La Légende du Chevalier du Soleil Tome 2 : Les Tâches Quotidiennes d’un Chevalier
Roman d’origine en chinois par : 御 我 (Yu Wo)
Chapter 4: Take Care of The Members of Sun Knight Platoon – traduit du chinois à l’anglais par Raylight[PR!]
Chapitre 4 : Prends Soin des Membres de la Section du Chevalier du Soleil – traduit de l’anglais au français par Nocta
+ Travail de vérification par LuluHime
Le design et les matériaux des vêtements n’intéressaient aucunement Roland. Sans la couturière qui avait vu à quel point il était beau et l’avait obstinément ligoté pour prendre ses mesures tout en discutant toute seule du design, je pense qu’il se serait contenté des mots « Trois tenues de guerrier. Voici le paiement » pour ensuite disparaître sans laisser de trace.
Cependant, ce que je n’avais pas prévu était que même l’armurerie n’avait pas du tout éveillé l’intérêt de Roland. Il ne fit que piocher une épée de métal sans s’y intéresser. Mais en y repensant, en plus d’émettre une aura de ténèbres, l’épée magique de Roland était également à un niveau de tranchant rarement vu. Avec cela, comment aurait-il pu montrer de l’intérêt pour une épée qui pouvait être achetée dans une armurerie ordinaire ?
En fin de compte, la boutique de desserts engloutit la majorité de notre temps. Rien que les sucettes achetées par Rose occupaient deux gros sacs, et les sucettes à la fraise remplissaient la moitié de l’un d’entre eux. Finalement, attendre que le gâteau sablé à la fraise soit presque cuit et sorte tout chaud du four ne nous laissa pas suffisamment de temps pour aller à la boutique de poupées.
Avant que nous ne rentrions au petit cottage, Rose commença à geindre comme une enfant gâtée. « La boutique de poupées, allons à la boutique de poupées ! Juste un petit moment suffira. »
Mécontent, je dis : « Nous irons la prochaine fois ! Le temps limite de ma transformation est presque écoulé et si cela continue, je vais être vidé de mon sang par la Brigandine Sainte du Dragon. »
« Qui a dit que tu vas mourir ? Tu as survécu la dernière fois après avoir autant saigné. Tu es plus difficile à tuer qu’une créature mort-vivante… »
Après avoir regardé Rose en roulant des yeux, je ne lui prêtai plus attention. Je changeai d’interlocuteur et m’adressai à Roland : « Nous n’avons pas eu suffisamment de temps aujourd’hui, la prochaine fois je t’emmènerai dans des endroits plus intéressants. »
Roland secoua la tête. « Pouvoir sortir est déjà pas mal. »
Je ne sais pas si nous accompagnions Roland ou Rose aujourd’hui… On dirait que, la prochaine fois, je devrais penser convenablement à quel endroit emmener Roland, de peur qu’il ne s’ennuie.
Après avoir dit au revoir à ces deux-là, je maintins mon sourire de Chevalier du Soleil tandis que je marchais. Comme attendu, j’étais le centre de l’attention peu importe où j’allais, même s’il s’agissait d’une rue qui était considérée comme extrêmement déserte dans la ville. Cependant, les regards que tout le monde me lançait semblaient être un peu étranges. Se pourrait-il que mes vêtements soient en désordre d’une manière ou d’une autre ? Je baissai le regard rapidement et vis un justaucorps noir et une armure en argent… j’avais oublié de terminer la transformation !
Ce n’était pas étonnant que tout le monde me fixât du regard. Avec ce genre d’accoutrement, peu importe où vous irez, vous serez perçus comme une personne suspecte. À quoi pensait le créateur quand il a conçu ce costume ? Si un assassin s’habillait comme ça, pourrait-il vraiment conduire un assassinat ? Cette tenue est encore plus tape-à-l’œil que mon armure scintillante de Chevalier du Soleil !
Mon seigneur, votre serviteur est une tenue faite pour des déplacements nocturnes. Bien qu’elle attire énormément l’attention pendant la journée, elle a un excellent effet de camouflage durant la nuit.
Je restai stupéfait un moment, mais je me rappelai peu après que c’était la Brigandine Sainte du Dragon qui parlait. Je me réconfortai en murmurant : « Ce n’est pas que ma mémoire soit mauvaise ; personne ne s’habituerait à ce que leurs propres vêtements parlent, n’est-ce pas ? Brigandine Sainte du Dragon, s’il n’y a rien d’extrêmement important, s’il-te-plaît ne parle pas. Tu m’as fait sursauter. »
Oui, mon seigneur. Votre serviteur n’osera point agir à sa guise dorénavant.
Pourquoi cela donne-t-il l’impression que je suis en train de maltraiter la Brigandine Sainte du Dragon… ? Mettons cette question de côté une minute. Premièrement, j’avais besoin de trouver un endroit où résilier la transformation. Je risquais de subir une perte massive de sang si je ne le faisais pas.
Je jetai des coups d’œil de tous côtés, cherchant un endroit où me retransformer. Au lieu de cela, je vis au loin la Section du Chevalier du Soleil se diriger dans ma direction. Je plongeai alors précipitamment dans une allée faiblement éclairée. J’attendis jusqu’à ce qu’ils m’aient largement dépassé et qu’ils soient entrés dans une taverne, puis je sortis de l’allée faiblement éclairée et penchai la tête pour regarder vers l’immeuble.
« Un bon Capitaine ne devrait pas enquêter sur les affaires privées de ses subordonnés… Mais de toute façon, quand ai-je une seule fois été un bon Capitaine ? »
Après avoir raisonné que je n’étais définitivement pas un bon Capitaine, je trouvai un endroit où il n’y avait personne aux alentours, escaladai rapidement le mur jusqu’au toit de la taverne, puis commençai à chercher les membres de mon peloton. Sans dépenser beaucoup d’énergie, je les trouvai dans la salle privée de la taverne. Heureusement, cette dernière était construite en bois, et le bruit créé par les clients dehors était étouffé. Cela me permit d’utiliser ma dague pour couper un petit trou rectangulaire dans le toit sans trop d’effort et de m’en servir pour les espionner.
Je posai mon œil contre l’ouverture et, comme je m’y attendais, je vis les vingt-cinq membres de ma section assis à une longue table. Mon vice-capitaine, Adair, était même assis à la place de l’hôte, et sur la table se trouvait un assez grand festin.
Diantre, ça sent vraiment bon !
« Que devrions-nous faire Adair ? Nous n’arrivons pas à trouver l’opportunité d’accomplir le plan et d’attaquer ! »
Attaquer ? Qui vont-ils attaquer ? Je fronçai les sourcils.
