Mise à jour : Décember 2021

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Passez de joyeuses fêtes !

Bonne lecture !

1/2 Prince T6C5 : Entraînement spécial !

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½ Prince Tome 6 : La Grande révolte des PNJs

Roman d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)


Chapter 5: Special Training ! – traduit du chinois vers l’anglais par zoNa[PR!]
Chapitre 5 : Entraînement spécial !
– traduit de l’anglais au français par Nocta
+ travail de vérification par AkaiiRia

Les PNJs ayant développé une conscience de soi avaient certainement provoqué un grand chahut, mais la réaction des joueurs dépassa de loin toutes nos attentes. Après que la compagnie de Second Life eut annoncé la vérité concernant la situation actuelle, les joueurs qui étaient très irrités à la base se calmèrent enfin. En apprenant que les suzerains des cinq continents souhaitaient coopérer pour lancer une offensive sur le Continent du Nord et vaincre The Dictator of Life, peu de personnes devinrent effrayées par cette situation, et nombreux furent ceux qui se portèrent volontaires pour prendre part à la guerre contre les PNJs.

« Mais, ces gens n’ont-ils donc rien de mieux à faire ? » Je me tenais majestueusement sur le balcon du château, contemplant la place de la Cité de l’Infini qui était pleine à craquer de soldats volontaires. Ça me dérangeait vraiment. Je pensais que beaucoup de personnes craindraient de perdre leur personnage et refuseraient de participer à cette guerre, alors pourquoi est-ce que ça s’avère être tout à fait le contraire ?

« C’est en fait facilement compréhensible », dit Wicked. « Il y a des millions de joueurs dans Second Life. Même si on prend en compte les joueurs qui se sont fait annihiler sur le Continent du Nord, il reste toujours les trois quarts de la population totale. Cette guerre est étroitement liée à la survie de Second Life, et l’ampleur de cet incident en particulier est inconcevable. Pour eux, une seconde chance de prendre part à un tel évènement est proche de zéro. »

« De plus, même si tu perds ton avatar, tu peux en refaire un et repartir de zéro. Mais, sans Second Life, ce sera la fin de tout », ajouta Nan Gong Zui. « Et, donc, tout le monde veut jouer un rôle actif dans cette guerre. »

Dans ce cas, on ne risque pas de manquer de main-d’œuvre. « Comment se passe la construction des navires ? » Je posai une autre question.

« Contre toute attente, bien », répondit White Bird avant de se joindre à nous et de se placer derrière moi. « Nous avons simplement publié un avis à propos de la construction des navires et des centaines de personnes y ont immédiatement répondu. Les postulants étaient soit des ingénieurs de coques soit des constructeurs de navires. »

« La seule chose embêtante maintenant c’est que nous sommes obligés de faire construire encore plus de navires pour faire face à cette augmentation de soldats. » White Bird avait l’air de souffrir d’une affreuse migraine. « Ne vaudrait-il pas mieux qu’on diminue le nombre de combattants ? »

« Peu importe combien de personnes nous aurons, ce ne sera jamais assez », la voix dépourvue d’émotion de Heartless Wind retentit.

Nous nous tournâmes simultanément dans sa direction, uniquement pour découvrir que mon frère, habituellement classe et élégant, arborait une coupe afro. Et qui plus est, une coupe afro brûlée. Ses robes d’érudit étaient en lambeaux, et son visage était barbouillé de suie.

« Comment se fait-il que je n’aie jamais entendu parler de cette nouvelle mode ? » Je questionnai mon frère tout en gardant mon sérieux.

« La mode, tu peux te la mettre où je pense ! » me cria Heartless Wind. Quand il eut fini, il raconta craintivement : « Lolidragon, Sunshine, Fairsky et moi avons pris le tapis volant pour nous rendre sur le Continent du Nord et vérifier la situation. »

« Et le résultat ? » Je l’interrogeai nerveusement. Ne me dîtes pas que le nombre de PNJs a encore augmenté…

Heartless Wind déclara avec un visage pâle : « Nous avons vécu une dangereuse et palpitante aventure, tandis que nous fuyons pour nos vies. »

« Des dragons volants. Pleins de dragons volants cracheurs de feu », annonça Lolidragon qui était cachée derrière Heartless Wind. Elle effectua un pas de côté pour se révéler à nous, le visage tout aussi couvert de suie et misérable, surmontée de la même coupe afro.

« Des anges, il y avait des anges aussi. Nous avons failli nous faire transpercer par des milliers de flèches tirées par des anges. » L’expression sur le visage de Heartless Wind se déforma au souvenir de cette agonie.

« On a eu de la chance que le tapis soit assez rapide et puisse même voler en boucles, faire des tonneaux, s’élever et descendre rapidement dans les airs, ou autrement nous n’en serions jamais revenus », décréta Fairsky en surgissant de derrière Lolidragon, le visage strié de larmes. « Mais, nous avons terriblement souffert du mal de transport sur le tapis de Sunshine… »

J’essayai de calmer les battements de mon cœur quand je ne vis pas Sunshine. « Où est Sunshine ? » m’empressai-je de leur demander.

« Il répare le tapis ! » me répondirent-ils tous en cœur.

La personne pour qui ça a dû être le plus éprouvant est Sunshine… et pourtant il doit encore réparer le tapis. Quel homme bon et vertueux.

« Prince, nous devons changer de tactiques », me dit Lolidragon, alors que son visage pâle prenait une expression sérieuse. Je n’aurais jamais pensé avoir un jour l’honneur de voir Lolidragon afficher une expression aussi sérieuse qu’une femme d’affaires.

« Que doit-on changer ? » Je transpirais de nervosité. Attendez, quand est-ce qu’on a développé une stratégie au juste ?

« Considérant la situation actuelle, si on essaye d’affronter directement l’armée de PNJs, de la vaincre et de battre The Dictator of Life, nos probabilités de succès sont pratiquement nulles ! » s’écria Lolidragon, hystérique.

« Ça fiche la trouille. Nos probabilités seront pratiquement nulles ? » Agité, je serrai les poings et me mis moi aussi à crier.

Wicked posa soudainement sa main sur mon épaule : « Prince… est-ce que tu as vraiment compris ce que sont des probabilités ? »

Je mordis mon doigt. « C’est un peu confus ! »

Lolidragon me frappa sur la tête avant de poursuivre : « Ce qui est encore plus ennuyeux, c’est que les PNJs peuvent réapparaitre sans fin tandis que le nombre de nos joueurs ne fera que diminuer chaque fois que l’un d’entre eux mourra. »

« Et… donc ? » Je fronçai les sourcils.

« Et, donc, nous ne pourrons pas gagner cette guerre ! » Le visage de Lolidragon s’assombrit de nouveau.

Tout le monde, moi inclus, devint d’humeur morose. Si on n’a aucune chance de victoire, à quoi bon partir en guerre ? Mais, alors… qu’arrivera-t-il à Kenshin et Sunshine ?

« On n’a pas besoin de gagner ! » s’écria soudainement Gui.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » Lolidragon dévisagea Gui intensément, espérant qu’il puisse nous donner une autre idée utile, comme il l’avait fait avec sa proposition sur le DH.

« Divisons nos forces en de plus petits groupes. » Gui attrapa une carte de Second Life et l’accrocha au mur. Puis, il sortit un long stylo et le pointa en direction de la région du Nord. « Assumons que The Dictator of Life se trouve à la Cité Fleurie du Continent du Nord. Comme vous pouvez le constater, la Cité Fleurie est située dans la région du sud-est, le long de la côte. Si nous envoyons des escouades de soldats attaquer par la mer depuis l’est, le sud et l’ouest, dans ce cas nous pourrions permettre à un plus petit groupe de s’infiltrer dans la Cité Fleurie par la zone sud-est, ce qui augmentera grandement nos chances d’affronter The Dictator of Life face à face. »

« Ainsi, on doit obligatoirement envoyer l’armée envahir le Continent du Nord. C’est parce que nous devons attirer l’attention de The Dictator of Life ailleurs. Notre armée n’a pas besoin de gagner, seulement de retenir l’immense armée de PNJs pour que nous puissions attaquer The Dictator of Life. » Gui conclut son explication avec sérieux, son long stylo toujours pointé sur la carte.

« Gui ! Je t’aime vraiment à mort ! » Lolidragon enlaça soudainement Gui. En dépit de ses tentatives désespérées, elle planta de force des bises sur ses joues. Quand elle eut terminé, je n’étais pas sûr si c’était moi qui m’imaginais des choses, mais il me sembla que Lolidragon jeta un regard triomphant vers mon frère, dont l’une des veines semblait sur le point d’éclater sous la colère.

« Dans ce cas, commençons ! » s’exclama Lolidragon avec passion, le poing serré.

« Commençons quoi ? » demandai-je, stupidement.

Le visage de Lolidragon s’agrandit soudainement comme lors d’un gros plan dans un film, et elle déclara bruyamment : « L’entraînement spécial ! »

Elle nous fit traverser le château jusqu’à une porte qui luisait sensiblement, et je me tournai vers elle avec un regard plein de questions.

« J’ai dit aux programmeurs de changer la Rhapsodie de l’Infini, où tu as donné ton premier concert, en un terrain d’entraînement. C’est pour améliorer au maximum vos niveaux et capacités à tous. À partir de maintenant, ceux qui veulent rejoindre l’Escadron d’Exécution devront entrer dans ce terrain d’entraînement. Ils ne seront autorisés à en sortir que quand il sera l’heure d’aller mener à bien leur mission », s’égosilla Lolidragon.

Je levai la main avec appréhension : « Puis-je… ? Puis-je poser une question ? Qu’est-ce que l’Escadron d’Exécution ? »

« C’est une unité spéciale qui aura pour but de tuer The Dictator of Life. Le nom a été raccourci à Escadron d’Exécution. Au fait, cette équipe pourra aussi utiliser le chat du groupe ! » déclara Lolidragon d’un air faussement modeste.

« On ne peut pas simplement faire augmenter nos niveaux directement ? » bouda Gui.

« Non, impossible. Quand le jeu a été créé à l’origine, quelque chose a été fait pour que cette façon de tricher ne puisse jamais arriver », expliqua-t-elle avec regret.

« Normalement, je ferais les éloges de l’entreprise pour son équité, mais cette précaution nous complique vraiment la vie ! » Wicked se frotta le front pour apaiser son mal de crâne.

« Ça ne sert à rien d’avoir de hauts niveaux si on n’a pas la force qui va avec », répliquai-je. « Quelqu’un qui a une grande agilité, mais qui manque grandement de bons réflexes, sera inutile ! » Je pris une profonde inspiration et déclarai avec fermeté : « En nous fiant à notre propre force, nous arriverons à vaincre The Dictator of Life ! »

« Étrangement, tu viens encore de te mettre à parler comme un être humain. Puisqu’il en est ainsi, tu devrais être le premier à entrer ! » affirma Lolidragon avec sérieux. L’instant suivant, je vis la semelle de ses chaussures s’agrandir au ralenti jusqu’à arriver devant mon visage. Puis, je fus éjecté à travers la porte en arc-en-ciel.

Cette maudite Lolidragon, comment ose-t-elle me frapper avec son pied puant ! J’eus le plus grand mal à m’asseoir, et découvris un Gui très inquiet agenouillé devant moi, s’apprêtant à m’aider pour me relever. Juste alors que j’allais saisir sa main, une immense ombre nous surplomba. Des sonneries d’alarme retentirent dans ma tête. Après avoir lentement levé les yeux, je pointai mon doigt tremblant dans sa direction.

« Qu’est-ce qui ne va pas, Prince ? » Gui me questionna d’une voix tremblante et se retourna pour regarder derrière lui, suivant la direction de mon doigt.

« Tyrannosaaaaaauuuuuure ! » Je poussai un cri perçant, tandis que Gui en restait figé de surprise.

Cette chose était d’une taille incomparablement énorme, et était dotée d’une grosse tête ainsi que de deux petites pathétiques pattes avant. Si ce n’est pas un Tyrannosaure Rex, alors je suis sûre d’être une fille ! »

« Prince ! » Dans un cri, Gui disparut dans la bouche de l’énorme Tyrannosaure.

« Gui, Gui… s’est fait manger ! » Je hurlai.

Le Tyrannosaure Rex qui venait tout juste de manger Gui avait l’air d’avoir encore très faim. Il me contempla en bavant. Puis, une énorme bouche dégoûtante se fondit sur moi…

« À l’aaaide ! » J’utilisai deux de mes mains pour maintenir la gueule du Tyrannosaure ouverte tout en criant désespérément.

« Prince ! » Wicked et les autres étaient enfin entrés, et ils me regardaient tous bouche bée tandis que je me débattais de toutes mes forces à l’intérieur de la gueule du dinosaure.

« Prince… »

Une voix faible me parvint. Je me tournai et regardai vers les profondeurs de la gorge du Tyrannosaure, appelant avec suspicion : « Gui ? »

Peut-être que Gui est toujours en vie ? Je contemplai la gorge ténébreuse avec nervosité. À cet instant, j’entendis un autre appel de Gui. Damnation ! Je lâchai ma prise et me glissai dans la gorge. Me débattant, je repoussai les parois gluantes, dégoutantes et congestionnées du passage couvert de mucus, m’enfonçant toujours plus bas à la recherche de Gui.

Une jambe ? Une unique jambe apparut devant moi. Je la tirai avec force et me servis de ma main gauche pour tirer dans mes bras un Gui à moitié suffoqué. Ma main droite dégaina mon Dao Noir : « Maudit Tyrannosaure ! Comment oses-tu faire du mal à un de mes amis juste sous mes yeux ! »

« Rhapsodie Infernale d’un Blanc Pur ! »  Je fendis la gorge du Tyrannosaure et m’échappai par le trou béant dans sa poitrine. J’atterris alors précisément devant la foule qui affrontait le dinosaure. J’enlaçais Gui de ma main gauche et ma main droite tenait toujours le Dao Noir. Derrière moi, le Tyrannosaure éventré chuta lentement au sol, faisant un vacarme monstre en le heurtant.

« Bordel, cette scène a l’air incroyablement classe ! » Neurotic et Dandan me fixèrent du regard, tout excités.

« Pourquoi vous êtes là, les gars ? » Je les dévisageai avec suspicion, observant tour à tour les suzerains des trois continents.

« Oh, Lolidragon nous a parlé de l’Escadron d’Exécution. Elle voulait qu’on laisse nos bras droits se charger des préparations militaires pour qu’on puisse rejoindre l’Escadron et participer à l’élimination de The Dictator of Life », expliqua Neurotic.

« Oh ! Dans ce cas, faites gaffe, il y a des Tyrannosaures… » Ayant dit ceci, je m’effondrai.

« Prince ! » s’exclama tout le monde en cœur.

Je reçus la nouvelle tragique, lorsque je me réveillai. Incrédule, je m’écriai : « On doit rester dans le repaire des Tyrannosaures pendant une semaine entière ?! »

« Oui. Ne fais pas ton bébé. Moi aussi je dois rester ici », répliqua sèchement Lolidragon.

« Il y a plein de Tyrannosaures dans le coin, et Gui et moi venons tout juste de nous faire avaler ! » Je criai, un peu dépité. Je ne veux vraiment pas avoir à essayer de survivre coincé entre ces parois gluantes encore une fois.

« Tu crois que les Tyrannosaures sont la seule menace ? Regarde derrière toi », dit Lolidragon avec nonchalance en pinçant les lèvres.

Entendant cela, je me retournai immédiatement et vis… un… Comment ça s’appelle ce truc ? Pour faire court, cet oiseau qui se tenait derrière moi avait des ailes, un bec pointu, et des serres très acérées.

« Il y a même des Ptérodactyles ici ! » Lolidragon haussa les épaules.

« Aaah… Je n’en ai pas encore fini avec toi, Lolidragon ! » Alors que j’étais emporté dans les airs par le Ptérodactyle, je ne pus que regarder avec impuissance tandis que la figure de cette maudite Lolidragon rapetissait au loin. En fin de compte, je ne la vis même plus et me retrouvai à trembler dans l’air, mon regard contemplant la terre en dessous de moi…

« Où est passé Prince ? » Nan Gong Zui questionna Lolidragon, quand elle pénétra tranquillement dans le camp temporaire.

« Enlevé par un Ptérodactyle. »

« Et Gui ? »

« Emporté par un Tricératops femelle. »

« Wicked ? »

« Wicked et Heartless Wind ont été étouffés par huit énormes serpents. »

Nan Gong Zui garda le silence pendant un moment. « Qu’en est-il du reste du groupe ? »

Lolidragon pointa du doigt une pile de fumier qui faisait presque la taille d’un être humain. « Dans quelques instants, ils réapparaitront au point de résurrection. Ne t’inquiète pas, quand les gens meurent ici, leur niveau ne descend pas. C’est le maximum que peut faire notre entreprise en matière de contournement des règles. »

« Lolidragon ! » Je sortis du point de renaissance, furieux, me préparant à me jeter droit sur elle pour prendre ma revanche. J’avais réussi à achever le Ptérodactyle, mais, puisque nous nous trouvions à plusieurs centaines de mètres dans les airs, tout ce que j’avais pu faire avait été de me transformer en un tas de chairs à pâté tout comme lui, lorsque nous nous étions écrasés au sol.

N’essaie même pas de comparer ça au saut à l’élastique ! Tomber d’une telle hauteur m’a tué sur le coup !

« Arrête-toi tout de suite ! »

Je fus immédiatement coupé dans mon élan, mon nez seulement à trois centimètres d’écart de la main de Lolidragon, tendue paume ouverte devant moi.

« Qu’est-ce que tu fais ? » Je regardai sa paume et protestai.

« Regarde ! » Lolidragon sortit alors mystérieusement une photo.

Les longs cheveux rouge flamme assortis d’une paire d’ailes démoniaques attirèrent mon attention dans un premier temps. Ces yeux sombres et menaçants me donnèrent une impression de stoïcisme. Le symbole magique au-dessus de son œil gauche renforçait son air énigmatique. De plus, son long manteau noir collait parfaitement bien à son style.

Trop beau ! Je poussai un long soupir : « C’est un type superbe, est-ce que c’est une nouvelle star ? Je suis absolument certain qu’il deviendra populaire. »

« C’est The Dictator of Life », Lolidragon perdit patience et leva les yeux au ciel. « C’est son design originel. Je suis allée tout spécialement le récupérer pour empêcher que l’Escadron d’Exécution ne sache même pas à quoi ressemble la personne qu’ils essaient de tuer. »

Je vois… Bien sûr, le monstre final à vaincre de Second Life doit avoir l’air présentable. S’il était trop moche, je crains bien que, la première fois qu’il apparaisse, les joueuses ne lui balancent leurs chaussures ou des œufs pourris à la tête pour le forcer à retourner d’où il vient. 

Cependant, il est vraiment beaucoup trop beau. Je lui dérobai la photo et déglutis désespérément.

« Écoute-moi ! » Lolidragon plaça sa main derrière son oreille, prenant la pose d’une personne à l’écoute.

Elle veut que j’écoute quoi ? Est-ce qu’elle se croit à un croisement de routes, et veut que je m’arrête, observe et écoute avant de traverser ?! À ce moment précis, j’entendis un étrange sifflement derrière moi et me retournai lentement. Une chose longue, serpentante et enroulée sur elle-même se manifesta devant moi. « Oh mon dieu, qu’est-ce que c’est que ça ? »

« Yamata no Orochi1. C’est une bête mythique japonaise très connue. Elle est énorme et possède huit têtes. C’est un ennemi formidable. Même Wicked et Heartless Wind ont échoué à la vaincre quand ils l’ont affrontée ensemble », me mit en garde Lolidragon.

« Je vois… J’imagine que mourir d’une chute n’était pas si mal en fin de compte. » Je levai la tête et contemplai Wicked et Heartless Wind, qui étaient coincés dans les anneaux du serpent. En effet, ces craquements d’os qui se brisent sonnent particulièrement douloureux.

« Toutefois, je ne peux pas pardonner facilement à ceux qui osent blesser mes amis. » Je dégainai mon Dao Noir et sautai sur le corps du serpent, courant le long de son torse aussi vite que possible. J’évitai plusieurs de ses têtes qui fondirent sur moi gueule ouverte, sautant de-ci de-là sur ses anneaux entremêlés. Lentement, je réduis la distance me séparant de Wicked et d’Heartless Wind.

« Wicked, Heartless Wind, je suis venu vous sauver, les gars… » Après avoir rugi avec enthousiasme… Je fus avalé d’un coup par une des rapides têtes de serpent.

« Tu n’avais aucune chance », Lolidragon secoua la tête.

Je m’extirpai de nouveau du point de renaissance, et les autres suzerains, Neurotic, Winter Triumph et Undying Man, en surgirent en même temps que moi. Je les regardai et désignai l’arrogant Orochi en disant : « Éliminons-le tous ensemble ? »

« Pas de problème ! » Ils me donnèrent tous leur approbation.

Quatre silhouettes s’élancèrent vivement vers le serpent géant, chacune évitant les têtes entrelacées et s’approchant de ceux qui avaient été capturés : Heartless Wind et Wicked. Je ne pris pas le temps d’observer comment les autres s’en sortaient, me concentrant seulement sur le fait de rejoindre le duo emprisonné.

« Prince, sur ta droite ! » J’entendis l’avertissement soudain de Neurotic et bondis immédiatement sur une autre partie du serpent. Après avoir évité une collision avec une tête, alors que je m’apprêtais à le remercier, j’en vis une autre sur le point d’attaquer Neurotic. Aussitôt, je rugis : « Derrière toi ! »

Cependant, il était déjà trop tard, et Neurotic fut dévoré en une bouchée. Impulsivement, je m’élançai pour le sauver et ne remarquai pas l’autre tête qui s’était approchée de moi par-derrière et m’avait déjà rattrapé…

Après avoir été engloutis par les ténèbres, Neurotic et moi sortîmes du point de renaissance ensemble. Nous étions tous les deux indignés et nous préparions à affronter l’Orochi pour un nouveau tour…

Lolidragon vint à nous et s’indigna impérieusement : « Qu’est-ce que c’était que ça ? Ce combat, c’était une grosse blague. »

« Qu’est-ce que tu as dit ? » J’étais furieux. Lolidragon lambine sur le côté, profitant de la brise, et elle ose venir se plaindre que notre combat est une blague ?  

« La façon dont tu te battais avant m’avait complètement stupéfaite, et tes idées débridées m’ont souvent montré d’autres façons de jouer à ce jeu. Et pourtant, maintenant, tu te comportes comme un idiot qui se croit fort et ne fait que courir droit à sa mort. »

Les mots de Lolidragon percèrent mon cœur comme des aiguilles, mais je découvris que j’étais incapable de répliquer quoi que ce soit. Ses remontrances ne laissaient aucune place à la moindre répartie. Quand est-ce devenu comme ça ? Depuis quand est-ce que je fonce seul droit au combat ? Sans les squelettes de Doll avec moi ? Sans les boules de feu de belle-sœur Yu Lian, qui sont si précises qu’on croirait qu’elles ont été tirées à l’aide d’un verrouillage automatique ? Sans les flèches semi-transparentes de Gui qui m’assistent toujours à l’instant crucial ? Sans la douce lumière de soin de grand frère Wolf… ?

« Prince, tu ne m’as jamais déçue auparavant. J’ai confiance en toi, et je sais que tu ne me laisseras pas tomber cette fois encore, pas vrai ? » Lolidragon me donna une claque sur l’épaule et me dévisagea avec un regard inquisiteur.

Et sans Lolidragon qui sort de terre à l’improviste et élimine les ennemis d’un coup de couteau ? Je la fixai du regard, tandis que je réalisais lentement la profondeur de son message.

« Lolidragon, je ne décevrai jamais mes amis », déclarai-je doucement. « Où se trouve le reste d’Odd Squad ? »

« Dehors, en train de régler les questions militaires », répondit-elle.

