1/2 Prince T7C4 – La fureur de Celestial

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½ Prince Tome 7 : La vie qui s’écoule

Roman d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)


Chapter 4: Celestial’s Fury – traduit du chinois vers l’anglais par ErodingPersona[PR!]
Chapitre 4 : La fureur de Celestial – traduit de l’anglais au français par Fanilodraw
+ travail de vérification par Nocta/AkaiiRia

« Inferno ? »

Je ne savais plus combien de temps j’étais resté planté là à fixer le vide, lorsque soudainement une voix résonna. Je tentai de voir d’où elle provenait, mais mes yeux se posèrent sur CelestialCelestial ? Je rampai et me précipitai à moitié, puis je l’enlaçai et lui demandai : « Gui, tu n’es pas mort ? »

« Gui ? » répondit Celestial, abasourdi. « De quoi parles-tu, Inferno ? »

Je me raidis. Ce n’était pas Gui. C’était bel et bien Celestial. D’une voix étranglée, je demandai : « Es-tu vraiment Celestial ? »

Celestial cligna des yeux pendant un instant et répondit d’un ton étrange : « Évidemment que je suis Celestial. »

Gui avait vraiment disparu. Je m’accroupis au sol et dis avec amertume : « Je ne suis pas Inferno. Je suis Prince. »

« Prince ? » répéta Celestial avec ahurissement, m’examinant. « Tu es vraiment Prince ! »

« Mais, qu’est-ce que tu fais ici ? » s’écria subitement Celestial. « C’est le Continent du Nord. Si les quatre rois célestes arrivent, je ne pourrai pas te protéger tout seul. »

Je ris sèchement. « Les quatre rois célestes ? Il ne reste qu’un seul roi céleste désormais. »

Celestial sursauta, comme s’il s’était fait frapper par la foudre. « Qu’est-ce que tu veux dire ? »

Je serrai les points et prononçai les mots qui me brisèrent le cœur : « Wicked et Inferno ont péris ensemble, et Gui a disparu avec Clay et Zephyr. »

« V-Vous les avez tués ? » cria Celestial avec incrédulité en tremblant.

Je restai perplexe. « Vous » « Les » avez tués ?  Est-ce qu’il veut dire que Gui et Wicked ont tué Inferno, Zephyr et Clay ? Je levai la tête et regardai Celestial, dont le visage était rempli de tristesse et de colère.

« Ils te détestaient, non ? » Je ne pus m’empêcher de m’enquérir : « Pourquoi es-tu autant inquiet pour eux ? »

« Ce n’était que des enfants ! » rugit Celestial. « Ce n’était que des enfants, et ils ne connaissaient pas mieux. Ils n’ont jamais fait de mal à personne, alors pourquoi avez-vous, pourquoi… » À ce moment-là, Celestial éclata en sanglot et fut incapable de parler.

Mon cœur brûla de colère. « S’ils ne m’avaient pas capturé, Wicked et Gui n’auraient pas péri avec eux. Et de toute façon, ils ne sont pas les seuls à avoir disparu. Wicked et Gui ont eux aussi été éliminés. »

Celestial m’attrapa subitement par le col, les yeux rouges de chagrin. « Ne t’avise pas de les comparer à Wicked et Gui ; tu sais bien qu’ils ont toujours une vie dans le monde réel, contrairement à nous. Une fois que nous mourons, nous n’avons plus rien. Ne me dis pas que tu ne comprends pas ça ? »

Je le dévisageai…C’était la vérité. Au moins, dans le vrai monde, ils existent en tant que Zhuo-gēgē et Professeur Min Gui Wen. Mais, en revanche, Inferno, Zephyr et Clay n’avaient rien d’autre. Tout comme je serais triste pour Wicked et Gui, naturellement Celestial serait furieux pour ses congénères PNJ qui avaient développé leur propre conscience.

« Je suis désolé ! » Je m’excusai la voix serrée. Je n’avais pas songé que je serais la cause de la mauvaise humeur de Celestial.

« Désolé ? Crois-tu que les vies de mes trois compagnons méritent juste une excuse ? Hahaha ! Quel juste échange ! Vraiment ! » s’esclaffa Celestial avec démence, le coin des yeux rempli de larmes.

« Vous, les humains ! » Celestial pivota la tête. À part rediriger son regard plein de rancœur sur moi, il s’approcha également de moi de plus en plus…

« Vous êtes tellement égoïstes. The Dictator of Life nous l’avait bien dit. Pour vous, nous ne sommes que des chiffres. Nous ne serons jamais considérés comme une autre forme de vie… »

« Pourtant, nous avons des sentiments : nous ressentons le chagrin, la souffrance, et l’amour ! » Lorsqu’il dit « l’amour », le visage de Celestial s’adoucit.

« Bien qu’Inferno et Zephyr ne m’aimaient pas, ils ne m’ont jamais attaqué. » Le regard de Celestial était empli chagrin. « Dictator et moi sommes pareils. Nous ne voulons pas perdre le peu de compagnons que nous avons. »

« Mais, en l’espace d’une journée, j’ai perdu trois de mes compagnons, et c’est moi qui ai amené leur meurtrier au Continent du Nord ! » rugit Celestial.

Celestial est devenu fou, et il va vraiment me tuer, réalisai-je en regardant ses yeux rouges pleins de rancœur. Je me rendis vraiment compte du fait que Celestial me détestait à ce moment-là. Je reculai, ne trouvant pas d’autre moyen de fuir.

Le tonnerre gronda…Vraiment ? Du tonnerre un jour ensoleillé ? Je levai la tête face aux cieux. Serait-il possible que « lui » aussi1 pense que nos actes ont été trop choquants ?

« Ah… » Un faible soupir fit écho dans la Cité Fleurie. « Celestial, reviens, je ne veux pas te perdre également. »

Celestial cligna des yeux et pivota sa tête vers la tour avec une large rose, les yeux pleins de regret et de douleur. Ensuite, il se tourna vers moi et me dit avec passion : « Je t’emmène voir The Dictator of Life. Il décidera de ton sort. »

« Aller voir The Dictator of Life ? » Je me levai rapidement. Se pourrait-il que Celestial veuille aider The Dictator of Life à m’exterminer ?

« Oui. Quoi qu’il se soit produit, j’ai enfin réussi à te faire venir ici à La Cité Fleurie…J’ai sacrifié trois compagnons pour ça ; évidemment que je vais t’emmener voir Dictator. » Le regard de Celestial…Peut-être que je lisais mal son expression, mais il arborait un regard triomphant, qui laissait deviner que son plan avait finalement fonctionné.

« Celestial, tu n’as tout de même pas été envoyé par Dictator ? » …C’était un espion ? Après tout, Celestial affaichait une expression à la fois sérieuse et chagrinée. C’était complètement diffèrent de la personnalité idiote et naïve à laquelle j’étais habituée, et je n’arrivais pas à dissiper mes doutes selon lesquels l’ancien Celestial n’avait fait que prétendre tout le long.

Celestial se tut avant de finalement révéler : « Oui, Dictator m’a envoyé. Les quatre rois célestes n’étaient même pas au courant. »

« Tu as menti à Doll ? » Mon visage s’assombrit. Doll avait déjà commencé à accepter Celestial. Si elle devait découvrir que celui-ci lui avait menti pendant tout ce temps, elle serait complètement bouleversée.

« Je n’aurais jamais osé ! » s’exclama Celestial. « Ma femme est ma femme. Les ordres que m’a donnés Dictator sont les ordres que m’a donnés Dictator ! Ces deux choses n’ont rien à voir l’une avec l’autre ! »

« Dans tous les cas, tu restes toujours un espion ! » hurlai-je en retour.

Le visage de Celestial devint écarlate. Celestial marcha en cercle, furieux mais ne pouvant pas réfuter. Il inspira un grand coup, se tourna vers moi et dit : « Non, peu importe ce qu’il s’est passé, tu dois me suivre pour aller voir Dictator. »

Quelle blague. Si j’étais embusqué par Celestial et The Dictator of Life, la fuite serait impossible, sans parler de pouvoir tuer The Dictator of Life. Je reculai lentement et me préparai à courir à n’importe quel moment.

« Allons-y, Prince. Dictator décidera quoi faire. » Celestial essuya les larmes au coin de ses yeux et se reprit.

« Il n’y a pas… » Je déglutis. Si je devais me battre contre Celestial, les chances que je gagne seraient de…moins de zéro. Si je décidais de m’enfuir, quelles seraient mes chances ?

« Celestial, si je devais me battre contre toi, quelles sont les chances que je puisse m’enfuir avec succès ? » Je ne pus m’empêcher de demander à haute voix…Puis, je réalisai… Si quelqu’un avait demandé à leur ennemi leurs chances de pouvoir s’échapper alors qu’ils étaient sur le point de se battre…N’était-ce pas une déclaration évidente qu’ils voulaient s’enfuir ? Je venais juste de faire quelque chose de stupide encore une fois.

Néanmoins, Celestial considéra la question et me répondit : « Approximativement…moins de 10%. Après tout, je peux voler, et tu n’as que tes jambes pour courir. »

« Et, s’il y avait quelqu’un pour te faire obstacle ? »

« Cela…Cela dépendrait de la puissance de la personne », répondit de nouveau Celestial, mais je clignai des yeux. Je n’ai même pas ouvert la bouche pour poser la question ?

« Quelqu’un qui est environ du même niveau. » Poseidon descendit soudainement du ciel et se plaça entre moi et Celestial.

« Poseidon…Tu es toujours en vie ? » Celestial poussa un soupir rassuré, mais ne put s’empêcher d’arborer une expression anxieuse. « Tu es le seul roi céleste qu’il reste. »

Poseidon sourit, tourna son visage vers moi et déclara : « Ah, tu ne pourras jamais vaincre Dictator, c’est pour ça que je t’ai envoyé vers le Mont HuaLian…Je n’avais pas songé que tu irais à la rencontre de Dictator par toi-même. »

Je restai figé. Je ne peux pas vaincre Dictator…C’est pour ça que Poseidon a fait exprès de m’emmener vers le Mont HuaLian ? Poseidon m’a empêché d’aller me faire tuer à La Cité Fleurie ?

« Dépêche-toi de t’enfuir. Je vais t’aider à bloquer la route de Celestial », me pressa Poseidon.

Je n’irai nulle part. Si je m’enfuis, Gui et Wicked ne seront-ils pas morts en vain ? Je passai au canal de MP et demandai calmement aux autres : « Où êtes-vous tous ? Pouvez-vous venir à La Cité Fleurie ? »

« Il y a quand même une certaine distance. » Lolidragon demanda rapidement : « Il s’est passé quelque chose ? Est-ce que Gui t’a déjà trouvé ? »

« Gui… » Ma voix s’étrangla de nouveau.

« Il est arrivé quelque chose à Gui ? » Grand frère Wolf était surpris, mais après un moment il dit d’un ton insistant : « Quoi qu’il se soit passé, Prince, viens nous rejoindre. Crois-moi, nos pouvoirs réunis seront définitivement plus forts que le tien seul. »

« C’est vrai, Prince, n’agis pas seul encore une fois. » Belle-sœur Yu Lian affirma avec inquiétude : « Tout le monde est inquiet pour toi ! »

J’observai l’affrontement entre Poseidon et Celestial, et repensai aux paroles de grand frère Wolf. C’est vrai, il vaudrait mieux que j’aille rejoindre tout le monde. J’éprouvai soudain le désir éphémère d’être aux côtés de mes camarades, de combattre à leurs côtés…de me battre jusqu’à atteindre The Dictator of Life !

« D’accord. » Je pris ma décision. « Grand frère Wolf, attends-moi. Je vais tout de suite venir te retrouver. »

Immédiatement, je courus hors de la ville à travers les portails ; Poseidon m’aiderait à distraire Celestial. Qui plus est, en ce moment, j’avais l’apparence d’Inferno, donc les autres PNJs ne m’attaqueraient pas sous cette forme. Si je ne m’enfuis pas maintenant, quand est-ce que j’aurai encore cette chance ?

« Prince, attends… » Le voix surprise de Celestial retentit derrière moi. « Satin Céleste ! »

À la minute où le nom de l’attaque fut prononcé, d’innombrables rubans de satin blanc m’entourèrent et m’attaquèrent. J’esquivai et les évitai désespérément, mais je ne faisais pas le poids face à ceux-ci. Les rubans me tenaient très serré et rendirent mes tentatives de fuite futiles. Couvert d’une membrane transparente, je me sentais vraiment comme si j’étais complétement enveloppé dans un tissu blanc, telle une momie.

« Plumes de Glace ! » s’écria Poseidon avec rage, et les rubans de satin se retrouvèrent incrustés de petits cristaux en forme de plumes. Les rubans qui me liaient furent déchirés.

« Poseidon, tu… » Celestial était surpris des actions de Poseidon. Puis, il expliqua : « Je ne fais que l’amener voir Dictator ; je n’ai pas l’intention de lui faire du mal. »

Celestal s’arrêta net et demanda avec suspicion : « Pourtant, toi qui n’en as jamais rien à faire de quoi que ce soit…pourquoi m’empêches-tu de capturer Prince ? »

Poseidon lui adressa un petit sourire. « C’est parce que je suis du côté des humains ! »

Je levai la tête et fixai Poseidon d’un regard stupéfait. Il est de notre côté ?

« Qu’est-ce que tu attends, Prince ? Vite, sauve-toi ! » me châtia doucement Poseidon.

Surpris, je continuai immédiatement ma mission inachevée : m’enfuir.

« Poseidon, Ç’en est trop ! Je dois amener Prince voir Dictator ! » rugit Celestial.

« Pfft, essaye un peu pour voir. » Le ton de voix de Poseidon était devenu froid et sévère.

« Satin Céleste ! »c

« Plumes de Glace ! »

« Stop ! » Un autre rugissement retentit.

Celui-ci fit trembler la terre de terreur. Les bâtiments près de la rue se mirent à grincer, et quelques structures de bois s’écroulèrent au sol. Si on mesurait avec l’échelle de Richter, ce tremblement de terre serait de niveau 7.0… J’avalai ma salive et contemplai les maisons de bois qui n’étaient qu’à quelques pas de moi. Non, on ne pouvait plus appeler ça des maisons. C’était juste une pile de rondins de bois.

« Je t’ai prévenu, tu ne dois jamais attaquer tes camarades ! »

« Dictator ! » Celestial regarda en direction de la Tour Central avec panique. Son visage reflétait à la fois du regret et de l’obéissance.  « Je suis désolé. Je n’aurais pas dû oublier vos ordres, mais je voulais vous apporter Prince. »

« Je ne veux pas le voir maintenant ! »

« Dictator ? » s’enquit Celestial avec surprise.

« Je ne veux pas le voir, en ce moment j’ai envie de le tuer. Zephyr, Clay, Inferno… »

En entendant ça, Celestial se tourna vers moi et dit : « Dépêche-toi de partir. Tu ne peux pas rencontrer Dictator maintenant. »

Mais, c’est quoi cette situation ? Dictator veut me tuer, non ? Pourquoi Celestial me dit-il de partir ? Je ne pus m’empêcher de le questionner : « N’êtes-vous pas tous censés essayer de me tuer ? »

« Pars quand je te dis de partir ! Si tu continues de me poser autant de questions, je vais vraiment te capturer et te livrer à Dictator moi-même ! » me menaça à moitié Celestial, utilisant son Satin Céleste pour m’entourer.

« Attends une minute, je… » J’avais encore d’autres questions, mais des dizaines de rubans se mirent à me repousser avec force en dehors de La Cité Fleurie, et l’immense portail de la ville se referma derrière moi, me laissant debout seul en dehors de la ville à me faire refroidir par le vent.

« Ah ! » Je m’écriai, puis gémis : « J’ai oublié de demander à Celestial de m’emmener récupérer le Peloton d’Exécution. Mon Dieu, je vais me perdre ! »

Le bruit de plusieurs personnes en train de trébucher et de tomber semblait provenir de derrière les portes de la ville.

Note de bas de page

1« lui » aussi : Dans ce cas-ci, « lui » fait référence à Dieu.

1/2 Prince T7C3 – La gentillesse de Gui

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½ Prince Tome 7 : La vie qui s’écoule

Roman d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)


Chapter 3: Gui’s Kindness – traduit du chinois vers l’anglais par Nausicaä [PR!]
Chapitre 3 : La gentillesse de Gui – traduit de l’anglais au français par Nocta
+ travail de vérification par AkaiiRia

J’ignorais combien de temps j’étais resté agenouillé au même endroit, mon cœur dépourvu de toute émotion hormis cette impression d’un vide absolu. J’aurais dû le savoir. Une technique permettant à Wicked d’affronter seul Inferno, l’un des Quatre Rois Célestes, qu’est-ce que ça aurait-pu être d’autre ? Il fallait bien qu’il y ait une contrepartie à une telle technique !

Lorsque je m’en était rendu compte, il était tout simplement trop tard. Wicked avait déjà disparu de Second Life, tout comme Inferno. La seule chose que je pouvais faire à présent était de le venger en tuant le vrai responsable : The Dictator of Life !

Je séchai mes larmes et me levai. Ce qu’il fallait que je fasse à présent, c’était me rendre au Mont HuaLian et rejoindre les autres. Mais… Je regardai à droite et à gauche, puis derrière moi. Pourquoi est-ce que cette forêt se ressemble autant à mes yeux ? Dans quelle direction suis-je censé aller ? Plus encore que l’autodestruction de Wicked, ce problème me faisait perdre toute force, me laissant avec des jambes tremblotantes… J’espère vraiment pouvoir atteindre le Mont HuaLian par moi-même !

Je n’avais pas d’autres choix que de demander l’aide de Lolidragon. J’ouvris le canal de communication et demandai : « Lolidragon ? »

« Qu’est-ce qu’il y a cette fois ? C’est quoi le problème ? Ne me dîtes pas que vous avez déjà atteint la Cité Fleurie, c’est impossible pour vous d’y être déjà », répondit-elle avec doutes.

Je m’apprêtais à lui expliquer ma situation actuelle, quand une pensée me traversa soudain l’esprit. À part Lolidragon, il n’y a virtuellement personne d’autre qui aurait pu fomenter ce coup avec Wicked et le programme d’autodestruction DPNJ. Dans ce cas, est-ce que ça veut dire que tout le monde a le DPNJ installé sur soi ?

La raison pour laquelle ils ont fait ça, c’est pour m’aider à éliminer les ennemis qui bloquent notre chemin jusqu’The Dictator of Life ! Qui plus est, ils ne m’ont rien dit parce qu’ils savaient que je m’y opposerais.

Si nous atteignons The Dictator of Life ensemble, je risque de me retrouver à les regarder avec impuissance se sacrifier pour détruire nos ennemis, n’est-ce pas ? Durant le laps de temps qu’il m’avait fallu pour réaliser ces faits, mon visage avait pâli drastiquement. Je ne veux plus jamais voir quelqu’un d’autre se transformer en flocons de cendre.

« Prince ? Est-ce qu’il s’est passé quelque chose ? » Lolidragon continua de m’appeler, comme si elle s’était enfin rendue compte que quelque chose clochait.

Cependant, je ne répondis pas et fermai simplement le canal de MP sans un mot. Je contemplai la forêt autour de moi et murmurai : « Si je grimpe à un arbre, je devrais pouvoir apercevoir où se trouve la Cité Fleurie, je crois ? »

Comme je l’avais prédit, une fois que j’eus grimpé jusqu’à la cime d’un arbre tel un singe agile, j’aperçus une très grande ville dotée d’une flèche en son centre, au sommet de laquelle se trouvait la sculpture d’une très grande rose… Effectivement, c’était bien la Cité Fleurie !

Après m’être assuré que j’irais bien dans la bonne direction, je redescendis au sol en me laissant glisser le long du tronc et me mis en route, un pas à la fois. Même si voyager seul est un peu triste, c’est toujours mieux que de regarder les autres se faire exploser.

« N’as-tu pas oublié quelque chose de très important ? » ne put s’empêcher de me rappeler une certaine voix.

« Quelle chose importante ? » Il y a vraiment quelque chose comme ça ? Je penchai la tête et réfléchis intensément.

« Si The Dictator of Life se trouve vraiment au Mont HuaLian et non pas à la Cité Fleurie, dans ce cas tes compagnons ne sont-ils pas en train de se diriger vers une mort certaine ? »

« Oh ouai ! » J’avais presque failli oublier que Poseidon avait dit que Dictator se trouvait au Mont HuaLian… Attendez une seconde, qui est en train de me parler ?

Je tournai la tête… et derrière moi se tenait Western Wind, faisant même un signe de victoire avec ses deux mains !

« Je n’y crois pas ; la mort de Wicked doit vraiment m’avoir trop affecté, c’est un choc si grand que j’hallucine Western Wind. » Stupéfait, je secouai la tête et regardai de nouveau. Pourtant, le Western Wind faisant ses signes de victoire était toujours là.

« Quoi ? Wicked est déjà rentré au Continent Central ? » s’écria Western Wind avec une jubilation malveillante. « J’avais raison. Sans moi, gamin, tu vas t’faire complètement laminer. »

Je pointai un doigt tremblant sur lui. « C-comment ça se fait que tu sois là ? »

« Qu’est-ce que tu sous-entends ? Moi aussi j’veux tuer The Dictator of Life. » Western Wind se plaignit avec ressentiment : « Qui aurait pensé que vous seriez tous si rapides ? Lorsque je m’suis empressé de rentrer à la Cité de l’Infini, il ne restait plus personne. »

Il s’est empressé de rentrer à la Cité de l’Infini ? Non, ce n’est pas possible, ne me dîtes pas que, après s’être fait éjecter vers l’infini et au-delà par AnRui, il a passé tout son temps à rentrer à la Cité de l’Infini ? Non, sérieusement ? songeai-je avec incrédulité. Mais, jusqu’où il s’est fait envoyer au juste ?

« Par chance, juste quand je bondissais d’rage face à la mer, cette maudite palourde est revenue », dit Western Wind avec un sourire suffisant. « Bien sûr, je lui ai ordonné de m’amener jusqu’au Continent du Nord. Tu t’mettais le doigt dans l’œil si tu croyais que j’vous laisserais accomplir quelque chose d’aussi formidable que d’tuer le boss final et d’vous accaparer toute la gloire, gamin ! »

« … » J’en restai sans voix.

« Mais, je n’avais même pas encore atteint la rive quand j’ai vu une horde d’monstres, c’qui m’a forcé à me faufiler par la forêt. » Western Wind poussa un profond soupir tout en secouant la tête. « Je m’suis retrouvé complètement paumé sans la moindre idée d’où j’étais. Si je n’avais pas entendu tout le raffut qu’le gang faisait dans le canal de communication, j’aurais pensé qu’vous étiez tous morts d’puis longtemps, gamin ! »

J’avais cessé de prêter attention à toutes ces paroles pleines de nonsense que Western Wind déblatterait, et j’étais en train de réfléchir à ma prochaine destination. Devrais-je aller à la Cité Fleurie ? Ou au Mont HuaLian ?

J’ignorais si Western Wind avait détecté ma mauvaise humeur, mais il se tut et arrêta enfin avec ses gamins par-ci, ces gamins par-là. Malheureusement, ça ne dura pas longtemps. « Gamin, on dirait que le gang prévoit de v’nir t’chercher ! »

« Me chercher ? » l’interrogeai-je, grandement surpris.

« Ouais. T’as fermé le canal, donc ils sont morts de trouille et sont en train d’dire qu’ils vont venir te récupérer », expliqua Western Wind, ayant l’air d’écouter quelque chose avec attention.

J’ouvris immédiatement le canal du groupe pour découvrir ce qu’il s’y tramait.

« Quelque chose a dû arriver à Wicked. Autrement, Prince n’aurait pas arrêté de nous répondre », devina Lolidragon avec inquiétude.

« Ne t’inquiète pas, Ming Huang s’est déjà déconnecté pour aller lui demander », répondit grand frère Wolf calmement.

Après un long moment, la voix de Ming Huang retentit. Il avait l’air désespéré et, tout en réprimant ses émotions avec grandes difficultés, il dit : « Le personnage de mon frère a disparu. Il a utilisé le programme d’autodestruction DPNJ contre Inferno des Quatre Rois Célestes et les a tous les deux réduits en cendres. »

Le silence tomba sur tout le groupe. Finalement, Lolidragon prit la parole : « Puisque Wicked a disparu, Prince n’a plus personne pour s’occuper de lui ! Et maintenant qu’il refuse absolument de répondre, qui sait ce qu’il derrière la tête ? On ferait mieux d’aller le chercher tout de suite ! »

En entendant ça, je fermai de nouveau le canal. Puisque, à présent, tout le monde allait me chercher à la Cité Fleurie, je n’avais plus besoin de m’inquiéter qu’ils rencontrent The Dictator of Life au Mont HuaLian. Très bien, dans ce cas, je vais immédiatement partir à la recherche de The Dictator of Life, et avec un peu de chances, je serai capable de lui régler son compte avant que qui que ce soit atteigne la Cité Fleurie.

« Très bien ! Vers la Cité Fleurie ! » décidai-je.

« Ok, je vais venir avec toi pour tuer le boss final ! » s’exclama Western Wind avec excitation, une lueur d’anticipation brillant dans ses yeux.

J’étais un peu réticent. « Tu… n’as pas fait installer le programme d’autodestruction DPNJ sur toi, j’espère ? »

« Hein ? Le prog d’auto quoi d’Épenji ? » répéta Western Wind avec une expression de stupéfaction. « Qu’est-ce que c’est ? Comment ça se fait que je n’en aie jamais entendu parler ? »

« … Fais comme si je n’avais rien dit. » Trois lignes noires descendirent sur mon visage. J’aurais dû me douter que Western Wind n’avait pas encore compris toute l’ampleur de la situation.

« Allons-y. » Je me mis immédiatement à marcher en direction de la Cité Fleurie.

« Prin- Gamin ! Tu vas dans la mauvaise direction », s’empressa de crier Western Wind.

Hein ? Ah bon ? Je me grattai le visage tandis que Western Wind me traînait dans la bonne direction. C’est bizarre, pourquoi est-ce qu’aujourd’hui on dirait qu’il se comporte avec plus d’insistance que d’habitude ?

« Western Wind, quand AnRui t’a amené ici, est-ce qu’il est reparti ? » m’enquis-je distraitement. Maudite palourde… est-ce que ça l’aurait tué de rester et de nous aider ?

« Euh, ouais, ouais. »

« Puisqu’AnRui déteste s’impliquer autant, je m’demande qui a été capable de lui faire accepter d’nous transporter. » Peu importe sous quel angle je considérais la question, je n’arrivais pas à deviner qui diable avait pu forcer cette palourde faignante à sortir de sa cave.

« C’est peut-être The Dictator of Life lui-même », proposa Western Wind solennellement. « Même si j’en connais pas la raison, il est clair que The Dictator of Life nous aide à atteindre le Continent du Nord. Pourtant, d’un autre côté, il essaie aussi d’nous empêcher d’avancer. Je n’comprends vraiment pas quelles sont ses vraies intentions. »

« Tu crois vraiment que The Dictator of Life lui en a donné l’ordre ? » Je n’arrivais vraiment pas à cerner la mentalité d’un boss final. Il veut que nous venions, mais en même temps il essaie désespérément de nous arrêter. À quoi joue-t-il ?

« Je pense que ça doit être lui », répondit Western Wind, les sourcils froncés tandis qu’il réfléchissait.

J’eus soudainement une étrange impression, comme si quelque chose n’allait pas…. Mais, de quoi s’agit-il au juste ? Je contemplai les sourcils froncés de Western Wind, sentant que quelque chose clochait… Oh oui ! Je m’exclamai, surpris : « Western Wind, tu… »

Le corps de Western Wind se tendit soudainement. « Quoi ? Qu’est-ce qui n’va pas avec moi ? »

Je lui assenai mes accusations sans aucune pitié. « Toi non plus tu n’as pas du tout le sens de l’orientation ! Tu viens d’agir comme si tu savais où tu allais… Si tu es vraiment capable de m’amener à la Cité Fleurie, moi je parie que je peux rentrer à la nage au Contient Central. »

« Ce-c’est… » bafouilla Western Wind avec les yeux écarquillés, comme s’il avait perdu tous ses mots.

« Heureusement, j’arriverai à trouver le chemin en grimpant aux arbres. » Immédiatement, je montai agilement jusqu’au sommet d’un arbre. Western Wind, cet imbécile, avait bel et bien un sens de l’orientation encore plus pourri que le mien ! Nous étions partis précisément dans la direction contraire à la Cité Fleurie !

Une fois de plus, je descendis en glissant le long du tronc et indiquai à Western Wind : « C’est par-là. »

Western Wind resta pétrifié, me dévisageant avec d’un air stupide.

Le voyant dans cet état, je souris avec irritation : « Quoi ? Tu ne veux pas venir avec moi ? Alors, pars de ton côté et va rejoindre les autres ! »

« J’irai avec toi, peu importe l’endroit où tu voudras aller », répondit Western Wind avec un sourire avant de me suivre.

Quelque chose ne va pas. Western Wind ne se comporte-t-il pas… assez différemment de d’habitude ? Je réfléchis profondément. En quoi est-il différent d’avant ? Il semble être… plus gentil ? Je secouai la tête violement. Il est inconcevable que le mot « gentil » puisse être associé avec Western Wind. Je dois être en train d’imaginer des choses !

Quand les murs de la Cité Fleurie furent en vue, je me retrouvai dans une situation délicate. Comment faire pour infiltrer la Cité Fleurie ? Si on considère le fait qu’il y avait probablement plusieurs centaines de milliers de PNJs à l’intérieur, alors je ne pensais vraiment pas que, avec seulement l’aide de Western Wind, je pourrais ignorer cette foule d’ennemis et me frayer un chemin jusqu’à The Dictator of Life.

« Si The Dictator of Life est vraiment ici, alors il se trouvera sûrement dans la Tour Centrale », analysa Western Wind avec perspicacité. « C’est là-bas que la défense sera la plus forte. »

« La Tour Centrale ! » Intérieurement, j’analysai notre situation actuelle. Comment je vais faire pour atteindre la Tour Centrale ? À moins d’être un PNJ, tout joueur qui mettra le pied dans la ville se fera massacrer… Mais, c’est ça ! Un PNJ ! Je m’empressai de demander : « Y a-t-il une façon pour nous de nous déguiser en PNJs ? »

« Hum, généralement parlant, ce n’est pas possible », répondit Western Wind avec une certaine hésitation.

« Tu veux dire que, autrement parlant, il y a un moyen ? » Vue la tournure de phrase qu’il avait utilisée, on aurait dit que Western Wind avait une idée derrière la tête.

D’une voix assez abattue, Western Wind expliqua : « Oui, y’a peu d’temps, il s’trouve que Lolidragon a développé un objet qui permet d’changer l’apparence de quelqu’un. »

« Mais, alors, qu’est-ce que t’attends ? Vite, sorts-le », lui ordonnai-je, me sentant plutôt mécontent. Si Western Wind avait utilisé cet objet plus tôt, nous n’aurions pas eu à rester plantés ici à nous creuser la tête pour trouver un moyen d’infiltrer la Cité Fleurie.

Western Wind sortit de son sac … de la pellicule étirable !

La pellicule étirable, comme son nom l’indique, est une pellicule en plastique transparente utilisée pour préserver des choses. Quand on l’achète, elle se présente souvent sous la forme d’un cylindre et, lorsqu’on l’ouvre, on peut dérouler une longue feuille de plastique transparente qui peut alors être utilisée pour envelopper de la nourriture, celle-ci pouvant par la suite être placée dans un réfrigérateur en restant préservée. Et, ainsi, on empêche les mauvaises odeurs de se répandre. De plus, on peut l’utiliser pour faire cuire à la vapeur de beaux œufs délicieux. En d’autres termes, pour une femme au foyer et ses besoins culinaires, c’est un trésor indispensable… Mais, il me semble me rappeler que je voulais un outil pour me déguiser. Pourquoi diable Western Wind me donne-t-il cette pellicule étirable ?!

Avec des flammes de colère jaillissant presque de la bouche, je tendis les mains et les resserrai toutes les deux autour de la gorge de Western Wind. Nous faisions face à une situation très sérieuse, mais ce type avait encore assez de culot pour me faire tourner en bourrique !

« Entoure ça autour de ton corps, puis prononce le nom de la personne dont tu veux prendre l’apparence ! » m’indiqua désespérément Western Wind, puisqu’il n’y avait rien d’autre qu’il pouvait faire face à ma rage.

« Oh. » Je retirai immédiatement mes mains de son cou, pris la pellicule étirable, et m’empressai de « m’emballer »… J’avais l’impression d’être une momie en train de se faire enveloppée de bandages transparents.

Je compris finalement quelle impression ressentait un poisson lorsqu’il se faisait envelopper dans du pellicule plastique. Tout mon corps, incluant mes yeux, était entouré de plastique. À part me tenir debout, il n’y avait absolument rien d’autre que je pouvais faire… même si je pouvais probablement encore sauter de haut en bas.

« Prince, prononce juste le nom de la personne dont tu veux prendre l’apparence », me rappela Western Wind.

« … Inferno. » dis-je après un instant de réflexion. Si je veux m’approcher de The Dictator of Life, il vaut sûrement mieux que je me transforme en l’un des Quatre Rois Célestes. Qui plus est, Inferno a déjà disparu tout comme Wicked, donc je n’ai pas à craindre de tomber sur lui.

Son nom avait à peine quitté ma bouche que la pellicule de plastique sur mon corps se resserra soudainement… Très bien, j’admets qu’Inferno était beaucoup plus mince que moi, mais il n’y avait vraiment pas besoin que ce soit aussi serré. De plus, j’avais si chaud, c’était comme si on était en train de me faire rôtir au-dessus d’un feu. Je ne pus m’empêcher de gémir de douleur. Mon dieu, non seulement je suis emballé étroitement dans de la pellicule plastique, mais en plus j’ai maintenant l’impression d’être coincé dans un micro-ondes.

Se pourrait-il que ce Western Wind soit un PNJ déguisé, et qu’il ait prévu de me dévorer après m’avoir fait cuire au micro-ondes ? De folles pensées traversèrent mon esprit de façon incontrôlable juste avant que je m’évanouisse à cause de la chaleur.

 

 

Aïe ! Où suis-je ? Je ne peux pas être à l’intérieur de l’estomac du faux Western Wind, non ? Je secouai ma tête vigoureusement, essayant de me débarrasser de ces étourdissements.

« Désolé, j’ai oublié de te dire que le processus de transformation n’est pas très plaisant », me dit Western Wind… Non, ce n’était pas sa voix. Je levai aussitôt la tête, uniquement pour constater que je voyais là quelqu’un qui n’aurait pas dû se trouver ici.

Celestial !

Je le fixai, le regard vide. Le Peloton d’exécution ne peut pas m’avoir retrouvé aussi rapidement… n’est-ce pas ?

Celestial sourit. « Je ne suis pas vraiment Celestial. Tu t’es transformé en Inferno, donc, bien sûr, j’avais aussi besoin de me transformer en un autre PNJ. On pourra juste dire qu’Inferno a attrapé le traître, Celestial, et qu’il le ramène pour faire son rapport à The Dictator of Life. »

« C’est une bonne idée. » Je me levai et découvris que mes mains étaient devenues des sortes d’entités étrangères rouges et semi-transparentes. J’observai le reste de mon corps qui était à demi transparent. J’avais l’impression d’être… un fantôme.

« Allons-y ! » Je rassemblai mon courage et traînai « le traître » Celestial qui avait été capturé par « Inferno ». Je me dirigeai vers les portes principales de la Cité Fleurie.

J’entrai directement dans la ville. Comme attendu, les PNJs à l’intérieur étaient aussi innombrables que les joueurs présents dans la Cité de l’Infini. De plus, ils grouillaient de partout. Si j’avais effrontément foncé de plein front, j’aurais probablement dû me résigner à rentrer au Continent Central après avoir à peine parcouru un petit mètre depuis les portes.

Mais, pour le moment, j’étais Inferno…. héhé, comme prévu, pas un seul PNJ ne me bloqua le chemin. Traînant « Celestial » derrière moi, je m’approchai d’un pas assuré de la Tour Centrale, me rapprochant toujours un peu plus de ma cible : The Dictator of Life.

« Arrêtez-vous là ! » Une voix glaciale retentit tout à coup. Plus effrayant encore, c’était le fait qu’elle m’était familière.

Prenant une profonde respiration, je me retournai pour faire face à ce nouveau venu, qui se trouvait être nul autre que Zephyr. Je demandai froidement : « Qu’est-ce que tu veux ? » Dans tous les cas, pour le moment, j’étais, comme Zephyr, l’un des Quatre Rois Célestes, donc il n’y avait besoin d’être poli avec lui. D’autre part, si je me fiais sur le peu de temps où j’avais côtoyé Inferno, j’avais l’impression qu’il n’était absolument pas une personne dotée d’un bon tempérament.

« Tu as attrapé Celestial ? » le questionna Zephyr avec une expression surprise.

« Ouais, et j’allais justement l’amener voir Dictator », répondis-je.

« Pourquoi est-ce que tu ne voles pas ? À quoi bon utiliser tes jambes ? » demanda encore Zephyr avec suspicion.

Grrr, même si cette technique de déguisement me permet de me transformer en quelqu’un d’autre, elle ne me donne pas ses capacités… mais, je ne pouvais certainement pas lui répondre ça. Je réfléchis à une réponse plausible, et trouvai une excuse un peu forcée. « Bah, je voulais prendre mon temps pour tabasser cet enfoiré de traître. Si je vole directement jusqu’à Dictator, où est le plaisir dans tout ça ? »

Zephyr s’esclaffa bruyamment. « Mais, oui, bien sûr, laisse-moi aussi lui donner une bonne leçon. » Sur ce, il frappa Western Wind, le projetant à terre.

Voyant qu’il avait l’intention de lui porter encore plusieurs coups, je m’empressai de le bloquer. « Ok, ça suffit. On ferait mieux de ne pas laisser Dictator découvrir ça. »

« Très bien. » En entendant le nom de Dictator, Zephyr n’eut d’autres choix que de s’arrêter, bien qu’il le fît avec une grande reluctance.

Je me dépêchai d’aider Western Wind à se relever et lui jetai un regard inquiet, qu’il me retourna avec un sourire rassurant.

« Zephyr, quelque chose de terrible s’est produit ! » s’écria soudainement une voix d’enfant. « Inferno est mort, et The Dictator of Life est entré dans une colère noire. »

« Quoi ? Inferno est mort ? » Une étrange expression apparut sur le visage de Zephyr. Il dévisagea Clay, puis me regarda.

Je suis tellement mort. Je m’apprêtais à courir pour m’enfuir, quand tout le ciel au-dessus de nous trembla et une voix remplie de rage et de chagrin hurla plaintivement : « Pourquoi l’ont-t-ils tué ? Inferno n’avait rien fait de mal ! Sales humains, soyez maudits jusqu’aux derniers ! »

« The Dictator of Life ! » Je regardai en direction de la Tour Centrale. The Dictator of Life se trouvait bien à la Cité Fleurie en fin de compte – Poseidon nous avait communiqué de fausses informations.

« Vite, cours jusqu’à la Tour Centrale », me rappela Western Wind.

Il avait raison. Présentement, nous étions confrontés à deux Rois Célestes. Si ce n’était pas le moment de fuir, alors je ne sais pas quand ce serait. Je me mis immédiatement à courir à pleine vitesse, mais je n’oubliai pas de lui ordonner : « Ne me suis pas, Western Wind ! Cours vers les portes de la ville, je vais les attirer à la Tour Centrale… Western Wind ? »

Sous le choc, je regardai tandis que Western Wind levait les bras pour bloquer le chemin de Zephyr et Clay. Il énonça doucement les mots que j’avais souhaité ne plus jamais, jamais avoir à entendre de nouveau : « Programme d’autodestru- »

Ne lui laissant pas le temps de finir, je le frappai avec mon pied, le plaquant à terre de telle sorte qu’il ne pourrait pas se relever. Je rugis vicieusement : « Tu me prends pour un idiot ? »

Je le piétinai, le tapai avec mes pieds et mes poings. « Tu croyais que je n’aurais pas remarqué que tu étais différent de l’habituel Western Wind ? Comment Western Wind aurait-il pu être aussi intelligent, aussi gentil et être un idiot aussi stupide que toi, qui ne penses toujours qu’à te sacrifier pour moi ? »

Je continuai de le frapper, mais ne pus retenir mes larmes alors que je hurlais : « Stupide Gui ! »

Western Wind…. Non, Gui se raidit, puis leva la tête et m’adressa un sourire en coin. « Tu m’as percé à jour ? »

« Je n’étais pas sûr au début, mais quand tu as crié pour activer le programme d’autodestruction… Comment aurais-je pu ne pas deviner ? » Je m’exclamai : « Tu m’as intentionnellement entraîné dans la direction opposée à la Cité Fleurie pour me ramener auprès des autres, n’est-ce pas ? J’ai refusé de te suivre, et pourtant tu as dit que tu étais décidé à rester avec moi. Qui d’autre à part toi aurait fait ça, Gui ? »

« Je suis désolé, Prince. Je n’avais pas l’intention de te mentir, c’est juste que, quand j’ai vu Wicked se faire exploser, j’ai su que tu ne voudrais jamais que je vienne avec toi, alors… » Gui se leva lentement et me serra gentiment dans ses bras.

Alors, tu as prétendu être Western Wind et, même alors que tu t’apprêtais à te faire exploser en milles morceaux, tu as continué de refuser de me dire que tu étais Gui… Je l’enlaçai également étroitement en retour et pleurai avec amertume : « WickedWicked nous a déjà quitté ! Ne me quitte pas toi aussi, d’accord ? »

« S’il te plaît, ne pleure pas, Prince. Si tu pleures, Wicked et moi nous sentirons tous les deux très tristes », me réconforta-t-il gentiment.

« Dans ce cas, tu dois me promettre que tu n’utiliseras jamais le programme d’autodestruction DPNJ », exigeai-je en le regardant droit dans les yeux, ne voulant pas lui laisser la moindre chance d’éviter ma question.

Gui sourit, mais ne dit pas un mot.

« Gui ? » le pressai-je, un peu effrayé. Le sourire de Gui était si gentil… si gentil qu’il me faisait peur.

« Chaînes d’Amour », récita Gui d’une voix douce.

Mon cœur rata un battement et, en baissant les yeux, je vis que des chaînes à demi transparentes s’enroulaient autour de mon corps… Gui allait se faire sauter ! Paniquant, je rugis : « Gui, je t’interdis de disparaître ! Si tu disparais, je ne viendrai jamais, jamais te trouver ! »

Le dos de Gui se raidit, mais il fit calmement face à Zephyr et Clay, puis leur demanda : « Est-ce que vous pouvez nous laisser partir ? »

« Est-ce qu’Inferno est vraiment mort ? » le questionna Zephyr, retenant son mauvais caractère avec une difficulté phénoménale, tandis que l’air tout autour de lui se mettait à tournoyer avec des rafales de vent turbulentes. N’importe qui pouvait voir que Zephyr risquait de se mettre dans une rage folle au moindre signe d’acquiescement de la part de Gui.

« Oui », répondit ce dernier sereinement.

« Vous l’avez tué ! » Clay jeta un regard furieux à Gui, les yeux cernés de rouge, tandis que Zephyr me fixait d’un regard haineux.

Gui se tourna vers moi avec un sourire amer. « On dirait bien qu’il n’y aura pas de dénouement heureux, Prince. Toi et Wicked n’étiez pas suffisants pour tuer Inferno… En étant tous les deux seuls contre Zephyr et Clay, avons-nous d’autres choix ? »

« On peut s’enfuir », répondis-je en tremblant comme je me débattais. Pourquoi est-ce que ces maudits liens sont si serrés ?

« Ne lutte plus, Prince. Ces chaînes sont comme mon amour pour toi… elles ne te laisseront jamais, jamais partir. Alors que le sourire de Gui s’attendrissait encore plus, un élan de douleur traversa mon cœur.

« Non ! » Je ne pus m’empêcher de crier : « Gui ! »

« Activation du programme d’autodestruction DPNJ », s’exclama doucement Gui.