« Devrions-nous en rendre compte au Capitaine ? Il se peut que celui-ci ne soit pas au courant de cette affaire… »
Adair secoua sa tête, répondant : « Hors de question. Puisque le Capitaine nous a déjà confié cette tâche, alors, quoi qu’il arrive, nous devons quand même l’exécuter par nous-mêmes. Messieurs, ne me dites pas que vous avez déjà oublié quel était la première chose que le Capitaine nous aie enseignée ? »
Un par un, les membres se regardèrent avec un sourire amer, puis ils répliquèrent à l’unisson : « Si je vous dis de sauter du haut d’une falaise, vous devez sauter. Autrement, je vous ferai tomber, puis je pousserai un énorme rocher pour vous accompagner ! »
Après qu’ils eurent terminé, les membres de la section rigolèrent au point de ressembler à des hystériques. L’un d’entre eux donna un coup de coude au camarade à ses côtés, riant tandis qu’il demandait : « Ed, qu’est-ce que ça fait d’être poussé d’une falaise puis d’être suivi par un rocher géant ? »
Le dénommé Ed eut un sourire amer. Avec un soupir, il répondit : « Dire qu’au premier abord, peu importe de qui il s’agit, le Capitaine leur offrira un sourire si radieux. Il a l’air d’avoir un tempérament si bon que même si vous lui marchiez sur la tête deux fois, il ne s’énerverait pas. Mais la vérité c’est que si vous n’êtes pas suffisamment humble pour le laisser vous marcher sur la tête à deux reprises, alors vous êtes un homme mort ! »
« Bien dit ! » Les autres applaudirent bruyamment.
Quelle flopée d’inepties ; je n’ai aucune envie de piétiner la tête des autres ! La personne qui a parlé s’appelait Ed, n’est-ce pas ? Tu ferais mieux d’être prudent, je me souviendrai de toi !
À ce moment-là, Adair déclara hâtivement : « Ne dites pas ça comme ça. Le Capitaine est quand même assez gentil ; c’est seulement qu’il est plus strict envers nous, la Section du Chevalier du Soleil… »
Tous les membres du peloton tournèrent simultanément leurs têtes pour le regarder.
Adair révéla une expression d’impuissance, et il ajouta : « Et aussi plus strict avec ceux qui l’ont provoqué… »
Tout le monde leva un sourcil en même temps, comme s’ils demandaient à Adair comment il pouvait mentir comme un arracheur de dents sans même changer son expression.
Adair ne put s’empêcher d’admettre : « Très bien, il est aussi plus strict envers ceux qui pourraient potentiellement le provoquer dans le futur… Mais quoi que vous en disiez, vous ne pouvez réfuter le fait que le Capitaine soit loyal ! »
« C’est en effet vrai. » Ils hochèrent tous la tête.
Héhé, vous aviez intérêt à hocher la tête, sinon… Pffff ! Que vous osiez en fait dire du mal derrière mon dos ? Chacun d’entre vous ferait mieux d’être prudent, je m’en souviendrai !
Un des membres éternua, puis il regarda à gauche et à droite avec suspicion. « Pourquoi est-ce qu’il fait un peu froid tout à coup ? »
« Je trouve aussi. Fermons les fenêtres. »
Ed frappa du poing contre la table et affirma avec dédain : « Cet enfoiré de Jacques n’a même pas osé accepter la demande en duel d’Adair. Et il prétend être un chevalier de haut rang ! »
Jacques ? Je fronçai les sourcils. Qui est-ce ? Se pourrait-il qu’il soit l’ennemi d’Adair, alors celui-ci voulait laisser la Section du Chevalier du Soleil l’aider à obtenir sa revanche sous le couvert de mon nom ?
« Toutefois, Adair, es-tu certain que le Capitaine sait que ce Jacques a trouvé des fidèles du Monastère du Dieu de la Guerre pour être ses gardes ? »
Le Monastère du Dieu de la Guerre ? Je fus momentanément abasourdi. Cela ne se peut. Les membres de ma Section du Chevalier de la Lumière ont en fait provoqué le Monastère du Dieu de la Guerre dont la capitale est dans le pays voisin ? C’est un peu trop exagéré.
Adair répondit un petit peu désespérément : « Je ne suis pas sûr que le Capitaine soit au courant de cela. Mais, dans l’éventualité où il en a véritablement déjà connaissance et qu’il nous en a quand même donné l’ordre, que nous échouions à accomplir ses ordres, et que nous allions même le déranger avec cette affaire… »
Attendez, attendez, qu’est-ce que cela a à voir avec moi ? Je ne connais aucun type nommé Jacques et je n’ai définitivement donné aucun ordre qui pourrait tendre les relations entre nous et le Monastère du Dieu de la Guerre.
Ed enroula soudainement ses bras autour de sa tête et cria : « Ah ! Alors, je préfère me battre à mort contre ces types du Monastère du Dieu de la Guerre, afin d’empêcher de me faire pousser du haut d’une falaise par le Capitaine puis d’être accompagné par un énorme rocher. »
Entendant cela, tout le monde se mit à rigoler. Ils commencèrent même à se rebeller et à débiter des âneries telles que « en découdre avec eux », « les renvoyer chez eux dans des sacs mortuaires » et… Attendez, attendez ! Si j’en répète davantage, même le Dieu de la Lumière enverra la foudre s’abattre sur moi afin de m’empêcher de prononcer un mot qui pourrait souiller les âmes innocentes des petits enfants.
Un des membres du peloton était un petit peu inquiet. « Mais, si le Capitaine n’est vraiment pas au courant que cette affaire est liée au Monastère du Dieu de la Guerre, alors agir imprudemment n’est pas vraiment bon, non ? » dit-il. « Bien que nous ayons affronté pas mal d’ennemis, cela a toujours été fait sous la direction du Capitaine. Si ce dernier n’a aucune intention de provoquer le Monastère du Dieu de la Guerre, alors… »
« Alors nous serons tous tués par lui », répliqua Ed, son ton sonnant comme s’il voulait pleurer.
Entendant cela, ils devinrent tous démotivés un par un et, finalement, ils regardèrent tous leur chef… bien sûr ce n’était pas moi, qui étais caché sur le toit, mais Adair. Celui-ci laissa seulement échapper un soupir, puis décréta avec découragement : « Je ferais mieux d’aller demander au Capitaine. Vous autres, ne faites rien pour l’instant. »
« Merci pour tout le mal que tu te donnes, Adair ! »
« Toi seul peux comprendre correctement ce que diable veut dire le Capitaine quand il parle. »
« Si le Capitaine veut te pousser du haut d’une falaise à cause de cela, nous irons secrètement te rattraper en bas », le conforta Ed.
Adair dit sévèrement : « Non, non ! Si le Capitaine venait à découvrir que vous avez fait ça, je subirais une mort encore plus affreuse. Je vous en prie, laissez-moi juste tomber de la falaise. Si le Capitaine veut jeter un rocher géant, souvenez-vous de l’aider rapidement à le pousser, et choisissez le rocher le plus gros et le plus lourd. »
Les autres membres de la section s’exclamèrent en réalisant : « Oh ! Adair, tu es vraiment rusé ! Si nous poussons un énorme rocher, le Capitaine sera sans aucun doute effrayé que tu sois directement réuni auprès du Dieu de la Lumière, alors il soignera rapidement tes blessures. Le Capitaine peut soigner n’importe quel type de blessure instantanément. »
Adair commença à sourire, un peu embarrassé.