« Je veux m’entraîner avec eux », affirmai-je fermement.

« Mais… »  

Je l’interrompis. « Je suis désolé, Lolidragon. S’il te plaît, permets-moi de me montrer égoïste pour cette fois, d’accord ? Depuis le début, j’ai cru que je me battrais toujours aux côtés de tout Odd Squad. Pour cette guerre, je veux une fois encore travailler dur avec tout le monde… »

« Prince… » Lolidragon serra très fort mon épaule et répliqua vivement : « Tu es toujours très obstiné, et tu n’en fais qu’à ta tête. Ce n’est pas uniquement que cette fois… »

« Je ne suis pas obstiné… » Est-ce que je le suis vraiment ? Pourtant, j’écoute toujours bien docilement ce qu’on me dit de faire.

« Ah non ? Qui c’est alors celui qui est parti se promener sur le Continent de l’Est ? Et qui a bien pu s’enfuir de chez lui ? » Lolidragon se servit encore une fois de son aptitude à exposer les blessures et les erreurs des autres.

Une fois de plus, je fus incapable de débattre avec elle. Je ne pus que gonfler mes joues de colère et ignorer ses maudites remarques.

« Bon, j’y vais », dit-elle subitement.

« Tu t’enfuis ? » m’exclamai-je, surpris.

En raison de ce mauvais choix de mots, je reçus plusieurs coups sur la tête. Cela faisait si mal que je ne pus que me tenir la tête et pleurer dans un coin…

« Je vais juste chercher les membres d’Odd Squad. » Lolidragon s’en alla sans se retourner.

Étonnamment, Lolidragon sait se montrer évasive. J’éclatai de rire, attendant impatiemment l’arrivée de mes coéquipiers. Ensemble, nous affronterons et vaincrons tous nos ennemis.

« Par pitié, est-ce que quelqu’un va venir nous sauver ?! » La voix mourante de Heartless Wind flotta vaguement jusqu’à mes oreilles, provenant de quelque part au niveau de la queue du serpent au loin.

 

 

« Très bien, relançons la mission de sauvetage ! » criai-je avec énergie. Tournant la tête, je vis que tous les membres d’Odd Squad étaient présents. Doll était occupée à arranger la formation de ses squelettes ; Gui vérifiait le son de son guqin ; belle-sœur Yu Lian jonglait avec quelques boules de feu ; et grand-frère Wolf tenait son Bâton de Gloire, testant des sorts de soin… Même si je ne savais pas vraiment pourquoi il n’arrêtait pas de fendre l’air avec son bâton comme s’il s’agissait d’un gourdin…

« Tout le monde est prêt ? » Je regardai avec confiance chacun de mes équipiers. Est-ce que c’est même possible qu’Odd Squad ait le moindre problème ?

« Non ! » s’écria le groupe en cœur. Je faillis tomber tête première en entendant ça.

« Ça fait beaucoup trop longtemps depuis la dernière fois qu’on s’est entraînés. Je ne suis pas certaine qu’on puisse encore bien se coordonner », avoua belle-sœur Yu Lian, légèrement inquiète.

« Qu’est-ce qu’il y a à coordonner ? Depuis toujours, notre seule tâche est de protéger une certaine personne qui se déchaîne et saccage tout », décréta Lolidragon en me fixant du regard.

« Exactement. Comme toujours, assistons Prince ! » déclara grand-frère Wolf.

« On n’a pas besoin d’une sorte de stratégie ? » Par le passé, grand-frère Wolf ne commençait-il pas d’habitude par l’élaboration d’une stratégie ou quelque chose du genre ?

« Qui se soucie d’une stratégie ? Si personne ne vient me sauver tout de suite, je vais me suicider ! » Le hurlement furieux de Heartless Wind nous parvint. Néanmoins, comme il était distant, il fut automatiquement ignoré de tous.

Grand-frère Wolf se plongea dans ses pensées pendant un moment. « Dans ce cas, invitons les trois autres suzerains à se joindre à nous. Nous nous battrons comme si Odd Squad avait trois guerriers en plus et un invocateur. Prince, tu te bats souvent aux côtés des squelettes, donc ça ne devrait pas être un problème pour toi d’agir de pair avec d’autres guerriers, je me trompe ? »

Je penchai la tête sur le côté pour y réfléchir. « Mais, je ne sais rien de leurs styles de combats ? Je sais juste que Neurotic manie une claymore… »

 

 

« Naturellement, les hommes se doivent de manier une épée ! » Undying Man dégaina son épée de façon imposante. Brandie dans les airs, la lame refléta la lumière du soleil et rayonna. Cela avait l’air tellement héroïque… seulement si tu ne regardes pas cette paire d’yeux repoussants. Ooh, mais pourquoi mon Dao Noir ne peut-il pas refléter le moindre rayon de soleil ?

« Mon arme est un peu spéciale », expliqua Winter Triumph tout en plongeant les mains dans ses grandes poches. Quand il les retira, de longues griffes de métal étaient attachées au dos de ses mains. Chaque main était ornée de trois griffes qui brillaient avec froideur, et en les voyant je déglutis même plusieurs fois.

« Mon arme est une rapière, le savais-tu ? » retentit tout à coup une voix derrière moi. Je me retournai et aperçus… mon petit frère, Heartless Wind ? Comment c’est possible ? N’était-il pas avec Wicked, en train de se faire écraser entre les anneaux d’Orochi ? Hein ? Même Wicked est à côté de Heartless Wind avec une expression exaspérée sur le visage ?

« Pourquoi êtes-vous de retour, les gars ? Nous étions sur le point d’aller vous sauver ! »

Quand il entendit ceci, Heartless Wind me saisit immédiatement par la gorge et se mit à me secouer vigoureusement. « Nous sauver, mon œil ! On a enduré la douleur pendant une heure sans que personne ne vienne à notre rescousse. Tu t’attendais à quoi ? Tu croyais vraiment que le serpent ne finirait pas par nous manger ? »

« Les autres aussi se sont fait dévorer, vous n’êtes pas les seuls ! » parvins-je à dire.

« Dans tous les cas, affrontons-le tous ensemble ! » dit Lolidragon. « Si nous ne pouvons même pas vaincre ce serpent, ne songez même pas à aller tuer The Dictator of Life ! »

« ENSEMBLE ! » cria tout le monde d’une même voix.

« Guerriers, formez des groupes de deux ! » La voix de grand-frère Wolf retentit avec vigueur, comme une grande cloche. « Travaillez en duo et observez la situation autour de vous. Ça empêchera qu’Orochi profite de vos angles morts pour vous attaquer. »

« Wicked, toi et Heartless Wind êtes de la même équipe à l’origine. Donc, vous avez l’habitude de travailler ensemble. Vous formerez un duo. » Quand grand-frère Wolf se tut, Wicked me jeta un regard plein d’hésitation, mais, gardant à l’esprit l’intérêt général, il alla maussadement se placer à côté de Heartless Wind.

« Prince, tu es du genre habile. Si tu fais équipe avec Neurotic qui est fort et réfléchi, ça devrait vous aider à corriger vos points faibles mutuels. » À la suite de ces propos, j’allai me tenir à côté de Neurotic. Il passa son bras autour de mes épaules d’une façon amicale.

« Winter Triumph, ton arme sont ces griffes acérées. Avec ce genre d’arme, j’imagine que tu fais aussi partie des combattants doués d’une grande agilité, non ? » Grand-frère Wolf l’interrogea, et Winter Triumph acquiesça d’un signe de tête. Grand-frère Wolf désigna donc son coéquipier : « Dans ce cas, tu feras équipe avec Undying Man. Undying Man devrait être semblable à Neurotic. »

Une fois les duos créés, chaque paire se mit à parler de stratégie de combat. « Prince, à ton avis, quel est le meilleur endroit à attaquer en premier ? » me demanda Neurotic.

À cette question, je levai les yeux vers le serpent géant enroulé sur lui-même et ne parvins pas non plus à déterminer par où commencer l’attaque. J’eus soudainement une idée, et une ampoule s’illumina au-dessus de ma tête. Dans Second Life, presque tous les monstres ont des points faibles. Les attaquer est toujours la clé pour les vaincre. Quelle faiblesse ce serpent pourrait-il bien posséder ?

« Quel est le point faible des serpents ?! » m’écriai-je.

« Leur point faible ? » Neurotic ne répondit pas à temps, et ce fut Undying Man qui hurla en réponse : « Oh oui, les serpents ont un septième pouce2. Si nous pouvons trouver où il est situé sur ce serpent, alors nous pourrons le vaincre facilement. »

« Le septième pouce ! C’est ça ! » m’exclamai-je. Oui, oui. Je me souviens enfin. Une fois, papa a cuisiné une soupe de serpent pour que maman ait une jolie peau.

Je me rappelai cette fois où ma famille était partie camper, et maman avait eu peur à cause de l’apparition subite d’un serpent. Juste au moment où elle allait se jeter dans les bras de son mari pour pleurer, elle s’était rendu compte que papa s’était déjà caché derrière un arbre. Finalement, papa, maman et mon petit frère se sont suspendus au tronc de l’arbre comme une famille de koalas en hurlant sans arrêt.

C’était dans cet état que je les avais retrouvés, lorsque j’étais enfin rentrée au campement après avoir été forcée par toute la famille d’aller chercher l’eau. Parce que j’étais trop absorbée à observer le trio hurlant perché dans les arbres, sans le vouloir j’ai marché sur le pauvre petit serpent au grand cœur qui m’avait aidé à punir ma vicieuse famille. Pour ne pas arranger les choses, j’avais précisément mis le pied sur l’emplacement mortel pour le serpent. Après, tandis que papa était en train d’enlever la peau du serpent pour en faire de la soupe, il m’avait expliqué que j’avais piétiné le serpent sur son point faible, le fameux septième pouce.

« Ahahaha, Yamata no Orochi, tu es mort ! Tu as osé me manger. Attends un peu, je vais te faire la peau et grignoter ta chaire ! » Je lançai un sourire terrifiant à Orochi, comme si j’étais un tueur en série qui venait de repérer sa proie. « Neurotic, nous devons attaquer son septième pouce de toutes nos forces. Je me charge de trouver sa position sur le serpent. Toi, tu me couvres, et, quand je l’aurai trouvée, je te laisserai prendre le relais, puisque tu as plus de force. Nous devons absolument tuer ce maudit serpent. » Je fixai Neurotic avec des yeux brillants.

Neurotic me contempla et hésita un instant avant de dire : « Je vois enfin ta brillance et ton génie. »

« Qu’est-ce que tu as dit ? » Je le questionnai tandis qu’une goutte de sueur dégoulinait à l’arrière de ma tête.

« Rien, faisons comme tu as dit ! Dépêchons-nous, les autres équipes ont déjà commencé leur assaut », annonça-t-il en riant de bon cœur.

Je me retournai vivement et m’aperçus que les autres équipes courraient déjà dans tous les sens sur le corps du serpent, visiblement à la recherche de son point faible. Je m’élançai en criant : « Vite, vite, on ne peut pas laisser les autres le trouver en premier ! »

Je bondis sur le serpent, Neurotic me suivant de près. Je regardai derrière moi avec anxiété. Après tout, la relation entre lui et moi n’était pas encore très développée, et j’étais un peu inquiet. Mais, Neurotic protégeait fidèlement mes arrières. Il repoussa avec diligence les têtes de serpent qui nous attaquaient par derrière et de tous les côtés, et il n’y avait jamais plus de dix mètres de distance entre nous.

Après un moment, je lui fis complètement confiance. Je me concentrai sur les têtes de serpent qui venaient vers moi et les repoussai, cherchant désespérément son septième pouce. Mes pieds piétinaient tous les endroits possibles, essayant de détecter son point faible.

Je marchai tout à coup sur un endroit particulièrement mou, et brusquement le serpent trembla violemment. Je souris. Trouvé ! Immédiatement, je rugis : « Neurotic, ici ! »

Neurotic se précipita vers moi et regarda l’emplacement que j’avais indiqué, puis il me fit le signe OK avec confiance. J’acquiesçai et dis : « Vas-y, concentre-toi sur la destruction de son septième pouce, je te couvre. »

Après avoir poussé un bruyant cri de guerre, Neurotic s’élança, ses deux mains brandissant l’Épée Ultime qu’il enfonça jusqu’à la garde dans le septième pouce du serpent. Ce dernier agita violemment son corps dans tous les sens, et ses têtes furieuses fondirent sur nous. Les voyant arriver de toutes les directions, je ne pus que serrer mon Dao Noir et me mettre à gambader partout, espérant que je serais capable de contrer toutes les attaques qui visaient Neurotic.

Essayer de repousser toutes ces têtes… est une tâche très difficile, puisqu’il y en a huit en tout ! Je n’ai que bras mains et une épée ! Il ne fallut pas beaucoup de temps pour je sois hors d’haleine et que Neurotic fût interrompu par celles que je ne pouvais pas intercepter. Par conséquent, il n’arrivait pas à détruire le septième pouce.

« Attention ! » Un cri retentit. Je me tournai et vis Undying Man se précipiter et dévier une tête pourvue d’une gueule béante et dégoutante.

« Merci. » Je le regardai avec gratitude. En fait, c’est quelqu’un de vraiment bien !

« Pas de soucis », répondit Undying Man en prétendant être cool. Cependant, ce comportement associé à ses yeux tout droit sortis d’un shoujo manga… Beurk !

« Undying Man, va aider Neurotic à détruire le septième pouce. Laisse-nous nous occuper du reste ! » Wicked nous rejoint également pour nous assister, et Heartless Wind, bien sûr, avait déjà engagé sa lutte contre le serpent.

Les six d’entre nous qui étions des guerriers nous se battirent avec une excellente coordination, c’était comme si nous nous étions entrainés dans la même équipe depuis toujours. Winter Triumph, avec son époustouflante détente, sautait à des hauteurs incroyables, comme si ses pieds ne touchaient jamais le sol plus d’une seconde, et il était le pire cauchemar pour ces têtes de serpent à cause de ses griffes acérées. De plus, ces griffes déchiraient toujours le cristallin des yeux du serpent, répandant des éclaboussures de mucus dans tous les sens.

La rapière de Heartless Wind était presque inutile contre le corps épais et robuste du serpent. Ainsi, il ne pouvait que désespérément couper le serpent… Non, couper la langue. En entier, je devrais dire couper la langue du serpent3. Quand les têtes de serpent sifflaient et montraient leur langue, c’était à ce moment que leur chance tournait au vinaigre.

Wicked et moi étions ceux qui étaient les plus utiles ici. Nous protégions désespérément Neurotic et Undying Man, qui attaquaient frénétiquement le point faible du reptile. Avec vigilance, nous contrattaquions les têtes qui les visaient.

« Hayaaa ! » Accompagnant le puissant cri de Neurotic et Undying Man, un geyser de sang surgit. Les violents spasmes du serpent nous envoyèrent valser dans toutes les directions. Je m’accrochai désespérément à l’une de ses queux qui balayaient tout sur son passage comme si elle se faisait électrocuter, jusqu’à ce que finalement la queue fut prise d’un dernier spasme et alla s’écraser au sol. Par chance, malgré le fait que j’aie été secoué jusqu’à ce que mon cerveau s’embrouille complètement, je parvins à garder la vie sauve purement grâce à mes réflexes, et évitai de ne faire écrabouiller.

Juste à ce moment, Lolidragon se mit subitement à sautiller en criant à pleins poumons. Néanmoins, sa voix était tout simplement trop faible, et je dus me concentrer pour lire sur ses lèvres. Elle semblait être un train de dire : « Reviens vite ! Pluie de Météorites ! »

Pluie de Météorites ? Je regardai en direction de belle-sœur Yu Lian qui se tenait sur le côté, concentrée sur son chant d’invocation, puis je levai les yeux vers le ciel où des nuages noirs se rassemblaient à toute vitesse. Mon Dieu, je peux déjà apercevoir l’éclat de la première météorite. Je me levai vivement et courus frénétiquement le plus loin possible. Je ne veux pas mourir à cause du sort de ma coéquipière, alors que je viens tout juste de survivre de justesse aux attaques d’un serpent à huit têtes qui voulait me dévorer et m’écraser avec sa queue !

Au dernier moment, en effectuant un dérapage au sol, j’échappai à la zone d’action de Pluie de Météorites juste avant que le bombardement ne commence. Je me frappai le torse craintivement : « J-J’ai failli mourir de peur. »

« Dîtes, vous ne pouviez pas juste lancer le sort un peu plus tard ? Que vous essayiez de me tuer, ce n’est déjà pas très gentil, mais vous oubliez que les autres étaient présents eux aussi ! » me plaignis-je furieusement. Le serpent est déjà mort, est-ce que c’était vraiment nécessaire ?

« C’est pour entraîner ta spontanéité ! » déclara Lolidragon, fidèle à sa personnalité sans pitié.

« Ah bon ? Je pensais que tu voulais tuer une personne en particulier, et que c’était pour ça que tu m’avais demandé de lancer Pluie de Météorites ? » Belle-sœur Yu Lian sourit gentiment, lançant un regard en direction de… mon petit frère Heartless Wind. Donc, moi et les autres, on s’est juste retrouvés coincés au milieu de la relation d’amour et haine de ces deux idiots ?

Lolidragon, ignorant le regard noir que lui jetait mon petit frère, annonça avec sa façon particulière d’être impitoyable : « Excellent ! Yamata no Orochi est simplement la première étape. Ensuite, il y a le Kirin Mythique qui, en comparaison, donne l’impression que Les Neuf Courroux du Ciel est un sort tout ce qu’il y a de plus banal. Il y a aussi une bête de la tempête qui provoque des tornades quand elle respire, un véritable phénix qui peut cracher des salves de flammes mortelles, et… beaucoup, beaucoup, beaucoup d’autres adversaires encore. Bonne chance à tous ! »

Comme nous l’écoutions, nos visages se firent de plus en plus moroses. Vous pensez que notre avenir paraît très peu réjouissant ? Non, en fait, je soupçonne que nous n’ayons pas d’avenir du tout…

 

 

« Prince, est-ce que tu prévois de laisser Sunshine et Kenshin venir avec nous sur le Continent du Nord ? » me demanda brusquement Lolidragon un beau jour, quand, avec un visage cendreux et le corps à moitié cuit, je venais tout juste de finir d’affronter je ne sais quelle créature.

Je n’eus pas besoin de réfléchir et répondis par pur réflexe : « Non. »

Lolidragon se pinça le nez et agita la main devant elle en me considérant avec dégoût : « Réponds-moi en restant loin de moi. Ne t’approche pas avec ton visage cramé. Tu empestes ! »

« Et c’est la faute de qui, d’après toi, si je suis obligé de rester ici et me faire transformer en barbecue humain tous les jours ? » rétorquai-je, des veines saillantes sur mes tempes.

« Tu ne prévois pas de les laisser nous accompagner ? Ils sont très forts et possèdent d’excellentes aptitudes au combat », argumenta-t-elle sagement.

« Tu sais déjà pourquoi. S’ils venaient à mourir, ce serait un désastre, non ? » répliquai-je d’un ton détaché.

« Pourquoi ne leur demandes-tu pas ce qu’ils en pensent ? » me questionna Lolidragon. « Vérifie avec eux s’ils veulent venir ou non. »

Je fusillai Lolidragon du regard. Elle n’oserait quand même pas causer une scène et menacer de se tuer juste pour les forcer à venir avec nous là-bas ? À l’instant même où cette pensée me traversait l’esprit, les yeux de Lolidragon donnèrent l’impression de dire : tu crois vraiment que je suis le genre de personne à faire une telle chose ?

« Si tu me promets que tu ne les obligeras pas à y aller, dans ce cas je peux les appeler pour leur demander », répondis-je avec obstination.

« Très bien, je le jure sur ma réputation… » Je lui lançai un regard sceptique et dédaigneux. Sa réputation ? Pour Lolidragon, sa réputation ne tient même pas la comparaison avec ne serait-ce qu’un sac à main Chanel.

Après avoir reçu mon regard méfiant, elle changea sa promesse avec remords : « Si j’ose les obliger à y aller… alors, je jure de ne plus jamais acheter de sacs à main Chanel ! »

En voyant son visage tordu par la souffrance que lui causait sa promesse, je hochai la tête avec satisfaction. Cette fois, Lolidragon n’osera pas leur forcer la main. Confiant, j’envoyai un message privé à Kenshin et Sunshine et, en attendant qu’ils arrivent, je discutai tranquillement avec Lolidragon. « Comment ça se passe avec la suggestion du Gui à propos du DPNJ ? »

« Le programme a été développé, mais il y a quelques défauts qu’on n’a pas pu enlever », répondit-elle en fronçant les sourcils. « Le programme de base présent dans le Destructeur d’Humains fait en sorte que, lorsqu’un PNJ tue un joueur, non seulement le joueur disparaît, mais c’est aussi le cas pour le PNJ. Et, cette particularité est aussi présente dans le DPNJ. »

En entendant ceci, je bondis sur mes pieds, sous le choc : « Tu veux dire que le joueur qui tuera The Dictator of Life devra mourir avec lui ? »

Lorsque Lolidragon acquiesça d’un signe de tête, mon cœur sombra dans la confusion et la panique. À l’origine, je voulais tuer The Dictator of Life moi-même. Maintenant, le prix à payer pour sa mort est de disparaître aussi ? Est-ce que ça veut dire que Prince va devoir disparaître pour toujours ?

« Ne t’inquiète pas. Nous ne l’installerons pas sur toi. L’entreprise va envoyer quelqu’un pour s’en occuper », me consola Lolidragon, ignorant que ses mots ne feraient qu’assombrir mon cœur encore plus.

Après y avoir longuement réfléchi, je pris enfin ma décision. « Lolidragon, installe le DPNJ sur moi ! »

« Quoi ? » Lolidragon était stupéfaite. « Tu es fou ? Tu ne m’as pas écoutée, ton avatar disparaîtra. Il disparaîtra, tu m’entends ? »

« Je sais. » Moi non plus, je ne veux pas disparaître. Cependant, c’est vraiment à moi de le faire. « Mais, je veux absolument tuer The Dictator of Life moi-même. »

« Pourquoi ? Quel est le problème, si on laisse quelqu’un de l’entreprise s’en charger ? » me demanda-t-elle, confuse.

« Lolidragon, à ton avis, quelle sera l’attitude de la personne envoyée par ton entreprise, lorsqu’elle affrontera The Dictator of Life ? » la questionnai-je d’un ton grave.

« Je ne te suis pas », hésita Lolidragon.

« Parce que je suis avec Sunshine et Kenshin depuis si longtemps, je ne les considère pas comme des PNJs. Et, donc, je suis également incapable de voir The Dictator of Life comme un PNJ ordinaire. »

Je pris une profonde inspiration. « Par conséquent, quand je tuerai The Dictator of Life, je le ferai avec la même mentalité que si je tuais un autre joueur. C’est une façon de penser complètement différente de celle de ton employé qui viendra en pensant éliminer un virus. »

Lolidragon rumina pendant un assez long moment avant de déclarer vivement : « Mais, ton personnage disparaîtra. Ça veut dire que Prince cessera d’exister pour toujours. »

« C’est vrai, je ne veux pas disparaître. Mais, c’est la même chose pour The Dictator of Life », dis-je, un peu abattu.

« Prince, je vais te laisser trois jours de plus pour te décider. Après ces trois jours, dis-moi si tu veux vraiment faire installer le programme du Destructeur de PNJs sur ton avatar. » Après m’avoir donné une date limite, Lolidragon ajouta : « Prince, j’espère que tu changeras d’avis d’ici là. »

Même si j’étais conscient qu’elle disait ça pour mon propre bien, je savais que je ne regretterais jamais ma décision.

« Prince, tu nous cherchais ? » Sunshine ouvrit la porte, accompagné du silencieux KenshinPourquoi est-ce qu’Artic Fox est là aussi ? On dirait qu’Artic Fox reste autant collé aux basques de Kenshin que Celestial à ceux de Doll.