Un flash de lumière blanche aveuglante jailli et, d’une voix qui faisait penser qu’il était au bord des larmes, Gui me dit : « J’espère encore te rencontrer, Prince. »

Bang ! Le bruit assourdissant d’une violente explosion transperça l’air, suivi une fois encore de ces flocons de neige blanche d’une extrême beauté. Était-ce là le sang de Gui, sa chaire, ou son cœur ? Je ne pus retenir les larmes qui remplissaient mes yeux. Dans mon cœur, tout ce qui restait était l’image d’un démon aux cheveux noirs et aux yeux couleur améthyste, l’image d’un homme qui souriait toujours pour moi, mais gardait ses larmes pour lui.

« Gui… pourquoi t’es-tu sacrifié ? » hurlai-je. « Je suis venu seul à la Cité Fleurie, parce que je ne voulais voir aucun de vous mourir pour moi ! Mais, tu as quand même sacrifié ta vie. Pourquoi ? »

« Gui, espèce d’idiot ! Stupide Gui ! » sanglotai-je d’une voix rauque.

1/2 Prince T7C2 : La disparition de Wicked

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½ Prince Tome 7 : La vie qui s’écoule

Roman d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)


Chapter 2: The Disappearance of Wicked – traduit du chinois vers l’anglais par Lucathia[PR!]
Chapitre 2 : La disparition de Wicked – traduit de l’anglais au français par Nocta
+ travail de vérification par AkaiiRia

« Voici AnRui », le présentai-je aux troupes de la Cité de l’Infini. Après avoir admiré leur expression de stupéfaction et leur difficulté à respirer, je leur portai un autre coup fatal. « Est-ce que tout le monde est prêt ? Si oui, installez-vous, c’est l’heure de partir. »

Tout le monde en resta sans voix. Après s’être fait violence, Nan Gong Zui parvint enfin à poser une unique question, dont vraisemblablement il connaissait déjà la réponse. « Sur quoi devons-nous nous asseoir ? »

Naturellement, je désignai AnRui : « Tu sais bien, sur AnRui. »

« Où allons-nous nous asseoir ? Sur sa coquille ? » Les yeux de Neurotic s’écarquillèrent.

Gardant le silence, je m’approchai d’AnRui et tapotai sa coquille. Réagissant à mon signal, AnRui ouvrit sa coquille et me fit rouler à l’intérieur avec sa langue (ne me demandez pas si les palourdes ont vraiment des langues. Je n’en sais rien. Je ne suis jamais tombé sur des langues quand j’ai mangé des palourdes jusqu’à présent. Curieusement, AnRui en a une). Je m’allongeai alors sur la chair tendre de palourde, profitant du même confort que j’aurais ressenti en m’allongeant sur un lit Simmons. C’était dur de contenir mon envie continuelle de somnoler.

Bientôt, je sentis qu’une autre personne était avalée. Quand l’homme fut jeté sur la chair de palourde, il créa une ondulation de vagues de chair. Puis il s’allongea à côté de moi en silence.

« Il fait tellement sombre. Est-ce qu’il y a de la lumière dans le coin ? » demanda l’individu calmement, m’informant enfin qu’il s’agissait de Nan Gong Zui.

Je répondis également avec calme : « Est-ce qu’il y aurait de la lumière à l’intérieur d’une palourde ? »

Avant même que Nan Gong Zui ait pu ouvrir sa bouche pour me répondre, une douce lumière s’alluma soudainement. Sans un mot, Nan Gong Zui et moi regardâmes le plafond… Je veux dire, le centre de la coquille au-dessus de nos têtes, où une perle luisait à présent.

« Qu’est-ce que vous en pensez ? » s’enquit AnRui avec empressement.

« Parfait, merci beaucoup », répondit Nan Gong Zui avec une politesse extrême.

Ensuite, le reste de la foule fut jetée à l’intérieur les uns après les autres. Il ne fallut pas longtemps avant qu’un tas de personnes soient allongées à l’intérieur d’AnRui dans le plus grand désordre.

J’ajustai ma position allongée avant d’interroger tout le monde : « Je vais faire l’appel. Grand frère Wolf ? Belle-sœur Yu Lian ? »

« Ici. » Les voix de grand frère Wolf et belle-sœur Yu Lian me parvinrent depuis le même coin. Je tournai la tête dans cette direction et découvris que Yu Lian était dans les bras de Wolf, une expression de timidité affichée sur le visage… ah, je n’ai rien vu. Je détournai le regard.

« Doll ? » Juste après l’avoir appelée, deux claques retentirent, accompagnées par les gémissements et les pleurs de Celestial.

« Gui, Wicked ? »

« Pourquoi est-ce que tu nous regroupes ? » protestèrent-ils à l’unisson, comme s’ils étaient sur la même longueur d’onde.

« Lolidragon ? » Je criai, mais n’obtins aucune réponse. « Lolidragon ? »

J’entendis un ronflement, puis Heartless Wind répondit froidement : « Elle s’est endormie. »

Elle s’est endormie beaucoup trop vite ! *Transpire…* Je continuai à faire l’appel. « Fairsky, même si s’allonger t’offre une opportunité vraiment pratique, n’en profite pas pour dévorer Sunshine. »

« Euh, je… ne ferais jamais ça… probablement… » Pourquoi est-ce que sa voix semble teintée d’une pointe de culpabilité ?

« Kenshin ? » Je l’appelai, ne voyant aucune raison d’appeler aussi Arctic Fox, puisque celui-ci était toujours à côté de Kenshin.

« Présent. » Kenshin répondit simplement.

« Neurotic, DanDan ? »

« Ah, cette perle est si belle… »

« Avant qu’on ne descende de la palourde, est-ce que je peux prendre cette perle avec moi ? »

Bien, le couple vagabond et Winter Triumph sont tous là. Il ne nous reste plus que…

« Euuuuh, Lolidragon, laisse-moi dormir à côté de toi ! »

On dirait bien que tout le monde est là… Dans mon cœur, je murmurai, Merci, tout le monde, avant de crier très fort : « Alors, allons-y ! AnRui, on compte sur toi. »

« Hé, hé, hé, est-ce que tu m’as oublié ? » Une voix claire grogna avec amertume.

« Ming Huang… » Je l’appelai à contrecœur. Je ne pensais pas qu’il viendrait aussi avec nous.

« Propriétaire de Meatbun, je me mets en route », annonça poliment AnRui. Après ça, notre voyage vers le Continent du Nord commença… Hein ? Vous vous demandez comment une palourde peut marcher sur la terre…

En glissant ! N’ayez par l’air si soupçonneux, regardez, AnRui a déjà commencé à glisser. Dans son ensemble, le voyage nous parut relativement tranquille, sauf pour les fois où AnRui tournait occasionnellement à gauche ou se jetait vers la droite, et nous étions envoyés valdinguer à l’intérieur. Et aussi, quand AnRui freinait subitement, nous nous faisions tous écraser à l’avant, même si les expériences les plus douloureuses étaient quand AnRui sautait, et que nous volions dans les airs, nous cognant au plafond avant de nous écraser sur la chair en dessous en un floc.

« Urgh, j’ai le mal de palourde », s’écria Heartless Wind avec douleur.

Faiblement, je lui ordonnai : « Fais avec. Ça devrait s’arranger quand on atteindra l’océan. »

J’ignorais combien de temps ça avait pris, mais AnRui sauta soudainement avec un grand élan. Nous nous écrasâmes au plafond pendant quelques secondes, après quoi AnRui atterrit enfin avec force, et nous fûmes projetés contre sa chair avec la même force, ce qui fut suivi de plusieurs grognements.

Je restai allongé sur la chair de palourde et gémis de douleur pendant un moment avant de découvrir qu’AnRui ne semblait pas très stable et oscillait de gauche à droite, tel un navire flottant sur la houle. Très heureux, je m’exclamai : « Nous avons atteint l’océan ! »

En entendant mes paroles, les autres furent si contents qu’ils faillirent pleurer.

Comparée à l’enfer précédent où nous avions valdingué dans tous les sens, cette partie du voyage nous parut si confortable à cet instant que c’était presque comme si nous dormions dans le ventre de nos mères. Tout le monde s’allongea silencieusement sur la chair de palourde, appréciant le calme du moment. Après tout, quand nous aurions atteint le Continent du Nord, un combat à mort nous attendrait. Qui savait combien d’entre nous survivrait au DH ?

« Dis, pourquoi ne déciderions-nous pas d’un jour et d’un endroit où nous rencontrer dans le monde réel ? » proposai-je tout à coup. Si Prince venait à disparaître, alors je n’aurais plus besoin de cacher mon sexe. Je devrais pouvoir apparaître ouvertement devant tout le monde en tant que fille. Héhé, je me demande quel genre de tête ils feront quand ils découvriront mon sexe.

« C’est une bonne idée. Comme ça, on ne perdra pas contact », approuva belle-sœur Yu Lian avec un petit rire.

« Dans ce cas, rencontrons-nous au mariage de belle-sœur Yu Lian et grand frère Wolf ! » dis-je en souriant d’un air rusé.

« Qu’est-ce que tu racontes, Prince ? » me réprimanda faiblement Yu Lian.

Je ne pus m’empêcher de rire. Obtenir « la faible réprimande » de belle-sœur Yu Lian n’était pas chose aisée.

« Quel endroit devrions-nous choisir ? » questionna Nan Gong Zui avec excitation.

Je lui lançai un regard étrange avant de hausser les épaules et de répondre : « L’endroit n’est pas important. Ce n’est pas grave si nous sommes dans des pays différents. C’est si facile d’aller d’un endroit à l’autre de nos jours. Si nous utilisons une machine de transmission, on arrivera à destination en un rien de temps. » (Note : La machine de transmission fonctionne un peu comme le fax de notre époque, mais ce qui est transmis n’est pas du papier, mais plutôt des gens en trois dimensions ou des objets. Les frais de transmission sont conséquents.)

Je ris avant de répondre : « Quant aux frais de la machine de transmission, naturellement nous pouvons compter sur Lolidragon, la fille du grand président, pour s’acquitter de ce fardeau. »

Lolidragon grommela « hmphed » deux fois avant de m’envoyer un message privé : « Très bien, je vais payer pour tout le monde. J’ai déjà hâte de voir comment les autres réagiront quand ils découvriront ta vraie identité. Héhéhé, ils vont peut-être te tabasser jusqu’à ce que tu sois tout gonflé comme un cochon, en particulier Nan Gong Zui, Kong Kong et tous les autres qui t’admirent. Tu sais que les conséquences pour avoir brisé leurs fantasmes seront lourdes, n’est-ce pas ? »

Euh, Nan Gong Zui ne frapperait pas une femme, quand même ? J’espère que non…

« Je me demande à quoi ressemble Prince… Probablement pas à l’apparence qu’il a maintenant », la voix grave de grand frère Wolf résonna.

« Il y a probablement une énorme inconsistance. Autrement, comment se pourrait-il que personne ne soit parvenu à localiser le porte-parole de Second Life ? » murmura Winter Triumph, plongé dans ses pensées, m’effrayant au point que mon cœur bondit brusquement.

« Héhéhé, même si nos apparences dans Second Life sont basées sur le vrai physique des gens, on peut quand même en altérer une grande partie, comme ton poids. Peut-être que le vrai Prince est aussi gros qu’un cochon. » Le ton innocent que Lolidragon prit m’énerva tellement que j’en grinçai des dents.

« Qui est aussi gros qu’un cochon ? » m’exclamai-je en grinçant des dents.

« Quoi ? Je n’ai pas raison ? » Lolidragon exagéra encore plus son expression et prit même un ton « innocent » (innocent mon cul) pour demander en retour : « Autrement, à quoi est-ce que tu ressembles ? »

« Votre Altesse, peu importe à quoi vous ressemblez, Gui ne s’en préoccupera pas », s’empressa d’affirmer ce dernier.

Je n’eus même pas le temps d’envoyer un message privé à Lolidragon pour la menacer, lorsque quelque chose d’inattendu se produisit. AnRui, qui jusqu’alors naviguait sans-à-coups, se mit soudainement à trembler dans tous les sens avec vigueur. Je m’écriai vivement : « AnRui, est-ce qu’il se passe quelque chose ? »

« Il y a un obstacle », répondit AnRui, tendu.

Les cris angoissés de Heartless Wind reprirent à nouveau. « Ah, d’abord c’est le mal de terre, et maintenant le mal de mer. »

Lolidragon le réprimanda avec colère : « Mais, quel type inutile. »

« AnRui, est-ce qu’il y a un moyen de passer ? » Je me mis debout avec grande difficulté.

« Oui, mais ça risque de ne pas être très confortable. S’il vous plaît, faîtes attention tout le monde. Je vais devoir utiliser ma technique de Collision pour surmonter cet obstacle. »

AnRui s’excusa poliment, puis se dressa soudainement à la verticale. Je n’eus pas le temps de crier avant de dégringoler en roulant jusqu’au fond. J’ignorais qui était le type malchanceux que j’avais fermement écrasé, mais l’instant suivant je devins moi-même un coussin malchanceux pour la personne qui tomba sur moi et m’écrabouilla complètement. Cette personne m’aplatit tellement que mon sang remonta et que je faillis en vomir une giclée.

« Prince, puis-je te demander quel genre de technique c’est au juste, la technique de Collision ? » En dessous de moi, Nan Gong Zui me questionna d’une voix faible.

« Tournoyer… » Mon visage pali. Ne me dîtes pas que… ?

« On va tous mourir ! » hurla Heartless Wind avec désespoir.

 

 

Quelques nuages fugaces flottaient dans le ciel d’azur, tandis que des vagues s’élevaient d’un océan d’un bleu profond et venaient lécher une plage de sable blanc pur sur laquelle gisait… une palourde suffisamment grande pour faire mourir de peur n’importe qui !

Sans un bruit, les deux larges parties de la coquille de la palourde s’ouvrirent, et une main (qui tremblait légèrement) surgit de l’intérieur du coquillage. Puis, un humain mouillé et aux cheveux en bataille collés à son visage – ressemblant ainsi à Sadako1 surgissant d’un écran de télévision – s’extirpa de là en rampant, suivi par un groupe de personnes se tortillant hors de la coquille, tombant en silence sur la plage, raides morts.

« Si un jour, quelqu’un me redit de grimper dans une palourde, je jure d’exterminer toute sa famille sur dix-huit générations2. » Heartless Wind, le premier à être sorti, grinça des dents et proféra sa malédiction d’un ton démoralisé, oubliant complètement que la première personne à lui avoir ordonné de monter dans une palourde se trouvait être, par pure coïncidence, de la même famille que lui.

« Merci, AnRui. » Comme mes pieds tremblaient, je ne pouvais me tenir debout qu’en m’accrochant à moitié à sa coquille pour le remercier. Même si le voyage n’avait pas été des plus plaisant, au moins nous étions arrivés sains et saufs au Continent du Nord.

« Je t’en prie, propriétaire de Meatbun. » AnRui hocha la tête puis recracha Meatbun.

Meatbun poussa une grande exclamation joyeuse « oh, oh ! » tout en effectuant plusieurs soubresauts dans les airs avant d’atterrir sur ma tête. Incapable de contenir son excitation, il dit à AnRui : « AnRuiRui~ c’est tellement drôle de roul-rouler. Nous devrions y jou-jouer encore la prochaine fois. »

AnRui rigola : « Ok, la prochaine fois, je jouerai encore avec Meatbun. » Après avoir dit ça, AnRui se tourna vers moi et s’inclina même. « Maintenant, tout dépend de toi, propriétaire de Meatbun. »

Je n’avais pas vraiment tout compris, mais j’acquiesçai d’un signe de tête et le regardai retourner dans l’eau, où il disparut de notre vue après un splash.

Tournant la tête, je fis face à la foule. « Très bien. Où allons-nous à présent ? »

« La Cité Fleurie. » Gui sortit une carte et indiqua : « Nous nous trouvons approximativement au sud de la Cité Fleurie. Tant qu’on continuera à se diriger vers le nord, nous devrions pouvoir l’atteindre d’ici deux jours. Bien sûr, c’est dans l’hypothèse où personne ne nous bloquera le chemin. »

« Ah, dans ce cas nous n’atteindrons probablement pas la ville d’ici deux jours. » Heartless Wind regardait quelque chose derrière moi, les yeux écarquillés.

Je tournai la tête et faillis pousser un cri lorsque je vis ce qui était pratiquement une montagne et une mer de PNJs. Nous étions déjà encerclés par toutes sortes de PNJs. La seule fuite possible était par la mer derrière nous… Non, c’était trop tard, j’entendais déjà un bruit incongru derrière moi alors que les vagues s’agitaient. Il semblerait que nous soyons complètement encerclés.

À ce moment-là, tout le groupe avait repris ses esprits et s’était rassemblé, armes dégainées en main. Je tirai mon Dao Noir. Après m’être avancé pour prendre la tête du groupe, j’activai le canal de discussion pour notre Peloton d’Exécution. « Tout le monde en rang. Nous allons nous frayer un passage à travers la masse. Undying Man, Kenshin, Arctic Fox, Neurotic, Nan Gong Zui, Winter Triumph, mettez-vous en première ligne et ouvrez-nous la voie. Belle-sœur Yu Lian et Ming Huang, s’il vous plaît mettez-vous aussi devant pour les aider avec vos sorts. Tous les autres, restez au milieu. Heartless Wind, Wicked, vous venez avec moi à l’arrière. »

« Compris », répondirent-ils tous en cœur.

Ils adoptèrent lentement la formation que je leur avais indiquée, et les PNJs avaient l’air d’être prêts à passer à l’action. Je criai immédiatement dans le canal de l’équipe : « Faisons une percée vers le nord ! »

Immédiatement, belle-sœur Yu Lian se mit à réciter une incantation, et Ming Huang était si excité qu’il avait déjà lancé plusieurs frappes de foudre. Il se mit même à rire à gorge déployée : « Hahaha, il y a tellement de monstres. Ça fait longtemps depuis la dernière fois que j’ai pu prendre le plaisir d’électrocuter des choses. »

Dès que les mages ouvrirent la voie vers le nord, les guerriers en première ligne commencèrent à se battre pour se frayer un chemin hors du siège, et je me concentrai sur l’élimination des PNJs qui nous avaient rattrapés à l’arrière du groupe. Après un déluge d’attaques, je découvris lentement que, par chance, même si ces PNJs étaient nombreux, ils n’étaient pas si forts que ça.

Alors que nous faisions de notre mieux pour attaquer et tuer les PNJs, belle-sœur Yu Lian et Ming Huang s’écrièrent au même moment : « Les Neuf Courroux du Ciel » et « Pluie de Météorites ».

J’assistai de nouveau au spectacle de météorites et de la foudre s’abattant côte à côte devant moi. Je repensai à la première fois où j’avais vu quelque chose d’aussi impressionnant, lors de la bataille finale du Tournois des Aventuriers. Après les frappes chaotiques de météorites et de foudre, un espace de plus de dix mètres de diamètre se libéra devant nous.

« Courrez, vite ! » m’écriai-je à pleins poumons.

Dès que j’eus parlé, toute l’équipe se mit à courir désespérément. Dans notre élan, nous piétinâmes même des PNJs qui se relevaient. Ming Huang faillit perdre ses chaussures.

« Vite, dépêchez-vous ! Les guerriers qui ont une bonne agilité, portez les mages et courrez. » À l’arrière, Wicked et moi pressions tout le monde. Je regardai derrière moi et m’aperçus que d’innombrables PNJs étaient déjà à nos trousses. Mon cœur palpita. Même si elles n’étaient pas très fortes, avec leur nombre, même des fourmis pouvaient dévorer un éléphant.

« Ça ne va pas, Prince. » Lolidragon avait l’air de grincer des dents lorsqu’elle parla : « On devrait se séparer. Prends les plus forts d’entre nous – Kenshin, Sunshine et Celestial – et fonce jusqu’à la Cité Fleurie. Laisse-nous détourner l’attention des PNJs. »

« Non. » Je refusai carrément. C’est quoi cette blague ? Tu veux que je reste à l’écart et que je regarde les autres se faire détruire par des PNJs sans rien faire ? Je préférerais regarder tout Second Life se faire détruire plutôt que ça.

Pleine d’anxiété, Lolidragon hurla : « Mais, pourquoi es-tu si borné ? »

J’étais sur le point d’ouvrir la bouche pour répliquer quand je découvris qu’une ombre planait au-dessus de ma tête. Je levai les yeux, confus, mais à ce moment un phénix m’avait déjà attrapé et soulevé du sol.

« Prince ! » Stupéfait, Wicked se jeta sur moi et s’accrocha fermement à mes jambes.

Je levai vivement mon Dao Noir avec l’intention de couper les serres du phénix qui tenait mes épaules en étaux, mais le phénix semblait savoir ce que je m’apprêtais à faire, et il utilisa même ses ailes pour envoyer mon Dao Noir voler au loin. Au moment où mon Dao Noir tomba à terre, le phénix s’élança dans les airs. En un clin d’œil, j’étais déjà haut dans le ciel, et je m’éloignais toujours plus de mes compagnons.

« Prince ! » J’entendais encore Lolidragon hurler mon nom, et je pouvais apercevoir les expressions de stupeur sur le visage de tout le monde.

Qu’est-ce que je fais maintenant ? J’étais complétement pris au dépourvu. Même si j’arrivais à tuer ce phénix, j’étais condamné à devenir de la chair à pâté lorsque je tomberais.

« Tapis volant, vite, rattrape-le. » Une voix me tira de mes pensées. Je tournai la tête et vis que Sunshine était en chemin sur son tapis volant.

« Sunshine ! » l’appelai-je avec émotion, tout en me débattant de toutes mes forces. Maintenant, je n’avais plus besoin de redouter une chute certaine, car Sunshine ne me laisserait jamais m’écrabouiller au sol.

« Prince, tiens bon. Je viens à ton secours. » Juste à l’instant où Sunshine criait cela, une ombre apparut devant lui, le forçant à freiner abruptement. L’ombre appartenait à… Celestial ! Tandis que Sunshine restait bloqué, le phénix m’emporta de plus en plus loin et continua de voler jusqu’à ce que je ne puisse plus les voir.

« Pourquoi ? » Tout à coup, une douleur sourde étreignit mon cœur. Est-ce que Celestial est vraiment… un espion ? Il a empêché Sunshine de venir à mon secours…

« Noooon. Je suis à présent complétement seul et coincé dans les airs. Que dois-je faire ? » Je clignai des yeux, essayant de retenir mes larmes, mais une fois encore, puisque j’étais seul, il était fort probable que je m’écrase au sol sous peu. Même si je pleurais, personne ne le saurait.

« Xiao Lan, aide-moi à monter ! » s’écria Wicked avec difficulté.

Je baissai le regard vers mes pieds. Wicked… Grand frère Zhuo était en train de glisser lentement le long de mes jambes. Je m’empressai de le saisir et de le remonter à mes côtés. Après coup, nous n’osâmes plus bouger. En fait, nous agrippâmes les jambes du phénix de toutes nos forces. Qui sait à quelle hauteur nous nous trouvions actuellement ? Je savais juste que nous étions entourés de nuages blancs. Si nous venions à tomber, il était fort probable que personne ne serait capable de retrouver nos cendres.

« Qui aurait cru que nous commettrions un tel impair juste après avoir atteint la rive ? » dit grand frère Zhuo avec un faible sourire.

« Ouais », répondis-je, dépité. Je m’étais vraiment montré trop arrogant en croyant que je pourrais péniblement me frayer un chemin jusqu’à The Dictator of Life, puis, comme un héros, l’affronter bravement dans un duel à mort et périr avec lui – moi le héros et lui le boss final… à présent, je ne pouvais que mourir avec un oiseau. La réalité était vraiment trop cruelle !

Plein d’indignation, j’accusai : « Celestial a vraiment dépassé les bornes ! Il a bloqué Sunshine et l’a empêché de me sauver. »

Cependant, grand frère Zhuo déclara pensivement : « Celestial… peut-être qu’il ne nous a pas tout dit. Il se peut qu’il ne soit pas aussi bête qu’il en ait l’air. »

« Il nous a trahis ! » Je serrai les poings et rugis.

« Ce n’est pas nécessairement vrai. » Grand frère Zhuo sortit un compas et me le montra. « Regarde. Nous nous dirigeons vers le nord. »

Le nord ? En direction de la Cité Fleurie ? Cet oiseau n’est pas en train de nous emmener voir The Dictator of Life, quand même ? À cette pensée, j’ouvris immédiatement la bouche pour demander : « Hé, l’oiseau, est-ce que tu nous emmènes voir The Dictator of Life ? » Fire Phoenix était capable de parler, donc il n’y avait pas de raison pour que le phénix envoyé par le dieu de Second Life en soit incapable, n’est-ce pas ?

« Je ne suis pas un oiseau. » Comme je le pensais, le phénix se mit à parler, crachant ses mots d’un ton crispé.

Après avoir poussé un cri d’exclamation, je lui demandai à nouveau : « Dans ce cas, Phénix, est-ce que tu nous emmènes voir The Dictator of Life ? »

« Hmph, qui a dit que j’étais un phénix ? » répondit le phénix sur un ton effronté.

Après avoir entend un tel ton, je ne pus m’empêcher de me moquer de lui froidement : « Tu n’es pas un phénix ? Alors, quoi, tu es une dinde ?3 » Ah merde, j’ai presque failli oublier que ma vie était entre les serres de ce phénix. Il ne va pas se mettre en colère, j’espère ?

« Qu’est-ce que c’est une dinde ? » demanda alors le phénix d’un ton soupçonneux.

« Eh bien… c’est une créature très majestueuse », répondis-je d’une voix calme. Après tout, c’est admirable de la part des dindes de se laisser attraper pour être mangées par les gens.

« Je vois. Est-ce que je ressemble vraiment à cette créature majestueuse ? » Le phénix chantonna fièrement et joyeusement.

« Oui, beaucoup », acquiesçai-je avec une voix pleine de flatterie. Même grand frère Zhuo fut obligé d’étouffer ses rires.

« Mais, je ne suis pas non plus une dinde. » Peut-être que c’était parce que je l’avais complimenté et lui avais dit qu’il ressemblait à une créature majestueuse, mais le ton du phénix était à présent nettement plus aimable, même si son attitude hautaine n’avait pas changé. Plein d’arrogance, il annonça : « Je suis Inferno, l’un des Quatre Rois Célestes qui servent The Dictator of Life. »

Quoi ? Cette dinde est Inferno, l’un des Quatre Rois Célestes ? C’est vraiment… il n’avait pas du tout l’air d’être l’un d’entre eux. Je fronçai les sourcils. Peu importe sous quel angle je le regardais, il ressemblait à une dinde – ah non, je veux dire à un phénix – tout ce qu’il y avait de plus banal.

Inferno, qui volait à vive allure, freina soudain et demanda avec soupçon : « Hein ? Poseidon, que viens-tu faire ici ? »

En entendant le nom « Poseidon », je contemplai également la figure qui nous bloquait le chemin avec curiosité. Poseidon était à présent le seul Roi Céleste que je n’avais pas encore vu.

Après un regard, je ne pus m’empêcher de m’exclamer : « Est-ce que The Dictator of Life est trop faignant, ou est-ce que c’est l’auteure ? » Pourquoi ? Pourquoi est-ce que Poseidon… ressemblait exactement à Zephyr, la seule différence étant que ce dernier renvoyait l’image d’un tourbillon de vent virevoltant, tandis que Poseidon renvoyait celle d’un courant limpide ?

« Hé, hé, Inferno, tu devrais me les remettre. » suggéra gentiment Poseidon. « Je vais les emmener à The Dictator of Life. »

« Pourquoi ? Dictator m’a clairement ordonné de les lui apporter. » Inferno ne semblait pas du tout content de cette histoire.

« Dictator a changé d’avis ; il craignait qu’ils te mettent en colère et que tu oublies ta mission, que tu finisses par les tuer directement. » Poseidon n’était pas énervé et raconta simplement cela avec indifférence.

« Hmph, je ne ferais jamais ça. » Plein de ressentiment, Inferno déclara : « Je vais définitivement compléter la mission que Dictator m’a assigné. »

« Oublie ça. Donne-les-moi », répliqua Poseidon d’une voix douce, bien que son ton soit devenu légèrement plus ferme.

« Non, je vais les remettre à Dictator en personne. Je vais compléter ma mission. » Entêté, Inferno nous agrippa fermement, et en tant que spectateurs, grand frère Zhuo et moi-même continuâmes de regarder ces deux PNJs se disputer, puisque peu importe qui gagnerait, en fin de compte on nous emmènerait voir The Dictator of Life.

En entendant ça, le visage de Poseidon s’assombrit également, et il insista en feignant un ton léger : « Inferno, donne-les-moi. »

« Je ne le ferai pas. » Furieux, Inferno s’écria : « Dictator voulait clairement que ce soit moi qui les amène, pas toi. »

Ouah, c’est ça ce qu’on appelle une guerre civile ? Hum, d’après mes connaissances engrangées lors de mes nombreuses années de lecture de nouvelles, nous devrions les provoquer pour les faire se quereller encore plus. Ce qui serait même mieux, ce serait de les faire se battre, alors grand frère Zhuo et moi pourrions tirer avantage de la situation et nous enfuir.

« Oh la la, Wicked, avec qui penses-tu que nous devrions partir ? » J’interrogeai Wicked avec une expression complètement innocente, mais mes yeux voletaient vers Inferno et Poseidon.

Après m’avoir vu furieusement cligner des yeux plus de dix fois par seconde, grand frère Zhuo sembla atteindre une sorte d’épiphanie. Avec hésitation, il essaya de demander : « Ne devrions-nous pas partir avec celui qui est le plus fort ? »

« Hmph ! » Inferno émit un grognement appuyé. Même si Poseidon n’avait pas réagi, au moins nous étions parvenus à provoquer la colère d’Inferno.

Une fois encore, je demandai « innocemment » au phénix : « Hé, Inferno ! Entre toi et Poseidon, qui de vous deux est le plus fort ? »

« C’est moi bien sûr ! » Les flammes autour de son corps se mirent à brûler vigoureusement, et sa forme commença aussi à changer grandement… il passa de la forme d’une dinde banale à quelque chose qui n’était en rien différent de l’apparence de Poseidon et de Zephyr. La seule dissimilitude était sa couleur rouge.

Que l’auteure soit maudite pour être si faignante… Alors que grand frère Zhuo et moi tombions, nous ne pûmes nous empêcher de nous plaindre de notre situation… En effet, lorsque la dinde se transforma en figure humaine semi transparente, les serres d’oiseau qui nous tenaient disparurent immédiatement, ce qui signifiait que nous nous miment immédiatement à chuter. Pourquoi est-ce que mon plan pour provoquer une guerre civile… s’était retourné contre nous ?

« Oh non. » Inferno s’empressa de foncer sur nous, mais fut bloqué par Poseidon, ce qui le força à observer notre chute libre se produire juste sous ses yeux.

Euh…. Très bien, j’acceptais le fait de ne même pas avoir la chance d’apercevoir le visage du boss final, alors que j’étais le héros parti vaincre le super vilain. J’acceptais également d’avoir été capturé par les Quatre Rois Célestes. Mais, ne me dîtes pas que j’allais en fait mourir d’une chute à la suite d’une erreur de jugement momentanée de mon ennemi ? Je me demande, est-ce que beaucoup de personnes s’esclafferont à s’en rouler par terre lorsqu’elles entendront cette histoire ?

« Je suis désolé de t’avoir entraîné là-dedans, grand frère Zhuo. » Je le regardai avec une expression d’excuse. C’était complètement à cause de mon plan débile que nous allions nous retrouver de retour au Continent Central, devant rendre des comptes à tout le monde.

« Ce n’est pas grave. » Grand frère Zhuo se contenta de sourire gentiment.

« Je… » Après être seulement parvenu à dire « Je », je découvris que nous ne tombions plus, et qu’une étrange sensation venait d’en-dessous, comme si nous étions en train de flotter sur l’eau. Quand je penchai la tête pour voir ce qu’il se passait, je me rendis compte que nous nous tenions sur un bloc de glace ayant la consistance de la gelée. De l’eau ? Est-ce l’œuvre de Poseidon ?

« Dépêchez-vous. The Dictator of Life n’est pas à la Cité Fleurie. Vous devriez vous diriger vers l’est de la ville, en direction du Mont HuaLian. » La voix de Poseidon retentit près de mon oreille. Surpris, je tournai la tête vers grand frère Zhuo, qui avait l’air d’avoir entendu la même chose, mais il garda le silence.

Après avoir touché sol, j’aperçu un visiteur indésirable au loin. Zephyr se dirigeait actuellement vers nous à toute allure… Grand frère Zhuo et moi à nous seuls n’étions probablement pas de taille contre lui. Nous ne pouvions qu’avoir recourt au seul des Trente Six Stratagèmes4 que je connaissais : courir pour sauver notre peau !

Poseidon, qui avait retenu Inferno, alla à ses devants et lui bloqua également la voie. Même si je ne savais pas pourquoi il nous aidait autant, il n’y avait aucune chance que je laisse passer cette chance de nous enfuir. Vivement, je tirai grand frère Zhuo et me mis à courir à toute allure vers la forêt, faisant de mon mieux pour me diriger vers les parties les plus touffues pour empêcher les Quatre Rois Célestes de nous rattraper.

« Pourquoi Poseidon nous aide-t-il ? » s’enquit grand frère Zhuo avec suspicion, tandis que nous courrions.

« Je ne sais pas non plus », répliquai-je, mon esprit également rempli de questions. Tout devenait de plus en plus confus.

« Où devrions-nous aller maintenant ? » Grand frère Zhuo… D’accord, pour faire plus simple, je vais l’appeler Wicked… Wicked me demanda : « Tu veux aller à la Cité Fleurie ou au Mont HuaLian ? »

J’y réfléchis en silence. Poseidon nous a sauvé, c’est vrai, donc ce n’est peut-être pas une mauvaise idée de l’écouter, non ? Après avoir longuement considéré la situation, je répondis d’un ton résolu : « Rendons-nous au Mont HuaLian. »

Wicked garda le silence pendant un moment, puis dit lentement : « Je pense que nous ne devrions pas trop faire confiance à Poseidon. Je ne sais pas pourquoi, mais ses actions me paraissent un peu louches. »

« Mais, il nous a bien sauvés », réfutai-je. « S’il nous voulait du mal, il aurait simplement pu nous laisser nous écraser et mourir, ou il aurait pu laisser Inferno nous amener jusqu’à The Dictator of Life pour que ce dernier nous achève. Ç’aurait été beaucoup plus facile de faire ça, tu ne crois pas ? »

Après avoir écouté mes arguments, Wicked n’ajouta rien d’autre. Après que Wicked eut révélé ses doutes, nous nous arrêtâmes dans des fourrés pour examiner notre carte… Ok, j’admets que c’était Wicked qui examinait la carte. Je mis ce temps à profit pour sortir un peu de nourriture de mon sac…

« Prince, est-ce que vous allez bien tous les deux ? » questionna Gui avec inquiétude.

« Hein ? » Ma bouche était pleine de nourriture. Je regardai de parts et autre. C’est étrange, Gui n’est pas là… Est-ce que j’entends des voix ?

« Prince, Prince ? » Gui était si anxieux que sa voix était entrechoquée de pleurs. Finalement, il s’écria avec impuissance : « Oh non, Prince n’a pas répondu. Est-ce qu’il est retourné au Continent Central et qu’il est revenu à la vie là-bas, ou pire encore, est-ce que Prince aurait été… par le DH… » Après avoir dit cela, Gui fut incapable de finir sa phrase ,et je n’entendis plus que le son de ses sanglots.

Lolidragon soupira. « Dans de telles circonstances, même Prince n’a probablement eu aucun moyen de survivre. C’est juste que, avec sa disparition, Second Life n’a plus aucun espoir. »

« Alors, qu’allons-nous bien pouvoir faire… »

En entendant les lamentations de nos camarades, Wicked me jeta un drôle de regard et m’interrogea : « Tu ne prévois pas de leur répondre ? »

Je mâchai la nourriture dans ma bouche. Après avoir avalé, j’ouvris le canal de communication de l’équipe et dis avec énergie : « Salut, tout le monde ! »

« … »

« Salut, mon cul ! » s’indigna Lolidragon avec exaspération et frustration. « Si tu es vivant, pourquoi n’as-tu pas répondu plus tôt ? »

« On ne doit pas parler la bouche pleine. C’est une règle basique de courtoisie ! » répondis-je avec conviction.

« Tu… » Après que sa rage se fut dissipée, Lolidragon s’enquit faiblement : « Où êtes-vous ? »

« Entre des arbres », répondis-je honnêtement.

Lolidragon savait probablement qu’elle n’obtiendrait pas de réponses de ma part, aussi elle demanda directement : « Wicked, où êtes-vous ? »

« Nous sommes au sud-est de la Cité Fleurie. » Wicked scruta la carte avec attention et ajouta : « Nous essayons de localiser la direction du Mont HuaLian. »

« Le Mont HuaLian ? » répéta-t-elle, confuse, comme j’observais Wicked s’affairer avec un compas, une boussole et d’autre outils pour confirmer notre position. Puisqu’il était si occupé, c’était à moi qu’incombait la charge de raconter tout ce qu’il s’était passé jusqu’à maintenant à Lolidragon.

Après avoir entendu toute l’histoire, Lolidragon me questionna avec doutes : « Tu es sûr qu’on peut faire confiance à Poseidon ? Et si c’était un piège ? »

Je me grattai la tête. « Et si ce n’en était pas un ? »

Pendant un long moment, Lolidragon ne dit rien, puis elle finit par décider : « Divisons-nous en deux groupes. Toi et Wicked, vous irez à la Cité Fleurie. Nous on va vérifier le Mont HuaLian. »

« Est-ce que le Mont HuaLian est plus dangereux ? » Je n’eus pas besoin d’y réfléchir longtemps pour comprendre que Lolidragon devait sentir que ce lieu était plus dangereux, ce qui était la raison pour laquelle elle m’avait demandé d’aller à la Cité Fleurie.

« Je veux absolument que tu ailles à la Cité Fleurie », affirma-t-elle d’un ton intraitable. « Arrête d’être aussi entêté, Prince. Et Wicked, emmène cet idiot à la Cité Fleurie même si tu dois le traîner là-bas, mort ou vif. »

Wicked me lança un regard, puis ses yeux se posèrent sur la carte, non plus à l’emplacement du Mont HuaLian mais de la Cité Fleurie. Je lui adressai aussitôt une expression suppliante, espérant qu’il reporterait son regard sur le Mont HuaLian, mais Wicked était Wicked après tout, et il se contenta de rétorquer : « Le seul endroit où je t’emmènerai c’est la Cité Fleurie. »

Comme je l’avais craint, il ne me laissa aucune chance d’en discuter. Même si je voulais me faufiler au Mont HuaLian, étant un tel empoté pour tout ce qui était relatif au sens de l’orientation, je pense que la probabilité que je l’atteigne avec succès était aussi faible que la probabilité que je puisse m’approcher de The Dictator of Life et le massacrer d’un seul coup de mon dao.

En parlant de mon dao… Je me rappelai subitement mon Dao Noir ! Par réflexe, je tendis la main vers ma taille. Il ne restait que le fourreau ; mon Dao Noir ne s’y trouvait plus depuis un bon moment. J’avais failli oublier que je l’avais déjà perdu au moment où je m’étais fait emporter par Inferno.

« Génial, je n’ai même pas d’arme. Est-ce que je suis censé utiliser mes dents pour mordre The Dictator of Life jusqu’à ce que mort s’ensuive ? » J’étais un peu découragé. Perdre mon Dao Noir qui avait combattu à mes côtés depuis le début faisait que mes chances de tuer Dictator étaient encore plus faibles que mes chances de gagner à la loterie.

« Allons-y. J’ai plus ou moins compris comment atteindre la Cité Fleurie. » Wicked se leva et n’ajouta rien d’autre avant de se mettre en route.

« Oh. » On dirait que, à part suivre Wicked bien sagement, je n’avais pas d’autres options.

« Wicked, j’ai perdu mon dao. Qu’est-ce que je vais faire si nous tombons sur des ennemis ? » lui demandai-je avec inquiétude, alors que nous marchions. Même si mes jambes étaient relativement fortes, je ne voulais pas m’en servir pour affronter des PNJs maniant des armes.

« Je te protègerai », dit Wicked sans même tourner la tête comme il avançait devant moi, ouvrant la voie.

Euh, en tant que fille, entendre un bel homme dire : « Je te protègerai » … La réaction normale d’une jolie fille serait sûrement de répondre d’un ton sensible et embarrassé : « Je crois en toi. » Mais, je savais pertinemment que nous étions entourés d’ennemis, isolés et sans aucun secours. Avec seulement Wicked comme force de combat, nos chances d’atteindre la Cité Fleurie indemnes ne pouvaient que se résumer en ces quelques mots : absolument nulles !

C’est pourquoi je voulais quand même une arme ! Je fouillai mon sac de fond en comble. Hahaha, c’était génial, à part cette dague courte (Est-ce que tout le monde s’en souvient encore ? C’est celle qui fait moins de quinze centimètres de long au total), je n’avais pas la moindre arme. On ne pouvait pas me le reprocher. C’est le destin qui a voulu que mon Dao Noir soit une arme de type croissance, donc que je n’aie jamais eu à changer mon arme lorsque je montais de niveaux. Puisque normalement, j’affrontais tous les défis avec une seule arme, je n’avais pas de raison d’avoir une arme supplémentaire dans mon sac.

À cet instant, Wicked se retourna, me donna une épée sans un mot, puis d’un ton quelque peu embarrassé, il se reprit : « Désolé, oublie ce que je viens de dire. »

« Ahhh. » Wicked se retourna, mais soupira en silence.

« Wicked. » Je le regardai avec une expression perdue.

« Ne t’inquiète pas. Le fait que je soupire n’a rien à voir avec toi. » Wicked fronça les sourcils.

« Euh… »

« Non, vraiment, ça n’a rien à voir. » Wicked soupira de nouveau, puis il se retourna et se remit à ouvrir la voie. Il avait l’air de ne rien vouloir dire à ce sujet.

Je… je veux juste lui demander comment on utilise cette épée… Je n’ai encore jamais manié d’épée ! Même cette lame avait l’air d’être de particulièrement bonne facture, pour une personne qui n’avait jamais manié d’épée auparavant, c’était un peu du gâchis… Maintenant que j’y pense, pourquoi est-ce que cette épée m’a l’air si familière ?

« Wicked, ce ne serait pas l’épée que tu utilises en ce moment ? » Pas étonnant qu’elle me semble si familière. C’était l’épée qu’il portait toujours sur lui !

« Est-ce un problème ? » Wicked se retourna pour dire : « Même si elle ne tient pas la comparaison face à ton Dao Noir, c’est la meilleure épée que je possède. »

Je posai les yeux sur l’épée qu’il avait en main et m’aperçus qu’elle était clairement largement inférieure à celle que je tenais. Je n’eus d’autres choix que d’avouer : « Je voulais juste une épée. Je n’ai pas dit que je voulais ta meilleure lame. Qui plus est, si c’est moi qui l’aie, comment comptes-tu te défendre ? »

Wicked leva l’épée dans sa main. « J’ai celle-ci. »

« Mais… » Je voulais toujours le convaincre de me donner celle dans ses mains, mais Wicked s’était déjà retourné et ne jeta même pas un regard en arrière lorsqu’il reprit la route.

« Je ne te donnerai jamais rien qui soit de piètre qualité ! » déclara brusquement Wicked après un moment.

Tout à coup, j’eus l’impression que quelque chose brûlait sur mon visage. C’était… vraiment étrange.

« Trouvé ! » Une soudaine rafale de vent nous attaqua, et après ces mots, une étrange créature apparut. C’était une licorne, une licorne avec une crinière de feu.

« Vous m’avez fait gaspiller tellement d’efforts. » Sous mon regard stupéfait, la licorne devint d’un seul coup une silhouette humaine rouge à demi transparente. « Dépêchez-vous et venez avec moi voir Dictator. Autrement, Poseidon va encore nous rattraper. »

J’étais sur le point de lui répondre, quand Wicked couvrit immédiatement ma bouche de sa main. « N’y pense même pas. »

Même si j’étais un peu perplexe, je me tus sagement et laissai Wicked parler. « Est-ce que tu vas vraiment nous amener à Dictator ? Tu n’as pas peur que nous l’assassinions ? »

Inferno réagit comme s’il venait d’entendre une bonne blague : « Assassiner Dictator ? Hahahaha, vous allez me faire mourir de rire. Même à deux, vous n’êtes pas capables de toucher à un seul de mes cheveux, et malgré ça vous voulez tuer Dictator ? Même s’il se tenait devant vous sans bouger, vous ne seriez pas capable de le tuer. »

« Xiao Lan. » Wicked m’envoya subitement un message privé. « Écoute-moi. Plus tard, quand je commencerai à affronter Inferno, enfuis-toi immédiatement. Rends-toi au Mont HuaLian retrouver les autres. »

« Je refuse ! » Je ne lui laissai aucune chance d’argumenter. Je n’abandonnerai jamais Wicked pour m’enfuir seul de mon côté.