Oh ! Donc je ne leur ai pas encore révélé que j’ai appris la technique pour ressusciter les morts ? Même s’ils étaient vraiment partis rencontrer le Dieu de la Lumière, tant que leur tête est toujours là, je serai encore capable de les ramener dans le monde des vivants.
Adair, tu ferais mieux de pouvoir me donner une bonne explication, pfffff !
En revenant au Temple Sacré, j’avais le ventre noué par le doute. Toutefois, j’ignorais quand Adair me ferait son rapport et je ne pouvais possiblement pas aller le voir et le questionner. Si je faisais cela, le fait que je les avais espionnés ne serait-il pas dévoilé ?
Par chance, j’aperçus le Chevalier de la Tempête, une pile entière de documents entre les mains.
« Mon frère, Storm », l’appelai-je.
Storm s’arrêta dans son élan et demanda, comme s’il y était extrêmement habitué : « Y-a-t-il quoi que ce soit que tu veuilles me demander, Capitaine-Chevalier du Soleil ? »
« Aurais-tu déjà entendu parler de Jacques ? »
« Jacques ? » Storm s’enquit en retour. « Tu veux dire le troisième fils du Baron Gerland ? »
Le troisième fils du Baron Gerland, ainsi c’était Jacques ! J’ai une fois ordonné à Adair de frapper ce type jusqu’à ce qu’il soit incapable d’ouvrir la bouche pour se repentir.
Adair, oh Adair, je t’ai accusé à tort. Tu es bien, en effet, mon plus loyal vice-capitaine !
« Sun ? » Storm me regarda avec un air de doute.
Je tournai la tête, et prononçai avec une extrême sincérité : « Mon Frère, Storm, Sun t’est extrêmement reconnaissant de l’avoir aidé à dissiper ses doutes. Ton explication a donné à Sun un moment de prise de conscience, comme si les nuages chargés de pluie dans son esprit avaient été dissipés pour révéler la lumière du soleil. C’est comme si le Dieu de la Lumière était descendu dans son cœur, faisant fondre la neige équivalente à un long hiver.
– Si tu m’es vraiment reconnaissant, dans ce cas, je t’en prie, ne profère plus jamais de remerciements devant moi. Le simple fait de les entendre me donne une migraine…
– Laisse-moi te consulter concernant une autre question. Récemment, n’y a-t-il eu aucune nouvelle au sujet de membres du Monastère du Dieu de la Guerre en visite dans notre pays ?
– Tu es donc déjà au courant. » Le visage de Storm s’assombrit tandis qu’il dévoilait : « Des fidèles du Monastère du Dieu de la Guerre sont arrivés hier. On dit qu’ils sont venus assister à la cérémonie de couronnement, qui sera tenue plus tard, et qu’ils vivent dans les quartiers du palais spécialement réservés pour les invités. »
Je fronçai les sourcils. En quoi la cérémonie de couronnement du Royaume du Son Oublié concerne-t-il le Monastère du Dieu de la Guerre ? Après tout, le Royaume du Son Oublié est la capitale de l’Église du Dieu de la Lumière et n’a jamais été le territoire du Monastère du Dieu de la Guerre.
« Une courtoisie aussi bienveillante de la part du Monastère du Dieu de la Guerre mérite que nous en suivions l’exemple. » Ces mots que je formulais questionnaient secrètement Storm et n’étaient pas que pour les féliciter.
Storm rit froidement. « Même le Fils du Dieu de la Guerre est ici. Il se pourrait que cette politesse soit un peu trop prévenante. »
Le Fils du Dieu de la Guerre est la personne possédant la plus haute position au sein du Monastère du Dieu de la Guerre. C’est à peu près la même chose que le Chevalier du Soleil de l’Église de la Lumière, mais c’est peut-être même une position encore plus élevée que la mienne. Bien que je sois le chef du Temple Sacré, le Pape du Sanctuaire de la Lumière peut me contrôler. Aussi, pour parler franchement, si le Chevalier du Jugement venait à avoir une lutte de pouvoir avec moi, il ne serait pas totalement désavantagé.
En revanche, dans le Monastère du Dieu de la Guerre, la place d’un prêtre était toujours en dessous d’un guerrier. Parmi les guerriers, le Fils du Dieu de la Lumière est la seule autorité, c’est donc pourquoi il n’y avait personne qui pouvait le contrôler.
Ainsi, la venue du Fils du Dieu de la Guerre au Royaume du Son Oublié est aussi étrange que si le Pape et moi nous rendions à la capitale du Monastère du Dieu de la Guerre, le Royaume de l’Orchidée Lunaire.
Storm fit soudainement deux pas vers moi, se pencha vers mon oreille et murmura : « Le petit frère de la dame de compagnie de la princesse m’a révélé en secret qu’au moment où le Fils du Dieu de la Guerre a atteint le Royaume du Son Oublié, il a tout d’abord visité Sa Majesté le roi et le prince hériter, puis il a rendu visite à la princesse. Aussi, le Fils du Dieu de la Guerre a amené avec lui beaucoup de bagages cette fois, et parmi tout cela il y en a beaucoup qui sont des sortes de “bagages” extrêmement lourds et fermement verrouillés. »
Des bagages ? Je pense que le terme « présents de fiançailles » est plus approprié. Ainsi le Fils du Dieu de la Guerre veut demander la main de la princesse de notre pays !
« Et, il se pourrait que le Baron Gerland ne soit pas sans implication dans cette affaire, puisqu’il semblerait qu’un certain nombre de membres du Monastère du Dieu de la Guerre vont et viennent de sa maison… »
« Capitaine-Chevalier du Soleil. »
Storm s’arrêta abruptement et recula d’un pas, fixant avec alerte celui qui avait interrompu ses propos.
Je me tournai vers ce dernier avec un sourire et le saluai. « Capitaine-Chevalier du Jugement, quelle charmante soirée. »
Judgment alla droit au but et dit : « Sa Sainteté le Pape te cherche. »
Oh, il était temps. J’hochai la tête et répondis simplement : « Ma gratitude pour la notification de mon frère, Judgment. »
Je frappai doucement sur la porte du bureau exclusif du Pape. Un moment plus tard, je reçus une réponse.
« Entrez, s’il-vous-plaît. »
Une fois à l’intérieur, je vis quelqu’un se tenant devant la fenêtre qui s’étendait du sol au plafond, en train d’admirer le paysage dehors. Je m’inclinai respectueusement. « Votre Sainteté le Pape. »
« Pourquoi devrais-tu t’adresser à moi comme “Votre Sainteté” ? Capitaine-Chevalier du Soleil, en tant que chef du Temple Sacré, ta position est égale à la mienne. »
« Sun ne l’oserait pas, puisque “respecter les personnes âgées” et “vénérer les personnes méritantes” sont les principes fondamentaux d’une bonne conduite. » J”accentuai lourdement la partie sur respecter les personnes âgées.
En entendant cela, cette personne se retourna. Son visage joli et délicat visage donnait l’impression qu’il n’avait pas plus d’une quinzaine d’années environ, et quand il souriait, il avait l’air plein d’innocence.