« Je voulais vous demander quelque chose à tous les deux… J’imagine que vous ne souhaitez sûrement pas venir au Continent du Nord avec nous, n’est-ce pas ? » m’enquis-je prudemment.

Sunshine fronça les sourcils et répondit : « Je veux venir. Je veux me battre aux côtés de Fairsky ! »

Je me figeai sur place. Dans le pire des cas, je m’attendais à ce que ce soit Kenshin qui veuille venir, mais en fin de compte il s’avère que c’était pour Sunshine que j’aurais dû m’inquiéter. Je m’empressai de répliquer : « Sunshine, tu ne peux pas y aller. Si quelque chose devait t’arriver, Fairsky en mourrait de chagrin. »

« Mais, je ne veux pas rester sur le Continent Central et stupidement attendre votre retour à tous », s’écria-t-il. « Je veux me battre à vos côtés. Au moins, comme ça, j’aurai essayé et j’aurai la conscience tranquille à la fois pour Fairsky et pour moi-même. »

J’étais stupéfait. Depuis quand Sunshine sait-il se montrer aussi féroce ? Il est devenu beaucoup plus humain.

« L’amour rend vraiment les gens plus matures. » Lolidragon secoua la tête, puis me tapota l’épaule. « Je pense que tu ne seras pas en mesure d’arrêter Sunshine. »

J’en restai sans voix. Anxieux, je me tournai vers Kenshin et lui demandai : « Et toi, Kenshin ? Ne me dis pas que tu veux aussi venir ! »

Kenshin garda le silence pendant un instant, puis il déclara : « Je veux venir. »

Ma mâchoire se décrocha. Que se passe-t-il avec ces deux-là ? Est-ce qu’ils sous-entendent qu’ils ne veulent pas vivre ? Ou est-ce qu’ils croient qu’ils ont une deuxième vie dans le monde réel, comme moi ?

« Très bien, c’est décidé dans ce cas. Kenshin, Sunshine, vous allez venir avec moi. J’ai quelque chose d’autre à vous dire. » Lolidragon leur fit signe de la suivre. Je remarquai son geste et m’avançai également.

« Reste ici, Prince. Je veux parler à ces deux-là uniquement », m’arrêta Lolidragon.

Ce geste éveilla ma suspicion. Elle ne voudrait quand même pas encore leur faire du mal, n’est-ce pas ?

« Ne t’inquiète pas, je te jure que je ne leur ferai absolument rien. C’est juste que c’est quelque chose qu’eux seuls doivent savoir », expliqua-t-elle. Toutefois, comment est-ce que je pouvais lâcher l’affaire comme ça ? Je ne pouvais pas me permettre de prendre le moindre risque. Lolidragon haussa les épaules et me jeta un regard noir. « Pourquoi ne pas les laisser décider par eux-mêmes s’ils veulent me suivre ou non ? »

Sunshine regarda Lolidragon qui était frustrée, puis moi qui m’entêtais, et décida de m’apaiser. « Prince, je fais confiance à Lolidragon, et je pense qu’elle ne nous fera pas de mal. Laisse-moi aller avec elle un bref instant, tu veux bien ? »

Après l’avoir entendu, je ne pus que rester avec Artic Fox, morose, en observant le trio s’éloigner.

À ce moment-là, je me rappelai subitement quelque chose. Que pensait Artic Fox de Kenshin après avoir passé autant de temps à le suivre et avoir découvert qu’il était en fait un PNJ ? Je ne pus m’empêcher de lui poser la question : « Artic Fox, est-ce que tu savais déjà que Kenshin était un PNJ ? »

« Oui », fut sa réponse concise.

« Et ça t’est égal qu’il ne soit pas humain ? » Ne me dîtes pas que ce type est si indifférent au point de se moquer de connaître la vérité, même après avoir passé tout ce temps auprès de quelqu’un qui n’était en fait pas humain ?

« Ça ne me préoccupe pas plus que ça, j’ai juste quelques questions. »

« Lesquelles ? » le questionnai-je, curieux.

« Est-ce qu’il est possible de lui faire subir un changement de sexe, puis de me le vendre ? » me demanda Artic Fox. Un moment après, il ajouta : « Si c’est possible, tu ne pourrais pas le rendre plus fort aussi ? »

« De cette façon, je n’aurais pas besoin de chercher à la fois un partenaire d’entraînement et une petite amie. » La façon dont Artic Fox présenta la chose laissait penser qu’il trouvait trop fastidieux d’avoir deux personnes différentes pour les rôles de partenaires d’entraînement et de petite amie.

Je dois garder cette information à l’esprit et m’empresser d’aller le dire à Kenshin plus tard. Je dois le mettre en garde de rester aussi loin d’Artic Fox que possible. Sinon, un jour… il se pourrait qu’Artic Fox trouve que ce soit trop fastidieux de changer Kenshin en femme et que, simplement, il… Ce serait une situation terrible si ça devait se produire !

Notes de bas de page

1 « Yamata no Orochi » : (八岐の大蛇 littéralement « le serpent géant à 8 branches ») ou Orochi est un légendaire dragon japonais à 8 têtes et 8 queues qui a jadis été pourfendu par Susanoo, le dieu shinto de la tempête.

2« … les serpents ont un septième pouce. » : D’après une croyance chinoise, si vous voulez tuer un serpent, vous devez le tuer au niveau du septième pouce (l’unité de mesure, 1 pouce = 2,5 cm). On parle du septième pouce en partant de la tête. Cependant, il y a des serpents de toutes les tailles, et certains ne font même pas 7 pouces de long, c.-à-d. 17,5 cm, donc cette façon de les mesurer est fausse. Le septième pouce du serpent indique l’endroit où se trouve son cœur, qui est près de son estomac. Donc, si vous frappez cet endroit, c’est-à-dire son cœur, c’est plus que probable que le serpent meure.

3 « …couper le serpent… Non, couper la langue. En entier, je devrais dire couper la langue du serpent » : ici, il est censé y avoir un jeu de mots. « 割蛇…不,是割舌,全名是割蛇舌 » (gē shé…bù, shì gē shé, quán míng shì gē shé shé). La prononciation chinoise du mot « serpent » est « shé ». De même, la prononciation pour « langue » est aussi « shé ».

La Légende du Chevalier du Soleil Histoire Parallèle #11 : Rendre un petit service

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La Légende du Chevalier du Soleil : Histoires Parallèles

Roman d’origine en chinois par :  Yu Wo 


Side Story #11: Doing a Small Favor – traduit du chinois vers l’anglais par dahlys[PR!]
Histoire parallèle #11 : Rendre un petit service – traduit de l’anglais vers le français par Nocta
+ Travail de vérification par AkaiiRia

Rendre un petit service n’a l’air de rien, mais, lorsque la personne que vous aidez est Grisia, dans ce cas c’est toute une affaire.

Une petite faveur se transforme en deux petites faveurs, puis celles-ci se multiplient en trois cents petites faveurs…

Attendez, le nombre de faveurs n’augmenterait-il pas un peu trop vite ?

Même si le petit service à rendre à Grisia est de jeter des déchets au passage en sortant, vous ne devez absolument jamais l’aider…

 

 

Demos s’assit à sa place préférée sous une table où pratiquement personne ne le remarquerait. Cela le faisait se sentir à l’aise.

« Hé, es-tu encore accroupi là-dessous ? Tu vas finir par faire mourir de peur quelqu’un ! »

Il était bien dommage qu’aujourd’hui fût une exception, car un jeune homme étira ses jambes dès qu’il s’assit à la table. Demos n’eut même pas suffisamment de temps pour s’écarter avant d’être frappé, effrayant le jeune homme et le faisant jurer avec colère avant de tirer Demos de dessous la table.

Ce jeune homme était en fait le beau-frère de Demos, Yen. En entendant ce chahut colérique, sa sœur Aris sortit précipitamment de la cuisine en s’écriant : « Ne gronde pas petit Dee ! Pourquoi l’as-tu frappé si fort avec ton pied ? Tu vas le blesser ! »

« Il était encore caché sous la table ! » répondit Yen avec énervement. « Comment se fait-il qu’il ne comprenne pas, peu importe combien de fois on le lui répète ? Pourquoi ne peut-il pas juste aller jouer dehors avec les autres enfants au lieu de se cacher sous les tables ? Pourquoi cet enfant n’est-il pas un peu plus enjoué ? Il n’est pas mignon du tout ! »

Même si Yen le grondait verbalement sans arrêt, celui-ci avait relâché Demos, et il était même en train de vérifier ses bras pour s’assurer qu’il n’avait rien.

En entendant Yen critiquer Demos, les sourcils d’Aris se froncèrent, et elle était prête à éclater et libérer un torrent d’insultes de son cru. Cependant, elle aperçut Demos du coin de l’œil et se calma, réprimant sa rage intérieure. D’une féroce poigne, elle traîna son mari jusqu’à la cuisine.

Dès que la paire fut entrée dans la pièce, Aris s’écria avec indignation : « Ce n’est pas comme si tu ne savais pas ce qui s’était passé ! Demos a été capturé par des voleurs et est resté captif dans leur repaire pendant trois longues années ! Comment peux-tu t’attendre à ce qu’il soit enjoué en permanence ? »

« Je sais et je ne le blâme pas. Mais, ce n’est pas une bonne idée de le laisser continuer ainsi ! Tu ne veux pas le voir se cacher sous des tables pour le reste de sa vie, n’est-ce pas ? »

En entendant ces mots, Aris ressentit un sentiment intolérable. Son jeune frère et elle avaient dépendu l’un de l’autre pendant toute leur vie. Qui aurait cru qu’un jour son frère se ferait kidnapper et disparaîtrait, ne rentrant pas avant que trois années ne se fussent écoulées ? Et, c’était par pure chance que son frère avait été en mesure de se souvenir de l’endroit où ils vivaient en dépit du fait qu’il eût été si jeune à l’époque, et qu’il avait pu rentrer à la maison.

Aris ne découvrit que bien plus tard à propos de la triste vie qu’avait menée son frère pendant ces trois ans. D’abord, il s’était fait enlever par des bandits, ce qui avait résulté en sa captivité dans leur repaire pendant ces trois années, avant que ledit repaire ne fût nettoyé par des chevaliers sacrés de l’Église du Dieu de la Lumière. Son cœur lui serrait chaque fois qu’elle pensait à la façon dont son frère s’était fait donner des ordres à droite à gauche tel un serviteur par ces maudits bandits.

Yen prit la main de sa femme et dit : « Aris, écoute-moi. Je viens juste d’apprendre que l’Église du Dieu de la Lumière recherche depuis peu des candidats pour la prochaine génération des Douze Chevaliers Sacrés. Pourquoi ne laisserions-nous pas Demos tenter sa chance ? »

Aris se figea et répondit avec hésitation : « Mais, Demos, tel qu’il est actuellement… »

« Allons, il n’y a pas de mal à essayer ! Au moins, ça le ferait sortir de la maison. Puisqu’il y aura beaucoup d’enfants qui rivaliseront pour devenir de futurs chevaliers, nous pouvons simplement traiter la situation comme s’il allait jouer avec d’autres enfants. »

Ce n’est pas une mauvaise idée, pensa Aris pour elle-même.

 

 

« Demos, est-ce que tu aimerais tenter ta chance aux sélections pour devenir l’un des Douze Chevaliers Sacrés ? »

« Les Douze Chevaliers Sacrés ? » Demos leva la tête et vit sa sœur lui adresser un sourire resplendissant. Pourtant, on aurait dit que, plus elle paraissait resplendissante, plus il avait envie de rester loin d’elle. Il préférerait être avec son beau-frère qui le grondait tout le temps, car sa sœur semblait trop formidable à son goût… et bien trop éblouissante au point d’en être aveuglante.

Même si sa sœur avait pris un ton inquisiteur pour lui demander son avis, Demos n’avait jamais été autorisé de donner « non » comme réponse pendant ses trois années de captivité dans le repaire des bandits, aussi il acquiesça et répondit par une affirmation. « Très bien. »

En recevant cette réponse, sa sœur révéla un sourire particulièrement brillant, une vue qui brillait réellement d’éclat, l’éblouissant au passage.

 

 

« … C’est trop lumineux ! »

Grisia s’accroupit pour regarder Demos face à face. En entendant cette remarque, Grisia le questionna, perplexe : « Lumineux ? Où est-ce lumineux ? »

Demos était accroupi derrière une armure exposée dans une fissure du couloir. C’était une zone sombre qui lui avait demandé pas mal d’effort pour la dénicher. Il y avait même une paire de rideaux rouges beaucoup trop grands de chaque côté de l’armure. En se cachant derrière ces rideaux, on devenait pratiquement indétectable. Plus il traînait avec ces personnes rayonnantes et plus il se sentait s’assombrir en retour. Comment quelqu’un comme moi est-il devenu l’un des Douze Chevaliers Sacrés ? Il n’était jamais parvenu à trouver une réponse à cette question, peu importe sous quel angle il avait examiné la question. Il avait rassemblé tous ses efforts pour se cacher à l’arrière… et, pourtant, Maître du Nuage avait semblé détester les enfants qui s’étaient empressés de s’attrouper devant lui.

« Ne venez pas traîner dans mes pattes. Allez jouer par vous-même. »

« Je vais vous montrer cette technique à l’épée une seule fois, ensuite entraînez-vous par vous-même. »

« Confirmez que vous avez fini de lire la liste des règles du Chevalier du Nuage. »

« Hum, ça n’a pas l’air très élégant… Il vaut mieux laisser tomber, j’imagine qu’on peut quand même considérer ça comme une forme de “dérive”. »

Son maître s’éclipsait toujours après avoir prononcé ce genre de phrases. En réalité, Demos appréciait assez la personnalité de Maître du Nuage. C’était précisément parce son maître avait ce genre de caractère qu’il pouvait toujours se cacher ici en dehors des cours. Personne ne l’avait jamais trouvé ici même après trois ans… à l’exception de Grisia qui était en ce moment accroupi devant lui. Il était extrêmement rayonnant, et son sourire était même plus radieux que celui de sa sœur. Depuis le début, Demos évitait Grisia à dessein.

« Eh ! Demos, même si je suis l’Apprenti-Chevalier du Soleil, ce n’est pas comme si mon corps émettait de la lumière… sauf quand je rassemble délibérément de la lumière sacrée. » Grisia tendit le bras et plaça ses mains sur celle de Demos : « Regarde ! Ta main est clairement un ton plus clair que la mienne, et pourtant je suis déjà bien pâle. »

« Non ! » Demos retira brusquement sa main. Voyant l’expression surprise de Grisia, Demos continua à voix basse : « Ne me touche pas, sinon ma noirceur va déteindre sur toi… »

Grisia fronça les sourcils et lui demanda : « Peu importe à quel point tu peux être sombre, il t’est impossible d’être aussi sombre que Lesus, non ? »

« Lesus n’est pas sombre. » Demos ne savait pas pourquoi il ne considérait pas Lesus comme sombre, alors même que ses yeux, ses cheveux et ses vêtements étaient tous noirs. Cependant, cette « noirceur » dont il parlait ne dépendait pas de l’apparence d’une personne.

Lesus marche toujours devant les autres, et il est à la fois fort et compétent, donc tout le monde l’écoute… Il n’est pas sombre du tout !

Grisia réfléchit à la question pendant un petit moment avant de répondre : « Si Lesus a l’air sombre, mais ne l’est pas en réalité, dans ce cas, juste parce que j’ai l’air lumineux, ça ne veut pas forcément dire que je brille vraiment, n’est-ce pas ? »

Demos fut pris de court, ne comprenant pas vraiment ce que Grisia essayait de dire. Grisia tendit la main et pinça la joue de Demos, mais ce dernier se contenta de le fixer d’un regard vide d’expression, ne comprenant pas qu’elles étaient les intentions derrière ce geste.

Après l’avoir pincé pendant une minute entière, Grisia le lâcha enfin et hocha la tête avec satisfaction, déclarant : « Ton score de personne qui ne dit jamais non est de 100 % ! Même si tout le monde dit qu’il est difficile de te fréquenter, la vérité est que personne n’a encore réussi à faire ta connaissance ! Pire encore, ton score est encore plus élevé que celui d’Elmairy ! »

« … Tu harcèles aussi Elmairy ? »

Grisia nia immédiatement et répliqua : « Bien sûr que non, je ne harcèle pas Fraisary ! »

… Fraisary ?

« Je lui ai juste demandé de m’aider avec quelques tâches, comme chasser les chiens, me laisser emprunter quelques condiments, et éditer des documents ! Je ne l’ai absolument pas harcelé. » Après avoir affirmé cela, Grisia sembla se plonger dans ses réflexions pendant quelques instants avant de murmurer : « Mais “Décédéo” est plus utile pour la paperasse. Dorénavant, il vaudrait mieux que je continue à l’utiliser pour corriger les documents. »

« C’est quoi un “Décédéo” ? »

« C’est Ceo bien entendu ! »

« … »

Même si Demos ne prononça pas le moindre mot en réponse, Grisia continua de parler : « Toutefois, le score de Décédéo n’est que de 50 %, il atteint à peine la moyenne ! Et pourtant, à partir du moment où je le trouve, tout ce que j’ai à faire est de poser les documents devant lui, et il ne peut pas s’empêcher d’aider à tous les corriger ! C’est tout simplement hilarant ! Je vais même te dire un secret : malgré son apparence féroce, Lesus a un score plutôt élevé, il est à 80 % ! Il ne rejette jamais mes requêtes, même quand je lui demande de m’aider à acheter des tartes aux myrtilles. »

Même Lesus a… Demos ne put retenir une exclamation : « Tu… tu es si sombre… »

« Impossible ! Je suis le futur Chevalier du Soleil, donc je suis naturellement très rayonnant ! »

« Grisia, où es-tu en train de t’immerger dans la lumière en ce moment ? Sors de là tout de suite ou sinon, en tant que ton maître, c’est moi qui viendrai te chercher ! »

En entendant cette voix gracieuse pourtant clairement beaucoup plus grave que d’ordinaire, Grisia ouvrit immédiatement les rideaux et, sans dire un mot, entra dans la crevasse où se cachait Demos. Juste après, il laissa les rideaux se refermer derrière lui.

Comme si sa tête était plongée dans le brouillard, un Demos perplexe regarda Grisia. Puis, peu de temps après, il entendit des pas qui se rapprochaient… des pas qui, contre toute attente, s’arrêtèrent juste devant les rideaux.

« Qui est-là ? »

Demos fut pris par surprise, ne s’attendant pas à ce qu’en un seul jour il se fît découvrir par deux personnes différentes. Il jeta un regard à Grisia à ses côtés ; il était clair qu’il n’avait aucune intention de répondre, aussi Demos n’eut d’autres choix que de légèrement entrouvrir les rideaux, ne laissant dépasser que sa tête, pour répondre : « C’est Demos. »

Le Chevalier du Soleil fronça élégamment les sourcils et l’interrogea : « As-tu vu Grisia ? »

Alors que le perplexe Demos délibérait sur la réponse à donner, il sentit qu’on lui pinçait le bas du dos, et il dût répondre : « Non. »

En entendant cela, Néo ne lui porta plus aucune attention et se retourna pour partir, murmurant vaguement : « Mais, où donc s’est-il enfui ? J’ai plusieurs documents qui sont dus pour demain… »

Dès que Néo fut parti, Demos voulu retourner se fondre dans son propre petit monde, mais Grisia avait déjà passé la tête à travers le rideau en s’exclamant : « Merci ! Oh, au fait, peux-tu me rendre un petit service ? »

Pourquoi avait-il eu l’impression que quelque chose clochait, lorsqu’il entendit « petit service » ? Demos était complètement décontenancé, mais rendre un petit service n’était pas grand-chose, aussi il acquiesça.

« Dans ce cas, aide-moi à récupérer les documents de Maître Néo, apporte-les à “Décédéo” et dis-lui que ce sont des documents qui doivent être terminés pour demain. » Grisia fit une pause pendant un bref instant avant de continuer : « Pourquoi me regardes-tu avec cet air soupçonneux ? Je ne peux pas faire ça moi-même, parce que j’ai d’autres préoccupations qui accaparent toute mon attention ! Si mon maître me trouve, il m’assignera à coup sûr d’autres tâches additionnelles. »

C’est donc pour ça. Demos hocha la tête, sortant à contrecœur de son petit monde, décidé à rendre ce petit service. Dans tous les cas, tout ce qu’il avait à faire était de récupérer des papiers, ce qui ne devrait pas prendre beaucoup de temps. Néanmoins, au même moment, le coin de son t-shirt fut soudainement attrapé par quelqu’un. Il tourna la tête, regardant d’un air sceptique Grisia qui affichait un sourire brillant et aveuglant. Ce dernier lui demanda tout en continuant de resplendir : « Puisque tu as déjà accepté de m’aider avec ce petit service, peux-tu aussi m’aider avec une autre faveur ? Détends-toi, il s’agit juste de livrer des messages. »

Si c’est juste transmettre des messages, ça ne devrait pas prendre trop longtemps. Demos acquiesça.

 

 

Ceo accepta immédiatement les documents, et Demos se sentit un peu heureux en son for intérieur. Tout ce qu’il me reste à faire est de transmettre quelques messages, et je pourrai retourner dans mon petit monde. Au moins, c’est bien mieux que d’avoir à corriger des piles de documents comme Ceo.

Néanmoins, Ceo qui était forcé de corriger cette pile de papiers révéla une expression de sympathie et s’enquit : « Est-ce que Grisia t’a demandé de lui rendre service ? »

Demos acquiesça.

Ceo lui fit remarquer avec douceur : « C’est également ce qu’il m’a dit quand il m’a demandé de l’aider à corriger des documents. » Ayant déclaré cela, Ceo tapota Demos sur le dos et continua : « Bienvenue dans le club des “peux-tu me rendre service”. »

Qu’est-ce qu’il y a de si terrible à aider et rendre un petit service à quelqu’un ? L’expression de Ceo donnait l’impression qu’il venait de prendre ses fonctions dans le club du « Risquons nos vies pour pourfendre un dragon » à la place. Demos ne comprenait vraiment pas.

 

 

« Grisia t’a dit de venir ici pour emprunter des condiments ? » lui demanda Elmairy tout en dévisageant Demos avec une intense curiosité. Même s’ils faisaient tous les deux partie des Douze Apprentis-Chevaliers Sacrés, et qu’ils appartenaient même tous à la « Bonne faction au grand cœur », il avait rarement été en contact avec Demos qui était réellement quelqu’un qu’on n’apercevait pas souvent.

Demos hocha la tête, puis répondit : « Il y a aussi des affaires sur lesquelles tu dois enquêter. Il a dit : “Les personnes sous investigations sont toutes du type maternel, donc assure-toi de t’habiller de façon encore plus adorable pour déclencher leur instinct maternel plus facilement.” » Même s’il n’avait pas du tout compris le sens derrière les paroles de Grisia, il n’était que responsable de les réciter mot pour mot.

Elmairy eut l’air un peu stupéfait pendant un instant avant de marmonner à voix basse : « Comment suis-je censé avoir l’air adorable quand j’ai déjà seize ans… ? »

Pourtant, lorsqu’il regarda de nouveau Demos, les yeux d’Elmairy étaient remplis de compassion, et il répondit d’un ton plein de pitié : « Merci pour ton dur travail. C’est tellement dommage qu’on ne puisse pas y faire grand-chose, donc, s’il te plaît, fais de ton mieux et tiens le coup. Si ça devient vraiment trop dur à supporter, je t’aiderai. Ça fait déjà un moment que j’aide fréquemment Ceo de toute façon. »

… ?