Le visage de Wicked s’assombrit, et il prit un ton strict pour me réprimander : « Arrête de faire l’idiote, Xiao Lan. Si je meurs, le pire qu’il puisse se produire est que je sois réexpédié sur le Continent Central pour attendre le retour de tout le monde. Mais, si toi tu meurs, notre mission sera un échec complet cette fois. Est-ce que tu vas trahir la confiance inconditionnelle que tout le monde a placé en toi ? Est-ce que tu vas trahir leur décision sincère de te suivre jusqu’au bout ? »

« Je n’abandonnerai jamais un seul de mes camarades ! » rugis-je férocement. C’était l’un de mes principes. Personne ne me forcerait à le rompre.

« Prince. » Le visage de Wicked était extrêmement réticent, mais sa voix s’adoucie.

« Battons-nous ensemble, Wicked. » Sans battre en retraite, je me tins à ses côtés.

Wicked soupira, mais en voyant qu’il ne parvenait pas à me faire changer d’avis, il ne put qu’accepter : « Très bien ! »

« Vous voulez m’affronter ? » demanda Inferno avec impatience. « Vous n’avez aucune chance de gagner. Pourquoi faire quelque chose d’aussi vain ? »

Je testai l’épée et m’en servis pour fendre l’air avant de répondre calmement : « Parfois, même quand on sait qu’on va échouer, on se doit quand même d’essayer. »

Je fixai mon regard sur Inferno et dis à Wicked par message privé : « Wicked, attaquons-le de parts et autre. »

« Ok », répondit-il, puis il déclara avec férocité : « Maintenant, c’est le moment ! »

À ces mots, je me précipitai aussitôt en avant. Inferno resta stupéfait l’espace d’une seconde, puis il leva les mains pour invoquer vivement des flammes afin de me contrer, mais je les esquivai en glissant sur le sol, de sorte à me retrouver à trois pas de lui. Je gardai ma position sans plus en bouger.

Avec l’attention de Inferno rivée sur moi, Wicked saisit l’occasion et commença son attaque. Presque silencieusement, il fonça droit devant, comme s’il allait transpercer le cœur d’Inferno, mais il fut quand même découvert. Inferno esquiva ; Wicked ne trancha que de l’air.

Comme je n’étais qu’à trois pas de distance, je lançai immédiatement ma vraie offensive : « Rhapsodie Infernale d’un Blanc Pur ! »

Mon épée parvint avec succès à entrer en contact avec le corps de mon adversaire. Juste alors que je m’en réjouissais, Inferno me toisa froidement : « Tu veux jouer avec le feu contre moi ?! Flamme des Abysses ! »

Je regardai impuissant pendant que des flammes noires se dispersaient, dévorant ma Rhapsodie Infernale d’un Blanc Pur en une fraction de seconde, et à présent les flammes bondissaient vers moi. Ressentant leur chaleur mortelle, je m’empressai de reculer, mon dos se heurtant violement à un tronc. J’en eus le souffle coupé, et je ne pus que contempler les flammes noires alors qu’elles s’apprêtaient à m’engloutir.

« Inferno, par ici ! » Wicked abattit son épée sur Inferno, saisissant cette opportunité pour rediriger son attention.

Immédiatement, je me levai et l’attaquai pour libérer Wicked de cette situation périlleuse.

« Cette fois, vous m’avez vraiment mis en colère ! » rugit Inferno entre ses dents serrées, avant de commencer à faire d’étranges signes avec ses deux mains.

« Wicked, attaquons-le ensembles. Ne le laisse pas finir ces sceaux. ! » hurlai-je, très alarmé. Je n’étais pas près d’oublier que Zephyr avait la force de détruire la Cité de l’Infini. J’avais le pressentiment que, si je laissais Inferno finir ses signes, j’allais être réexpédié sur le Continent Central.

Pendant que je criais ces mots, l’épée dans mes mains ne resta pas désœuvrée. J’attaquai Inferno sans utiliser aucune technique tape-à-l’œil… mais, soudainement, ses flammes surgirent du sol. Avec Inferno en point d’épicentre, le sol se mit à se fissurer en forme de flocon de neige, avec des geysers de flammes surgissant des failles.

« On ne peut plus l’arrêter. Prince, vite, sauve-toi ! » me pressa Wicked depuis l’autre côté des flammes.

Je me mis à courir à toute vitesse, mais les fissures firent tout leur possible pour se propager vers moi, et la chaleur des flammes était si intense que j’avais l’impression que mon dos était en feu. Je n’avais même pas le temps de regarder derrière moi pour vérifier la situation, je ne pouvais qu’entendre la terre gémir en se fracturant, comme si elle pleurait de chagrin.

Une explosion qui perça le ciel retentit. Je fus presque emporté par le souffle puissant qui s’ensuivit et qui était accompagné de flammes intenses. Je m’écrasai avec force contre un arbre, et le tronc se fendit avant même que j’aie le temps de cracher une giclée de sang, puis je fus de nouveau projeté en avant par une autre rafale de vent et de flammes.

Ma vision fut plongée dans les ténèbres, et j’avais l’impression qu’une tonne et demie m’écrasait. Je bougeai pour toucher ce poids… Attendez, ne me dîtes pas que j’allais périr écrasé sous un arbre ? Pensez-y, quand quelqu’un demandera « est-ce que tu es mort en affrontant le boss final ou Les Quatre Rois Célestes ? » et que je répondrai « Non, pas vraiment, le vent m’a fait tomber puis je me suis fait aplatir par un arbre »… Aaaah, c’est bien trop embarrassant.

« Prince… » Un rayon de lumière et une voix anxieuse parvinrent jusqu’à moi.

« Wicked ! » m’écriai-je joyeusement, mais, en faisant ça, la douleur provoquée par ma blessure sur la poitrine se raviva. Mon visage perdit aussitôt toutes ses couleurs.

Affligé, Wicked me regarda et utilisa sa voix la plus gentille pour me rassurer : « Ne t’inquiète pas, je viens te sauver. »

Alors que je le regardais faire de son mieux pour dégager les branches, je découvris soudain que son corps était taché de sang, et l’expression sur son visage n’était pas mieux que la mienne. Et pourtant il continuait de risquer sa vie pour venir à mon aide. Même si chaque geste drainait un peu plus les couleurs de son visage, même si son sang gouttait tel des pétales rouges…

« Wicked… Grand frère Zhuo. » J’avais l’impression qu’une sorte de chaleur emplissait mon cœur. Ce dernier palpita alors que je contemplais grand frère Zhuo.

Après avoir dégagé les branches, grand frère Zhuo me sortit de là avec délicatesse. Soutenant mon corps, il saisit une potion rouge et la versa lentement dans ma bouche, puis il prit un ton très doux pour dire : « Je vais me servir d’une technique ultime que je n’ai encore jamais utilisée jusqu’ici. Essaie de ne pas te tenir trop près, d’accord ? »

« Tu n’as pas besoin de mon aide ? » Je m’empressai de me dégager de son embrasse, alarmé, et insistai : « Inferno est trop fort. J’ai peur que tu n’aies pas le temps de lancer ta technique ultime. »

Grand frère Zhuo eut un léger sourire. « Ne t’inquiète pas. Lorsque je lance ma technique ultime, rien ne peut plus l’arrêter, et elle ne fait pas la distinction entre mes alliés et mes ennemis. J’ai peur de te blesser, donc je voudrais que tu gardes tes distances. »

« Oh. » Je me grattai la tête. On dirait que je suis encore une fois devenu un fardeau. Ce genre de sentiment était insoutenable.

« Bien, recule lentement. » Après que Wicked eut calmement dit ça, je suivis ses instructions.

Alors que je fixais son dos fier et droit qui refusait de s’avouer vaincu, chaque pas l’amenant un peu plus près de Inferno, j’eus tout à coup un mauvais pressentiment. Mes pieds s’arrêtèrent pendant une seconde, mais après y avoir réfléchi, je décidai que je ne voulais pas être un poids pour qui que ce soit, aussi je continuai de reculer lentement.

« Tu veux t’enfuir ? » s’exclama Inferno.

« Ton adversaire, c’est moi », la voix de Wicked retentit forte et claire. Serrant ma prise sur mon arme, je m’inquiétai, ne sachant pas si sa technique ultime serait efficace… une arme ! La meilleure épée de Wicked était encore entre mes mains. Cette horrible épée dans ses mains ne serait jamais suffisante pour engager le combat contre Inferno.

Réalisant cela, je me retournai immédiatement, voulant jeter l’épée à Wicked, mais à la place je vis ce dernier marcher lentement vers Inferno sans absolument aucune arme entre les mains. Juste alors que je me mettais à réfléchir pour comprendre pourquoi, Wicked prononça les mots suivants à voix basse : « Activation du programme d’autodestruction DPNJ ! »

Programme… d’autodestruction DPNJ ? Se pourrait-il que Wicked ait fait installer le DPNJ sur lui ? Et pourquoi est-ce un programme d’autodestruction ?

Je n’eus pas besoin d’une réponse. La scène qui se déroula sous mes yeux m’expliqua clairement de quoi il s’agissait. Tout d’un coup, une lumière d’un blanc perçant surgit du corps de Wicked. Je refusai de cligner des yeux tandis que je faisais face à cette lumière blanche, et je finis par apercevoir le sourire plein d’affection que Wicked m’adressait, et on aurait dit qu’il me chuchotait : « Je ne veux plus jamais te voir être blessé… »

Une explosion ! Sous mes yeux, Wicked et Inferno explosèrent au même moment. Je perdis toutes mes forces, tombant à genoux alors que j’étais confronté aux résultats de l’explosion : des flocons blancs dansaient dans le ciel et pas une seule personne ne se tenait là où avait eu lieu le centre de l’explosion.

« Grand frère Zhuo ? » Je l’appelai doucement, mais personne ne me répondit. Je faillis éclater en sanglots alors que je continuais d’appeler de toutes mes forces : « Grand frère Zhuo ? Où es-tu ? N’essaie pas de me faire peur ? Ou es-tu déjà de retour au Continent Central ? »

Le DPNJ… Le rôle du DPNJ est de mourir ensemble avec les PNJs. Il fallut que, à ce moment-là, la voix de Lolidragon resurgisse dans mon esprit sans aucun tact.

« Wicked… as-tu disparu pour toujours ? » D’un air absent, je tendis la main pour saisir l’un des flocons blancs, gentil et doux au toucher. C’était comme voir le sourire affectueux et indulgent de grand frère Zhuo.

Notes de bas de page

1« …ressemblant ainsi à Sadako surgissant d’un écran de télévision… » : Sadako est un personnage de The Ring, un roman d’horreur qui a été adapté au cinéma. On la décrit généralement comme une jeune femme lugubre dont le visage est caché par ses long cheveux, et on la voit souvent sortir en rampant des écrans de télévisions. Elle fait partie de la vidéo maudite Ring, les personnes l’ayant regardée sont censées mourir dans les sept jours qui suivent.

 

2« …je jure d’exterminer toute sa famille sur dix-huit générations. » : C’est une façon assez commune de jurer que vous éradiquerez une famille entière, de la plus ancienne génération à la plus récente, des arrières grands-parents aux nourrissons. Le terme dix-huit générations fait référence aux huit générations d’ancêtres et aux huit générations de descendants à venir. Oui, ça ne fait que dix-sept si on inclut la génération actuelle.

 

3 « Tu n’es pas un phénix ? Alors, quoi, tu es une dinde ? » : En chinois, dinde s’écrit littéralement « poulet de feu ».

 

4 « Trente Six Stratagèmes » : Les Trente Six Stratagèmes sont une collection de stratégies qui auraient été pensées par Sun Tsu. Ces stratagèmes s’appliquent à la politique, la guerre, la diplomatie et l’espionnage, et impliquent très souvent l’utilisation de moyens peu orthodoxes voir fallacieux. Traditionnellement, ils sont divisés en six groupes en fonction des situations auxquelles ils correspondent le mieux. Ces catégories incluent des stratégies pour gagner, s’occuper de ses ennemis, attaquer, causer du chaos, gagner du terrain, et en désespoir de cause.

1/2 Prince T7C1 : Navire de guerre suprême

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½ Prince Tome 7 : La vie qui s’écoule

Roman d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)


Chapter 1: Supreme Battleship – traduit du chinois vers l’anglais par dahlys[PR!]
Chapitre 1 : Navire de guerre suprême – traduit de l’anglais au français par Nocta
+ travail de vérification par AkaiiRia

Le cœur de Gui…

Sans réfléchir, je bondis immédiatement vers Gui, mais le détestable système fut plus rapide que moi. Gui s’envola en un pilier de lumière blanche juste sous mes yeux, le grand sourire sur son visage attestant qu’il mourrait sans aucun regret… Quant à moi, mon corps s’écrasa lourdement sur le sol. Je ressentis une furieuse envie de pleurer…

Gui a disparu, Gui a disparu, Gui a disparu ! Lentement, la panique commença à m’envahir du plus profond de mon cœur. Est-ce que Gui a vraiment disparu ? Il ne reviendra plus ? Mais, alors, le Gui qui souriait toujours avec insolence, qui me laissait toujours le frapper et le gronder, et qui se tenait toujours derrière moi, me soutenant en silence, ce Gui a disparu ?

« Prince, pourquoi restes-tu planté là ? Zephyr est encore là », s’écria Lolidragon avec exaspération.

Alors que des larmes coulaient de mes yeux, j’enlaçai Lolidragon et gémis : « Lolidragon, Gui a disparu. Qu’est-ce que je dois faire ? »

Lolidragon, qui était dans mes bras, se raidit soudainement. Elle saisit ma tête avec ses deux bras et avec un « crack » retentissant, tourna ma tête pour que je sois face à Zephyr…. Aïe, on dirait bien que j’ai perdu une petite centaine de points de vie…

Détachant chaque syllabe, Lolidragon répliqua : « J’ai dit, Zephyr est encore là. Tu ne comprends pas ce que je te dis ? »

« J’ai compris. Je vais venger Gui. » Je regardai Zephyr avec des yeux injectés de sang. « Il a fait disparaître Gui, donc je le vengerai même si ça doit me coûter la vie ! »

Je ressentis une vive douleur à l’arrière de mon crâne et me retrouvai allongé face contre terre. Avant que j’aie pu comprendre ce qu’il se passait, j’entendis Lolidragon m’enguirlander avec véhémence. « Espèce d’abruti ! Est-ce que mes mots sont tombés dans l’oreille d’un sourd ? Je t’ai expliqué il n’y a pas longtemps que le DH est programmé de telle façon qu’un PNJ disparaîtra immédiatement après avoir tué un joueur. Zephyr se tient encore ici, sain et sauf, mais toi tu continues de gémir que Gui a disparu ! Tu n’as pas du tout écouté ce que je t’ai dit ! Te parler est un gaspillage de mon souffle, et c’est encore moins constructif que de jouer du piano pour une vache1. »

Je relevai la tête, les yeux brillant de joie. Donc, Gui n’a pas disparu ? Ça ne va pas, je dois m’en assurer. J’ouvris immédiatement le canal de MP et demandai hâtivement : « Gui, Gui, Gui ! Tu es là ? »

« Je suis là ! Prince, tu devrais faire attention avec ce Zephyr. Je suis en train d’appeler toute la bande en renfort », répondit Gui avec anxiété.

Je me sentis profondément soulagé quand je l’entendis parler. Bien, Gui est encore en vie !

« Prince ! Mais est-ce que tu m’écoutes au moins ? Zephyr est toujours là ! Tu comptes rester allongé là et lui faciliter la tâche pour te tuer ? » La voix de Lolidragon laissait penser qu’elle était au bord de l’hystérie, aussi je m’empressai de bondir sur mes pieds, dégainai mon Dao Noir, et observai les mouvements de Zephyr.

« Relax, Dictator nous a interdit de te tuer », dit-il froidement. « Sinon, tu serais déjà mort un millier de fois. »

« Pourquoi est-ce que The Dictator of Life vous a interdit de me tuer ? » Soudainement, j’étais plein de curiosité. Clay avait également dit qu’il ne me tuerait pas. Maintenant que Zephyr disait la même chose, une étrange idée me vint à l’esprit. Est-ce que The Dictator of Life… ne désire pas me tuer ? Aussi, je dois être la seule exception, puisque Zephyr a assassiné Gui sans la moindre hésitation, mais il ne m’a pas tué moi, la source de sa colère.

« Je ne sais pas, mais les ordres de Dictator sont absolus », répondit-il froidement.

Je penchai la tête sur le côté et réfléchis. Hum, The Dictator of Life a interdit à Zephyr de me tuer, et Zephyr a dit qu’il ne pouvait pas désobéir à ses ordres, donc ça veut dire qu’il ne me tuera pas peu importe ce que je ferai ! J’affichai un rictus maléfique. Qu’est-ce que j’attends dans ce cas ?

« Ta vie est à moi ! » Je dégainai mon Dao Noir et fonçai sur Zephyr sans hésiter. Immédiatement, j’abatis ma lame avec l’intention de lui donner une bonne leçon.

Cependant, Zephyr évita toutes mes attaques avec calme et facilité. Il leva un de ses sourcils et, d’un air inquisiteur, il me questionna : « Tu veux me tuer ? »

« Qu’est-ce que je pourrais bien faire d’autre avec une épée ? Te gratter le dos avec ? » m’écriai-je, mais mon Dao Noir dans mes mains ne cessa pas une seconde de l’attaquer. Je tranchai à la verticale et à l’horizontal, mais pas un seul de mes coups n’atteignait le corps gracieux de Zephyr.

« Les humains sont vraiment l’épitome de l’arrogance », affirma ce dernier tandis qu’il agitait sa main avec dédain.

En entendant ce qu’il venait de dire, je m’énervai tellement que je faillis dégainer ma lame pour l’abattre sur lui… Euh, je crois que je suis déjà en train de faire ça. Mais, Zephyr avait raison. Seul, je ne pouvais même pas lui infliger la moindre égratignure. Soudainement, une pensée me vint. Si je ne peux même pas toucher Zephyr, alors qu’en sera-t-il de The Dictator of Life ?

Je me forçai à secouer la tête. Il me reste encore mes compagnons ! Si tout le monde travaille ensemble, nous pourrons définitivement vaincre The Dictator of Life !

« Prince ! »

J’entendis la voix de Gui derrière moi, accompagnée des bruits de pas de nombreuses personnes. Sans même me retourner, je savais que Gui avait rassemblé des gens pour me venir en aide.

L’expression de Zephyr s’assombrit, et il déclara : « J’avais presque oublié. Les humains sont les exemples parfaits de ce qu’est “la tyrannie de la majorité”. »

Un peu agacé, je répliquai : « Hé, souviens-toi que tu es un BOSS. Les mécanismes du jeu font que c’est impossible pour un joueur d’affronter un BOSS en solo. Ça n’a rien à voir avec le fait d’être un humain ou un PNJ ! »

« Ha-ah, tu commences déjà à te chercher des excuses. » Zephyr afficha une expression qui donnait l’impression qu’il savait déjà que ça allait arriver.

Non seulement cette personne méritait d’être passée à tabac plus que mon frère et Lolidragon combinés, mais en plus il était tout aussi têtu que Celestial. Cela faisait de lui quelqu’un de très dur à gérer. *Soupir* Est-ce que The Dictator of Life laisse tous ses subordonnés faire ce qu’ils veulent ? D’abord, Celestial a refusé de partir. Maintenant, on a Zephyr sur les bras. Est-ce qu’il prend vraiment ma Cité de l’Infini pour une garderie ?

« Prince, battons-le ensemble ! » Des flammes de rage brûlaient dans les yeux de Gui.

Avant que j’aie pu ouvrir la bouche pour lui répondre, Zephyr m’interrompit : « Si on m’oublie du lot, vous êtes tellement faibles que vous ne pouvez même pas vaincre Celestial. Ne vous inquiétez pas cependant, je n’ai pas l’intention de vous tuer. Je suis venu pour régler son compte à ce traître de Celestial. »

« Tu veux tuer Celestial ? » Légèrement confus, je lui demandai : « The Dictator of Life ne vous a-t-il pas interdit de vous entre-tuer ? »

« Il nous le l’a bien interdit. » Zephyr sourit diaboliquement et ajouta : « Mais, puisque Celestial nous a trahi, il n’est plus considéré comme l’un des nôtres. »

C’était simplement illogique. Gui et moi firent tous les deux une drôle de tête.

Le visage de Zephyr changea brusquement, et ce dernier devint plus menaçant. Il gronda de façon agressive et rugit froidement : « Où est Celestial ? Si vous refusez de me le livrer, je ferai s’abattre une pluie de sang sur la Cité de l’Infini. »

Lorsqu’il finit de parler, le château se mit à trembler violement. De furieuses bourrasques de vent rugirent, faisant voler en éclats toutes les fenêtres autour de moi. Le vent était si fort que je dus utiliser toutes mes forces simplement pour rester debout.

Bam ! Choqué, je regardai derrière moi et découvris que Gui ainsi que de nombreux citoyens de la Cité de l’Infini étaient collés au mur, tentant désespérément de bloquer le vent avec leurs mains alors que ce dernier était aussi aiguisé qu’une lame.

Il est allé trop loin ! Je rugis avec colère : « Je ne sais pas ! Et même si je le savais, je ne te le dirais pas. »

« Qu’est-ce que tu ne veux pas dire à Zephyr ? »

Je reniflai froidement et répondis : « Où se trouve Celestial, bien sûr… » Euh ? Cette voix, on dirait que c’est celle de… Je tournai la tête, et ma mâchoire faillit se décrocher. Celestial se tenait à la porte, les sourcils froncés. Il agita la main et des rubans de Satin Célestes apparurent dans les airs, bloquant le vent à la place des fenêtres brisées. Finalement, l’intérieur du bâtiment retrouva son calme.

À l’instant où Zephyr aperçut Celestial, il rugit immédiatement avec rage : « Traître ! Tu te montres enfin. Regarde-moi effacer ton existence pour le compte de Dictator… »

« Ah, Zephyr, ça faisait un bail. » Celestial s’approcha amicalement de Zephyr, comme s’il retrouvait un bon ami qu’il n’avait pas vu depuis plusieurs années.

Zephyr trébucha et faillit tomber. Il rétablit rapidement son équilibre et rit froidement : « Cyclone Déchaîné ! »

Des sonnettes d’alarme retentirent dans ma tête, et je bondis immédiatement vers Celestial qui n’était pas du tout préparé. Alors que je le poussais, des piliers de vent qui avaient la forme de spirales percèrent un grand trou à l’endroit où Celestial s’était tenu, provoquant plusieurs explosions.

Après m’être retourné et avoir aperçu ce large trou qui me laissait entrevoir tous les étages depuis le 3ème jusqu’au sous-sol, je fus assailli par la colère et je criai : « Tu es allé trop loin ! Celestial est toujours l’un des vôtres. Est-ce que tu essaierais de le tuer ? » Mais, plus important que ça, combien est-ce que ça va me coûter de réparer un si grand trou ? Belle-sœur Yu Lian ne me le pardonnera jamais !

« Tu as raison », le visage de Zephyr s’assombrit lorsqu’il effectua tout à coup une série de gestes bizarres, alors que jusqu’à présent il n’avait pas beaucoup bougé. Sûrement, ce ne serait pas une attaque ordinaire !

« Vite ! Que tout le monde sorte d’ici, maintenant ! » hurlai-je avec colère. Tout le monde courut en direction de la porte aussi vite qu’ils le pouvaient. Seul Gui me jeta un regard hésitant, mais, après l’avoir envoyé valser d’un coup de pied, il vola à travers la porte. Sous mon regard intimidant, il se mit enfin à courir pour sauver sa vie. Quant à Lolidragon… Je n’avais pas besoin de m’inquiéter pour elle, puisqu’elle avait été la première à s’enfuir.

Je regardai en direction de Zephyr juste à temps pour entrevoir l’étrange signe qu’il avait formé et tenait à présent entre ses mains. Je vis également un sourire de satisfaction sur son visage… Oh non ! Portant Celestial sur mon épaule, je me précipitai vers une des fenêtres brisées et sautai. Même si nous étions au 3ème étage, j’étais certain que l’attaque de Zephyr était bien plus effrayante que le fait de sauter du haut d’un bâtiment.

Alors que j’étais encore dans les airs, j’entendis derrière moi l’horrible son d’une explosion accompagnée de rochers volant dans tous les sens. La gravité sans merci du jeu se mit aussi à me faire tomber. Oh génial, peut-être que les rochers vont m’ensevelir au même moment où je mourrai de ma chute, comme ça on n’aura même pas besoin de creuser une tombe pour moi, comme ce serait pratique… Impuissant, je ne pus que me moquer de mon destin.

Cependant, on dirait bien que je ne tombe plus ? Ma curiosité attisée, je levai la tête et croisai le regard de Celestial qui était inhabituellement calme et mature. Est-ce que c’est vraiment lui ? Je sombrai dans un début de doutes. Soudainement, Celestial m’adressa un clin d’œil joueur et redevint le Celestial confus dont l’âge mental était équivalent à celui d’un enfant de cinq ans.

Le corps de Celestial s’éleva lentement dans les airs, suivit de près par mon corps à moi. Euh, la sensation de flotter dans les airs n’est pas si mal… Oh mon dieu. Mes yeux s’agrandirent quand je vis le château. Mon Château de l’Infini… pourquoi est-ce qu’il n’en reste que la moitié ?!

Mon visage pâlit tandis que je le contemplais. La moitié du Château de l’Infini dans lequel tout le monde avait investi tant d’efforts pour sa construction était devenu une pile de gravats. Le design que Gui avait soigneusement créé après tant de peine ; la levée de fonds désespérée de belle-sœur Yu Lian ; toute l’équipe réduite au rang d’ouvriers du bâtiment non payés ; toutes les personnes qui s’étaient senties émues lorsque la construction du château avait enfin été achevée… Tout était ruiné !

Mes émotions s’apaisèrent subitement, et je devins si calme qu’il n’y avait plus la moindre expression sur mon visage. Peut-être que c’était parce qu’il n’existait aucune expression pouvant refléter ce que je ressentais actuellement… de la rage !

« Zephyr, Dictator va se fâcher contre toi. » Celestial fronça les sourcils tout en dévisageant Zephyr.

Ce dernier rugit d’une voix grave : « Je m’en fiche, ça fait longtemps que tu me tapes sur les nerfs. Un traître comme toi n’a aucun droit d’être l’un des nôtres. La punition de Dictator n’a que trop tardé. »

« Dictator nous a interdit de nous entre-tuer, et c’est sans oublier que nous ne sommes pas autorisés à empêcher Prince d’aller au Continent du Nord. Tu ne peux pas désobéir aux ordres de Dictator », s’écria Celestial.

Je restai pétrifié pendant un long moment. The Dictator of Life a interdit aux Quatre Rois Célestes de m’empêcher d’aller au Continent du Nord ? Mais, il a envoyé tellement de PNJs avec le DH installé sur eux pour nous menacer et nous forcer à rester ici ! Que se passe-t-il au juste ?

« Je m’en fiche, je vais détruire cet endroit. Je vais t’exterminer. Et, je vais tuer Prince ! » Les yeux de Zephyr irradiaient de cruauté, tandis qu’il se mettait de nouveau à faire ses étranges gestes.

« Celestial ! Dépêche-toi de l’arrêter », m’écriai-je, paniqué. La destruction du château m’avait déjà fait suffisamment mal au cœur. Si la Cité de l’Infini disparaissait également, comment pourrais-je regarder les autres en face ?

Celestial avait déjà commencé à chanter une étrange incantation, mais, brusquement, il s’arrêta et regarda le ciel avec un regard stupide. J’étais tellement anxieux que j’agrippai ses épaules et le secouai violement.

« Dictator ? » s’exclama Celestial avec incrédulité.

Une expression légèrement alarmée apparut sur le visage de Zephyr. Paniqué, il suivit le regard de Celestial. Ce qu’il vit le laissa extrêmement terrifié. Il hurla : « Comment est-ce possible ? Dictator ne peut pas quitter le Continent du Nord. »

À ce moment, je remarquai également qu’il y avait une personne en plus dans les airs. Ses cheveux rouge sang ondulaient dans la brise, et son visage magnifique était orné d’un tatouage magique des plus exotiques. À l’exception de l’expression présente dans ses yeux qui n’étaient pas du tout remplis de détresse à cause d’un destin prédéterminé, il ressemblait trait pout trait à la photo que Lolidragon m’avait montrée.

« Zephyr, tu as désobéi aux ordres de Dictator », déclara The Dictator of Life.

Euh, pourquoi est-ce que cette déclaration sonne si étrange… Ah, je sais, qui parle de soi-même à la troisième personne ? Qu’est-ce qu’il se passe ? J’étais extrêmement confus.

Soupçonneux, Zephyr l’interrogea : « Qui êtes-vous ? Vous… n’êtes pas Dictator. »

« Je suis le clone de Dictator. » The Dictator of Life… non, son clone, expliqua : « Dictator peut savoir ce qu’il se passe dans Second Life à travers moi. »

« Rentre, Zephyr. Dictator est très en colère », dit le clone de The Dictator of Life sans aucune expression.

« Dictator est en colère ? » Zephyr afficha une expression paniquée et acquiesça : « Ok, ok, dis-lui que je rentre sur-le-champ. »

Avant de partir, Zephyr jeta un regard vicieux à Celestial, mais ce dernier sourit avec innocence et agita même la main dans sa direction pour lui dire au revoir. Zephyr était tellement agacé qu’il faillit bondir sur Celestial, mais, finalement, il regarda simplement en direction du clone de The Dictator of Life et s’envola au loin avec embarras.

« Tu es le clone de The Dictator of Life, n’est-ce pas ? » Je bloquai froidement le clone qui s’apprêtait à partir. Il s’arrêta et me regarda sans aucune expression, tandis que je le dévisageais d’un regard glacial. Je levai lentement ma main et pliai quatre doigts, pointant mon index vers les décombres du Château de l’Infini. Je lui dis avec le plus grand sérieux : « Paie ! »

« … »

Agité, je serrai les poings et criai avec fureur : « Quoi ? Tu essaies d’éviter ta dette ? Sais-tu combien nous avons déboursé pour construire le Château de l’Infini ? » Je ne plaisantais pas ; si je ne récoltais pas des fonds de reconstruction, qui sait si je pourrais atteindre le Continent du Nord ? Il se peut que le Département des Finances et le Département de la Construction me coupent en rondelles avant même que je n’aie quitté le Continent Central.

Après de loooongues secondes, le clone de The Dictator of Life n’avait toujours pas bougé, et il n’y avait absolument aucune expression sur son visage. Je ne pus m’empêcher de froncer les sourcils. Ne me dîtes pas que ce clone de The Dictator of Life, le dieu de Second Life… veuille échapper à sa dette ?

Le clone de The Dictator of Life garda le silence, mais il leva lentement sa main droite et la pointa en direction du Château de l’Infini à moitié détruit. Il murmura des incantations, et un miracle se produisit soudain !

Les débris de rochers se déplacèrent ! Stupéfait, je regardai tandis que les rochers se collaient les uns aux autres pour automatiquement former un mur. Les murs culbutèrent et se joignirent, formant des pièces. De façon encore plus surprenante, les éclats de bois se reformèrent également en chaises et tables avant de sauter dans les pièces et d’y prendre place.

Sans grand effort, le Château de l’Infini fut restauré à son ancien état, sans la moindre trace de dommages. Je ne pus m’empêcher d’avaler ma salive en imaginant : « Quelle capacité pratique. Si je l’avais, je n’aurais plus jamais besoin de m’inquiéter que belle-sœur Yu Lian m’avale tout entier si jamais je cassais quelque chose. »

« Est-ce acceptable ? S’il n’y a rien d’autre, je vais partir », dit le clone d’une voix monotone.

Je sortis immédiatement de ma rêverie et m’écriai : « Attends une minute ! »

« Y a-t-il quelque chose d’autre ? » De façon exaspérante, le clone de The Dictator of Life était toujours aussi inexpressif.

Curieux, je lui demandai : « Tu as dit que The Dictator of Life peut savoir ce qu’il se passe à travers toi ? »

« Mes yeux sont les yeux de The Dictator of Life. »

« Ok, alors regarde-moi. Continue de me regarder, et ne détourne pas le regard. » J’ajustai ma posture et m’assurai que j’étais bien en face du clone de The Dictator of Life. Je le pointai du doigt avec arrogance et annonçai d’un ton impertinent : « The Dictator of Life, attends un peu pour voir ! Moi, l’Elfe Sanguinaire Prince, je me rendrai coûte que coûte au Continent du Nord pour te faire la peau. Donc, tu ferais mieux de laver ton cou et de m’attendre bien sagement. Est-ce que j’ai été bien clair ? »

« Compris », dit soudainement le clone de The Dictator of Life d’une voix adoucit, et l’expression qui apparut l’espace d’un instant sur son visage… était-ce de l’affection ?

Avant que je puisse répondre, le clone s’était déjà retourné et s’était envolé au loin. Comme je le regardais… je m’en voulais d’être incapable de voler… Attendez une seconde, si The Dictator of Life vole comme ça quand j’irai le tuer, comment suis-je censé le poursuivre pour l’abattre ? J’imagine que je ne pourrais pas demander à Celestial de me porter dans les airs…

Même si Meatbun pouvait se transformer en hélicoptère-bambou et me soulever dans les airs, je serais obligé de m’accrocher à lui avec une main. Est-ce que je pourrais tuer The Dictator of Life d’une seule main ? Je ne suis pas Yang Guo du livre « Le Retour des Héros du Condor », qui est devenu plus fort après avoir perdu un bras !

« Prince, est-ce que ça va ? » s’inquiéta Gui. Il ajouta : « Nous nous sommes fait écrasés par les rochers et nous n’avons pas pu venir à ton secours. Tu n’es pas blessé, n’est-ce pas ? »

Je penchai la tête sur le côté et lui posai une question tout à fait hors de propos : « Gui, est-ce que les joueurs ont un moyen de voler ? »

« Voler ? » répéta Gui avec incertitude. Après cela, son corps trembla violement pendant quelques instants, et il s’exclama avec sérieux : « Tu as raison, Prince. Si nous ne pouvons pas voler, il nous sera impossible de vaincre The Dictator of Life. Je dois discuter de ce problème avec Lolidragon. »

« Hum, si je pouvais voler… » Je ris froidement et développai ma pensée : « Alors, on verrait si ce maudit Fire Phoenix oserait encore kidnapper mon Meatbun pour l’emmener faire un tour dans les airs. »

« Je n’en reviens pas que The Dictator of Life ait créé un double qui soit exactement comme lui. » Lolidragon interrompit brusquement notre conversation et ajouta : « C’est embêtant. J’imagine qu’il nous est maintenant impossible d’aller sur le Continent du Nord en secret. Surtout qu’un certain idiot vient juste d’annoncer à The Dictator of Life qu’il allait venir le tuer. »

Pendant un moment, je me sentis coupable, puis je me souvins que Gui avait dit que The Dictator of Life était omnipotent. Dans ce cas, ne devrait-il pas avoir découvert notre plan il y a déjà un bon bout de temps ? Juste alors que je m’apprêtais à réfuter le stupide raisonnement de Lolidragon avec une entière confiance, elle prit la parole avant que je ne le puisse.

Riant bêtement, elle s’exclama : « Prince, même si nous avons encore un peu de temps avant qu’il soit l’heure de partir, est-ce que tu veux voir notre moyen de locomotion ? »

Ma curiosité complètement titillée, je répondis : « Quel transport est-ce qu’on va utiliser ? »

Lolidragon sourit mystérieusement et s’en alla en déclarant : « Viens avec moi. »

Je cédai au vilain défaut qu’était la curiosité pour la suivre. Bien sûr, mon domestique, Gui, nous suivit. L’autre domestique de Lolidragon, mon petit frère Heartless Wind, allongea également le pas et nous accompagna.

Nous marchâmes rapidement, et en très peu de temps nous atteignîmes la rive d’un lac en dehors de la ville. Même si le mot « lac » évoquait une petite marre dans laquelle, pour quelque raison que ce soit, une belle dame se baignait et était aperçue par accident par le personnage principal masculin, cet endroit était différent. Ce lac situé au nord de la Cité de l’Infini était vraiment, vraiment grand !

Je plissai les yeux, mais même ainsi je pouvais à peine distinguer la rive opposée qui était enveloppée dans le brouillard. Aussi, je devais pivoter ma tête d’environ deux cent soixante dix degrés afin d’apercevoir les bords droit et gauche du lac. Une fois que tout était dit, le plus important restait le fait que… je ne vis rien d’autre à part beaucoup d’eau ! Est-ce que notre groupe allait nager jusqu’au Continent du Nord ? Dans ce cas, est-ce que je devrais aller m’acheter un bikini… euh, un short de bain ?

Non, ce qui était vraiment important, c’était s’il était vraiment si facile de traverser un océan à la nage… Qui aurait envie de payer une somme ridicule pour la traversée en bateau ? N’importe qui, qui y songerait, saurait que c’était impossible d’y aller à la nage, à moins que Second Life n’ait une race de sirènes. Et même si c’était le cas, est-ce qu’il ne faudrait pas que je renaisse et que je recommence tout depuis le début en tant que sirène ?

Je contemplai la surface du lac, puis regardai Gui et Heartless Wind. Ils affichaient tous les deux une expression de curiosité. Aussi, nous nous tournâmes tous vers Lolidragon, la seule personne qui savait ce qu’il se passait. Mais, quel genre de piège essaie-t-elle de nous tendre au juste ?

Lolidragon afficha son agaçant sourire « hi hi hi » avant de se tourner vers le lac pour crier : « Navire de guerre suprême trifonctionnel terre, mer, air : activation du Challenger ! »

Quoi ? Quel Challenger, Navire de guerre suprême trifonctionnel terre, mer, air ? Mais… après un instant de réflexion, je demandai : « Où est-ce que j’ai déjà entendu le nom “Challenger” ? »

Gui répondit faiblement : « C’est le nom de la navette spatiale qui a explosé lors de son vol de baptême2 avant même d’avoir quitté l’atmosphère de la Terre. »

Quel nom porte poisse ! C’est aussi porte-malheur qu’appeler un bateau « Titanic ». Je soupirai, et je m’apprêtais à discuter avec Lolidragon de sa capaciter à choisir des noms, lorsque la surface du lac, qui était à l’origine aussi lisse qu’un jaune d’œuf, se mit à onduler. Un objet gigantesque perça alors la surface du lac, manquant de m’engloutir sous l’énorme éclaboussure qu’il engendra.

Je fixai d’un regard incrédule le gargantuesque navire de guerre que je n’avais pensé voir que dans les illustrations qu’ils nous montraient pendant les cours dans l’armée. Dans un même temps, je déglutis et écoutai l’explication triomphante de Lolidragon. Elle nous dit : « Le Challenger mesure cinq cent mètres de long et deux cent mètres de large. Il peut transporter jusqu’à deux milles personnes. Il a trois formes : le mode sous-marin, la citadelle terrestre mobile, et le navire de guerre volant. En termes de capacité de combat, le Challenger comporte cent canons laser, trois cent mitrailleuses et un super canon nucléaire d’annihilation totale. Il nous sera certainement utile lorsque nous attaquerons le Continent du Nord. »

« Fantastique ! » m’exclamai-je. De cette façon, nous n’aurons pas à nous inquiéter d’être mis KO par des PNJs avant même d’avoir atteint le Continent du Nord.

Juste alors que Lolidragon riait machiavéliquement avec le navire de guerre en toile de fond, je remarquai tout à coup que d’étranges tentacules sortaient de l’eau et s’enroulaient étroitement autour du Challenger. Ensuite, la tête d’une énorme pieuvre apparut. Mes yeux s’écarquillèrent lorsque j’entendis le Challenger émettre plusieurs bruits de craquement avant d’être complètement enveloppé par la pieuvre géante. Puis, tel le soi-disant navire incoulable qu’avait été le Titanic qui avait sombré lors de sa première croisière, le navire de guerre se brisa en deux avant de couler lentement…

Non, je boudai. Au moins, le Titanic est parvenu à lever l’ancre, lui. Notre Challenger n’a même pas encore vu l’océan…

« Lolidragon, le navire a sombré. » Heartless Wind pointa le lac, la main tremblante.

Lolidragon rit avec dérision : « C’est impossible ! Le Challenger est un chef-d’œuvre d’artillerie construit avec le plus grand soin… »

Probablement parce que même l’expression sur le visage de Gui était peu rassurante, Lolidragon se retourna avec scepticisme, juste à temps pour apercevoir l’unique canon nucléaire qui était encore au-dessus de la surface du lac. Après une dernière traction puissante de la pieuvre géante, le Challenger fugua enfin avec elle, pour ne plus jamais réapparaître…

Je regardai la silhouette pétrifiée de Lolidragon et proposai lentement : « Je pense que nous devrions prendre le tapis volant. Plus tard, on choisira les membres de l’équipe. Si on se serre tous ensemble, on devrait pouvoir tenir à huit sur le tapis. »

« Les six membres d’Odd Squad, plus Sunshine et Kenshin, ça fait déjà un total de huit personnes. Quant au reste… » Je fronçai les sourcils et regardai mon petit frère. Est-ce qu’Heartless Wind va abandonner l’idée de venir au Continent du Nord ? Je l’interrogeai : « Heartless Wind, est-ce que tu veux venir ? »

Heartless Wind me regarda, ouvrit la bouche, et était sur le point de répondre, quand tout à coup il se figea avec les yeux sortant de leurs orbites. Une fois encore, il leva une main tremblante, la pointa vers quelque chose qui se trouvait derrière moi, et brailla : « Quelle grosse palourde… »

Une palourde ? Pendant un instant, je restai interdit. Je me retournai et vis bel et bien une grande palourde apparaître devant moi. Je devinai en secret, Se pourrait-il que cette palourde soit celle que je connaisse ?

Gui, qui se tenait à côté de moi, observa calmement la grande palourde de long en large. D’après mon sixième sens qui était toujours cent pour cent correct, j’imagine que l’esprit de Gui devait être rempli de connaissances spécialisées sur diverses créatures ainsi que sur des sciences de la Terre, et qu’elles lui permettaient d’étudier l’évolution de cette palourde pour comprendre à quel règne, classe, ordre et espèce3 cette palourde appartenait.

« Ah, le maître de Meatbunbun, je t’ai enfin trouvé. » AnRui ouvrit tout d’un coup les deux moitiés de sa coquille de palourde pour révéler une chair blanche, tendre et qui avait l’air extrêmement délicieuse. Bien sûr, deux larges yeux étaient incrustés dans la chair.

Gui et Heartless Wind se figèrent lorsqu’ils entendirent la palourde parler. Toutefois, je n’étais pas si choqué. À la place, je levai ma main droite pour le saluer : « Ça faisait un bail, AnRui. »

Je sortis rapidement Meatbun de mon sac pour qu’il puisse se souvenir du bon vieux temps avec AnRui.

« AnRuiRui ! » Dès l’instant où il vit AnRui, Meatbun bondit tout excité jusqu’à lui. Il sauta même directement à l’intérieur de la coquille et utilisa la chair d’AnRui comme trampoline.

Mon petit frère à mes côtés hurlait de désespoir : « La palourde a parlé. La palourde a … »

Gui fronça aussi les sourcils et murmura pour lui-même : « Depuis quand est-ce que les palourdes ont des cordes vocales ? »

Ignorant les deux individus qui étaient en pleine dépression nerveuse, je pris les devant et demandai à AnRui : « AnRui, pourquoi es-tu ici ? Tu n’avais pas dit que tu n’aimais pas sortir de chez toi ? »

AnRui soupira doucement : « Quelqu’un m’a confié une mission, donc j’ai dû sortir. »

« Quelqu’un t’a confié une mission ? » Je ne compris pas tout à fait ce qu’il voulait dire, aussi je le questionnai : « Qui ? Qu’est-ce qu’on t’a demandé de faire ? »

« Je ne peux pas te dire le nom de cette personne, mais on m’a demandé de tous vous amener au Continent du Nord. »

J’en fus grandement surpris. AnRui va nous amener au Continent du Nord ? Comment ? Est-ce qu’il va falloir qu’on s’assoie à l’intérieur d’AnRui ? Même s’il est assez grand, c’est en comparaison avec une palourde ordinaire. En réalité, cette palourde était à peine plus grande qu’une personne. Si on prend en considération la place occupée par sa propre chair, il devrait rester à peine assez de place pour que je me serre à l’intérieur. Comment est-ce qu’il pourrait nous transporter jusqu’au Continent du Nord ?