Cependant, cette personne est déjà à au moins soixante ans d’écart des quatre mots « jeune, plein d’innocence ». C’est parce que ce jeune homme est le Pape du Sanctuaire de la Lumière, ce type que j’appelle, le « maudit vieillard ».
Mais, n’allez pas penser que la raison pour laquelle je le traite de foutu vieillard est parce que je suis envieux de sa jeunesse. D’après mon maître, quand il avait dix ans et qu’il est venu participer à la Sélection des Douze Chevaliers Sacrés, le Pape avait déjà cette apparence. Et, quand il avait atteint quarante ans et qu’il était sur le point de prendre sa retraire, le Pape était toujours comme ça.
Cela veut aussi dire que l’estimation la plus basse de l’âge de ce satané vieillard est d’au moins soixante ans, mais il insiste pour utiliser une magie qui lui laisse préserver sa jeunesse.
Cela ne pose pas de problème en soi, puisque même mon maître utilise secrètement cette magie pour maintenir sa jeune apparence. Cependant, il a au moins laissé son apparence à l’âge de trente et quelques années. Contrairement à ce maudit vieillard, qui se fait vraiment passer pour un adolescent d’une quinzaine d’année. Ce dernier fait preuve d’un manque de gêne révoltant à l’extrême.
« Capitaine-Chevalier du Soleil, tu es aussi éloquent que jamais », gloussa le Pape.
« Votre Sainteté le Pape, vous êtes aussi jeune que toujours », répliquai-je avec un sourire radieux.
Nous continuâmes tous les deux à sourire pendant un moment. Puis, le visage du pape se durcit soudainement, et il employa sa voix juvénile pour crier : « Il suffit ! Nul n’est présent ici, alors cessons de proférer des inepties. Le Monastère du Dieu de la Guerre nous marche déjà sur les plates-bandes, alors pourquoi avons-nous encore une querelle interne ? »
Mon visage souriant disparut en un éclair, et je déclarai avec mécontentement : « Tu oses encore dire une telle chose ? Le prince héritier m’a intentionnellement donné du fil à retordre en me faisant chanter l’Hymne du Dieu de la Lumière sans m’en informer au préalable. Tu ferais mieux de ne pas prononcer d’âneries en prétendant que tu ne savais rien de cette affaire. »
Le Pape eut un rire creux. « C’est aussi pour ton propre bien », expliqua-t-il hâtivement. « La dernière fois, tu as causé des difficultés au roi et as rendu le prince héritier extrêmement mécontent envers toi. Si nous ne le laissons pas te punir et satisfaire la haine dans son cœur, il ne perdra jamais sa rancune envers toi. »
Je reniflai froidement. Il aurait pu d’abord m’en parler ! Je peux jouer le rôle d’un agneau innocent à la perfection.
« Tout de même, avais-tu réellement besoin de chanter l’Hymne du Dieu de la Lumière en entier ? » Le Pape fronça les sourcils mais, seulement après qu’il eut marché jusqu’à la théière sur le bureau et se soit assis, il affirma avec impuissance : « À l’origine, l’objectif était de te faire perdre un peu la face pour saper ta réputation. Mais, en fin de compte, tu as vraiment chanté tout l’Hymne du Dieu de la Lumière. Aussi, cela a-t-il eu l’effet inverse. »
Je ris amèrement pour la deuxième fois, puisque je ne pouvais possiblement pas expliquer la situation en révélant que j’avais chanté l’intégralité de L’Hymne du Dieu de la Lumière parce que je n’avais pas pris de petit-déjeuner, et que j’avais perdu toute rationalité à cause de la faim.
« Et maintenant le prince héritier a encore plus peur de toi. »
« Quand tu parlais avec lui, as-tu agi comme si tu étais en mauvais termes avec moi, et voulais vraiment triompher sur moi ? » demandai-je avec inquiétude.
« Bien entendu. » Le Pape haussa les épaules. « L’image habituelle. Les relations entre le Sanctuaire du Dieu de la Lumière et le Temple Sacré sont tendues, particulièrement sous la surface, et le Pape et le Chevalier du Soleil sont à la fois en conflit ouvert et en lutte voilée… Veux-tu une tasse de thé noir ? »
« Oui. » J’hochai la tête et m’enquit : « Même ainsi, les doutes du prince héritier n’ont toujours pas été dissipés ? »
Alors qu’il versait le thé, le Pape se plaignit : « N’est-ce pas parce que tu as dépassé les bornes ? Osant même forcer le roi à abandonner le trône… Ne penses-tu pas que le prince héritier aurait peur que tu ne le forces à abdiquer lui aussi ? »
« Comment cela pourrait-il être la même chose ? » objectai-je. « N’est-il pas conscient de quelle genre de personnalité son père possède ? Forcer son père à abdiquer est une chose, mais forcer le prince héritier avec sa bonne réputation à se retirer du trône ? Je n’oserais jamais prétendre que je pourrais le faire. »
« C’est effectivement vrai, mais les cœurs humains sont toujours très méfiants ! » Le Pape me tendit mon thé noir et dit avec impuissance : « Ainsi, il a décidé de réprimer l’Église du Dieu de la Lumière. »
« Il est donc allé requérir l’aide du Monastère du Dieu de la Guerre ? » Je reçus la tasse de thé noir, et alors que je la buvais à petites gorgées, je réfléchis.
Le Pape se servit lui aussi un peu de thé, et tandis qu’il buvait, il expliqua : « Oui, les seuls dont l’influence puisse rivaliser avec la nôtre sont les fidèles du Monastère du Dieu de la Guerre et de la Cathédrale du Dieu de l’Ombre. Cependant, la Cathédrale du Dieu de l’Ombre est très lointaine, et leur image oscille vers les ténèbres. Nos citoyens qui sont habitués à la lumière sont définitivement incapables de l’accepter. Ainsi, le prince héritier a choisi le Monastère du Dieu de la Guerre. »
« En ayant même l’intention de marier son unique sœur au Fils du Dieu de la Guerre ? » Je fronçai les sourcils. Cela pourrait devenir difficile à gérer.
« Tu es plutôt bien informé. Oui, c’est exactement ainsi qu’il en est. Si la princesse venait à épouser le Fils du Dieu de la Lumière, alors ils seraient en mesure d’étendre le nombre de leurs croyants dans le Royaume du Son Oublié de façon légitime », déclara le Pape avec inquiétude.
J’hoquetai d’admiration. « Le prince héritier planifie de secouer la position de l’Église du Dieu de la Lumière à travers les croyants du Dieu de la Guerre. Il recevra définitivement de nombreux bénéfices de la part du Monastère du Dieu de la Guerre. Malgré tout, c’est acceptable en soi. Néanmoins, bien que ce soit de son fait, de toute évidence, il a poussé la responsabilité sur le Baron Gerland. Même Storm pensait que c’était les méfaits du Baron Gerland. Quelle méthode méprisable et impudente ! En effet digne de Son Altesse le prince héritier qui a manipulé le pouvoir durant toutes ces années. »
Le Pape leva les yeux au ciel et soutint : « Arrête de l’admirer et dépêche-toi de songer à ce que l’on doit faire ! En ce moment même, les nouvelles générations sont toutes jeunes et vigoureuses et ont déjà perdu leur intérêt dans la bienveillance du Dieu de la Lumière. Si la foi du Dieu de la Guerre qui vénère les forts se répand ici aussi, ils seront immédiatement convertis en adorateurs du Dieu de la Guerre !
