à la recherche d’informations concernant la Cathédrale du Dieu de l’Ombre. »

Cloud pencha la tête sur le côté et commença à relater d’une voix monotone : « Il y a environ sept cents ans, en l’an 125 du Calendrier Sacré, comme pour jeter une ombre sur l’Église du Dieu de la Lumière qui se fonde sur la bienveillance et sur le Monastère du Dieu de la Guerre qui valorise surtout la force, le mot “ténèbres” se mit à circuler parmi le peuple. Le point central était l’idée de pouvoir agir selon ses propres désirs… »

« Je ne veux pas connaître l’origine de son existence ! » le coupai-je un peu avec impuissance. « Mon service en tant que Chevalier du Soleil serait terminé d’ici à ce que je finisse de t’écouter me raconter toute leur Histoire. Parle-moi de la connexion entre le représentant de la Cathédrale du Dieu de l’Ombre, les prêtres et prêtresses de l’ombre, et l’Aigle Silencieux. »

Cloud se figea pendant un moment, puis il ouvrit à nouveau la bouche pour ajouter : « Le représentant de la Cathédrale du Dieu de l’Ombre est le Roi Démon. L’Aigle Silencieux ainsi que les prêtres et les prêtresses de l’ombre existent pour le servir. L’Aigle Silencieux est le commandant des chevaliers noirs. D’un autre côté, les prêtres et prêtresses sont peux nombreux, s’avoisinant habituellement à trente. Néanmoins, chaque prêtresse ou prêtre de l’ombre est extrêmement puissant… »

À présent, il paraissait perdu, ne sachant pas comment poursuivre.

Ce que Cloud venait de me relater était essentiellement les parties que je connaissais déjà. Hormis l’information de base, je n’en savais pas plus au sujet de la Cathédrale du Dieu de l’Ombre.

J’hésitai. Puis, je pris l’initiative et lui demandai : « Dis-m’en plus à propos de leur représentant. Par exemple, comment est-il choisi ? »

Cloud hésita à son tour et secoua ensuite la tête. Il déclara : « Cette information n’a été inscrite dans aucun texte officiel aux archives. Je n’ai entendu que des rumeurs. »

« Ce n’est pas un problème, raconte-moi ce que tu as entendu ! » insistai-je. Après tout, les rumeurs sont parfois plus véridiques que ce qui est inscrit dans les livres !

« On raconte que c’est le Dieu de l’Ombre qui choisit le Roi Démon. »

Comment cela pourrait-il être possible ? Je devins silencieux. Sans doute parce qu’il avait vu l’expression sur mon visage, Cloud hocha la tête, comme pour montrer son accord. Toutefois, il ajouta : « Il ne s’agit probablement pas du Dieu de l’Ombre, mais plutôt d’une sorte de relique sacrée laissée par le Dieu, similaire à l’Épée Divine du Soleil. De nombreuses rumeurs racontent que le Dieu de la Lumière choisit son Chevalier du Soleil à travers l’Épée Divine du Soleil. »

Évidemment, ce ne sont ni l’Épée Divine du Soleil ni le Dieu de la Lumière lui-même qui choisissent le Chevalier du Soleil, mais plutôt le précédent Chevalier du Soleil. Personne n’est mieux placé que moi pour le savoir.

Il est vrai que j’ai déjà entendu cette rumeur auparavant. Quelque chose à propos de comment seul le véritable Chevalier du Soleil peut tirer l’Épée Divine du Soleil hors d’un rocher dans lequel elle a été enfoncée, et comment ceux qui ne sont pas l’élu étaient incapables de la retirer. Ou quelque chose comme quand le véritable Chevalier du Soleil touche l’Épée Divine du Soleil, l’épée divine se met à briller ou même parler, des histoires de ce genre. Elles ont toujours été les histoires que les bardes préféraient chanter.

Mais, en réalité, si vous étiez un chevalier sacré ou même un prêtre du Dieu de la Lumière, vous pouviez faire briller l’Épée Divine du Soleil, à condition que vous recouvriez l’épée avec de la lumière sacrée.

C’est sans oublier le fait que, si l’Épée Divine du Soleil était réellement enfoncée dans un rocher, parmi les Douze Chevaliers Sacrés, la personne qui aurait le moins de chance de pouvoir la retirer serait moi… D’accord, parfois, on ne peut pas se fier aux rumeurs non plus.