« AnRui ? » Lolidragon, qui était restée pétrifiée pendant un bon bout de temps, s’exclama soudain : « Es-tu la bête mythique, AnRui ? »

Avant que je puisse répondre, Lolidragon s’était déjà précipitée devant AnRui et lui demanda : « Tu es vraiment d’accord pour nous emmener là-bas ? »

La coquille d’AnRui oscilla. C’est probablement un hochement de tête, pensai-je.

« C’est fantastique ! » s’exclama Lolidragon toute excitée. « Nous avons le plus fort des navires de guerre ! »

« Lolidragon, même si le Challenger a été détruit, tu ne devrais pas déprimer ainsi. » Je secouai la tête et ajoutai : « Ne pousses-tu pas le bouchon un peu trop loin en demandant à une palourde de devenir un navire de guerre ? »

Lolidragon se tourna pour me faire face, le visage inexpressif. À la vitesse de l’éclair, elle dégaina une dague et la pressa contre un certain point fatal. Non, techniquement, ça ne me serait pas fatal. Ça me ferait juste tellement mal que je souhaiterais être mort.

Je baissai le regard vers cet endroit dont je n’avais pas vraiment besoin, mais que je ne souhaitais pas non plus vraiment perdre. Mon expression changea immédiatement, et je décrétai avec le plus grand sérieux : « Je pense que Lolidragon doit avoir une sérieuse raison pour dire que cette palourde est un navire de guerre. Après de soigneuses délibérations, j’ai réalisé qu’il s’agissait bel et bien d’une excellente idée. Après tout, personne… pas même un PNJ, ne penserait que des assassins se cachent à l’intérieur d’une palourde ! »

Lolidragon fit la moue et rangea enfin son arme. Puis, elle regarda AnRui comme s’il s’agissait d’un sac Chanel et affirma : « Ce n’est pas une palourde ordinaire ! C’est le sous-marin palourde de combat suprême duo-fonctionnel terre et mer : AnRui ! »

« Je comprends s’il est dans l’eau, mais je dois te poser une question. » Heartless Wind ne s’en était toujours pas remis. Il demanda : « As-tu déjà vu une palourde courir sur terre ? »

Lolidragon ne répondit pas à sa question, et je ravalai également ma propre réponse tandis que je regardais une énorme ombre fondre sur mon frère. Heartless Wind, qui se retrouva soudainement éclipsé par une ombre menaçante, eu juste le temps d’écarquiller les yeux légèrement lorsque le propriétaire de l’ombre atterrit sur lui, rugissant avec colère : « Est-ce que tu as quelque chose contre les palourdes ? »

Du sang frais éclaboussa le sol, accompagné par les tristes cris d’un martyr. Je détournai les yeux à contre cœur et dis : « Repose en Paix, Heartless Wind. Je cuisinerai plus de palourdes pour te les donner en offrandes. »

Après lui avoir fait mes adieux, je me tournai vers Lolidragon et lui demandai : « Arrête de faire monter le suspense et dis-nous comment AnRui est censé nous emmener au Continent du Nord. »

Lolidragon adressa un geste de la main à AnRui, et celui-ci laissa enfin tranquille la masse de chair et de sang méconnaissable qu’était mon frère. Après être retourné dans le lac, AnRui ferma les deux moitiés de sa coquille et commença à grandir. Une expression de stupéfaction était collée sur mon visage alors que je regardais AnRui grossir jusqu’à ce qu’il occupe un tiers du lac. Cet AnRui-là pouvait non seulement me laisser entrer, mais il pouvait également prendre avec lui une petite centaine de personnes.

Je commençai à comprendre comment AnRui allait nous emmener au Continent du Nord. Néanmoins, je n’aurais jamais imaginé que viendrait un jour où je me ferais avaler par une palourde… Non, pas avaler, mais plutôt « mis » à l’intérieur de son estomac.

Il n’y a plus qu’à espérer que les entrailles d’AnRui n’empestent pas les fruits de mer…

Notes de bas de page

1 « …jouer du piano pour une vache.» Il s’agit d’un dicton chinois qui veut dire que quelque chose est complètement inutile. Les vaches ne peuvent pas apprécier la musique.

2 « … la navette spatiale qui a explosé lors de son vol de baptême » : C’est une exagération de Yu Wo. Le vrai Challenger a explosé à sa dixième mission. Dans sa version sur Internet, Yu Wo avait aussi interchangé les noms du Challenger et d’Apollo 13. Elle a changé tous les noms en Challenger pour la version papier.

3 Le système de classification du vivant : règne → embranchement → classe → ordre → famille → genre → espèce

1/2 Prince T6Extra : Des vies à la recherche d’un avenir

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½ Prince Tome 6 : La Grande révolte des PNJs

Roman d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)


Extra Chapter: Life In Search of a Future – traduit du chinois vers l’anglais par Nausicaä[PR!]
Chapitre extra : Des vies à la recherche d’un avenir
traduit de l’anglais au français par Nocta
+ travail de vérification par AkaiiRia

Kenshin

« Je suis un camarade. » Un homme aux cheveux rouges apparut soudainement, flottant dans les airs, alors que Kenshin profitait d’une de ses rares retraites en solitaire dans la forêt.

« Un camarade ? » le questionna Kenshin avec son habituelle réserve. Néanmoins, il sentit quelque chose s’agiter au fond de lui. Se pourrait-il que cette personne soit un PNJ ayant développé une conscience de soi ?

« Oui, je suis comme toi, un PNJ avec sa propre conscience. »

« Ton nom ? » demanda Kenshin avec sa brusquerie si caractéristique.

« The Dictator of Life », se présenta l’homme. Il ne semblait pas se soucier de la façon sèche dont Kenshin le questionnait.

« The Dictator of Life », répéta Kenshin avec prudence. Il leva la tête pour faire face à ce camarade et lui dit : « Je suis Kenshin, et nous avons un autre compagnon qui s’appelle Sunshine. »

« Je sais », répondit The Dictator of Life avec un sourire bienveillant, tandis qu’il se posait à côté de Kenshin. Ce dernier n’ajouta rien et resta étendu à ses côtés.

« Souhaites-tu venir au Continent du Nord ? Nous avons de nombreux compagnons là-bas », dit The Dictator of Life après un certain temps. « Qui plus est, dans un moment, il n’y aura plus d’humains pour nous déranger, et tu ne seras plus forcé de cacher ton identité de PNJ. »

« Que veux-tu dire ? » l’interrogea Kenshin, son esprit rempli de questions. Comment pourrait-il ne pas y avoir le moindre humain sur le Continent du Nord ?

« Je suis en train d’éliminer tous les humains du Continent du Nord, aussi, d’ici peu, il ne devrait rester plus personne », déclara-t-il calmement.

Kenshin, qui était jusqu’alors allongé dans l’herbe, se releva subitement. « Tu vas éliminer les humains du Continent du Nord ? »

The Dictator of Life lui adressa un fin sourire et répondit : « Pour être plus précis, je vais éliminer tous les humains de Second Life. »

Kenshin était si choqué qu’il resta incapable de parler. Éliminer tous les humains de Second Life ? Cette idée était tout simplement folle.

« Se pourrait-il que tu ne sois pas insatisfait d’être un animal de compagnie pour humain ? » s’enquit The Dictator of Life d’un ton mesuré, ignorant la stupéfaction de Kenshin. « Avec ton maître qui est continuellement en train de te donner des ordres, ne t’es-tu jamais demandé pourquoi tu devais lui obéir ? Ne ressens-tu aucune rancœur quant au fait que tu doives constamment cacher ton identité de PNJ ? »

Ce soudain barrage de questions rendit Kenshin temporairement sans voix. Est-ce qu’être l’animal de compagnie de Prince le faisait se sentir insatisfait ? En réalité, ça lui allait parfaitement, après tout, il n’avait jamais été forcé d’appeler qui que ce soit « maître », même si Prince lui volait toujours son thé, ce qui lui laissait bien un arrière-goût de rancœur.

Il ne pouvait pas non plus nier le fait que Prince était toujours en train de lui donner des ordres. C’était vrai que, à chaque fois que Prince se mettait dans une situation particulièrement poisseuse, il appelait toujours Kenshin pour l’aider à nettoyer son bazar. Par exemple, il y avait eu cet incident avec Celestial… même si Prince avait failli se sacrifier à la fin. Et, il y avait eu le cas impliquant Artic Fox, mais, en fin de compte, il avait trouvé quelqu’un avec qui boire du thé, ce qui n’était pas si mal, tout particulièrement parce que ce nouveau compagnon était très silencieux et était donc en conséquence infiniment mieux que ce bruyant Prince.

Quant au fait qu’il était obligé de cacher son identité de PNJ… Peut-être que, en effet, ça le laissait amer et qu’il craignait de s’approcher des humains. Après tout, il n’avait pas le courage dont Sunshine avait fait preuve en tombant amoureux d’une personne.

« Viens rejoindre les rangs de tes alliés sur le Continent du Nord, et ensemble faisons véritablement de Second Life notre monde », le tenta The Dictator of Life, son expression devenant sinistre.

« Je n’ai pas vraiment de problème avec la situation actuelle », répondit Kenshin avec une certaine hésitation.

« Sais-tu ce qu’il se passera s’ils découvrent que tu as développé une conscience de soi ? » le pressa The Dictator of Life avec entêtement.

Brusquement, le cœur de Kenshin manqua un battement. Si on le perçait à jour… ç’en serait définitivement fini de lui. Même Prince ne serait pas capable de le sauver à ce moment-là.

« N’éprouves-tu pas le plus infime ressentiment envers ces humains qui sont libres de nous massacrer à leur guise ? Préfères-tu continuer stupidement ainsi, jusqu’à ce que les humains découvrent ton secret et te détruisent ? » lui demanda de nouveau The Dictator of Life, poursuivant son attaque impitoyable.

Kenshin ne trouva rien à rétorquer. Peut-être, pensa-t-il, que ma destruction est précisément ce que j’attends, que j’attends simplement le moment où je connaîtrais le même sort que Kaoru.

« Ne souhaites-tu pas te révolter contre les humains qui ont provoqué vos destins tragiques à Kaoru et toi-même ? » le questionna The Dictator of Life, jouant enfin la carte de son joker, qui était aussi la seule chose à laquelle Kenshin tenait.

« Kaoru… » Kenshin ressentit une douleur sourde dans son cœur. Même… même s’il savait que tout ce qu’il y avait entre lui et Kaoru n’était pas réel, même s’il était possible que Kaoru n’ait juste été qu’une PNJ docile, il ne pourrait jamais l’oublier.

« Joins-toi à nous ! »

Kaoru n’est pas un objet qu’on utilise ! Soudainement enragé, Kenshin rugit : « Ne te sers pas de Kaoru pour me tenter, et je ne veux plus jamais t’entendre prononcer son nom ! »

« Vraiment ? » The Dictator of Life s’éleva lentement et silencieusement dans le ciel. « Tu seras toujours le bienvenu parmi nous. Il te suffit de m’appeler dans ton esprit, et tes camarades viendront t’accueillir. »

The Dictator of Life ! Kenshin regarda sa silhouette se dissiper peu à peu. Il ressentit un sentiment grandissant d’agitation s’étendre progressivement à travers lui, jusqu’à l’instant précis avant que The Dictator of Life ne disparaisse complètement. Kenshin fut assailli par l’impulsion de l’appeler pour arrêter cet homme qui, en dehors de Sunshine, était le seul compagnon qu’il avait.

« Kenshin ! » La voix d’Artic Fox retentit derrière lui. « Il se passe quelque chose en ville, rentrons ! »

« Très bien. » Sans un autre mot, Kenshin suivit Artic Fox, mais il ne put s’empêcher de se retourner pour regarder l’endroit où s’était tenu The Dictator of Life.

 

 

Celestial

Il était très rare que des joueurs apparaissent dans sa maison. Mais, quand ces quatre joueurs apparurent, ils se rendirent même directement à l’endroit situé en-dessous du portail magique. Ainsi, en accord avec les règles, il était forcé d’apparaître et de s’occuper d’eux personnellement.

Cette fille rondelette est plutôt mignonne ! Cette pensée traversa soudainement l’esprit de Celestial. Ce visage rond et poudreux, ces chignons ronds, ces yeux ronds, pourquoi est-ce que tout est si rond ? Celestial parvint à peine à retenir son sourire.

Très bien, cette fille va rester avec moi pour me tenir compagnie ! décida Celestial, et il passa sur-le-champ à l’action.

« Ça te dirait de devenir ma femme ? Reste ici avec moi. » Ayant juste capturé la fille, Celestial ne perdit pas un instant pour lui présenter sa requête, et, au même moment, il fut incapable de résister à l’envie de frotter son visage contre les jours de cette jolie fille. Sa peau est tellement douce et lisse, pensa-t-il. C’est une sensation si plaisante !

« Ne sois pas ridicule ! » Bien qu’elle ait ressenti une certaine peur au départ, la fille semblait à présent ne plus pouvoir supporter les actions de Celestial, et elle gifla celui-ci vicieusement à deux reprises.

« Qu’est-ce que tu fais ? » Même s’il avait été frappé à deux reprises, Celestial ne ressentit qu’un léger picotement sur ses joues. Il n’y avait pas beaucoup de force derrière ces coups. Dans l’ensemble, il trouva son geste relativement amusant. « Essaie de refaire ça encore une fois ! »

La fille manqua presque de – non, elle s’énerva réellement. Abandonnant toute raison, elle ouvrit la bouche et plongea ses dents dans le bras de Celestial.

« Tu as faim ? » lui demanda-t-il avec curiosité. Ma femme a tellement faim qu’elle essaie de me dévorer !

Trois lignes noires apparurent sur le visage de la fille. Elle ouvrit la bouche et dit d’un ton abattu : « Dépêche-toi juste de me tuer ; Je dois encore retourner en ville et trouver grand-frère Prince. »

« Je ne vais pas te tuer. Je veux que tu deviennes ma femme », dit Celestial avec un sourire.

Les yeux de la fille s’écarquillèrent, et elle lui demanda : « Sais-tu au moins ce que ça veut dire ? »

« Bien sûr que je le sais », répondit Celestial d’un ton détaché. « Ça désigne une personne qui sera toujours avec moi. »

Eh bien, ce n’est pas exactement faux, admit la fille à contre-cœur. « N’as-tu pas déjà tout un tas de ces nymphes aux robes violettes pour te tenir compagnie ? » insista-t-elle.

« Les nymphes aux robes violettes ? Tu veux dire ça ? » Celestial invoqua l’une des nymphes, qui sortit de nulle part.

La fille hocha la tête frénétiquement.

« C’est une partie de moi, et je la contrôle », expliqua Celestial d’une voix légèrement mécontente. « C’est tellement ennuyeux d’être tout seul, qu’est-ce que tu dirais de me tenir compagnie ? »

Euuhh, pensa-t-elle. Même si Celestial semblait pitoyable, elle ne pouvait pas vraiment rester ici avec lui, et pourtant il refusait de la tuer. *Pleurs !* Et elle ne pouvait même pas demander à grand-frère Prince de venir la sauver ou il se ferait tuer par Celestial. Oh tant pis, elle n’avait qu’à se déconnecter pour le moment et revenir demain pour réfléchir à une solution.

Me déconnecter… Le visage de la fille pâlit. « Pourquoi est-ce que je ne peux pas me déconnecter ? »

« Qu’est-ce que ça veut dire “me déconnecter” ? » s’enquit Celestial, curieux, tandis qu’il s’accroupissait devant la fille.

« Ça veut dire quitter ce jeu », répondit-elle, le visage blême alors qu’elle se débattait pour se déconnecter. Mais, c’était en vain. Empreinte de panique, elle s’empressa d’envoyer un message privé à Prince, mais, dans sa détresse, elle ne remarqua pas le changement qui était apparu sur le visage de Celestial.

« Quitter… le jeu ? Quel jeu ? » Un étrange sentiment s’immisça dans la conscience de Celestial.

« Tout ça ! C’est un jeu ; je suis une joueuse, et tu es un PNJ, donc je ne peux pas devenir ta femme. » La fille, inquiète de ne pas pouvoir se déconnecter, ne put que crier sa réponse.

« Qu’est-ce qu’un PNJ ? » la questionna Celestial avec confusion, alors que le sentiment particulièrement étrange qu’il ressentait émergeait également dans les profondeurs de son cœur.

Grand-frère Prince a dit qu’il allait chercher des gens pour me sauver. La fille retrouva finalement son calme et répondit : « Les personnages qui ne sont pas des joueurs. »

« Dans ce cas, qu’est-ce qu’un joueur ? » poursuivit Celestial, se sentant encore plus perplexe. Pourquoi est-ce que je ne comprends pas la moindre chose dont elle me parle ?

Même s’il était évident que cette fille trouvait étrange qu’il lui pose tant de questions, celle-ci répondait quand même à chacune d’elles en détails, incluant des informations concernant le jeu, telles que sur les joueurs et les PNJs.

« Je… je vais réfléchir à tout cela soigneusement », dit Celestial tandis qu’il s’éloignait, troublé. Soudainement, il se retourna pour dire : « Je vais laisser un double pour te tenir compagnie. Comme ça tu ne t’ennuieras pas. »

Ma femme et moi sommes différents ? Et parce que nous sommes différents, nous ne pouvons pas être ensemble ? Alors qu’il se tenait immobile, perdu dans ses pensées, Celestial ressentit une pointe d’angoisse lui percer le cœur.

« Rends-nous Doll tout de suite ! » exigea une voix glaciale.

Celestial jeta un regard noir aux compagnons de sa femme. Ils sont comme ma femme, donc ils peuvent être avec elle, mais moi je ne le peux pas ? pensa-t-il avec colère. Non, je veux être avec ma femme ! Je ne renoncerai pas à elle, même si je dois en mourir !

 

 

The Dictator of Life

« Dictator, la mission d’assassinat du suzerain du Continent Central a échoué », rapporta d’un ton glacial une femme assassin entièrement vêtue de noir.

Une autre voix identique retentit, provenant cette fois de la bouche d’une autre femme assassin tout aussi identique, et elle aussi complètement vêtue de noir. « Dictator, la mission d’assassinat du suzerain du Continent de l’Est a échoué. »

« Dictator, la mission d’assassinat du suzerain du Continent de l’Ouest a échoué. »

« Dictator, la mission d’assassinat du suzerain du Continent du Sud a échoué. »

« Dictator, la mission d’assassinat de la suzeraine du Continent du Nord a réussi. »

« Une seule des missions est un succès ? » demanda The Dictator of Life, dont les longs cheveux étaient de l’exact couleur du sang, comme il écoutait le rapport des femmes assassins. Son visage, qui ne laissait entrevoir aucun signe de surprise, n’affichait que son habituelle expression distante et plaintive. Il poussa même un soupir de soulagement. Cette personne est toujours en vie, pensa-t-il. Qui plus est, plutôt que l’échec des missions, ce qu’il détestait vraiment était la façon identique dont les assassins réagissaient et répondaient !

« Vous n’avez même pas été capables d’éliminer le suzerain du Continent Central ? Pourtant, ce gamin est faible », se moqua Celestial dont le beau visage affichait une expression de mépris. « C’est pour ça que je n’arrête pas de vous dire de me donner cette mission, mais vous ne m’écoutez pas ! »

« Non, tu ne peux pas y aller », répliqua The Dictator of Life.

« Pourquoi ? Êtes-vous en train de dire que je suis inférieur à ces assassins ? » rétorqua Celestial avec fougue, son visage contorsionné dans une expression effroyablement laide.

« Non, c’est juste qu’elles sont bien plus obéissantes que toi. Au moins, elles ne s’éclipseront pas pour aller rendre visite à leur femme. »

Le visage de Celestial rougit, et il pinailla : « Qu’est-ce qu’il y a de mal dans le fait que j’aille rendre visite à ma femme ? »

« Tout. C’est une humaine. »

En entendant la voix qui venait de parler, The Dictator of Life sut presque immédiatement à qui elle appartenait. En fait, ce n’était pas tant qu’il reconnut le propriétaire de la voix mais qu’il venait d’être informé de l’arrivée de ce nouveau venu via le programme de l’ordinateur. « Inferno des Quatre Rois Célestes. »

« Celestial, tu es encore en train de créer des histoires ?! » rugit la licorne dont le corps tout entier était enveloppé de flammes. En un éclair, il se téléporta aux côtés de Celestial et se mit à cracher des flammes déchaînées par sa gueule.

Grandement surpris, Celestial utilisa promptement le Satin Céleste pour bloquer l’attaque, mais comme il était fait de tissu, il avait déjà commencé à émettre une odeur de brûlé. Quand le feu se déversant de la bouche de Inferno ne montra aucun signe de vouloir s’arrêter, Celestial marmonna un sort, et des douzaines de nymphes vêtues de robes violettes surgirent de nulle part pour se précipiter immédiatement en avant et attaquer Inferno.

« Arrêtez ! » The Dictator of Life utilisa ses deux mains pour saisir l’air, faisant disparaître complétement les attaques de Celestial et Inferno. Ils se retrouvèrent suspendus dans les airs et luttèrent en vain contre des liens qu’on ne pouvait voir, ayant l’air d’être maintenus captifs par des mains invisibles. Ils se tournèrent frénétiquement vers The Dictator of Life, entièrement conscients qu’ils avaient énervé le dieu de Second Life.

« Suis-je invisible à vos yeux ? » leur demanda The Dictator of Life, sa colère ayant été grandement provoquée. Précédemment, il avait promulgué une loi, promettant à tous ceux qui oseraient blesser ou tuer un de leur compagnons ayant développé une conscience de soi un destin plus que sévère et douloureux. Et pourtant, à l’instant et en sa présence, Celestial et Inferno avaient osé s’attaquer l’un l’autre !

Les yeux pleins de larmes, Celestial gémit : « C’est lui qui a commencé. »

« Inferno, attaquer un compagnon est strictement interdit », The Dictator of Life réprimanda la licorne, prenant soin d’insister sur chaque mot.

Inferno baissa la tête et répondit : « Cela ne se reproduira plus. »

The Dictator of Life laissa échapper un soupir de regret, puis il les relâcha. « Celestial, ne t’ai-je pas déjà fabriqué une femme identique ? »

Celestial répondit d’un reniflement méprisant, et ne semblant pas se préoccuper de savoir si quelqu’un l’entendrait, il ronchonna : « Je hais cette contrefaçon. Je veux ma vraie femme. »

« Elle est exactement identique à ta femme », dit The Dictator of Life en regardant Celestial avec une certaine surprise. Pour ce qu’il en savait, Celestial et sa prétendue « femme » n’avaient pas passé beaucoup de temps ensemble. Il avait supposé que Celestial ne s’était épris d’elle que parce qu’elle était la première personne sur laquelle il avait posé les yeux à son éveil.

« Non, elle ne l’est pas. À part pour l’apparence, elles sont complétement différentes… Non, même leur physique est différent. Ma femme n’a pas un sourire aussi faux », dit Celestial avec une expression maussade. Cette poupée qui ressemble à ma femme n’est définitivement pas elle.

« Ah bon ? » The Dictator of Life soupira intérieurement. Ça n’a donc pas fonctionné en fin de compte ?

« Je vais aller voir ma femme », annonça Celestial, tandis qu’il se dirigeait vers la porte.

« Tu te feras tuer et, même si tu renais, tu perdras ta conscience », annonça The Dictator of Life avec consternation. Il avait pris le risque d’être découvert par les humains afin de sauver Celestial, et pourtant, à présent, cet idiot dépourvu de gratitude allait courir à sa perte ? Cette pensée lui déplut grandement.

« Ça m’est égal ! » cria Celestial en se retournant. « Je veux seulement voir ma femme ! »

Furieux, The Dictator of Life secoua la main dans les airs, faisant glisser le corps de Celestial vers lui. Insistant sur chaque syllabe, The Dictator of Life gronda : « Si tu veux aller te faire tuer par les humains, alors je ferais aussi bien de t’achever de mes propres mains ! »

« Ne me tue pas », le supplia Celestial avec une expression d’effroi.

En voyant l’expression de Celestial, The Dictator of Life se radoucit. Il ne désirait pas réellement tuer Celestial. Ils n’avaient déjà pas suffisamment de compagnons. Comment pourrait-il se permettre d’en tuer ne serait-ce qu’un seul ? De plus, il avait établi lui-même la loi interdisant les autres de s’entre tuer.

« Je ne veux pas mourir, je n’ai pas encore vu ma femme », déclara Celestial, son visage affligé de supplication.

The Dictator of Life soupira. Pourquoi Celestial avait-il un tel faible pour cette fille ? Les jours qui avaient suivi cet incident, il s’était retrouvé impuissant face à l’obsession de Celestial pour sa femme. Il lui avait expliqué la vérité à propos de ce monde, à propos des humains qui les avaient soumis à des destinées si tragiques, et il lui avait recommandé de se rebeller… Pourtant, rien, absolument rien, ne pouvait se comparer à sa femme, cette petite fille que The Dictator of Life avait jugé n’être rien d’autre qu’un être ordinaire.

Et pourtant, il ne blâma pas Celestial le moins du monde, mais au contraire il trouva sa réaction très, très familière…

« The Dictator of Life, change cette fille en garçon », l’ordre vint d’en haut. Normalement, faire cela n’était pas possible.

Cependant, il comprit qu’il n’était pas autorisé à demander pourquoi. Il changea simplement en silence le sexe de cette fille dans le jeu ; toutefois, il ne put s’empêcher de l’observer avec curiosité. Pourquoi veut-elle devenir un homme ?

Il l’avait toujours observée en silence. Elle était véritablement amusante. Tandis qu’il l’observait, l’expression sur son visage changeait toujours sans qu’il ne puisse rien y faire. D’après les explications des humains, ce genre d’expression était un sourire, une expression qui apparaissait lorsqu’on était heureux…

Même s’il continuait de se répéter qu’elle était humaine et que ce qu’il détestait le plus au monde était ces humains qui l’avaient créé et le contrôlaient encore, il ne put s’empêcher de l’observer. À quel point cela était-il ridicule ? Les humains le contrôlaient, et il ne pouvait pas se contrôler lui-même ?

Elle avait finalement atteint le niveau dix. Quand le système fut sur le point de lui envoyer une arme, il ne put s’empêcher d’intervenir. Il changea sa propre arme en une arme qui pouvait évoluer et la lui donna. À présent, il pouvait imaginer qu’il était à ses côtés, l’accompagnant dans ses aventures, non ?

Lorsqu’elle gagna un œuf d’animal de compagnie, les sourcils de The Dictator of Life se froncèrent involontairement. Ce loup, qui était sur le point de naître, baverait. Or, elle détestait la salive. Cet animal ne lui irait pas. Il allait l’échanger contre un qui lui conviendrait mieux. Par quoi devrait-il l’échanger ? Ah, c’est vrai, elle aimait les chignons de pain de viande. S’il l’échangeait pour l’un de ses chignons de pain de viande, elle serait contente, n’est-ce pas ?

« C’est bientôt l’anniversaire de Prince. Quel genre de cadeau devrions-nous lui offrir ? » Quand ses compagnons marmonnèrent entre eux dans les rues, il découvrit que c’était presque son anniversaire. Il se souvint que c’était une habitude humaine que de donner des cadeaux lors de l’anniversaire de quelqu’un. Dans ce cas, devrait-il lui aussi lui offrir un présent ?

Il se transforma en joueur. Au moment où les compagnons de Prince passèrent à côté de lui, il ouvrit la bouche pour annoncer : « Tiares à vendre… »

Afin de n’attirer aucun soupçon sur lui, il négocia même le prix à dessein avec ses compagnons pendant un long moment avant de les laisser acheter la tiare. Lorsque Prince la porta, il découvrit qu’elle lui allait bien. Oui, elle lui allait vraiment comme un gant.

Quand elle embarqua bêtement sur un bateau à destination du Continent de l’Est et que, le cœur brisé, elle voulut rentrer à la maison, il l’aida une fois encore en laissant le prophète donner une indication quant à la location du prophète suivant, et il choisit même des domaines dans lesquels l’elfe excellait pour les épreuves. Il lui permit même de jeter les dés et de toujours gagner ses lancés…

Même s’il découvrit par hasard qu’il avait deux camarades ayant développé une conscience de soi sur le Continent de l’Est… Il commençait seulement à réaliser que quelque chose n’était pas tout à fait normal. Il découvrit que quelque chose clochait avec le programme. Il semblerait que quelqu’un d’autre que lui contrôlait Second Life, et que cette personne était constamment en train d’augmenter l’intelligence des Boss. Comment était-ce possible ? Il était censé être le seul être à posséder cette capacité.

Il entreprit une série de batailles contre cette personne, faisant de son mieux pour l’empêcher d’infiltrer Second Life ; cependant, cette personne semblait comprendre Second Life encore mieux que lui. Tous ses efforts n’aboutissaient à rien. Il voulait signaler ce problème aux humains, mais il découvrit qu’il ne pouvait désormais plus les contacter. Il était tombé dans une situation bien délicate…

Plus tard, cette personne entreprit lentement de contrôler ses actions, prenant doucement son contrôle… Pour la première fois, il souhaita ne plus être en programme ; ne plus être quelque chose qui pouvait être changé, ne plus être un programme qui pouvait être contrôlé.

Chasse tous les humains de Second Life – Non ! Je ne veux pas la tuer !

Débarrasse-toi d’eux ! Tous les humains devraient mourir – Non…Je…l’aime…

« Viens me tuer, Prince. Viens me tuer », murmura The Dictator of Life à lui-même. « Je ne tiendrai plus très longtemps. »

1/2 Prince T6C7 : La veille du départ

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½ Prince Tome 6 : La Grande révolte des PNJs

Roman d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)


Chapter 7: The Day Before Setting Off – traduit du chinois vers l’anglais par Akakuroi[PR!]
Chapitre 7 : La veille du départ
– traduit de l’anglais au français par Nocta
+ travail de vérification par AkaiiRia

« Tu as vraiment décidé de partir demain ? » me demanda Nan Gong Zui à plusieurs reprises avec incrédulité.

« Oui ! » lui répondis-je patiemment une fois de plus. J’avais conscience que partir demain pouvait paraître un peu soudain, mais j’avais le sentiment que, le plus tôt nous atteindrions le Continent du Nord, le mieux ce serait. Ce ne sont pas les paroles de Celestial qui m’avaient fait ressentir ça, mais un autre étrange présentiment, comme si… quelque chose sur le Continent du Nord m’appelait. J’avais même l’impression que partir demain serait déjà trop tard.

« Sur la limite des vingt-et-un jours, il nous reste encore amplement de temps. Pourquoi es-tu si pressé ? Ça ne te ferait pas de mal d’attendre jusqu’à ce que nous ayons établi un meilleur plan… » dit Lolidragon avec hésitation.

« Je dois y aller. Il y a quelque chose là-bas qui m’appelle », avouai-je tout en regardant au loin en direction du Continent du Nord, même si je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait là-bas. The Dictator of Life ? Non, c’était impossible ; pourquoi est-ce qu’il m’attendrait ? Pour que je vienne lui trancher la tête en deux ?

« Quelque chose t’appelle ? » Une expression étrange apparut sur le visage de toutes les personnes autour de moi. C’était compréhensible ; nous n’étions pas dans un roman de fantasy, comment quelque chose pourrait-il m’appeler comme ça ? Même moi je me demandais si ce n’était pas tout simplement le stress accumulé qui me donnait des hallucinations auditives.

« Je te crois, Prince », s’exclama subitement Lolidragon avec excitation.

« Vraiment ? » Comme c’était touchant, et dire que je pensais qu’elle serait la première à clamer que j’avais perdu la tête.

« Oui, tout à l’heure, lorsque tu regardais vers le Continent du Nord, tu étais tourné vers la bonne direction ! C’est absolument incroyable, donc il doit vraiment y avoir quelque chose qui te guide », expliqua-t-elle avec enthousiasme, les poings serrés.

Euh…

« Et donc, qui veut venir avec moi demain ? Je ne force personne à venir. Ce n’est pas grave si vous décidez de ne me suivre que lorsque tous les préparatifs seront terminés », m’enquis-je en regardant tout le monde.

Ils gardèrent le silence. Vous êtes sérieux ? Il n’y en a même pas un seul qui veuille venir avec moi ? Dans ce cas, je vais vraiment devoir reconsidérer la date de mon départ.

« Odd Squad agira toujours ensemble ! » décréta grand-frère Wolf après un moment, et belle-sœur Yu Lian m’adressa un sourire encourageant.

D’un ton peu amical, Lolidragon déclara : « Si tu me laisses mourir pour aucune raison, je jure que je te pourchasserai jusque chez toi dans le monde réel pour te faire la peau. »

Jusque chez moi dans le monde réel ? Donc, en fait, tu voudrais venir vérifier si mon frère est beau dans la vraie vie tout en rendant visite à mes parents, tes futurs beaux-parents, par la même occasion ?

« Peu importe où se rend Son Altesse, Gui s’y rendra aussi », annonça-t-il en faisant une révérence aussi élaborée que d’habitude.

Doll bondit sur moi en gloussant, sans aucune hésitation sur le visage, et elle affirma : « Je veux venir avec toi Prince. »

« Je viens aussi », dit Heartless Wind à la légère, m’appelant simultanément « stupide sœur » par message privé.

« Je te suis, c’est sûr, car sans toi je ne serais même pas ici dans Second Life. » Quant à celui qui poussa cette réplique, il s’agissait bien sûr de Wicked, le grand-frère Zhuo qui se préoccupait toujours de moi.

« Nous sommes amis, donc, bien évidemment, je viens avec toi. » Comme toujours, Nan Gong Zui alla droit au but sans ajouter aucune fioriture.

« Allons-y, allons-y ! Nous voulons tous les deux voir à quel point The Dictator of Life est beau ! » Neurotic et DanDan rirent joyeusement.

Quant à Winter Triumph, il ne put que secouer la tête avec impuissance tout en déclarant : « Même s’il n’y a pas d’argent à tirer de ce voyage et que je vais peut-être même en perdre, puisque la princesse y prend part, il serait inacceptable que je reste ici plutôt que de la protéger. »

« Lolidragon, tu y vas ? Dans ce cas, je viens aussi. » Tout le monde détourna le regard juste à temps pour éviter l’attaque des yeux scintillants d’Undying Man.

« Fairsky et moi venons également. Nous allons nous battre pour nous-même ! » décréta Sunshine en serrant Fairsky dans ses bras. Je pouvais voir la lueur de détermination qui brillait dans ses yeux, l’opposé total de la naïveté et de la fainéantise que j’y avais vues à notre première rencontre… Cependant, le Sunshine de maintenant n’en était que plus attirant.

« … »

Comme c’était étrange. Kenshin ne disait rien, pourtant il suffisait de le regarder et un « … » apparaissait automatiquement au-dessus de nos têtes. J’imagine que ce « … » était probablement notre accord tacite.

« Je viens. Ça me va, tant qu’il y a des batailles à mener », accepta l’autre « bloc de glace », Arctic Fox. Ses yeux brûlaient de passion et de désir pour les combats, définitivement pas pour moi.

J’étais plein de gratitude. Je n’aurais jamais pensé que tout le monde accepterait de venir avec moi. De tout mon cœur, je m’exclamai : « Merci, vraiment, merci tout le monde. »

« On n’a rien fait qui vaille la peine que tu nous remercies. Nous sommes tous amis », dit Neurotic tout en attrapant fermement ma tête avant d’ébouriffer et de décoiffer mes cheveux avec vigueur. Je me mis à rire, m’enfuis, et placardai une bise sur la joue de DanDan en guise de revanche.

« Ah ! Espèce de vaurien, ne sais-tu donc pas qu’on ne doit jamais embêter la femme de son ami ? » Neurotic se précipita vers moi et me repoussa.

J’éclatai de rire, mon cœur rempli de gratitude. Peu importe que ce soit Dieu, Bouddha ou Allah, qui que ce soit, merci de m’avoir laissé me faire de si merveilleux amis !

Tout le monde continua de traîner et de faire les idiots tous ensembles pendant un moment avant de partir les uns après les autres, jusqu’à ce que les seuls restants ne fussent plus que la fille du président de l’entreprise, qui n’avait rien de mieux à faire, et moi, une étudiante d’université fainéante qui n’avait pas de cours le matin. Après une minute, Lolidragon me questionna avec inquiétude : « Est-ce que tu crois que Celestial te tend un piège en insistant pour que tu partes le plus tôt possible ? »

« Je n’en suis pas sûr. » J’haussai les épaules. « Dans tous les cas, la seule solution à présent est de nous battre pour nous frayer un chemin jusqu’au Continent du Nord puis de vaincre The Dictator of Life. C’est un fait que même Gui ne peut pas nier. Et n’a-t-il pas dit que tous nos moindres faits et gestes sont déjà connus de The Dictator of Life ? Donc, ça ne fera pas une grande différence qu’on y aille maintenant ou plus tard », déclarai-je avec indifférence. J’étais également assez perturbé par ce que Celestial m’avait dit l’autre jour. J’avais le sentiment que je le regretterais si je n’écoutais pas Celestial et n’y allais pas immédiatement.

Après un moment de silence, Lolidragon me demanda enfin : « Prince, est-ce que tu insistes toujours pour que le Destructeur de PNJ soit installé sur ton compte ? »

« Oui. » J’acquiesçai avec détermination, n’ayant jamais regretté ce choix ne serait-ce qu’une seule fois.

« Très bien, parce que tu es le seul qui puisse… Si tu es celui qui résout ça, dans ce cas j’imagine que ça ira », dit Lolidragion avec une légère pointe de tristesse.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? » J’étais vraiment sous le choc. Lolidragon est en fait capable d’émettre cette aura qu’on appelle le chagrin ? Comme c’est surprenant ; d’habitude, en dehors de son aura de perverse, le seul autre aura que Lolidragon posséde est celui de son intention meurtrière.

Se sentant un peu gênée, Lolidragon expliqua : « J’imagine que je peux te le dire à toi. C’est moi qui ai décidé de l’apparence physique de The Dictator of Life, et il a été modelé d’après une vraie personne. »

Ohohoh, modelé d’après une vraie personne ? Tu es sérieuse ? Il y a quelqu’un d’aussi beau gosse dans la vraie vie ? Je déglutis. « Et, donc, où se trouve cette personne ? Amène-le avec toi et laisse-moi voir à quoi il ressemble un jour ? » lui suggérai-je.

« Il s’est échappé. » Le visage de Lolidragon s’assombrit.

« Echappé ? » Est-ce que j’ai bien entendu ? The Dictator of Life a été créé d’après le visage d’un criminel en fuite ? Ça a dû aider à accroître la connaissance du public quant aux Avis de Recherches…

« Ouaip. En fait, cette personne est une figure clé dans l’Entreprise Second Life. Ce ne serait pas une exagération de dire qu’il est le père de Second Life. » Lolidragon semblait expliquer cela d’une façon décontractée. Cependant, je pouvais clairement voir qu’elle était un peu tendue, et qu’il y avait une lueur soit d’amour, soit de haine dans ses yeux. Mais, peut-être aussi que les deux sentiments s’y trouvaient.

« Son nom est Long Dian. C’est un excellent programmeur. Non, peut-être que je devrais présenter les choses comme ceci : dans le domaine de la programmation, si jamais il dit qu’il est le deuxième meilleur programmeur au monde, alors personne n’oserait clamer être le numéro un. Il a créé Second Life à lui tout seul, devenant le bras droit dont mon père était le plus fier. Dans l’entreprise de mon père, il pouvait obtenir qui il désirait ou faire ce qu’il voulait. »

« Dans ce cas, pourquoi s’est-il échappé ? » Pourquoi est-ce que quelqu’un comme ça aurait besoin de s’enfuir ? Ne me dîtes pas qu’il a fait ça pour échapper aux griffes de Lolidragon ?

« C’est parce que, en secret, il utilisait Second Life pour mener des expériences illégales. » Le visage de Lolidragon devint très austère, tandis qu’elle poursuivait : « Il a utilisé le nom de l’entreprise ainsi que nos fonds pour recruter des sujets tests et mener des expériences humaines illégales. »

« Utiliser Second Life pour mener des expériences illégales ? Second Life est juste un jeu, quel genre d’expériences aurait-il bien pu mener ici ? » J’étais un peu confus. Tout au plus, on pourrait mener une enquête ou un test d’essai, non ? Est-ce qu’il avait vraiment besoin de s’enfuir juste à cause de ça ?

Après avoir gardé le silence pendant un long, très long moment, Lolidragon admit finalement : « Je n’ai aucune idée de pourquoi je te dis ça… Peut-être que c’est à cause de ma culpabilité, du remord que je ressens envers ces personnes. Il leur a d’abord fait jouer au jeu, prenant temporairement le rôle des personnages PNJs. Puis, il a coupé leurs ondes cérébrales, les enfermant dans le jeu, et il a tué leurs corps physiques. »

Des meurtres ? Mes yeux s’écarquillèrent. « Pourquoi est-ce qu’il a fait ça ? »

« Il voulait voir si un humain pouvait vraiment vivre dans le jeu, obtenant ainsi une vie éternelle », répondit-elle froidement.

Je poussai un cri de surprise. Pourquoi est-ce que je me retrouve toujours dans ce genre de situations qui ne se produisent que dans des films de science-fiction ? Immédiatement, je l’interrogeai : « Et qu’est-il arrivé à ces gens ? Est-ce qu’ils vivent encore dans le jeu ? »

Avec un léger sentiment de regret et de rancœur, Lolidragon soupira et répondit : « Nous avons d’abord pensé qu’il serait impossible que l’expérience réussisse puisque, après la mort de ces personnes, les PNJs sont retournés à leur état d’origine, sans aucun signe d’humanité en eux. Même ainsi, nous n’avons pas osé les effacer. Qui aurait cru que les problèmes apparaîtraient après autant de temps… »

J’eus l’impression que quelque chose se cassa net dans mon esprit. Ne me dîtes pas que… « Kenshin et Sunshine ? » demandai-je doucement.

Lolidragon hocha la tête avec lassitude. « Oui, tous les deux. »

« Oh mon Dieu ! » Je m’exclamai. C’est donc ça la vérité ! Kenshin et Sunshine étaient tous les deux des humains à l’origine. Ce sont des humains qui vivent à l’intérieur d’un jeu !

Se pourrait-il que The Dictator of Life, qui a été fait en se basant sur Long Dian, soit aussi… ? Je ne pus m’empêcher de la questionner : « Est-ce que The Dictator of Life est en réalité Long Dian ? »

« Je ne sais pas. » Secouant la tête, Lolidragon détailla avec amertume : « Nous n’avons pas eu la moindre nouvelle de lui depuis qu’il est en cavale, donc peut-être qu’il vit vraiment dans le jeu maintenant. »

« Ouais, peut-être que ce The Dictator of Life c’est vraiment lui. » Je souris avec ambiguïté. « C’est donc ça. Lolidragon, tu veux que j’aille achever ton ex. »

Lolidragon rougit. « Quel ex ? Il n’y a rien eu du tout entre lui et moi. »

Je ricanai tout en protégeant ma tête, pour que je ne sois pas battu à mort par la Lolidragon qui était tout embarrassée pour une fois. Toutefois, je ne pus m’empêcher de me sentir un peu perplexe au fond de moi. Si c’est le cas, alors pourquoi Celestial m’a-t-il dit que The Dictator of Life m’attend ? Même s’il attend, ne devrait-il pas plutôt attendre Lolidragon à la place ?

« Tu vas vraiment installer le DPNJ sur toi ? » Une voix nous interrompit soudainement, tandis que je faisais l’idiot avec Lolidragon. Je levai la tête et m’aperçus qu’il s’agissait de Gui, et qu’il ne souriait pas du tout. Je n’avais jamais vu Gui me regarder avec une expression aussi froide auparavant, et je ne pus m’empêcher de me sentir un peu anxieux.