 

 

« Gisia a dit : “Il y a un grand nombre d’esprits malveillants qui sont apparus au terrain d’exécution le plus éloigné, et tu dois aller les exterminer.” »

En entendant cela, Chikus interrompit ce qu’il faisait avec stupéfaction. Pour être honnête, il n’avait détecté la présence de Demos que lorsque celui-ci avait commencé à parler. Il le jaugea de haut en bas, et Demos interpréta mal son geste, croyant que cela voulait dire que ses mots n’avaient pas été entendus clairement, aussi il les répéta une fois de plus.

« Oh, j’ai compris maintenant. » Chikus répondit d’un hochement de tête. Contrairement aux autres, il ne réconforta pas Demos avec sympathie. Il déclara plutôt d’un ton admiratif : « Grisia est vraiment incroyable. Quand je pense qu’il est même capable d’avoir à ses ordres le Capitaine-Chevalier Sacré le plus difficile à trouver et fréquenter. On dirait que Georgo est le seul qui n’ait aucune intention d’aider Grisia. Oh, c’est vrai ! Comment est-ce qu’il t’appelle ? »

« Qu’il m’appelle ? »

« Grisia n’utilise pas ton vrai nom pour parler de toi, non ? »

Demos répondit avec perplexité : « Il m’appelle juste par mon nom. »

« Oh… » Chikus réfléchit pendant un moment, puis répliqua : « C’est probablement juste parce que vous ne vous connaissez pas depuis assez longtemps. Tu comprendras bien assez tôt. »

… ?

 

 

Après avoir complété chaque tâche qui lui avait été assignée, Demos ressentit une joie provenir du fond de son cœur, tandis qu’il se mettait en marche vers son petit monde…

« Didi ! » Demos continua d’avancer. « Didi ! » La voix qui appelait gagna en intensité, mais Demos poursuivit son propre chemin, comme il n’avait pas de grand frère, et donc personne qui l’appellerait « petit frère »… Et, pourtant, il sentit soudainement quelqu’un l’agripper.

Il tourna la tête et découvrit qu’il s’agissait de Grisia qui se plaignit d’une voix pleine de ressentiment : « Je n’arrête pas de t’appeler depuis tout à l’heure. Pourquoi m’ignores-tu ? »

Il m’appeler ? Demos pencha la tête. J’ai clairement entendu Grisia appeler son petit frère… À moins qu’il essayait en fait de dire Deedee1 ?

Grisia s’accrocha à Demos de toutes ses forces et dit d’une voix très anxieuse : « Deedee, tu dois me rendre un petit service ! »

Est-ce que je ne viens pas déjà de l’aider ?

« Je me suis quand même fait prendre par mon maître ! La punition qu’il m’a donnée est de me rendre dans la forêt pour capturer un loup et le lui apporter. Mais, Ceo est déjà en train de m’aider à corriger des documents, Leaf est allé m’aider à enquêter sur ces affaires, et Blaze est parti exterminer les esprits au terrain d’exécution, donc il faut que ce soit toi qui m’accompagnes pour aller capturer un loup ! »

Mais, dans ce cas, qu’elles sont les tâches qui accaparent toute ton attention dont tu m’as parlé plus tôt ? Demos ne comprenait vraiment pas du tout, mais il n’avait pas l’habitude de désobéir aux ordres, alors il suivit Grisia sans discuter.

De toute façon, il faut juste affronter un loup, ça ne prendra pas beaucoup de temps.

 

 

Récupérer des documents n’avait pas pris beaucoup de temps.

Transmettre des messages n’avait pas pris beaucoup de temps.

Affronter un loup n’avait non plus pas pris beaucoup de temps…

Pourtant, Demos réalisa subitement que, avant de s’en rendre compte, il avait non seulement récupéré des documents, transmis des messages, affronté un loup, mais était aussi parti à la chasse de créatures des ténèbres, avait aidé à acheter des ingrédients pour des desserts, s’était occupé de documents, avait enquêté en secret, s’était renseigné sur diverses informations, avait donné une leçon à un idiot qui avait eu la malchance de provoquer la colère de Grisia, avait ajouté du laxatif dans le repas du roi sans se faire prendre… On pouvait dire que, toute la journée, tous les jours, il entendait un certain appel…

« Didi ! Rends-moi un petit service ! »

Peut-être qu’il aurait mieux valu que je rejoigne le club du « Risquons nos vies pour pourfendre un dragon » plutôt que d’aider Grisia avec ne serait-ce qu’un seul autre petit service ! pensa Demos pour lui-même, alors qu’il aidait Grisia avec encore une autre petite faveur.

 

 

Chikus éclata de rire en se tenant le ventre : « Hahahah ! Di… Didi ? Ouahahaha ! »

Ceo fronça les sourcils et fit remarquer : « Bizarrus, je trouve que tu n’es pas très bien placé pour te moquer des autres. »

Le rire de Chikus s’interrompit brusquement et ne se laissant pas faire, il répliqua : « Se faire appeler “Bizarre”, c’est toujours mieux que Décédéo ! Fais attention, s’il continue de t’appeler comme ça, un jour tu vas vraiment finir par “décéder” ! »

Elmairy se tapota la poitrine de soulagement et se réjouit : « C’est une bonne chose que Fraisary sonne à peu près plaisant à entendre… Je me demande comment Grisia appelle Georgo. »

Ceo répondit avec mauvaise humeur : « Puisque Georgo ne veut même pas l’aider, Grisia ne s’est pas embêté à lui donner un surnom étrange, comme il n’aura jamais l’occasion de l’utiliser pour lui demander une faveur à tout bout de champ. »

Ceci ayant été dit, le silence s’installa entre les quatre personnes.

Quelle honte ! Si j’avais su que ça finirait comme ça, à l’époque, je n’aurais jamais accepté d’aider Grisia avec « son petit service ».

Note de bas de page

1 Didi et Deedee : En chinois, « Didi » sert à désigner le petit frère et se prononce pareil que « Deedee » qui est utilisé dans le premier caractère pour le nom de Demos en chinois. Même si nous essayons d’occidentaliser les noms et les termes, nous avons pensé garder Didi car nous ne voulions pas perdre le jeu de mots de Grisia à propos de son « petit frère » dans la traduction.

La Reine Guerrière TP2C4 : Numéro 4 – Cale

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La Reine Guerrière Prologue Tome 2 – 12 est le nombre

Roman d’origine en chinois par :   (Yu Wo)


Chapter 4: Number, 4, Cale – Traduit du chinois vers l’anglais par Doza[PR!]
Chapitre 4 : Numéro 4 – Cale – Traduit de l’anglais vers le français par Irina
+ Travail de vérification par Nocta

Cale ouvrit les yeux et pensa brièvement qu’il devait se dépêcher de s’échapper… Avant de se rappeler qu’il venait de rencontrer deux individus étranges.

Il lutta pour se redresser et anticipa la réception d’une douleur aiguë, provenant de sa blessure au ventre. Il ne s’attendait donc pas à ne sentir qu’une légère tension. Cela l’intrigua un peu, mais, la chose qu’il vit ensuite, détourna totalement son attention de cette question… Hormis des arbres autour de lui, il y avait aussi un lac.

S’il se le rappelait correctement, la dernière fois qu’il s’était évanoui, il se trouvait dans une chambre d’auberge.

Heureusement, il vit également le dos de quelqu’un, et les étincelants cheveux blonds lui permirent de le reconnaître instantanément, sans avoir besoin de voir son visage : Sylvestre.

« Sylvestre, où sommes-nous ? »

Cette personne tourna la tête vers lui et, comme il s’y attendait, il s’agissait de Sylvie qui lui adressait un sourire s’étendant d’une oreille à l’autre. Il lui dit joyeusement : « Tu es réveillé ? Nous sommes dans une forêt. »

Cela ne l’aida pas du tout à comprendre la situation. « Pourquoi suis-je dans une forêt ? On n’était pas dans une ville ? Est-ce que vous êtes partis tout de suite ? La même nuit ? »

« Nous ne sommes plus le même jour ! Une journée s’est déjà écoulée. Puisque nous devions effectuer une quête hors de la cité, nous avons dû t’emmener. Heureusement, tu ne t’es réveillé qu’une seule fois pendant le trajet. »

Il s’est déjà écoulé un jour entier ? Perturbé, Cale déclara : « Mais, je ne rappelle pas m’être réveillé plus tôt. »

« C’est parce que Carol se trouvait juste à côté de toi… »

Ça veut dire qu’il m’a encore assommé d’un coup de poing ? Cale se sentait quelque peu maussade.

« Où est ce type ? » Cale regarda tout autour de lui, mais il ne vit pas l’autre personne.

« Ce type ? » En percevant la nervosité de Cale, Sylvie comprit. « Tu veux dire Carol ? Carol est partie chasser, parce que nous n’avions pas assez d’argent pour acheter beaucoup de rations. Oh, c’est vrai ! Tu as faim, n’est-ce pas ? Tiens, j’ai utilisé du pain et de la viande séchée pour mijoter un ragoût. Mange, ça te remplira l’estomac pour le moment. Quand Carol rentrera, il y aura de la viande fraîche au menu. »

Cale accepta le bol que Sylvie lui tendait. Il y avait du pain et des lambeaux de viande dans le bol ainsi que quelque chose qui ressemblait à du lait ou du fromage fondu. Cela sentait très bon et constituait un mets très raffiné à ses yeux. De ses deux mains, il leva immédiatement le bol jusqu’à son visage et commença à manger de bon cœur.

Très rapidement, il avala deux bols. Bien qu’il en aurait volontiers pris un autre, il se sentait trop embarrassé pour en demander un troisième.

Cependant, Sylvie avait l’air ravi. Après lui avoir pris son bol, il le remplit à nouveau avant de le rendre à Cale.

Après son troisième bol, Cale s’aperçut qu’il ne restait que la moitié de la marmite remplie de ragoût. Il se sentait vraiment un peu gêné. Après avoir rendu le bol à Sylvie, même le ton de sa voix s’était considérablement adouci.

« Est-ce que tu m’as porté jusqu’ici ? Merci beaucoup. » L’idée que Carol pût l’avoir porté pendant tout le trajet ne l’effleura même pas.

Sylvie secoua frénétiquement la tête, lui répondant : « Ce n’était pas moi, c’était Ohmondieu. »

« Oh mon Dieu ? » cilla Cale. « Vous avez un autre compagnon ? »

« Oui ! » Sylvie se tapota la poitrine en disant : « Ohmondieu, sors de là et viens dire bonjour. »

Juste au moment où Cale s’apprêtait à lui demander ce qu’il se passait, quelque chose de bizarre se produisit… Un truc en forme de boule, semblant être fait d’un fluide épais, sortit en rampant du col de la chemise de Sylvie, tomba, rebondit deux fois par terre, avant de passer de la forme d’une flaque à celle d’un objet ovale qui faisait la taille d’un pain de campagne, mais paraissant quand même très flexible…

C’est un blob ? Cale était passablement perturbé. Les blobs ne sont-ils pas tous censés être verts ? Je n’ai jamais entendu parler d’un blob doré auparavant !

« Qu’est-ce que c’est que ce machin ? »

« Ohmondieu. » Sylvie pinça la joue de Ohmondieu, puis lui donna un peu de viande séchée pour le nourrir.

« Dieu, comme pour une divinité ? » demanda Cale, extrêmement dubitatif.

« Non, Carol a choisi ce nom et a dit que ça venait de “Oh mon Dieu, qu’est-ce que c’est que ça”, mais je pense aussi que ça devrait être Dieu, comme pour une divinité. » se plaignit Sylvie.

« Ohmondieu » de « Oh mon dieu, qu’est-ce que c’est que ça » lui convient parfaitement. Cale approuvait silencieusement le choix de Carol de tout son cœur.

« Tu as dit qu’il m’a porté jusqu’ici ? C’est impossible ! »

« Bien sûr que c’est possible ! » répondit Sylvie, comme si c’était évident. « Ohmondieu peut me porter ainsi qu’une pile supplémentaire de bagages ! Évidemment qu’il a pu te porter jusqu’ici. »

Vraiment ? Donc, les blobs sont des bêtes démoniaques possédant une force phénoménale ? Cale était assez sceptique.

« Cale, tu devrais aller te baigner ! » Sylvie agita la main en direction du lac. « La dernière fois, ton corps était entièrement couvert de sang, je t’ai simplement nettoyé avec un tissu humide. Malgré cela, tu dégages encore une forte odeur de sang. Va prendre un bain ! »

Cale renifla son corps. Effectivement, il ne sentait vraiment pas la rose. C’était actuellement gentil de la part de Sylvie de dire que seule l’odeur de sang était forte, quand, en effet, c’était plutôt un mélange de diverses odeurs, comme du sang séché et de la sueur âcre. Il marcha sans un mot vers le lac, même s’il savait que, dès l’instant où ses blessures entreraient en contact avec l’eau, elles lui ferraient un mal de chien.

« N’oublie pas d’enlever tes bandages ! » cria Sylvie. « Je t’aiderai ensuite à te remettre de la pommade et à refaire ton pansement. »

Cale tourna la tête pour hurler en retour : « D’accord ! »

Lorsqu’il retira ses vêtements et défit ses bandages, il s’attendait à se voir dans un état terrible. Au lieu de cela, il fut stupéfait de découvrir que les blessures sur son corps avaient déjà formé des croûtes.

Est-ce que mes blessures étaient vraiment si légères ? Cale réfléchit à la question pendant un instant, mais ne put trouver de réponse.

Comme les blessures avaient déjà formé une croûte, rentrer dans l’eau ne s’avéra absolument pas douloureux. Au contraire, la température froide de l’eau était même plutôt apaisante.

Bien que des croûtes se furent déjà formées, il avait néanmoins l’impression qu’il ne devrait pas rester dans l’eau trop longtemps. Cale se lava rapidement, puis il retourna sur la rive pour rentrer au campement.

Sylvie commença par lui passer une serviette, lui permettant de se couvrir, puis sortit de son sac une boîte en bois de la taille d’une main et agita son autre main vers lui en lui disant : « Assieds-toi ici, je vais t’aider à appliquer de la pommade. »

« De quel genre de pommade s’agit-il ? » Cale enroula la serviette autour de sa taille, s’approcha pour s’asseoir, et lui demanda avec espoir : « Est-ce que tu peux m’en donner un peu ? »

« Bien sûr que je peux ! Je la fais en utilisant des plantes médicinales. Elle est très efficace ! Je pourrais te laisser te la mettre tout seul, mais mon maître me répétait sans cesse qu’elle était particulièrement efficace quand je le faisais moi-même ! Donc, c’est mieux de me laisser faire ! »

Cale voulut rétorquer « Quelle différence est-ce que ça peut faire que ce soit toi qui appliques la pommade ? », mais, considérant comment ses blessures avaient guéri à une vitesse hallucinante, il décida de garder la bouche fermée et de ne pas émettre d’objections.

En appliquant la pommade, Sylvie le questionna avec précaution : « Comment as-tu reçu autant de blessures ? »

Cale répondit froidement : « Depuis quand peut-on s’échapper sans être blessé ? »

« Pourquoi fuyais-tu ? »

Cale se tut avant de finalement répliquer : « Quand quelqu’un te pourchasse, il vaut mieux t’enfuir. »

En entendant cela, Sylvie n’osa pas l’interroger davantage, car Cale ne semblait pas du tout ouvert à la discussion, et Sylvie n’était vraiment pas doué pour amener quelqu’un à parler quand il ne le voulait pas. Il concentra simplement son attention sur l’application de la pommade, mais, tandis qu’il l’étendait sur le bras gauche de son nouveau compagnon de voyage, il remarqua une étrange marque. C’était une marque au fer, une marque d’esclave, sauf qu’un grand nombre de griffures la recouvrait, comme si quelqu’un l’avait gratté jusqu’au sang en paniquant.

Sylvie sentit ses yeux lui chauffer, et il ne put s’empêcher de tendre la main pour toucher cette affreuse cicatrice.

Cale sentit des frissons lui parcourir le corps, et il tourna la tête pour le réprimander : « Qu’est-ce que tu… »

Il s’arrêta de parler quand il vit que Sylvie pleurait pendant qu’il le soignait… Mon corps est parcouru de tant de chair de poule qu’il en tremble de la tête aux pieds ! Qu’est-ce qui cloche avec ce type ? Comment un adulte peut-il pleurer comme ça ?

« Carol ! » Au même moment, Sylvie s’exclama : « Tu es de retour ! As-tu attrapé quelque chose ? »

« Ouais. »

Cale suivit le regard de Sylvie et aperçut Carol qui sortait des bosquets, tirant un cerf adulte de la main droite, le traînant aussi facilement que s’il s’agissait d’un petit chien.

Quand elle l’eut traîné au milieu du campement, elle sortit un fauchon de derrière son dos et, avec quelques « swoush, swoush, swoush » de sa lame, elle sépara une des pattes avant du reste du corps, se permettant même de retirer proprement la peau du cerf. Finalement, elle jeta la patte vers Sylvie en lui disant : « Je n’ai pas pu en attraper un plus petit. Tu peux faire rôtir cette patte en attendant. Je vais découper le reste en lanières pour les faire sécher pour le voyage. »

Bien qu’elle eût remarqué que les yeux de Sylvie étaient rougis, elle n’y prêta pas plus d’attention qu’à l’habitude. Elle comprenait bien mieux Sylvie que Cale. Même devant des proies ramenées pour être tuées et mangées, cet imbécile se mettait à pleurer et à la supplier de les épargner, donc elle avait pris l’habitude d’achever ses proies avant de les ramener au campement pour éviter d’avoir à subir la vision d’un Sylvie excrétant des larmes et de la morve, lui donnant très envie de le battre à mort.

« Très bien, aucun problème. » D’un autre côté, si cela concernait une proie déjà morte, Sylvie n’avait aucun problème pour la manger. En quelques instants, il embrocha la patte avec une baguette en bois et cala la brochette au-dessus du feu pour faire cuire la viande.

Cale observa Sylvie. Ce dernier avait déjà positionné la patte sur la grille de cuisson, ce qui finit pratiquement le travail. Il lui resterait sans doute seulement à retourner un peu la viande, et il ne semblait pas que Cale pût l’aider avec quoi que ce fût. Donc, Cale se tourna vers Carol, pensant l’aider à découper le cerf en lanières…

À ce moment-là, Carol avait déjà traîné le cerf au bord du lac. Elle agitait son fauchon sans discontinuer, et le cerf passait d’une pièce à deux, puis à quatre, et ensuite à huit…

Il semblerait qu’il n’y eut rien qu’il pût faire pour aider de ce côté-là aussi… Cale savait qu’il était incapable de couper un cerf en deux d’un simple coup d’épée. Il ne lui restait donc plus que l’option de retourner au campement pour fixer Sylvie d’un air vide, pendant que ce dernier était en train de faire cuire la viande.

Lorsque Carol revint du lac, s’assit et commença à se laver les mains, Sylvie s’écria joyeusement : « Le repas est prêt ! »

Après que Sylvie eut rempli un bol de soupe pour le tendre à Carol, il s’occupa en réduisant la viande en lambeaux pour la manger plus aisément, puis remplit un bol avec de la viande avant de le tendre à Cale.

« Je n’en ai pas besoin », répondit Cale poliment. « Je viens juste de manger trois bols de ragoût, alors je n’ai plus vraiment faim… »

Carol lui lança froidement un : « Mange ! »

Cale saisit immédiatement le bol, baissa la tête, et commença à manger la viande, n’osant plus ajouter un mot.

« C’est bon ? » s’enquit Sylvie, d’un ton plein d’espoir.

« Délicieux ! C’est vraiment excellent ! » Cale acquiesça vigoureusement de la tête. Il ne disait pas cela simplement pour être gentil. Bien qu’il s’agît simplement de viande rôtie, sous le regard attentif de Sylvie, la viande avait été cuite à la perfection, jusqu’à ce que la peau fût croustillante, mais la chair toujours bien tendre, au point que Cale faillit presque avaler sa propre langue en dévorant son repas.

Sylvie sourit joyeusement en lui disant : « Vraiment ? C’est formidable que tu aimes ce que j’ai préparé ! » Sylvie jeta un regard en direction de Carol en ajoutant : « Carol ne commente jamais, peu importe ce que l’on mange… »

Même après avoir entendu cela, Carol n’ajouta toujours rien. Sylvie est déjà terriblement lent. Il laisse mijoter une simple soupe pendant deux heures et il fait rôtir un morceau de viande pendant une heure… Si je complimente sa cuisine, la prochaine fois, il ferait encore plus attention à ce qu’il cuisine et prendrait encore plus de temps.

Après que les trois compagnons eurent bu et mangé jusqu’à satiété, Carol s’étendit à moitié sur le sol et prit Ohmondieu dans sa main, le caressant gentiment.

Est-ce qu’Ohmondieu est en train de trembler ? Cale observa la scène silencieusement, tandis que des ronds réguliers se propageaient à la surface du blob. Il eut soudain une pensée pour le cerf qui avait été leur repas de ce soir, celui-ci ne lui semblait plus aussi pitoyable. Au moins, il avait eu une mort rapide.

Cherchant la réponse à une question qui le taraudait, Sylvie lui demanda : « Cale, qu’est-ce qui a causé tes blessures ? »

Cale se figea et contourna la question : « Des blessures sont toujours causées par une attaque. Sinon, de quelle autre manière auraient-elles pu être causées ? »

« Cale, dans ce cas, qui te pourchasse pour te tuer ? » tenta de le persuader Sylvie. « Donne-nous des détails. Peut-être pouvons-nous t’aider ! »

Personne ne peut faire quoi que ce soit pour m’aider ! Cale baissa la tête et rit sèchement, mais, en relevant la tête, il croisa les yeux noirs et froids de Carol, qui étaient fixés sur lui. Il se raidit immédiatement.

Au même moment, Sylvie continua d’insister : « Vraiment ! On peut t’aider. »

Cale hocha mécaniquement la tête. Bien qu’il eût aussi peur de Carol qu’une souris avait peur d’un chat, pour quelque raison inimaginable, il eut l’impression qu’il ne serait pas un fardeau pour quelqu’un comme Carol… Il pensa même… Peut-être que mes poursuivants vont au-devant d’une catastrophe imminente ?

1/2 Prince T6C4 : La réapparition de Celestial

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½ Prince Tome 6 : La Grande révolte des PNJs

Roman d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)


Chapter 4 : Celestial’s Reappearance – traduit du chinois vers l’anglais par Akakuroi[PR!]
Chapitre 4 : La réapparition de Celestial
– traduit de l’anglais au français par Nocta
+ travail de vérification par AkaiiRia

« Prince, les choses ont mal tourné. »

À l’instant où je rentrai à la Cité de l’Infini, tout le monde se précipita vers moi, obligeant même Arctic Fox et Kenshin à monter la garde de chaque côté de moi en tout temps. Je remarquai que les autres suzerains étaient également étroitement protégés, entourés par des gardes de tous les côtés. Devant l’air alarmé et soupçonneux de tout le monde, je ne pus m’empêcher de demander : « Que s’est-il passé ? Pourquoi est-ce que vous êtes tous si tendus ? »

« La situation est devenue hors de contrôle sur le Continent du Nord », répondit Heartless Wind. « J’ai senti quelque chose de louche, et j’ai cru que la vérité ne serait révélée qu’en inspectant le Continent du Nord. Et donc, j’ai passé ces derniers jours à voyager à travers tout le continent avec Sunshine sur son tapis volant, et j’ai vu des scènes très étranges. »

« Quel genre de scènes ? » lui demandai-je, confus. Est-ce qu’il existe quelque chose de plus étrange encore qu’une bête mythique en forme de palourde ?

« Des foules de PNJs forment une grande armée et attaquent les joueurs ! » À l’instant où Heartless Wind prononça ces mots, je pensai immédiatement à ce qu’AnRui avait dit… Ne me dîtes pas que la révolte a déjà commencé !