Néanmoins, tel que nous le disions plus tôt, la soi-disant idée selon laquelle le Dieu de l’Ombre choisit Son représentant peut aussi provenir d’une rumeur au sujet d’une relique sacrée. Je fis rapidement connaître à Cloud le fil de mes pensées et lui demandai alors : « Les chevaliers noirs ne possèderaient pas quelque chose comme l’Épée Divine de l’Ombre, n’est-ce pas ? »

Cloud secoua la tête : « Cette information n’est inscrite dans aucun texte. »

« Est-il possible que des fillettes puissent être des prêtresses de l’ombre ? » m’essayai-je à demander.

« Cette information n’est inscrite dans aucun texte. »

« Le Roi Démon et l’Aigle Silencieux entretiennent-ils une relation harmonieuse ? »

« Cette information n’est inscrite dans aucun texte. »

« …Existe-t-il une chose que tu connaisses et qui ne soit inscrite dans aucun texte ? »

Cloud n’hésita pas du tout une seconde pour employer un ton monotone et répondre : « Les gens ont besoin de manger, de dormir et d’aller aux toilettes. Je suis le Chevalier du Nuage. Tu es le Chevalier du Soleil. Nous ne devons provoquer ni ta colère ni celle du Capitaine-Chevalier du Jugement… »

« Je te remercie de tout cœur pour ta réponse, mais, je t’en prie, ferme-la ! »

Cloud ferma la bouche avec une extrême docilité.

Il semblerait que je ne fusse pas en mesure d’obtenir d’information utile de Cloud non plus. N’ai-je réellement pas d’autres options que d’aller questionner Rose ? À l’origine, je n’avais vraiment pas envie de partir à sa recherche jusqu’à ce que j’eusse clarifié certaines choses pour moi-même.

Cependant, si je dois aller trouver Rose pour découvrir la vérité, dans ce cas je le ferai. Après tout, c’est une question à laquelle je dois absolument obtenir une réponse. Sinon, je serai incapable de me débarrasser de ce sentiment de malaise… Je ne peux pas laisser un incident majeur tel que mon amnésie se reproduire !

Je me retournai pour faire face à Cloud. « Cloud, pour le moment, suis-moi pour régler certaines affaires avec moi. »

Puisque Judgment tenait à ce que je demandasse à l’un des Douze Chevaliers Sacrés de me suivre pour enquêter et ainsi empêcher le moindre accident de survenir, dans ce cas, je me devais évidemment de choisir celui qui était le plus obéissant et qui savait le mieux comment bien se comporter !

À l’origine, Leaf était également un très bon choix, étant donné que, si je lui avais ordonné de me suivre, j’aurais pu lui emprunter quelques-unes de ses épices pour le repas du soir ! Néanmoins, depuis qu’il a découvert que je lui ai menti, il me regarde sans cesse avec des yeux emplis d’une profonde tristesse, me faisant me sentir inconfortable. Par conséquent, il vaudrait mieux que je ne le lui demande pas !

« Le Pape m’a ordonné de rester à la bibliothèque », répondit Cloud sans expression.

Fichu vieux Pape ! Il possède de nombreux guérisseurs sous ses ordres qu’il pourrait employer, et pourtant je dois constamment me disputer avec lui pour l’empêcher de me voler mes chevaliers sacrés !

Je répliquai sur-le-champ : « Eh bien, réponds-tu aux ordres du Pape ou aux miens ? Que dis-tu, Capitaine-Chevalier du Nuage ? »

Cloud prit quelque secondes pour réfléchir. « Aux tiens. Les textes racontent que les Douze Chevaliers Sacrés doivent obéir au Chevalier du Soleil. »

…Donc, la raison pour laquelle tu es aussi obéissant, c’est parce que les écrits affirment que tu dois faire tout ce que je te dis ? Dans ce cas, devrais-je emprunter le manuscrit en question et forcer les Douze Chevaliers Sacrés à le lire ? Non, pas seulement les Douze Chevaliers Sacrés, le Pape devrait le lire lui aussi !

« Sun ! »

Je n’avais pas besoin de me retourner pour voir que Storm courrait rapidement dans ma direction. Une fois qu’il m’eût rejoint, il annonça clairement et brièvement : « Le Pape te cherche. »

Je regardai à gauche et à droite. Aucun chevalier sacré ne se trouvait à proximité, alors je changeai ma façon de parler et m’enquis simplement : « Que se passe-t-il ? »

« L’Aigle Silencieux vient d’arriver. » Après qu’il eut fini, Storm ajouta à voix basse : « Le Pape et Judgment ne semblent pas très ravis. La Cathédrale du Dieu de l’Ombre penche davantage vers l’élément des ténèbres, alors ils ne sont pas vraiment la bienvenue au Royaume du Son Oublié. »

L’Aigle Silencieux… Attendsun ? Il est arrivé juste au bon moment ! Je serai peut-être en mesure de lui soutirer quelques informations au sujet de Rose.