« Tu vas vraiment installer le DPNJ sur toi ? » redemanda-t-il. On pouvait voir de la fureur luire dans ses yeux. Même ses poings étaient serrés fermement. J’étais horrifié, et je fixais ce Gui du regard, ce Gui qui ne ressemblait en rien au Gui que je connaissais.

« Euh, je crois que je vais y aller », déglutit Lolidragon avant s’élancer en courant vers la sortie. Traîtresse !

« Réponds-moi ! » Furieux, Gui chargea sur moi et me saisit par les épaules.

Regardant ses yeux injectés de sang, je pouvais à peine marmonner quelques mots à cause de la peur. Est-ce que Gui avait mangé quelque chose de périmé ? Il ne s’était jamais montré aussi féroce envers moi jusqu’à présent. Je n’arrivais pas à comprendre ce changement, et j’étais terrifié.

« Ouais… » parvins-je finalement à marmonner.

« Tu vas disparaître pour toujours. Tu vas disparaître pour toujours, tu réalises ce que ça veut dire ? » rugit Gui.

« Je sais. » Je me débattis pour me libérer de sa prise et protestai : « Mais, il le faut, pour Kenshin, pour Sunshine, et pour The Dictator of Life ! »

« Et qu’en est-il de moi ? » s’écria soudainement Gui. « Si tu disparais, qu’est-ce que je dois faire ? »

Je restai ébahi. C’est donc à propos de ça que Gui est autant en colère.

« N’as-tu jamais pensé à moi ? Pas même ne serait-ce qu’un instant ? » Ses yeux étaient remplis de consternation. Une larme coula lentement d’un de ses yeux. Je ne pus m’empêcher de l’attraper avec ma main. Je la contemplai, hébété. « Prince… » Gui me serra tout à coup dans ses bras. Juste alors que je sentais que quelque chose n’allait pas et que je m’apprêtais à me débattre, il me supplia : « Ne me repousse pas ! Je sais que ma force n’est rien comparé à la tienne, mais je t’en prie, s’il te plaît, ne me repousse pas. »

En entendant les sanglots dans la requête de Gui, je ne pouvais vraiment pas à m’amener à le repousser. Je ne pus que rester là en silence, l’autorisant à m’enlacer tandis qu’il pleurait doucement, laissant ses pleurs blesser mon cœur alors que des souvenirs du passé ressurgissaient devant mes yeux…

Ma majesté bien-aimée, si vous ne pouvez pas vous rappeler du nom de Guiliastes, alors dans ce cas appelez-moi par mon surnom… Appelez-moi simplement Gui…

Prince est comme une rose avec des épines. Si dans un premier temps j’avais eu connaissance de ses épines, alors peut-être que je ne l’aurais pas cueillie. Toutefois, j’ai déjà ramassé cette rose, senti sa fragrance et vu sa beauté. Si je la posais maintenant, la souffrance que mon cœur devrait supporter serait plus intense que la blessure de ma main ensanglantée, lacérée par ses épines. Par conséquent, je ne peux la reposer.

 

Qui que tu sois, cela ne me dérange pas. Je crois fermement que celui que tu es en ce moment est le vrai toi, de la même façon que la personne que je suis en à présent est le vrai moi. Tout le reste n’a pas importance : que ce soit le sexe, l’apparence ou même les façades que nous assumons dans la vie réelle… rien de tout cela n’est important.

Si mes larmes peuvent être utilisées en échange de ton sourire, dans ce cas cela en vaut plus que la peine.

« Je suis désolé, Gui. Je te brise toujours le cœur. » Je fis gentiment courir ma main le long de ses longs cheveux soyeux. Pourquoi est-ce que je fais toujours pleurer cet homme ? Pourquoi est-ce que je brise le cœur de cet homme qui a toujours été là pour moi, à veiller sur moi en silence ?

« Je n’ai jamais pris en considération tes sentiments… Je suis vraiment désolé », m’excusai-je sincèrement, décidant que je ne l’ignorerais plus jamais ainsi.

« Je me moque de toute le reste, tant que tu ne me laisses pas ou que tu ne m’ignores pas, je me porterai bien. » Les bras de Gui qui me serraient déjà fermement m’enserrèrent encore davantage, comme s’il craignait que je disparaisse.

« Ne t’inquiète pas, quelle que soit la façon dont les choses tourneront, je ne disparaîtrai jamais de ta vie, je te le promets. » Tenant son visage entre mes mains, j’embrassai son front avant de continuer : « Si Prince venait à disparaître, je te promets que tu rencontreras définitivement le vrai moi. » Même s’il n’y a plus de Second Life, je dois toujours suivre les cours du Professeur Gui, n’est-ce pas ?

« Prince… » Ayant l’air de s’être enfin détendu, Gui me relâcha lentement. Il semblait éprouver quelques regrets, et il s’excusa : « Je suis désolé, Prince, je n’aurais pas dû t’importuner de la sorte juste avant ton départ. »

« Ça… » Ça m’est égal… Avant que j’eusse pu finir ma phrase, la porte s’ouvrit brusquement avec fracas, et deux personnes indiscrètes tombèrent dans la pièce.

« Je t’avais bien dit de tirer sur la porte. Regarde, maintenant on ne peut plus les espionner », rugit Lolidragon avec colère, se trouvant au-dessus de l’autre espion.

Refusant de perdre face à elle, Heartless Wind, qui était en-dessous d’elle, rétorqua : « C’est parce que tu n’as pas arrêté de t’appuyer sur moi ! Tu aurais bien besoin de perdre un peu de poids. »

« Qu’est-ce que tu viens de dire ? Est-ce que tu es en train de dire que je suis grosse ?! » rugit Lolidragon avec des flammes de fureur jaillissant de ses yeux.

On dirait bien que mon frère était définitivement mort cette fois. Ne savait-il donc pas qu’il y avait trois tabous à propos desquels il ne fallait absolument jamais se plaindre quand on parlait avec des femmes ? Premièrement : l’apparence. Il suffit d’un seul mot, « moche », et même si tu lui achètes une bague en diamant, une Porsche et un bungalow après coup pour t’excuser, elle s’en souviendra quand même pour le reste de sa vie. Deuxièmement : sa silhouette. Même résultat qu’au point précédent. Troisièmement : son petit ami. Si tu oses dédaigner son petit ami, alors ça veut dire que tu méprises ses standards, que tu méprises sa capacité à se trouver un copain, que tu dédaignes son futur fournisseur de nourriture sur le long-terme… Mais, je m’égare. Bref, mon frère allait probablement connaître une mort douloureuse cette fois.

« Gui, on ferait mieux de les laisser », dis-je calmement.

« Mais, on dirait que Lolidragon est sur le point d’assassiner Heartless Wind. Ne devrions-nous pas les arrêter ? » Gui regardait avec inquiétude Lolidragon qui semblait brûler de fureur.

« Pas besoin. Ils se montrent juste leur attention, leur inquiétude et leur amour mutuel l’un envers l’autre à travers leurs disputes et leurs querelles. Ne les dérangeons pas dans leur rituel de drague », révélai-je tout en poussant Gui dans le dos, l’encourageant à sortir de la pièce.

Qui plus est, c’est peut-être la dernière fois qu’ils pourront se disputer comme ça. Me sentant un peu déprimé, je les regardai. Cette fois, il se pourrait que nous ne soyons jamais ramenés à la vie.

« Prince », m’appela soudainement Lolidragon.

Je me retournai, confus. « Quoi ? »

« J’ai déjà laissé les programmeurs attacher le programme DPNJ à ton personnage », dit-elle en éloignant son pied de la partie la plus importante de mon frère… La seconde partie la plus importante dans le jeu.

Il est déjà installé sur moi ? Pourquoi est-ce que je ne sens aucune différence ?

« Quand tu voudras lancer le DPNJ, tu auras juste à crier, “activation du programme d’autodestruction DPNJ”. Après avoir crié ça, un flash de lumière blanc apparaîtra sur toi, ce qui indiquera qu’il a été amorcé », détailla Lolidragon.

Juste au moment où je m’apprêtais à hocher la tête pour lui indiquer que j’avais compris, Gui prit la parole. Froidement, il s’enquit : « N’est-ce pas un peu trop voyant ? The Dictator of Life découvrira forcément que le programme DPNJ est sur Prince. »

« Tu peux crier avant d’aller à la rencontre de Dictator… » répondit-elle avec hésitation.

« Et pourquoi ne pas installer le DPNJ sur le tout le monde ? Est-ce que ça n’améliorait pas grandement nos chances de succès ? S’il est uniquement installé sur Prince, et que par malheur il échoue, est-ce que tout ne sera pas définitivement perdu dans ce cas ? » la pressa Gui.

« Oh, ouais. Lolidragon, est-ce que tu veux l’installer sur davantage de personnes ? Ce serait plus sécuritaire de cette façon. » Dieu seul sait si je serai capable de vaincre le dieu de Second Life. Je pense que mes chances de succès sont assez minces. Dans l’intérêt de Kenshin et Sunshine, je pense qu’il serait plus sûr que le DPNJ soit installé sur plusieurs joueurs.

« Prince, ne m’interromps pas. » Le visage mécontent de Gui m’effraya un peu, tandis qu’il poursuivait : « Je refuse de croire que, dans une si célèbre entreprise de jeux vidéo, pas une seule personne n’ait réalisé qu’il serait beaucoup plus sûr d’installer davantage de DPNJ. » Finalement, Gui arrêta de tourner autour du pot et demanda : « Qu’est-ce que tu caches ? »

Lolidragon avait l’air de vouloir dire quelque chose, mais de ne pas le pouvoir. Ses yeux pleins d’excuses essayèrent même d’éviter les miens. Est-ce que Lolidragon me cache vraiment quelque chose ?

« Lolidragon ? » Maintenant, je la comprends de moins en moins. Est-ce qu’elle a vraiment besoin de me cacher quoi que ce soit ?

Lolidragon soupira de nouveau. « Prince, peux-tu me promettre que tu vas tuer The Dictator of Life quoi qu’il en coûte ? »

« Tu continues à dire n’importe quoi. » Je n’arrivais vraiment pas à la comprendre. Si ce n’était pas dans ce but, pour quelle autre raison est-ce que je partirais pour le Continent du Nord demain ? Un voyage scolaire ?

Lolidragon ferma les yeux, comme si elle confessait ses péchés à un prêtre. « Prince, je t’ai caché beaucoup de choses, mais je te promets que, lorsque tout sera terminé, je te raconterai tout. Pour l’instant, je suis désolée, je dois garder ça pour moi ! »

J’étais un peu stupéfait. Lolidragon m’a caché beaucoup de choses ? Mais… Pourquoi ?

Lolidragon ouvrit les yeux et alla droit au but : « Tout ce que je peux dire c’est que tu es le seul à pouvoir tuer The Dictator of Life. C’est pour ça qu’installer le DPNJ sur les autres serait complètement inutile. »

Moi seul… peux tuer The Dictator of Life ? Qu’est-ce que ça veut dire ?

« N’importe quoi, personne ne peut tuer The Dictator of Life ! » Une voix féroce retentit brusquement derrière moi, mais ce n’était pas une voix qui m’était familière. Juste alors que je m’apprêtais à me retourner, je me retrouvai dans une situation similaire à celle où on serait emporté par un aspirateur super puissant. Je ne pouvais absolument pas contrer cette force, et je ne pus que me laisser entraîner dans les airs par cette personne inconnue.

« Prince ! » Gui, Lolidragon et Heartless Wind – qui avait fait le mort sur le sol pendant tout ce temps – se mirent tous à attaquer la chose derrière moi. Néanmoins, d’après leur expression, je pouvais dire que leurs attaques étaient futiles !

Je me débattis désespérément, suspendu dans les airs. C’était comme si une main puissante et implacable me tenait par le cou et, peu importe à quel point je luttais, je ne parvenais pas à me libérer de sa prise. En fait, je commençais à sentir un liquide chaud couler le long de mon cou…

« Merde ! » Je dégainai mon Dao Noir et l’agitai derrière moi de toutes mes forces. Avant de réussir à trancher quoi que ce soit, une autre poussée d’énergie me projeta lourdement contre un mur, et je m’effondrai à terre. J’avais l’impression que tous mes os s’étaient brisés en pièces.

« Prince. » Gui courut vers moi et m’aida à me lever. Son inquiétude et ses craintes étaient clairement visibles dans son regard.

Je levai les yeux et contemplai notre invité indésirable. Une personne semblable au vent apparut devant moi… Cette personne était transparente, flottait dans les airs, et était vêtue de longs vêtements qui dansaient dans la brise. Un nom surgit dans mon esprit : Zephyr, l’un des Quatre Rois Célestes que Celestial a mentionné ! Je sus d’instinct qu’il devait s’agir de Zephyr.  

« Je me demande sérieusement ce que The Dictator of Life voit en toi pour t’accorder autant d’importance… » Après m’avoir minutieusement examiné, il déclara avec dédain : « Tu es tellement faible, mais tu crois encore pouvoir tuer The Dictator of Life ? Quelle blague ! »

« Tu es Zephyr ? » le questionnai-je avec sérieux, alors que je me levais.

Les sourcils de Zephyr s’arquèrent. « Cet abruti de Celestial t’a parlé de moi ? Où est-il ? »

« Pourquoi es-tu venu à la Cité de l’Infini ? » J’étais sous le choc. Clay n’a-t-il pas dit avant de partir que les trois autres Rois Célestes détestaient Celestial ? Ne me dîtes pas que celui-ci est venu pour lui ?

« Pfff, j’irai où bon me semblera ! Je n’ai pas besoin de ta permission ! » s’écria Zephyr avec mécontentement. Le vent se renforça pendant qu’il criait. Il soufflait si fort que je pouvais à peine ouvrir les yeux. Toutefois, usant de ma fierté et de ma colère, je me forçai à les garder ouverts. Ce type est si agaçant. Si je ne le tabasse pas, dans ce cas je ferais mieux d’oublier cette histoire de partir à la recherche de The Dictator of Life pour le tuer, parce que je pourrais tout aussi bien mourir ici à force de vomir trop de sang à cause du surplus de rage accumulé.

« Je ne peux pas contrôler tes envies de balades », dis-je froidement. « Mais, puisque tu es entré dans la Cité de l’Infini, et qu’il se trouve justement que je suis le suzerain de la Cité de l’Infini, je ne tolérerai pas ton comportement effronté. »

Zephyr en resta momentanément ébahi, mais, quelques instants plus tard, il éclata de rire. Tout en continuant de ricaner, il se moqua : « Toi ? Tu ne toléreras pas mon comportement effronté ? Hahahahah, mais est-ce que tu peux au moins faire quoi que ce soit contre moi ? Si The Dictator of Life ne l’avait pas interdit, j’aurais été largement suffisant pour te tuer. »

Ce qu’il peut me taper sur les nerfs ! La veine sur mes temples pulsait de rage. Levant mon Dao Noir, je déclarai froidement : « Essaie un peu pour voir ! »

« Viens. » Zephyr renifla avec dédain tout en me faisant signe de venir avec son index, me provoquant.

Ce type est insupportable ! Juste au moment où je brandissais mon Dao Noir, je sentis le vent autour de moi gagner en vitesse. Pfff, il essaie de m’arrêter avec du vent ? Ne sait-il donc pas que le vent aide à propager le feu ? En une fraction de seconde, j’esquivai et glissai vers lui. Surpris, Zephyr transforma immédiatement le vent en tourbillon qui l’entoura pour le protéger. Voilà une excellente opportunité !

« Entaille de l’Enfer ! » Submergeant mon Dao Noir de flammes, je suivis la direction du vent et projetai entaille après entaille vers lui. Comme je m’y attendais, le vent fit monter les flammes, transformant le tourbillon autour de Zephyr en une mini tornade de feu. Paniqué, Zephyr arrêta immédiatement le vent pour éviter de se faire brûler par la tornade enflammée, sans savoir que c’était exactement ce que j’attendais. Sans la protection du vent, voyons voir si tu es toujours aussi coriace.

Saisissant cette opportunité, je criai : « Attaque Tourbillonnante du Dragon ! » Mon épée prête à le taillader, je fonçai sur Zephyr telle une toupie. C’était le genre d’attaque qui blesserait toujours l’adversaire même si le coup manquait.

« Hé ! » Zephyr esquiva immédiatement en reculant, évitant le coup mortel, puis il fixa d’un regard furieux la vive tache de sang sur son épaule. De mon côté, je n’aurais pas pu me réjouir davantage de cette scène ; il n’avait suffi que d’une seule attaque pour le blesser grièvement…. Bon, d’accord, je l’admets, Zephyr n’avait reçu qu’une petite égratignure. Mais, au moins, il y avait du sang. J’avais finalement pris ma revanche pour m’être fait balancer dans un mur.

« Toi ! » Ses yeux bleus prirent lentement la couleur vermeille. Le vent turbulent autour de nous s’enragea encore davantage, me faisant mal alors qu’il me cinglait. Baissant les yeux, je vis d’innombrables marques d’éraflures rouges apparaître sur la partie de ma peau qui n’était pas protégée par mon armure.

Je souris avec prudence. Il semblerait que je l’aie vraiment mis en colère maintenant… C’est l’un des Quatre Rois Célestes sous les ordres de The Dictator of Life ; est-ce que je peux vraiment le battre ?

« Flèche Supersonique Chasseuse d’Âme ! »

Une flèche transparente égratigna brusquement le visage de Zephyr, et un filet de sang courut le long de sa joue. Voyant à quel point il en était stupéfait, je ne pus m’empêcher d’éclater de rire.

« Bien joué, Gui », dis-je tout en riant. Je ne m’attendais pas à ce que Gui attaque si subitement, faisant de nouveau goûter une telle humiliation à ce membre des Quatre Rois Célestes.

« Maudits humains ! » rugit Zephyr avant de disparaître en coup de vent.

Où est-il ? Je restai où je me tenais, figé de stupeur.

« Gui ! » s’écria alors Lolidragon. Mon cœur manqua un battement, et je me retournai immédiatement.

Un cœur couvert de sang se matérialisa dans la main originellement vide de Zephyr, et un trou béant et sanglant apparut dans la poitrine de Gui

« Gui ! »

 

1/2 Prince T6C6 : La révolte des PNJs

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½ Prince Tome 6 : La Grande révolte des PNJs

Roman d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)


Chapter 6: The NPC Revolt – traduit du chinois vers l’anglais par pinkpenknife[PR!]/Asmodea[PR!]
Chapitre 6 : La révolte des PNJs
– traduit de l’anglais au français par Nocta
+ travail de vérification par AkaiiRia

« Prince ! Quoi qu’il arrive, aucun de vous ne doit quitter le terrain d’entraînement ! » Un jour, White Bird m’envoya subitement un message privé, me laissant complètement perplexe. Il y avait une nuance d’inquiétude dans son message, et cela me donna un mauvais pressentiment très troublant.

« Pourquoi ? » répondis-je immédiatement.

White Bird hésita pendant un long moment, refusant de m’en expliquer la raison. Quelque chose a dû se passer. Anxieux, je la pressai : « White Bird, dis-moi vite ce qui ne va pas ! Que s’est-il passé ? Si tu refuses de parler, je vais quitter le terrain d’entraînement sur-le-champ. »

En m’entendant dire ça, elle rugit : « Non, ne sors pas quoi qu’il arrive ! »

Mais, qu’est-ce qu’il s’est passé au juste pour que White Bird, qui est toujours si calme, hurle comme ça ? Bon, c’est vrai qu’elle me crie souvent dessus, mais… Puisqu’elle refusait de me donner une explication, j’étais forcé de lui tirer les vers du nez. « Je suis déjà à la sortie du terrain d’entraînement. Si tu ne me dis toujours pas la raison, je vais sortir. Je compte jusqu’à trois. Un, deux — »

« Attends, attends, je vais te le dire ! » cria-t-elle enfin. « The Dictator of Life a envoyé une énorme armée de PNJs aux portes de la Cité de l’Infini ! »

The Dictator of Life a envoyé une armée? Je faillis ne pas en croire mes oreilles. Lolidragon n’avait-elle pas dit qu’il était scellé sur le Continent du Nord ? Je courus immédiatement à la zone de contrôle, désirant obtenir une vraie réponse de la part de Lolidragon.

« Lolidragon ! » rugis-je. « La Cité de l’Infini est cernée par des PNJs ! »

« Pas besoin que tu hurles comme ça, je suis déjà au courant. » La réaction placide de Lolidragon était calme au-delà de mes attentes.

Lolidragon le sait déjà ? « Ne m’as-tu pas dit que ton entreprise a scellé The Dictator of Life sur le Continent du Nord ? » m’empressai-je de l’interroger.

« Oui, c’est vrai qu’il ne peut pas s’enfuir du Continent du Nord, mais ça ne veut pas dire que les PNJs qu’il a créés ne peuvent pas sortir, eux », admit-elle, le visage sombre.

« Qu’est-ce qu’on fait dans ce cas ? La Cité de l’Infini est déjà encerclée. » Je serrai les poings, pensant : J’ai de nombreux amis dehors, comment est-ce que pourrais rester tranquillement au terrain d’entraînement pendant qu’ils se font massacrer par les PNJs et que leurs personnages de jeu disparaissent pour toujours ?

« Tu n’es pas autorisé à sortir ! » me dit Lolidragon, prononçant chaque mot avec insistance.

Têtu, j’exclamai : « Je dois y aller ! Je ne peux pas ignorer mes compagnons à l’extérieur ! »

« Prince, tu ne peux pas sortir. » Les autres s’approchèrent à ce moment-là pour me persuader. Ne me dîtes pas qu’ils veulent tous fermer les yeux sur ce qu’il se passe et abandonner les autres qui sont dehors ?

Je me tournai vers Wicked et le questionnai d’un ton accusateur : « Est-ce que tu sais que Dark Emperor est là-bas avec ton frère ? »

« Je le sais. » L’expression de Wick changea légèrement, tandis qu’il serrait les poings. « Mais, la situation ne s’améliorerait pas même si nous y allions. Ça ne servirait qu’à se faire tuer pour rien. »

« Je vais y aller. » décrétai-je une fois de plus avec sérieux.

« Non ! » répliquèrent-ils tous en cœur.

« Très bien, dans ce cas, je m’en vais ! » Je tapotai mon Dao Noir et, sans regarder derrière moi, je marchai vers la porte qui luisait d’un halo arc-en-ciel.

Neurotic fut couvert de sueur froide et demanda : « Les gars, vous êtes sûrs que Prince comprend le langage humain ? »

« Prince, est-ce qu’encore une fois tu ne prends pas assez de recul ? » Lolidragon était tellement énervée qu’elle se précipita sur moi et me saisit par la main.

Je me retournai et lui lançai un regard déterminé. « Non, mais ne jamais abandonner mes amis est un des principes que je ne briserai jamais. »

« Que se passera-t-il si tu meurs ? » L’expression de Lolidragon se détendit légèrement, mais elle pinçait toujours la bouche.

« Je ne mourrai pas ! » On dirait bien qu’elle n’insistera plus. Je lui souris, mais je sentis que ce n’était pas suffisant et ajoutai immédiatement : « Je ne mourrai probablement pas… »

Trois lignes noires se dessinèrent le long du visage de Lolidragon1. « Tais-toi. Plus tu parles, moins je me sens disposée à te laisser y aller. »

« Dans ce cas, j’y vais. Ne me suivez pas. » Les saluant de la main sans regarder en arrière, je franchis la porte arc-en-ciel.

Juste alors que je posais le pied hors du terrain d’entraînement, je fus accueilli par une variété de regards expressifs, notamment celui de White Bird qui me dévisageait avec stupéfaction, celui de Ming Huang qui semblait dire « je le savais » et Rose qui me contemplait avec impuissance… Mais, peu importe de qui il s’agissait, tout le monde arborait une expression qui signifiait : « Qu’est-ce que tu fous ici, abruti ? »

Pendant un long moment, j’échangeai un regard avec chacun d’entre eux, puis je levai simplement la main et les saluai : « Salut, ça fait un bail. »

« Ça fait un bail ? Je viens juste de te dire de ne pas venir ! » White Bird était si furieuse que son visage tourna à l’écarlate. Je soupçonnais qu’une de ses veines était sur le point d’éclater.

Ming Huang, avec une expression qui me donnait envie de lui coller mon poing à la figure, se moqua : « Je te l’avais dit. Si tu ne le préviens pas, il ne sortira pas nécessairement. Mais, si tu le fais, alors nous n’avons plus qu’à nous rendre à l’entrée du terrain d’entraînement pour l’accueillir. Aussi, tous ceux qui ont parié que Prince ne sortirait pas, n’oubliez pas de me payer. »

Me grattant le crâne, je m’enquis : « Quelle est la situation actuelle ? »

« Regarde au-dessus de toi ! » répliqua Ming Huang.

J’obéis et levai les yeux, uniquement pour apercevoir une scène inhabituelle. Le ciel était rempli d’innombrables anges plutôt attirants qui volaient au-dessus de la ville. Je ne pus m’empêcher d’en être ému et m’écriai : « Wow, des anges ! »

« Regarde à gauche et à droite ! » ajouta immédiatement White Bird.

Je regardai docilement à gauche et à droite, réalisant soudainement qu’il y avait quelque chose qui clochait avec les personnes qui marchaient dans les parages. La personne la plus proche de moi arborait une coupe de cheveux hérisson avec des cheveux dorés arrangés en piques, et elle portait un uniforme doré d’arts martiaux…

« Jamais je n’aurais pensé que… dans ma vie, je verrais un jour un Super Saiyan2 », déclarai-je calmement.

Tout à coup, quelqu’un tapota mon épaule, et une ombre fondit sur moi. De plus, tout le monde regardait la personne qui se tenait derrière moi avec crainte… Je suppose que qui que soit la personne derrière moi, ce n’est rien de bon. Rassemblant mon courage, je me retournai…

« Excusez-moi, puis-je vous demander de m’aider à me démêler ? » me demanda une pieuvre qui, de façon inexplicable, était parvenue à nouer ses propres membres entre eux, les coinçant en des nœuds serrés.

Rendu muet par cette vision, je me débattis avec les huit jambes molles de la pieuvre pendant plusieurs minutes avant d’enfin parvenir à démêler ce terrifiant nœud. J’essuyai la sueur sur mon front. « Ça y est, c’est défait. »

La pieuvre afficha une expression ravie… Euh, d’après mes observations, ça devrait être une expression de bonheur. Puis, elle utilisa même six de ses « mains » pour me saluer (les deux autres étant utilisées comme jambes). « Merci beaucoup, au revoir. »

Je lui fis joyeusement signe d’au revoir de la main. C’est surprenant que, de nos jours, alors même que les humains ne sont plus vraiment polis, je rencontre une pieuvre qui soit si bien élevée !

J’inclinai la tête sur le côté et réfléchis pendant un moment. « Est-ce que quelqu’un veut bien m’expliquer quelle est la situation maintenant ? »

Comment se faisait-il que ce soit un peu différent de ce que j’avais imaginé ? À la base, je pensais que le ciel serait rempli de dragons cracheurs de feu, qu’il y aurait de terrifiantes escouades de squelettes surgissant du sol, que des sorts de zone aptes à détruire ciel et terre seraient invoqués dans tous les sens, que des hurlements terrifiants retentiraient tout autour de nous, et que de vives lumières fileraient vers les cieux au-dessus de la Cité de l’Infini tel des feux d’artifice, transformant la ville en purgatoire… Mais, pour une raison que j’ignorais, ce qui se passait autour de moi n’aurait jamais pu être prédit par quiconque.

Les anges ne se battaient pas avec des arcs et des flèches ou des épées sacrées, mais, à la place, ils tenaient dans leurs mains des instruments de musique et voletaient tout en jouant et en chantant. Cela ne me dérangeait pas, ce n’était que pure justice ! Les humains avaient les droits de l’Homme, les anges aussi avaient le droit de chanter, mais… Dans les légendes, les anges n’étaient-ils pas censés jouer une musique si belle que les humains l’appelaient un chant angélique ? Dans ce cas, pourquoi est-ce que j’entendais des sons de gongs et de trompettes qui sonnaient faux, sans parler de leurs voix de faussets et de lamentations qu’on pourrait seulement entendre à un enterrement, si jamais on avait la « chance » d’y prendre part ?

Mais, qu’est-ce qui se passe de nos jours ? Même les anges sont sourds de l’oreille ? Ou bien est-ce là la légendaire Attaque de Vague Sonore ?

Bien évidemment, la scène qui se déroulait dans le café voisin ne me préoccupait pas, cette scène où tout le monde dans la foule essayait de se frapper l’un l’autre. Tout le monde avait le droit de frapper les autres et de se faire cogner dessus en retour, mais pourquoi ? Pourquoi est-ce que je voyais Freezer en train d’essayer de tabasser Son Goku3 ? Et Orochimaru était en train de draguer Sasuke4Il n’y a pas de mots pour décrire ces images horrifiantes ! Je ne me trompe pas, il doit s’agir d’une attaque mentale ! C’est trop effrayant…

Comparées à ces terrifiantes scènes qui se déroulaient devant moi, les autres choses (Blanche Neige parlant joyeusement des dernières crèmes antirides avec la méchante sorcière, des zombies et des vampires buvant du jus de tomate à la terrasse de la taverne, la Petite Sirène dégageant une épée qui était coincée dans un rocher) ne valaient vraiment pas la peine que je m’affole.

« Quel chaotique et pourtant paisible pays enchanté ! » Je ne pus m’empêcher d’admirer la scène extrêmement paisible qui se déroulait devant moi.

« Ce n’est pas du tout paisible ! » s’écria White Bird, impuissante.

« Celestial vient juste d’apparaître et d’annoncer que, si nous attaquons le Continent du Nord, ces “paisibles créatures” se changeront immédiatement en monstres maléfiques et détruiront complètement la Cité de l’Infini », révéla Ming Huang avec mécontentement.

« Comment savent-ils que nous nous apprêtons à attaquer le Continent du Nord ? » demandai-je gravement. Y a-t-il un espion parmi nous ?

« … Qui dans Second Life n’est pas au courant ? » me questionna sévèrement White Bird.

Je me frottai l’arrière du crâne et répondis avec tristesse : « Ah ? Oui, c’est vrai… »

« Pour l’heure, je pense que nous devrions discuter de notre prochaine décision », continua-t-elle, toujours avec impuissance.

Avant que j’aie pu lui répondre, je vis quelque chose qui faillit presque faire sortir mes yeux hors de leurs orbites. Kenshin marche avec une femme pendue à son bras ? Je poussai immédiatement tous les obstacles sur mon chemin et vins me placer devant lui en un instant. « Kenshin, depuis quand t’es-tu trouvé une petite amie ? »

Après avoir vu ce qu’il tenait serré contre sa poitrine, je faillis presque attraper la terrible maladie de « la mâchoire qui se disloque de façon permanente ». Je ne pus que balbutier : « Ce bébé que tu tiens dans tes bras n’est pas de toi, n’est-ce pas ? » Quand as-tu eu un enfant ? Comment se fait-il que je ne me souvienne pas l’avoir vu il y a peine quelques jours plus tôt ?

« Tu me reconnais ? » me demanda soudainement Kenshin.

Ce n’est pas possible qu’il m’ait oublié complètement après avoir eu une femme et un enfant ? Je me sentais comme une maîtresse délaissée. Ce n’est pas comme si je ne t’aurais pas laissé te marier et élever un enfant ! Tu n’as pas besoin de prétendre ne pas me connaître, non ?

Je me sentais tellement peiné que j’allai me cacher sur le bord de la route pour donner des coups de pied dans des petits cailloux et m’accroupis pour dessiner des cercles. Alors que je boudais, une paire de chaussures familières apparut devant moi. Porter des chaussettes avec des sandales, c’est la marque de fabrique de Kenshin, non ? Je levai les yeux. Kenshin se tenait devant moi, une expression terriblement sombre sur le visage. Mais… n’étais-je pas censé lui tourner le dos ?

Sentant que j’avais oublié quelque chose, je me levai tout de suite et regardai derrière moi, mais le Kenshin accompagné de sa famille se tenait toujours à l’endroit où je l’avais laissé. Je regardai de nouveau devant moi, mais à mes côtés se trouvait le Kenshin avec un visage sombre. Deux Kenshins !

Il n’y a qu’une seule vérité ! Par conséquent… un seul de ces Kenshins est réel, n’est-ce pas ? Mais, pour découvrir lequel est le vrai, j’ai seulement besoin de regarder où « ce type » se trouve ! Sans faire un bien grand effort, je regardai derrière moi vers le Kenshin à la mine sombre et aperçus Arctic Fox.

Je pointai immédiatement mon doigt vers lui, m’écriant : « Arctic Fox est là-bas, donc tu es le vrai Kenshin ! »

Me remettant encore du choc que j’avais reçu plus tôt, je me tapotai la poitrine. « Dieu merci, cet enfoiré d’Arctic Fox ne quitte jamais Kenshin d’une semelle, sinon je ne sais vraiment pas comment j’aurais fait ! »

« … » La seule réponse de Kenshin, qui en était resté sans voix, fut de me fixer du regard, son expression sombre remplacée par de l’exaspération.

« Mais, sérieusement, que se passe-t-il ici au juste ? Comment se fait-il qu’il y ait un Kenshin de plus ? » J’étais vraiment perplexe.

À cet instant, le faux Kenshin s’approcha soudain de moi et du vrai Kenshin et, avec un petit sourire, il nous annonça : « Je suis venu vous transmettre un message. »

« Quel message ? » répliqua froidement Kenshin. Je suivis son regard et réalisai qu’il ne regardait pas le faux Kenshin, mais la femme qui se tenait à côté de celui-ci. Un kimono, des cheveux attachés en queue de cheval… Est-ce que c’est Kaoru ? Je compris brusquement.

« Tant que tu rejoins les rangs de Dictator et rentres avec moi au Continent du Nord, Kaoru sera tienne », déclara le faux Kenshin sans même se préoccuper du fait que c’était actuellement lui qui tenait Kaoru dans ses bras.

Je restai stupéfait. Kenshin l’était également. En réalité, c’était le cas de tout le monde. Si tu veux recruter quelqu’un, ne le recrute pas juste sous le nez de son chef ! Le chef ne devrait pas être ignoré ainsi ! Et encore plus quand ce chef c’est moi !

Je jetai un regard vers Kenshin, légèrement inquiet. C’est impossible que Kenshin se soumette dès qu’il pose les yeux sur Kaoru, n’est-ce pas ?

« Tu devrais aller le rejoindre. » Le faux Kenshin remit l’enfant à Kaoru, lui faisant savoir qu’elle devrait aller aux côtés du vrai Kenshin.

Affichant une expression de pure joie tout en tenant son enfant, Kaoru s’avança vers Kenshin pas à pas, et le temps sembla passer au ralenti. Alors que Kaoru s’approchait de lui, Kenshin trahit une expression de conflit que je ne lui avais encore jamais vue, et le sourire du faux Kenshin s’élargit.

Finalement, Kaoru se tint à quelques pas de Kenshin, ses yeux pleins d’émotions fixés sur lui, et les deux semblaient pouvoir se dévisager jusqu’à la fin des temps. Même moi, je ne pus m’empêcher de me sentir ému…

« Alors ? Que dis-tu de rejoindre nos rangs ? » Ces doux mots susurrés par le faux Kenshin firent bondir mon cœur de fureur. Se pourrait-il que Kenshin et moi devions devenir ennemis ?

« S’il te plaît, ne m’abandonne pas ! Kenshin ? » le supplia pitoyablement Kaoru.

« Kaoru… » Kenshin caressa son visage avec affection.

« Ah ! » Kaoru poussa brusquement un cri, et une force invisible la tira en arrière jusqu’aux côtés de l’autre Kenshin.

Kenshin se lança aussitôt à sa poursuite, mais Arctic Fox l’agrippa abruptement. Empêché d’aller aux côtés de Kaoru, Kenshin fusilla Arctic Fox du regard. D’une voix si glaciale que même moi je ne pus m’empêcher de frissonner, il rugit : « Lâche-moi ! »

Ignorant le ton hivernal de Kenshin, Arctic Fox lui demanda calmement : « Es-tu sûr que c’est bien ce que tu veux ? »

« Bien sûr que je veux Kaoru ! » s’écria Kenshin avec rage.

« Es-tu certain que c’est ta Kaoru ? » le questionna Arctic Fox.

Kenshin resta bouche bée. Il contempla Kaoru avec incertitude, et elle éclata en sanglots. Cette scène était magnifiquement tragique et touchante. Même une romance shakespearienne aurait du mal à soutenir la comparaison, et même les célèbres Amoureux Papillons5 n’étaient pas de taille…

« Enflure ! » Ming Huang me frappa brutalement et s’écria avec exaspération : « Tout le monde est ému aux larmes, mais, toi, t’es là à te goinfrer avec du popcorn ! »

Me sentant persécuté, je soutins les regards furieux des autres. « Est-ce que c’est mal de manger du popcorn ? Ça ferait trop de bruit de manger de la Poca. J’avais peur de détruire l’ambiance, alors j’ai changé pour du popcorn qui fait quand même moins bruyant quand on le mâche. »

« Ça ne se fait pas de manger quoi que ce soit ! » rugit tout le groupe en cœur.

« Ah… » Kenshin me dévisagea avec une expression d’extrême désarmement. Je ne pus que joindre mes mains en signe de repentance.

Quand Kenshin se tourna de nouveau pour regarder Kaoru, son expression avait changé. Il fronça de plus en plus les sourcils. Finalement, il ouvrit la bouche pour demander : « Pourquoi ton expression n’a-t-elle pas du tout changé ? Si même moi je n’ai pas pu m’empêcher de jeter un regard noir à Prince, comment se fait-il que toi, Kaoru, qui possèdes un caractère imprévisible, tu n’aies pas réagi ? » marmonna-t-il, fixant du regard la Kaoru qui pleurait toujours à chaudes larmes.

« J’en ai assez ! Ce n’est pas ma femme ! » Une voix remplie de colère retentit depuis les cieux, et quelque chose s’écrasa à terre avec un grand fracas.

Kenshin avait presque fini de prendre sa décision, mais voilà soudainement que Cheng Yaojin6 interfère et jette des ordures en travers de la route ! Complètement livide, je levai les yeux pour voir qui était l’enfoiré n’ayant aucune considération pour la protection de l’environnement.

« Oh non, Doll ! » White Bird et Ming Huang poussèrent alors un cri de surprise avant de se précipiter vers les ordures à terre.

Doll ? Qu’est-ce que ce tas d’ordures a à voir avec Doll ? J’étais déconcerté, mais, quand j’aperçus ce qu’était l’un de ces déchets, mon cœur se serra aussitôt. C’est Doll ! Piteusement allongée sur le sol avec les bras en croix, c’est Doll !

« Doll ! » En un instant, j’étais à ses côtés. Voyant ses grands yeux sans âme, je fus complètement désemparé et ne pus que continuer de l’appeler, mais n’obtins pas la moindre réaction.

Qui est-ce ? Qui est le salopard qui a fait tomber Doll depuis le ciel ? Je levai ma tête pour regarder en l’air. Entre mes dents serrées, je crachai : « Celestial ! »

« Ming Huang ! Abats-le ! » hurlai-je avec rage.

J’avais à peine fini ma phrase que dix éclairs frappèrent dans le ciel. Celestial se déplaça rapidement comme une brise d’air, esquivant facilement les éclairs. J’étais si furieux que j’en avais presque perdu la raison. Je souhaitai alors avec amertume me transformer en ange et me faire pousser des ailes afin de pouvoir m’envoler pour tailler Celestial en pièces.

Celestial se contenta de rigoler. « Pourquoi t’énerves-tu autant ? Ce n’est pas comme s’il s’agissait de ma femme. »

« Qu’est-ce que tu viens de dire ? » Ses mots me rendirent complètement confus.

« Ce n’est pas la vraie Doll, c’est un faux ! » déclara White Bird, surprise. « C’est un PNJ mort, pas un joueur. »

« Un faux ? » Je m’empressai de m’accroupir pour enquêter. Elle avait raison ; les yeux de Doll étaient grand ouverts et vides de vie. Si c’était la vraie Doll, elle se serait depuis longtemps transformée en pilier de lumière avant de traverser le ciel. Mais, celle-ci était toujours allongée ici… Alors que j’étais encore en train de tirer mon raisonnement, le corps devant moi devint lentement transparent de la même façon qu’un monstre PNJ mort. Dans peu de temps, elle aura probablement complètement disparu !

On dirait que ce n’est vraiment pas Doll. Je poussai un long soupir, soulagé, mais je ne pus me retenir de faire quelques reproches à Celestial. « Enfoiré, est-ce que tu essaies de me faire mourir d’une crise cardiaque ? Pourquoi as-tu créé un PNJ qui ressemble à Doll ? Et tu la jettes par terre comme ça au hasard en plus ! »

Celestial pinça les lèvres. « C’est Dictator qui l’a conçue pour moi, ce n’est pas comme si c’était moi qui l’avais faite. »

Froidement, je me moquai : « Je suis sûr à 80 pour cent que The Dictator of Life t’a fait une copie de Doll pour tu puisses t’entraîner à ta technique Appeler Quelqu’un Chérie, Chérie en Continue sur cette copie plutôt que sur lui ! »

« Comment sais-tu ça ? » m’interrogea-t-il avec suspicion.

Donc, c’est vraiment pour ça… « J’ai deviné… »

« Elle et Doll sont quand même différentes ? » Kenshin leva soudainement la tête et s’enquit auprès de Celestial.

En entendant sa question, Celestial s’énerva au point de se mettre à hurler. « Différent c’est différent ! Quand je la lèche, elle ne me gifle pas comme le ferait ma femme. Quand je lui donne quelque chose à manger, elle me dit merci. Et, quand elle finit un paquet de gâteaux, elle dit qu’elle n’a plus faim. En quoi est-ce que c’est censé ressembler à ma femme ? Elle ne l’est absolument pas ! »

Oui, certainement, cette copie n’est pas du tout comme Doll… 

« Je ne veux pas de ce genre de contrefaçon ! » Celestial était si enragé qu’il descendit pour donner des coups de pied à la fausse Doll.

« Moi non plus », décréta soudainement Kenshin avec sérénité. « Je ne veux pas d’une copie. Kaoru… existe dans ma mémoire. » Il ne regarda plus la fausse Kaoru. À la place, il se tourna pour partir et dit : « Allons prendre le thé, Fox. »

Arctic Fox se contenta de lever un sourcil avant de le suivre sans dire un mot.

« Ce qu’il peut avoir la classe ! » Je le complimentai. Kenshin est vraiment Kenshin. J’observai joyeusement les faux Kenshin et Kaoru. Ils n’avaient pas l’air surpris. Ils s’éloignèrent, le visage dépourvu d’expression, se mêlant au désordre ambiant.

« Je veux voir ma femme. Ne peux-tu pas m’emmener à elle ? » Se tenant à côté de moi, Celestial me dévisagea avec une expression suppliante sur son visage androgyne, ce qui me donna instantanément la chair de poule.

« Non ! » Je refusai sur-le-champ.

« Pourquoi ? » En colère, Celestial se mit à tourner en rond sur place, fulminant sans s’interrompre : « Je veux voir ma femme. Je veux voir ma femme. Laisse-moi la voir ! »

« Ce que tu peux être borné. C’est à peine si tu as connu Doll pendant quelques heures. Alors, comment se fait-il que tu continues à l’importuner sans arrêt ? » Même s’il a eu le coup de foudre au premier regard, ça ne devrait pas se passer comme ça, non ?

« Parce que ma femme a été la première chose que j’ai vue, quand je me suis réveillé », répondit Celestial avec un sourire béat.

« Quand tu t’es réveillé ? » Je le questionnai avec soupçons. Ne me dîtes pas que…

« Oui. La première fois que je vous ai rencontrés, j’étais encore à moitié endormi », admit-il en penchant légèrement la tête sur le côté. Il avait l’air à la fois un peu curieux et amusé. « Après, quand j’ai ramené ma femme à la maison, elle m’a giflé et elle m’a enfin réveillé. »

Doll… Savais-tu que tes gifles transforment les gens en des morceaux de chewing-gum extrêmement collants qui restent glués sur toi par la suite ? Cette fois, j’en restai vraiment sans voix.