« Tu ferais mieux de ne pas oublier que consolider les croyants est le devoir principal de celui qui fait la publicité de l’Église du Dieu de la Lumière », accentua-t-il à nouveau. « Et, c’est entièrement de ta faute si le prince héritier nous craint en premier lieu, ce qui l’a poussé à coopérer avec le Monastère du Dieu de la Guerre pour essayer de nous réprimer. »
« Balivernes ! » grondai-je froidement. « Que j’aie ou non commis une faute, ce n’était qu’une question de temps avant que le prince héritier n’essaye de nous réprimer. À cause de ce gros porc de roi, la réputation du palais a chuté au plus bas ces dernières années. Cela a laissé la réputation de l’Église du Dieu de la Lumière grimper à un niveau sans précédent vu comment nous avons toujours surveillé le roi et l’avons arrêté d’embrouiller la politique nationale. Maintenant que le prince héritier est parvenu à monter sur le trône avec grande difficulté, comment permettrait-il qu’il y ait dans le Royaume une influence qui soit plus forte que la sienne ? »
Il commença immédiatement à marmonner : « C’est pourquoi j’ai dit que tu aurais dû prétendre être faible plus tôt. Au bout du compte, tu as quand même forcé le roi à abdiquer de sa position, ce qui a rendu le prince héritier encore plus craintif. »
J’étais un peu embarrassé, aussi je dis : « Dans tous les cas, même si j’avais prétendu être faible, il n’aurait pas abandonné l’idée d’essayer de nous réprimer. »
Le Pape insista : « Quoi qu’il arrive, maintenir les opérations de l’Église du Dieu de la Lumière relève de mon devoir, s’assurer que les croyants adhèrent aux règles du Dieu de la Lumière est celui du Chevalier du Jugement, et consolider les croyants est sous la juridiction du Chevalier du Soleil ! C’est pourquoi tu es en charge de résoudre cet incident. »
« Je sais. »
Comme cela concernait le devoir le plus important du Chevalier du Soleil, je ne pouvais rien faire d’autre qu’hocher la tête solennellement. « Cependant, je veux ta garantie que, cette fois, quoi que je fasse, tu n’interviendras pas ou n’essayeras de m’arrêter », je prévins le vieillard.
Cette fois, le Pape répondit sur-le-champ de manière directe : « Marché conclu. »
On dirait que l’incident était vraiment grave cette fois, autrement ce foutu vieillard n’aurait jamais été aussi direct. Chaque fois que quelque chose se produisait, il interférait toujours en douce. Même si les choses donnaient l’impression qu’il n’y avait que des désavantages, il trouverait quand même un moyen d’en tirer profit à sa façon. Ce qui est en effet digne de ce satané vieillard qui a maintenu les opérations de l’Église du Dieu de la Lumière toutes ces années.
« Ah ! Il y a autre chose ! » annonça le Pape avec un large sourire qui me fit me sentir très mal à l’aise. Il demanda avec un visage innocent : « Te souviens-tu toujours du Chevalier des Enfers ?
– Le Chevalier des Enfers est l’un des Douze Chevaliers Sacrés. Il est le seul qui appartienne à la Cruelle Faction au Cœur de Pierre mais qui n’obéit pas aux ordres du Chevalier du Jugement. À la place, il prend ses ordres directement du Chevalier du Soleil, et il se spécialise dans l’accomplissement de missions secrètes, qui ne sont connues de personnes d’autre. Certains disent même qu’il est l’assassin désigné des Douze Chevaliers Sacrés. On suppose même que, durant la première génération des Douze Chevaliers Sacrés, le Chevalier des Enfers n’était pas une vraie personne, mais plutôt une seconde identité dont le Chevalier du Soleil se servait pour mener à bien des missions secrètes.
– Pourquoi l’as-tu expliqué aussi clairement ? Je connais l’origine du Chevalier des Enfers. »
« N’es-tu pas celui qui m’a posé la question ? » répliquai-je, mécontent.
« Je voulais te dire que quelques problèmes sont survenus du côté du Chevalier des Enfers. »
Je soulevai un sourcil et affirmai : « Les problèmes avec le Chevalier des Enfers ne devraient pas relever de ma juridiction, n’est-ce pas ? Bien que techniquement il reçoive ses ordres de moi, je ne l’ai jamais vu auparavant. Pendant les premiers jours, quand il a été choisi pour devenir le Chevalier des Enfers, il avait déjà été envoyé comme espion au palais par tes soins. »
Le Pape fit remarquer avec une sincérité inégalée : « Ne dis pas ça. Il reste toujours l’un des Douze Chevaliers Sacrés qui prend directement ses ordres de toi. Depuis un tout jeune âge, il a été forcé d’être un espion. Maintenant que quelque chose a mal tourné, pourrais-tu supporter de l’abandonner et de le laisser, livré à son sort ? »
Ce maudit vieillard… Il dit cela comme si c’était moi qui avais envoyé le Chevalier des Enfers comme espion. Manifestement, c’est toi qui l’as jeté dans les flammes ! Je fixai le Pape. N’essaye même pas de pousser la responsabilité sur moi. Le simple fait de consolider les croyants me donne déjà suffisamment de problèmes.
Nous nous dévisageâmes, l’un avec des yeux grands ouverts et l’autre avec ses yeux resserrés. Finalement, il soupira et lâcha : « Très bien dans ce cas ! Si tu ne te préoccupes pas de Hell, je peux le sacrifier. Il n’a jamais fait d’apparition par le passé de toute façon, et le laisser se volatiliser sans laisser la moindre trace est en fait la façon la plus simple de résoudre le problème… »
Enragé, je rugis : « Saleté de vieillard ! Comme je l’ai dit auparavant, quoi que tu fasses, je m’en moque royalement. Même si tous les prêtres de ton Sanctuaire de la Lumière venaient à mourir, ce n’est pas mon problème. Cependant, tu n’es définitivement pas autorisé à toucher à mes Chevaliers Sacrés ! »
Le Pape rayonna. « Alors, le problème de Hell… ? »
Je grondai férocement : « Donne-moi le moyen de contacter Hell ! Et, puisque tu as poussé le problème sur mon dos, à partir d’aujourd’hui il sera à moi. Ne pense même pas à essayer de le reprendre ! »
« C’est la façon dont les choses auraient dû être dès le départ ; il était à toi à l’origine ! Je te garantis que je n’interviendrai absolument plus dans ses affaires », s’engagea le Pape avec une sincérité extrême.
P-pour être en fait aussi clair et net… Les problèmes du Chevalier des Enfers doivent être vraiment plus qu’une simple broutille.