Toutefois, j’éprouvais également quelques doutes. L’Aigle Silencieux est en fait venu jusqu’ici par coïncidence à ce moment précis. Se pourrait-il… qu’il sache que j’ai visité le Royaume de Kissinger ?

Dans tous les cas, je vais aller à sa rencontre, et on verra bien !

La Reine Guerrière TP2C5 : Numéro 5 – Une bonne personne ? Une mauvaise personne ?

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La Reine Guerrière Prologue Tome 2 – 12 est le nombre

Roman d’origine en chinois par :   (Yu Wo)


Chapter 5: Number, 5, Good Guy? Bad Guy? – Traduit du chinois vers l’anglais par raylight[PR!]
Chapitre 5 : Numéro 5 – Une bonne personne ? Une mauvaise personne ? – Traduit de l’anglais vers le français par Irina
+ Travail de vérification par Nocta

Carol n’avait jamais activement cherché à pourchasser les mécréants dont parlait Sylvie, mais, pour une raison qui lui était inconnue, elle finissait toujours par tomber sur eux. En revanche, il était difficile de déterminer si elle était prédestinée à mener une vie de dur labeur, ou si les pécheurs du Royaume de la Lumière Sacrée étaient tout simplement malchanceux.

Et c’était sans compter sur le fait que Sylvie semblait aussi avoir le chic pour toujours accidentellement croiser le chemin de personnes arborant de mauvaises intentions. La dernière fois, il avait été capturé par la patrouille d’une cité pour en fin de compte être traité comme un esclave et emmené par la force. Cette fois, il avait récupéré quelqu’un dans une ruelle, et cette personne avait également subi une grave injustice… Pourquoi n’était-elle pas surprise ?

Puisqu’il avait subi une grave injustice, une mauvaise personne était forcément impliquée.

Cale commença à expliquer : « Je suis un enfant illégitime. Mon père est mort il y a peu, et sa femme souhaite me tuer. »

« Pourquoi veut-elle te tuer ? Est-ce parce que tu hériteras de la fortune familiale ? » demanda Sylvie, confus.

« Tu crois réellement que ça pourrait être possible ? » Cale lâcha un rire sarcastique. « C’est parce que j’en sais trop. Mon père n’est pas mort de mort naturelle, mais a été empoisonné par sa femme, aidée par son amant. Mon petit frère, qui était censé avoir le même père et pas la même mère, n’est en réalité pas le fils de mon père, mais plutôt celui de l’amant de sa femme. Et son amant est en réalité… »

« Le petit frère de ton père », finit Carol froidement.

Cale resta sous le choc en entendant ces mots et s’écria : « Comment sais-tu ça ? »

Comment ? Parce que cette machination est tellement classique que les mots manquaient à Carol. On retrouve ce genre d’histoires dans presque toutes les villes !

« C’en est vraiment trop ! » Sylvie était si énervé qu’il sauta sur ses pieds en s’exclamant : « Comment ont-ils osé faire une chose aussi ignoble ? Non seulement ils ont tué ton père, mais en plus ils veulent également se débarrasser de toi ! »

« Tu ne nous as pas tout raconté », ajouta Carol avec indifférence. « Il y a quelques jours, tu as été vendu comme esclave, non ? Puisqu’ils t’ont d’abord vendu comme esclave et non pas tué directement, ce doit être parce que tu n’avais pas de preuve qu’ils avaient empoisonné ton père. Comme tu n’avais pas de preuve, ils n’avaient aucune raison de s’en prendre à toi. Qu’est-ce que tu as fait ? »

Cale se raidit et fixa Carol avec un regard rempli d’incrédulité. Il ouvrit la bouche, mais fut incapable de prononcer le moindre mot pour se défendre. Finalement, il se sentit découragé tandis qu’il répondait honnêtement : « Je suis revenu pour essayer de les tuer moi-même, mais j’ai échoué. »

Les yeux de Sylvie s’élargirent, et il cria : « T-Tu voulais tuer ta famille ? »

« Ils ne font pas partie de ma famille ! Ils ont tué mon père ! » rugit Cale, enragé.

Sylvie ouvrit la bouche, mais ne put rien répondre. Il sentait que Cale était lui aussi dans le vrai. Si ces personnes faisaient réellement partie de la famille, comment avaient-elles pu être cruelles au point d’empoisonner leur mari et frère ? Cependant, il était également inquiet à l’idée que Cale les tua pour se venger.