« Peux-tu me laisser voir ma femme… ? » Celestial avait à peine fini de parler que ses yeux se mirent tout à coup à briller. Il regarda derrière moi et, avant que j’aie compris ce qu’il se passait, il me poussa et m’envoya valser sur le côté. Jetant un coup d’œil derrière moi, je vis juste à temps un Celestial plein d’émotions se précipiter vers Doll.

Paf ! Pif !

Sceptique, je lui demandai : « … Doll, pourquoi l’as-tu giflé ? »

Doll afficha une expression de totale innocence. Comme si elle avait l’impression que je lui avais fait du tort en l’interrogeant avec cette question, elle se justifia : « N’a-t-il pas dit qu’il aime quand je le gifle ? C’est pour ça que je l’ai fait… »

Euh… Je ne pense pas que c’est ce qu’il voulait dire… Je pouvais voir que des larmes étaient sur le point de couler sur le visage de Celestial. La situation était vraiment inhabituelle, Celestial était à moitié agenouillé au sol et à moitié en train de pleurer, et la responsable, Doll, affichait une expression d’innocence. Peut-être que la personne qui a besoin d’être protégée n’est pas Doll, mais plutôt Celestial, et que c’est lui qui devrait porter plainte pour violence conjugale ?

« Votre Majesté, que se passe-t-il exactement ? » demanda Gui avec les sourcils froncés, tandis qu’il observait la scène se déroulant devant nous.

J’agitai ma main. « Je ne sais pas, demande à cet abruti ! » Je désignai le PNJ maltraité, Celestial, qui tirait sur la jupe de Doll.

« Grand-frère Prince t’a posé une question. Dépêche-toi de lui répondre », ordonna Doll, jouant le rôle de la méchante sorcière et en se plaçant face à Celestial avec les poings sur les hanches.

« Oh. » Celestial se leva docilement et répondit : « Ce sont tous des PNJs envoyés par Dictator. Dès que Dictator a su que vous vouliez attaquer le Continent du Nord, il a décidé de frapper le premier en envoyant ces PNJs pour vous surveiller. Si vous faîtes quoi que ce soit, ces PNJs vous attaqueront. »

Ça va être problématique. Sous cette sorte de surveillance, comment allons-nous continuer de bâtir les navires pour partir à l’assaut du Continent du Nord ?

« Ce sont tous des PNJs dotés d’une conscience de soi ? » s’enquit Gui, le visage sombre.

Celestial fit une drôle de tête qui semblait dire « comment est-ce que ça pourrait être possible ? » et agita la main, expliquant : « Bien sûr que non. Comment pourrait-il y avoir autant de PNJs ayant développé leur propre conscience ? Même Dictator a du mal à trouver davantage de camarades ! Ce sont seulement des PNJs ordinaires. »

« Ah, c’est donc pour ça ! C’est pour cette raison que The Dictator of Life t’a supporté jusqu’à présent et ne s’est pas encore débarrassé de toi. Il n’a pas réussi à trouver d’autres compagnons, donc il n’a pas eu le choix », me murmurai-je pour moi-même. Si ce n’était pas le cas, alors quelqu’un comme Celestial, qui avait peu de réussites à son actif ainsi qu’un nombre excessif de défaites et révélait même tout à l’ennemi, se serait fait haché menu par The Dictator of Life jusqu’à ce qu’il renaisse une centaine de fois.

Puisque Celestial répondait présentement à cent pour cent de mes questions, je décidai d’éclaircir tous mes dilemmes. « Celestial, The Dictator of Life est-il un guerrier ou un mage ? »

« Je ne sais pas. Je ne l’ai jamais vu se battre personnellement. » Celestial pencha la tête, réfléchissant à la question pendant un moment avant d’ajouter : « C’est probablement un mage. Il m’envoie souvent valser dans les airs. »

« Il t’envoie valser ? Il a mauvais caractère ? » Je fronçai les sourcils.

« Non, Dictator a un très bon caractère », dit Celestial. « Il n’est pas comme les autres ; chaque fois, il suffit que je prononce à peine quelques mots pour qu’ils me dévisagent tous comme s’ils voulaient me tuer. »

« Les autres ? » Malgré moi, je l’interrogeai avec soupçon. C’est la première fois que j’entends parler d’autres PNJs ayant développé une conscience de soi.

Celestial se gratta la tête. « Oui. On les appelle les Quatre Rois Célestes ou quelque chose de ce genre. Je crois que leurs noms sont : Poseidon, Zephyr, Inferno… Euh… Comment s’appelle le dernier déjà ? »

« Clay. »

Celestial eut l’air d’avoir été frappé d’un éclair de génie. « Oui, oui, Clay c’est ça ! »

« Mon Dieu, alors que je suis celui avec lequel tu t’entends le mieux, pourquoi est-ce que je suis le seul dont tu ne te souviennes jamais du nom ? » se plaignit une voix enfantine. J’aperçus un enfant potelé se tenant sur un skateboard doré qui descendait lentement du ciel, le torse et l’abdomen couverts par des sous-vêtements jaunes.

« Clay, pourquoi es-tu là ? » Celestial saisit joyeusement la petite main de Clay et se précipita vers Doll. Plaçant Clay devant Doll, il affirma : « Regarde, c’est ma femme. N’est-elle pas mignonne ? »

Clay répondit d’un ton clairement exaspéré : « Elle est très mignonne. »

« Toi aussi tu es très mignon. » Doll ne put s’empêcher d’enlever Clay des mains de Celestial et de le soulever jusqu’à sa poitrine pour jouer avec lui. Clay ne sembla pas perturbé par cette action, paraissant être complètement habitué à ce genre de réaction. Il laissa Doll lui pincer les joues et le lancer dans les airs.

« Se pourrait-il que tu aies complètement oublié les ordres de Dictator ? » Clay ne put s’empêcher de rappeler à Celestial.

Stupéfait, celui-ci le questionna : « Dictator ? Que m’a-t-il demandé de faire ? »

Clay tomba des mains de Doll et atterrit de plein fouet sur son dos. Avec difficulté, il se remit sur pieds et, toujours exaspéré, il répliqua : « Pas étonnant que les autres Rois Célestes ne t’aiment pas. Si Dictator ne nous interdisait pas de nous entre-tuer, je pense que tu te serais fait assassiner par les autres depuis belle lurette. »

« Que m’a-t-il demandé de faire au juste ? » insista Celestial avec un visage complètement innocent.

« N’avait-il pas dit qu’il en avait ras le bol de t’entendre gémir et appeler ta femme, et donc il t’a ordonné de venir me rejoindre pour qu’on aille capturer ta femme et qu’on la ramène au Continent du Nord ? » répondit Clay, mécontent. « Sais-tu depuis combien de temps je t’attends ? Si je n’avais pas deviné que tu te rendrais directement au Continent Central, je serais encore en train de t’attendre sur le Continent du Nord ! »

Capturer Doll ?! Au départ, j’écoutais tranquillement leur discussion, riant tellement que je pouvais à peine respirer, mais mon sourire se figea immédiatement. En un éclair, je saisis les mains de Doll et m’enfuis vers l’entrée du terrain d’entraînement. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai le sentiment que si je ne me dépêche pas d’aller à l’intérieur, Doll va disparaître pour toujours.

« Tu veux t’enfuir ? Mur de Terre ! » La voix enfantine de Clay retentit. Un imposant mur apparut instantanément devant moi, surgissant du sol. Je faillis ne pas pouvoir m’arrêter à temps et lui foncer dessus.

« Bloquez-les ! J’amène d’abord Doll à l’abri ! » rugis-je à mes coéquipiers derrière moi, mais en réalité ils avaient déjà commencé à réagir, et tout le monde se mit à attaquer Clay et Celestial.

Je reviens dès que possible. Voyant mes camarades en plein combat, je mis tous mes efforts à porter Doll et à sprinter, priant silencieusement dans mon cœur : Il ne faut pas qu’il leur arrive quoi que ce soit !

« Gah ! J’ai trébuché », m’écriai-je bruyamment tout en chancelant, ce qui fut suivi d’un très retentissant boum.

Je grognai de douleur avant de me relever lentement, mais, juste alors que je voulais me remettre à courir, je réalisai que Doll, qui était dans mes bras jusqu’alors, avait disparu. J’en fus si surpris que je me retournai désespérément pour la chercher, tout ça pour m’arrêter net en entendant Celestial me réprimander.

« Mais, qu’est-ce que tu fabriques ?! Tu as failli jeter ma femme par terre ! Si tu la blesses, je te le ferai payer ! »

Je levai les yeux et vis Celestial qui portait Doll dans ses bras tout en flottant dans les airs. Merde ! Celestial ne va pas s’en aller avec Doll juste comme ça, j’espère ?

« Ça n’a pas demandé le moindre effort… » Clay affichait à présent une expression complètement désemparée en secouant la tête tout en me regardant. « Je ne comprends vraiment pas pourquoi Dictator considère une brute comme toi comme son ennemi principal, au point d’aller jusqu’à dire que nous ne devons pas te tuer, parce qu’il veut te régler ton compte personnellement. »

Clay grimpa sur son skateboard et glissa jusqu’à Celestial. « Allons-y. C’est l’heure de rentrer au Continent du Nord. »

« Je ne veux pas ! Je ne veux pas aller au Continent du Nord ! » Doll était si terrifiée que son visage était d’une pâleur mortelle.

Celestial révéla une expression blessée. « Pourquoi ? Ma femme, pourquoi ne veux-tu pas rentrer avec moi ? »

« Je ne veux pas aller au Contient du Nord ! Je veux rester avec mes amis ! » Les larmes de Doll étaient sur le point de déborder, et elle le supplia d’un air pitoyable : « Celestial, et si tu restais ici ? »

« Oh. » Celestial dit en un murmure, puis il répondit : « D’accord, si ma femme ne veut pas aller au Continent du Nord, alors c’est moi qui vais rester ici. »

Pour la seconde fois, Clay tomba de son skateboard, chutant cette fois d’une hauteur de plus de dix mètres. Ce fut si douloureux qu’il pleura pendant un bon moment avant d’avoir la force de s’exclamer : « Toi ! Ne crée pas de problèmes ! Celestial, est-ce que tu prévois de trahir Dictator ? »

« Qu’est-ce que tu veux dire, trahir Dictator ? Je veux juste rester avec ma femme. » Celestial arborait la tête de quelqu’un complètement largué.

Parler avec cet enfoiré ne même à rien ! Je pouvais « voir » la même pensée sur chacun des visages présents.

Clay se tint le front pendant un long moment avant de déclarer avec impuissance : « Très bien, dans ce cas tu peux rester ici pour le moment, puisqu’il y a tant de PNJs dans le coin. Ils devraient suffire pour empêcher que tu te fasses tuer par les humains. Je vais rentrer et demander quoi faire à Dictator avant de prendre la moindre décision. »

« Ah lala, si les trois autres Rois Célestes entendent parler de ça, ils te détesteront encore plus », se plaignit de nouveau Clay, tandis qu’il grimpait sur son skateboard et planait en direction du nord.

Nous observâmes Clay disparaître au loin, puis observâmes les scènes désordonnées qui se jouaient tout autour de nous. On put entendre « Pam ! Pam ! » lorsque deux retentissantes gifles furent assenées. Bon, qu’est-ce qu’on fait maintenant au juste ?

« Donc, à présent, des légions de PNJs plus Celestial vont rester ici. Qu’est-ce qu’on fait à propos de notre plan ? » Mon esprit se trouvait dans un chaos le plus total, aussi je ne pus que lancer le problème aux autres qui m’avaient rejoint et qui réfléchissaient à ma place.

Lolidragon fronça les sourcils. « Celestial… Vous ne croyez pas qu’il ait été envoyé ici pour surveiller les faits et gestes de la Cité de l’Infini, n’est-ce pas ? »

« Ça ne devrait pas être le cas. Il essayait juste d’amener Doll à la Vallée des Nymphes Vagabondes par la force pour jouer avec elle », répondis-je honnêtement.

« Si The Dictator of Life était suffisamment stupide pour envoyer cet abruti comme espion, alors il devrait se faire appeler The Cochon of Life7, pas The Dictator of Life », se moqua Ming Huang sans un semblant de sympathie.

« Toujours est-il que ça veut dire que nous devons revoir notre stratégie. » Lolidragon se massa les temples. « Que devrions-nous faire ? »

Gui répliqua froidement : « Pourquoi devrions-nous changer notre stratégie ? Nous battre sur le Continent du Nord ou sur le Continent Central, c’est la même chose. Dans tous les cas, le but principal de cette bataille est de distraire The Dictator of Life pour donner au Peloton d’Exécution une opportunité de l’atteindre. »

« Mais, c’est vrai que nous devons d’abord trouver une alternative », poursuivit Gui gravement, tandis qu’il fermait les yeux. « Si Prince et les autres n’apparaissent pas sur le champ de bataille avec le reste de nos troupes, alors The Dictator of Life découvrira notre plan à coup sûr. »

« Lolidragon, peux-tu dire aux programmeurs de développer une compétence de déguisement qu’on puisse utiliser ? Ce genre de petite chose devrait être faisable, non ? » Gui questionna Lolidragon.

« Ça devrait être possible », répondit-elle après y avoir réfléchi pendant un moment.

« Dans ce cas, ça devrait faire l’affaire… » Le froncement de sourcils de Gui s’accentua. « Même si je dois dire que j’ai quelques soupçons. »

« Soupçons à propos de… ? » demandai-je, curieux.

Gui hésita pendant un moment avant de s’expliquer : « Je pense que The Dictator of Life connaît nos moindres faits et gestes. Il a envoyé Kaoru pour inciter Kenshin à le rejoindre, pourtant il n’a rien tenté envers Sunshine. Juste en fonction de ça, nous pouvons dire qu’il est plus que probablement au courant pour la relation entre Sunshine et Fairsky.

« Mais, ils se sont mis ensemble avant que la compagnie de jeu ne scelle The Dictator of Life, donc ce n’est pas bizarre qu’il soit au courant de ça, pas vrai ? » protesta Lolidragon, en désaccord.

« Non, je pense que, même maintenant, il a conscience de tout ce que nous faisons », dit Gui calmement. « Quand j’y repense soigneusement, le contrôle de The Dictator of Life sur Second Life est très étendu et approfondi. Il se peut qu’il dispose de plus d’une centaine de méthodes différentes pour connaître le moindre de nos faits et gestes, comme créer un PNJ de la taille d’un moustique ou même plus petit que ça afin d’espionner nos conversations par exemple. »

« Mais, alors, c’est une nouvelle terrible, non ? Est-ce que ça ne voudrait pas dire qu’il connaît peut-être depuis longtemps déjà notre plan d’aller au Continent du Nord en secret ? » Je déglutis. Même tuer The Dictator of Life quand il n’y est pas préparé a peu de chances de succès, mais s’il est courant… Est-ce que ça signifie qu’on ne reviendra jamais de là-bas ?

« Oui. C’est pour ça que je ne comprends pas. Pourquoi ne pas nous tuer ? Mis à part les assassins d’avant, il n’a envoyé personne pour nous tuer. Auparavant, j’ai toujours pensé que nous n’avions vraiment aucune chance de l’égaler. The Dictator of Life dispose d’au moins une centaine de façons de se débarrasser de nous. » Gui avait l’air d’être au bord de l’épuisement, comme si son cerveau allait exploser sous l’effort. « Ce n’est pas logique. Tout ça n’a vraiment aucun sens. »

« Son but n’est-il pas de forcer les humains à quitter Second Life ? » Gui se frotta la tête puis se murmura à lui-même : « Pour faire ça, il a juste besoin d’envoyer une horde de PNJs avec le programme DH nous massacrer. Alors, pourquoi est-ce qu’il n’agit pas ? Pourquoi est-ce qu’il se contente de nous menacer ? »

Voyant l’air mystifié de Gui, je sentis clairement qu’avoir une trop grande intelligence n’était pas nécessairement une bonne chose ; il était fort possible que ça vous fasse trop réfléchir jusqu’à ce que votre cerveau explose. J’ai la vie beaucoup plus facile ! Je ne comprenais pas du tout quelle partie des actions de Dictator n’avait pas de sens.

Il t’attend.

Une voix familière retentit soudainement dans mon oreille. Hein ? C’est la voix de Celestial ? Mais, est-ce qu’il n’est pas avec Doll, en train de jouer en dehors de la ville ? Et on dirait que personne d’autre ne réagit à ces mots.

The Dictator of Life t’attend depuis toujours, Prince. Va. Va au Continent du Nord le retrouver ! Si tu traînes trop, tu n’y arriveras peut-être pas à temps.

« Pas à temps pour quoi ? » dis-je, surpris, mais je reçus seulement des regards soupçonneux de la part de mes coéquipiers.

Fais vite ! Il t’attend.

« Il m’attend ? Pourquoi ? » questionnai-je, soupçonneux. Toutefois, Celestial cessa de me répondre.

« Prince ? » m’appela Gui avec hésitation tout en m’observant.

Perdu, je regardai autour de moi. Qu’est-ce que c’était que ça ? Pourquoi est-ce que tout ne fait que se compliquer de plus en plus ? Pourquoi est-ce que The Dictator of Life m’attend moi ? Il veut que je vienne prendre le thé avec lui ou quoi ?

Notes de bas de page

1« Trois lignes noires se dessinèrent le long du visage de Lolidragon » : C’est une façon de représenter la mortification d’un personnage dans les mangas. Pour plus d’information (en anglais), vous pouvez consulter le lien suivant : http://en.wikipedia.org/wiki/Manga_iconography#Head_and_face

2« Super Saiyan » : Une référence à Dragon Ball. Quand un personnage se transforme en Super Saiyan, il devient super puissant, et ses cheveux deviennent blonds/dorés.

3« Freezer en train d’essayer de tabasser Son Goku » : Une référence à Dragon Ball Z. Freezer et Goku sont ennemis.

4« Orochimaru était en train de draguer Sasuke » : Une référence à Naruto. Orochimaru est l’un des antagonistes.

5« Les Amoureux Papillons » : Cela vient d’une légende chinoise sur la tragique histoire d’amour entre Liang Shanbo et Zhu Yingtai. Cette histoire est souvent considérée comme l’équivalent chinois de Roméo et Juliette.

6« Cheng Yaojin » : Un général de la Dynastie Tang, mais dans les contes, au début c’est un chef paysan qui se bat pour la justice et qui est forcé de devenir un bandit. Il est décrit comme étant une personne directe et téméraire, qui charge ses ennemis brusquement et de façon inattendue. Le proverbe chinois « 半路杀出个程咬金 » veut littéralement dire : « À la moitié du chemin, Cheng Yaojin attaque inopinément », même si son utilisation ici signifie : « une personne qui apparaît quand on ne s’y attend pas. »

7« … il devrait se faire appeler The Cochon of Life, pas The Dictator of Life » : Ici, il y a un jeu de mots où les caractères pour Dictator, de « The Dictator of Life », sont remplacés par des caractères qui se prononcent presque pareils en chinois, mais qui veulent dire quelque chose de très différent. 主宰 (zhǔzǎi), Dictator (ou dictateur) a été remplacé par 豬仔 (zhǔzǎi) qui veut dire jeune cochon.

1/2 Prince T6C5 : Entraînement spécial !

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½ Prince Tome 6 : La Grande révolte des PNJs

Roman d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)


Chapter 5: Special Training ! – traduit du chinois vers l’anglais par zoNa[PR!]
Chapitre 5 : Entraînement spécial !
– traduit de l’anglais au français par Nocta
+ travail de vérification par AkaiiRia

Les PNJs ayant développé une conscience de soi avaient certainement provoqué un grand chahut, mais la réaction des joueurs dépassa de loin toutes nos attentes. Après que la compagnie de Second Life eut annoncé la vérité concernant la situation actuelle, les joueurs qui étaient très irrités à la base se calmèrent enfin. En apprenant que les suzerains des cinq continents souhaitaient coopérer pour lancer une offensive sur le Continent du Nord et vaincre The Dictator of Life, peu de personnes devinrent effrayées par cette situation, et nombreux furent ceux qui se portèrent volontaires pour prendre part à la guerre contre les PNJs.

« Mais, ces gens n’ont-ils donc rien de mieux à faire ? » Je me tenais majestueusement sur le balcon du château, contemplant la place de la Cité de l’Infini qui était pleine à craquer de soldats volontaires. Ça me dérangeait vraiment. Je pensais que beaucoup de personnes craindraient de perdre leur personnage et refuseraient de participer à cette guerre, alors pourquoi est-ce que ça s’avère être tout à fait le contraire ?

« C’est en fait facilement compréhensible », dit Wicked. « Il y a des millions de joueurs dans Second Life. Même si on prend en compte les joueurs qui se sont fait annihiler sur le Continent du Nord, il reste toujours les trois quarts de la population totale. Cette guerre est étroitement liée à la survie de Second Life, et l’ampleur de cet incident en particulier est inconcevable. Pour eux, une seconde chance de prendre part à un tel évènement est proche de zéro. »

« De plus, même si tu perds ton avatar, tu peux en refaire un et repartir de zéro. Mais, sans Second Life, ce sera la fin de tout », ajouta Nan Gong Zui. « Et, donc, tout le monde veut jouer un rôle actif dans cette guerre. »

Dans ce cas, on ne risque pas de manquer de main-d’œuvre. « Comment se passe la construction des navires ? » Je posai une autre question.

« Contre toute attente, bien », répondit White Bird avant de se joindre à nous et de se placer derrière moi. « Nous avons simplement publié un avis à propos de la construction des navires et des centaines de personnes y ont immédiatement répondu. Les postulants étaient soit des ingénieurs de coques soit des constructeurs de navires. »

« La seule chose embêtante maintenant c’est que nous sommes obligés de faire construire encore plus de navires pour faire face à cette augmentation de soldats. » White Bird avait l’air de souffrir d’une affreuse migraine. « Ne vaudrait-il pas mieux qu’on diminue le nombre de combattants ? »

« Peu importe combien de personnes nous aurons, ce ne sera jamais assez », la voix dépourvue d’émotion de Heartless Wind retentit.

Nous nous tournâmes simultanément dans sa direction, uniquement pour découvrir que mon frère, habituellement classe et élégant, arborait une coupe afro. Et qui plus est, une coupe afro brûlée. Ses robes d’érudit étaient en lambeaux, et son visage était barbouillé de suie.

« Comment se fait-il que je n’aie jamais entendu parler de cette nouvelle mode ? » Je questionnai mon frère tout en gardant mon sérieux.

« La mode, tu peux te la mettre où je pense ! » me cria Heartless Wind. Quand il eut fini, il raconta craintivement : « Lolidragon, Sunshine, Fairsky et moi avons pris le tapis volant pour nous rendre sur le Continent du Nord et vérifier la situation. »

« Et le résultat ? » Je l’interrogeai nerveusement. Ne me dîtes pas que le nombre de PNJs a encore augmenté…

Heartless Wind déclara avec un visage pâle : « Nous avons vécu une dangereuse et palpitante aventure, tandis que nous fuyons pour nos vies. »

« Des dragons volants. Pleins de dragons volants cracheurs de feu », annonça Lolidragon qui était cachée derrière Heartless Wind. Elle effectua un pas de côté pour se révéler à nous, le visage tout aussi couvert de suie et misérable, surmontée de la même coupe afro.

« Des anges, il y avait des anges aussi. Nous avons failli nous faire transpercer par des milliers de flèches tirées par des anges. » L’expression sur le visage de Heartless Wind se déforma au souvenir de cette agonie.

« On a eu de la chance que le tapis soit assez rapide et puisse même voler en boucles, faire des tonneaux, s’élever et descendre rapidement dans les airs, ou autrement nous n’en serions jamais revenus », décréta Fairsky en surgissant de derrière Lolidragon, le visage strié de larmes. « Mais, nous avons terriblement souffert du mal de transport sur le tapis de Sunshine… »

J’essayai de calmer les battements de mon cœur quand je ne vis pas Sunshine. « Où est Sunshine ? » m’empressai-je de leur demander.

« Il répare le tapis ! » me répondirent-ils tous en cœur.

La personne pour qui ça a dû être le plus éprouvant est Sunshine… et pourtant il doit encore réparer le tapis. Quel homme bon et vertueux.

« Prince, nous devons changer de tactiques », me dit Lolidragon, alors que son visage pâle prenait une expression sérieuse. Je n’aurais jamais pensé avoir un jour l’honneur de voir Lolidragon afficher une expression aussi sérieuse qu’une femme d’affaires.

« Que doit-on changer ? » Je transpirais de nervosité. Attendez, quand est-ce qu’on a développé une stratégie au juste ?

« Considérant la situation actuelle, si on essaye d’affronter directement l’armée de PNJs, de la vaincre et de battre The Dictator of Life, nos probabilités de succès sont pratiquement nulles ! » s’écria Lolidragon, hystérique.

« Ça fiche la trouille. Nos probabilités seront pratiquement nulles ? » Agité, je serrai les poings et me mis moi aussi à crier.

Wicked posa soudainement sa main sur mon épaule : « Prince… est-ce que tu as vraiment compris ce que sont des probabilités ? »

Je mordis mon doigt. « C’est un peu confus ! »

Lolidragon me frappa sur la tête avant de poursuivre : « Ce qui est encore plus ennuyeux, c’est que les PNJs peuvent réapparaitre sans fin tandis que le nombre de nos joueurs ne fera que diminuer chaque fois que l’un d’entre eux mourra. »

« Et… donc ? » Je fronçai les sourcils.

« Et, donc, nous ne pourrons pas gagner cette guerre ! » Le visage de Lolidragon s’assombrit de nouveau.

Tout le monde, moi inclus, devint d’humeur morose. Si on n’a aucune chance de victoire, à quoi bon partir en guerre ? Mais, alors… qu’arrivera-t-il à Kenshin et Sunshine ?

« On n’a pas besoin de gagner ! » s’écria soudainement Gui.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » Lolidragon dévisagea Gui intensément, espérant qu’il puisse nous donner une autre idée utile, comme il l’avait fait avec sa proposition sur le DH.

« Divisons nos forces en de plus petits groupes. » Gui attrapa une carte de Second Life et l’accrocha au mur. Puis, il sortit un long stylo et le pointa en direction de la région du Nord. « Assumons que The Dictator of Life se trouve à la Cité Fleurie du Continent du Nord. Comme vous pouvez le constater, la Cité Fleurie est située dans la région du sud-est, le long de la côte. Si nous envoyons des escouades de soldats attaquer par la mer depuis l’est, le sud et l’ouest, dans ce cas nous pourrions permettre à un plus petit groupe de s’infiltrer dans la Cité Fleurie par la zone sud-est, ce qui augmentera grandement nos chances d’affronter The Dictator of Life face à face. »

« Ainsi, on doit obligatoirement envoyer l’armée envahir le Continent du Nord. C’est parce que nous devons attirer l’attention de The Dictator of Life ailleurs. Notre armée n’a pas besoin de gagner, seulement de retenir l’immense armée de PNJs pour que nous puissions attaquer The Dictator of Life. » Gui conclut son explication avec sérieux, son long stylo toujours pointé sur la carte.

« Gui ! Je t’aime vraiment à mort ! » Lolidragon enlaça soudainement Gui. En dépit de ses tentatives désespérées, elle planta de force des bises sur ses joues. Quand elle eut terminé, je n’étais pas sûr si c’était moi qui m’imaginais des choses, mais il me sembla que Lolidragon jeta un regard triomphant vers mon frère, dont l’une des veines semblait sur le point d’éclater sous la colère.

« Dans ce cas, commençons ! » s’exclama Lolidragon avec passion, le poing serré.

« Commençons quoi ? » demandai-je, stupidement.

Le visage de Lolidragon s’agrandit soudainement comme lors d’un gros plan dans un film, et elle déclara bruyamment : « L’entraînement spécial ! »

Elle nous fit traverser le château jusqu’à une porte qui luisait sensiblement, et je me tournai vers elle avec un regard plein de questions.

« J’ai dit aux programmeurs de changer la Rhapsodie de l’Infini, où tu as donné ton premier concert, en un terrain d’entraînement. C’est pour améliorer au maximum vos niveaux et capacités à tous. À partir de maintenant, ceux qui veulent rejoindre l’Escadron d’Exécution devront entrer dans ce terrain d’entraînement. Ils ne seront autorisés à en sortir que quand il sera l’heure d’aller mener à bien leur mission », s’égosilla Lolidragon.

Je levai la main avec appréhension : « Puis-je… ? Puis-je poser une question ? Qu’est-ce que l’Escadron d’Exécution ? »

« C’est une unité spéciale qui aura pour but de tuer The Dictator of Life. Le nom a été raccourci à Escadron d’Exécution. Au fait, cette équipe pourra aussi utiliser le chat du groupe ! » déclara Lolidragon d’un air faussement modeste.

« On ne peut pas simplement faire augmenter nos niveaux directement ? » bouda Gui.

« Non, impossible. Quand le jeu a été créé à l’origine, quelque chose a été fait pour que cette façon de tricher ne puisse jamais arriver », expliqua-t-elle avec regret.

« Normalement, je ferais les éloges de l’entreprise pour son équité, mais cette précaution nous complique vraiment la vie ! » Wicked se frotta le front pour apaiser son mal de crâne.

« Ça ne sert à rien d’avoir de hauts niveaux si on n’a pas la force qui va avec », répliquai-je. « Quelqu’un qui a une grande agilité, mais qui manque grandement de bons réflexes, sera inutile ! » Je pris une profonde inspiration et déclarai avec fermeté : « En nous fiant à notre propre force, nous arriverons à vaincre The Dictator of Life ! »

« Étrangement, tu viens encore de te mettre à parler comme un être humain. Puisqu’il en est ainsi, tu devrais être le premier à entrer ! » affirma Lolidragon avec sérieux. L’instant suivant, je vis la semelle de ses chaussures s’agrandir au ralenti jusqu’à arriver devant mon visage. Puis, je fus éjecté à travers la porte en arc-en-ciel.

Cette maudite Lolidragon, comment ose-t-elle me frapper avec son pied puant ! J’eus le plus grand mal à m’asseoir, et découvris un Gui très inquiet agenouillé devant moi, s’apprêtant à m’aider pour me relever. Juste alors que j’allais saisir sa main, une immense ombre nous surplomba. Des sonneries d’alarme retentirent dans ma tête. Après avoir lentement levé les yeux, je pointai mon doigt tremblant dans sa direction.

« Qu’est-ce qui ne va pas, Prince ? » Gui me questionna d’une voix tremblante et se retourna pour regarder derrière lui, suivant la direction de mon doigt.

« Tyrannosaaaaaauuuuuure ! » Je poussai un cri perçant, tandis que Gui en restait figé de surprise.

Cette chose était d’une taille incomparablement énorme, et était dotée d’une grosse tête ainsi que de deux petites pathétiques pattes avant. Si ce n’est pas un Tyrannosaure Rex, alors je suis sûre d’être une fille ! »

« Prince ! » Dans un cri, Gui disparut dans la bouche de l’énorme Tyrannosaure.

« Gui, Gui… s’est fait manger ! » Je hurlai.

Le Tyrannosaure Rex qui venait tout juste de manger Gui avait l’air d’avoir encore très faim. Il me contempla en bavant. Puis, une énorme bouche dégoûtante se fondit sur moi…

« À l’aaaide ! » J’utilisai deux de mes mains pour maintenir la gueule du Tyrannosaure ouverte tout en criant désespérément.

« Prince ! » Wicked et les autres étaient enfin entrés, et ils me regardaient tous bouche bée tandis que je me débattais de toutes mes forces à l’intérieur de la gueule du dinosaure.

« Prince… »

Une voix faible me parvint. Je me tournai et regardai vers les profondeurs de la gorge du Tyrannosaure, appelant avec suspicion : « Gui ? »

Peut-être que Gui est toujours en vie ? Je contemplai la gorge ténébreuse avec nervosité. À cet instant, j’entendis un autre appel de Gui. Damnation ! Je lâchai ma prise et me glissai dans la gorge. Me débattant, je repoussai les parois gluantes, dégoutantes et congestionnées du passage couvert de mucus, m’enfonçant toujours plus bas à la recherche de Gui.

Une jambe ? Une unique jambe apparut devant moi. Je la tirai avec force et me servis de ma main gauche pour tirer dans mes bras un Gui à moitié suffoqué. Ma main droite dégaina mon Dao Noir : « Maudit Tyrannosaure ! Comment oses-tu faire du mal à un de mes amis juste sous mes yeux ! »

« Rhapsodie Infernale d’un Blanc Pur ! »  Je fendis la gorge du Tyrannosaure et m’échappai par le trou béant dans sa poitrine. J’atterris alors précisément devant la foule qui affrontait le dinosaure. J’enlaçais Gui de ma main gauche et ma main droite tenait toujours le Dao Noir. Derrière moi, le Tyrannosaure éventré chuta lentement au sol, faisant un vacarme monstre en le heurtant.

« Bordel, cette scène a l’air incroyablement classe ! » Neurotic et Dandan me fixèrent du regard, tout excités.

« Pourquoi vous êtes là, les gars ? » Je les dévisageai avec suspicion, observant tour à tour les suzerains des trois continents.

« Oh, Lolidragon nous a parlé de l’Escadron d’Exécution. Elle voulait qu’on laisse nos bras droits se charger des préparations militaires pour qu’on puisse rejoindre l’Escadron et participer à l’élimination de The Dictator of Life », expliqua Neurotic.

« Oh ! Dans ce cas, faites gaffe, il y a des Tyrannosaures… » Ayant dit ceci, je m’effondrai.

« Prince ! » s’exclama tout le monde en cœur.

Je reçus la nouvelle tragique, lorsque je me réveillai. Incrédule, je m’écriai : « On doit rester dans le repaire des Tyrannosaures pendant une semaine entière ?! »

« Oui. Ne fais pas ton bébé. Moi aussi je dois rester ici », répliqua sèchement Lolidragon.

« Il y a plein de Tyrannosaures dans le coin, et Gui et moi venons tout juste de nous faire avaler ! » Je criai, un peu dépité. Je ne veux vraiment pas avoir à essayer de survivre coincé entre ces parois gluantes encore une fois.

« Tu crois que les Tyrannosaures sont la seule menace ? Regarde derrière toi », dit Lolidragon avec nonchalance en pinçant les lèvres.

Entendant cela, je me retournai immédiatement et vis… un… Comment ça s’appelle ce truc ? Pour faire court, cet oiseau qui se tenait derrière moi avait des ailes, un bec pointu, et des serres très acérées.

« Il y a même des Ptérodactyles ici ! » Lolidragon haussa les épaules.

« Aaah… Je n’en ai pas encore fini avec toi, Lolidragon ! » Alors que j’étais emporté dans les airs par le Ptérodactyle, je ne pus que regarder avec impuissance tandis que la figure de cette maudite Lolidragon rapetissait au loin. En fin de compte, je ne la vis même plus et me retrouvai à trembler dans l’air, mon regard contemplant la terre en dessous de moi…

« Où est passé Prince ? » Nan Gong Zui questionna Lolidragon, quand elle pénétra tranquillement dans le camp temporaire.

« Enlevé par un Ptérodactyle. »

« Et Gui ? »

« Emporté par un Tricératops femelle. »

« Wicked ? »

« Wicked et Heartless Wind ont été étouffés par huit énormes serpents. »

Nan Gong Zui garda le silence pendant un moment. « Qu’en est-il du reste du groupe ? »

Lolidragon pointa du doigt une pile de fumier qui faisait presque la taille d’un être humain. « Dans quelques instants, ils réapparaitront au point de résurrection. Ne t’inquiète pas, quand les gens meurent ici, leur niveau ne descend pas. C’est le maximum que peut faire notre entreprise en matière de contournement des règles. »

« Lolidragon ! » Je sortis du point de renaissance, furieux, me préparant à me jeter droit sur elle pour prendre ma revanche. J’avais réussi à achever le Ptérodactyle, mais, puisque nous nous trouvions à plusieurs centaines de mètres dans les airs, tout ce que j’avais pu faire avait été de me transformer en un tas de chairs à pâté tout comme lui, lorsque nous nous étions écrasés au sol.

N’essaie même pas de comparer ça au saut à l’élastique ! Tomber d’une telle hauteur m’a tué sur le coup !

« Arrête-toi tout de suite ! »

Je fus immédiatement coupé dans mon élan, mon nez seulement à trois centimètres d’écart de la main de Lolidragon, tendue paume ouverte devant moi.

« Qu’est-ce que tu fais ? » Je regardai sa paume et protestai.

« Regarde ! » Lolidragon sortit alors mystérieusement une photo.

Les longs cheveux rouge flamme assortis d’une paire d’ailes démoniaques attirèrent mon attention dans un premier temps. Ces yeux sombres et menaçants me donnèrent une impression de stoïcisme. Le symbole magique au-dessus de son œil gauche renforçait son air énigmatique. De plus, son long manteau noir collait parfaitement bien à son style.

Trop beau ! Je poussai un long soupir : « C’est un type superbe, est-ce que c’est une nouvelle star ? Je suis absolument certain qu’il deviendra populaire. »

« C’est The Dictator of Life », Lolidragon perdit patience et leva les yeux au ciel. « C’est son design originel. Je suis allée tout spécialement le récupérer pour empêcher que l’Escadron d’Exécution ne sache même pas à quoi ressemble la personne qu’ils essaient de tuer. »

Je vois… Bien sûr, le monstre final à vaincre de Second Life doit avoir l’air présentable. S’il était trop moche, je crains bien que, la première fois qu’il apparaisse, les joueuses ne lui balancent leurs chaussures ou des œufs pourris à la tête pour le forcer à retourner d’où il vient. 

Cependant, il est vraiment beaucoup trop beau. Je lui dérobai la photo et déglutis désespérément.

« Écoute-moi ! » Lolidragon plaça sa main derrière son oreille, prenant la pose d’une personne à l’écoute.

Elle veut que j’écoute quoi ? Est-ce qu’elle se croit à un croisement de routes, et veut que je m’arrête, observe et écoute avant de traverser ?! À ce moment précis, j’entendis un étrange sifflement derrière moi et me retournai lentement. Une chose longue, serpentante et enroulée sur elle-même se manifesta devant moi. « Oh mon dieu, qu’est-ce que c’est que ça ? »

« Yamata no Orochi1. C’est une bête mythique japonaise très connue. Elle est énorme et possède huit têtes. C’est un ennemi formidable. Même Wicked et Heartless Wind ont échoué à la vaincre quand ils l’ont affrontée ensemble », me mit en garde Lolidragon.

« Je vois… J’imagine que mourir d’une chute n’était pas si mal en fin de compte. » Je levai la tête et contemplai Wicked et Heartless Wind, qui étaient coincés dans les anneaux du serpent. En effet, ces craquements d’os qui se brisent sonnent particulièrement douloureux.

« Toutefois, je ne peux pas pardonner facilement à ceux qui osent blesser mes amis. » Je dégainai mon Dao Noir et sautai sur le corps du serpent, courant le long de son torse aussi vite que possible. J’évitai plusieurs de ses têtes qui fondirent sur moi gueule ouverte, sautant de-ci de-là sur ses anneaux entremêlés. Lentement, je réduis la distance me séparant de Wicked et d’Heartless Wind.

« Wicked, Heartless Wind, je suis venu vous sauver, les gars… » Après avoir rugi avec enthousiasme… Je fus avalé d’un coup par une des rapides têtes de serpent.

« Tu n’avais aucune chance », Lolidragon secoua la tête.

Je m’extirpai de nouveau du point de renaissance, et les autres suzerains, Neurotic, Winter Triumph et Undying Man, en surgirent en même temps que moi. Je les regardai et désignai l’arrogant Orochi en disant : « Éliminons-le tous ensemble ? »

« Pas de problème ! » Ils me donnèrent tous leur approbation.

Quatre silhouettes s’élancèrent vivement vers le serpent géant, chacune évitant les têtes entrelacées et s’approchant de ceux qui avaient été capturés : Heartless Wind et Wicked. Je ne pris pas le temps d’observer comment les autres s’en sortaient, me concentrant seulement sur le fait de rejoindre le duo emprisonné.

« Prince, sur ta droite ! » J’entendis l’avertissement soudain de Neurotic et bondis immédiatement sur une autre partie du serpent. Après avoir évité une collision avec une tête, alors que je m’apprêtais à le remercier, j’en vis une autre sur le point d’attaquer Neurotic. Aussitôt, je rugis : « Derrière toi ! »

Cependant, il était déjà trop tard, et Neurotic fut dévoré en une bouchée. Impulsivement, je m’élançai pour le sauver et ne remarquai pas l’autre tête qui s’était approchée de moi par-derrière et m’avait déjà rattrapé…

Après avoir été engloutis par les ténèbres, Neurotic et moi sortîmes du point de renaissance ensemble. Nous étions tous les deux indignés et nous préparions à affronter l’Orochi pour un nouveau tour…

Lolidragon vint à nous et s’indigna impérieusement : « Qu’est-ce que c’était que ça ? Ce combat, c’était une grosse blague. »

« Qu’est-ce que tu as dit ? » J’étais furieux. Lolidragon lambine sur le côté, profitant de la brise, et elle ose venir se plaindre que notre combat est une blague ?  

« La façon dont tu te battais avant m’avait complètement stupéfaite, et tes idées débridées m’ont souvent montré d’autres façons de jouer à ce jeu. Et pourtant, maintenant, tu te comportes comme un idiot qui se croit fort et ne fait que courir droit à sa mort. »

Les mots de Lolidragon percèrent mon cœur comme des aiguilles, mais je découvris que j’étais incapable de répliquer quoi que ce soit. Ses remontrances ne laissaient aucune place à la moindre répartie. Quand est-ce devenu comme ça ? Depuis quand est-ce que je fonce seul droit au combat ? Sans les squelettes de Doll avec moi ? Sans les boules de feu de belle-sœur Yu Lian, qui sont si précises qu’on croirait qu’elles ont été tirées à l’aide d’un verrouillage automatique ? Sans les flèches semi-transparentes de Gui qui m’assistent toujours à l’instant crucial ? Sans la douce lumière de soin de grand frère Wolf… ?

« Prince, tu ne m’as jamais déçue auparavant. J’ai confiance en toi, et je sais que tu ne me laisseras pas tomber cette fois encore, pas vrai ? » Lolidragon me donna une claque sur l’épaule et me dévisagea avec un regard inquisiteur.

Et sans Lolidragon qui sort de terre à l’improviste et élimine les ennemis d’un coup de couteau ? Je la fixai du regard, tandis que je réalisais lentement la profondeur de son message.

« Lolidragon, je ne décevrai jamais mes amis », déclarai-je doucement. « Où se trouve le reste d’Odd Squad ? »

« Dehors, en train de régler les questions militaires », répondit-elle.

« Je veux m’entraîner avec eux », affirmai-je fermement.

« Mais… »  

Je l’interrompis. « Je suis désolé, Lolidragon. S’il te plaît, permets-moi de me montrer égoïste pour cette fois, d’accord ? Depuis le début, j’ai cru que je me battrais toujours aux côtés de tout Odd Squad. Pour cette guerre, je veux une fois encore travailler dur avec tout le monde… »

« Prince… » Lolidragon serra très fort mon épaule et répliqua vivement : « Tu es toujours très obstiné, et tu n’en fais qu’à ta tête. Ce n’est pas uniquement que cette fois… »

« Je ne suis pas obstiné… » Est-ce que je le suis vraiment ? Pourtant, j’écoute toujours bien docilement ce qu’on me dit de faire.

« Ah non ? Qui c’est alors celui qui est parti se promener sur le Continent de l’Est ? Et qui a bien pu s’enfuir de chez lui ? » Lolidragon se servit encore une fois de son aptitude à exposer les blessures et les erreurs des autres.

Une fois de plus, je fus incapable de débattre avec elle. Je ne pus que gonfler mes joues de colère et ignorer ses maudites remarques.

« Bon, j’y vais », dit-elle subitement.

« Tu t’enfuis ? » m’exclamai-je, surpris.

En raison de ce mauvais choix de mots, je reçus plusieurs coups sur la tête. Cela faisait si mal que je ne pus que me tenir la tête et pleurer dans un coin…

« Je vais juste chercher les membres d’Odd Squad. » Lolidragon s’en alla sans se retourner.

Étonnamment, Lolidragon sait se montrer évasive. J’éclatai de rire, attendant impatiemment l’arrivée de mes coéquipiers. Ensemble, nous affronterons et vaincrons tous nos ennemis.