En parlant de cela, je commençais vraiment à avoir la migraine. Avec le prince héritier qui essayait de réprimer l’Église, le Fils du Dieu de la Guerre qui demandait la main de la princesse et les problèmes concernant le Chevalier des Enfers… Pourquoi est-ce qu’on dirait que toutes les affaires problématiques étaient entassées toutes ensembles ?
« Ahah ! » Le Pape leva son thé pour boire de façon nonchalante, puis il soupira. « C’est rare de pouvoir voir l’expression troublée du Chevalier du Soleil omnipotent ! »
« Les choses sont aussi graves, et tu as encore le temps et l’humeur d’être sarcastique envers moi », répondis-je mécontent.
« Être sarcastique ? Je ne suis pas sarcastique. Quoi qu’il arrive, tant que c’est remis entre tes mains, l’affaire peut toujours être résolue… »
À ce moment-là, un rugissement à en faire trembler la terre provint de dehors. « Sun, Sun ! »
Le Pape et moi fûmes tous deux stupéfaits, puis nous entendîmes une série de pas sonores et urgents qui s’approchaient de plus en plus près. Le Pape balaya précipitamment le service à thé dans les tiroirs de la théière, remit sa robe en place et retourna rapidement derrière son bureau. Après avoir utilisé le voile sur la table pour recouvrir tout son corps, il s’assit immobile.
Je me tins aussi rapidement devant le grand bureau et affichai une expression révérencieuse et respectueuse, bien que le coin de mon sourire fût un peu crispé.
À cet instant-là, quelqu’un cogna dans la porte derrière moi avec son pied. La porte rebondit même contre le mur, qui émit un second fracas retentissant. Je restai choqué, et même le Pape en face de moi trembla.
Qui diable est assez effronté pour donner un coup de pied dans la porte du Pape ?
Me retournant, je découvris qu’il s’agissait en fait du Chevalier de Flamme qui avait la personnalité la plus impétueuse. Je le réprimandai légèrement : « Chevalier de Flamme, sa Sainteté le Pape est présent, comment peux-tu te montrer aussi impoli- »
Blaze m’interrompit rapidement, en hurlant : « Ton vice-capitaine est en danger ! Dépêche-toi d’aller le rejoindre ! Il est sur le point d’arrêter de respirer ! »
Je me pétrifiai. Adair… est sur le point d’arrêter de respirer ?!
Je poursuivis Blaze jusque devant la porte d’une pièce. Comme d’habitude, Blaze ne prit pas la peine d’utiliser la poignée pour l’ouvrir. Après qu’il l’eut ouverte d’un coup de pied, j’aperçus un large groupe de chevaliers de ma Section du Chevalier du Soleil. Tous leurs yeux étaient rouges et, quand ils se retournèrent et me virent, ils commencèrent à crier : « Capitaine, Capitaine ! »
« Arrêtez avec vos “Capitaine” ! Vous tous, dégagez de mon chemin ! »
Je bousculai deux personnes et jetai un coup d’œil sur le lit. Adair était allongé dessus, et son uniforme de chevalier était taché de sang frais. Il avait l’air pâle d’avoir perdu trop de sang, et ses deux yeux étaient étroitement fermés. Clairement, il avait déjà perdu connaissance, et sa respiration était si faible que sa poitrine se soulevait à peine.
Il n’y a plus beaucoup de temps !
Après un bref examen préliminaire, je découvris que ses blessures principales étaient sur le torse, où il y en avait trois causées par une épée, et sur sa cuisse, où il n’y en avait qu’une. Je posai immédiatement mes mains sur les zones respectives de ses blessures au torse et à la cuisse.
« Sort de Soin moyen ! »
Je chantai une courte incantation et accomplis une guérison modérée. Ce niveau pouvait, au plus, soigner des blessures comme des coupures sévères ou des os cassés. Bien sûr, ce n’était pas assez pour guérir les blessures fatales d’Adair, mais elle réduirait au moins un peu leur gravité et me donnerait un petit sursis.
Les sorts de soin de haut-niveau requièrent de d’abord rassembler suffisamment de lumière sacrée, et ensuite de réciter l’incantation pour convertir la lumière sacrée en lumière de guérison qui peut soigner les blessures. Si j’avais directement commencé à chanter le sort de soin de haut-niveau, je crains qu’avant que je ne puisse terminer mon incantation, Adair eut déjà terminé la visite guidée de la résidence du Dieu de la Lumière.
Baissant la tête, je remarquai que le visage d’Adair était encore celui de quelqu’un qui pouvait s’arrêter de respirer à n’importe quel moment. Immédiatement, j’exécutai une autre guérison modérée, qui permit à sa respiration de devenir légèrement plus perceptible. C’est à ce moment-là que je pus enfin me concentrer sur le rassemblement de lumière sacrée, et je commençai l’incantation pour convertir graduellement la lumière sacrée d’un blanc pur en lumière de guérison d’une couleur miel.
« Sort de Soin Ultime ! »
Après avoir vu Adair ouvrir ses yeux et révéler une expression qui semblait un peu désorientée, je me sentis rassuré. C’est vrai que, même si Adair était vraiment mort, il y avait toujours le sort de Résurrection pour le ressusciter ; toutefois, pour ressusciter quelqu’un, il est impossible de ne pas payer un prix. De plus, les chances que la Résurrection échoue sont aussi assez élevées.
« Capitaine ! »
Quand deux membres du peloton me supportèrent et qu’Adair sauta frénétiquement hors du lit, je réalisai que je venais de tomber en arrière. Par chance, la vitesse de réaction de ma Section du Chevalier du Soleil n’était pas un sujet de plaisanterie ; sinon il y aurait de bonnes chances pour que celui qui serait allongé sur le lit à présent soit moi.
Je soupirai. D’abord il y a eu le chant du service religieux, ensuite ça a été d’aider Roland à cacher son aura des ténèbres, et maintenant c’est d’utiliser un sort de soin d’un aussi haut-niveau. Même si c’est moi, je ne peux pas l’encaisser.
Comme les deux membres de mon peloton me relevaient en une position debout, je jetai un regard féroce à Adair et rugis : « Tu ferais mieux de t’allonger ! Ne pense pas que, juste parce qu’il n’y a pas de blessures externes, tu es déjà guéri. Le fait que tu as été blessé demeure. Plutôt que de t’effondrer d’épuisement en te surmenant, je ferais tout aussi bien de te frapper jusqu’à ce que tu t’effondres maintenant ! »
Adair s’allongea docilement sur le lit, n’osant pas remuer le moindre muscle.
Après mon rugissement, j’haletai pendant un petit moment. Ensuite, je tournai la tête et appelai : « Blaze. »
« Ah ? » Blaze me regarda, abasourdi et clairement effrayé par mon manque d’élégance et de sourire.
J’affichai énergiquement un sourire et annonçai : « Sun désire régler quelques “affaires de section” ; aussi je suis navré de t’ennuyer, mais je te prierais de bien vouloir sortir un moment. Et rappelle-toi d’aider Sun à fermer la porte. »
Bien que Blaze fût un peu hésitant, il hocha toute de même la tête. « Très bien alors, prends soin de toi », dit-il alors qu’il sortait.