Carol se leva et ajouta froidement : « Tu n’as aucune preuve. Ce monde ne condamnera pas quelqu’un sur la seule base de ta parole. »

Cale resta figé sous le choc pendant un moment avant qu’une rage débordante ne fît son apparition sur son visage. Il en oublia même la peur qu’il ressentait à l’égard de Carol, et se leva, voulant charger dans sa direction. Sylvie se précipita pour le retenir, le tenant étroitement en lui disant précipitamment : « Cale ! Ne réagis pas comme ça. »

Carol jeta un regard totalement indifférent à Cale, ne montrant pas le moindre signe de peur face à la colère manifeste de Cale, visible à l’expression terrible de son visage et à l’intensité brûlante de ses yeux. Elle lança Ohmondieu à la tête de Sylvie sans regarder et informa les deux hommes : « Je vais me coucher. Avant que vous n’alliez dormir, n’oubliez pas de vérifier que le feu soit bien éteint. »

À ce moment précis, Sylvie se cramponnait toujours à Cale comme si sa vie en dépendait. En entendant les instructions de Carol, il hocha la tête : « D’accord, je vérifierai plus tard. »

Carol souleva le rabat de la tente et se glissa à l’intérieur.

Quand il ne vit finalement plus Carol, Cale parvint enfin à se calmer. Il était même un peu reconnaissant envers Sylvie, puisqu’il ne pensait pas pouvoir vaincre Carol dans un combat. S’il l’avait vraiment attaqué, il aurait probablement été réduit en bouillie… Non ! Il aurait probablement fini six pieds sous terre ?

Voyant que Cale s’était calmé, Sylvie le lâcha enfin et tenta de le réconforter en lui disant : « Carol est une bonne personne et réfléchira à une manière de t’aider ! »

« Une bonne personne ? » grogna Cale en se retournant. « Ce type ressemble à quelqu’un qui aurait assassiné de sang-froid un nombre incalculable de gens, et tu affirmes quand même que c’est une bonne personne ? »

« Carol est vraiment une bonne personne ! » Sylvie était incapable de nier qu’elle avait tué d’innombrables personnes. Après tout, elle était la Reine Guerrière qui avait dirigé l’armée durant la campagne contre les démons, donc comment aurait-elle pu n’avoir tué personne ? Même si ceux qu’elle avait tués à cette occasion étaient des démons, avant de se battre contre la race des démons, elle avait également participé à une campagne à travers le continent dans le but d’unifier tout le continent sous la bannière du Saint Roi.

« Carol est définitivement une bonne personne ! » répéta Sylvie avec fermeté.

 

 

Sylvie s’accrochait désespérément à la manche de Cale, refusant de le laisser partir, comme s’il craignait que l’autre personne disparût dans les bois en un clin d’œil.

Voyant la manière effarouchée dont Sylvie s’accrochait à sa manche, Cale garda le silence. Si Sylvie n’avait pas été aussi grand et manifestement un homme, il aurait réellement pensé qu’il était en réalité une femme… Non, une jeune fille.

En contraste, Carol, qui affichait en permanence un air féroce, ne permettant à personne de l’approcher, avait une stature frêle et délicate. Sans cette expression féroce, Cale aurait même pensé que c’était une femme. La personnalité et l’apparence d’à la fois Carol et Sylvie étaient terriblement mal assorties ; cela aurait été bien mieux s’ils avaient pu en faire l’échange tous les deux.

Cale fut tenté de soupirer avec tristesse, mais, en y réfléchissant bien, il n’y avait probablement rien qui irait mieux à Carol que les cheveux et les yeux noirs ; et Sylvie avait vraiment l’air du genre de personne à arborer des cheveux dorés et des yeux bleus étincelants.

« Cale, tu dois absolument rester avec nous ! » déclara très sérieusement Sylvie. « Tu es poursuivi par des gens qui veulent te tuer ! Toutefois, tant que tu nous suivras, rien ne pourra t’arriver ! Carol est une personne très forte après tout ! »

Cale n’en doutait absolument pas. Il était seulement dubitatif quant à la possibilité que Carol laissât un étranger poursuivi par des mécréants l’accompagner. Néanmoins, Carol ne l’avait pas empêché de les suivre et avait même laissé Sylvie rester avec lui, tandis qu’il partait devant pour ouvrir la voie.