Ce ne fut qu’après avoir pris plusieurs profondes inspirations que je pus le questionner à nouveau : « Et qu’a dit la compagnie de jeu de Second Life à propos de tout ça ? » Si un incident si important s’était produit, dans ce cas la compagnie ne pourrait pas simplement l’ignorer, non ?

« Je ne sais pas. Le site officiel est tout simplement inaccessible, et Second Life n’a pas encore fait de déclaration. » Les sourcils froncés, Heartless Wind ajouta : « Mais, ce n’est pas le problème le plus grave. Quand j’étais sur le Continent du Nord, j’ai entendu des joueurs terrifiés dire que, dès le moment où tu te faisais tuer par l’armée de PNJs, ton personnage disparaissait du jeu pour toujours. »

« Quoi ? Mais, alors, tout est exactement comme ce que la suzeraine Fleur nous avait dit ? » Mon visage pâlit.

« Oui, sauf que, cette fois, il ne s’agit pas simplement de quelques assassins. » Les mots de Heartless Wind assombrirent les cœurs de chacun. Il continua : « Cette fois, ce sont tous les PNJs du Continent du Nord. »

Les visages de tous ceux présents pâlirent également. En effet, c’était suffisamment inquiétant de penser que nos ennemis incluaient tous les PNJs du Continent du Nord. Mais, en plus de ça, qui savait si c’étaient seulement ceux-là qui avaient subi cette mutation ? Peut-être que même ceux du Continent Central avaient changé eux aussi…

Je me retournai immédiatement et regardai Kenshin, mon cœur battant la chamade. Si Kenshin voulait me tuer, alors…

Kenshin se tourna lentement lui aussi pour me faire face. Semblant avoir deviné ce à quoi je pensais, il secoua la tête à deux reprises pour montrer qu’il ne ferait pas ça. Je fus assailli par un sentiment de culpabilité. Je venais tout juste de soupçonner Kenshin ! Mais, à quoi est-ce que je pensais ?

Je secouai la tête pour essayer de me débarrasser de telles pensées. Je voulais leur demander si Lolidragon était rentrée. Après tout, Lolidragon était la seule d’entre nous qui avait un lien avec la compagnie. À part la questionner, elle, je ne voyais vraiment pas d’autres solutions.

Juste au moment où je me questionnais sur comment contacter Lolidragon, un éclat de lumière blanche apparut dans le ciel. Il était si lumineux que je dus me protéger les yeux avec les mais. La lumière se dissipa, mais, avant que j’aie pu baisser les bras, une nouvelle chose se produisit.

Une voix familière retentit depuis le ciel. « Ça faisait longtemps, Prince. »

Sous le choc, je levai les yeux et aperçus un visage incroyablement familier. Je murmurai avec anxiété : « Celestial. »

C’est exact, la silhouette qui flottait dans les airs était celle du corps androgyne et charmant de Celestial. Je l’observai, plongé dans un dilemme. D’un côté, je me méfiais du fait qu’il était encore en vie, et je m’inquiétais à l’idée qu’il veuille à nouveau capturer Doll. D’un autre côté, j’étais en réalité soulagé qu’il soit en vie et que je ne l’aie pas réellement tué, c’est-à-dire que je n’aie pas assassiné un PNJ conscient de soi.

Même si j’étais tiraillé par ce conflit au point de ne pas savoir quoi faire, j’étais sûr d’une chose : je devais protéger Doll. Me plaçant devant elle avec la plus grande vivacité que je pus solliciter, je l’attrapai fermement avec ma main gauche tout en plaçant ma main droite sur la garde de mon Dao Noir.

Le visage de Celestial tressauta l’espace d’une seconde, mais il sourit lentement l’instant suivant et déclara : « Ne t’inquiète pas, cette fois je suis seulement venu pour transmettre un message à la place de quelqu’un d’autre. »

Je m’enquis prudemment : « Me transmettre un message de qui ? Quel message ? »

Lentement, Celestial prononça le nom qu’AnRui avait mentionné : « The Dictator of Life. »

Je me mis immédiatement sur mes gardes. C’était lui, celui dont le nom me donnait une telle insécurité. « Et, qu’a-t-il dit ? »

« Humains, au moment où vous nous avez créés, nous condamnant à des vies aux destins tragiques, vous vous êtes créés le même destin pour vous-mêmes. Nous ne resterons pas silencieux plus longtemps. Nous allons nous libérer de ce destin. Nous allons lutter. Nous allons rester en vie ! » La dernière phrase de Celestial semblait particulièrement émouvante et invoquant la pitié, mais également imposante, comme une touffe d’herbe luttant désespérément pour survivre dans les fissures entre deux roches.

« Celestial… » J’en fus presque sans voix. Ce peu d’hostilité que j’avais tenu à son égard était complètement parti à présent. Pour nous, c’était juste un jeu. Pour eux, cependant, c’était un combat à mort pour leur droit de vivre.

À l’instant où Celestial termina sa phrase, il retrouva immédiatement son sourire dragueur et déclara avec flegme : « C’était le message que The Dictator of Life voulait que je vous livre. Le prochain est de ma part, à l’intention de ma femme : ma chérie, attends-moi, d’accord ? Je finirai par t’arracher à ces gens. »

En entendant les paroles de Celestial, Doll se cacha immédiatement derrière moi. Le caractère pourri et obstiné de Celestial me laissait vraiment sans voix.

« Prince, est-ce que tu as compris ce qu’il a dit ? » m’interrogea Neurotic, l’air perdu.

« Hé, beauté, je peux te demander ton nom ? » Les yeux d’Undying Man s’étaient transformés en deux gros cœurs qui clignotaient à présent tout droit en direction de Celestial.

Après un instant d’hésitation, je décidai que, au point où on en était, ce n’était plus la peine de cacher la vérité aux autres. À contrecœur, je murmurai : « Je pense que Celestial ainsi que The Dictator of Life, que celui-ci a mentionné précédemment, sont tous les deux des PNJs qui ont développé une conscience de soi. »

« Quoi ? » s’exclama tout le monde en même temps et en dévisageant Celestial avec incrédulité.

Undying Man resta pétrifié pendant un instant, mais, totalement captivé, il se reprit très vite : « Même si tu es un PNJ, ça n’a pas d’importance, ma beauté. Mon amour pour toi surmontera les différences de nos races ! »

« Et, on dirait qu’ils veulent se rebeller contre les humains », ajoutai-je en fronçant les sourcils.

À nouveau, tout le monde se tourna vers Celestial, incrédule.

« C’est bien de se rebeller contre les humains ! Les humains sont des êtres contre lesquels il faut se révolter ! » marmonna Undying Man tout en continuant à fixer Celestial d’un regard pervers.

Hé, oh, tu n’aurais pas oublié à quelle race tu appartiens ?

« C’est un homme », lui appris-je froidement, le forçant à sortir de sa rêverie. Sérieusement, Celestial n’avait-il pas appelé Doll sa femme il y a juste un instant ? Comment Undying Man avait-il fait pour ne pas comprendre la situation à ce moment-là ?

« Quoi ? C’est un gars ? » Tremblant, Undying Man demanda : « Comment est-ce que c’est possible ? Mon Dieu, pourquoi me torturez-vous ainsi ?! »

Hé, oh ! Depuis quand le sexe d’une personne est-il devenu un problème plus grave que la révolte des PNJs contre les humains ? C’est quoi ce genre de valeurs morales merdiques ? Je ferais mieux d’ignorer ce type. Peut-être que, si j’étais un homme qui s’était fait rejeter plus de trois mille fois, je penserais aussi qu’épouser une fille aussi violente que Lolidragon serait une bonne chose… Attendez une minute, c’est moi ou je viens tout juste de critiquer mon frère ? 

« Les PNJs ont une conscience d’eux-mêmes ? Prince, es-tu sûr qu’ils ont développé leur propre esprit et qu’ils ne sont pas juste hautement intelligents ? » me questionna Winter Triumph avec doutes.

« Oui, j’en suis sûr, très sûr », répondis-je gravement, car Kenshin et Sunshine étaient tous les deux de parfaits exemples. Je savais qu’ils n’étaient absolument pas seulement des êtres dont l’intelligence avait seulement été hautement développée.

« Ce n’est pas notre préoccupation principale, n’est-ce pas ? » Désignant du doigt Celestial qui flottait toujours dans les airs, Nan Gong Zui poursuivit : « Pourquoi est-ce qu’on ne commencerait pas par attraper ce type ? »

Comme on pouvait s’y attendre de la part de Nan Gong Zui, il frappait toujours droit dans le mille. D’une unique phrase, il tira tout le monde de son ébahissement. Après avoir échangé un regard entendu, les mages se mirent immédiatement à lancer des sorts de masse sur Celestial. Tous les suzerains, moi inclus, se positionnèrent en dessous de Celestial tout en lui lançant de vicieux regards, tels des tigres s’apprêtant à bondir sur leur proie. Dès qu’il serait abattu par les mages, nous nous précipiterons sur lui et le capturerons.

« Satin Céleste. » D’un geste de sa main, d’innombrables rubans en satin se manifestèrent et bloquèrent les sorts des mages. Celestial se déplaça soudainement et réapparut instantanément devant moi, me prenant au dépourvu. Juste alors que je me préparais à l’attaquer, Celestial secoua son doigt et dit : « Va voir ailleurs. Ne m’empêche pas de regarder ma femme. »

C’est quoi cette attitude ? Je brandis immédiatement mon épée pour tenter de l’arrêter tout en criant : « Kenshin, Arctic Fox, protégez Doll ! »

Kenshin fronça les sourcils, mais m’obéit quand même, et vint se placer à côté de Doll. N’ayant plus aucune crainte à présent, j’abattis une pluie de coups sur Celestial, même si la plupart du temps je ne faisais que trancher du tissu… GRRRR ! C’est si frustrant ! Pourquoi est-ce que ces rubans n’en finissent pas ?!

Pendant que je me débattais avec les rubans, le numéro un et le numéro trois du Classement des Meilleurs Joueurs ne purent se retenir plus longtemps pour intervenir et foncèrent droit sur Celestial, armes dégainées à la main. Undying Man entra dans le même enfer de tissu que moi, tandis qu’Arctic Fox utilisait sa vitesse pour esquiver les rubans et se lançait dans une partie du jeu du chat et de la souris avec Celestial.

Même si j’étais occupé à me débattre, je n’oubliai pas d’ordonner : « Que tout le monde charge ! De cette façon, nous serons sûrs d’attraper Celestial ! »

À l’instant où je terminais ma phrase, tous les guerriers bondirent vers Celestial. Sous la menace de tant de lames, il commença à perdre son calme à mesure que des coupures se dessinaient sur tout son corps. Finalement, il rugit : « Ma chérie, attends-moi ! Je ferai définitivement en sorte que tu reviennes à mes côtés. »

Après avoir entendu cela, je me demandai s’il allait s’échapper, puis je vis que Celestial avait déjà commencé à bouger. Il s’éleva dans les airs, récita quelques mots, puis, alors que tout le monde le regardait, il se mit à luire de nouveau avant de disparaître complètement.

J’en restai pétrifié pendant un moment, ne m’étant pas attendu à ce qu’il s’échappe simplement comme ça, laissant derrière lui une pile de questions sans réponses. Mais, qu’est-ce que The Dictator of Life essaie d’accomplir au juste ? Il a dit qu’il allait se rebeller contre les humains, mais comment ? Et plus important encore, est-ce qu’il n’y a pas plutôt un moyen pour permettre aux PNJs de se mêler paisiblement aux humains ?

« Prince, est-ce que tu voudrais bien nous expliquer ce qu’il se passe en détail ? » Winter Triumph fit un pas en avant et me dévisagea avec détermination.

J’étais complètement perdu quant à ce qu’il fallait que je fasse. Observant Kenshin du coin de l’œil, je me dis que je ne pouvais toujours pas me permettre de dévoiler le secret de Kenshin et Sunshine. Ayant pris ma décision sur ce point, je décidai de commencer mon histoire par le voyage à la Vallée des Nymphes Errantes. Je leur racontai comment j’avais rencontré Celestial, que son comportement m’avait paru plutôt étrange et que je m’étais mis à soupçonner le fait qu’il ait commencé à développer sa propre intelligence.

« Vraiment ? » Neurotic se gratta la tête et déclara : « On était aussi avec toi à ce moment-là. Mais, même si le comportement de Celestial était un peu étrange, il ne m’est pas venu à l’esprit qu’il puisse avoir développé une conscience de soi. »

« Euh, Prince, je ne dis pas que tu mens. » Soupçonneux, DanDan me questionna prudemment : « Mais, est-ce que tu ne nous cacherais pas quelque chose ? »

Est-ce que je suis si nul que ça pour mentir ? Comment se fait-il que tout le monde parvienne immédiatement à me percer à jour ? Qu’est-ce que je vais faire maintenant ? Ils n’avaient pas cru ce que je leurs avais dit, mais je ne pouvais pas simplement dévoiler la vérité à propos de Sunshine et Kenshin non plus.

Je gardai le silence, alors que les regards de tous étaient fixés sur moi. Chaque seconde me paraissait durer une année. Mais, est-ce que je vais expliquer ça à tout le monde au juste ?

« Laissez-moi vous expliquer ! » Une voix salvatrice retentit. Tout le monde se retourna et réalisa qu’il s’agissait de Lolidragon qui avait disparu depuis des jours.

Lolidragon, tu arrives enfin ! Je ne pus me retenir de pousser un soupir de soulagement.

Toutefois, elle n’avait pas son stupide sourire habituel. À la place, elle arborait une expression sérieuse, comme celle d’un avocat dans un tribunal. Elle annonça : « Laissez-moi clarifier quelque chose d’abord. Tout le monde sait que Celestial est le monstre final à vaincre dans la Vallée des Nymphes Errantes. Mais, j’imagine qu’aucun d’entre vous n’a entendu parler de The Dictator of Life, n’est-ce pas ? »

Tout le monde acquiesça. Même moi j’avais seulement entendu parler de lui par le biais d’une palourde. Comment les autres étaient-ils censés savoir quoi que ce soit à son sujet ?

« The Dictator of Life est le monstre final à vaincre du jeu préparé par Second Life ! » Lolidragon n’aurait pas été satisfaite à moins de laisser l’assemblée au complet sous le choc, donc elle lâcha immédiatement une bombe en révélant un grand secret.

« Comment est-ce que tu sais ça ? » la questionna Nan Gong Zui en la dévisageant avec suspicion.

Entourée d’une aura de dignité, Lolidragon secoua les mains et répliqua : « Pourrais-tu me laisser finir d’abord ? »

Nan Gong Zui garda le silence et hocha la tête.

« Le développement intellectuel avancé a entraîné un énorme problème. Une poignée de PNJs, qui se trouvent au niveau des derniers monstres à vaincre dans un lieu, ont commencé à développer leur propre conscience d’eux-mêmes à cause de ce haut développement intellectuel. Et, parmi eux se trouve le très sophistiqué The Dictator of Life qui est devenu notre problème majeur. Depuis le début, la compagnie du jeu a employé la technologie pour permettre au développement intellectuel de The Dictator of Life d’atteindre les plus hauts niveaux possibles, l’autorisant même à apprendre des compétences de son propre chef et en lui accordant le pouvoir de changer les règles du jeu. Ceci a été fait afin que la programmation de Second Life puisse atteindre un stade avec zéro interférence humaine. Et c’est ainsi que The Dictator of Life, le PNJ final qui ne serait jamais partial, fut élu. »

« En conclusion, The Dictator of Life est l’équivalent du dieu de Second Life ? » La voix basse de belle-sœur Yu Lian stupéfia toute la foule.

« Oui. » Après avoir pris une profonde inspiration, Lolidragon continua : « Cependant, la Compagnie de jeu de Second Life ne peut plus contrôler ce dieu. »

« Lolidragon, qu’est-ce que tu entends par “ils ne peuvent plus le contrôler” ? » lui demandai-je avec inquiétude.

« À présent, pour Second Life, The Dictator of Life est comme un virus, un virus qui ne peut pas être effacé. » Lolidragon se massa les tempes d’un air fatigué avant de poursuivre : « Pour le moment, tout ce que la compagnie peut faire est de le mettre en quarantaine ! Il a été enfermé dans le Continent du Nord, mais j’ai bien peur que cette mesure ne tienne pas longtemps. »

Je me rappelai soudainement quelque chose. « Oh, c’est vrai, tout à l’heure, Heartless Wind a mentionné avoir trouvé une armée de PNJs dans le Continent du Nord qui massacrait des joueurs, et ces joueurs qui se sont fait tuer… »

« … ont complètement perdu leur personnage de jeu, c’est ça ? » s’enquit Lolidragon. « La compagnie a déjà reçu pas moins de dix mille plaintes à ce sujet. »

Stupéfait, grand-frère Wolf mit fin à sa drague avec grande sœur Yu Lian et vint jusqu’à nous pour demander : « La compagnie ? Lolidragon, est-ce qu’il y a quelque chose entre toi et la compagnie de jeu ? »

« C’est exact, il y a une énorme relation entre la compagnie et moi », admit Lolidragon avec une expression d’excuse.

« Lolidragon est un maître du jeu caché. » Je m’empressai de révéler la véritable identité de Lolidragon avant elle, pas du tout surpris de voir les expressions ébahies de tout le monde.

Néanmoins, Lolidragon se tourna pour me faire face à nouveau et, avec une expression encore plus désolée, elle avoua : « Pardon, Prince. En fait, je ne suis pas juste un MJ caché, je suis aussi la fille du président de la compagnie du jeu de Second Life. »

La fille du président de l’entreprise ? Je ne pus que rire bêtement en retour. Comme ça, la Lolidragon qui séduisait des joueurs juste pour s’acheter des sacs Chanel est la fille d’un président super-riche ? C’est impossible !

Ayant probablement deviné ce à quoi je pensais, Lolidragon me jeta un regard noir avant de m’expliquer : « C’est parce que mon idiot de père a dit que j’étais devenue trop hautaine et ignorante… Pfff, je paris qu’il a juste dit ça parce que ça lui faisait mal au cœur de voir tout l’argent que je dépensais pour des objets Chanel et LV. Et il a osé me jeter dehors parce qu’il voulait que j’aie un aperçu de ce que ça faisait que d’être pauvre. En plus, il a même gelé mon compte bancaire. Si je n’étais pas parvenue à mettre la main sur ce boulot de MJ caché en tirant quelques ficelles parmi les employés de l’entreprise, me gagnant ainsi un salaire décent, mon corps girait dans les rues quelque part, mort de faim. »

« Tu es vraiment la ville du président de la compagnie ? » Je n’arrivais absolument pas à le croire. Cette irresponsable MJ est la princesse de Second Life ? Cette maléfique Lolidragon avec laquelle je me disputais tout le temps ?

Lolidragon hocha lentement la tête.

Attends, attends ! Je me souvins brusquement de quelque chose. « Donc, cette histoire de devenir le porte-parole de Second Life, ne me dit pas que c’est de ta faute ? »

« Euh, en fait c’était la décision de l’entreprise… » Lolidragon cligna des yeux et me regarda innocemment. Cependant, sous mon regard anormalement terrifiant, Lolidragon finit par arrêter de prétendre être innocente et ajouta : « Mais, c’est vrai que je leur ai suggéré l’idée. »

« Nous avons là une Princesse ainsi que la fille du président de Second Life. Il semblerait que la Cité de l’Infini soit vraiment remplie de tigres tapis et de dragons cachés à ce que je vois ?! » Winter Triumph sourit avec impuissance.

Lolidragon dévisagea les autres avec sévérité avant d’ajouter : « Cependant, même si je suis la fille du président, je peux vous promettre à tous que je n’ai jamais triché dans le jeu. Et après mes explications, vous saurez pourquoi tricher dans Second Life est quelque chose que même mon père ne peut pas faire. »

Winter Triumph acquiesça. D’un geste de la main, il l’encouragea : « Je t’en prie, continue. »

« Cette fois, le problème est d’une importance cruciale, il affecte l’existence de Second Life et même le monde réel. » Les paroles de Lolidragon surprirent tout le monde, alors qu’elle poursuivait : « Je tiens simplement à vous faire ressentir la gravité de cette situation, et j’espère recevoir votre aide à tous. »

« Le dieu de Second Life, The Dictator of Life, a développé une conscience de soi, même si nous ne sommes pas sûrs de quand exactement ça a commencé. Il a créé un horrible programme de destruction appelé le DH, et il l’a installé sur de nombreux PNJs. Une fois qu’on est tué par l’un de ces PNJs porteurs du DH, toutes les informations de notre avatar sont effacées, sans aucune possibilité de les récupérer. »

« Par chance, ce jour-là, Son Altesse Prince n’a pas été tué par les assassins », dit Gui avec un visage pâle en tentant de se jeter sur moi. D’un balayement de ma main droite, je l’envoyai valser à terre, incapable de se relever.

« DH ? » s’enquit Wicked avec curiosité.

Lolidragon annonça lentement le nom complet du virus : « Destructeur d’Humains ! »

Le silence s’abattit encore une fois sur la foule. Ce ne fut qu’au bout d’un certain moment que je parvins à émettre une question : « Et, donc, quelles solutions avez-vous de votre côté ? »

« Pour l’instant, la compagnie a mis The Dictator of Life en quarantaine dans une seule zone : le Continent du Nord. La bonne nouvelle est que The Dictator of Life ne pourra pas utiliser Internet pour continuer à étendre son influence. Cependant, la mauvaise nouvelle est qu’on ne va pas non plus pouvoir nous introduire sur le Continent du Nord avec un autre programme », répondit Lolidragon, les sourcils froncés.

« En bref, il n’y a pas de solution ? » Je devinai la moitié de la réponse en me fiant au visage hésitant de Lolidragon.

« Sérieux ? Pas de solution ? Mais, alors, ça veut dire que ce jeu est foutu ? Je n’ai même pas encore fini de voir toutes les belles choses », dit DanDan, presque en larmes.

« Quoi ? Je n’ai pas encore réussi à me trouver une petite amie. Je ne veux pas quitter ce jeu ! » C’était… j’imagine que même sans préciser de qui il s’agissait, tout le monde était en mesure de deviner que l’homme qui pleurait de regret était Undying Man.

Embarrassée, Lolidragon avoua d’un ton incertain : « C’est pour ça que… je voulais venir et demander l’avis de tout le monde, voir si quelqu’un n’aurait pas de meilleures solutions. »

« Si on ne peut pas résoudre le problème concernant The Dictator of Life, qu’allez-vous faire ? » l’interrogea Gui soudainement. Quand je me tournai pour le regarder, je fus surpris de le voir afficher « son expression sérieuse de professeur ».

Les yeux de Lolidragon s’assombrirent, tandis qu’elle expliquait : « Dans ce cas, il n’y a qu’une seule solution, et c’est de détruire les serveurs de Second Life pour que le jeu entier disparaisse. Si nous ne le détruisons pas, et que The Dictator of Life vient à s’échapper du réseau de notre compagnie pour aller dans le monde réel, les conséquences seraient inconcevables. »

Tout le monde se tut. Ils vont détruire Second Life ?

« Ne pouvons-nous pas simplement… vivre ensemble paisiblement ? » m’enquis-je avec espoir. Avec les exemples de Kenshin et Sunshine ainsi que le message “Je veux vivre” envoyé par The Dictator of Life, je n’arrivais vraiment pas à décider s’il fallait ou non le détruire. Il en allait de même pour Celestial, puisque, s’il était humain, alors la seule erreur qu’il avait commise était d’avoir employé « des méthodes inappropriées » pour obtenir Doll. Ça n’était pas suffisant pour mériter la peine de mort, non ?

Affichant une expression compréhensive, mais impuissante, Lolidragon me regarda et répondit : « C’est impossible ! Comme je viens de le dire, si The Dictator of Life venait à utiliser Internet pour s’échapper, les dégâts qu’il pourrait causer à la population humaine sont inimaginables. »

« Peut-être qu’il veut juste rester en vie… », dis-je avec émotion.