Une fois que Blaze eut refermé la porte derrière lui, je me dégageai immédiatement des deux membres du peloton. Je marchai jusqu’à une chaise, m’assis, puis questionnai froidement : « Maintenant, qui veut me dire ce qu’il s’est passé ? »
« Capitaine… » Adair se débattit pour se redresser sur son lit.
Je me tournai et braillai : « Silence ! Tu n’es pas autorisé à parler. Si tu peux t’endormir, c’est encore mieux ! Ed, viens ici et fais-moi ton rapport. »
Entendant mon ordre, Ed fut choqué au-delà de l’imaginable. Cependant, je le lui pardonnai ; après tout, c’était la toute première fois que j’utilisais son prénom.
Sous les rappels répétés de coups de coudes, Ed regagna finalement ses sens. « Nous avons rencontré Jacques dans la rue », commença-t-il à raconter avec un peu de nervosité ; « et à cause de cet ordre que vous, Capitaine, avez donné- »
« Jacques est le troisième fils du Baron Gerland. Aussi, le Capitaine n’a pas donné d’ordre… » Adair ajouta précipitamment. À mi-chemin, il réalisa que je lui avais ordonné de garder le silence, aussi il se servit rapidement de ses deux mains pour couvrir sa bouche.
En plus de Judgment, Adair me connait aussi plutôt bien… Si je ne m’étais pas dissimulé sur le toit pour écouter leur conversation pour ensuite aller demander à Storm qui était Jacques, je n’aurais eu aucune idée que Jacques était le troisième fils du Baron Gerland.
« Ed, continue. » J’essayai de mon mieux de maintenir mon image de capitaine froid et cruel.
« À cause des ordres du Capitaine… non, non ! Ce n’étaient pas les ordres du Capitaine, c’est que, que… » laissa échapper Ed, incapable de former une phrase complète et transpirant à cause de sa nervosité.
Après l’avoir écouté répéter “que” pendant un long moment, toujours incapable de former une phrase complète avec “que”, je ne pus m’empêcher de fixer Adair avec impuissance.
Une fois qu’Adair eût reçu mon signe de l’œil, il baissa immédiatement les mains qui couvraient sa bouche et supplia avec beaucoup de sincérité : « Capitaine, s’il vous plaît, autorisez-moi à le dire ! Je veux vraiment le dire ; si je ne le dis pas, je ne serai pas capable de me reposer convenablement. »
Je soupirai un coup et répliquai tout en secouant ma tête : « On n’y peut rien dans ce cas. Puisque tu tiens tellement à le dire, je vais te laisser le faire. »
« Oui. » Adair hocha la tête et commença à raconter avec une indignation justifiée : « Nous avons rencontré le troisième fils du Baron Gerland dans les rues. Au moment où je l’ai vu, ça m’a immédiatement rappelé comment il avait employé son épée pour blesser notre Capitaine et qu’il l’avait même fait dans le dos du Capitaine. C’est simplement méprisable et éhonté ! »
Définitivement digne d’Adair qui a été mon vice-capitaine pendant cinq ans ; sa capacité à mentir comme un arracheur de dents ne peut même pas être comparée à celle des autres personnes. Même si j’ai été blessé par l’épée qui volait vers moi pendant que je m’enfuyais, Adair peut le tourner en une situation où Jacques m’a attaqué en traître… Adair, tu es sans aucun doute digne d’être mon vice-capitaine. Quand je t’ai choisi, j’ai vraiment fait preuve d’un bon jugement !
Même les autres membres de la Section du Chevalier du Soleil contemplèrent Adair avec des yeux remplis d’admiration, particulièrement Ed qui avait trébuché sur ses mots et n’avait pu prononcer que la moitié d’une phrase.
« Ainsi, je n’ai pas pu m’empêcher de requérir un duel avec lui. Cependant, ce méprisable chevalier ne voulait pas accepter le duel et, à la place, a trouvé un substitut pour m’affronter… »
À ce stade, je ne pus m’empêcher d’interrompre l’interminable sottise d’Adair, et m’enquit : « Qui t’a blessé ? »
Adair prit une profonde inspiration et révéla : « C’était le Fils du Dieu de la Guerre en personne. »
Je restai abasourdi un moment. Le Fils du Dieu de la Guerre ? Ce type dont la position est encore plus élevée que la mienne ?
Je trouvais cela difficile à croire, aussi j’hurlai : « Alors tu as accepté ? Avec son statut plus élevé, requérir un duel avec toi était bien sûr déraisonnable. Adair, en tant que mon vice-capitaine, es-tu vraiment à ce point stupide ? »
Instantanément, Ed protesta avec indignation : « Ce n’est définitivement pas parce qu’Adair est imprudent ! Capitaine, c’est parce que- »
« Ed, ne le dis pas ! » l’interrompit urgemment Adair.
« Tais-toi ! Depuis quand est-ce ton tour de prendre des décisions ? » Je criai avec colère sur Adair. Je me tournais pour rugir à Ed : « Continue ce que tu disais ! »
« Oui » dit Ed. « C’est parce que le Fils du Dieu de la Guerre a affirmé que si Adair refusait de faire un duel avec lui, il irait vous défier, vous le Capitaine. Mais, mais alors… »
Mais alors, n’importe qui m’ayant vu tenir une épée saurait que ma technique à l’épée est ma plus grande faiblesse. Bien que l’affaire de mes pauvres compétences ne soit pas largement répandue, c’est difficilement un secret. Aussi longtemps que quelqu’un se renseigne un peu, il pourrait aisément le découvrir.
Ainsi, le Fils du Dieu de la Guerre a déjà entendu dire que mes compétences à l’épée étaient médiocres et s’est servi de ce fait pour forcer Adair à l’affronter dans un duel à ma place. Mais pourquoi voudrait-il faire cela ? Adair n’est que mon vice-capitaine, pas l’un des Douze Chevaliers Sacrés. Même si le Fils du Dieu de la Guerre venait à le vaincre, ce ne serait pas du tout glorieux. Ce serait même orienté vers une dépréciation de sa position.
Avec colère, Ed affirma : « Le Fils du Dieu de la Guerre est allé trop loin ! Il a poignardé Adair à plusieurs reprises, et même après que le vainqueur eut été déjà décidé, il a refusé de s’arrêter. »
Un par un, les autres commencèrent aussi à s’indigner : « C’est juste ! Même quand nous avons voulu nous avancer pour aider, nous avons été bloqués par les guerriers du Monastère du Dieu de la Guerre ! »
« Êtes-vous en train de me dire que le Fils du Dieu de la Guerre voulait tuer Adair ? » J’étais choqué. Pourquoi voudraient-ils faire ça ? Ils n’ont même pas encore commencé à prendre racine dans le Royaume du Son Oublié, et pourtant ils essaient déjà de provoquer l’Église du Dieu de la Lumière, qui est l’influence locale ? Et, c’est quelque chose d’aussi grave que de tuer mon vice-capitaine… Ce n’est pas quelque chose qui peut être réglé en forçant tout le monde à se sourire l’un à l’autre, en se serrant les mains et en échangeant quelques mots.