« Cale, laisse-moi te raconter ! Carol est vraiment quelqu’un de très fort ! À part avoir un léger sale caractère… »

« Ohmondieu est mon compagnon depuis que je suis petit. Il m’a toujours aidé, et m’a sauvé à de multiples reprises depuis ma jeunesse… »

« Mon maître était un très bon barde. Je suis déterminé à devenir un barde digne de lui en suivant son exemple, mais j’ai encore un très, très long chemin à parcourir… »

… En fait, peut-être que Carol voulait juste que quelqu’un reste avec Sylvie pour l’écouter parler ? Cale avait l’impression qu’il préfèrerait marcher avec Carol en étant à moitié mort de trouille, plutôt que de marcher avec Sylvie et écouter ses jérémiades interminables !

Cale posa son regard sur Ohmondieu qui était perché sur la tête de Sylvie. Ses deux petits yeux étaient complètement fermés, et il semblait dormir profondément. Il commença à ressentir une pointe d’admiration pour la petite chose dorée. Avec le bruit constant émis par la bouche de Sylvie, couplé à une foulée un peu instable due à l’enthousiasme de ce dernier, cela ne devait vraiment pas être facile de dormir si profondément, surtout en étant posé sur sa tête !

Au strict minimum, il aimerait récupérer sa manche pour que sa main droite ne fût plus secouée dans tous les sens constamment. Comme c’était irritant !

Soudainement, la main sur sa manche se serra, et sans être capable de comprendre la situation, Cale fut tiré en arrière… Puis, il réalisa que devant ses yeux s’étalait un magnifique paysage, ce qui n’était pas une très bonne nouvelle, puisque cela signifiait qu’il était en train de glisser le long de la falaise.

Sylvie avait seulement glissé un peu vers l’arrière avant d’être rattrapé par Ohmondieu qui se tenait toujours sur sa tête.

Ohmondieu avait étiré une longue queue qu’il avait enroulée solidement autour du torse de Sylvie, tandis que le reste de son corps s’était accroché à une branche d’arbre.

Bien qu’Ohmondieu eût attrapé Sylvie, il n’en était pas de même pour Cale. Voyant qu’il était sur le point de dire adieu au monde des vivants, Cale tenta frénétiquement de s’agripper à tout ce qui se trouvait à sa portée. Malheureusement, la paroi était tout simplement trop lisse, et il fut incapable de trouver quoi que ce fût auquel se raccrocher… Tout aussi soudainement que sa chute avait commencé, elle s’arrêta nette, et il se retrouva suspendu dans le vide.

À cet instant-là, Cale avait l’impression que son cœur allait bondir hors de sa poitrine. Quand il osa lever les yeux vers le ciel, tout ce qu’il y avait dans son champ de vision était des taches rouges et noires… Carol avait agrippé sa main droite.

Il resta stupéfait, jusqu’à ce que Carol hissât son corps pour le mettre en sécurité. Il regagna ensuite ses esprits et, avec des sentiments mitigés, il bredouilla : « Me-Merci… »

Carol lui adressa un simple « Hmm » indifférent avant de se retourner, l’air absolument enragé. L’instant suivant, Carol réprimandait Sylvie sévèrement : « Ne me dit pas que non seulement tu vas te mettre en danger, mais également entraîner les autres avec toi ? »

Elle attrapa Sylvie par le col et lui rugit : « Quand quelqu’un marche à côté de toi, tu ferais mieux de passer plus de temps à prêter attention à la route ! Ne te contente pas de parler à l’infini ! C’est une chose de te mettre en danger, mais c’en est une autre de mettre la vie de tes compagnons de voyage en péril ! »

Sylvie secoua violemment la tête et s’excusa automatiquement auprès de Cale : « Je suis désolé, Cale. Je suis vraiment désolé ! »

Cale ignorait quoi lui répondre. Le fait d’être tombé de la falaise juste en marchant à côté de Sylvie lui donnait envie de l’engueuler, mais la rage de Carol était si terrifiante qu’il ressentait un peu de pitié envers Sylvie.

« Allons-y ! » lâcha Carol avec un grognement.

« Ou-Oui ! » Sylvie tira sur la manche de Cale, puis se lança à la poursuite de Carol.

Pendant tout le reste du voyage, Carol n’ouvrit pas la marche comme avant, mais marcha plutôt avec eux.

Bien qu’il passât très proche de mourir en tombant quelques instants auparavant, Sylvie recommença à parler sans arrêt, sans prêter la moindre attention à la route.

« On t’a déjà averti de porter plus attention à la route, non ? » lui rappela Cale dans un murmure.

Sylvie parut surpris pendant un moment, puis répondit comme s’il s’agissait d’une vérité absolue : « Carol marche avec moi ! Je n’ai pas besoin de faire attention pour le moment ! »

… Peut-être que Carol est vraiment une bonne personne en fait, pensa Cale en son for intérieur.