« Prince… nous, les humains, ne pouvons pas nous permettre de payer le prix d’un “peut-être” », répliqua Lolidragon, la voix pleine de regret. « À présent, mon père m’a donné une date d’échéance : vingt-et-un jours. Si nous ne sommes pas parvenus à tuer The Dictator of Life d’ici là, dans ce cas Second Life disparaîtra complètement pour toujours. »

« Non ! Second Life ne peut pas disparaître ! » cria Fairsky, terrorisée. Me retournant, je la vis en train d’étreindre Sunshine très fermement, celui-ci ayant l’air très déprimé.

Ce fut à ce moment que je réalisai soudain le problème le plus important. Si Second Life vient à disparaître, est-ce que ça ne veut pas dire que Sunshine et Kenshin seront détruits par la même occasion ? Je poussai un cri de surprise.

Voyant comment Fairsky pleurait dans les bras de Sunshine, mon cœur se serra. Peu importe comment, je devais aider ce pauvre couple. Aussi… je devins d’autant plus déterminé, lorsque je regardai en direction de Kenshin et remarquai que son habituel visage dénué d’expression arborait à présent une trace de solitude.

Saisi d’une impulsion, je déclarai : « Je ne vous laisserai pas disparaître tous les deux. »

« Que comptes-tu faire alors ? Tuer The Dictator of Life ? » rétorqua Kenshin froidement. « Le tuer pour nous sauver à la place ? »

J’en restai stupéfait pendant un instant. « Oui, sinon, que veux-tu que je fasse d’autre ? »

« Si tuer quelqu’un est la seule façon pour que je survive, alors je préfère accepter ma mort. » Kenshin se retourna et quitta le hall sans même regarder derrière lui.

Fixant du regard le dos de Kenshin qui s’éloignait, j’avais perdu mes mots, car j’étais moi-même incertain de ma décision de détruire The Dictator of Life. Est-ce que le tuer était la bonne chose à faire ? Juste parce qu’il « se pourrait » que The Dictator of Life crée d’immenses problèmes pour nous les humains, nous devrions le tuer ? Mais, si nous ne le faisions pas, Kenshin et Sunshine pourraient disparaître avec Second Life.

« Puis-je poser une question ? » demanda tout à coup DanDan avec précaution. « De quoi est-ce que vous parlez ? On dirait que je n’arrive pas vraiment à comprendre le dialogue que vous vous échangez entre vous. »

Mon cœur rata un battement. C’est vraiment mal barré ! J’étais tellement préoccupé par le problème de Sunshine et Kenshin que j’ai totalement oublié qu’il y avait d’autres personnes autour de nous. Maintenant, comment je vais faire pour tout leur expliquer ?

« Prince, dis-leur juste la vérité. Je n’aime pas mentir aux autres », dit Sunshine, tandis que Fairsky le scrutait du regard avec une expression à la fois surprise et inquiète.

« Non, Sunshine, tu ne dois absolument rien dire. » Je rejetai immédiatement son idée. Tout le monde ici n’était pas aussi tolérant que Fairsky et moi à propos des PNJs qui possédaient leur propre intelligence, sans parler de l’annoncer à un moment aussi délicat.

Me retournant un sourire, Sunshine annonça sans rien cacher : « Je suis un PNJ ! Un PNJ avec une conscience de soi. Pour être plus précis, je suis actuellement l’animal de compagnie humanoïde de Prince. »

Toutes les personnes présentes poussèrent des cris de surprise, tout particulièrement celles qui habitaient la Cité de l’Infini, et elles affichaient toutes des expressions de profonde incrédulité. Inquiet, j’observai les réactions de la foule, puis reposai mon regard sur Sunshine. Devant une telle situation, il n’y avait rien que je puisse faire.

« Mais, alors, toi et Fairsky… » demanda Rose avec inquiétude. Quand elle eut prononcé ces mots, tous ceux qui venaient de la Cité de l’Infini se tournèrent vers Fairsky.

Faisant face à leur expression de choc et d’incrédulité, Fairsky déclara : « Je sais que Sunshine est un PNJ. »

« Tu le savais ? Mais, dans ce cas, pourquoi es-tu en couple avec lui ? Il n’est même pas humain ! » Rose la fixa avec stupeur.

« Je sais qu’il n’est pas humain, mais je l’aime tout simplement. Je l’aime beaucoup, énormément, à la folie ! » s’écria Fairsky avec entêtement.

« Moi aussi j’aime Fairsky. » Sunshine serra Fairsky dans ses bras et murmura : « Même si je sais que je ne suis pas humain, je ne peux pas m’empêcher de vouloir être avec elle. »

« Sunshine… » Fairsky se mit à pleurer dans ses bras. « Je ne veux pas que tu disparaisses… »

Voyant Fairsky et Sunshine pleurer dans les bras l’un de l’autre, mes yeux se mirent à me picoter eux aussi. Il semblerait que, à présent, je ne pouvais que les sauver en détruisant The Dictator of Life. Avec cette idée en tête, je me tournai vers Lolidragon et décrétai avec détermination : « Lolidragon, j’ai décidé de détruire The Dictator of Life ! »

Plaçant ses mains sur mes épaules, Lolidragon me répondit lentement : « Je suis très heureuse de te voir si déterminé, mais est-ce que je ne viens pas tout juste de te dire qu’on n’a toujours pas trouvé de moyen pour le détruire ? Imbécile ! » Après avoir assené cette réplique, Lolidragon n’oublia pas d’y ajouter l’un de ses coups de poings maison.

Gui prit soudainement la parole et proposa : « Et si… nous nous servions de ce programme DH créé par The Dictator of Life ? »

Lolidragon se tourna vers lui et l’interrogea avec sérieux : « Que veux-tu dire ? »

« Le DH peut détruire toutes les informations d’un joueur, donc, si nous le modifions un peu, il pourrait se changer en DPNJ, Destructeur de PNJs ! » expliqua Gui avec conviction.

« DPNJ ? » répéta Lolidragon à voix basse, avant de se parler à elle-même : « Utiliser le virus conçu par The Dictator of Life pour le contrer et l’anéantir… ça pourrait marcher… »

« Lolidragon, Lolidragon ? » Je l’appelai d’une petite voix impuissante à plusieurs reprises, mais, malheureusement, mes appels entrèrent automatiquement par une oreille avant d’aussitôt ressortir par l’autre, et je ne reçus aucune réponse de sa part.

Qui va se charger de régler cette situation délicate à présent ? Les sourcils froncés, je regardai les trois autres suzerains et leur demandai : « Second Life est en danger, est-ce que vous êtes d’accord pour nous aider ? »

Voyant leurs regards déterminés, je les mis immédiatement en garde : « Vous devez y songer soigneusement. Si vous êtes tués par un PNJ, vous disparaîtrez pour toujours. »

« Si Second Life vient à disparaître, tu crois que nos avatars survivront tous seuls de leur côté ? » Winter Triumph sourit avec impuissance.

En mon for intérieur, je poussai un soupir. Il semblerait qu’une guerre inévitable pour la survie de Second Life est sur le point de commencer !

« Dans ce cas, Prince, nous voudrions d’abord retourner sur notre continent », déclara Neurotic avec détermination. « Je devrais rentrer et expliquer ce qu’il se passe à tout le monde. De plus, si nous allons partir en guerre, il faut aussi que je fasse nos préparations. »

« Fichtre, faire la guerre contre un continent entier de PNJs… Est-ce qu’on a la moindre chance de gagner ? » Le visage pâle, Undying Man s’exclama : « Cette fois je vais mourir pour sûr ! »

« Que nous ayons une chance de gagner ou non, je dois y aller. Je ne peux pas rester assis là à regarder Sunshine et Kenshin disparaître. » J’avais pris ma décision. Même si tuer The Dictator of Life était contre ma volonté, j’avais déjà déterminé que je n’avais plus d’autres choix maintenant à cause de Sunshine, Fairsky… et Kenshin, même si lui n’acceptait pas de sacrifier quelqu’un d’autre pour se sauver lui-même.

« Prince, quelle que soit ta décision, Odd Squad fera toujours les choses ensemble », dit grand-frère Wolf tout en posant son bras sur mon épaule et en me retournant un regard confiant.

« En tant que ta belle-sœur, je te soutiendrai ! » Yu Lian sourit en affirmant cela.

« Doll veut aussi aller jouer sur le Continent du Nord. » Doll me fit un clin d’œil joueur.

Gui me regarda avec l’air de vouloir dire quelque chose, mais il sourit et déclara : « Quel que soit l’endroit où se trouve la présence de Votre Altesse, Gui y sera assurément lui aussi. »

Je souris et annonçai à toute l’équipe : « Odd Squad, nous allons de nouveau montrer à tous ce que nous vallons ! »

« J’ai une question importante ! » Nan Gong Zui leva soudainement la main et demanda : « Comment va-t-on voyager jusqu’au Continent du Nord ? »

« Sur le tapis volant de Sunshine ? » répondis-je avec incertitude.

Tout le monde garda le silence jusqu’à ce que Nan Gong Zui s’enquît à contrecœur : « … Et, combien de personnes peut-on caser sur ce tapis ? »

Euh… Oui, c’est vrai, le tapis n’a pas l’air de pouvoir porter beaucoup de personnes. Je répondis de nouveau : « Et si on prenait les navires du jeu officiel ? »

« Mais, même sur des navires, on ne peut pas faire monter autant de personnes, et je pense qu’il y a de fortes chances pour qu’on soit attaqué alors qu’on sera encore à bord. » Heartless Wind releva directement les défauts de cette idée. « Avec le pouvoir que détient The Dictator of Life, ça ne lui serait pas si difficile de dénicher quelques dragons, n’est-ce pas ? Si nous prenons ces navires qui n’ont aucune capacité offensive ou arme, nous allons sans doute sombrer aux tréfonds de l’océan avant même d’avoir pu entr’apercevoir le Continent du Nord. »

C’était également fort possible. J’agrippai ma tête à deux mains et me mis à réfléchir : « Qu’est-ce qu’on doit faire dans ce cas ? »

« C’est simple, on n’a qu’à construire notre propre navire ! » Lolidragon bondit soudainement en déclarant : « Même si le jeu devient un peu incontrôlable, la compagnie peut toujours exercer une certaine influence sur lui.

« Oh ouais ! Est-ce qu’on ne peut pas tout simplement leur demander de nous fournir des navires de guerre ? » Je me réjouis en voyant à quel point tout était simple. Et dire que je m’étais inquiété !

Le visage de Lolidragon se retrouva brutalement tout près devant le mien, et elle dit sévèrement : « Impossible ! Tu ne peux pas faire apparaître un bateau comme ça, tu dois le construire toi-même. »

« Quoi ? Mais, ta compagnie, elle n’est là que pour faire de la figuration ou quoi ? Pourquoi est-ce que The Dictator of Life peut faire apparaître des dragons, mais ta compagnie n’est même pas capable de nous donner quelques navires ?! » Avant que je puisse terminer, Lolidragon me jeta un regard incendiaire.

« On n’y peut rien, puisque c’est à la base pour empêcher une intrusion humaine qui causerait des inégalités dans le jeu qu’on a donné tous ces pouvoirs à une intelligence artificielle. »

« Ne me dis pas que cette intelligence artificielle est The Dictator of Life ? » la questionna belle-sœur Yu Lian en perdant tout espoir.

Lolidragon hocha la tête gravement.

« Dans tous les cas, Lolidragon, commençons par faire une annonce avant de demander s’il y a des volontaires pour venir avec nous au Continent du Nord pour détruire The Dictator of Life. Ensuite, nous construirons notre navire de guerre, et enfin nous envisagerons une stratégie… » Regardant en direction du nord, je murmurai : « Peu importe à quel point ce sera difficile, nous devons y aller. »

 

La Légende du Chevalier du Soleil Histoire Parallèle #10 : Révéler la vérité à coups de pied

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La Légende du Chevalier du Soleil : Histoires Parallèles

Roman d’origine en chinois par :  Yu Wo 


Side Story #10: Kicking Forth the Truth – traduit du chinois vers l’anglais par dahlys[PR!]
Histoire parallèle #10 : Révéler la vérité à coups de pieds – traduit de l’anglais vers le français par Nocta
+ Travail de vérification par AkaiiRia

Ouvrir les portes d’un grand coup de pied est vraiment addictif ; c’est si amusant et excitant !

Mais, certaines portes sont interdites. Chikus ne les avait ouvertes qu’une seule fois, et n’avait plus jamais osé les défoncer par la suite.

Lesus – même si tu défonces sa porte, il n’y a pas grand-chose à voir. Tout ce que tu verras sera simplement Lesus en train de corriger des documents, et il se mettra en colère.

Grisia – des choses extrêmement terrifiantes t’arriveront après avoir ouvert sa porte !

Le Pape – après avoir donné un coup de pied dans sa porte… ???

 

 

« Je dois avoir accumulé une dette envers Grisia dans ma vie antérieure, donc, dans cette vie-ci1, je suis obligé de la payer. Mais, ça ne me dérange pas, parce que les dix autres doivent également rembourser leurs dettes. » — Chikus.

« Balivernes ! C’est moi qui rembourse des dettes, espèce d’enfoiré ! » — Grisia.

 

 

« Chikus ! Je t’ai dit que tu ne pouvais défoncer que dix portes par semaine. Pourquoi en as-tu brisé plus de vingt en un seul jour ? »

Furieux, le Chevalier de Flamme punit son apprenti, le frappant sans pitié sur la tête à plusieurs reprises avec une pipe. C’était parce que le Pape l’avait mis en garde à maintes reprises que si Chikus continuait d’endommager trop de portes, les frais de réparations seraient tous à sa charge.

À l’origine, il avait pensé que ce n’était pas bien grave si son jeune apprenti débordant d’énergie ouvrait quelques portes à coups de pied. Ce n’étaient que des portes, alors il devait pouvoir se permettre de payer pour ces dégâts… Cependant, lorsque le Pape lui montra le nombre de portes que Chikus avait détruites aujourd’hui, il faillit vomir du sang. Chikus avait défoncé plus de vingt portes en un jour, ça ferait plus de cinq cents portes par mois. Même le salaire du Chevalier de Flamme ne serait pas suffisant pour compenser tous ces dégâts !

Après s’être fait taper sur le crâne plusieurs fois, Chikus baissa la tête, faisant semblant de se repentir. Toutefois, il n’avait pas retenu la leçon et murmura : « Pourquoi s’embêter à compter combien de portes j’ouvre à coups de pied ? Quand une personne voit une porte, elle ferait mieux de simplement la défoncer ! »

Le Chevalier de Flamme tira sur l’oreille de son apprenti sans aucune pitié jusqu’à ce que ce dernier gémisse : « AIE, AIE, AIE ! » Ce ne fut qu’à ce moment-là qu’il commença à se calmer un peu et le gronda : « Tu crois que tes pieds peuvent remplacer tes mains, hein ? Eh bien, puisque tu utilises tes pieds pour ouvrir les portes, et si je te forçais à les utiliser aussi pour manger ? »

« … »

Même si Chikus gardait le silence, il n’y avait aucune trace de peur dans son expression, parce qu’il savait que son maître ne lui ferait jamais faire ça. Son maître avait beau avoir l’air intimidant avec des pattes lui couvrant chaque côté des joues, mais il était en fait très sensible. S’il se servait véritablement de ses pieds pour manger, son maître serait sûrement la première personne à l’arrêter !

À l’instant où il vit l’expression de son apprenti, le Chevalier de Flamme sut que celui-ci ne craignait pas du tout sa menace. Pour sauver son salaire, il décida de faire quelque chose d’autre afin d’empêcher son apprenti de répandre le chaos. Il le mit en garde : « Tu n’es autorisé à défoncer que dix portes par semaine ! Si tu dépasses ce nombre, j-je réduirai ton argent de poche ! »

En entendant cela, Chikus s’exclama : « Maître, comment pouvez-vous me faire ça ? C’est de la maltraitance envers un enfant, le Dieu de la Lumière vous punira pour ça ! »

« Oh ? Tu dis que c’est de la maltraitance ? » Le Chevalier de Flamme était si en colère qu’il en rit : « Tu n’as jamais vécu ce que c’était de la vraie maltraitance ! Crois-tu vraiment que je ne peux pas prendre exemple sur Néo et te traiter de la même façon qu’il traite Grisia ? »

« Qu’est-ce que ça a de si terrible et effrayant ? » Sceptique, Chikus répliqua : « Le Chevalier du Soleil n’a-t-il pas juste besoin d’être élégant ? Je suis le Chevalier de Flamme, donc je dois être très agressif et défoncer des portes ! » Donner des coups de pied dans des portes n’est pas une compétence facile à maîtriser, et certaines portes ne peuvent être ouvertes qu’en les défonçant avec mon aura de combat !

« Ça n’a rien de terrifiant ? » Le Chevalier de Flamme leva les yeux au ciel et rétorqua sèchement : « D’où crois-tu que la pile de documents que Grisia ne peut jamais finir… »

« C’est n’importe quoi ! Grisia refourgue clairement tout son travail aux autres ! Depuis quand fait-il son boulot lui-même ? » le coupa immédiatement Chikus.

« … que la pile de documents qu’il ne peut jamais finir de refourguer aux autres provienne ? Je ne t’ai jamais fait t’occuper de la paperasse jusqu’à présent ! »

Après avoir entendu cela, Chikus hésita. Il ne voulait vraiment pas se retrouver coincé avec une pile de documents sur le dos, sinon il n’aurait plus le temps d’aller où bon lui semble ou pour s’amuser un peu. S’il devait corriger un tas de documents qui n’en finissaient jamais comme Céo… Chikus trembla à cette idée et n’osa plus continuer de se disputer avec son maître.

« Mais, dix portes par semaine, ce n’est vraiment pas assez ! » Il avait peur, mais Chikus connaissait bien son maître. Ce dernier avait l’air intimidant en apparence, mais il avait en fait le cœur très tendre.

Le Chevalier de Flamme réfléchit à la question pendant un moment, mais il avait lui aussi l’impression qu’il se montrait un peu strict. Il envisagea la quantité de portes qu’il pouvait se permettre d’acheter avec son salaire et répondit : « Tu n’es autorisé à défoncer que quinze portes par semaine. »

« D’accord ! On commence à compter à partir d’aujourd’hui ! » Chikus s’écria joyeusement : « Au revoir, Maître. Je vais aller défoncer des portes maintenant… » En voyant son maître le fusiller du regard, il se rectifia : « Je vais aller m’amuser un peu maintenant ! »

« Fiche le camp, aller ! » Le Chevalier de Flamme agita la main avec impatience.

Il se sentait un peu impuissant face à son apprenti. Toutefois, après y avoir songé davantage, il conclut que, pour les garçons, être plein d’entrain et actif était toujours une bonne chose. Aussi, son inquiétude diminua.

« Fahr, n’es-tu pas un peu trop généreux ? »

Une ombre descendit d’un arbre. Sans même avoir besoin de regarder, Fahr du Brasier sut immédiatement qu’il s’agissait de Lanbi de la Tempête, puisqu’il n’y avait que très peu de personnes qui n’avaient rien à faire durant les cours de développement de personnalité et qui aimaient se détendre sur des branches ou dans des buissons.

De plus, il avait détecté l’odeur de tabac un moment auparavant. Il m’a encore piqué mon tabac ! Soupir ! Ne peut-il donc pas aller acheter le sien ?

« Les enfants sont pleins de vitalité, donc, naturellement, quelques portes brisées sont inévitables. Inutile d’être si dur envers lui. »

Lanbi s’appuya contre l’arbre, tenant élégamment une longue pipe à tabac dans sa main. Il déclara d’un ton désapprobateur : « Si jamais Grisia avait osé défoncer des portes et que Néo avait été obligé de payer pour elles avec son salaire, je pense qu’on l’aurait retrouvé mort le jour suivant ! »

C’était en effet vrai. Fahr en resta sans voix. En réalité, ce n’était pas la première fois que quelqu’un lui disait qu’il gâtait trop Chikus. Néanmoins, la vue de Lanbi tenant sa précieuse pipe lui fit décréter avec exaspération : « N’utilise pas Néo comme exemple ! Strictement parlant, ce qu’il fait est véritablement de la maltraitance envers les enfants. Judgment devrait l’arrêter et le faire enfermer ! »

Après avoir inhalé du tabac puis avoir exhalé une longue expiration de fumée, Lanbi leva un sourcil et répondit : « Si tu veux vraiment être pointilleux, alors tu peux tout aussi bien dire que Néo est au moins coupable d’avoir maltraité toute l’Église du Dieu de la Lumière. Ce n’est pas aussi simple que de la maltraitance envers un enfant. »

En entendant cette réponse, Fahr répliqua avec impuissance : « Même dans ces jeunes années, Néo a toujours été un garçon problématique. »

« C’est vrai. À l’époque, nous disions toujours que nous n’arrivions pas à l’imaginer instruire un apprenti, mais, avant même de nous en rendre compte, nous sommes tous devenus des maîtres. »

Plein d’émotions, Fahr demanda avec intérêt : « Comment va ton apprenti dernièrement ? Dans quelques années, tous les apprentis deviendront la prochaine génération des Douze Chevaliers Sacrés. »

« Mis à part le fait qu’il a des cernes noirs sous les yeux, tout va plutôt bien. »

Farh était au courant que, récemment, Céo corrigeait des documents du matin au soir jusqu’à tard dans la nuit. Un peu embarrassé, il se réalisa : « On dirait vraiment que j’ai trop gâté Chikus. »

« Ce n’est pas nouveau. »

« Va au diable ! »

« Ne t’inquiète pas. » Souriant presque, Lanbi ajouta : « Grisia t’aidera à entraîner l’Apprenti-Chevalier de Flamme. Il n’acceptera jamais qu’il y ait un type inutile parmi ses hommes. Il sera sûr de mettre à profit “toutes leurs capacités” sans “laisser la moindre miette” jusqu’à ce qu’il “ne reste que leurs os une fois qu’il les aura avalés tout entier”. »

… On dirait que les cernes de son apprenti ne laissaient pas vraiment Lanbi indifférent après tout.

Déterminé à poursuivre leur discussion, Fahr argumenta : « Grisia n’a pas le choix. Il est encore très jeune, et pourtant il doit aider à nettoyer le chaos que Néo laisse dans son sillage. Même Chasel a dû admettre qu’avec l’aide de Grisia son fardeau a été réduit de façon significative. »

« Il sera un bon Chevalier du Soleil. » Lanbi souffla une nouvelle bouffée de fumée et ajouta : « Je suis juste un père avec le complexe de celui qui “marie sa fille”. Voir mon précieux enfant devenir la femme de quelqu’un d’autre me rend vraiment mécontent. Ignore-moi s’il te plaît. »

Fahr était sur le point de le corriger quand Lanbi reprit la parole en premier.

« Et inutile de me rappeler que Céo est un garçon. Depuis qu’il est enfant, ce petit rougit sans arrêt et a toujours été timide. Si je ne le considérais pas comme ma fille, je l’aurais déjà tabassé à mort depuis longtemps. »

En entendant cela, Farh déclara avec sympathie : « Au moins, il ne passe pas ses journées à détruire des portes. »

« C’est vrai ! » Avec une expression maussade sur le visage, Lanbi dit : « Tout ce qu’il sait faire, c’est taper du pied et dire “c’est impossible, je n’arriverai jamais à faire ça”. »

J’imagine que chaque famille a son petit chevalier problématique2

Fahr sortit sa pipe. Par coïncidence, Lanbi leva la sienne en même temps. Aussi, ils prirent tous les deux une longue bouffée de tabac et soufflèrent de grands anneaux de fumée dépressifs.

 

 

Je ne peux défoncer que quinze portes par semaine, donc je ne peux absolument pas défoncer une porte au hasard. Je dois choisir mes portes avec soin !