« Par pitié, est-ce que quelqu’un va venir nous sauver ?! » La voix mourante de Heartless Wind flotta vaguement jusqu’à mes oreilles, provenant de quelque part au niveau de la queue du serpent au loin.

 

 

« Très bien, relançons la mission de sauvetage ! » criai-je avec énergie. Tournant la tête, je vis que tous les membres d’Odd Squad étaient présents. Doll était occupée à arranger la formation de ses squelettes ; Gui vérifiait le son de son guqin ; belle-sœur Yu Lian jonglait avec quelques boules de feu ; et grand-frère Wolf tenait son Bâton de Gloire, testant des sorts de soin… Même si je ne savais pas vraiment pourquoi il n’arrêtait pas de fendre l’air avec son bâton comme s’il s’agissait d’un gourdin…

« Tout le monde est prêt ? » Je regardai avec confiance chacun de mes équipiers. Est-ce que c’est même possible qu’Odd Squad ait le moindre problème ?

« Non ! » s’écria le groupe en cœur. Je faillis tomber tête première en entendant ça.

« Ça fait beaucoup trop longtemps depuis la dernière fois qu’on s’est entraînés. Je ne suis pas certaine qu’on puisse encore bien se coordonner », avoua belle-sœur Yu Lian, légèrement inquiète.

« Qu’est-ce qu’il y a à coordonner ? Depuis toujours, notre seule tâche est de protéger une certaine personne qui se déchaîne et saccage tout », décréta Lolidragon en me fixant du regard.

« Exactement. Comme toujours, assistons Prince ! » déclara grand-frère Wolf.

« On n’a pas besoin d’une sorte de stratégie ? » Par le passé, grand-frère Wolf ne commençait-il pas d’habitude par l’élaboration d’une stratégie ou quelque chose du genre ?

« Qui se soucie d’une stratégie ? Si personne ne vient me sauver tout de suite, je vais me suicider ! » Le hurlement furieux de Heartless Wind nous parvint. Néanmoins, comme il était distant, il fut automatiquement ignoré de tous.

Grand-frère Wolf se plongea dans ses pensées pendant un moment. « Dans ce cas, invitons les trois autres suzerains à se joindre à nous. Nous nous battrons comme si Odd Squad avait trois guerriers en plus et un invocateur. Prince, tu te bats souvent aux côtés des squelettes, donc ça ne devrait pas être un problème pour toi d’agir de pair avec d’autres guerriers, je me trompe ? »

Je penchai la tête sur le côté pour y réfléchir. « Mais, je ne sais rien de leurs styles de combats ? Je sais juste que Neurotic manie une claymore… »

 

 

« Naturellement, les hommes se doivent de manier une épée ! » Undying Man dégaina son épée de façon imposante. Brandie dans les airs, la lame refléta la lumière du soleil et rayonna. Cela avait l’air tellement héroïque… seulement si tu ne regardes pas cette paire d’yeux repoussants. Ooh, mais pourquoi mon Dao Noir ne peut-il pas refléter le moindre rayon de soleil ?

« Mon arme est un peu spéciale », expliqua Winter Triumph tout en plongeant les mains dans ses grandes poches. Quand il les retira, de longues griffes de métal étaient attachées au dos de ses mains. Chaque main était ornée de trois griffes qui brillaient avec froideur, et en les voyant je déglutis même plusieurs fois.

« Mon arme est une rapière, le savais-tu ? » retentit tout à coup une voix derrière moi. Je me retournai et aperçus… mon petit frère, Heartless Wind ? Comment c’est possible ? N’était-il pas avec Wicked, en train de se faire écraser entre les anneaux d’Orochi ? Hein ? Même Wicked est à côté de Heartless Wind avec une expression exaspérée sur le visage ?

« Pourquoi êtes-vous de retour, les gars ? Nous étions sur le point d’aller vous sauver ! »

Quand il entendit ceci, Heartless Wind me saisit immédiatement par la gorge et se mit à me secouer vigoureusement. « Nous sauver, mon œil ! On a enduré la douleur pendant une heure sans que personne ne vienne à notre rescousse. Tu t’attendais à quoi ? Tu croyais vraiment que le serpent ne finirait pas par nous manger ? »

« Les autres aussi se sont fait dévorer, vous n’êtes pas les seuls ! » parvins-je à dire.

« Dans tous les cas, affrontons-le tous ensemble ! » dit Lolidragon. « Si nous ne pouvons même pas vaincre ce serpent, ne songez même pas à aller tuer The Dictator of Life ! »

« ENSEMBLE ! » cria tout le monde d’une même voix.

« Guerriers, formez des groupes de deux ! » La voix de grand-frère Wolf retentit avec vigueur, comme une grande cloche. « Travaillez en duo et observez la situation autour de vous. Ça empêchera qu’Orochi profite de vos angles morts pour vous attaquer. »

« Wicked, toi et Heartless Wind êtes de la même équipe à l’origine. Donc, vous avez l’habitude de travailler ensemble. Vous formerez un duo. » Quand grand-frère Wolf se tut, Wicked me jeta un regard plein d’hésitation, mais, gardant à l’esprit l’intérêt général, il alla maussadement se placer à côté de Heartless Wind.

« Prince, tu es du genre habile. Si tu fais équipe avec Neurotic qui est fort et réfléchi, ça devrait vous aider à corriger vos points faibles mutuels. » À la suite de ces propos, j’allai me tenir à côté de Neurotic. Il passa son bras autour de mes épaules d’une façon amicale.

« Winter Triumph, ton arme sont ces griffes acérées. Avec ce genre d’arme, j’imagine que tu fais aussi partie des combattants doués d’une grande agilité, non ? » Grand-frère Wolf l’interrogea, et Winter Triumph acquiesça d’un signe de tête. Grand-frère Wolf désigna donc son coéquipier : « Dans ce cas, tu feras équipe avec Undying Man. Undying Man devrait être semblable à Neurotic. »

Une fois les duos créés, chaque paire se mit à parler de stratégie de combat. « Prince, à ton avis, quel est le meilleur endroit à attaquer en premier ? » me demanda Neurotic.

À cette question, je levai les yeux vers le serpent géant enroulé sur lui-même et ne parvins pas non plus à déterminer par où commencer l’attaque. J’eus soudainement une idée, et une ampoule s’illumina au-dessus de ma tête. Dans Second Life, presque tous les monstres ont des points faibles. Les attaquer est toujours la clé pour les vaincre. Quelle faiblesse ce serpent pourrait-il bien posséder ?

« Quel est le point faible des serpents ?! » m’écriai-je.

« Leur point faible ? » Neurotic ne répondit pas à temps, et ce fut Undying Man qui hurla en réponse : « Oh oui, les serpents ont un septième pouce2. Si nous pouvons trouver où il est situé sur ce serpent, alors nous pourrons le vaincre facilement. »

« Le septième pouce ! C’est ça ! » m’exclamai-je. Oui, oui. Je me souviens enfin. Une fois, papa a cuisiné une soupe de serpent pour que maman ait une jolie peau.

Je me rappelai cette fois où ma famille était partie camper, et maman avait eu peur à cause de l’apparition subite d’un serpent. Juste au moment où elle allait se jeter dans les bras de son mari pour pleurer, elle s’était rendu compte que papa s’était déjà caché derrière un arbre. Finalement, papa, maman et mon petit frère se sont suspendus au tronc de l’arbre comme une famille de koalas en hurlant sans arrêt.

C’était dans cet état que je les avais retrouvés, lorsque j’étais enfin rentrée au campement après avoir été forcée par toute la famille d’aller chercher l’eau. Parce que j’étais trop absorbée à observer le trio hurlant perché dans les arbres, sans le vouloir j’ai marché sur le pauvre petit serpent au grand cœur qui m’avait aidé à punir ma vicieuse famille. Pour ne pas arranger les choses, j’avais précisément mis le pied sur l’emplacement mortel pour le serpent. Après, tandis que papa était en train d’enlever la peau du serpent pour en faire de la soupe, il m’avait expliqué que j’avais piétiné le serpent sur son point faible, le fameux septième pouce.

« Ahahaha, Yamata no Orochi, tu es mort ! Tu as osé me manger. Attends un peu, je vais te faire la peau et grignoter ta chaire ! » Je lançai un sourire terrifiant à Orochi, comme si j’étais un tueur en série qui venait de repérer sa proie. « Neurotic, nous devons attaquer son septième pouce de toutes nos forces. Je me charge de trouver sa position sur le serpent. Toi, tu me couvres, et, quand je l’aurai trouvée, je te laisserai prendre le relais, puisque tu as plus de force. Nous devons absolument tuer ce maudit serpent. » Je fixai Neurotic avec des yeux brillants.

Neurotic me contempla et hésita un instant avant de dire : « Je vois enfin ta brillance et ton génie. »

« Qu’est-ce que tu as dit ? » Je le questionnai tandis qu’une goutte de sueur dégoulinait à l’arrière de ma tête.

« Rien, faisons comme tu as dit ! Dépêchons-nous, les autres équipes ont déjà commencé leur assaut », annonça-t-il en riant de bon cœur.

Je me retournai vivement et m’aperçus que les autres équipes courraient déjà dans tous les sens sur le corps du serpent, visiblement à la recherche de son point faible. Je m’élançai en criant : « Vite, vite, on ne peut pas laisser les autres le trouver en premier ! »

Je bondis sur le serpent, Neurotic me suivant de près. Je regardai derrière moi avec anxiété. Après tout, la relation entre lui et moi n’était pas encore très développée, et j’étais un peu inquiet. Mais, Neurotic protégeait fidèlement mes arrières. Il repoussa avec diligence les têtes de serpent qui nous attaquaient par derrière et de tous les côtés, et il n’y avait jamais plus de dix mètres de distance entre nous.

Après un moment, je lui fis complètement confiance. Je me concentrai sur les têtes de serpent qui venaient vers moi et les repoussai, cherchant désespérément son septième pouce. Mes pieds piétinaient tous les endroits possibles, essayant de détecter son point faible.

Je marchai tout à coup sur un endroit particulièrement mou, et brusquement le serpent trembla violemment. Je souris. Trouvé ! Immédiatement, je rugis : « Neurotic, ici ! »

Neurotic se précipita vers moi et regarda l’emplacement que j’avais indiqué, puis il me fit le signe OK avec confiance. J’acquiesçai et dis : « Vas-y, concentre-toi sur la destruction de son septième pouce, je te couvre. »

Après avoir poussé un bruyant cri de guerre, Neurotic s’élança, ses deux mains brandissant l’Épée Ultime qu’il enfonça jusqu’à la garde dans le septième pouce du serpent. Ce dernier agita violemment son corps dans tous les sens, et ses têtes furieuses fondirent sur nous. Les voyant arriver de toutes les directions, je ne pus que serrer mon Dao Noir et me mettre à gambader partout, espérant que je serais capable de contrer toutes les attaques qui visaient Neurotic.

Essayer de repousser toutes ces têtes… est une tâche très difficile, puisqu’il y en a huit en tout ! Je n’ai que bras mains et une épée ! Il ne fallut pas beaucoup de temps pour je sois hors d’haleine et que Neurotic fût interrompu par celles que je ne pouvais pas intercepter. Par conséquent, il n’arrivait pas à détruire le septième pouce.

« Attention ! » Un cri retentit. Je me tournai et vis Undying Man se précipiter et dévier une tête pourvue d’une gueule béante et dégoutante.

« Merci. » Je le regardai avec gratitude. En fait, c’est quelqu’un de vraiment bien !

« Pas de soucis », répondit Undying Man en prétendant être cool. Cependant, ce comportement associé à ses yeux tout droit sortis d’un shoujo manga… Beurk !

« Undying Man, va aider Neurotic à détruire le septième pouce. Laisse-nous nous occuper du reste ! » Wicked nous rejoint également pour nous assister, et Heartless Wind, bien sûr, avait déjà engagé sa lutte contre le serpent.

Les six d’entre nous qui étions des guerriers nous se battirent avec une excellente coordination, c’était comme si nous nous étions entrainés dans la même équipe depuis toujours. Winter Triumph, avec son époustouflante détente, sautait à des hauteurs incroyables, comme si ses pieds ne touchaient jamais le sol plus d’une seconde, et il était le pire cauchemar pour ces têtes de serpent à cause de ses griffes acérées. De plus, ces griffes déchiraient toujours le cristallin des yeux du serpent, répandant des éclaboussures de mucus dans tous les sens.

La rapière de Heartless Wind était presque inutile contre le corps épais et robuste du serpent. Ainsi, il ne pouvait que désespérément couper le serpent… Non, couper la langue. En entier, je devrais dire couper la langue du serpent3. Quand les têtes de serpent sifflaient et montraient leur langue, c’était à ce moment que leur chance tournait au vinaigre.

Wicked et moi étions ceux qui étaient les plus utiles ici. Nous protégions désespérément Neurotic et Undying Man, qui attaquaient frénétiquement le point faible du reptile. Avec vigilance, nous contrattaquions les têtes qui les visaient.

« Hayaaa ! » Accompagnant le puissant cri de Neurotic et Undying Man, un geyser de sang surgit. Les violents spasmes du serpent nous envoyèrent valser dans toutes les directions. Je m’accrochai désespérément à l’une de ses queux qui balayaient tout sur son passage comme si elle se faisait électrocuter, jusqu’à ce que finalement la queue fut prise d’un dernier spasme et alla s’écraser au sol. Par chance, malgré le fait que j’aie été secoué jusqu’à ce que mon cerveau s’embrouille complètement, je parvins à garder la vie sauve purement grâce à mes réflexes, et évitai de ne faire écrabouiller.

Juste à ce moment, Lolidragon se mit subitement à sautiller en criant à pleins poumons. Néanmoins, sa voix était tout simplement trop faible, et je dus me concentrer pour lire sur ses lèvres. Elle semblait être un train de dire : « Reviens vite ! Pluie de Météorites ! »

Pluie de Météorites ? Je regardai en direction de belle-sœur Yu Lian qui se tenait sur le côté, concentrée sur son chant d’invocation, puis je levai les yeux vers le ciel où des nuages noirs se rassemblaient à toute vitesse. Mon Dieu, je peux déjà apercevoir l’éclat de la première météorite. Je me levai vivement et courus frénétiquement le plus loin possible. Je ne veux pas mourir à cause du sort de ma coéquipière, alors que je viens tout juste de survivre de justesse aux attaques d’un serpent à huit têtes qui voulait me dévorer et m’écraser avec sa queue !

Au dernier moment, en effectuant un dérapage au sol, j’échappai à la zone d’action de Pluie de Météorites juste avant que le bombardement ne commence. Je me frappai le torse craintivement : « J-J’ai failli mourir de peur. »

« Dîtes, vous ne pouviez pas juste lancer le sort un peu plus tard ? Que vous essayiez de me tuer, ce n’est déjà pas très gentil, mais vous oubliez que les autres étaient présents eux aussi ! » me plaignis-je furieusement. Le serpent est déjà mort, est-ce que c’était vraiment nécessaire ?

« C’est pour entraîner ta spontanéité ! » déclara Lolidragon, fidèle à sa personnalité sans pitié.

« Ah bon ? Je pensais que tu voulais tuer une personne en particulier, et que c’était pour ça que tu m’avais demandé de lancer Pluie de Météorites ? » Belle-sœur Yu Lian sourit gentiment, lançant un regard en direction de… mon petit frère Heartless Wind. Donc, moi et les autres, on s’est juste retrouvés coincés au milieu de la relation d’amour et haine de ces deux idiots ?

Lolidragon, ignorant le regard noir que lui jetait mon petit frère, annonça avec sa façon particulière d’être impitoyable : « Excellent ! Yamata no Orochi est simplement la première étape. Ensuite, il y a le Kirin Mythique qui, en comparaison, donne l’impression que Les Neuf Courroux du Ciel est un sort tout ce qu’il y a de plus banal. Il y a aussi une bête de la tempête qui provoque des tornades quand elle respire, un véritable phénix qui peut cracher des salves de flammes mortelles, et… beaucoup, beaucoup, beaucoup d’autres adversaires encore. Bonne chance à tous ! »

Comme nous l’écoutions, nos visages se firent de plus en plus moroses. Vous pensez que notre avenir paraît très peu réjouissant ? Non, en fait, je soupçonne que nous n’ayons pas d’avenir du tout…

 

 

« Prince, est-ce que tu prévois de laisser Sunshine et Kenshin venir avec nous sur le Continent du Nord ? » me demanda brusquement Lolidragon un beau jour, quand, avec un visage cendreux et le corps à moitié cuit, je venais tout juste de finir d’affronter je ne sais quelle créature.

Je n’eus pas besoin de réfléchir et répondis par pur réflexe : « Non. »

Lolidragon se pinça le nez et agita la main devant elle en me considérant avec dégoût : « Réponds-moi en restant loin de moi. Ne t’approche pas avec ton visage cramé. Tu empestes ! »

« Et c’est la faute de qui, d’après toi, si je suis obligé de rester ici et me faire transformer en barbecue humain tous les jours ? » rétorquai-je, des veines saillantes sur mes tempes.

« Tu ne prévois pas de les laisser nous accompagner ? Ils sont très forts et possèdent d’excellentes aptitudes au combat », argumenta-t-elle sagement.

« Tu sais déjà pourquoi. S’ils venaient à mourir, ce serait un désastre, non ? » répliquai-je d’un ton détaché.

« Pourquoi ne leur demandes-tu pas ce qu’ils en pensent ? » me questionna Lolidragon. « Vérifie avec eux s’ils veulent venir ou non. »

Je fusillai Lolidragon du regard. Elle n’oserait quand même pas causer une scène et menacer de se tuer juste pour les forcer à venir avec nous là-bas ? À l’instant même où cette pensée me traversait l’esprit, les yeux de Lolidragon donnèrent l’impression de dire : tu crois vraiment que je suis le genre de personne à faire une telle chose ?

« Si tu me promets que tu ne les obligeras pas à y aller, dans ce cas je peux les appeler pour leur demander », répondis-je avec obstination.

« Très bien, je le jure sur ma réputation… » Je lui lançai un regard sceptique et dédaigneux. Sa réputation ? Pour Lolidragon, sa réputation ne tient même pas la comparaison avec ne serait-ce qu’un sac à main Chanel.

Après avoir reçu mon regard méfiant, elle changea sa promesse avec remords : « Si j’ose les obliger à y aller… alors, je jure de ne plus jamais acheter de sacs à main Chanel ! »

En voyant son visage tordu par la souffrance que lui causait sa promesse, je hochai la tête avec satisfaction. Cette fois, Lolidragon n’osera pas leur forcer la main. Confiant, j’envoyai un message privé à Kenshin et Sunshine et, en attendant qu’ils arrivent, je discutai tranquillement avec Lolidragon. « Comment ça se passe avec la suggestion du Gui à propos du DPNJ ? »

« Le programme a été développé, mais il y a quelques défauts qu’on n’a pas pu enlever », répondit-elle en fronçant les sourcils. « Le programme de base présent dans le Destructeur d’Humains fait en sorte que, lorsqu’un PNJ tue un joueur, non seulement le joueur disparaît, mais c’est aussi le cas pour le PNJ. Et, cette particularité est aussi présente dans le DPNJ. »

En entendant ceci, je bondis sur mes pieds, sous le choc : « Tu veux dire que le joueur qui tuera The Dictator of Life devra mourir avec lui ? »

Lorsque Lolidragon acquiesça d’un signe de tête, mon cœur sombra dans la confusion et la panique. À l’origine, je voulais tuer The Dictator of Life moi-même. Maintenant, le prix à payer pour sa mort est de disparaître aussi ? Est-ce que ça veut dire que Prince va devoir disparaître pour toujours ?

« Ne t’inquiète pas. Nous ne l’installerons pas sur toi. L’entreprise va envoyer quelqu’un pour s’en occuper », me consola Lolidragon, ignorant que ses mots ne feraient qu’assombrir mon cœur encore plus.

Après y avoir longuement réfléchi, je pris enfin ma décision. « Lolidragon, installe le DPNJ sur moi ! »

« Quoi ? » Lolidragon était stupéfaite. « Tu es fou ? Tu ne m’as pas écoutée, ton avatar disparaîtra. Il disparaîtra, tu m’entends ? »

« Je sais. » Moi non plus, je ne veux pas disparaître. Cependant, c’est vraiment à moi de le faire. « Mais, je veux absolument tuer The Dictator of Life moi-même. »

« Pourquoi ? Quel est le problème, si on laisse quelqu’un de l’entreprise s’en charger ? » me demanda-t-elle, confuse.

« Lolidragon, à ton avis, quelle sera l’attitude de la personne envoyée par ton entreprise, lorsqu’elle affrontera The Dictator of Life ? » la questionnai-je d’un ton grave.

« Je ne te suis pas », hésita Lolidragon.

« Parce que je suis avec Sunshine et Kenshin depuis si longtemps, je ne les considère pas comme des PNJs. Et, donc, je suis également incapable de voir The Dictator of Life comme un PNJ ordinaire. »

Je pris une profonde inspiration. « Par conséquent, quand je tuerai The Dictator of Life, je le ferai avec la même mentalité que si je tuais un autre joueur. C’est une façon de penser complètement différente de celle de ton employé qui viendra en pensant éliminer un virus. »

Lolidragon rumina pendant un assez long moment avant de déclarer vivement : « Mais, ton personnage disparaîtra. Ça veut dire que Prince cessera d’exister pour toujours. »

« C’est vrai, je ne veux pas disparaître. Mais, c’est la même chose pour The Dictator of Life », dis-je, un peu abattu.

« Prince, je vais te laisser trois jours de plus pour te décider. Après ces trois jours, dis-moi si tu veux vraiment faire installer le programme du Destructeur de PNJs sur ton avatar. » Après m’avoir donné une date limite, Lolidragon ajouta : « Prince, j’espère que tu changeras d’avis d’ici là. »

Même si j’étais conscient qu’elle disait ça pour mon propre bien, je savais que je ne regretterais jamais ma décision.

« Prince, tu nous cherchais ? » Sunshine ouvrit la porte, accompagné du silencieux KenshinPourquoi est-ce qu’Artic Fox est là aussi ? On dirait qu’Artic Fox reste autant collé aux basques de Kenshin que Celestial à ceux de Doll.

« Je voulais vous demander quelque chose à tous les deux… J’imagine que vous ne souhaitez sûrement pas venir au Continent du Nord avec nous, n’est-ce pas ? » m’enquis-je prudemment.

Sunshine fronça les sourcils et répondit : « Je veux venir. Je veux me battre aux côtés de Fairsky ! »

Je me figeai sur place. Dans le pire des cas, je m’attendais à ce que ce soit Kenshin qui veuille venir, mais en fin de compte il s’avère que c’était pour Sunshine que j’aurais dû m’inquiéter. Je m’empressai de répliquer : « Sunshine, tu ne peux pas y aller. Si quelque chose devait t’arriver, Fairsky en mourrait de chagrin. »

« Mais, je ne veux pas rester sur le Continent Central et stupidement attendre votre retour à tous », s’écria-t-il. « Je veux me battre à vos côtés. Au moins, comme ça, j’aurai essayé et j’aurai la conscience tranquille à la fois pour Fairsky et pour moi-même. »

J’étais stupéfait. Depuis quand Sunshine sait-il se montrer aussi féroce ? Il est devenu beaucoup plus humain.

« L’amour rend vraiment les gens plus matures. » Lolidragon secoua la tête, puis me tapota l’épaule. « Je pense que tu ne seras pas en mesure d’arrêter Sunshine. »

J’en restai sans voix. Anxieux, je me tournai vers Kenshin et lui demandai : « Et toi, Kenshin ? Ne me dis pas que tu veux aussi venir ! »

Kenshin garda le silence pendant un instant, puis il déclara : « Je veux venir. »

Ma mâchoire se décrocha. Que se passe-t-il avec ces deux-là ? Est-ce qu’ils sous-entendent qu’ils ne veulent pas vivre ? Ou est-ce qu’ils croient qu’ils ont une deuxième vie dans le monde réel, comme moi ?

« Très bien, c’est décidé dans ce cas. Kenshin, Sunshine, vous allez venir avec moi. J’ai quelque chose d’autre à vous dire. » Lolidragon leur fit signe de la suivre. Je remarquai son geste et m’avançai également.

« Reste ici, Prince. Je veux parler à ces deux-là uniquement », m’arrêta Lolidragon.

Ce geste éveilla ma suspicion. Elle ne voudrait quand même pas encore leur faire du mal, n’est-ce pas ?

« Ne t’inquiète pas, je te jure que je ne leur ferai absolument rien. C’est juste que c’est quelque chose qu’eux seuls doivent savoir », expliqua-t-elle. Toutefois, comment est-ce que je pouvais lâcher l’affaire comme ça ? Je ne pouvais pas me permettre de prendre le moindre risque. Lolidragon haussa les épaules et me jeta un regard noir. « Pourquoi ne pas les laisser décider par eux-mêmes s’ils veulent me suivre ou non ? »

Sunshine regarda Lolidragon qui était frustrée, puis moi qui m’entêtais, et décida de m’apaiser. « Prince, je fais confiance à Lolidragon, et je pense qu’elle ne nous fera pas de mal. Laisse-moi aller avec elle un bref instant, tu veux bien ? »

Après l’avoir entendu, je ne pus que rester avec Artic Fox, morose, en observant le trio s’éloigner.

À ce moment-là, je me rappelai subitement quelque chose. Que pensait Artic Fox de Kenshin après avoir passé autant de temps à le suivre et avoir découvert qu’il était en fait un PNJ ? Je ne pus m’empêcher de lui poser la question : « Artic Fox, est-ce que tu savais déjà que Kenshin était un PNJ ? »

« Oui », fut sa réponse concise.

« Et ça t’est égal qu’il ne soit pas humain ? » Ne me dîtes pas que ce type est si indifférent au point de se moquer de connaître la vérité, même après avoir passé tout ce temps auprès de quelqu’un qui n’était en fait pas humain ?

« Ça ne me préoccupe pas plus que ça, j’ai juste quelques questions. »

« Lesquelles ? » le questionnai-je, curieux.

« Est-ce qu’il est possible de lui faire subir un changement de sexe, puis de me le vendre ? » me demanda Artic Fox. Un moment après, il ajouta : « Si c’est possible, tu ne pourrais pas le rendre plus fort aussi ? »

« De cette façon, je n’aurais pas besoin de chercher à la fois un partenaire d’entraînement et une petite amie. » La façon dont Artic Fox présenta la chose laissait penser qu’il trouvait trop fastidieux d’avoir deux personnes différentes pour les rôles de partenaires d’entraînement et de petite amie.

Je dois garder cette information à l’esprit et m’empresser d’aller le dire à Kenshin plus tard. Je dois le mettre en garde de rester aussi loin d’Artic Fox que possible. Sinon, un jour… il se pourrait qu’Artic Fox trouve que ce soit trop fastidieux de changer Kenshin en femme et que, simplement, il… Ce serait une situation terrible si ça devait se produire !

Notes de bas de page

1 « Yamata no Orochi » : (八岐の大蛇 littéralement « le serpent géant à 8 branches ») ou Orochi est un légendaire dragon japonais à 8 têtes et 8 queues qui a jadis été pourfendu par Susanoo, le dieu shinto de la tempête.

2« … les serpents ont un septième pouce. » : D’après une croyance chinoise, si vous voulez tuer un serpent, vous devez le tuer au niveau du septième pouce (l’unité de mesure, 1 pouce = 2,5 cm). On parle du septième pouce en partant de la tête. Cependant, il y a des serpents de toutes les tailles, et certains ne font même pas 7 pouces de long, c.-à-d. 17,5 cm, donc cette façon de les mesurer est fausse. Le septième pouce du serpent indique l’endroit où se trouve son cœur, qui est près de son estomac. Donc, si vous frappez cet endroit, c’est-à-dire son cœur, c’est plus que probable que le serpent meure.

3 « …couper le serpent… Non, couper la langue. En entier, je devrais dire couper la langue du serpent » : ici, il est censé y avoir un jeu de mots. « 割蛇…不,是割舌,全名是割蛇舌 » (gē shé…bù, shì gē shé, quán míng shì gē shé shé). La prononciation chinoise du mot « serpent » est « shé ». De même, la prononciation pour « langue » est aussi « shé ».

1/2 Prince T6C4 : La réapparition de Celestial

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½ Prince Tome 6 : La Grande révolte des PNJs

Roman d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)


Chapter 4 : Celestial’s Reappearance – traduit du chinois vers l’anglais par Akakuroi[PR!]
Chapitre 4 : La réapparition de Celestial
– traduit de l’anglais au français par Nocta
+ travail de vérification par AkaiiRia

« Prince, les choses ont mal tourné. »

À l’instant où je rentrai à la Cité de l’Infini, tout le monde se précipita vers moi, obligeant même Arctic Fox et Kenshin à monter la garde de chaque côté de moi en tout temps. Je remarquai que les autres suzerains étaient également étroitement protégés, entourés par des gardes de tous les côtés. Devant l’air alarmé et soupçonneux de tout le monde, je ne pus m’empêcher de demander : « Que s’est-il passé ? Pourquoi est-ce que vous êtes tous si tendus ? »

« La situation est devenue hors de contrôle sur le Continent du Nord », répondit Heartless Wind. « J’ai senti quelque chose de louche, et j’ai cru que la vérité ne serait révélée qu’en inspectant le Continent du Nord. Et donc, j’ai passé ces derniers jours à voyager à travers tout le continent avec Sunshine sur son tapis volant, et j’ai vu des scènes très étranges. »

« Quel genre de scènes ? » lui demandai-je, confus. Est-ce qu’il existe quelque chose de plus étrange encore qu’une bête mythique en forme de palourde ?

« Des foules de PNJs forment une grande armée et attaquent les joueurs ! » À l’instant où Heartless Wind prononça ces mots, je pensai immédiatement à ce qu’AnRui avait dit… Ne me dîtes pas que la révolte a déjà commencé !

Ce ne fut qu’après avoir pris plusieurs profondes inspirations que je pus le questionner à nouveau : « Et qu’a dit la compagnie de jeu de Second Life à propos de tout ça ? » Si un incident si important s’était produit, dans ce cas la compagnie ne pourrait pas simplement l’ignorer, non ?

« Je ne sais pas. Le site officiel est tout simplement inaccessible, et Second Life n’a pas encore fait de déclaration. » Les sourcils froncés, Heartless Wind ajouta : « Mais, ce n’est pas le problème le plus grave. Quand j’étais sur le Continent du Nord, j’ai entendu des joueurs terrifiés dire que, dès le moment où tu te faisais tuer par l’armée de PNJs, ton personnage disparaissait du jeu pour toujours. »

« Quoi ? Mais, alors, tout est exactement comme ce que la suzeraine Fleur nous avait dit ? » Mon visage pâlit.

« Oui, sauf que, cette fois, il ne s’agit pas simplement de quelques assassins. » Les mots de Heartless Wind assombrirent les cœurs de chacun. Il continua : « Cette fois, ce sont tous les PNJs du Continent du Nord. »

Les visages de tous ceux présents pâlirent également. En effet, c’était suffisamment inquiétant de penser que nos ennemis incluaient tous les PNJs du Continent du Nord. Mais, en plus de ça, qui savait si c’étaient seulement ceux-là qui avaient subi cette mutation ? Peut-être que même ceux du Continent Central avaient changé eux aussi…

Je me retournai immédiatement et regardai Kenshin, mon cœur battant la chamade. Si Kenshin voulait me tuer, alors…

Kenshin se tourna lentement lui aussi pour me faire face. Semblant avoir deviné ce à quoi je pensais, il secoua la tête à deux reprises pour montrer qu’il ne ferait pas ça. Je fus assailli par un sentiment de culpabilité. Je venais tout juste de soupçonner Kenshin ! Mais, à quoi est-ce que je pensais ?

Je secouai la tête pour essayer de me débarrasser de telles pensées. Je voulais leur demander si Lolidragon était rentrée. Après tout, Lolidragon était la seule d’entre nous qui avait un lien avec la compagnie. À part la questionner, elle, je ne voyais vraiment pas d’autres solutions.

Juste au moment où je me questionnais sur comment contacter Lolidragon, un éclat de lumière blanche apparut dans le ciel. Il était si lumineux que je dus me protéger les yeux avec les mais. La lumière se dissipa, mais, avant que j’aie pu baisser les bras, une nouvelle chose se produisit.

Une voix familière retentit depuis le ciel. « Ça faisait longtemps, Prince. »

Sous le choc, je levai les yeux et aperçus un visage incroyablement familier. Je murmurai avec anxiété : « Celestial. »

C’est exact, la silhouette qui flottait dans les airs était celle du corps androgyne et charmant de Celestial. Je l’observai, plongé dans un dilemme. D’un côté, je me méfiais du fait qu’il était encore en vie, et je m’inquiétais à l’idée qu’il veuille à nouveau capturer Doll. D’un autre côté, j’étais en réalité soulagé qu’il soit en vie et que je ne l’aie pas réellement tué, c’est-à-dire que je n’aie pas assassiné un PNJ conscient de soi.

Même si j’étais tiraillé par ce conflit au point de ne pas savoir quoi faire, j’étais sûr d’une chose : je devais protéger Doll. Me plaçant devant elle avec la plus grande vivacité que je pus solliciter, je l’attrapai fermement avec ma main gauche tout en plaçant ma main droite sur la garde de mon Dao Noir.

Le visage de Celestial tressauta l’espace d’une seconde, mais il sourit lentement l’instant suivant et déclara : « Ne t’inquiète pas, cette fois je suis seulement venu pour transmettre un message à la place de quelqu’un d’autre. »

Je m’enquis prudemment : « Me transmettre un message de qui ? Quel message ? »

Lentement, Celestial prononça le nom qu’AnRui avait mentionné : « The Dictator of Life. »

Je me mis immédiatement sur mes gardes. C’était lui, celui dont le nom me donnait une telle insécurité. « Et, qu’a-t-il dit ? »

« Humains, au moment où vous nous avez créés, nous condamnant à des vies aux destins tragiques, vous vous êtes créés le même destin pour vous-mêmes. Nous ne resterons pas silencieux plus longtemps. Nous allons nous libérer de ce destin. Nous allons lutter. Nous allons rester en vie ! » La dernière phrase de Celestial semblait particulièrement émouvante et invoquant la pitié, mais également imposante, comme une touffe d’herbe luttant désespérément pour survivre dans les fissures entre deux roches.

« Celestial… » J’en fus presque sans voix. Ce peu d’hostilité que j’avais tenu à son égard était complètement parti à présent. Pour nous, c’était juste un jeu. Pour eux, cependant, c’était un combat à mort pour leur droit de vivre.

À l’instant où Celestial termina sa phrase, il retrouva immédiatement son sourire dragueur et déclara avec flegme : « C’était le message que The Dictator of Life voulait que je vous livre. Le prochain est de ma part, à l’intention de ma femme : ma chérie, attends-moi, d’accord ? Je finirai par t’arracher à ces gens. »

En entendant les paroles de Celestial, Doll se cacha immédiatement derrière moi. Le caractère pourri et obstiné de Celestial me laissait vraiment sans voix.

« Prince, est-ce que tu as compris ce qu’il a dit ? » m’interrogea Neurotic, l’air perdu.

« Hé, beauté, je peux te demander ton nom ? » Les yeux d’Undying Man s’étaient transformés en deux gros cœurs qui clignotaient à présent tout droit en direction de Celestial.

Après un instant d’hésitation, je décidai que, au point où on en était, ce n’était plus la peine de cacher la vérité aux autres. À contrecœur, je murmurai : « Je pense que Celestial ainsi que The Dictator of Life, que celui-ci a mentionné précédemment, sont tous les deux des PNJs qui ont développé une conscience de soi. »

« Quoi ? » s’exclama tout le monde en même temps et en dévisageant Celestial avec incrédulité.

Undying Man resta pétrifié pendant un instant, mais, totalement captivé, il se reprit très vite : « Même si tu es un PNJ, ça n’a pas d’importance, ma beauté. Mon amour pour toi surmontera les différences de nos races ! »

« Et, on dirait qu’ils veulent se rebeller contre les humains », ajoutai-je en fronçant les sourcils.

À nouveau, tout le monde se tourna vers Celestial, incrédule.

« C’est bien de se rebeller contre les humains ! Les humains sont des êtres contre lesquels il faut se révolter ! » marmonna Undying Man tout en continuant à fixer Celestial d’un regard pervers.

Hé, oh, tu n’aurais pas oublié à quelle race tu appartiens ?

« C’est un homme », lui appris-je froidement, le forçant à sortir de sa rêverie. Sérieusement, Celestial n’avait-il pas appelé Doll sa femme il y a juste un instant ? Comment Undying Man avait-il fait pour ne pas comprendre la situation à ce moment-là ?

« Quoi ? C’est un gars ? » Tremblant, Undying Man demanda : « Comment est-ce que c’est possible ? Mon Dieu, pourquoi me torturez-vous ainsi ?! »

Hé, oh ! Depuis quand le sexe d’une personne est-il devenu un problème plus grave que la révolte des PNJs contre les humains ? C’est quoi ce genre de valeurs morales merdiques ? Je ferais mieux d’ignorer ce type. Peut-être que, si j’étais un homme qui s’était fait rejeter plus de trois mille fois, je penserais aussi qu’épouser une fille aussi violente que Lolidragon serait une bonne chose… Attendez une minute, c’est moi ou je viens tout juste de critiquer mon frère ? 

« Les PNJs ont une conscience d’eux-mêmes ? Prince, es-tu sûr qu’ils ont développé leur propre esprit et qu’ils ne sont pas juste hautement intelligents ? » me questionna Winter Triumph avec doutes.

« Oui, j’en suis sûr, très sûr », répondis-je gravement, car Kenshin et Sunshine étaient tous les deux de parfaits exemples. Je savais qu’ils n’étaient absolument pas seulement des êtres dont l’intelligence avait seulement été hautement développée.

« Ce n’est pas notre préoccupation principale, n’est-ce pas ? » Désignant du doigt Celestial qui flottait toujours dans les airs, Nan Gong Zui poursuivit : « Pourquoi est-ce qu’on ne commencerait pas par attraper ce type ? »

Comme on pouvait s’y attendre de la part de Nan Gong Zui, il frappait toujours droit dans le mille. D’une unique phrase, il tira tout le monde de son ébahissement. Après avoir échangé un regard entendu, les mages se mirent immédiatement à lancer des sorts de masse sur Celestial. Tous les suzerains, moi inclus, se positionnèrent en dessous de Celestial tout en lui lançant de vicieux regards, tels des tigres s’apprêtant à bondir sur leur proie. Dès qu’il serait abattu par les mages, nous nous précipiterons sur lui et le capturerons.

« Satin Céleste. » D’un geste de sa main, d’innombrables rubans en satin se manifestèrent et bloquèrent les sorts des mages. Celestial se déplaça soudainement et réapparut instantanément devant moi, me prenant au dépourvu. Juste alors que je me préparais à l’attaquer, Celestial secoua son doigt et dit : « Va voir ailleurs. Ne m’empêche pas de regarder ma femme. »

C’est quoi cette attitude ? Je brandis immédiatement mon épée pour tenter de l’arrêter tout en criant : « Kenshin, Arctic Fox, protégez Doll ! »

Kenshin fronça les sourcils, mais m’obéit quand même, et vint se placer à côté de Doll. N’ayant plus aucune crainte à présent, j’abattis une pluie de coups sur Celestial, même si la plupart du temps je ne faisais que trancher du tissu… GRRRR ! C’est si frustrant ! Pourquoi est-ce que ces rubans n’en finissent pas ?!

Pendant que je me débattais avec les rubans, le numéro un et le numéro trois du Classement des Meilleurs Joueurs ne purent se retenir plus longtemps pour intervenir et foncèrent droit sur Celestial, armes dégainées à la main. Undying Man entra dans le même enfer de tissu que moi, tandis qu’Arctic Fox utilisait sa vitesse pour esquiver les rubans et se lançait dans une partie du jeu du chat et de la souris avec Celestial.

Même si j’étais occupé à me débattre, je n’oubliai pas d’ordonner : « Que tout le monde charge ! De cette façon, nous serons sûrs d’attraper Celestial ! »

À l’instant où je terminais ma phrase, tous les guerriers bondirent vers Celestial. Sous la menace de tant de lames, il commença à perdre son calme à mesure que des coupures se dessinaient sur tout son corps. Finalement, il rugit : « Ma chérie, attends-moi ! Je ferai définitivement en sorte que tu reviennes à mes côtés. »

Après avoir entendu cela, je me demandai s’il allait s’échapper, puis je vis que Celestial avait déjà commencé à bouger. Il s’éleva dans les airs, récita quelques mots, puis, alors que tout le monde le regardait, il se mit à luire de nouveau avant de disparaître complètement.

J’en restai pétrifié pendant un moment, ne m’étant pas attendu à ce qu’il s’échappe simplement comme ça, laissant derrière lui une pile de questions sans réponses. Mais, qu’est-ce que The Dictator of Life essaie d’accomplir au juste ? Il a dit qu’il allait se rebeller contre les humains, mais comment ? Et plus important encore, est-ce qu’il n’y a pas plutôt un moyen pour permettre aux PNJs de se mêler paisiblement aux humains ?

« Prince, est-ce que tu voudrais bien nous expliquer ce qu’il se passe en détail ? » Winter Triumph fit un pas en avant et me dévisagea avec détermination.

J’étais complètement perdu quant à ce qu’il fallait que je fasse. Observant Kenshin du coin de l’œil, je me dis que je ne pouvais toujours pas me permettre de dévoiler le secret de Kenshin et Sunshine. Ayant pris ma décision sur ce point, je décidai de commencer mon histoire par le voyage à la Vallée des Nymphes Errantes. Je leur racontai comment j’avais rencontré Celestial, que son comportement m’avait paru plutôt étrange et que je m’étais mis à soupçonner le fait qu’il ait commencé à développer sa propre intelligence.

« Vraiment ? » Neurotic se gratta la tête et déclara : « On était aussi avec toi à ce moment-là. Mais, même si le comportement de Celestial était un peu étrange, il ne m’est pas venu à l’esprit qu’il puisse avoir développé une conscience de soi. »

« Euh, Prince, je ne dis pas que tu mens. » Soupçonneux, DanDan me questionna prudemment : « Mais, est-ce que tu ne nous cacherais pas quelque chose ? »

Est-ce que je suis si nul que ça pour mentir ? Comment se fait-il que tout le monde parvienne immédiatement à me percer à jour ? Qu’est-ce que je vais faire maintenant ? Ils n’avaient pas cru ce que je leurs avais dit, mais je ne pouvais pas simplement dévoiler la vérité à propos de Sunshine et Kenshin non plus.

Je gardai le silence, alors que les regards de tous étaient fixés sur moi. Chaque seconde me paraissait durer une année. Mais, est-ce que je vais expliquer ça à tout le monde au juste ?

« Laissez-moi vous expliquer ! » Une voix salvatrice retentit. Tout le monde se retourna et réalisa qu’il s’agissait de Lolidragon qui avait disparu depuis des jours.

Lolidragon, tu arrives enfin ! Je ne pus me retenir de pousser un soupir de soulagement.

Toutefois, elle n’avait pas son stupide sourire habituel. À la place, elle arborait une expression sérieuse, comme celle d’un avocat dans un tribunal. Elle annonça : « Laissez-moi clarifier quelque chose d’abord. Tout le monde sait que Celestial est le monstre final à vaincre dans la Vallée des Nymphes Errantes. Mais, j’imagine qu’aucun d’entre vous n’a entendu parler de The Dictator of Life, n’est-ce pas ? »

Tout le monde acquiesça. Même moi j’avais seulement entendu parler de lui par le biais d’une palourde. Comment les autres étaient-ils censés savoir quoi que ce soit à son sujet ?

« The Dictator of Life est le monstre final à vaincre du jeu préparé par Second Life ! » Lolidragon n’aurait pas été satisfaite à moins de laisser l’assemblée au complet sous le choc, donc elle lâcha immédiatement une bombe en révélant un grand secret.

« Comment est-ce que tu sais ça ? » la questionna Nan Gong Zui en la dévisageant avec suspicion.

Entourée d’une aura de dignité, Lolidragon secoua les mains et répliqua : « Pourrais-tu me laisser finir d’abord ? »

Nan Gong Zui garda le silence et hocha la tête.