Ed hocha sa tête encore et encore, et avec beaucoup de colère il déclara : « Si les chevaliers royaux n’étaient pas venus nous porter secours, le Fils du Dieu de la Guerre aurait définitivement tué Adair. »
« Les chevaliers royaux l’ont arrêté ? »
Je me sentis hautement soupçonneux. Les chevaliers royaux sont les subordonnés du prince héritier, et le Monastère du Dieu de la Guerre a été envoyé ici par le prince héritier. Pourquoi mettraient-ils fin aux actions du Monastère du Dieu de la Guerre ?
« Oui ! Ce sont les chevaliers royaux qui sont dirigés par Elijah. »
« Attendez… attendez un moment, qui est Elijah ? » demandai-je, considérablement perdu.
« Capitaine, Elijah est le chef de file du jeune groupe de chevaliers royaux », expliqua hâtivement Adair. « Cependant, parce que son allégeance va à la princesse, il est inapte à gagner la faveur du prince héritier. »
Un autre chevalier sacré ajouta : « Mais, même s’il est incapable de gagner la faveur du prince, il est très fort et sa réputation est solide parmi les jeunes chevaliers. Même le prince héritier ne peut s’empêcher de lui donner régulièrement des missions à accomplir. »
Ed sourit et eut un petit rire. « Aussi, il y a des rumeurs comme quoi il entretiendrait une liaison avec la princesse, et maintiendrait plutôt de bonnes relations avec la reine. Même la femme du prince héritier prend la défense d’Elijah, ce qui donne une migraine au prince héritier. »
Eh, eh, eh ! Vous êtes la Section du Chevalier du Soleil ou celle du Chevalier de la Tempête ? Pourquoi êtes-vous, vous aussi, au courant des rumeurs ? C’est un portrait vivant d’une vingtaine de Storm en train de commérer que j’ai sous les yeux !
Frottant ma tête, je remarquai : « Cet Elijah me fait vraiment beaucoup penser à Storm… »
« Ouaip ! Capitaine, Elijah est le concurrent principal du Capitaine-Chevalier de la Tempête dans le cercle des femmes ! C’est lui que le Capitaine-Chevalier de la Tempête déteste le plus. » Ed afficha un sourire rusé.
« Messieurs, vous semblez certainement en savoir beaucoup sur la matière. » J’ignorais si je devais les admirer ou non. Depuis quand ma Section du Chevalier du Soleil est-elle devenue la Section des Commérages ?
Ed parla avec un sourire d’exultation : « Bien sûr, Capitaine. Même le Capitaine-Chevalier de la Tempête vient fréquemment pour échanger des commérages aves nous ou pour confirmer l’exactitude d’une rumeur. Ce n’est pas que je veuille dire ça, mais en matière d’information sur les ragots, si notre Section du Chevalier du Soleil se proclame seconde, alors même le Capitaine-Chevalier de la Tempête n’oserait pas se proclamer être le premier. »
« Ainsi, mon peloton a pris l’habitude de commérer… Adair ! »
« Oui, Capitaine ! » Adair était tellement choqué qu’il sauta encore hors de son lit.
« À partir de maintenant, la Section du Chevalier du Soleil devra courir un tour à l’intérieur des murs de la cité chaque matin », décrétai-je avec férocité.
Dès qu’il reçut l’ordre, Adair resta stupéfait, et son expression sembla être un petit peu troublée.
« Quoi ? Vous ne pouvez pas le faire ? Êtes-vous toujours aptes à être appelés des chevaliers ? » En surface, j’hurlai avec beaucoup d’énergie mais, dans mon cœur, j’étais un peu incertain. Quelle est la distance d’un tour à l’intérieur des murs de la cité ? Peut-être qu’elle est trop grande ?
Tous les membres de ma section se turent.
En regardant la situation, peut-être qu’un tour à l’intérieur de la cité est très long. Devrais-je le réduire à un demi-tour ? Mais, j’en ai déjà donné l’ordre, comment vais-je revenir en arrière… ?
À ce moment-là, Ed sembla avoir rassemblé son courage et questionna : « Capitaine, quand vous nous avez rencontrés pour la première fois il y a cinq ans, vous nous avez ordonné de courir cinq tours. Puis, il y a trois ans, vous vous êtes énervé quand notre performance physique a perdu face à celle de la Section du Chevalier du Jugement. Aussi, vous nous avez ordonné de courir trois tours. À cette époque, Adair pensait que vous vouliez dire d’ajouter trois tours, alors nous faisons huit tours depuis trois ans. Maintenant… »
« … Maintenant, ce que je veux dire c’est d’ajouter un autre tour. Cela pose-t-il un problème ? »
La Section du Chevalier du Soleil cria à l’unisson : « Non, Capitaine ! »
« Bien ! Maintenant tout le monde excepté Adair, partez. »
Après avoir attendu que tous les membres du peloton sortent, je me levai et marchai lentement jusqu’aux côtés d’Adair. Même si je regrettais un peu de l’avoir réprimandé et de l’avoir traité d’idiot tout à l’heure, alors que je n’étais pas complètement au courant de la situation, je suis le Capitaine. Comment pourrais-je m’excuser ?
Après avoir hésité pendant un long moment, je décidai de ne pas m’excuser. Qui sait, peut-être que mon excuse finirait par effrayer Adair à la place. C’est mieux de simplement lui donner des instructions, et ce sera suffisant.
« Je te donne une semaine de congé maladie, mais tu devras essayer de ne pas quitter le Temple Sacré. Aussi, ordonne à la Section du Chevalier du Soleil de rester dans le Temple Sacré autant que possible. Si vous voulez sortir, portez des vêtements décontractés. Ne mettez pas l’uniforme de la section. Aussi, tu devrais dormir davantage pendant cette période, manger plus d’œuf et de viande, boire plus de lait, et effectuer moins d’exercices vigoureux. »
Adair resta stupéfait un instant. Ensuite, il révéla un sourire et cria d’une voix forte : « Oui, Capitaine ! »
Soudainement ses yeux s’agrandirent. « Capitaine, dans ce cas, que devrions-nous faire pour les neuf tours d’entrainement de course à pied autour de la ville chaque jour ? » s’enquit-il rapidement.
J’y réfléchis un moment, puis donnai ces instructions : « Tu n’as qu’à te reposer docilement au lit, et les autres nettoieront le Temple Sacré pour remplacer la course à pied. »
Après avoir dit cela, je n’étais toujours pas rassuré. Adair fait toujours les choses de manière responsable et minutieuse, ce qui rassure les gens. Cependant, d’un autre côté, les gens finissent aussi par s’inquiéter qu’il finisse comme Storm et meurt de surmenage tôt ou tard.
« Tout ce que je viens de dire à l’instant sont des ordres et doivent êtres obéis, tu m’entends ? »
Adair répondit avec un sourire : « Oui, Capitaine. »