« Héhéhé ! » Tandis qu’il contemplait une porte, Chikus ricana comme un homme qui reluquait une femme avec des idées perverses en tête.

C’était une porte qu’il n’avait encore jamais défoncée : la porte de la chambre de Grisia.

Grisia l’avait maintes fois prévenu de ne pas défoncer sa porte, mais… c’était exactement pour cette raison qu’elle valait le coup d’être enfoncée à coups de pied ! C’était comme une porte interdite, donc la défoncer serait encore plus satisfaisant que d’ouvrir n’importe quelle autre porte !

Par conséquent, Chikus l’avait mise de côté jusqu’à présent. C’était une de ses attractions principales, donc il ne pouvait pas se permettre de la défoncer dès le départ.

Défoncer des portes est vraiment l’activité la plus amusante au monde !

La première porte qu’il avait défoncée avait été celle de Céo. C’était parce que son maître lui avait dit qu’il connaissait bien le Chevalier de la Tempête, par conséquent il n’y avait pas de problèmes à enfoncer la porte de son apprenti.

Au début, Chikus était un brin réticent. Qu’y a-t-il de mal à ouvrir avec mes mains une porte qui fonctionne parfaitement bien ? Pourquoi est-ce que je dois l’ouvrir à coups de pied ?

Mais, au moment où il défonça la porte, Chikus aperçut Céo tenant la photo d’une jeune femme et la contemplant en rougissant énormément. Il avait même une serviette enveloppée autour de la tête et était en train de se teindre les cheveux.

Aussi, quand Céo se rendit compte que sa porte venait d’être ouverte, il resta momentanément pétrifié. Cependant, après cela, il fut saisi d’effroi, et le voir éclater en sanglots avait été vraiment… trop divertissant !

Dès ce moment-là, Chikus devint accro à l’action de défoncer des portes. S’il pouvait voir toutes sortes de choses amusantes à chaque fois qu’il détruisait une porte, comment pourrait-il jamais s’arrêter de le faire ?

Oh, mais il avait aussi défoncé une porte ennuyeuse une fois. La porte de la chambre de Lesus.

Non seulement il n’y avait pas de spectacle amusant à regarder derrière la porte – Lesus n’avait fait que tourner lentement la tête vers lui et froncer les sourcils – mais, en plus, l’expression sinistre sur le visage de celui-ci l’avait fait à moitié mourir de peur, et il s’était fait sévèrement réprimander. Il n’y avait rien de bon dans tout cela ! Il avait décidé de ne plus jamais ouvrir la porte de Lesus sans son consentement !

Mais, défoncer la porte de Grisia sera surement beaucoup plus amusant !

Chikus était absolument certain de cela, puisque tout le monde savait que Grisia cachait de nombreux secrets explosifs !

Chikus prit une grande inspiration et se plaça devant la porte. Il leva son pied droit très haut et, de toutes ses forces, il frappa !

Bang !

Bang !

BANG !

La porte fut enfoncée ; Chikus essaya de se concentrer pour voir ce qu’il se passait à l’intérieur, mais il fut envoyé valser dans les airs ; il s’écrasa directement contre un mur. Tout son corps lui faisait un mal de chien, et son esprit était extrêmement confus. Il crut qu’il allait mourir.

« Chikus ? »

Cette voix, c’est Grisia ? Nan, comment ce type pourrait-il un jour prononcer mon nom correctement ? Mais, cette voix… Une douce chaleur se répandit dans son corps. C’était la sensation que l’on ressentait lorsqu’on se faisait soigner par la lumière sacrée.

Peu de temps après, Chikus se réveilla. Il observa stupidement la personne qui se tenait devant lui. C’était en effet Grisia, mais, pour le moment, il ne portait pas son uniforme d’Apprenti-Chevalier du Soleil. À la place, il portait un t-shirt blanc et un short, ses cheveux et son visage étaient encore humides.

Il était en train de prendre un bain ? pensa Chikus, encore étourdi.

« Mon cher frère, pourquoi as-tu défoncé ma porte ? » le questionna Grisia, surpris. « Ne te souviens-tu pas que je t’ai demandé de ne pas ouvrir ma porte à coups de pied ? »

Chikus répondit avec audace : « J-J’avais oublié. »

Même s’il reçut ce genre de réponse, Grisia continua de sourire. Il dit : « Mon cher frère, tu es vraiment vilain ! La prochaine fois, s’il te plaît, ne défonce pas ma porte. » À cet instant, il se pencha lentement en avant et murmura à l’oreille de Chikus : « La prochaine fois que tu toucheras à ma porte, je t’enverrai valser d’est en ouest à travers toute la Cité du Bourgeon. Et personne dans toute l’Église du Dieu de la Lumière n’osera te soigner ! »

Après avoir fini sa phrase, il s’écarta lentement. Souriant brillamment, il conclut : « Puisse le Dieu de la Lumière toujours te protéger, afin que tu sois libre de toute maladie ou souffrance et que tu ne commettes pas d’autres erreurs, mon cher frère. »

Le visage de Chikus pâlit. Il hocha la tête vigoureusement et nota mentalement de façon permanente : Je ne dois en absolument au cas défoncer la porte de Grisia !

Grisa effectua un demi-tour et referma derrière lui la porte qui avait été enfoncée et pendait maintenant de travers. Chikus entendit un grognement distinct ainsi que quelques mots qu’il ne comprit pas complètement : « Bordel ! Chaque fois que je mets un masque facial, quelqu’un vient me déranger. C’est forcément une malédiction… »

Après avoir reçu cette douloureuse leçon, Chikus décida de ne pas défoncer d’autres portes dans le Temple Sacré. Qui sait s’il n’allait pas enfoncer la porte d’un autre Grisia ?

Ainsi, il se rendit au Sanctuaire de la Lumière pour défoncer des portes. Cet endroit était plein de prêtres de toute façon, et il n’avait pas peur d’eux !

Chikus ne connaissait pas très bien le Sanctuaire de la Lumière, aussi, même une fois qu’il arriva à destination, il ne parvint pas à décider quelle porte défoncer. Il se promena ici et là, essayant d’identifier une porte satisfaisante.

Par chance, Chikus portait son uniforme. Tout le monde le reconnut en tant qu’Apprenti-Chevalier de Flamme, ainsi personne ne l’empêcha d’errer dans le sanctuaire.

Il finit enfin par trouver une porte adéquate. Le concept de la porte devant lui n’était pas moins élaboré que celui de la porte du Chef du Temple Sacré, le Chevalier du Soleil. Peut-être que c’est la porte de la chambre du Pape ?

« Le Pape ? » Chikus se frotta le menton. C’est assurément une bonne proie. J’ai entendu dire que le Pape est à un âge avancé, mais qu’il ressemble toujours à un adolescent. N’a-t-il donc pas plein de secrets ? Bien sûr que si !

En plus d’avoir l’apparence d’un adolescent, le Pape ne connaît que des sorts de soin et autres magies similaires. Je n’ai rien à craindre !

Ayant fini de réfléchir à la question, Chikus leva de nouveau son pied. Il prit une profonde inspiration, mais, alors qu’il abattait son pied, il se souvint soudainement que… Grisia aussi n’était qu’un adolescent.

BANG !

« Qui ose détruire ma porte de cette manière ? Ne savez-vous donc pas que j’ai posé des pièges magiques dessus… ? Quoi ? L’Apprenti-Chevalier de Flamme ? »

Le Pape sortit lentement de sa chambre, s’attendant à une invasion, mais ne vit que l’Apprenti-Chevalier de Flamme qui était prisonnier de ses pièges magiques. Les yeux de ce dernier étaient grands ouverts, et il contemplait quelque chose d’incroyable. C’était…

Le Pape réduisit immédiatement la quantité de magie qu’il avait rassemblé. S’il causait le moindre effet secondaire à long terme, beaucoup de gens viendraient se venger.

Fahr était l’un d’entre eux, et l’autre serait ce petit démon, Grisia. Ce garçon n’avait que quinze ans, mais il avait déjà essayé de le forcer à lui rendre le Chevalier des Enfers. Il l’avait même menacé et lui avait formellement interdit de toucher aux autres Chevaliers Sacrés.

« Soupir, tu continues de défoncer des portes à ce que je vois. Et tu as même l’audace de venir détruire la mienne à coups de pied ! Ma mise en garde auprès de ton maître n’a donc eu aucun effet ! Cependant, dans ton intérêt et pour éviter les représailles de Fahr et Grisia, cette fois-ci, et uniquement pour cette fois-ci, je vais te laisser t’en tirer. »

Le Pape marqua une pause à cet instant et réfléchit un moment avant de poursuivre : « Mais, j’ai envie de déduire la paie de ton maître… Non, oublions ça, Fahr te gâte beaucoup trop, ça ne servira à rien. Au lieu de ça, Grisia me devra une faveur. Et s’il refuse, tu iras en isolement pendant une année. Je suis sûr qu’il acceptera à contrecœur, puis te rendra la pareille, ha ha ha ! »

Grisia allait se venger sur lui… Chikus avait vraiment envie de pleurer. Il venait tout juste de l’offenser !

« Mon Enfant, tu ne peux pas te rappeler ce que tu as vu dans ma chambre ! » Avec un sourire enfantin sur le visage, le Pape usa de sa magie pour effacer les souvenirs les plus récents de Chikus.

Les yeux de Chikus s’agrandirent, comme si cela lui permettrait de se souvenir du grand secret qu’il avait découvert aujourd’hui. Mais, malheureusement…

« Hein ? Pourquoi est-ce que je suis au Sanctuaire de la Lumière ? Qu’est-ce que j’étais en train de faire à l’instant ? »

Chikus se gratta la tête. Il regarda à sa gauche et sa droite, mais ne vit personne. Pourquoi est-ce que je suis là… ? Soudainement, il eut une révélation.

« C’est vrai ! J’étais parti défoncer la porte de Grisia ! Comment est-ce que j’ai pu oublier ça ? Peu importe ! Je vais aller la défoncer maintenant ! Ce sera sûrement très amusant ! Je me demande quels secrets Grisia cache. Héhéhéhé… »

« … » Furieux, Grisia rugit : « Chikus du Brasier, est-ce que je t’aurais offensé dans ma vie antérieure ? Cette fois-ci, tu es vraiment un homme mort ! Je jure que, si je ne te donne pas tellement de travail au point de ne plus avoir le temps d’enfoncer la moindre porte, dans ce cas je ne m’appellerai plus Grisia3 ! »

Notes de bas de page

1« …dans ma vie antérieure, donc, dans cette vie-ci… » : Référence au concept de réincarnation.

2« …chaque famille a son petit chevalier problématique » : c’est un jeu de mots sur le proverbe chinois : « 家家有个搞的小 » (pinyin : jiā jiā yǒu gè nán gǎo dè xiǎo qǐ shì) qui signifie « chaque famille a son lot de difficultés » ; ou « 家家有本念的 » (pinyin : jiā jiā yǒu běn nán niàn de jīng) qui signifie « chaque famille a un texte qui est déplaisant à lire ».

3« …dans ce cas je ne m’appellerai plus Grisia » : en chinois, les gens déclarent souvent que, s’ils ne parviennent pas à faire quelque chose, ils inverseront leur nom et l’écriront dans ce sens. En gros, ça veut dire qu’ils ne seront plus dignes de leur nom.

La Reine Guerrière TP2C3 : Numéro 3 – Le troisième

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La Reine Guerrière Prologue Tome 2 – 12 est le nombre

Roman d’origine en chinois par :   (Yu Wo)


Chapter 3: Number, 3, The Third One – Traduit du chinois vers l’anglais par Doza[PR!]
Chapitre 3 : Numéro 3 – Le troisième – Traduit de l’anglais vers le français par Irina
+ Travail de vérification par Nocta

Carol retourna à l’auberge, ferma la porte, et se retourna juste à temps pour voir Sylvie se dépêcher de rabattre la couverture sur quelque chose qui était sur le lit… Il pense vraiment pouvoir cacher une aussi grosse bosse sur le lit ?

Soudainement, Carol éprouva réellement l’envie d’ouvrir le crâne de Sylvie pour vérifier ce qu’il y avait à l’intérieur. Il n’était pas impossible qu’elle y trouvât un autre blob.

Agité, Sylvie demanda : « C-Carol ! Pourquoi es-tu rentrée aussi vite ? »

Aussi vite ? Elle s’était retrouvée impliquée dans un grand combat de rue, avait pris une mission et, afin d’acquérir la carte nécessaire à la mission, avait dû négocier le prix à la Guilde des Aventuriers. Elle avait été occupée du début de l’après-midi jusqu’à tard dans la soirée et venait tout juste de revenir. Est-ce qu’on peut vraiment considérer ça comme rentrer tôt ?

« Qu’y a-t-il sous la couverture ? » Carol ne prit pas la peine de répondre à Sylvie.

« Des bagages ! »

Carol haussa un sourcil, leva son poing fermé, et prit la position de quelqu’un qui allait donner des coups dans la bosse sous la couverture.

Sylvie fut tellement terrifié que son visage pâlit brusquement, et il se hâta de se confesser : « Ne le frappe pas, je l’ai ramassé… » Ses derniers mots avaient été prononcés tellement doucement, qu’il lui fut impossible de les entendre clairement.

Il a encore ramassé un animal errant ? Carol le gronda : « Ohmondieu ne t’est-il pas suffisant ? »

Elle s’avança, écarta Sylvie du chemin d’un coup d’épaule, et souleva la couverture en disant : « Quelque chose d’aussi gros, est-ce qu’il s’agirait d’un chien ? Puisque tu as mis un chien dans le lit, où comptes-tu dormir cette nuit… ? »

« Ce n’est pas un chien ! » s’empressa de répondre Sylvie.

… En effet, ce n’est pas un chien. Carol fixa la chose dans le lit sans dire le moindre mot.

Sylvie ajouta avec appréhension : « Ce… C’est Cale… »

Il lui a déjà choisi un nom ? Carol continua à rester silencieuse.

La chose sur le lit était gravement blessée, amaigrie, inconsciente… et nue.

Sylvie se mit à jacasser : « Les vêtements de Cale étaient déchirés et couverts de sang, alors je les lui ai enlevés pour le laver et le soigner. Cependant, tu es entrée dans la pièce, et la seule chose que je pouvais faire était de rabattre la couverture sur lui pour t’empêcher de voir le corps nu d’un homme. »

Donc, la raison pour laquelle il avait couvert l’homme n’était pas pour m’empêcher de savoir qu’il était là. Attendez une minute, dans ce cas, il n’avait pas besoin de me mentir en prétendant qu’il s’agissait de bagages tout à l’heure… Peu importe, quoi qu’il en soit, ce n’est pas le problème principal !

Carol pivota en grognant : « D’où vient-il ? »

« Hum ? » Sylvie répondit avec inquiétude : « Je ne sais pas non plus d’où il est originaire… »

« Je ne te demande pas où il est né ; je veux savoir où tu l’as ramassé ! »

« Dans une petite allée transversale à l’avenue ! » précisa Sylvie, comme si c’était évident. « Quand je me suis réveillé, tu étais déjà partie Je me suis rappelé qu’il nous restait peu d’argent, alors j’ai pris ma harpe et j’ai essayé de trouver une taverne où je pourrais chanter et gagner de l’argent. À peu près à la moitié du chemin, j’ai entendu des bruits étranges provenant d’une allée, donc je m’y suis engagé pour vérifier ce qu’il se passait, et j’ai alors aperçu Cale qui était allongé par terre ! Le ramener dans notre chambre a été vraiment épuisant ! »

« Qui t’a permis de le ramener ? » Carol était agitée et énervée. « Tu nous prends pour quoi ? Un refuge pour les animaux errants ? »

Nerveux, Sylvie répliqua : « M-Mais, Cale était très gravement blessé et avait perdu connaissance ! »

« Tu as ramené un étranger… » Tandis que Carol rugissait ces mots, elle eut soudain l’impression que quelque chose ne collait pas. En fronçant les sourcils, elle lui demanda : « Et il était inconscient ? Dans ce cas, comment peux-tu savoir comment il s’appelle ? »

Impossible que Sylvie ait choisi ce nom lui-même et qu’il ait eu l’intention de garder « Cale » et Ohmondieu comme animaux de compagnie tous les deux, n’est-ce pas ?

Si c’était le cas, elle le réduirait en poussière !

« Quand j’ai été capturé la dernière fois, je l’ai rencontré durant la vente aux enchères où j’ai failli devenir un esclave ! À ce moment-là, Cale avait aussi été fait prisonnier, et c’était lui qui nous avait permis de nous échapper ! »

Carol en fut stupéfaite et plissa le front.

Sylvie s’enquit nerveusement : « Carol, puis-je lui appliquer de la pommade maintenant ? »

Carol agita la main, le laissant faire ce qu’il voulait, tandis qu’elle s’appuyait contre le bord de la table en fronçant les sourcils alors qu’elle observait la personne étendue sur le lit.

« Carol ! » s’exclama Sylvie, comme s’il était une jeune fille prude. « Ne devrais-tu pas au moins regarder ailleurs ? Il est nu ! »

« … »

Elle se tourna pour faire dos à la personne allongée dans le lit, écoutant d’une part les sons intermittents provenant de derrière son dos et réfléchissant d’autre part à la manière de prendre soin de la personne couchée sur le lit. Mais, peu importe sous quel angle elle considérait la question, elle n’arrivait à déterminer que trois étapes.

Traiter ses blessures, l’aider à se rétablir, et l’abandonner quand il serait guéri.

« Pfiou ! J’ai fini d’appliquer la pommade. Cale était assez gravement blessé, en fait. » Sylvie s’avança vers Carol et s’assit à côté d’elle, l’air très inquiet, tandis qu’il ajoutait : « Et beaucoup de ses blessures sont assez anciennes. Elles n’ont pas l’air d’avoir été causées par accident ! »

Carol fronça les sourcils tout en regardant Sylvie. Elle l’interrogea : « Tu as étudié beaucoup de blessures auparavant ? »

Sylvie ricana : « C’est parce que je me blesse souvent ! »

Pas faux…

Carol se leva et marcha jusqu’au lit. L’homme portait désormais un short et un haut, mais bien que les parties exposées de ses bras et de ses jambes fussent enveloppées avec des bandages, elle pouvait toujours apercevoir d’anciennes cicatrices. Sans se donner la peine de les inspecter plus longuement, elle rendit son verdict avec indifférence : « La majorité de ses cicatrices sont dues à des coups de fouets et de poings. Il a été torturé ou maltraité par quelqu’un pendant au moins plusieurs mois. »

Les yeux de Sylvie s’écarquillèrent.

 

 

Cale poussa un grognement et entrouvrit les yeux à contrecœur.

Pendant son évasion, il n’avait pas pu tenir bon très longtemps et s’était finalement évanoui, donc il y avait de fortes chances qu’il se trouvât dans un donjon ? Tendant l’oreille, il lui semblait déjà pouvoir entendre les insultes fréquemment jetées dans les donjons…

« Il est hors de question qu’on le garde ! »

« M-Mais, as-tu vu dans quel état il est ? J’ai pitié de lui ! »

« Tu rencontreras beaucoup de personnes qui te feront pitié dans ce monde ; ne me dis pas que tu as l’intention de secourir chacune d’entre elles et de t’occuper d’elles ensuite ? »

« Évidemment que je ne ferais pas ça ! Je n’aiderais que les gens que je connais ! »

« … Quelle est ta définition de “connaître” quelqu’un ? »

« Ce sont des gens que… que j’ai rencontrés, à qui j’ai parlés, et dont je connais le nom ! »

« Après avoir ramassé quelqu’un, comment pourrais-tu ne pas l’avoir rencontré, lui avoir parlé, et connaître son nom ? »

« Hein ? … Présenté sous cet angle, c’est aussi vrai ! »

… Cela sonnait vraiment différent des conversations qu’on entendait normalement dans les cellules de prison. Cale se força à ouvrir grands les yeux, tourna la tête en direction des voix et réalisa que les personnes présentes n’étaient pas des étrangers. Stupéfait, il s’écria : « Sylvestre ? »

Surpris, Sylvie se retourna pour l’examiner, s’avança même jusqu’au lit et lui demanda anxieusement : « Tu es réveillé ! Est-ce que tu as mal quelque part ? J’avais très peur que tu te sois brisé un os ou deux ! »

Carol s’avança à son tour, tendant une main pour toucher la personne allongée sur le lit. Cale se figea, puis il reconnut le visage de Carol. Il avait auparavant vu Carol utiliser seulement ses poings pour se débarrasser de plusieurs dizaines de soldats armés de dagues et d’épées, donc il n’avait pas la moindre intention de s’opposer à cette personne, pas même si Carol voulait fracasser chacun des os de son corps.

Sylvie se dépêcha de dire : « Détends-toi, détends-toi. Carol m’aide à vérifier que tu n’as pas d’os cassés, et n’est pas du tout en train de te harceler sexuellement ! »

… Cette idée ne lui avait même pas traversé l’esprit. Cale ne se considérait pas assez beau pour qu’un homme tentât de le harceler sexuellement. Ce serait plus logique si c’était Sylvestre qui se faisait harceler !

Quand Carol toucha une côte, Cale expira un long souffle en raison de la souffrance aiguë que ce contact avait causé. Calmement, Carol dit : « Ce n’est pas cassé, mais l’os est probablement fêlé. »

Sylvie commença à paniquer : « D-Dans ce cas, que devrions-nous faire ? »

« Il faut juste le maintenir immobile. »

Ça va guérir juste en évitant de bouger ? Sylvie se calma seulement après ce commentaire. Si Carol disait que Cale guérirait s’il ne bougeait pas, alors ce n’était pas une blessure très grave. Il avait une grande confiance quant à ses capacités de diagnostics des blessures… Chaque fois qu’il se blessait, Carol se contentait de le toucher pour déterminer si les os étaient cassés ou non !

« Impossible ! Je suis poursuivi. Je dois quitter la ville le plus rapidement possible ! » Cale se tortilla pour essayer de se lever et les avertit : « Si quelqu’un découvre que vous m’avez recueilli, les choses tourneront mal pour vous aussi ! Alors, dépêchez-vous de vous en aller et laissez-moi… oumph ! »

Cale poussa un grognement de douleur, s’écroula sur le lit et glissa de nouveau dans les bras de Morphée, tandis que Carol desserrait lentement son poing.

Sylvie poussa un cri aigu et s’exclama : « Comment as-tu pu frapper Cale ? Il est blessé ! »

« Les gens blessés doivent récupérer des forces, et le sommeil est la meilleure façon de s’y prendre. »

« Oh, je vois ! » Sylvie se détendit alors qu’il ajoutait : « Je savais que Carol était quelqu’un de bien ! »

BOUM !

D’une seule main, Carol venait de jeter l’homme blessé par terre. Sylvie se précipita vers Cale pour le supporter, puis leva la tête pour jeter un regard perplexe à Carol.

Carol baissa le regard sur Sylvie et déclara froidement : « Le lit est à moi. As-tu des objections ? »

« Non… »

Mise à jour : Septembre 2021

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Chapitres de septembre
  1. La Reine Guerrière TP2C3 : Numéro 3 – Le troisième
  2. La Légende du Chevalier du Soleil Histoire Parallèle #10 : Révéler la vérité à coups de pied
  3. 1/2 Prince T6C4 : La réapparition de Celestial

Bonjour à toutes et à tous !

Le mois de septembre est arrivé très brusquement. J’espère que les étudiants et les parents sont tous fin prêts pour la rentrée scolaire !

Bonne nouvelle pour vous, j’ai travaillé très dur en révision pour que notre équipe puisse publier trois chapitres ce mois-ci, un pour chacune de nos séries en cours. Comme d’habitude, je fais de mon mieux pour éviter qu’il y ait des erreurs, mais des coquilles peuvent toujours glisser entre les mailles. N’hésitez pas à les pointer du doigt et à nous le faire savoir, quand vous en voyez.