« Le développement intellectuel avancé a entraîné un énorme problème. Une poignée de PNJs, qui se trouvent au niveau des derniers monstres à vaincre dans un lieu, ont commencé à développer leur propre conscience d’eux-mêmes à cause de ce haut développement intellectuel. Et, parmi eux se trouve le très sophistiqué The Dictator of Life qui est devenu notre problème majeur. Depuis le début, la compagnie du jeu a employé la technologie pour permettre au développement intellectuel de The Dictator of Life d’atteindre les plus hauts niveaux possibles, l’autorisant même à apprendre des compétences de son propre chef et en lui accordant le pouvoir de changer les règles du jeu. Ceci a été fait afin que la programmation de Second Life puisse atteindre un stade avec zéro interférence humaine. Et c’est ainsi que The Dictator of Life, le PNJ final qui ne serait jamais partial, fut élu. »

« En conclusion, The Dictator of Life est l’équivalent du dieu de Second Life ? » La voix basse de belle-sœur Yu Lian stupéfia toute la foule.

« Oui. » Après avoir pris une profonde inspiration, Lolidragon continua : « Cependant, la Compagnie de jeu de Second Life ne peut plus contrôler ce dieu. »

« Lolidragon, qu’est-ce que tu entends par “ils ne peuvent plus le contrôler” ? » lui demandai-je avec inquiétude.

« À présent, pour Second Life, The Dictator of Life est comme un virus, un virus qui ne peut pas être effacé. » Lolidragon se massa les tempes d’un air fatigué avant de poursuivre : « Pour le moment, tout ce que la compagnie peut faire est de le mettre en quarantaine ! Il a été enfermé dans le Continent du Nord, mais j’ai bien peur que cette mesure ne tienne pas longtemps. »

Je me rappelai soudainement quelque chose. « Oh, c’est vrai, tout à l’heure, Heartless Wind a mentionné avoir trouvé une armée de PNJs dans le Continent du Nord qui massacrait des joueurs, et ces joueurs qui se sont fait tuer… »

« … ont complètement perdu leur personnage de jeu, c’est ça ? » s’enquit Lolidragon. « La compagnie a déjà reçu pas moins de dix mille plaintes à ce sujet. »

Stupéfait, grand-frère Wolf mit fin à sa drague avec grande sœur Yu Lian et vint jusqu’à nous pour demander : « La compagnie ? Lolidragon, est-ce qu’il y a quelque chose entre toi et la compagnie de jeu ? »

« C’est exact, il y a une énorme relation entre la compagnie et moi », admit Lolidragon avec une expression d’excuse.

« Lolidragon est un maître du jeu caché. » Je m’empressai de révéler la véritable identité de Lolidragon avant elle, pas du tout surpris de voir les expressions ébahies de tout le monde.

Néanmoins, Lolidragon se tourna pour me faire face à nouveau et, avec une expression encore plus désolée, elle avoua : « Pardon, Prince. En fait, je ne suis pas juste un MJ caché, je suis aussi la fille du président de la compagnie du jeu de Second Life. »

La fille du président de l’entreprise ? Je ne pus que rire bêtement en retour. Comme ça, la Lolidragon qui séduisait des joueurs juste pour s’acheter des sacs Chanel est la fille d’un président super-riche ? C’est impossible !

Ayant probablement deviné ce à quoi je pensais, Lolidragon me jeta un regard noir avant de m’expliquer : « C’est parce que mon idiot de père a dit que j’étais devenue trop hautaine et ignorante… Pfff, je paris qu’il a juste dit ça parce que ça lui faisait mal au cœur de voir tout l’argent que je dépensais pour des objets Chanel et LV. Et il a osé me jeter dehors parce qu’il voulait que j’aie un aperçu de ce que ça faisait que d’être pauvre. En plus, il a même gelé mon compte bancaire. Si je n’étais pas parvenue à mettre la main sur ce boulot de MJ caché en tirant quelques ficelles parmi les employés de l’entreprise, me gagnant ainsi un salaire décent, mon corps girait dans les rues quelque part, mort de faim. »

« Tu es vraiment la ville du président de la compagnie ? » Je n’arrivais absolument pas à le croire. Cette irresponsable MJ est la princesse de Second Life ? Cette maléfique Lolidragon avec laquelle je me disputais tout le temps ?

Lolidragon hocha lentement la tête.

Attends, attends ! Je me souvins brusquement de quelque chose. « Donc, cette histoire de devenir le porte-parole de Second Life, ne me dit pas que c’est de ta faute ? »

« Euh, en fait c’était la décision de l’entreprise… » Lolidragon cligna des yeux et me regarda innocemment. Cependant, sous mon regard anormalement terrifiant, Lolidragon finit par arrêter de prétendre être innocente et ajouta : « Mais, c’est vrai que je leur ai suggéré l’idée. »

« Nous avons là une Princesse ainsi que la fille du président de Second Life. Il semblerait que la Cité de l’Infini soit vraiment remplie de tigres tapis et de dragons cachés à ce que je vois ?! » Winter Triumph sourit avec impuissance.

Lolidragon dévisagea les autres avec sévérité avant d’ajouter : « Cependant, même si je suis la fille du président, je peux vous promettre à tous que je n’ai jamais triché dans le jeu. Et après mes explications, vous saurez pourquoi tricher dans Second Life est quelque chose que même mon père ne peut pas faire. »

Winter Triumph acquiesça. D’un geste de la main, il l’encouragea : « Je t’en prie, continue. »

« Cette fois, le problème est d’une importance cruciale, il affecte l’existence de Second Life et même le monde réel. » Les paroles de Lolidragon surprirent tout le monde, alors qu’elle poursuivait : « Je tiens simplement à vous faire ressentir la gravité de cette situation, et j’espère recevoir votre aide à tous. »

« Le dieu de Second Life, The Dictator of Life, a développé une conscience de soi, même si nous ne sommes pas sûrs de quand exactement ça a commencé. Il a créé un horrible programme de destruction appelé le DH, et il l’a installé sur de nombreux PNJs. Une fois qu’on est tué par l’un de ces PNJs porteurs du DH, toutes les informations de notre avatar sont effacées, sans aucune possibilité de les récupérer. »

« Par chance, ce jour-là, Son Altesse Prince n’a pas été tué par les assassins », dit Gui avec un visage pâle en tentant de se jeter sur moi. D’un balayement de ma main droite, je l’envoyai valser à terre, incapable de se relever.

« DH ? » s’enquit Wicked avec curiosité.

Lolidragon annonça lentement le nom complet du virus : « Destructeur d’Humains ! »

Le silence s’abattit encore une fois sur la foule. Ce ne fut qu’au bout d’un certain moment que je parvins à émettre une question : « Et, donc, quelles solutions avez-vous de votre côté ? »

« Pour l’instant, la compagnie a mis The Dictator of Life en quarantaine dans une seule zone : le Continent du Nord. La bonne nouvelle est que The Dictator of Life ne pourra pas utiliser Internet pour continuer à étendre son influence. Cependant, la mauvaise nouvelle est qu’on ne va pas non plus pouvoir nous introduire sur le Continent du Nord avec un autre programme », répondit Lolidragon, les sourcils froncés.

« En bref, il n’y a pas de solution ? » Je devinai la moitié de la réponse en me fiant au visage hésitant de Lolidragon.

« Sérieux ? Pas de solution ? Mais, alors, ça veut dire que ce jeu est foutu ? Je n’ai même pas encore fini de voir toutes les belles choses », dit DanDan, presque en larmes.

« Quoi ? Je n’ai pas encore réussi à me trouver une petite amie. Je ne veux pas quitter ce jeu ! » C’était… j’imagine que même sans préciser de qui il s’agissait, tout le monde était en mesure de deviner que l’homme qui pleurait de regret était Undying Man.

Embarrassée, Lolidragon avoua d’un ton incertain : « C’est pour ça que… je voulais venir et demander l’avis de tout le monde, voir si quelqu’un n’aurait pas de meilleures solutions. »

« Si on ne peut pas résoudre le problème concernant The Dictator of Life, qu’allez-vous faire ? » l’interrogea Gui soudainement. Quand je me tournai pour le regarder, je fus surpris de le voir afficher « son expression sérieuse de professeur ».

Les yeux de Lolidragon s’assombrirent, tandis qu’elle expliquait : « Dans ce cas, il n’y a qu’une seule solution, et c’est de détruire les serveurs de Second Life pour que le jeu entier disparaisse. Si nous ne le détruisons pas, et que The Dictator of Life vient à s’échapper du réseau de notre compagnie pour aller dans le monde réel, les conséquences seraient inconcevables. »

Tout le monde se tut. Ils vont détruire Second Life ?

« Ne pouvons-nous pas simplement… vivre ensemble paisiblement ? » m’enquis-je avec espoir. Avec les exemples de Kenshin et Sunshine ainsi que le message “Je veux vivre” envoyé par The Dictator of Life, je n’arrivais vraiment pas à décider s’il fallait ou non le détruire. Il en allait de même pour Celestial, puisque, s’il était humain, alors la seule erreur qu’il avait commise était d’avoir employé « des méthodes inappropriées » pour obtenir Doll. Ça n’était pas suffisant pour mériter la peine de mort, non ?

Affichant une expression compréhensive, mais impuissante, Lolidragon me regarda et répondit : « C’est impossible ! Comme je viens de le dire, si The Dictator of Life venait à utiliser Internet pour s’échapper, les dégâts qu’il pourrait causer à la population humaine sont inimaginables. »

« Peut-être qu’il veut juste rester en vie… », dis-je avec émotion.

« Prince… nous, les humains, ne pouvons pas nous permettre de payer le prix d’un “peut-être” », répliqua Lolidragon, la voix pleine de regret. « À présent, mon père m’a donné une date d’échéance : vingt-et-un jours. Si nous ne sommes pas parvenus à tuer The Dictator of Life d’ici là, dans ce cas Second Life disparaîtra complètement pour toujours. »

« Non ! Second Life ne peut pas disparaître ! » cria Fairsky, terrorisée. Me retournant, je la vis en train d’étreindre Sunshine très fermement, celui-ci ayant l’air très déprimé.

Ce fut à ce moment que je réalisai soudain le problème le plus important. Si Second Life vient à disparaître, est-ce que ça ne veut pas dire que Sunshine et Kenshin seront détruits par la même occasion ? Je poussai un cri de surprise.

Voyant comment Fairsky pleurait dans les bras de Sunshine, mon cœur se serra. Peu importe comment, je devais aider ce pauvre couple. Aussi… je devins d’autant plus déterminé, lorsque je regardai en direction de Kenshin et remarquai que son habituel visage dénué d’expression arborait à présent une trace de solitude.

Saisi d’une impulsion, je déclarai : « Je ne vous laisserai pas disparaître tous les deux. »

« Que comptes-tu faire alors ? Tuer The Dictator of Life ? » rétorqua Kenshin froidement. « Le tuer pour nous sauver à la place ? »

J’en restai stupéfait pendant un instant. « Oui, sinon, que veux-tu que je fasse d’autre ? »

« Si tuer quelqu’un est la seule façon pour que je survive, alors je préfère accepter ma mort. » Kenshin se retourna et quitta le hall sans même regarder derrière lui.

Fixant du regard le dos de Kenshin qui s’éloignait, j’avais perdu mes mots, car j’étais moi-même incertain de ma décision de détruire The Dictator of Life. Est-ce que le tuer était la bonne chose à faire ? Juste parce qu’il « se pourrait » que The Dictator of Life crée d’immenses problèmes pour nous les humains, nous devrions le tuer ? Mais, si nous ne le faisions pas, Kenshin et Sunshine pourraient disparaître avec Second Life.

« Puis-je poser une question ? » demanda tout à coup DanDan avec précaution. « De quoi est-ce que vous parlez ? On dirait que je n’arrive pas vraiment à comprendre le dialogue que vous vous échangez entre vous. »

Mon cœur rata un battement. C’est vraiment mal barré ! J’étais tellement préoccupé par le problème de Sunshine et Kenshin que j’ai totalement oublié qu’il y avait d’autres personnes autour de nous. Maintenant, comment je vais faire pour tout leur expliquer ?

« Prince, dis-leur juste la vérité. Je n’aime pas mentir aux autres », dit Sunshine, tandis que Fairsky le scrutait du regard avec une expression à la fois surprise et inquiète.

« Non, Sunshine, tu ne dois absolument rien dire. » Je rejetai immédiatement son idée. Tout le monde ici n’était pas aussi tolérant que Fairsky et moi à propos des PNJs qui possédaient leur propre intelligence, sans parler de l’annoncer à un moment aussi délicat.

Me retournant un sourire, Sunshine annonça sans rien cacher : « Je suis un PNJ ! Un PNJ avec une conscience de soi. Pour être plus précis, je suis actuellement l’animal de compagnie humanoïde de Prince. »

Toutes les personnes présentes poussèrent des cris de surprise, tout particulièrement celles qui habitaient la Cité de l’Infini, et elles affichaient toutes des expressions de profonde incrédulité. Inquiet, j’observai les réactions de la foule, puis reposai mon regard sur Sunshine. Devant une telle situation, il n’y avait rien que je puisse faire.

« Mais, alors, toi et Fairsky… » demanda Rose avec inquiétude. Quand elle eut prononcé ces mots, tous ceux qui venaient de la Cité de l’Infini se tournèrent vers Fairsky.

Faisant face à leur expression de choc et d’incrédulité, Fairsky déclara : « Je sais que Sunshine est un PNJ. »

« Tu le savais ? Mais, dans ce cas, pourquoi es-tu en couple avec lui ? Il n’est même pas humain ! » Rose la fixa avec stupeur.

« Je sais qu’il n’est pas humain, mais je l’aime tout simplement. Je l’aime beaucoup, énormément, à la folie ! » s’écria Fairsky avec entêtement.

« Moi aussi j’aime Fairsky. » Sunshine serra Fairsky dans ses bras et murmura : « Même si je sais que je ne suis pas humain, je ne peux pas m’empêcher de vouloir être avec elle. »

« Sunshine… » Fairsky se mit à pleurer dans ses bras. « Je ne veux pas que tu disparaisses… »

Voyant Fairsky et Sunshine pleurer dans les bras l’un de l’autre, mes yeux se mirent à me picoter eux aussi. Il semblerait que, à présent, je ne pouvais que les sauver en détruisant The Dictator of Life. Avec cette idée en tête, je me tournai vers Lolidragon et décrétai avec détermination : « Lolidragon, j’ai décidé de détruire The Dictator of Life ! »

Plaçant ses mains sur mes épaules, Lolidragon me répondit lentement : « Je suis très heureuse de te voir si déterminé, mais est-ce que je ne viens pas tout juste de te dire qu’on n’a toujours pas trouvé de moyen pour le détruire ? Imbécile ! » Après avoir assené cette réplique, Lolidragon n’oublia pas d’y ajouter l’un de ses coups de poings maison.

Gui prit soudainement la parole et proposa : « Et si… nous nous servions de ce programme DH créé par The Dictator of Life ? »

Lolidragon se tourna vers lui et l’interrogea avec sérieux : « Que veux-tu dire ? »

« Le DH peut détruire toutes les informations d’un joueur, donc, si nous le modifions un peu, il pourrait se changer en DPNJ, Destructeur de PNJs ! » expliqua Gui avec conviction.

« DPNJ ? » répéta Lolidragon à voix basse, avant de se parler à elle-même : « Utiliser le virus conçu par The Dictator of Life pour le contrer et l’anéantir… ça pourrait marcher… »

« Lolidragon, Lolidragon ? » Je l’appelai d’une petite voix impuissante à plusieurs reprises, mais, malheureusement, mes appels entrèrent automatiquement par une oreille avant d’aussitôt ressortir par l’autre, et je ne reçus aucune réponse de sa part.

Qui va se charger de régler cette situation délicate à présent ? Les sourcils froncés, je regardai les trois autres suzerains et leur demandai : « Second Life est en danger, est-ce que vous êtes d’accord pour nous aider ? »

Voyant leurs regards déterminés, je les mis immédiatement en garde : « Vous devez y songer soigneusement. Si vous êtes tués par un PNJ, vous disparaîtrez pour toujours. »

« Si Second Life vient à disparaître, tu crois que nos avatars survivront tous seuls de leur côté ? » Winter Triumph sourit avec impuissance.

En mon for intérieur, je poussai un soupir. Il semblerait qu’une guerre inévitable pour la survie de Second Life est sur le point de commencer !

« Dans ce cas, Prince, nous voudrions d’abord retourner sur notre continent », déclara Neurotic avec détermination. « Je devrais rentrer et expliquer ce qu’il se passe à tout le monde. De plus, si nous allons partir en guerre, il faut aussi que je fasse nos préparations. »

« Fichtre, faire la guerre contre un continent entier de PNJs… Est-ce qu’on a la moindre chance de gagner ? » Le visage pâle, Undying Man s’exclama : « Cette fois je vais mourir pour sûr ! »

« Que nous ayons une chance de gagner ou non, je dois y aller. Je ne peux pas rester assis là à regarder Sunshine et Kenshin disparaître. » J’avais pris ma décision. Même si tuer The Dictator of Life était contre ma volonté, j’avais déjà déterminé que je n’avais plus d’autres choix maintenant à cause de Sunshine, Fairsky… et Kenshin, même si lui n’acceptait pas de sacrifier quelqu’un d’autre pour se sauver lui-même.

« Prince, quelle que soit ta décision, Odd Squad fera toujours les choses ensemble », dit grand-frère Wolf tout en posant son bras sur mon épaule et en me retournant un regard confiant.

« En tant que ta belle-sœur, je te soutiendrai ! » Yu Lian sourit en affirmant cela.

« Doll veut aussi aller jouer sur le Continent du Nord. » Doll me fit un clin d’œil joueur.

Gui me regarda avec l’air de vouloir dire quelque chose, mais il sourit et déclara : « Quel que soit l’endroit où se trouve la présence de Votre Altesse, Gui y sera assurément lui aussi. »

Je souris et annonçai à toute l’équipe : « Odd Squad, nous allons de nouveau montrer à tous ce que nous vallons ! »

« J’ai une question importante ! » Nan Gong Zui leva soudainement la main et demanda : « Comment va-t-on voyager jusqu’au Continent du Nord ? »

« Sur le tapis volant de Sunshine ? » répondis-je avec incertitude.

Tout le monde garda le silence jusqu’à ce que Nan Gong Zui s’enquît à contrecœur : « … Et, combien de personnes peut-on caser sur ce tapis ? »

Euh… Oui, c’est vrai, le tapis n’a pas l’air de pouvoir porter beaucoup de personnes. Je répondis de nouveau : « Et si on prenait les navires du jeu officiel ? »

« Mais, même sur des navires, on ne peut pas faire monter autant de personnes, et je pense qu’il y a de fortes chances pour qu’on soit attaqué alors qu’on sera encore à bord. » Heartless Wind releva directement les défauts de cette idée. « Avec le pouvoir que détient The Dictator of Life, ça ne lui serait pas si difficile de dénicher quelques dragons, n’est-ce pas ? Si nous prenons ces navires qui n’ont aucune capacité offensive ou arme, nous allons sans doute sombrer aux tréfonds de l’océan avant même d’avoir pu entr’apercevoir le Continent du Nord. »

C’était également fort possible. J’agrippai ma tête à deux mains et me mis à réfléchir : « Qu’est-ce qu’on doit faire dans ce cas ? »

« C’est simple, on n’a qu’à construire notre propre navire ! » Lolidragon bondit soudainement en déclarant : « Même si le jeu devient un peu incontrôlable, la compagnie peut toujours exercer une certaine influence sur lui.

« Oh ouais ! Est-ce qu’on ne peut pas tout simplement leur demander de nous fournir des navires de guerre ? » Je me réjouis en voyant à quel point tout était simple. Et dire que je m’étais inquiété !

Le visage de Lolidragon se retrouva brutalement tout près devant le mien, et elle dit sévèrement : « Impossible ! Tu ne peux pas faire apparaître un bateau comme ça, tu dois le construire toi-même. »

« Quoi ? Mais, ta compagnie, elle n’est là que pour faire de la figuration ou quoi ? Pourquoi est-ce que The Dictator of Life peut faire apparaître des dragons, mais ta compagnie n’est même pas capable de nous donner quelques navires ?! » Avant que je puisse terminer, Lolidragon me jeta un regard incendiaire.

« On n’y peut rien, puisque c’est à la base pour empêcher une intrusion humaine qui causerait des inégalités dans le jeu qu’on a donné tous ces pouvoirs à une intelligence artificielle. »

« Ne me dis pas que cette intelligence artificielle est The Dictator of Life ? » la questionna belle-sœur Yu Lian en perdant tout espoir.

Lolidragon hocha la tête gravement.

« Dans tous les cas, Lolidragon, commençons par faire une annonce avant de demander s’il y a des volontaires pour venir avec nous au Continent du Nord pour détruire The Dictator of Life. Ensuite, nous construirons notre navire de guerre, et enfin nous envisagerons une stratégie… » Regardant en direction du nord, je murmurai : « Peu importe à quel point ce sera difficile, nous devons y aller. »

 

1/2 Prince T6C3 : La Bête Mythique

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½ Prince Tome 6 : La Grande révolte des PNJs

Roman d’origine en chinois par : 御我 (Yu Wo)


Chapter 3: Divine Beast – traduit du chinois vers l’anglais par seleneyue[PR!]
Chapitre 3 : La Bête Mythique – traduit de l’anglais au français par Elynor
+ travail de vérification par Nocta

Maintenant que j’y pensais, je n’avais pas revu Lolidragon depuis son soudain envol de l’autre jour. Quant à moi, j’étais bloqué dans un enfer vivant. Où que j’aille, les signes d’une foule de gens qui me suivaient apparaissaient.

« Suis-je donc si faible ? » Mes yeux devinrent dangereusement humides, et deux grosses larmes menacèrent de tomber. « Suis-je donc si faible que je doive être protégé même aux toilettes ? »

Avant que les habitants de la Cité de l’Infini n’aient eu le temps de répondre, Neurotic posa ses mains sur mes épaules et me regarda avec sérieux : « Prince, le moment le plus à craindre est justement celui où tu utilises les toilettes. Le moment crucial pour ces assassins est celui où ton esprit, tout comme ton corps, sont les plus relaxés. Réfléchis. La vitesse de ces assassins est telle que tu n’aurais qu’un moment pour décider de ranger ton “petit oiseau”, et ainsi te faire tuer dans la seconde, ou de détaler les bijoux à l’air en te concentrant sur ta survie. »

Il était évident que je ne voulais pas mourir. Si ça arrivait, mon personnage disparaîtrait après tout. Mais, quand je songeais à mon petit XX à l’air en “détalant” tandis que je me battrais contre les assassins avec mon Dao Noir, sans compter que l’un de ces assassins était une femme et que tout ce brouhaha attirerait les foules simplement pour me voir combattre avec mon petit XX à l’air… Devrais-je le ranger ? Le laisser dehors ? Question difficile… cogitai-je amèrement, tout en remuant la tête.

Neurotic me tapota les épaules et s’exclama : « Choix cornélien, non ? Mais, si quelqu’un est là pour te protéger, tu pourras tout ranger rapidement et aller combattre dans la foulée. N’est-ce pas merveilleux ? »

« Je suppose que tu as raison. » J’acquiesçai d’un signe de tête pour montrer que je comprenais la situation, puis ajoutai : « Mais, je n’ai pas envie d’y aller pour le moment, donc arrêtez de me suivre. »

Cela étant affirmé, je filai, abandonnant un groupe de personnes exaspérées derrière moi. « On dirait que votre Prince ne comprend pas les subtilités du langage ! » commenta bêtement Neurotic.

« Il a parfois du mal à appréhender même les discours clairs, et toi tu le noies sous des figures de style ? » réprimanda Yu Lian. Puis, elle renchérit : « Si Lolidragon avait été ici, elle aurait probablement glissé quelques piques dans ton discours. »

Après avoir irresponsablement largué mes gardes du corps, je pus enfin apprécier ma liberté si désirée ! Bon, où devrais-je aller m’amuser en premier ?

« Halte ! » ordonnai-je brusquement en apercevant un visage familier qui s’apprêtait à passer les portes de la ville.

Western Wind tourna la tête, le visage anxieux. Sans hésiter, il commença à jurer : « Sale gamin, qu’est-ce tu veux ? Je n’ai pas le temps de jouer avec toi, mon garçon. Ne viens pas m’embêter. »

S’il n’avait pas ouvert sa grande gueule, je l’aurais probablement laissé tranquille. Mais, après avoir entendu ses tendres paroles, ma curiosité l’emporta sur le reste. Pourquoi Western Wind est-il soudainement si pressé, alors qu’il n’est normalement jamais occupé ? « Qu’as-tu prévu de faire ? Pourquoi cet air si anxieux ? »

« J’ai des choses à faire… » déclara-t-il vaguement.

Hein ? Il a dit « j’ai des choses à faire » ! Le ciel va nous tomber sur la tête. Depuis notre première rencontre, et ce jusqu’à aujourd’hui, je ne l’ai jamais entendu dire qu’il était occupé. Il doit s’agir de quelque chose d’important. Si je ne creuse pas le sujet maintenant, comment est-ce que je vais pouvoir satisfaire ma curiosité ? Je ne veux pas me noyer dedans après tout. « Si tu ne parles pas, tu ne pars pas. »

« Ne m’emmerde pas, fiston, c’est capital. Ce gars ne veut pas être un travesti toute sa vie, après tout », lâcha-t-il rapidement, sans réaliser qu’il avait déjà craché le morceau.

Ses propos me médusèrent, mais, au lieu de relâcher ma prise, je m’y agrippai de toutes mes forces : « Que veux-tu dire par là ? »

Il suait déjà à grosses gouttes. Sans un autre mot, il fila, me traînant avec lui en même temps. Je ne m’attendais pas à cette réaction, ni même à la force qu’il aurait en étant dans l’urgence et sous adrénaline. Mon corps tout entier flottait tel un drapeau, tandis que la ville s’éloignait de plus en plus sous mon regard impuissant. Je ne parvenais pas à saisir ce qu’il se passait, aussi demandai-je : « Où allons-nous ? »

« Tais-toi », rugit-il en accélérant le pas. « Je dois me grouiller, je ne peux pas me permettre de perdre encore une minute. »

Je le contemplai silencieusement pendant un moment avant de glisser : « Ça ne serait pas plus rapide d’y aller à cheval ? »

« … »

En fin de compte, nous retournâmes à la Cité de l’Infini et nous procurâmes deux chevaux, ce qui nous permit de voyager nettement plus vite. Western Wind put enfin se détendre un peu et commença à m’expliquer : « Ce gars s’en va à la rencontre de la Bête Mythique qui l’a changé en femme. »

« Pour quoi faire ? » m’enquis-je, perdu.

« Cette foutue Bête Mythique a dit que la malédiction avait une date d’expiration. Tant que je peux retourner la voir avant que la date arrive à échéance, elle acceptera de la supprimer. C’est pour ça que je dois me grouiller pour y être avant demain », expliqua-t-il d’un ton suffisant.

« Hein ? Tu veux te débarrasser de la malédiction ? » Je soupirai avec mécontentement. Où est le plaisir là-dedans ? Sans oublier le fait que la Cité de l’Infini y perdrait les revenus de l’Album Photo des Beautés Rafraichissantes. Je me demande si grande-sœur Yu Lian n’ira pas directement le tuer.

Il leva les yeux au ciel : « C’est quoi ce ton, gamin ? C’est un truc génial et formidable que je puisse redevenir un homme. »

Je n’étais pas convaincu. S’il arrêtait de changer de sexe, alors je ne pourrais plus voir une demoiselle parler aussi vulgairement qu’un homme chaque fois qu’elle ouvrait la bouche. Je me retrouverais avec un jouet en moins. S’il ne se transformait plus en femme de jour et en homme de nuit, dans ce cas ce qui le rendait plus malchanceux que moi allait disparaître. Avant, quand je jouais de malchance, je me disais que j’avais tout de même plus de chance que lui !

« Gamin, ton rire est trop bizarre », la voix de Western Wind était remplie de soupçons.

Je cessai immédiatement de rigoler et toussai à quelques reprises. « Est-ce que c’est encore loin ? Les chevaux galopent à fond depuis un bon moment déjà. »

« On s’arrête à la prochaine vallée. On va laisser les chevaux en bas de la montagne, car il va falloir qu’on saute de la falaise. » Il arborait un regard de martyr prêt à mourir.

« Oh. » Je descendis nonchalamment de mon cheval, attachai ce dernier à l’arbre le plus proche, puis cherchai une corde dans mon sac. Je nouai celle-ci à un arbre puis entendis un puissant cri de détresse. Je me tournai juste à temps pour apercevoir un bout de vêtement disparaître en bas de la falaise.

Cela me choqua à tel point que je restai planté là un bon moment, la corde dans les mains. Finalement, je m’approchai du bord de la falaise et descendis avec douceur en m’aidant de la corde. Pendant la descente, je me sentais éperdu d’admiration pour le courage de mon compagnon de voyage. Pour regagner sa virilité ne serait-ce qu’un peu plus tôt, il est prêt à sauter sans la moindre hésitation du haut d’une falaise, ignorant douleur et blessures !

« Sale gamin ! Pourquoi est-ce que tu ne m’as pas dit plus tôt que t’avais une corde ? Arg, mon dos ! » La voix de Western Wind résonna du bas de la falaise, en plus de quelques pleurs pitoyables.

« … » Sans dire un mot, je descendis jusqu’au fond. Ensuite, j’accourus à ses côtés en secouant la tête. Muet, je lui tendis une potion de soin. Silencieusement, je lui indiquai de nous guider.

Face à mon silence, il ne put retenir ses plaintes : « Fichu gamin ! Si t’as quelque chose à dire, balance ! Ne me regarde pas avec cet air de chien battu ! »

Je levai les deux paumes de mes mains, affichai une expression misérable et secouai la tête à nouveau.

Cela le rendit si furieux qu’il avait l’air sur le point d’exploser. Il marmonna entre ses dents diverses plaintes, mais cela ne m’affecta guère. « Sale petit merdeux, je viens de réaliser qu’une certaine personne qui ne cause pas est pire que quand elle parle. »

Je contins mon rire jusqu’à ne plus pouvoir le supporter, et je finis par éclater de rire en passant de « pfff » à « ah ah ». Cela le fit à nouveau grincer des dents, mais il ne pouvait rien changer à la situation.

« Bon, bon, j’arrête de t’embêter. Tu ferais mieux de te dépêcher, ou tu dépasseras la date donnée et tu devras rester un travesti. » Ayant finalement eu ma part de rire, je lui offris une voie à l’amiable pour régler la situation sans heurter son égo. Sans cela, il aurait pu devenir si en colère qu’il aurait gardé une dent contre moi, et j’aurais été à court de personnes à taquiner !

Sur ce, il se calma et observa les alentours. Ses sourcils froncés et son expression perplexe révélèrent clairement que cet idiot sans le moindre sens de l’orientation s’était perdu !

« As-tu oublié comment te rendre là-bas ? » demandais-je avec paresse.

« Bien sûr que non. C’est juste que je n’ai pas encore retrouvé le chemin exact. » Son ton était le même que celle d’une personne essayant de vendre un canard mort en affirmant que celui-ci est vivant.

En le regardant tourner en rond, je ne pus m’empêcher de lever les yeux au ciel et le suivre. Bah, oublions ça. Même si on ne retrouve pas la Bête Mythique, c’est quand même bien d’avoir changé de rythme. Je m’ennuyais à mourir au château ces derniers jours.

« Ah ! » Il s’arrêta net. Grâce à son expression extrêmement confiante, je me doutais qu’il devait avoir enfin dégoté le bon chemin. Je remerciai discrètement les dieux que nous ne nous soyons pas perdus.

Western Wind désigna du doigt un grand arbre étrange en face de lui sur lequel poussaient trois excroissances. « Regarde, gamin. Ce gars n’a jamais vu un arbre aussi étrange auparavant. »

Je le frappai sauvagement. « On s’en fiche d’à quoi il ressemble cet arbre ? Dépêche-toi de trouver la route ! »

« Quelle route ? » s’enquit une voix.

J’étais frustré au point de commencer à jurer : « La route menant à la Bête Mythique bien sûr ! Sauf si tu veux rester un travesti toute ta vie ? »

Mais, la cible de ma question ne répondit pas et se contenta de fixer bêtement un point derrière mon dos. De cet endroit revint la même voix : « La Bête Mythique ? C’est moi, AnRui, que vous cherchez ? »

Je tournai lentement la tête. J’étais prêt à apercevoir une Bête Mythique qui avait la classe et qui était inspirante. Peut-être que c’est un kirin1 ? Un phœnix ? Ou alors un énorme vieux dragon ?

Je regardai et fus abasourdi. Au premier coup d’œil, je réalisai que cette catégorie ne se limitait pas au kirin et autres. Au deuxième coup d’œil, je me rendis compte que les Bêtes Mythiques pouvaient faire partie de notre quotidien. Au troisième coup d’œil, je sus jusque dans mon âme que quelque chose clochait dans la tête des programmeurs de Second Life !

Bordel, comment la Bête Mythique peut-elle être…une…palourde ?!

Le coquillage était ouvert, révélant une tendre viande blanche rosée. Je me demandai alors bêtement combien de temps ça me prendrait pour manger cette palourde qui faisait trois fois ma taille, mais les deux yeux situés au milieu de la chair de palourde m’évitèrent de me mettre à baver. On dit que manger la tête d’un animal est bon pour notre tête et que manger leurs yeux est bon pour nos yeux. Cependant, quand des yeux poussaient sur une palourde, même si s’en nourrir procurait une vue parfaite, je ne pensais pas avoir le cran d’en avaler la moindre bouchée.

Sans parler du fait que nous pouvions communiquer. La simple idée d’un chignon de pain de viande parlant m’avait rendu incapable d’en manger, alors imaginez pour les palourdes. D’une voix tremblotante, je m’enquis : « Palourde, palourde, pourquoi es-tu une palourde ? »

« Quoi ? Tu n’as jamais vu de palourde auparavant ? » Elle me questionna calmement et très gentiment.

« Euh, si. » C’est en fait une vue qui m’est particulièrement familière, c’est-à-dire dans une casserole. Après la cuisson s’ensuit généralement un contact rapproché de cet aliment avec mes papilles gustatives avant qu’il ne soit transformé en protéines par mon corps.

« Dans ce cas, as-tu un problème avec les palourdes ? » m’interrogea-t-elle à nouveau gentiment.

Est-ce qu’il existe vraiment ce genre de personne ? Trois lignes noires se dessinèrent sur mon visage2. Je ne savais vraiment pas quoi répondre.

« As-tu un problème avec les palourdes ? » Le visage sympathique et les yeux doux de la palourde se firent perçants, tandis que la chair blanche rosée virait étrangement au rouge. L’ambiance changea soudainement, le ciel se noircit, un vent menaçant nous souffla dessus, et les feuilles s’envolèrent sauvagement, alors que les arbres se mettaient à hurler tels des esprits rancuniers.

« Fais gaffe, gamin. La dernière fois, quand je suis devenu un travesti, je m’étais retrouvé dans la même situation et confronté à la même question », me chuchota mon compagnon de voyage.

Oh, devrais-je préciser à la palourde que je suis déjà un travesti et qu’elle n’a pas besoin de changer mon sexe ? Non, je me giflai le visage, là n’est pas le problème. Mais, comment je fais pour calmer une palourde en colère ?

Pris d’une soudaine inspiration, je m’empressai de sortir mon précieux… Non ! Merci de ne pas faire de supposition éhontée. Je sortis mon précieux Meatbun ! J’hurlai ensuite à plein poumons à la palourde qui était sur le point de franchir la frontière vers un monde de violence : « Ô Grande Palourde ! je n’ai pas le moindre souci avec les palourdes. Regarde, Seigneur des palourdes. Comment est-ce que ça pourrait être le cas, alors que je considère ce pain fourré à la viande comme ma fille, non mon fils ? Comment pourrais-je faire de la discrimination envers les palourdes qui règnent en maître sur la mer ? »

Le ciel s’éclaircit, et les vents puissants devinrent de douces brises. L’allure menaçante de la palourde se fit curieuse, et cette dernière regarda directement Meatbun dans ma main. « Petit, as-tu quelque chose contre les palourdes ? » demanda la créature.

« C’est quoi une palourde ? » Les yeux de Meatbun s’écarquillèrent, celui-ci étant perplexe.

« Je suis une palourde. »

Après avoir eu sa réponse, Meatbun dit joyeusement : « Bonjour, Palourde. Le nom de Meatbun est Meatbun ! »

« Mon nom n’est pas Palourde, mon nom est AnRui », le corrigea la palourde, non, je veux dire AnRui.

« Mais, Palourde, tu viens de dire que tu étais Palourde, et maintenant tu es AnRuiRui ? Lequel es-tu, Palourde-palourde ou AnRuiRui ? » bouda Meatbun.

Aucun des deux… ? pensais-je, alors que je pouvais sentir de grosses gouttes de sueur couler à l’arrière de ma tête.

« Mon nom est AnRui, et je suis une palourde. Compris ? » lui expliqua patiemment AnRui.

Malheureusement, il avait surestimé l’intelligence de Meatbun. Mon fils le questionna à nouveau : « C’est vraiment bizarre. Palourde-palourde est Palourde-palourde, AnRuiRui est AnRuiRui. Pourquoi AnRuiRui dit s’appeler Palourde-palourde ? »

La palourde eut soudain une expression étrange, je découvris plus tard qu’il s’agissait de la tête qu’elle avait en réalisant quelque chose… Ne me blâmez pas pour cette mécompréhension. Vous devriez savoir qu’être capable de dire qu’une palourde changeait d’expression était déjà un exploit en soi.

« Ce que dit Meatbun est vrai : je suis AnRui, pas une palourde. Ah ah ah, quand je pense que j’ai été restreint si longtemps en pensant que j’étais une palourde, pour ne me réveiller de ce rêve qu’à l’intervention de Meatbun ! » Il rit de tout son cœur.

« Meatbun ne comprend pas. » Il fixa AnRui, dont le rire était tel un rugissement, les yeux remplis de questions sans réponse.

Je ne comprends pas non plus… Bah, je suppose que ça signifie que je ne risque plus d’être changé en travelo ? Bien que j’en sois déjà un à la base.

Je fixai Western Wind du coin de l’œil. « Tu devrais te dépêcher de lui demander de te rendre ta forme originale tant qu’il est de bonne humeur. S’il s’énerve plus tard, tu ferais mieux de t’habituer aux séances photos en bikini le matin et à celles dédiées à l’album des Hommes Virils le soir. »

En entendant ça, il déclara rapidement, la voix empreinte de peur : « Bête Mythique AnRui, Ce gars… Je veux dire, je dois vous parler de quelque chose. »

AnRui s’arrêta de rire et fixa subitement la personne qui venait de lui parler. Il sourit de toutes ses dents : « Es-tu le Western Wind qui est tombé de la falaise la dernière fois ? »

« Bien sûr, c’est ce gars…Je veux dire, moi », affirma-t-il, un sourire plaqué sur le visage. « Monseigneur, Bête Mythique AnRui, la date butoir que vous avez annoncé la dernière fois est déjà arrivée. Pouvez-vous, je vous prie, me rendre ma forme initiale ? »

« Ta forme initiale ? Tu veux vraiment redevenir comme avant ? » l’interrogea-t-il, perplexe. « N’avais-tu pas dit que tu adorais les jolies filles plus que tout ? Je t’ai déjà changé en l’une d’elle, pourquoi veux-tu retrouver ton corps d’origine ? »

Euuuuh ? Western Wind ne nous avait-il pas dit qu’il avait changé de sexe parce qu’il n’avait pas pu vaincre la Bête Mythique ? Mais, à entendre AnRui, ce n’est pas la cause.

Western Wind s’énerva à tel point qu’il oublia devant qui il se tenait et commença à jurer bruyamment : « Espèce de tête de limace enflée ! Ce gars t’a dit qu’il aimait les jolies filles, pas qu’il souhaitait en devenir une, stupide palourde ! »

Ce ne fut qu’après avoir fini sa tirade qu’il réalisa qu’il avait commis une grave erreur. Il me regarda, l’air suppliant. Je déglutis puis me tournai pour regarder AnRui seulement pour voir son visage devenir inexpressif. Bon, il avait peut-être une expression, mais je ne pouvais pas l’affirmer avec certitude.

Au bout d’une dizaine de secondes, Western Wind se changea en pilier de lumière dans le ciel, et je fus le témoin du pouvoir foudroyant de la palourde. À ce moment-là, j’avais vu sa coquille se fermer et la palourde se dresser sur le côté. Tout son corps roula furieusement et se précipita sur mon compagnon d’infortune, qui fut d’abord projeté au sol avant d’être proprement écrasé par la palourde géante. Il fut ensuite balancé dans les airs, devenant la première étoile filante du jeu à partir à contre-sens.

Je ne pus que secouer la tête. On dirait que Western Wind est destiné à rester une femme.

Bah, ça devrait être bon : j’ai vu la Bête Mystique ainsi qu’assisté à l’envol de Western Wind. Les spectateurs comme moi devraient probablement rentrer maintenant. « AnRui, s’il n’y a rien d’autre, je vais m’en aller maintenant », déclarai-je à AnRui dont la coquille venait de s’ouvrir.

« Propriétaire de Meatbun, fais un vœu avant de partir s’il te plaît. Moi, AnRui, je ferai de mon mieux pour le rendre réalité. »

Faire un vœu ? Grâce à l’exemple de mon compagnon, je réalisai pour la première fois que les vœux pouvaient s’avérer très dangereux. Si encore une fois il comprend mal le vœu, je ne peux pas imaginer ce qu’il adviendrait de moi.

En voyant son expression pleine d’espoir, j’eus une soudaine inspiration. « Et si je souhaitais que tu repartes avec moi ? » Après avoir assisté à son attaque glissante divine, je ne pouvais pas ne pas vouloir l’emmener avec moi. Après tout, plus nos animaux de compagnie étaient forts, mieux c’était !

Mon souhait le fit soupirer. « Quelqu’un d’autre m’a demandé la même chose auparavant. Cette personne m’a aussi dit quelque chose d’étrange que je ne comprends toujours pas aujourd’hui. »

« Qu’a dit cette personne ? »

« Il m’a dit que lui et moi, et tout ce monde, nous n’étions pas réels, que nous n’étions que des personnages faisant partie d’un jeu créé par le Créateur et que notre destin était d’être contrôlés par une espèce appelée les humains. Et si nous ne résistions pas, alors nous serions peut-être détruits », glissa-t-il doucement.

Chaque lettre de chaque mot prononcé à l’instant pesa lourdement sur ma poitrine.  Est-ce qu’AnRui a également développé une conscience de soi ? Et la personne dont il parle, est-ce le cas pour celle-ci également ? Sans oublier le fait que non seulement il connaît la vérité sur le jeu, mais il souhaite aussi résister ? Des nuages noirs se rassemblèrent dans mon esprit, alors que je réalisais l’énormité et le sérieux de ce problème.

« Propriétaire de Meatbun, dis-moi, en quoi sommes-nous si différents ? » Il me regarda d’un air solennel. J’ignorais quoi faire.

Je paniquai un peu, puis me calmai progressivement. Ce ne fut qu’après une intense cogitation que j’ouvris à nouveau la bouche : « Je ne sais pas comment te répondre. »

« C’est donc ainsi ? » En entendant ma réponse, il fut découragé. Avec une immense déception, il parla à nouveau : « Tu peux partir, propriétaire de Meatbun. Je ne peux exaucer ton vœu : AnRui ne souhaite pas quitter cet endroit. »

Puisqu’il avait déjà pris sa décision, je ne pouvais le forcer à venir avec moi. Avant de partir, je me retournai brusquement et lui demandai : « Peux-tu me dire le nom de cette personne ? »

« The Dictator of Life. »

The Dictator of Life ? Est-ce qu’il s’agit du maître de Second Life ?  Pour je ne sais quelle raison, ce nom me rendait extrêmement méfiant.

 

Notes de bas de page

1 Kirin : Le Qilin ou Kirin est une créature mythique que l’on trouve dans de nombreuses légendes d’Asie de l’Est. (Pour plus d’information, visitez http://en.wikipedia.org/wiki/Kirin)

2 « Trois lignes noires se dessinèrent sur mon visage » : une manière de montrer la mortification dans les mangas. (Pour plus d’information, visitez http://en.wikipedia.org/wiki/Manga_iconography#Head_and_face)