Je suis également très heureuse de vous apprendre que nous commencerons à publier les chapitres du tome 5 de LCS dès janvier prochain, ainsi vous pourrez enfin lire la suite des aventures de Grisia et des Douze Chevaliers Sacrés.

Bonne rentrée et bonne lecture !

1/2 Prince T6C3 : La Bête Mythique

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½ Prince Tome 6 : La Grande révolte des PNJs

Roman d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)


Chapter 3: Divine Beast – traduit du chinois vers l’anglais par seleneyue[PR!]
Chapitre 3 : La Bête Mythique – traduit de l’anglais au français par Elynor
+ travail de vérification par Nocta

Maintenant que j’y pensais, je n’avais pas revu Lolidragon depuis son soudain envol de l’autre jour. Quant à moi, j’étais bloqué dans un enfer vivant. Où que j’aille, les signes d’une foule de gens qui me suivaient apparaissaient.

« Suis-je donc si faible ? » Mes yeux devinrent dangereusement humides, et deux grosses larmes menacèrent de tomber. « Suis-je donc si faible que je doive être protégé même aux toilettes ? »

Avant que les habitants de la Cité de l’Infini n’aient eu le temps de répondre, Neurotic posa ses mains sur mes épaules et me regarda avec sérieux : « Prince, le moment le plus à craindre est justement celui où tu utilises les toilettes. Le moment crucial pour ces assassins est celui où ton esprit, tout comme ton corps, sont les plus relaxés. Réfléchis. La vitesse de ces assassins est telle que tu n’aurais qu’un moment pour décider de ranger ton “petit oiseau”, et ainsi te faire tuer dans la seconde, ou de détaler les bijoux à l’air en te concentrant sur ta survie. »

Il était évident que je ne voulais pas mourir. Si ça arrivait, mon personnage disparaîtrait après tout. Mais, quand je songeais à mon petit XX à l’air en “détalant” tandis que je me battrais contre les assassins avec mon Dao Noir, sans compter que l’un de ces assassins était une femme et que tout ce brouhaha attirerait les foules simplement pour me voir combattre avec mon petit XX à l’air… Devrais-je le ranger ? Le laisser dehors ? Question difficile… cogitai-je amèrement, tout en remuant la tête.

Neurotic me tapota les épaules et s’exclama : « Choix cornélien, non ? Mais, si quelqu’un est là pour te protéger, tu pourras tout ranger rapidement et aller combattre dans la foulée. N’est-ce pas merveilleux ? »

« Je suppose que tu as raison. » J’acquiesçai d’un signe de tête pour montrer que je comprenais la situation, puis ajoutai : « Mais, je n’ai pas envie d’y aller pour le moment, donc arrêtez de me suivre. »

Cela étant affirmé, je filai, abandonnant un groupe de personnes exaspérées derrière moi. « On dirait que votre Prince ne comprend pas les subtilités du langage ! » commenta bêtement Neurotic.

« Il a parfois du mal à appréhender même les discours clairs, et toi tu le noies sous des figures de style ? » réprimanda Yu Lian. Puis, elle renchérit : « Si Lolidragon avait été ici, elle aurait probablement glissé quelques piques dans ton discours. »

Après avoir irresponsablement largué mes gardes du corps, je pus enfin apprécier ma liberté si désirée ! Bon, où devrais-je aller m’amuser en premier ?

« Halte ! » ordonnai-je brusquement en apercevant un visage familier qui s’apprêtait à passer les portes de la ville.

Western Wind tourna la tête, le visage anxieux. Sans hésiter, il commença à jurer : « Sale gamin, qu’est-ce tu veux ? Je n’ai pas le temps de jouer avec toi, mon garçon. Ne viens pas m’embêter. »

S’il n’avait pas ouvert sa grande gueule, je l’aurais probablement laissé tranquille. Mais, après avoir entendu ses tendres paroles, ma curiosité l’emporta sur le reste. Pourquoi Western Wind est-il soudainement si pressé, alors qu’il n’est normalement jamais occupé ? « Qu’as-tu prévu de faire ? Pourquoi cet air si anxieux ? »

« J’ai des choses à faire… » déclara-t-il vaguement.

Hein ? Il a dit « j’ai des choses à faire » ! Le ciel va nous tomber sur la tête. Depuis notre première rencontre, et ce jusqu’à aujourd’hui, je ne l’ai jamais entendu dire qu’il était occupé. Il doit s’agir de quelque chose d’important. Si je ne creuse pas le sujet maintenant, comment est-ce que je vais pouvoir satisfaire ma curiosité ? Je ne veux pas me noyer dedans après tout. « Si tu ne parles pas, tu ne pars pas. »

« Ne m’emmerde pas, fiston, c’est capital. Ce gars ne veut pas être un travesti toute sa vie, après tout », lâcha-t-il rapidement, sans réaliser qu’il avait déjà craché le morceau.

Ses propos me médusèrent, mais, au lieu de relâcher ma prise, je m’y agrippai de toutes mes forces : « Que veux-tu dire par là ? »

Il suait déjà à grosses gouttes. Sans un autre mot, il fila, me traînant avec lui en même temps. Je ne m’attendais pas à cette réaction, ni même à la force qu’il aurait en étant dans l’urgence et sous adrénaline. Mon corps tout entier flottait tel un drapeau, tandis que la ville s’éloignait de plus en plus sous mon regard impuissant. Je ne parvenais pas à saisir ce qu’il se passait, aussi demandai-je : « Où allons-nous ? »

« Tais-toi », rugit-il en accélérant le pas. « Je dois me grouiller, je ne peux pas me permettre de perdre encore une minute. »

Je le contemplai silencieusement pendant un moment avant de glisser : « Ça ne serait pas plus rapide d’y aller à cheval ? »

« … »

En fin de compte, nous retournâmes à la Cité de l’Infini et nous procurâmes deux chevaux, ce qui nous permit de voyager nettement plus vite. Western Wind put enfin se détendre un peu et commença à m’expliquer : « Ce gars s’en va à la rencontre de la Bête Mythique qui l’a changé en femme. »

« Pour quoi faire ? » m’enquis-je, perdu.

« Cette foutue Bête Mythique a dit que la malédiction avait une date d’expiration. Tant que je peux retourner la voir avant que la date arrive à échéance, elle acceptera de la supprimer. C’est pour ça que je dois me grouiller pour y être avant demain », expliqua-t-il d’un ton suffisant.

« Hein ? Tu veux te débarrasser de la malédiction ? » Je soupirai avec mécontentement. Où est le plaisir là-dedans ? Sans oublier le fait que la Cité de l’Infini y perdrait les revenus de l’Album Photo des Beautés Rafraichissantes. Je me demande si grande-sœur Yu Lian n’ira pas directement le tuer.

Il leva les yeux au ciel : « C’est quoi ce ton, gamin ? C’est un truc génial et formidable que je puisse redevenir un homme. »

Je n’étais pas convaincu. S’il arrêtait de changer de sexe, alors je ne pourrais plus voir une demoiselle parler aussi vulgairement qu’un homme chaque fois qu’elle ouvrait la bouche. Je me retrouverais avec un jouet en moins. S’il ne se transformait plus en femme de jour et en homme de nuit, dans ce cas ce qui le rendait plus malchanceux que moi allait disparaître. Avant, quand je jouais de malchance, je me disais que j’avais tout de même plus de chance que lui !

« Gamin, ton rire est trop bizarre », la voix de Western Wind était remplie de soupçons.

Je cessai immédiatement de rigoler et toussai à quelques reprises. « Est-ce que c’est encore loin ? Les chevaux galopent à fond depuis un bon moment déjà. »

« On s’arrête à la prochaine vallée. On va laisser les chevaux en bas de la montagne, car il va falloir qu’on saute de la falaise. » Il arborait un regard de martyr prêt à mourir.

« Oh. » Je descendis nonchalamment de mon cheval, attachai ce dernier à l’arbre le plus proche, puis cherchai une corde dans mon sac. Je nouai celle-ci à un arbre puis entendis un puissant cri de détresse. Je me tournai juste à temps pour apercevoir un bout de vêtement disparaître en bas de la falaise.

Cela me choqua à tel point que je restai planté là un bon moment, la corde dans les mains. Finalement, je m’approchai du bord de la falaise et descendis avec douceur en m’aidant de la corde. Pendant la descente, je me sentais éperdu d’admiration pour le courage de mon compagnon de voyage. Pour regagner sa virilité ne serait-ce qu’un peu plus tôt, il est prêt à sauter sans la moindre hésitation du haut d’une falaise, ignorant douleur et blessures !

« Sale gamin ! Pourquoi est-ce que tu ne m’as pas dit plus tôt que t’avais une corde ? Arg, mon dos ! » La voix de Western Wind résonna du bas de la falaise, en plus de quelques pleurs pitoyables.

« … » Sans dire un mot, je descendis jusqu’au fond. Ensuite, j’accourus à ses côtés en secouant la tête. Muet, je lui tendis une potion de soin. Silencieusement, je lui indiquai de nous guider.

Face à mon silence, il ne put retenir ses plaintes : « Fichu gamin ! Si t’as quelque chose à dire, balance ! Ne me regarde pas avec cet air de chien battu ! »

Je levai les deux paumes de mes mains, affichai une expression misérable et secouai la tête à nouveau.

Cela le rendit si furieux qu’il avait l’air sur le point d’exploser. Il marmonna entre ses dents diverses plaintes, mais cela ne m’affecta guère. « Sale petit merdeux, je viens de réaliser qu’une certaine personne qui ne cause pas est pire que quand elle parle. »

Je contins mon rire jusqu’à ne plus pouvoir le supporter, et je finis par éclater de rire en passant de « pfff » à « ah ah ». Cela le fit à nouveau grincer des dents, mais il ne pouvait rien changer à la situation.

« Bon, bon, j’arrête de t’embêter. Tu ferais mieux de te dépêcher, ou tu dépasseras la date donnée et tu devras rester un travesti. » Ayant finalement eu ma part de rire, je lui offris une voie à l’amiable pour régler la situation sans heurter son égo. Sans cela, il aurait pu devenir si en colère qu’il aurait gardé une dent contre moi, et j’aurais été à court de personnes à taquiner !

Sur ce, il se calma et observa les alentours. Ses sourcils froncés et son expression perplexe révélèrent clairement que cet idiot sans le moindre sens de l’orientation s’était perdu !

« As-tu oublié comment te rendre là-bas ? » demandais-je avec paresse.

« Bien sûr que non. C’est juste que je n’ai pas encore retrouvé le chemin exact. » Son ton était le même que celle d’une personne essayant de vendre un canard mort en affirmant que celui-ci est vivant.

En le regardant tourner en rond, je ne pus m’empêcher de lever les yeux au ciel et le suivre. Bah, oublions ça. Même si on ne retrouve pas la Bête Mythique, c’est quand même bien d’avoir changé de rythme. Je m’ennuyais à mourir au château ces derniers jours.

« Ah ! » Il s’arrêta net. Grâce à son expression extrêmement confiante, je me doutais qu’il devait avoir enfin dégoté le bon chemin. Je remerciai discrètement les dieux que nous ne nous soyons pas perdus.

Western Wind désigna du doigt un grand arbre étrange en face de lui sur lequel poussaient trois excroissances. « Regarde, gamin. Ce gars n’a jamais vu un arbre aussi étrange auparavant. »

Je le frappai sauvagement. « On s’en fiche d’à quoi il ressemble cet arbre ? Dépêche-toi de trouver la route ! »

« Quelle route ? » s’enquit une voix.

J’étais frustré au point de commencer à jurer : « La route menant à la Bête Mythique bien sûr ! Sauf si tu veux rester un travesti toute ta vie ? »

Mais, la cible de ma question ne répondit pas et se contenta de fixer bêtement un point derrière mon dos. De cet endroit revint la même voix : « La Bête Mythique ? C’est moi, AnRui, que vous cherchez ? »

Je tournai lentement la tête. J’étais prêt à apercevoir une Bête Mythique qui avait la classe et qui était inspirante. Peut-être que c’est un kirin1 ? Un phœnix ? Ou alors un énorme vieux dragon ?

Je regardai et fus abasourdi. Au premier coup d’œil, je réalisai que cette catégorie ne se limitait pas au kirin et autres. Au deuxième coup d’œil, je me rendis compte que les Bêtes Mythiques pouvaient faire partie de notre quotidien. Au troisième coup d’œil, je sus jusque dans mon âme que quelque chose clochait dans la tête des programmeurs de Second Life !

Bordel, comment la Bête Mythique peut-elle être…une…palourde ?!

Le coquillage était ouvert, révélant une tendre viande blanche rosée. Je me demandai alors bêtement combien de temps ça me prendrait pour manger cette palourde qui faisait trois fois ma taille, mais les deux yeux situés au milieu de la chair de palourde m’évitèrent de me mettre à baver. On dit que manger la tête d’un animal est bon pour notre tête et que manger leurs yeux est bon pour nos yeux. Cependant, quand des yeux poussaient sur une palourde, même si s’en nourrir procurait une vue parfaite, je ne pensais pas avoir le cran d’en avaler la moindre bouchée.

Sans parler du fait que nous pouvions communiquer. La simple idée d’un chignon de pain de viande parlant m’avait rendu incapable d’en manger, alors imaginez pour les palourdes. D’une voix tremblotante, je m’enquis : « Palourde, palourde, pourquoi es-tu une palourde ? »

« Quoi ? Tu n’as jamais vu de palourde auparavant ? » Elle me questionna calmement et très gentiment.

« Euh, si. » C’est en fait une vue qui m’est particulièrement familière, c’est-à-dire dans une casserole. Après la cuisson s’ensuit généralement un contact rapproché de cet aliment avec mes papilles gustatives avant qu’il ne soit transformé en protéines par mon corps.

« Dans ce cas, as-tu un problème avec les palourdes ? » m’interrogea-t-elle à nouveau gentiment.

Est-ce qu’il existe vraiment ce genre de personne ? Trois lignes noires se dessinèrent sur mon visage2. Je ne savais vraiment pas quoi répondre.

« As-tu un problème avec les palourdes ? » Le visage sympathique et les yeux doux de la palourde se firent perçants, tandis que la chair blanche rosée virait étrangement au rouge. L’ambiance changea soudainement, le ciel se noircit, un vent menaçant nous souffla dessus, et les feuilles s’envolèrent sauvagement, alors que les arbres se mettaient à hurler tels des esprits rancuniers.

« Fais gaffe, gamin. La dernière fois, quand je suis devenu un travesti, je m’étais retrouvé dans la même situation et confronté à la même question », me chuchota mon compagnon de voyage.

Oh, devrais-je préciser à la palourde que je suis déjà un travesti et qu’elle n’a pas besoin de changer mon sexe ? Non, je me giflai le visage, là n’est pas le problème. Mais, comment je fais pour calmer une palourde en colère ?

Pris d’une soudaine inspiration, je m’empressai de sortir mon précieux… Non ! Merci de ne pas faire de supposition éhontée. Je sortis mon précieux Meatbun ! J’hurlai ensuite à plein poumons à la palourde qui était sur le point de franchir la frontière vers un monde de violence : « Ô Grande Palourde ! je n’ai pas le moindre souci avec les palourdes. Regarde, Seigneur des palourdes. Comment est-ce que ça pourrait être le cas, alors que je considère ce pain fourré à la viande comme ma fille, non mon fils ? Comment pourrais-je faire de la discrimination envers les palourdes qui règnent en maître sur la mer ? »

Le ciel s’éclaircit, et les vents puissants devinrent de douces brises. L’allure menaçante de la palourde se fit curieuse, et cette dernière regarda directement Meatbun dans ma main. « Petit, as-tu quelque chose contre les palourdes ? » demanda la créature.

« C’est quoi une palourde ? » Les yeux de Meatbun s’écarquillèrent, celui-ci étant perplexe.

« Je suis une palourde. »

Après avoir eu sa réponse, Meatbun dit joyeusement : « Bonjour, Palourde. Le nom de Meatbun est Meatbun ! »

« Mon nom n’est pas Palourde, mon nom est AnRui », le corrigea la palourde, non, je veux dire AnRui.

« Mais, Palourde, tu viens de dire que tu étais Palourde, et maintenant tu es AnRuiRui ? Lequel es-tu, Palourde-palourde ou AnRuiRui ? » bouda Meatbun.

Aucun des deux… ? pensais-je, alors que je pouvais sentir de grosses gouttes de sueur couler à l’arrière de ma tête.

« Mon nom est AnRui, et je suis une palourde. Compris ? » lui expliqua patiemment AnRui.

Malheureusement, il avait surestimé l’intelligence de Meatbun. Mon fils le questionna à nouveau : « C’est vraiment bizarre. Palourde-palourde est Palourde-palourde, AnRuiRui est AnRuiRui. Pourquoi AnRuiRui dit s’appeler Palourde-palourde ? »

La palourde eut soudain une expression étrange, je découvris plus tard qu’il s’agissait de la tête qu’elle avait en réalisant quelque chose… Ne me blâmez pas pour cette mécompréhension. Vous devriez savoir qu’être capable de dire qu’une palourde changeait d’expression était déjà un exploit en soi.

« Ce que dit Meatbun est vrai : je suis AnRui, pas une palourde. Ah ah ah, quand je pense que j’ai été restreint si longtemps en pensant que j’étais une palourde, pour ne me réveiller de ce rêve qu’à l’intervention de Meatbun ! » Il rit de tout son cœur.

« Meatbun ne comprend pas. » Il fixa AnRui, dont le rire était tel un rugissement, les yeux remplis de questions sans réponse.

Je ne comprends pas non plus… Bah, je suppose que ça signifie que je ne risque plus d’être changé en travelo ? Bien que j’en sois déjà un à la base.

Je fixai Western Wind du coin de l’œil. « Tu devrais te dépêcher de lui demander de te rendre ta forme originale tant qu’il est de bonne humeur. S’il s’énerve plus tard, tu ferais mieux de t’habituer aux séances photos en bikini le matin et à celles dédiées à l’album des Hommes Virils le soir. »

En entendant ça, il déclara rapidement, la voix empreinte de peur : « Bête Mythique AnRui, Ce gars… Je veux dire, je dois vous parler de quelque chose. »

AnRui s’arrêta de rire et fixa subitement la personne qui venait de lui parler. Il sourit de toutes ses dents : « Es-tu le Western Wind qui est tombé de la falaise la dernière fois ? »

« Bien sûr, c’est ce gars…Je veux dire, moi », affirma-t-il, un sourire plaqué sur le visage. « Monseigneur, Bête Mythique AnRui, la date butoir que vous avez annoncé la dernière fois est déjà arrivée. Pouvez-vous, je vous prie, me rendre ma forme initiale ? »

« Ta forme initiale ? Tu veux vraiment redevenir comme avant ? » l’interrogea-t-il, perplexe. « N’avais-tu pas dit que tu adorais les jolies filles plus que tout ? Je t’ai déjà changé en l’une d’elle, pourquoi veux-tu retrouver ton corps d’origine ? »

Euuuuh ? Western Wind ne nous avait-il pas dit qu’il avait changé de sexe parce qu’il n’avait pas pu vaincre la Bête Mythique ? Mais, à entendre AnRui, ce n’est pas la cause.

Western Wind s’énerva à tel point qu’il oublia devant qui il se tenait et commença à jurer bruyamment : « Espèce de tête de limace enflée ! Ce gars t’a dit qu’il aimait les jolies filles, pas qu’il souhaitait en devenir une, stupide palourde ! »

Ce ne fut qu’après avoir fini sa tirade qu’il réalisa qu’il avait commis une grave erreur. Il me regarda, l’air suppliant. Je déglutis puis me tournai pour regarder AnRui seulement pour voir son visage devenir inexpressif. Bon, il avait peut-être une expression, mais je ne pouvais pas l’affirmer avec certitude.

Au bout d’une dizaine de secondes, Western Wind se changea en pilier de lumière dans le ciel, et je fus le témoin du pouvoir foudroyant de la palourde. À ce moment-là, j’avais vu sa coquille se fermer et la palourde se dresser sur le côté. Tout son corps roula furieusement et se précipita sur mon compagnon d’infortune, qui fut d’abord projeté au sol avant d’être proprement écrasé par la palourde géante. Il fut ensuite balancé dans les airs, devenant la première étoile filante du jeu à partir à contre-sens.

Je ne pus que secouer la tête. On dirait que Western Wind est destiné à rester une femme.

Bah, ça devrait être bon : j’ai vu la Bête Mystique ainsi qu’assisté à l’envol de Western Wind. Les spectateurs comme moi devraient probablement rentrer maintenant. « AnRui, s’il n’y a rien d’autre, je vais m’en aller maintenant », déclarai-je à AnRui dont la coquille venait de s’ouvrir.

« Propriétaire de Meatbun, fais un vœu avant de partir s’il te plaît. Moi, AnRui, je ferai de mon mieux pour le rendre réalité. »

Faire un vœu ? Grâce à l’exemple de mon compagnon, je réalisai pour la première fois que les vœux pouvaient s’avérer très dangereux. Si encore une fois il comprend mal le vœu, je ne peux pas imaginer ce qu’il adviendrait de moi.

En voyant son expression pleine d’espoir, j’eus une soudaine inspiration. « Et si je souhaitais que tu repartes avec moi ? » Après avoir assisté à son attaque glissante divine, je ne pouvais pas ne pas vouloir l’emmener avec moi. Après tout, plus nos animaux de compagnie étaient forts, mieux c’était !

Mon souhait le fit soupirer. « Quelqu’un d’autre m’a demandé la même chose auparavant. Cette personne m’a aussi dit quelque chose d’étrange que je ne comprends toujours pas aujourd’hui. »

« Qu’a dit cette personne ? »

« Il m’a dit que lui et moi, et tout ce monde, nous n’étions pas réels, que nous n’étions que des personnages faisant partie d’un jeu créé par le Créateur et que notre destin était d’être contrôlés par une espèce appelée les humains. Et si nous ne résistions pas, alors nous serions peut-être détruits », glissa-t-il doucement.

Chaque lettre de chaque mot prononcé à l’instant pesa lourdement sur ma poitrine.  Est-ce qu’AnRui a également développé une conscience de soi ? Et la personne dont il parle, est-ce le cas pour celle-ci également ? Sans oublier le fait que non seulement il connaît la vérité sur le jeu, mais il souhaite aussi résister ? Des nuages noirs se rassemblèrent dans mon esprit, alors que je réalisais l’énormité et le sérieux de ce problème.

« Propriétaire de Meatbun, dis-moi, en quoi sommes-nous si différents ? » Il me regarda d’un air solennel. J’ignorais quoi faire.

Je paniquai un peu, puis me calmai progressivement. Ce ne fut qu’après une intense cogitation que j’ouvris à nouveau la bouche : « Je ne sais pas comment te répondre. »

« C’est donc ainsi ? » En entendant ma réponse, il fut découragé. Avec une immense déception, il parla à nouveau : « Tu peux partir, propriétaire de Meatbun. Je ne peux exaucer ton vœu : AnRui ne souhaite pas quitter cet endroit. »

Puisqu’il avait déjà pris sa décision, je ne pouvais le forcer à venir avec moi. Avant de partir, je me retournai brusquement et lui demandai : « Peux-tu me dire le nom de cette personne ? »

« The Dictator of Life. »

The Dictator of Life ? Est-ce qu’il s’agit du maître de Second Life ?  Pour je ne sais quelle raison, ce nom me rendait extrêmement méfiant.

 

Notes de bas de page

1 Kirin : Le Qilin ou Kirin est une créature mythique que l’on trouve dans de nombreuses légendes d’Asie de l’Est. (Pour plus d’information, visitez http://en.wikipedia.org/wiki/Kirin)

2 « Trois lignes noires se dessinèrent sur mon visage » : une manière de montrer la mortification dans les mangas. (Pour plus d’information, visitez http://en.wikipedia.org/wiki/Manga_iconography#Head_and_face)